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Ethique - Page 4

  • Agitation africaine; non à la bénédiction des couples homosexuels, oui à l’intolérance entre tribus

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    L’Afrique s’agite. Non à la bénédiction des couples homosexuels, oui à l’intolérance entre tribus

    Le Pape François aime beaucoup la messe en rite congolais. Et ça lui plaît également – il l’a dit – que la communauté congolaise à Rome soit « dirigée par une sœur qui commande comme si elle était évêque ». Les statistiques le confirment : aujourd’hui, la République Démocratique du Congo est le troisième pays au monde avec les plus hauts indices de fréquentation de la messe catholique, avec 37,5 millions de pratiquants réguliers, précédé seulement par les Philippines et le Mexique. Quatre autres pays africains complètent le Top 10 : le Nigéria, l’Ouganda, la Tanzanie, l’Angola. Tous devant l’Italie.

    L’Afrique est aussi le seul continent où les catholiques sont aujourd’hui en croissance. Lors de son récent voyage au Congo et au Soudan du Sud, François a été accueilli par des foules imposantes. Il a effectué cette seconde visite en compagnie du primat de l’Église anglicane, Justin Welby, et le modérateur de l’Église presbytérienne d’Écosse Iain Greenshields : tous les trois ensemble pour montrer à ce peuple déchiré par une guerre civile la bonté d’une paix entre trois frères de foi.

    Mais il y également l’autre visage de l’Afrique catholique, bien plus inquiétant celui-là, pour le Pape François et pas seulement pour lui, en bien comme en mal.

    Le premier signe d’inquiétude est donné par ce qui est arrivé à l’Église anglicane, immédiatement après le voyage au Soudan du Sud, les premiers jours du mois de février.

    Pour faire bref, l’Église d’Angleterre présidée par Welby a approuvé la bénédiction des couples de même sexe, sous la pression des factions nord-atlantiques de l’anglicanisme, mais avec l’opposition de celle des pays du Sud, et plus particulièrement de l’Afrique, qui représente les trois quarts de l’ensemble.

    Avec pour résultat le refus d’obéissance au primat anglican de la part du Global South Movement de l’anglicanisme, qui a justement comme président l’archevêque du Soudan et du Soudan du Sud, Justin Badi Arama.

    En substance, on a assisté à une scission. Arama a déclaré que l’archevêque de Cantorbury Welby a trahi l’Église anglicane et a donc cessé d’être considéré comme le primat de l’ensemble de la communion.

    Ce qui est frappant, c’est la similitude entre la cause de cette scission et ce qui se passe chez les catholiques. Parce que là aussi, il y a une faction du Nord, avec à sa tête l’Église d’Allemagne, qui veut la bénédiction des couples homosexuels et qui la pratique déjà, avec l’opposition d’une bonne partie du Sud, en particulier en Afrique : une opposition qui se fait encore plus intransigeante dans le champ politique, comme le monde le cas du Soudan du Sud.

    Le Pape François a jusqu’ici laissé aller cette tension à distance des différentes positions, se montrant à compréhensif pour tous, à sa manière. Mais quand le synode mondial qui le Pape a convoqué en octobre se trouvera face à une telle question et à d’autres semblables, il est prévisible que l’opposition africaine éclatera au grand jour.

    « Nous préférons une Église qui soit une maison avec des règles et des principes, et non une tente dans laquelle n’importe qui peut rentrer », a déclaré le Père Vitalis Anaehobi, Nigérian, secrétaire général de la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’Ouest qui comprend le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée, le Bénin, le Mali, le Togo, le Ghana, le Sénégal, l’Île Maurice, le Cap-Vert, la Guinée Bissau, la Gambie et la Sierra Leone, en présentant les résultats des synodes locaux préparatoires à la session de Rome.

    Les déclarations d’Anaehobi étaient clairement une pique polémique visant le slogan « inclusif » choisir par Rome pour le synode, repris par le prophète Isaïe : « Élargis l’espace de ta tente ».

    Mais il y a également un autre élément inquiétant dans le catholicisme africain. C’est le fait qu’il soit empreint d’oppositions tribales.

    Au Soudan du Sud, il y a eu un évêque, le missionnaire italien Christian Carlassare, qui est arrivé à pieds (photo) de son diocèse de Rumbek pour rencontrer le Pape à Djouba, accompagné par des dizaines de fidèles fervents mais qui, peu après sa nomination, dans la nuit du 25 avril 2021, a été victime d’une embuscade. On lui a tiré dans les jambes, le contraignant à une longue convalescence et à reporter de presque un an à consécration épiscopale. Ses agresseurs étaient un prêtre et quatre fidèles du diocèse, ensuite condamnés à sept ans de prison. Ils appartenaient à la tribu Dinka, la même que Salva Kiir, le président du Soudan du Sud, et ils ne toléraient pas que le nouvel évêque, un étranger, remplace le coordinateur diocésain, lui aussi Dinka, qui avait jusqu’ici assuré l’administration provisoire du diocèse.

    En Afrique, il est fréquent que des faits de tribalisme éclatent lors de la nomination des évêques. Le 11 février dernier, le Pape François, quelques jours après être rentré de son voyage en Afrique, a nommé John Hassam Koroma évêque de Makemi en Sierra Leone. Ce diocèse n’avait plus d’évêque depuis 2012. Ou plutôt, on lui en avait bien envoyé un, mais qui n’a jamais pu y mettre les pieds. Il s’appelait Henry Aruna et sa seule faute était d’appartenir à la tribu Ende, mal vue des Temne qui sont dominants à Makemi. Trois ans plus tard, Rome a fini par assigner à Aruna un autre diocèse, celui de Kenema. Mais il aura fallu sept ans de plus et deux administrateurs provisoires avant de trouver un nouvel évêque pour Makemi qui soit enfin accepté.

    Il y ensuite les affaires encore non résolues de diocèses encore vacants à cause d’oppositions tribales. Le cas le plus emblématique est celui d’Ahiara au Nigeria. En décembre 2012, Peter Ebere Okpaleke est nommé évêque mais est empêché d’y entrer parce qu’il appartient à une sous-tribu adverse. Le blocage se prolongera pendant cinq ans jusqu’à ce qu’en 2017, le Pape François ne prenne lui-même la question en mains et convoque à Rome les protagonistes de l’affaire : l’évêque pris en otage, une représentation du clergé et des fidèles locaux ainsi que les principaux responsables de l’épiscopal nigérian.

