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Eglise - Page 220

  • L'"amour" homosexuel, un "don" ?

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    D'Eduardo J. Echeverria sur The Catholic Thing :

    L'"amour" homosexuel, un don ?

    20 avril 2024

    Dans son récent livre, LIFE : My Story Through History, le pape François plaide en faveur d'un soutien légal aux unions civiles entre personnes de même sexe pour " [les homosexuels] qui font l'expérience du don de l'amour ". Dans quel sens, le cas échéant, l'amour homosexuel est-il un don ?

    L'Église estime qu'il ne peut certainement pas s'agir d'un don de Dieu, ni naturel (création), ni surnaturel (sacrement). Selon le Catéchisme de l'Église catholique, la source ultime de l'amour est Dieu lui-même. Citant l'exhortation apostolique de Jean-Paul II de 1981, Familiaris Consortio, le Catéchisme de l'Église catholique affirme :

    Dieu est amour et vit en lui-même un mystère de communion amoureuse personnelle [éternellement unis dans l'être, la relation et l'amour]. Créant le genre humain à son image ... . Dieu a inscrit dans l'humanité de l'homme et de la femme [Genèse 1, 27] la vocation, et donc la capacité et la responsabilité, de l'amour et de la communion.

    La remarque de François, à première vue, ne semble pas considérer l'"amour" homosexuel comme une forme d'amour intrinsèquement désordonnée. Pense-t-il que l'homosexuel est capable de vivre la vocation à la chasteté, et donc à l'amour, dans une relation homosexuelle ? Comment l'homosexuel pourrait-il le faire ? La vocation à la chasteté implique la différenciation sexuelle entre un homme et une femme, ce qui, selon l'anthropologie chrétienne, signifie "l'intégration réussie de la sexualité dans la personne et donc l'unité intérieure de l'homme dans son être corporel et spirituel".

    Le Catéchisme explique que "la sexualité, dans laquelle s'exprime l'appartenance de l'homme au monde corporel et biologique, devient personnelle et vraiment humaine lorsqu'elle est intégrée dans la relation d'une personne à une autre, dans le don réciproque, complet et à vie, d'un homme et d'une femme".

    La chasteté présuppose donc la différenciation sexuelle de l'homme et de la femme, de telle sorte que seule l'union sexuelle des personnes de sexe masculin et féminin fait réellement des corps "une seule chair" (Gn 2,24), cette dernière union corporelle organique étant une condition nécessaire à l'existence d'un amour conjugal authentique.

    L'amour homosexuel n'est pas un don, c'est même un faux amour, parce qu'il est incapable d'accomplir la vocation à la chasteté, de parfaire l'être de la personne et de développer son existence, et donc d'être ordonné à la loi naturelle, à l'ordre de la Création, et donc à Dieu. En tant que forme désordonnée de l'amour, non seulement il manque d'intégration, mais il est une contre-intégration en vertu du fait qu'il est une offense à la vocation à la chasteté, ce qui le rend incapable de réaliser l'intégrité de la personne et l'intégralité du don de soi.

    L'anthropologie chrétienne doit considérer la réalité de la personne humaine, de l'homme et de la femme, dans l'ordre de l'amour. Pourquoi ? Parce que, comme l'affirme à juste titre Karol Wojtyla dans son œuvre philosophique majeure, Amour et responsabilité, "la personne trouve dans l'amour la plus grande plénitude de son être, de son existence objective". L'amour est un tel acte, un tel acte, qui développe le plus pleinement l'existence de la personne. Bien entendu, il doit s'agir d'un véritable amour. Qu'est-ce que l'amour véritable ?

    L'amour est un concept analogique, ce qui signifie qu'il existe différentes sortes d'amour : l'amour paternel, l'amour entre frères et sœurs, l'amitié et, enfin, l'amour entre un homme et une femme ("L'amour entre un homme et une femme est une relation réciproque de personnes et possède un caractère personnel").

    En bref, l'amour implique une attirance pour les valeurs sensorielles-sexuelles et les valeurs spirituelles ou morales de l'autre personne, par exemple, dit Wojtyla, "pour son intelligence ou ses vertus de caractère". Il y a aussi l'amour de besoin, ou l'amour comme désir, et la bienveillance. L'"amour de besoin" désire "la personne comme un bien pour soi-même". L'amour bienveillant consiste à désirer le bien de l'autre. La bienveillance est simplement le désintéressement dans l'amour : "Je ne te désire pas comme un bien", mais "je désire ton bien", "je désire ce qui est bon pour toi".

    Wojtyla aborde ensuite le problème de la réciprocité, qui réalise une synthèse "de l'amour de désir et de l'amour bienveillant". La réciprocité implique la relation du "je" et du "nous". D'où la formation d'une communauté interpersonnelle :

    L'amour trouve son plein épanouissement non seulement dans un sujet individuel, mais dans une relation intersubjective et interpersonnelle. Le passage du "je" au "nous" n'est pas moins essentiel pour l'amour que le dépassement de son "je" tel qu'il s'exprime à travers [l'attirance], l'amour du désir et l'amour de la bienveillance.

    Étant intrinsèquement désordonné, l'amour homosexuel est incapable de former une communauté interpersonnelle où l'unité se manifeste dans le "nous" mûr. Enfin, Wojtyla considère que la plénitude de l'amour est l'amour-don, ou ce qu'il appelle l'amour conjugal, qui consiste à se donner à l'autre personne, ce qui implique le don réciproque des personnes. Il ajoute : "Le concept d'amour conjugal [de don] possède une signification essentielle pour établir la norme de toute morale sexuelle".

