Des experts honorablement connus préconisent l’abandon de la méthode peu imaginative du « big stick », chère au ministre fédéral de la santé, le socialiste Frank Vandenbroucke, dont les cultes (entre autres) subissent la férule arbitraire exercée aussi, en l'occurrence, par le ministre libéral de la justice Vincent Van Quickenborne.
Après le plaidoyer de Bernard Rentier, recteur émérite de l’Ulg, une nouvelle salve pour un changement stratégique a été tirée ce week-end des 10-11 avril : par Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB , sous la forme d’un point de vue relaté dans la « Libre Belgique » par Marie Rigot et Jonas Legge . Cet extrait en donne le ton :
« (…) L’épidémiologiste de l’ULB estime que les autorités politiques doivent désormais cesser d’imposer des mesures fortes dans le but de marquer les esprits : ‘cette approche ne se défend pas en termes de santé publique. Cette prévention passive, axée sur le bâton, est très efficace lorsqu’on est pris au dépourvu en début d’épidémie. Mais on se rend compte à présent que cette stratégie qui consiste tout simplement à interdire des choses aux gens, ne fonctionne plus. Malheureusement, nos décideurs sont toujours dans cette vision de la peur, de l’angoisse du lendemain, qu’on peut comprendre sur le plan politique, mais pas sur le plan sanitaire’.
« Yves Coppieters regrette que ‘le gouvernement n’ait jamais exprimé de façon claire son objectif’, or -d’après lui- deux options sont possibles. ‘La première c’est de chercher une circulation très faible du Covid, quasiment équivalente à zéro. Les mesures actuelles tendent plutôt vers ce scénario. La deuxième est d’accepter de vivre avec le virus une fois qu’une certaine couverture vaccinale est atteinte’
« Favorable à ce deuxième scénario, le professeur de santé publique estime que les politiques et experts officiels ne doivent pas envisager un retour à la vie normale uniquement sur la base du taux de vaccination. ‘C’est de la com, ce n’est pas honnête sur le plan scientifique. Tout d’abord parce qu’on n’atteindra pas la couverture vaccinale de 80 à 90% de la population. Ensuite parce qu’on ne connaît pas l’efficacité des vaccins à long terme. Et, enfin, parce qu’on omet les autres stratégies, dont l’immunité déjà acquise par les Belges. Cette immunité qui fait suite à une infection est même potentiellement meilleure que celle fournie par le vaccin. Elle est certes de plus courte durée, mais elle est sans doute plus résistante face aux variants, dont le sud-africain et le brésilien. Ce qui n’est pas le cas des vaccins qui protègent, eux, contre la forme de base du coronavirus et contre le variant britannique’
« (…) D’après l’épidémiologiste, certains politiques ‘hautement placés’ voudraient revoir la stratégie du gouvernement actuel mais ‘ils sont craintifs, ils redoutent un retour de manivelle s’ils osent s’opposer aux paroles des experts officiels. Quelques politiques qui participent au Comité de concertation me téléphonent pour me dire qu’encore actuellement ils se sentent coincés par ces experts’ […] »