    La terrible réprimande que le Pape réserva aux récalcitrants fut ensuite rendue publique. Il les a accusés de « détruire l’Église », de commettre « un péché mortel » et a ordonné à chaque prêtre du diocèse de remettre dans les trente jours une lettre de soumission totale, sous peine d’encourir la suspension « a divinis ».

    Mais malgré cette mesure extrême, François n’a pas obtenu ce qu’il voulait. En 2018, le Pape a accepté la démission d’Okpaleke de l’évêché d’Ahiara et lui a confié en 2020 un nouveau diocèse créé exprès pour lui, celui d’Ekwulobia. Et le 27 août 2022, il l’a même créé cardinal.

    Et le diocèse d’Ahiara ? Toujours sans évêque. Okpaleke appartenait à la même tribu, les Igbo, que les habitants du diocèse. Mais par malheur « je parle un dialecte Igbo et la population d’Ahiara en parle un autre », a-t-il déclaré dans une interview au journal « Avvenire » il y a quelques jours. « On s’est retrouvé devant un refus de dépasser un particularisme sous-ethnique pour construire une identité à un niveau plus élevé, non seulement dans la vision chrétienne qui considère les baptisés comme étant tous frères et sœurs, mais également au niveau d’une appartenance commune à une même tribu ou groupe ethnique ».

    *

    Sur les possibles effets des divergences entre Nord et Sud dans l’ensemble du christianisme, pas seulement protestant, le théologien vaudois Fulvio Ferrario a posé un jugement clair dans le numéro de mars 2023 du magazine « Confronti » :

    « Le scénario suivant semble se profiler : d’un côté le monde riche, fortement sécularisé ; de l’autre, une minorité nordique chrétienne conservatrice et un christianisme du Sud qui n’a pas traversé les révolutions culturelles modernes. Dans un tel contexte, le protestantisme classique, en tant qu’expression d’un christianisme ouvert au dialogue avec le monde séculier finirait broyé ». Et avec lui également « ces pans du monde catholique, suspectés de ‘protestantisme’ qui, plus ou moins timidement, affirment vouloir se différencier du monolithisme romain ».

  • Sauver la différence des sexes

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    De gènéthique.org :

    Sauver la différence des sexes – Eugénie Bastié

    3 mars 2023

    La famille est devenue « le champ de bataille de la guerre des sexes » se désole la journaliste et essayiste Eugénie Bastié dans son dernier écrit « Sauver la différence des sexes ».

    Estimant qu’il y a urgence à préserver cette différence, elle se lance alors dans un plaidoyer en s’appuyant sur le triptyque suivant : réaffirmer l’existant, constater sa mise en danger, et mettre en avant la nécessité de sa protection.

    Eugénie Bastié tire alors la sonnette d’alarme sur cette déconstruction progressive de la société, qui remet en question jusqu’à l’évidence même de la différence des sexes, fragilisant ainsi la féminité et plus encore la masculinité. Selon elle, en prenant un virage radical pour réhabiliter la place de la femme, cette société qui se veut « égalitariste », ne fait que pousser l’homme et sa virilité dehors. Dès lors, comme le dit l’auteur américain Richard Reeves, « à l’école, au travail, dans leurs familles, les hommes n’ont plus de place dans la société du XXIe siècle ».

    Editions : Gallimard

    Date de parution : 01/03/2023

    Nombre de pages : 32

  • Des médecins déficients à l'hôpital de campagne catholique

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    De George Weigel sur First Things :

    DES MÉDECINS DEFICIENTS À L'HÔPITAL DE CAMPAGNE CATHOLIQUE

    2 mars 2023

    L'image du Pape François de l'Eglise vue comme un "hôpital de campagne", soignant les blessés sur les champs de bataille sociaux et culturels d'aujourd'hui, résonne chez les catholiques du monde entier. L'image évoque une Église qui vit le commandement du Seigneur dans Matthieu 25 de servir le plus petit de ses frères, et les exemples de cela abondent.  

    L'Église soigne les blessures de ceux qui ont été abandonnés sur les Verdun et les Iwo Jima de la révolution sexuelle. C'est ce que font les catholiques lorsqu'ils fournissent du personnel et soutiennent financièrement les centres de crise pour les femmes enceintes, dont les principaux clients sont des femmes en souffrance abandonnées par des hommes irresponsables. Le Projet Rachel, un programme paroissial au service des femmes et des hommes souffrant de traumatismes post-avortement, est un merveilleux exemple de l'Église comme hôpital de campagne.

    L'Église soigne les blessures de ceux qui luttent pour s'en sortir dans une économie en mutation rapide, en offrant à la fois une aide matérielle et une formation aux compétences qui permettront aux laissés-pour-compte d'entrer dans les réseaux de production et d'échange où la richesse est créée et distribuée.

    L'Église soigne les blessures de ceux qui sont dépendants des poisons du jour - opioïdes et autres drogues, alcool bon marché et sexe en ligne bon marché - et les aide à découvrir le chemin de la véritable liberté.

    Et bien sûr, l'Église soigne les blessures les plus profondes de nos frères et sœurs en leur offrant la médecine curative de l'Évangile et l'amitié avec le Seigneur Jésus-Christ, le Médecin Divin.

    Des mises en garde ont été émises à propos de l'image de l'hôpital de campagne car, mal utilisée, elle peut suggérer que l'Église se contente de panser les plaies au lieu d'offrir un remède à ce qui a causé ces plaies en premier lieu. Ces mises en garde n'étaient pas déplacées. Aujourd'hui, cependant, un danger encore plus grave est apparu. Grâce à l'utilisation - que certains qualifieraient de "détournement" - du "processus synodal" mondial pour promouvoir des programmes incompatibles avec la foi et la pratique catholiques, le défi pastoral consistant à ancrer la synodalité dans la vérité s'est transformé en une véritable menace pour l'unité de l'Église et la proclamation de l'Évangile dans son intégralité.

    Ou pour reprendre l'image d'un ami : L'Église catholique d'aujourd'hui est un hôpital de campagne et certains des médecins de triage, plutôt que de soigner les blessés, insistent pour que l'hôpital ne dise plus aux gens que les mines terrestres vous tueront.   

    L'image ne devrait pas nécessiter beaucoup de déballage.