    L'homme - mâle et femelle - étant créé dans et pour l'amour, l'éthique sexuelle est donc inintelligible sans l'amour. Ce point crucial qui consiste à trouver dans l'amour la plus grande plénitude de son être doit être appliqué à l'amour entre un homme et une femme.

    "L'amour est une union de personnes", dit Wojtyla, une union objective dans laquelle un homme et une femme constituent "un seul sujet d'action", en un sens "une seule chair" (Genèse 2:24). (Cette union ne peut être détachée de son fondement biologique dans les différences organiques entre les sexes. Cette union objective naît d'un "bien commun", un "bien objectif", c'est-à-dire le bien des personnes humaines, et d'une fin commune, "qui les lie".

    Cette fin est la procréation, la progéniture, la famille et, en même temps, toute la maturité constamment croissante de la relation entre les deux personnes dans toutes les sphères apportées par la relation conjugale elle-même.

    Par conséquent, lorsque le Catéchisme affirme que les actes sexuels homosexuels sont fermés au don de la vie, c'est parce que ces actes n'ont pas d'union objective dans la différenciation sexuelle d'un homme et d'une femme. "Ils ne peuvent en aucun cas être approuvés. De tels actes sont "un péché gravement contraire à la chasteté". L'amour homosexuel n'est donc pas un don.

  • Sœurs Dominicaines du Saint-Esprit : Le Vatican contre la France sur la liberté religieuse

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Sœurs Dominicaines du Saint-Esprit : Le Vatican contre la France sur la liberté religieuse

    19/4/2024

    Le Saint-Siège a rappelé à la France que lorsque des tribunaux civils remettent en cause la décision d'expulser une moniale de son ordre religieux, la liberté de religion est "gravement violée".

    Si certains pensent que l'attaque contre la liberté religieuse en France ne vise que les "cultes" et l'islam, ils se trompent. Le 13 avril dernier, une organisation religieuse a déploré dans un communiqué officiel être victime en France d'une "violation grave des droits fondamentaux à la liberté religieuse et à la liberté d'association". Le nom de cette organisation religieuse est l'Église catholique romaine, et la déclaration émane du Bureau de presse du Saint-Siège.

    En bref, un ordre religieux appelé les Sœurs Dominicaines du Saint-Esprit a demandé au Vatican d'enquêter sur le comportement d'une de ses religieuses, Sabine de la Valette, qui avait pris le nom religieux de Sœur Marie Ferréol. Comme il est d'usage dans ces cas, le Vatican ordonne une visite apostolique du couvent, sous l'autorité du cardinal Marc Ouellet. Suite au rapport de la visite, le Vatican a décidé en 2020 que Sœur Marie devait être renvoyée des Sœurs Dominicaines du Saint-Esprit.

    Mécontente de cette décision, Sœur Marie a intenté un procès et a demandé au tribunal de Lorient de déclarer qu'elle avait été renvoyée à tort de son ordre. Le 3 avril, le tribunal a donné raison à l'ancienne religieuse et a ordonné à l'ordre religieux, au cardinal Ouellet et aux deux envoyés du Vatican qui ont effectué la visite apostolique de lui verser plus de 200 000 euros à titre de dommages et intérêts. Selon les médias, le tribunal a estimé que la visite était biaisée car le cardinal Ouellet était "ami" avec une autre religieuse connue pour être une opposante de Sœur Marie.

    Le 13 avril, le Vatican a déclaré qu'il n'avait appris l'affaire que par les médias, que le cardinal Ouellet "n'avait jamais reçu de convocation du tribunal de Lorient" et que ni le cardinal ni le Saint-Siège n'avaient reçu de copie du verdict.

    En supposant que ce que les médias ont rapporté sur la décision soit vrai, le Vatican a déclaré que ce qu'il appelle encore un "prétendu" jugement (puisqu'il n'en a pas vu une copie officielle) "pourrait soulever non seulement des questions importantes concernant l'immunité, mais s'il a statué sur la discipline interne et l'appartenance à un institut religieux, il pourrait avoir constitué une grave violation des droits fondamentaux à la liberté religieuse et à la liberté d'association des fidèles catholiques".

    Le Vatican a bien sûr raison. La décision a fait l'objet d'un appel et pourrait bien être examinée à Strasbourg par la Cour européenne des droits de l'homme. Cette dernière, à l'instar des tribunaux des États-Unis et du Canada, a constamment statué que les décisions d'expulsion de membres d'un organisme religieux sont fondées sur des raisons théologiques et pas seulement juridiques, sur lesquelles les tribunaux laïques ne peuvent interférer sans violer gravement la liberté religieuse - tout comme l'a dit le Vatican. Mais il semble que la violation de la liberté religieuse soit désormais un fait quotidien en France.

    Massimo Introvigne (né le 14 juin 1955 à Rome) est un sociologue italien des religions. Il est le fondateur et le directeur général du Centre d'études sur les nouvelles religions(CESNUR), un réseau international de chercheurs qui étudient les nouveaux mouvements religieux. Introvigne est l'auteur de quelque 70 livres et de plus de 100 articles dans le domaine de la sociologie des religions. Il est le principal auteur de l'Enciclopedia delle religioni in Italia (Encyclopédie des religions en Italie). Il est membre du comité éditorial de l'Interdisciplinary Journal of Research on Religion et du comité exécutif de Nova Religio de University of California Press. Du 5 janvier au 31 décembre 2011, il a été "Représentant pour la lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination, en particulier la discrimination à l'encontre des chrétiens et des membres d'autres religions" de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). De 2012 à 2015, il a été président de l'Observatoire de la liberté religieuse, institué par le ministère italien des affaires étrangères afin de suivre les problèmes de liberté religieuse à l'échelle mondiale.

