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Eglise - Page 415

  • Nigeria : la chasse aux prêtres bat son plein

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    Une dépêche de l'agence Fides :

    AFRIQUE/NIGERIA - Deux autres prêtres catholiques enlevés

    lundi, 4 juillet 2022
     

    Abuja (Agence Fides) - Deux autres prêtres ont été enlevés au Nigeria. Il s'agit du père Peter Udo, de la paroisse de St Patrick, à Uromi, et du père Philemon Oboh, du centre de retraite de St Joseph, à Ugboha, dans la zone de gouvernement local d'Esan, dans l'État d'Edo, au sud du Nigeria. Selon la police de l'État d'Edo, les deux prêtres ont été enlevés le 2 juillet et emmenés dans un lieu inconnu par des ravisseurs qui ont bloqué leur voiture le long de l'autoroute Bénin-Auchi, entre les communautés d'Ehor et d'Iruekpen.

    Les deux prêtres revenaient de Benin City lorsque leur véhicule a été bloqué par les bandits qui auraient tiré plusieurs coups de feu en l'air pour forcer la voiture à s'arrêter.

    La police a déclaré avoir envoyé des agents dans la région "pour mener une chasse à l'homme agressive et bien coordonnée" afin de retrouver les ravisseurs et de libérer les deux prêtres.

    Il y a une semaine seulement, dans l'État d'Edo, un autre prêtre, le père Christopher Odia Ogedegbe, avait été tué lors d'une tentative d'enlèvement le dimanche 26 juin alors qu'il se rendait à la messe à Auchi (voir Fides 27/6/2022).

    Un autre prêtre catholique, le père Vitus Borogo, avait été tué le 25 juin dans sa ferme à Kaduna, dans le nord-ouest du Nigeria. Lors de ses funérailles, 700 prêtres ont manifesté pacifiquement pour demander une plus grande sécurité pour eux et pour tous les citoyens nigérians (voir Fides 1/7/2022).

    L'enlèvement contre rançon est aujourd'hui l'un des crimes dominants dans diverses villes nigérianes : les hommes politiques, les hommes d'affaires, les religieux et toute personne disposant d'argent, y compris les écoliers issus de familles relativement aisées, sont des cibles faciles pour les bandits.

    (L.M.) (Agence Fides 4/7/2022)

  • Au Vatican : "un changement radical de paradigme dans la réflexion théologique"

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Vatican, la course à la contraception et à la fécondation assistée commence

    05-07-2022

    La publication d'un volume rassemblant les actes d'un colloque organisé par l'Académie pontificale pour la vie, est l'occasion d'ouvrir un nouveau "processus" visant à modifier la morale catholique : dans le collimateur, la légitimation de la contraception et de l'assistance médicale à la procréation (AMP) homologue. Monseigneur Paglia : "C'est ainsi que nous faisons progresser la bioéthique théologique".

    Au Vatican, les processus continuent d'être ouverts dans le sillage de la ligne inaugurée par Amoris Laetitia. Le volume 'Éthique théologique de la vie. Écriture, Tradition, Défis pratiques', publié par Libreria Editrice Vaticana, qui vient de paraître, rassemble les fruits d'un Séminaire interdisciplinaire de trois jours, promu par l'Académie Pontificale pour la Vie ; un Séminaire qui, selon son Président, Mgr Vincenzo Paglia, serait unique (voir ici), car il visait à "mettre en dialogue [...] des opinions différentes sur des sujets même controversés, en proposant de nombreux points de discussion. La perspective est donc celle de rendre un service au Magistère, d'ouvrir un espace de parole qui rende la recherche possible et l'encourage. C'est ainsi que nous interprétons le rôle de l'Académie". Tout cela, évidemment, dans un climat de liberté d'expression et, selon Paglia, "avec une procédure analogue aux quaestiones disputatae : proposer une thèse et l'ouvrir au débat". Et le débat peut permettre d'entrevoir de nouvelles voies, de faire progresser la "bioéthique théologique".

    Et en effet, la bioéthique théologique progresse, mais il semblerait qu'elle se dirige vers le précipice. En effet, le 1er juillet, une première indiscrétion a fait surface (voir ici), qui allait révéler l'un des " objectifs " de la nouvelle édition des quaestiones disputatae médiévales : réviser la très détestée " interdiction " de la contraception. Le volume, que nous nous réservons de lire dès qu'il sera disponible, soutiendrait la thèse selon laquelle, dans " des conditions et des circonstances pratiques qui rendraient irresponsable le choix d'engendrer ", on pourrait recourir " avec un choix judicieux " à des techniques contraceptives, " excluant évidemment les techniques abortives ".