    Les médecins de triage sont les évêques, qui ont fait le serment solennel d'enseigner ce qui est spirituellement vivifiant et de détourner leur peuple de ce qui est spirituellement mortel, vérités connues par la révélation et la raison. Pourtant, certains évêques ont suggéré que l'Église enseigne (et a enseigné) faussement l'amour humain, l'identité sexuelle, les dispositions nécessaires pour recevoir dignement la sainte communion, ou l'impératif d'être une Église eucharistiquement cohérente - une Église de pécheurs qui cherchent l'absolution du péché grave avant de recevoir le corps et le sang du Seigneur. Et cela est analogue aux médecins de triage dans un hôpital militaire de campagne qui négligent les blessés tout en débattant de la question de savoir si le fait de marcher allègrement sur une mine terrestre, de s'exposer imprudemment à un feu nourri ou de refuser un équipement de protection au combat est mauvais pour la santé.   

    Les médecins de triage déserteurs de l'hôpital de campagne catholique ont cependant rendu service. Car ils ont démontré que la question fondamentale dans l'Église aujourd'hui est la réalité de la révélation divine et son autorité contraignante dans le temps. Dieu a-t-il révélé des vérités sur ce qui fait une vie juste, le bonheur et, finalement, la béatitude ? Si oui, ces vérités nous lient-elles aujourd'hui comme elles l'ont fait lorsqu'elles ont été révélées pour la première fois et enregistrées dans l'Écriture ou la tradition de l'Église ? Lorsque le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, a déclaré en septembre dernier qu'il envisageait qu'une "Église différente" émerge du processus synodal mondial, que voulait-il dire exactement ?

    Différente comment ? Une Église qui est à l'aise avec une idée unitaire de Dieu ? Une Église avec cinq sacrements au lieu de sept ? Des exagérations, dites-vous ? D'accord, et pourquoi pas une Église qui rejette l'idée biblique de la personne humaine ? Si les vérités doctrinales et morales affirmées comme telles dans le Catéchisme de l'Église catholique sont ouvertes au débat et au "discernement synodal" (comme l'ont suggéré avec une admirable candeur, sinon une acuité théologique, le cardinal Jean-Claude Hollerich, S.J., rapporteur général du Synode 2023, et le cardinal Robert McElroy de San Diego), où s'arrête le cliquet du "discernement" ? Comment s'arrête-t-il ? Et pourquoi les propositions émanant de ce "discernement" correspondent-elles uniformément à l'agenda raté de Catholic Lite au cours des cinquante dernières années ?

    Certains évêques, y compris la grande majorité de l'épiscopat allemand, peuvent souhaiter être des médecins de triage débattant de la létalité des mines terrestres. Les parties vivantes de l'Église mondiale pensent qu'il s'agit là d'une grave abdication de la responsabilité d'un guérisseur envers les blessés.

    La chronique de George Weigel est syndiquée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver. 

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.

  • Elly Schlein devrait plaire aux catholiques évanescents du Partito Democratico

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    Elly Schlein vient d'être élue du Parti Social Démocrate italien. A côté de ses engagements politiques de gauche et en faveur de l'avortement elle affiche fièrement son homosexualité :  "Je suis une femme. J’aime une autre femme et je ne suis pas mère, mais je ne suis pas moins femme pour autant. Nous ne sommes pas des utérus vivants, mais des personnes avec des droits."

    Stefano Fontana (Nuova Bussola Quotidiana) commente :

    Schlein plaira aussi aux catholiques PD (désormais évanescents)

    28-02-2023

    Elly Schlein n'est pas moins bourgeoise que les secrétaires précédents, elle a juste une méthode différente. Et elle recevra également le consentement des catholiques plus que Bonaccini (le rival dont elle a triomphé). Désormais consensuels sur l'avortement et les nouveaux droits, inconscients de la gravité de ces choses parce que plus personne dans l'Église ne leur rappelle, les catholiques maintiennent la feuille de vigne de leur évanescence sociale et politique en se focalisant sur l'égalité, la diversité, l'accueil, la justice, l'environnement... toutes choses bien présentes dans le langage de Schlein. 

    La victoire d'Elly Schlein aux primaires du parti démocrate appelle aussi une évaluation du côté catholique. Sur deux aspects. Le premier concerne l'agenda du radicalisme postmoderne : y aura-t-il une nouvelle pression en avant pour les " nouveaux droits " ? Le second concerne l'appel au consensus parmi les catholiques : Schlein rendra-t-elle son parti plus attrayant pour eux que Letta ou Bonaccini ?

    Selon la célèbre interprétation de Del Noce, le communisme occidental était destiné à se transformer en une idéologie bourgeoise radicale. Après avoir abandonné la version forte liée au concept de révolution, il deviendrait matérialisme individualiste, narcissisme ludique, subjectivisme postmoderne, matérialisme sophistiqué. La modernité était un processus bourgeois, le communisme est l'apogée de la modernité, ergo le communisme est une pure bourgeoisie. Le Parti démocrate était la conclusion de ce parcours et semblait être arrivé au bout de la ligne, précisément parce qu'il n'y avait plus rien à gratter au fond du tonneau de l'ordre naturel, tout était désormais placé entre les mains de l'autodétermination de l'individu. La politique du néo-communisme italien n'était plus nécessaire, ce qu'elle devait faire, elle l'avait fait. La thèse delnocienne est confirmée.

    A première vue, cependant, le passage à Schlein semble contredire cette vision autoritaire des choses. Le nouveau secrétaire des Démocrates réutilise les concepts révolutionnaires, critique le subjectivisme bourgeois, parle de justice, d'une nouvelle centralité de l'Etat et vise à redonner une identité idéologique à la gauche. Si le Partito Democratico n'apparaissait plus, même de loin, comme un parti de gauche, mais comme l'expression d'une culture qui n'est plus représentée à San Remo qu'une fois par an par le transgressivisme d'avant-garde, maintenant Schlein reprend les concepts de classe, parle des travailleurs, de la pauvreté, de l'engagement social, de l'exploitation. À une gauche édulcorée, de salon, elle veut substituer une gauche à nouveau populaire et de combat. Une gauche à l'ancienne, pourrait-on penser, une gauche identitaire et militante. Mais ici, la vision delnocienne tomberait et le balancier de l'histoire reviendrait en arrière. Après tout, n'y a-t-il pas un retour mondial du communisme ? En Amérique latine, tous les États sont désormais dans ce cas.

    Le fait est que même le communisme n'a pas toujours un parcours linéaire, et il faut toujours distinguer les moments de réorientation de la stratégie. Même les Pontifes romains ont été imprudents à cet égard, lorsqu'ils ont appelé à distinguer les idéologies des mouvements historiques, surtout en ce qui concerne le communisme et le socialisme. Je fais référence à Jean XXIII dans Mater et magistra (1961) et à Paul VI dans Octogesima adveniens (1971). Certains changements peuvent être plus dangereux que les phases précédentes. Du point de vue catholique, cela sera-t-il également le cas dans l'affaire Schlein ?