  • Le pèlerinage de Chartres s’attend à une affluence record

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    Mathilde de Robien - publié le 16/04/24 in « Aleteia »

    "Le pèlerinage de Chartres organisé par Notre-Dame de Chrétienté à la Pentecôte s'attend à une affluence record pour la deuxième année consécutive."

    Le traditionnel pèlerinage de Pentecôte organisé par Notre-Dame de Chrétienté, qui se déroule cette année du 18 au 20 mai 2024, affiche déjà presque complet, un mois avant le coup d’envoi. Les pèlerins ralliant l’église Saint-Sulpice (Paris) à Notre-Dame de Chartres seront encore plus nombreux cette année qu’en 2023, assurent les organisateurs. Déjà en 2023, le pèlerinage avait rassemblé 16.000 personnes, un record qui avait contraint les organisateurs à clore les inscriptions quinze jours avant le pèlerinage. Cette année, les pèlerins pourraient être environ 2.000 de plus.

    Les organisateurs, tenus par les contraintes administratives, tablent sur une croissance de 10 à 11% pour l’édition 2024. Les inscriptions pour les familles sont déjà closes depuis huit jours, et les inscriptions “adultes” le seront le 16 avril au soir. Il reste néanmoins des places pour les enfants et les “pastoureaux” (13-16 ans). “Les inscriptions ont été anticipées très tôt cette année, notamment par les personnes qui n’ont pas pu participer l’année dernière faute de place”, explique Notre-Dame de Chrétienté. Il est cependant possible de s’inscrire pour rejoindre la colonne le dernier jour du pèlerinage, à la dernière halte avant Chartres, à Saint-Prest, et de marcher deux heures avant la messe de clôture célébrée cette année par le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ces derniers mois, il a multiplié les prises de parole, parfois peu amènes, sur de récentes décisions du Vatican.

    Des aménagements nécessaires

    Cette croissance importante attendue nécessite quelques aménagements pour encadrer un si grand nombre de pèlerins. Les bivouacs s’étendront cette année sur des surfaces plus grandes que celles des années précédentes. Et ce n’est pas une, mais deux colonnes de marcheurs, qui s’élanceront à deux heures d’intervalle depuis Saint-Sulpice afin de pouvoir absorber le flux de pélerins. Un premier groupe s’élancera dès 7 heures le samedi matin, et participera à la messe le soir au bivouac de Choisel, tandis que le deuxième groupe démarrera par la messe à Paris avant de prendre la route.

    Autant de pèlerins qui seront amenés à méditer sur les fins dernières, autour du thème : “Je veux voir Dieu”. “La fin dernière n’est pas le baisser de rideau. La fin, c’est le bien absolu, c’est ce qui attire et oriente tout. La fin dernière, c’est Dieu”, souligne l’abbé Jean de Massia, aumônier général de Notre-Dame de Chrétienté. “Cette fin donne tout son enjeu, toute son importance et sa beauté à la vie humaine. Nous sommes des pèlerins : notre patrie se trouve dans les cieux. Seule la pensée de la vie éternelle donne du sens à nos combats terrestres.”

    Lire aussi :[REPORTAGE] Joie éclatante et ferveur des pèlerins arrivant à Chartres

    Lire aussi :L’éternelle jeunesse du “Pélé de Chartres” "

  • "La situation à Goma est grave. Nous craignons une insécurité généralisée dans l'Est de la RDC", déclare le Cardinal Ambongo

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/R.D.CONGO - "La situation à Goma est grave. Nous craignons une insécurité généralisée dans l'Est de la RDC", déclare le Cardinal Ambongo

    18 avril 2024  
     

    Kinshasa (Agence Fides) - "La situation à Goma et dans ses environs s'aggrave de jour en jour", a déclaré à l'Agence Fides le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque métropolitain de Kinshasa, en référence à la capitale du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où, depuis 2021, la guérilla du M23 a repris les armes, conquérant plusieurs localités.
    Le M23 continue de conquérir des territoires alors que l'armée congolaise se trouve dans une situation de confusion totale", déclare le Cardinal. "Ce que nous craignons le plus, c'est le risque d'une insécurité généralisée d'abord à Goma et plus généralement dans tout l'Est du pays". "En effet, le gouvernement a distribué des armes supplémentaires à divers groupes armés, comme le Wazalendo, mais aussi à certains appartenant aux FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda, groupe fondé au début des années 2000 par les survivants de l'ancien régime hutu rwandais, ndlr), en espérant que ces groupes soutiendraient l'armée face à l'avancée du M23. Tous ces groupes sont aujourd'hui bien armés et c'est la population qui en paie le prix, générant toutefois un risque d'insécurité généralisée", souligne le cardinal Ambongo.

    Le terme "Wazalendo" ("patriotes" en swahili) désigne un ensemble de groupes qui ont pris les armes pour défendre la population contre le M23. Cependant, son inspirateur Éphraïm Bisimwa, leader d'une secte messianique locale, a été condamné à mort en octobre dernier pour les graves incidents du 30 août 2023 contre la présence des Casques bleus de la MONUSCO (Mission de l'ONU en RDC) à Goma, qui ont causé la mort de plus de 50 personnes.

    "Avec l'arrestation et la condamnation à mort de l'inspirateur du Wazalendo, il est devenu clair que ce groupe n'est pas homogène ; même certains de ses membres sont passés dans les rangs du M23. Il est difficile de contrôler ces groupes armés qui se réfèrent à autant de chefs", affirme le cardinal Ambongo, selon qui le gouvernement congolais a de lourdes responsabilités dans la gestion de la crise à l'est du pays

    Au lieu de renforcer l'armée régulière avec des soldats sélectionnés et bien formés, le gouvernement a fait le choix, à notre avis dangereux, d'armer ces groupes qui finissent par devenir un danger pour la population, en agressant les citoyens, en commettant des vols et des meurtres, et en se lançant dans le commerce illégal des minerais extraits des mines artisanales de la région", ajoute-t-il.

    "Les évêques de la province ecclésiastique de Bukavu ont fait une analyse très lucide de la réalité vécue dans l'est de la RDC ", a poursuivi le Cardinal, se référant à la note pastorale publiée à la mi-avril (voir Fides 17/4/2024). "L'Église elle-même se trouve dans une situation dangereuse dans cette région", souligne-t-il. "C'est pourquoi les évêques de la Province de Bukavu, comme nous tous au niveau national de la CENCO (Conférence épiscopale nationale congolaise), ont fait le choix d'accompagner la population en ce moment difficile. Le sens de notre sollicitude pastorale à l'égard d'un peuple qui souffre est de se demander "comment pouvons-nous manifester un peu de l'amour et de la miséricorde de Dieu" à ce peuple qui souffre. C'est ce que l'Église essaie de faire, mais ce n'est pas toujours facile", conclut-il. (LM) (Agence Fides 18/4/2024)

  • Dignitas Infinita et l'idolâtrie de l'homme

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    Une opinion de John A. Monaco sur Crisis Magazine :

    18 avril 2024

    Dignitas Infinita et l'idolâtrie de l'homme

    À l'heure des médias de masse et de l'accès permanent à Internet, le processus de réception théologique peut souvent être précipité et maladroit. La course est lancée, pour ainsi dire, pour forger et brandir le dernier "point de vue" sur n'importe quel sujet, document ou entretien papal de l'Église. Quelques minutes à peine après l'introduction de Dignitas Infinita par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF), les cercles des médias sociaux catholiques se sont embrasés de réactions spontanées, en particulier en raison de la première ligne du document : "Toute personne humaine possède une dignité infinie...".

    Je crois qu'il y a une conversation importante à avoir sur le concept de dignité humaine et sur la mesure dans laquelle nous pouvons dire que les humains possèdent une dignité "infinie", même si c'est d'une manière très limitée et analogique. Il y a déjà eu de solides analyses du document et de ses éventuelles limites. Mais en se focalisant presque exclusivement sur le sens du mot "dignité ", nous risquons de perdre de vue quelque chose de bien plus important, à savoir qu'avec Dignitas Infinita, nous voyons le joyau de la couronne d'un anthropocentrisme pleinement enraciné, qui tache les vitres de l'Église postconciliaire.

    L'anthropocentrisme est la croyance explicite ou implicite que l'homme est l'entité centrale de la création. Tout comme l'héliocentrisme et le géocentrisme affirment que le soleil ou la terre sont respectivement au centre de l'univers, l'anthropocentrisme considère l'homme comme le centre de toutes choses.

    L'anthropocentrisme est l'une des accusations souvent portées par les critiques de la réforme liturgique post-conciliaire, selon laquelle, à la suite du Concile Vatican II (1962-1965), la liturgie romaine s'est inversée, passant de l'adoration de Dieu à l'adoration de l'homme. Des livres allant de They Have Uncrowned Him de l'archevêque Marcel Lefebvre à Work of Human Hands du père Anthony Cekada ont mis en lumière la façon dont le rite réformé étouffe le doxologique, le numineux et le mystérieux. Dans le Novus Ordo, la Liturgie de la Parole est principalement didactique - les lectures ne sont pas chantées, elles sont prononcées en langue vernaculaire et peuvent être lues par n'importe qui. Le prêtre fait face au peuple (ad populum), et les défenseurs de cette orientation liturgique font appel à sa base historique (douteuse) et au fait qu'elle reflète la "nouvelle ecclésiologie" inclusive enseignée par Vatican II.

    Bien sûr, l'affirmation selon laquelle le Novus Ordo vise à "adorer l'homme" est réductrice et n'aide pas à formuler des critiques plus nuancées de la réforme liturgique. Mais on ne peut nier que l'ensemble de la réforme liturgique post-conciliaire reflète une inquiétude générale selon laquelle les formes antérieures de culte et de prière dans l'Église catholique romaine n'engageaient pas vraiment le peuple ou ne parlaient pas à "l'homme moderne".

    En d'autres termes, des sacrifices - autres que celui du Christ sur l'autel - devaient être faits. Les églises construites avec grandeur et majesté devaient être "rénovées" afin de favoriser une participation active aux cérémonies liturgiques. La division entre ordonnés et laïcs, religieux et séculiers, devait être abolie. L'ancien trésor de chants liturgiques, de bénédictions, de sacramentaux, de vêtements et autres était une pierre d'achoppement dans la capacité de l'homme moderne à comprendre le culte catholique. Que le Novus Ordo adore ou non l'homme ou Dieu (et je crois qu'il adore ce dernier), il n'en reste pas moins que la préoccupation première qui a présidé à sa genèse était de savoir comment il profiterait à l'homme, et non comment il pourrait offrir une plus grande adoration à Dieu.

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  • A relire d'urgence : la Lettre de Jean-Paul II aux familles (février 1994)

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    LETTRE DU PAPE JEAN-PAUL II AUX FAMILLES

    Chères familles !

    1. La célébration de l'Année de la Famille m'offre l'heureuse occasion de frapper à la porte de votre maison, moi qui voudrais vous saluer avec une grande affection et m'entretenir avec vous. Je le fais par cette Lettre, en prenant pour point de départ l'expression de l'Encyclique Redemptor hominis, que j'ai publiée dès le début de mon ministère de Successeur de Pierre. J'écrivais alors : l'homme est la route de l'Eglise (1).