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  • Le Vatican a démis le frère Stockman de ses fonctions administratives

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    Lu sur le site de RTL Info :

    René Stockman démis de ses fonctions administratives par le Vatican

    Le belge René Stockman, Supérieur général de la Congrégation des Frères de la Charité à Rome, a été démis de son poste administratif par le Vatican, a rapporté samedi le quotidien flamand De Standaard sur son site Internet. L'homme est accusé de mauvaise gestion financière.

    Le Vatican reproche à René Stockman (68 ans) un manque de transparence financière et de vision à long terme, qui ont notamment causé des problèmes financiers à la branche belge des Frères de la Charité. Sa gestion de la Congrégation a également été remise en cause.

    Les problèmes couraient déjà depuis un moment. Une procédure de contrôle de la Congrégation avait été mise en place à Rome et un commissaire apostolique avait été nommé pour reprendre une partie des tâches de gestion. Celui-ci a désormais repris l'ensemble des fonctions administratives occupées par René Stockman.

    Ce dernier reste toutefois Supérieur général de la Congrégation des Frères de la Charité. Un successeur sera élu l'année prochaine.

    La branche belge de la Congrégation a réagi avec soulagement à cette annonce. Son président, Raf De Rycke a exprimé auprès de la VRT son espoir de voir la confiance avec le Vatican restaurée.

    René Stockman est surtout connu en Belgique pour son opposition véhémente à l'euthanasie, qui a d'ailleurs entrainé un conflit avec les Frères de la Charité belges.

    De Standaard (Dominique Minten) analyse les faits de façon plus approfondie et met en évidence les enjeux, notamment en ce qui concerne l'attitude des Frères de la Charité à l'égard de l'euthanasie :

    La mauvaise politique et l'obstination ont coûté sa tête au frère Stockman chez les Frères de la Charité

    26/02/2023

    Un conflit amer entre René Stockman, le patron mondial des Frères de la Charité, et la branche belge a pris fin. Non pas par une réconciliation, mais par l'exclusion de Stockman de ses fonctions administratives.

    On peut dire beaucoup de choses de René Stockman, mais il n'a jamais été un "tsjeef". Depuis 23 ans, il est le supérieur général des Frères de la Charité et, à ce titre, il occupe non seulement une position de premier plan dans l'Eglise mondiale, mais il a toujours été une voix franche dans les grands débats éthiques.

    Stockman n'a pas l'habitude de mâcher ses mots et ses opinions sont toujours conservatrices, en particulier sur la fin de vie. En cela, il représente la voix de l'aile conservatrice et ne fait pas de compromis. Cela a conduit à des affrontements avec, entre autres, les Frères belges et l'organisation derrière les maisons de soins, qui a une vision plus ouverte de l'euthanasie pour la souffrance mentale.

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  • L’Église dans tous ses états

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    Lu dans le mensuel « La Nef » n° 356 Mars 2023 :

    « Mgr André Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, nous offre des mémoires passionnants brossant 50 ans de débats dans l’Église.

    La Nef – Vous évoquez à propos du concile Vatican II un « agenda caché » et un « méta-concile » : que voulez-vous dire ? Le concile est-il une des causes de la crise que connaît l’Église ?

    Mgr André Léonard – Tous les textes du concile sont doctrinalement corrects, sans quoi ils n’eussent pu être adoptés à une large majorité. Mais le contact avec certains experts et journalistes me donna à penser que certains textes seraient interprétés ensuite de manière tendancieuse. Ce que me confirma plus tard mon évêque, secrétaire de la Commission doctrinale. Il avait contribué, judicieusement, à ce que la Constitution sur l’Église parle de l’ensemble du Peuple de Dieu et, seulement après, de la hiérarchie. Il comprit après le concile que l’agenda caché de certains théologiens était d’en conclure que l’autorité des évêques découlait démocratiquement du peuple et non du Christ lui-même. Ce fut le début de ce que certains appelèrent le « méta-concile », à savoir le concile revu et corrigé « par après » (« méta », en grec).

    Que retenez-vous de plus marquant de votre formation philosophique ? Où en sont les études de philosophie dans les séminaires et que faire pour rendre ces derniers plus « attractifs » pour les futures vocations ?

    Le plus important pour moi fut de confronter la pensée de Thomas d’Aquin avec la philosophie moderne (Descartes, Kant, Hegel) et la philosophie contemporaine (Sartre, Husserl, Heidegger). Je le fis dans un ouvrage intitulé : Foi et philosophies. Guide pour un discernement chrétien (Bruxelles, Culture et Vérité/Lessius). Pas mal de séminaires en Europe se servent encore de ce livre pour confronter la pensée chrétienne avec la culture contemporaine.

    Quant aux Séminaires, ils doivent posséder trois qualités pour attirer les jeunes d’aujourd’hui : une vie liturgique et spirituelle intense, une doctrine irréprochable et une initiation pratique au contact pastoral avec les croyants et les incroyants.

    Vous expliquez l’importance d’Humanae vitae (1968) : en quoi cette encyclique fut-elle un tournant ? En quoi la contraception « artificielle » a-t-elle été une révolution sous-estimée ?

    L’enjeu essentiel était, pour Paul VI, de protéger le lien étroit entre l’amour conjugal et le don de la vie. Il eut le tort d’avoir raison trop tôt. Aujour­d’hui, nous constatons le grand danger d’une dissociation entre les deux aspects : d’une part, une vie sexuelle qui tourne en rond sur elle-même et, d’autre part, une procréation sans lien avec une union conjugale concrète.

    Paul VI et Jean-Paul II n’ont pas réprouvé la contraception parce qu’elle est « artificielle ». Les méthodes non contraceptives, très fiables aujourd’hui, pour pratiquer une parenté responsable, sont aussi « artificielles » à leur manière, en exigeant quelques observations. Mais elles ont le grand mérite de mettre l’homme et la femme sur pied d’égalité, par la concertation, tandis que la contraception hormonale est toujours à charge de la femme seule…

    Comment analysez-vous la réforme liturgique de Paul VI et la situation présente, avec un mouvement traditionaliste fermement attaché à la messe dite de saint Pie V ?

    Les Églises d’Orient connaissent plusieurs rites. L’Église latine d’Occident en connaît deux formes, celle qui dérive de Vatican II et celle qui fut fixée par saint Pie V. Ce fut sagesse de la part de Benoît XVI de conserver l’une et l’autre. On ne peut pas proscrire un rite qui a nourri tant de saintes vies et attire toujours aujourd’hui des catholiques épris de recueillement, de silence et de chant grégorien. Le nouveau missel est parfaitement correct. Il a même l’avantage d’avoir une très riche liturgie de la Parole. Célébré le plus souvent par un prêtre faisant face à l’assemblée (ce qui n’a pas été voulu par le concile et n’avait jamais existé auparavant et n’existe toujours pas en Orient), il comporte le danger du « cléricalisme », l’individualité du prêtre risquant d’être trop importante. L’idéal serait que, de part et d’autre, un certain nombre de prêtres soient disposés à célébrer dans les deux formes du rite romain selon les nécessités pastorales. Un peu de souplesse…

    Que retenez-vous de votre expérience d’évêque ? Comment être évêque dans notre Europe déchristianisée avec des diocèses dont le nombre de fidèles et de prêtres ne cesse de baisser ?

    Je n’ai pas de leçons à donner. Mais je fus bien inspiré de pratiquer ce que le concile de Trente demandait aux évêques : la visite régulière de toutes les paroisses. Durant mes 25 années d’épiscopat (19 à Namur et 6 à Bruxelles), j’ai passé près de 5 ans, hors de l’évêché, visitant, en habitant sur place, tous les doyennés et presque toutes les paroisses des deux diocèses. Ce furent des occasions splendides de connaître les gens, croyants ou incroyants, d’apprendre beaucoup, d’enseigner et d’évangéliser.

    Propos recueillis par Christophe Geffroy »

    Ref. L’Église dans tous ses états

     

  • Le pape appréhende une modification substantielle de l'Homo Sapiens et insiste sur la responsabilité éthique des scientifiques

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    SALUTATION DE SA SAINTETÉ LE PAPE FRANCOIS À UNE DÉLÉGATION DE LA SOCIÉTÉ MAX PLANCK

    Jeudi 23 février 2023

    Mesdames et Messieurs, bonjour et bienvenue !

    Je remercie le Président, le Professeur Martin Stratmann, pour ses aimables paroles. Je suis très sensible à votre visite, qui me permet une fois de plus d'exprimer l'estime du Saint-Siège pour la recherche scientifique et, en particulier, pour le travail de la Société Max Planck, au sein de laquelle des milliers d'individus, au sein de divers Instituts, s'engagent pour l'avancement des sciences et le progrès dans des domaines de recherche spécifiques.

    Pour cette raison, j'encourage la Société Max Planck à maintenir, comme elle l'a toujours fait, les plus hauts standards d'intégrité scientifique, afin qu'elle puisse rester libre de toute influence inappropriée, qu'elle soit de nature politique ou économique. Il s'agit d'une exigence essentielle à chaque étape du travail scientifique, de la recherche initiale à la publication des résultats et à la manière dont ils sont utilisés. Je crois qu'à notre époque, le soutien à la science pure doit être défendu et, si possible, accru. En effet, sans préjudice de la science appliquée, la science pure devrait être reconnue comme un bien public, dont les contributions doivent être mises au service du bien commun.  Votre Société peut certainement accomplir beaucoup à cet égard.

    L'annonce de la naissance prochaine de ce que l'on appelle la "pensée hybride", résultant de la combinaison de la pensée biologique et non biologique, comme moyen d'éviter que l'être humain ne soit supplanté par l'Intelligence Artificielle, soulève des questions importantes tant pour l'éthique que pour la société dans son ensemble. Il faut reconnaître qu'une fusion entre les capacités cognitives humaines et la puissance de calcul des machines pourrait modifier substantiellement l'espèce Homo sapiens. On ne peut donc manquer de se poser la question du sens ultime, c'est-à-dire de la direction vers laquelle tout cela tend. Pour ceux qui se reconnaissent dans le projet transhumaniste, ce n'est pas une source d'inquiétude. Il n'en va pas de même, en revanche, pour ceux qui sont attachés au projet néo-humaniste, selon lequel la séparation de l'agir et de l'intelligence est inacceptable.  Si la capacité de résoudre des problèmes est séparée de la nécessité d'être intelligent pour le faire, l'intentionnalité et donc la nature éthique de l'action seront abolies. Je suis certain que la Société Max Planck voudra apporter une contribution fondamentale à cette discussion.

    Une dernière considération. Comme on le sait, l'époque de la "seconde modernité" a vu se développer dans certains milieux scientifiques un principe de responsabilité "technique" qui ne laisse aucune place au jugement moral sur ce qui est bien ou mal. L'action, surtout dans les grandes organisations, serait évaluée en termes purement fonctionnels, comme si tout ce qui est possible était, pour cette raison même, éthiquement licite. L'Église ne pourra jamais accepter une telle position, dont les conséquences tragiques ne sont que trop évidentes.  Le type de responsabilité qui, aujourd'hui, doit revenir au premier plan de notre culture est la responsabilité pour le soin des autres, qui va au-delà de la simple comptabilité des résultats obtenus. Car, en fin de compte, nous sommes responsables non seulement de ce que nous faisons, mais aussi, et surtout, de ce que nous pouvons faire et que nous choisissons de ne pas faire.

    Chers amis, je vous remercie encore pour cette visite et je vous présente mes meilleurs vœux pour vos travaux. Que l'Esprit Saint vous assiste dans vos recherches et dans vos différents projets. Je vous bénis cordialement, et je vous demande, s'il vous plaît, de prier pour moi.

  • La pratique de l'euthanasie et ses dérives inquiétantes

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    D'Aymeric de Lamotte, directeur de l'Institut Thomas More, dans la Libre de ce 24 février, p. 35 :

    Les dérives inquiétantes de la pratique de l’euthanasie

    La tendance contemporaine qui crée inlassablement de nouveaux droits individuels pousse le législateur à étendre la pratique de l’euthanasie et à vouloir banaliser celle-ci.

    Si autrefois, l’Europe, traversée d’anthropologie humaniste, défendait la vie jusqu’à son terme naturel, l’évolution moderne des mœurs a incité les États à légiférer sur l’assistance médicale au suicide. Ainsi, en 2002, le gouvernement Verhofstadt I a décidé de doter la Belgique d’une loi dépénalisant l’euthanasie et encadrant son exécution. En quinze ans, de 2004 à 2019, le nombre d’euthanasies déclarées chaque année a été multiplié par sept et dépasse les deux mille cas par an depuis 2015, sans compter un quart à un tiers d’euthanasies clandestines (en 2022, 2 966 euthanasies ont été déclarées à la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie, NdlR). Le récent témoignage d’Olympe, youtubeuse française de 23 ans, qui a exprimé le désir d’avoir recours à l’euthanasie en Belgique (notons que le cas d’Olympe ne tombe pas dans le périmètre de la législation belge, NdlR) nous invite à ausculter la pratique de l’euthanasie sur le sol belge vingt ans après sa dépénalisation.