    Par cette expression, je voulais évoquer avant tout les innombrables routes le long desquelles l'homme chemine, et je voulais en même temps souligner le profond désir de l'Eglise de l'accompagner dans cette marche sur les routes de son existence terrestre. L'Eglise prend part aux joies et aux espoirs, aux tristesses et aux angoisses (2) de la marche quotidienne des hommes, dans la conviction intime que c'est le Christ lui-même qui l'a envoyée sur tous ces sentiers : c'est lui qui a confié l'homme à l'Eglise, qui l'a confié comme « route » de sa mission et de son ministère.

    La famille, route de l'Eglise

    2. Parmi ces nombreuses routes, la famille est la première et la plus importante : c'est une route commune, tout en étant particulière, absolument unique, comme tout homme est unique ; une route dont l'être humain ne peut s'écarter. En effet, il vient au monde normalement à l'intérieur d'une famille ; on peut donc dire qu'il doit à cette famille le fait même d'exister comme homme. Quand la famille manque, il se crée dans la personne qui vient au monde une carence préoccupante et douloureuse, qui pèsera par la suite sur toute sa vie. L'Eglise se penche avec une affectueuse sollicitude vers ceux qui vivent une telle situation, car elle connaît bien le rôle fondamental que la famille est appelée à remplir. Elle sait, en outre, que normalement l'homme quitte sa famille pour réaliser à son tour, dans un nouveau noyau familial, sa vocation propre. Même s'il choisit de rester seul, la famille demeure pour ainsi dire son horizon existentiel, la communauté fondamentale dans laquelle s'enracine tout le réseau de ses relations sociales, depuis les plus immédiates, les plus proches, jusqu'aux plus lointaines. Ne parlons-nous pas de « famille humaine » à propos de l'ensemble des hommes qui vivent dans le monde ?

    La famille a son origine dans l'amour même du Créateur pour le monde créé, comme il est déjà dit « au commencement », dans le Livre de la Genèse (1, 1). Dans l'Evangile, Jésus le confirme pleinement : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Le Fils unique, consubstantiel au Père, « Dieu, né de Dieu, Lumière née de la Lumière », est entré dans l'histoire des hommes par la famille : « Par son Incarnation, le Fils de Dieu s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d'homme, 1 il a aimé avec un cœur d'homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché » (3). Si donc le Christ « manifeste pleinement l'homme à lui-même » (4), c'est d'abord par la famille dans laquelle il a choisi de naître et de grandir qu'il le fait. On sait que le Rédempteur est resté caché à Nazareth pendant une grande partie de sa vie, « soumis » (Lc 2, 51), en tant que « Fils de l'homme », à Marie sa Mère, et à Joseph le charpentier. Cette « obéissance » filiale n'est-elle pas la première expression de l'obéissance à son Père « jusqu'à la mort » (Ph 2, 8) par laquelle il a racheté le monde ?

    Le mystère divin de l'Incarnation du Verbe a donc un rapport étroit avec la famille humaine. Et cela, non seulement avec une famille, celle de Nazareth, mais en quelque sorte avec toute famille, d'une manière analogue à ce que dit le Concile Vatican II à propos du Fils de Dieu qui, par l'Incarnation, « s'est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (5). A la suite du Christ « venu » dans le monde « pour servir » (Mt 20, 28), l'Eglise considère que servir la famille est l'une de ses tâches essentielles. En ce sens, l'homme et la famille également constituent « la route de l'Eglise ».

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  • En Iran, c’est le temps de la passion pour les chrétiens; mais le pape écoute les ayatollahs...

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (Diakonos.be) :

    En Iran, c’est le temps de la passion pour les chrétiens. Mais le pape écoute les ayatollahs

    17 avril 2024

    Dans la « guerre mondiale par morceaux » si souvent dénoncée par le Pape François, la République islamique d’Iran est l’un des protagonistes les plus aguerris et redoutés. Et pourtant, rien ne semblait pouvoir troubler les rapports tranquilles entre le régime de Téhéran et le Saint-Siège, avant l’attaque contre Israël d’il y a quelques jours.

    Quelques heures après l’attaque, le Pape François à déclaré pendant le « Regina Caeli » du dimanche 14 avril que « personne ne doit menacer l’existence d’autrui ». Avec une allusion transparent à la volonté ouverte de l’Iran de détruire « l’entité sioniste ».

    Mais il est difficile de savoir si ce sévère avertissement marquera un tournant dans les rapports entre le Saint-Siège et Téhéran. Parce que jusqu’à hier, rien ne semblait pouvoir les troubler, pas même les mauvaises nouvelles sur la manière dont les chrétiens y sont traités.

    Dans son message « urbi et orbi » de Pâques, tandis qu’il énumérait les foyers de conflits et de violence dans le monde, François n’a pas cité l’Iran. Et dans son discours de début d’année au corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, il n’en a fait mention que pour souhaiter un accord rapide sur la question du nucléaire iranien et se féliciter des soixante-dix années de relations diplomatiques avec Téhéran, établies en 1954 et sorties non seulement indemnes mais encore plus fortes de la révolution khomeyniste de 1979.

    Le 5 novembre dernier, au plus fort de la guerre entre Israël et le Hamas, le président iranien Ebrahim Raïssi a appelé le Pape François au téléphone et a eu avec lui une longue conversation, dont le contenu a été rendu public dans un compte-rendu officiel de Téhéran.