    L’autonomie de l’individu, dans le respect de la volonté du médecin de pratiquer l’acte, est le pilier principal sur lequel repose le régime actuel. Seule une personne majeure capable - ou un mineur sans limite d’âge "doté de discernement" depuis 2014 -, se trouvant dans une situation médicale sans issue, peut être euthanasiée à condition que la demande soit "réfléchie et répétée". Aux termes de la loi, la personne adulte doit endurer une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée. Le mineur, quant à lui, ne peut en théorie pas demander l’euthanasie pour seule souffrance psychique ou à un stade non terminal de la maladie. La pratique vingtenaire du cadre juridique ébauché dans ces lignes a été analysée de manière très complète par l’Institut européen de bioéthique dans un dossier récent (1). L’espace réduit de ce papier ne nous permet que d’ébaucher quatre dérives identifiées.

    D’une part, le contrôle a posteriori de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie est défaillant. En effet, celuici ne se réalise que sur la seule base de la déclaration des médecins, sans être en mesure de vérifier les informations transmises. Par ailleurs, les médecins membres de la Commission pratiquant des euthanasies font face à de sérieux conflits d’intérêts : ils sont amenés à évaluer la conformité de leurs propres euthanasies. Enfin, la Commission admet que les moyens financiers et humains dont elle bénéficie l’empêchent d’effectuer un contrôle sérieux.

    D’autre part, la loi belge reconnaît la liberté de conscience du médecin ne souhaitant pas participer à une euthanasie quand celui-ci la considère incompatible avec la déontologie médicale et le serment d’Hippocrate. Néanmoins, une modification de la loi, votée le 15 mars 2020, contraint désormais les établissements de santé à accepter la pratique de l’euthanasie en leur sein. Cette modification est une atteinte inadmissible à la liberté constitutionnelle de s’associer et de déterminer sa mission. En outre, sur le plan individuel, cette modification entrave concrètement l’exercice du refus de donner la mort - et dès lors l’exercice de la liberté de conscience - pour tout médecin exerçant dans un hôpital ou une maison de retraite qui doit nécessairement autoriser l’euthanasie.

    Par ailleurs, le fait d’associer l’euthanasie au "droit de mourir dans la dignité" nous tend un piège en présentant une fausse alternative : le choix de l’euthanasie ou celui de la souffrance insoutenable. Or, les découvertes scientifiques jusqu’à aujourd’hui permettent pratiquement d’éradiquer toute forme de douleur physique et les soins palliatifs permettent une prise en charge efficace et globale des douleurs du patient. En outre, penser que la dignité suit la courbe ascendante ou descendante de l’état de santé de la personne alors qu’elle en est au contraire intrinsèque et inaliénable est une conception erronée.

    Enfin, la tendance contemporaine qui crée inlassablement de nouveaux droits individuels pousse le législateur à étendre la pratique de l’euthanasie et à vouloir banaliser celle-ci. À titre d’exemple, l’Open VLD plaide pour l’euthanasie sans motif lié à l’état de santé, fondé sur la seule "fatigue de vivre" de la personne. En réalité, cette évolution révèle surtout une sorte de fatigue relationnelle, une sorte d’abandon du plus faible qui se meurt dans sa solitude, une dégradation de notre rapport à la vulnérabilité et à la fragilité.

    (1) Institut européen de bioéthique, "L’euthanasie, 20 ans après : pour une véritable évaluation de la loi belge", mai 2022 - note réalisée par Léopold Vanbellingen, chargé de recherche.

  • L’Institut Européen de Bioéthique et un groupe de soignants belges rencontrent la ministre française Agnès Firmin Le Bodo à propos de la fin de vie en Belgique

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    L’Institut Européen de Bioéthique et un groupe de soignants belges rencontrent la ministre française Agnès Firmin Le Bodo à propos de la fin de vie en Belgique

    Communiqué de presse

    Alors que la France s’interroge sur une possible dépénalisation de l’euthanasie, plusieurs experts et professionnels de la santé de Belgique ont rencontré la ministre française Agnès Firmin Le Bodo, en charge du débat sur la fin de vie, ce mardi 21 février 2023 à la Fondation Universitaire (Bruxelles). Co organisé par l’Institut Européen de Bioéthique (IEB) et le Professeur Benoît Beuselinck, médecin oncologue à l’UZ Leuven-KULeuven, cet événement a permis de présenter la situation belge concernant la fin de vie à la ministre et à sa délégation.

    Comme a pu le préciser Léopold Vanbellingen, juriste de l’IEB, la loi n’a pas mis fin aux euthanasies clandestines et, vingt ans après sa dépénalisation, l’euthanasie n’est plus « une solution d’exception ». Au contraire, on constate une extension inquiétante de cette pratique - notamment vers les personnes qui ne sont pas en fin de vie -, dont témoignent les nouveaux chiffres record pour l’année 2022 (près de 3000 euthanasies officiellement déclarées).

    La ministre s’est d’ailleurs interrogée sur le pourcentage important d’euthanasies clandestines (25 à 35%) toujours constaté malgré la loi ainsi que sur les raisons invoquées pour accéder à l’euthanasie. Comme l’a souligné le professeur Beuselinck, le critère de «maladie grave et incurable » tend peu à peu à s’effacer, en pratique, devant celui d’absence de qualité de vie.

    Dans ce contexte, la question se pose de savoir comment encadrer une telle pratique. Les membres de la délégation française (ministre, députés et soignants) ont remercié les experts présents de leur avoir permis de s’informer au plus près de la réalité vécue par les patients et les soignants belges à ce sujet.

    Cette rencontre a été l’occasion de s’interroger sur le rôle du médecin et sur la possibilité de continuer à promouvoir l’accompagnement et les soins palliatifs, dans un contexte où la mort par euthanasie apparaît comme une solution de plus en plus évidente et efficace face à la souffrance. Interrogés par la ministre sur le fait de savoir si les soins palliatifs étaient assez développés en Belgique, plusieurs experts ont souligné que de nombreux progrès sont encore nécessaires dans ce domaine, mais aussi dans le soulagement de la souffrance psychologique et existentielle des patients.

    Alors qu’un des membres de la délégation française s’interrogeait sur la façon dont la population belge considérait l’euthanasie, médecins et infirmiers belges présents dans la salle ont témoigné avec force du fait que la promotion et la médiatisation régulières de l’euthanasie conduisent de plus en plus chaque citoyen à se demander s’il choisira ou non l’euthanasie pour sa fin de vie.

    Enfin, cette rencontre a permis d’aborder la question de la liberté de conscience du personnel soignant. Plusieurs médecins ont témoigné des pressions subies régulièrement de la part de collègues, de patients, ou de familles qui exigent l’euthanasie pour leur proche. L’exception à l’interdit de tuer que proposait la loi dépénalisant l’euthanasie semble, dans les faits, s’être inexorablement transformée en droit du patient à ce qu’un médecin mette fin à sa vie. Plusieurs experts présents ont ainsi invité les décideurs français à tenir compte de cette réalité au moment de légiférer sur la fin de vie.

    L’Institut Européen de Bioéthique continuera quant à lui à proposer son éclairage sur la prise en charge de la fin de vie en Belgique et en Europe, afin de soutenir les patients et les soignants, et d’informer au mieux les citoyens et les décideurs sur ces enjeux.

    Léopold Vanbellingen, juriste pour l'Institut Européen de Bioéthique 

    La Ministre Agnès Firmin Le Bodo et les membres de la délégation française 

  • Les anglicans rejettent Justin Welby à la tête de l'Église mondiale

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    D'Harriet Sherwood sur The Guardian :

    Les anglicans rejettent Justin Welby à la tête de l'Église mondiale, en raison de la colère suscitée par les bénédictions accordées aux couples de même sexe.

    Les chefs d'Eglise de certains pays en développement affirment que l'Église d'Angleterre s'est disqualifiée en tant qu'"Église mère".

    20 février 2023

    Les dirigeants des églises anglicanes de certains pays en développement, dont le Sud-Soudan, l'Ouganda et la République démocratique du Congo, ont déclaré qu'ils ne reconnaissaient plus Justin Welby, l'archevêque de Canterbury, comme le chef de l'église mondiale.

    Leur décision découle de la décision prise ce mois-ci par l'organe directeur de l'Église d'Angleterre, le Synode général, d'autoriser le clergé à bénir les couples mariés de même sexe.

    L'organisation conservatrice Global South Fellowship of Anglican Churches (GSFA), qui prétend parler au nom de 75 % des anglicans du monde entier, a déclaré lundi dans une déclaration que l'Église d'Angleterre avait "quitté la foi historique" et s'était disqualifiée en tant qu'"Église mère" de la communion anglicane.

    La déclaration, signée par 10 primats, dit : "La GFSA n'est plus en mesure de reconnaître l'actuel archevêque de Canterbury, le Rt Hon & Most Revd Justin Welby, comme le leader 'premier parmi les égaux' de la communion mondiale".

    Welby avait conduit ses évêques à recommander que le clergé soit autorisé à bénir les couples mariés de même sexe, sachant que cela était "contraire à la foi et à l'ordre des provinces orthodoxes de la communion dont le peuple constitue la majorité du troupeau mondial".

    Selon la déclaration, l'Église d'Angleterre et d'autres Églises, y compris celles d'Écosse, du Pays de Galles, des États-Unis et de Nouvelle-Zélande, qui autorisent le mariage ou la bénédiction de couples de même sexe ont "emprunté la voie de l'enseignement erroné". "Cela nous brise le cœur".

    La recommandation présentée par les évêques du C of E d'approuver les bénédictions facultatives, mais de continuer à interdire les mariages homosexuels à l'église, se voulait un compromis qui mettrait fin à des décennies de divisions douloureuses sur la sexualité.

    Mais les progressistes étaient furieux que, selon eux, l'Église continue à traiter les couples homosexuels comme des personnes de "seconde classe", et les conservateurs étaient en colère que l'Église semble tourner le dos à l'enseignement traditionnel sur le mariage et la sexualité.

    Welby s'est félicité de cette nouvelle position, mais a déclaré qu'il n'offrirait pas personnellement de bénédictions aux couples de même sexe au nom de l'unité de l'Église anglicane mondiale. Il aurait également déclaré aux députés qu'il préférait voir l'Église d'Angleterre dissoute plutôt que de voir l'Église mondiale se diviser sur la question de la sexualité.

    Immédiatement après la réunion du synode à Londres, Welby s'est rendu à Accra, la capitale du Ghana, pour rencontrer les dirigeants de l'Église mondiale. Il leur a dit : "J'ai été convoqué deux fois au parlement et menacé d'une action parlementaire pour nous imposer le mariage homosexuel".

    Après le vote du synode, Henry Ndukuba, l'archevêque de l'Église du Nigeria, qui représente environ un tiers des anglicans dans le monde, a déclaré que le changement de position était "déviant" et qu'il expliquait le "terrible déclin, la perte et l'absence de pertinence de l'Église d'Angleterre dans le monde occidental séculaire et post-chrétien".

    Jackson Ole Sapit, archevêque du Kenya, a critiqué les "puissantes voix séculières qui se sont emparées de l'Église d'Angleterre" et s'est dit "attristé par le fait que notre Église mère s'écarte du véritable Évangile".

    Stephen Kaziimba, l'archevêque d'Ouganda, a déclaré : "Les membres de l'Église d'Angleterre se sont éloignés de la foi anglicane et sont maintenant de faux enseignants".

    Depuis qu'il est devenu archevêque de Canterbury il y a 10 ans, M. Welby a cherché à maintenir l'unité de l'Église mondiale face à d'âpres désaccords sur la sexualité. Son approche a consisté à essayer de persuader les évêques, le clergé et les paroissiens de "marcher ensemble" malgré des différences apparemment irréconciliables.

    L'été dernier, la conférence de Lambeth, qui réunit une fois par décennie les évêques anglicans du monde entier, a été boycottée par les primats du Nigeria, du Rwanda et de l'Ouganda, qui représentent ensemble quelque 30 millions d'anglicans, en raison de la question de la sexualité.

    Dans sa déclaration de lundi, le GSFA a déclaré que le retrait de leur soutien à Welby en tant que leader de l'église mondiale devrait être reçu par lui comme "un avertissement dans l'amour".

    Un porte-parole du Palais de Lambeth a déclaré : "Les profonds désaccords qui existent au sein de la communion anglicane sur la sexualité et le mariage ne sont pas nouveaux."

    En ce qui concerne la déclaration, il a déclaré : "Nous comprenons parfaitement leur position", mais "aucun changement ne peut être apporté aux structures formelles de la communion anglicane sans l'accord" de tous les dirigeants et conseils de l'organisme.