    Si l’on en croit ce compte-rendu, le président Raïssi aurait dénoncé le bombardement d’une église à Gaza comme exemple des « pratiques d’apartheid d’Israël non seulement contre les musulmans palestiniens mais également contre les autres religions divines » ; il aurait soutenu que défendre le peuple de Palestine opprimé était le « devoir de toutes les religions abrahamiques, en ce compris les chrétiens » ; il aurait demandé au Pape d’user de son autorité en Occident pour arrêter l’agression israélienne. Et François – toujours selon ce compte-rendu – aurait « apprécié » et partagé les positions exprimées par Raïssi.

    Mais, au cours de cette conversation téléphonique, le président iranien aurait également évoqué avec le Pape les relations entre l’Iran et le Saint-Siège, les définissant comme « très bonnes », en particulier en ce qui concerne la « latitude donnée aux chrétiens d’accomplir leurs pratiques religieuses et de jouir des mêmes droits que tous les citoyens », au point que « non seulement les chrétiens d’Iran, mais également ceux d’Arménie, d’Irak et de Syrie considèrent la République islamique d’Iran comme un refuge, parce que nous ne défendons pas seulement les droits des peuples musulmans mais également ceux des chrétiens ». Là encore, selon le compte-rendu, sans susciter aucune objection de la part de son interlocuteur.

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  • Kateri Tekakwitha : la première femme indienne d'Amérique du Nord canonisée (17 avril)

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    Kateri Tekakwitha (1).jpgEn 2012, à la veille de sa canonisation (21 octobre), le site des jésuites de France présentait ainsi Kateri Tekakwitha (fêtée aujourd'hui) :

    Kateri Tekakwitha est née en 1656 à Ossernenon (Auriesville, New York) d'une mère algonquine chrétienne et d'un père agnier (Les Algonquins, les Agniers - ou Iroquois - et les Hurons étaient des tribus des Indiens d'Amériques du Nord).

    En 1660, une épidémie de petite vérole lui enlève ses père, mère et petit frère. La petite échappe à la mort, mais la maladie lui laisse la vue affaiblie et le visage grêlé. Avec les autres survivants, elle s'installe un peu à l'ouest de son village natal et plus tard sur la rive nord de la Mohawk.

    Dès l'âge où les jeunes Indiennes pensent aux fiançailles, son oncle, un des chefs du village ainsi que ses tantes lui cherchent un mari convenable. Consternation des siens : elle ne veut épouser aucun des prétendants. Ses parents usent de ruse et de force pour la fléchir, rien n'y fait. Son seul désir: recevoir le baptême.

    En 1675, Jacques de Lamberville, jésuite, avait prit la direction de la Mission Saint-Pierre, de Gandaouagué. La jeune fille lui confie le secret de son coeur – devenir chrétienne ! Cependant le P. de Lamberville, tout en admirant sa simplicité et sa foi, l'oblige de suivre la voie ordinaire des catéchumènes. Six mois plus tard, le dimanche de Pâques 1676, le missionnaire la baptise. Elle a vingt ans.

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  • 6 - 11 mai : retraite de Saint Ignace pour femmes (FSSP)

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    Retraite de Saint Ignace pour femmes (Belgique)

    L’Œuvre des Retraites du district de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre

    organise encore cette année en Belgique

    une retraite selon les Exercices spirituels de Saint Ignace :

    pour femmes (du lundi 6 mai au samedi 11 mai 2024)

    à la Maison Marie Médiatrice de toutes grâces de la Communauté des Béatitudes,

    à Thy-le-Château (environ 20km de Charleroi).

    Informations et inscriptions sur le site de l’Œuvre des Retraites.

    Ne tardez pas à vous inscrire !

  • Benoît-Joseph Labre, un vagabond mystique célébré par Paul Verlaine

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    « Saint Benoît-Joseph Labre, la seule gloire française
    du XVIIIème siècle, mais quelle gloire ! »
    Verlaine (1844 – 1896)

    SAINT BENOIT-JOSEPH LABRE

    Comme l'Eglise est bonne, en ce siècle de haine
    D'orgueil et d'avarice et de tous les péchés,
    D'exalter aujourd'hui le caché des cachés
    Le doux entre les doux à l'Ignorance humaine.
    Et le mortifié sans pair que la Foi mène
    Saignant de pénitence et blanc d'extase, chez
    Les peuples et les saints qui, tous sens détachés,
    Fit de la Pauvreté son épouse et sa reine,
    Comme un autre Alexis, comme un autre François
    Et fut le Pauvre affreux, angélique, à la fois
    Pratiquant la douceur, l'horreur de l'Evangile !
    Et pour ainsi montrer au monde qu'il a tort
    Et que les pieds crus d'or et d'argent sont d'argile
    Comme l'Eglise est bonne et que Jésus est fort !

    (Paul Verlaine – « Souvenirs » 1881)

    Une très belle notice est consacrée à ce saint fêté aujourd'hui et qu'un sénateur français désignait ainsi : « Un exemple de paresse et d’obscurantisme sanctifié sous prétexte qu’il était mort en état de crasse » (au moment de la canonisation de Benoît Labre en 1881 par le pape Léon XIII).

  • "Beaucoup de prélats occidentaux sont tétanisés par l'idée de s'opposer au monde." (cardinal Sarah)

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    De Ngala Killian Chimtom sur Crux Now :

    Un cardinal africain, critique du pape, affirme que les prélats occidentaux ont perdu leur sang-froid

    YAOUNDÉ, Cameroun - Un cardinal africain largement considéré comme un critique conservateur du pape François, et stylisé par certains comme un candidat possible à la papauté elle-même, a mis en garde contre ce qu'il a décrit comme un "athéisme pratique" qui s'installe au sein de l'Église catholique.