    Toutefois, le porte-parole a ajouté que M. Welby avait déclaré lors de la réunion de la semaine dernière au Ghana que "ces structures sont toujours en mesure de changer avec le temps".

  • On a marché pour la vie à Manille

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/PHILIPPINES - En route, ensemble, pour la protection de la vie

    20 février 2023

    Manille (Agence Fides) - Marchant et priant côte à côte, religieux, laïcs, prêtres, évêques pour la protection et la dignité de la vie, de la naissance à la mort naturelle, pour la promotion de la famille, pour la défense de toute vie abusée ou écartée : C'est dans cet esprit que les fidèles philippins ont tenu à nouveau, après la suspension due à la pandémie, le rassemblement annuel baptisé "Walk for Life" le 18 février 2023, organisé par le Conseil des laïcs des Philippines, en collaboration avec la Commission pour les laïcs de la Conférence épiscopale des Philippines. (...)

    Des milliers de fidèles ont participé à la marche et à la veillée de prière, qui est partie de la rotonde de bienvenue à Quezon City et s'est terminée dans l'enceinte de l'université de Santo Tomas à Manille, où s'est tenue la célébration eucharistique solennelle. "Notre esprit de soutien à la vie n'a jamais faibli, même pendant la pandémie. Nous sommes devenus plus profondément conscients du caractère sacré de la vie et nous prions sans cesse et travaillons énormément pour la préserver. Dans notre société, les diverses questions qui touchent à la vie humaine sont urgentes et, en tant que croyants, nous sommes constamment appelés à nous rappeler le caractère sacré et la dignité de chaque vie humaine", a déclaré Raymond Daniel Cruz Jr, président du Conseil des laïcs des Philippines.

    La Marche pour la Vie entend sensibiliser et offrir un soutien concret aux communautés locales afin que les fidèles prennent à cœur le respect et la protection de la vie humaine, à tous ses moments et dans toutes ses conditions : de l'enfant dans le ventre de sa mère, aux enfants des rues maltraités, aux femmes victimes de la traite et de la violence, aux familles démunies, aux personnes âgées abandonnées. Le thème de 2023, "Synodalité, accompagnement et proximité", a déclaré les organisateurs, entend mettre l'accent sur les moyens de proximité avec chaque personne humaine et les difficultés qu'elle rencontre à chaque âge de la vie.

    Exprimant son soutien sans réserve à l'initiative, le Cardinal Luis Antonio Tagle, Pro-préfet du Dicastère pour l'évangélisation du Vatican, a expliqué dans une interview accordée à Radio Veritas Manille : "Il ne s'agit pas seulement d'une marche, mais d'un voyage de chacun d'entre nous, qui dure toute la vie, car la vie est le don le plus important de Dieu à chacun d'entre nous. J'espère que dans chacun de nos voyages à travers l'histoire, nous ne la gaspillerons pas et que nous protégerons toujours le don de la vie".

    (PA) (Agence Fides 20/2/2023)

  • Belgique : le nombre d’euthanasies déclarées en 2022 a augmenté d'une dizaine de pour cent par rapport à 2021

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    D'Elise Legrand sur la Libre de ce 18 février, p. 12 :

    Près de 3 000 patients sont décédés par euthanasie en Belgique en 2022, un record

    Le nombre d’euthanasies déclarées a augmenté de 9,85 % par rapport à 2021.

    En 2022, 2 966 patients sont décédés par euthanasie, ressort-il des chiffres de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie (CFCEE) publiés vendredi. Jamais autant d’euthanasies n’avaient été déclarées depuis l’entrée en vigueur de la loi dépénalisant la pratique, il y a vingt ans.

    Pour rappel, la loi du 28 mai 2002 permet à un médecin de réaliser une euthanasie à la demande du patient, à condition de respecter plusieurs critères. L’acte doit obligatoirement être pratiqué par un médecin (pas une infirmière ou une aide-soignante) et il ne peut en aucun cas s’agir d’un membre de la famille du patient. La demande d’euthanasie doit être formulée de manière volontaire, réfléchie, répétée et ne doit pas résulter d’une pression extérieure. Enfin, le patient doit présenter une pathologie grave et incurable, dont la souffrance physique ou psychique ne peut être apaisée.

    Avec 2 966 euthanasies en 2022, le chiffre a augmenté de 9,85 % par rapport à 2021. La proportion de décès par euthanasie déclarée en 2022 a été de 2,5 % (contre 2,4 % en 2021) de l’ensemble des décès dans notre pays.

    Concrètement, l’écrasante majorité (69,9 %) des patients décédés par euthanasie étaient âgée de plus de 70 ans, et 42,2 % avaient plus de 80 ans. L’euthanasie chez les patients de moins de 40 ans reste très peu fréquente (1,2 %). La moitié des euthanasies ont eu lieu à domicile (50,5 %), un chiffre en légère diminution par rapport à 2021.

    Le nombre d’euthanasies ayant lieu dans les maisons de repos ou de soins continue, lui, d’augmenter (16,4 %), alors que celles pratiquées dans les hôpitaux et les unités de soins palliatifs restent stables (31,8 %). Dans la grande majorité des cas (82,7 %), le médecin estimait que le décès du patient était prévisible à brève échéance.

    De plus en plus de francophones

    Concernant les affections, ce sont majoritairement des patients oncologiques (59,9 %) qui ont demandé l’euthanasie. En deuxième lieu vient le groupe de patients polypathologiques (19,6 %) - atteints de plusieurs affections chroniques. Puis des patients atteints de maladies du système nerveux (8,9 %), de l’appareil circulatoire (3,7 %) et de l’appareil respiratoire (3 %).

    Plus de deux tiers des demandes (70,4 %) ont été formulées en néerlandais, contre 29,6 % en français. Cette différence culturelle entre régions tend toutefois à s’amenuiser au fil des années. "Il y a clairement une tendance à la hausse des demandes francophones, analyse Jacqueline Herremans, avocate et membre de la CFCEE. Quand la loi est entrée en vigueur en 2002, on observait alors plus de 80 % de demandes néerlandophones." À noter également qu’au moins 61 patients résidant à l’étranger sont venus en Belgique pour recourir à l’euthanasie en 2022, pour la plupart (53) originaires de France, l’euthanasie dite "active" y étant toujours proscrite.

    Enfin, la Commission a estimé que toutes les déclarations reçues répondaient aux conditions essentielles de la loi. Aucune n'a donc été transmise au procureur du roi.