    Le cardinal Robert Sarah de Guinée a également réitéré sa critique de Fiducia Supplicans, le récent document du Vatican autorisant la bénédiction des couples engagés dans des unions homosexuelles, insistant sur le fait que ce n'est pas seulement la culture africaine traditionnelle mais l'enseignement catholique lui-même qui rend le document inacceptable.

    S'adressant à la conférence épiscopale du Cameroun, le cardinal Robert Sarah de Guinée, ancien haut fonctionnaire du Vatican pour la liturgie, a critiqué les évêques occidentaux pour leur réticence à s'opposer aux valeurs séculières du monde, les accusant de manquer de nerf.

    "Beaucoup de prélats occidentaux sont tétanisés par l'idée de s'opposer au monde. Ils rêvent d'être aimés par le monde ; ils ont perdu le désir d'être un signe de contradiction", a déclaré Sarah, 78 ans.

    Mgr Sarah a déclaré aux évêques camerounais qu'il pensait que "l'Église de notre temps subit la tentation de l'athéisme. Non pas l'athéisme intellectuel, mais cet état d'esprit subtil et dangereux [de] l'athéisme fluide et pratique".

    "L'athéisme pratique est une maladie dangereuse, même si ses premiers symptômes semblent bénins", a-t-il déclaré.

    Selon Sarah, l'athéisme pratique est plus insidieux que son homologue intellectuel, car il ne se déclare pas ouvertement, mais s'infiltre dans tous les aspects de la culture contemporaine, y compris dans le discours ecclésiastique.

    Il a affirmé que l'Église et ses dirigeants se sont rendus coupables "d'accommodement, de complicité avec ce mensonge majeur qu'est l'athéisme fluide et pratique".

    "Nous prétendons être des croyants chrétiens et des hommes de foi. Nous célébrons des rites religieux, mais en fait nous vivons comme des païens et des incroyants", a déclaré Sarah.

    Sarah a décrit "l'athéisme fluide et pratique" comme une force perfide et insaisissable. Il l'a comparé au fait d'être pris dans une toile d'araignée, dont les efforts pour s'échapper ne font que resserrer l'étau. Selon lui, cette forme d'athéisme est un piège magistral tendu par Satan lui-même.
    Le responsable de l'Église a souligné que cette forme d'athéisme exploite les fragilités humaines et la tendance de l'homme à céder à ses tromperies. Il a insisté sur le fait qu'au sein de l'Église, il ne devrait pas y avoir de factions ou de sauveurs autoproclamés, car de telles divisions font le jeu de l'adversaire.

    "Nous n'avons pas à créer des partis dans l'Église ; nous n'avons pas à nous proclamer les sauveurs de telle ou telle institution", a-t-il déclaré.

    "Mais chacun de nous peut décider aujourd'hui : le mensonge de l'athéisme ne passera plus par moi ; je ne veux plus renoncer à la lumière de la foi ; je ne veux plus, par commodité, paresse ou conformisme, laisser cohabiter en moi la lumière et les ténèbres", a déclaré Sarah.

    "Maintenir l'esprit de foi, c'est rejeter tout ce qui l'affaiblit et voir le monde uniquement à travers le prisme de la foi, en s'accrochant fermement à la main de Dieu", a-t-il ajouté, estimant qu'il s'agissait là du seul chemin vers la paix et la bonté véritables.

    Sarah a condamné "l'amertume et la partisanerie" qui ont frappé l'Église, suggérant que ces problèmes sont symptomatiques d'une crise spirituelle plus profonde. Il a souligné que seul un esprit de foi peut favoriser un véritable amour fraternel et apporter la paix à un monde ravagé par la tromperie et les conflits.

    L'ecclésiastique a également exhorté l'épiscopat africain à défendre ce qu'il a appelé "l'unité de la foi" face aux distorsions occidentales.

    Se référant à la session d'octobre 2024 du Synode des évêques sur la synodalité, Sarah a fait l'éloge de la défense énergique de la doctrine et des valeurs traditionnelles par les dirigeants de l'Église africaine.

    "Lors du dernier synode, l'Église d'Afrique a défendu avec force la dignité de l'homme et de la femme créés par Dieu. Sa voix a été ignorée et méprisée par ceux dont la seule obsession est de satisfaire les lobbies occidentaux", a déclaré Sarah.

    "L'Église en Afrique devra bientôt défendre la vérité du sacerdoce et l'unité de la foi. L'Église d'Afrique est la voix des pauvres, des simples et des petits", a-t-il déclaré.

    L'ecclésiastique a fait remarquer que si l'Église africaine joue aujourd'hui un rôle essentiel dans la défense de la parole de Dieu, les chrétiens occidentaux semblent être induits en erreur par leur richesse et avoir un faux sentiment d'illumination et de modernité.

    Sarah a souligné la position unique des évêques africains en tant que gardiens de l'universalité de la foi, s'opposant à ceux qui fragmentent la vérité et promeuvent une culture du relativisme. Il a loué leur rôle de messagers de la vérité divine, suggérant que Dieu choisit souvent ceux qui semblent faibles et impopulaires pour confondre ceux qui sont forts et bien considérés.

    Mgr Sarah a également félicité les évêques du Cameroun pour leur opposition à la Fiducia Supplicans, le récent document du Vatican autorisant la bénédiction des couples de même sexe et d'autres personnes engagées dans des relations non traditionnelles. Mgr Sarah a qualifié la décision des Camerounais de ne pas l'appliquer de "décision audacieuse et prophétique" qui défend l'unité de l'Église et la vérité de ses enseignements.

    Il a critiqué l'idée selon laquelle la résistance des évêques africains à la Fiducia Supplicans est enracinée dans la culture africaine traditionnelle, rejetant de telles affirmations comme une forme de néo-colonialisme intellectuel.

    Au lieu de cela, Sarah a souligné la déclaration du Symposium de la Conférence épiscopale d'Afrique et de Madagascar (SECAM), qui a exposé les raisons théologiques et doctrinales pour ne pas adopter de telles bénédictions en Afrique, y compris les déclarations précédentes sur l'homosexualité, le Catéchisme de l'Église catholique, les Saintes Écritures, et les préoccupations au sujet du langage utilisé dans le document du Vatican.

    Le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, l'archevêque Andrew Nkea Fuanya, a déclaré à Crux que Sarah "est un grand homme de Dieu, une icône de l'Église catholique en Afrique et c'est une grande chance qu'il soit parmi nous".

    "Il nous a appris à entrer en intimité avec Dieu dans le silence, parce qu'il y a tellement de bruit dans ce monde", a déclaré Mgr Nkea.

  • La guerre civile au Soudan ne laisse subsister aucun séminariste et presque pas d'Eglise catholique

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    D'Andrés Henríquez sur CNA :

    La guerre civile au Soudan ne laisse subsister aucun séminariste et presque pas d'Eglise catholique

    13 avril 2024

    La troisième guerre civile soudanaise a terriblement affecté le pays tout entier, mais surtout l'Église catholique locale qui, selon la fondation pontificale Aide à l'Église en détresse (AED), n'a plus de séminaristes et a pratiquement disparu du pays.

    Depuis le 15 avril 2023, des affrontements armés ont éclaté au Soudan entre l'armée, commandée par le président Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (RSF), un groupe paramilitaire dirigé par Mohammed "Hemedti" Hamdan Dagalo, le vice-président du pays.

    Les deux parties ont conjointement déposé le régime de transition, établi après le renversement du dictateur Omar al-Bashir en 2019. Une fois leur objectif atteint, l'armée soudanaise et les FAR se sont affrontées pour le contrôle des richesses du pays, en particulier l'or et le pétrole.

    Hamdan possède plusieurs mines d'or dans le nord du pays. En 2022, selon les chiffres officiels, le Soudan a exporté près de 2,5 milliards de dollars d'or (41,8 tonnes), ce qui en fait le troisième producteur de ce métal précieux en Afrique.

    La partie armée du conflit contrôle des biens immobiliers et des entreprises de toutes sortes, qu'elle refuse de céder à un gouvernement civil qui ne s'aligne pas sur ses intérêts.

    Selon ACN, aucun des belligérants n'est prêt à céder et l'avenir de la guerre civile est sombre.

    Au cours de l'année écoulée, les violences ont fait plus de 13 900 morts et plus de 8,1 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer (1,8 million de personnes ont fui le pays), selon les chiffres officiels.

    Cette situation tragique a réduit la présence de l'Église catholique au Soudan "à presque rien", selon la fondation pontificale. Kinga Schierstaedt, responsable des projets de l'AED au Soudan, rappelle qu'avant la guerre, les catholiques ne représentaient que 5 % de la population.

    L'Église catholique "était tolérée et pouvait gérer quelques hôpitaux et écoles, mais elle n'était pas autorisée à proclamer ouvertement sa foi", a-t-il déclaré. Plus de 90 % de la population soudanaise professe l'islam sunnite comme religion.

    Après le renversement du dictateur Al-Bashir, certaines garanties de liberté religieuse se sont améliorées dans ce pays africain, comme l'abolition de diverses peines imposées par le code pénal de la charia (loi religieuse islamique régissant tous les aspects publics et privés de la vie).

    L'AED a expliqué que le peuple soudanais a toujours considéré l'Église comme un "refuge" et que, lorsque la guerre a éclaté, de nombreuses personnes se sont réfugiées dans les églises. Cependant, de nombreux missionnaires et communautés religieuses ont été contraints de quitter le pays, si bien que les paroisses, les hôpitaux et les écoles ont cessé de fonctionner.

    Le séminaire préparatoire de Khartoum a également fermé ses portes. Certains séminaristes ont réussi à se réfugier dans le pays voisin, le Sud-Soudan, où ils poursuivent leur formation. De nombreux chrétiens ont dû quitter le pays à pied ou en empruntant le Nil, pour se retrouver dans des camps de réfugiés, où la survie "est un combat quotidien".

    Entre-temps, l'évêque de Khartoum, Michael Didi, n'a pas pu retourner dans sa ville, et l'évêque d'El Obeid, Tombe Trile, vit désormais dans la cathédrale car sa maison a été partiellement détruite.

    Bien que la survie de l'Église au Soudan soit remise en question, des signes d'espoir montrent que la destruction ne sera pas totale : "Seize nouveaux chrétiens ont été baptisés à Port-Soudan pendant la veillée pascale et 34 adultes ont été confirmés à Kosti. Nous devons donc garder l'espoir au milieu des ténèbres", a déclaré l'un des partenaires de projet de l'AED dans le pays.

    Le Soudan et le Sud-Soudan partagent la même conférence épiscopale. A partir de ce signe d'unité, l'AED continue de soutenir les plus vulnérables et les victimes de la violence de la guerre.

    "L'Église du Sud-Soudan se prépare à l'avenir en aidant les chrétiens soudanais à se préparer à la paix de demain", a déclaré M. Schierstadt.

    Andrés Henríquez est un écrivain vénézuélien spécialisé dans la religion et la politique. Il a plus de cinq ans d'expérience dans les médias bilingues. Il est membre de la Fédération Regnum Christi.