    La nouvelle, qui n'a pas encore reçu de démenti, est en nette opposition avec l'enseignement de Humanae Vitae, rapporté dans le Catéchisme de l'Église catholique (§ 2370), qui définit comme "intrinsèquement mauvaise 'toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son accomplissement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se propose, comme but ou comme moyen, d'empêcher la procréation'". En effet, la contraception, sous toutes ses formes, contredit objectivement les deux significations intrinsèques de l'acte conjugal, à savoir l'ouverture à la vie et le don personnel dans sa totalité. Ce " progrès de la bioéthique théologique " va tout droit vers la relativisation des préceptes négatifs de la loi morale, exactement comme Amoris Laetitia l'avait déjà fait : l'absolu des préceptes négatifs est confiné à la théorie, afin de les relativiser - et donc de les nier comme absolus - dans le cas concret.

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  • "On s'occupe de la vie des corps, mais on laisse mourir les âmes" (cardinal Sarah)

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    De WALTER SÁNCHEZ SILVA sur ACI Prensa :

    Cardinal Sarah : Nous allons voir un prêtre parce que nous cherchons Dieu, pas pour sauver la planète

    Le cardinal Robert Sarah, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a déclaré que les gens vont voir un prêtre parce qu'ils cherchent Dieu et non pour sauver la planète. "Nous allons voir un prêtre parce que nous cherchons Dieu, pas parce que nous voulons sauver la planète", a déclaré le cardinal dans une interview accordée au quotidien français Le Figaro, à l'occasion de la publication de son nouveau livre "Catéchisme de la vie spirituelle".

    À propos de son nouveau livre, le cardinal africain a déclaré qu'il l'avait écrit "pendant l'enfermement" dû au covid et a souligné un aspect de cette période. " Cela m'a frappé : on s'occupe de la vie des corps, mais on laisse mourir les âmes. La vie spirituelle est pourtant ce qu'il y a de plus intime en nous, ce que nous avons de plus précieux. C'est notre vie intérieure. C'est le lieu de notre rencontre avec Dieu. Nier la vie spirituelle, c'est nier ce qui fait notre dignité d'homme ou de femme". C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, "le moment est venu pour l'Église de revenir à ce qu'on attend d'elle : parler de Dieu, de l'âme, de l'au-delà, de la mort et, surtout, de la vie éternelle".

    "Nous passons trop de temps à parler des structures de l'Église - cela n'intéresse personne ! Ce qui compte vraiment, c'est notre vie éternelle, notre vie en amitié avec Dieu. L'Église existe pour être des saints. Le reste est secondaire", a-t-il poursuivi. Sans vie intérieure, s'interroge le préfet émérite, "que reste-t-il de grand dans notre vie ? Que reste-t-il qui échappe aux lois du marché et de la matière ? La vie spirituelle est le sanctuaire inviolable de notre liberté, le lieu secret où nous cherchons la vérité et l'amour, où nous sommes seuls devant le Tout-Autre, devant Dieu".

    Le cardinal a ensuite rappelé qu'en 2013, au lendemain de son élection, le pape François a déclaré que "si l'Église cesse de chercher Dieu par la prière, elle court le risque de la trahison" et que le Seigneur se trouve dans les sacrements, administrés par les prêtres, comme le baptême et la confession.

    Catéchisme de la vie spirituelle

    Dans son livre, le cardinal Sarah affirme que "l'éclipse de Dieu dans nos sociétés post-modernes, la crise des valeurs humaines et morales fondamentales et ses répercussions également dans l'Église où règne la confusion au sujet de la vérité divinement révélée, la perte du sens authentique de la liturgie et l'obscurcissement de l'identité sacerdotale, exigeaient avec force qu'un véritable catéchisme de la vie spirituelle soit proposé à tous les fidèles".

    Le cardinal africain a précisé qu'il n'a pas cherché "à écrire un résumé de la foi chrétienne, car nous avons déjà le Catéchisme de l'Église catholique et son compendium, qui sont des instruments irremplaçables pour l'enseignement et l'étude de la doctrine intégrale révélée par le Christ et prêchée par l'Église".

    Son livre, a déclaré le cardinal Sarah, "est un catéchisme de la vie intérieure, qui vise à indiquer les principaux moyens d'entrer dans la vie spirituelle, dans une perspective pratique et non académique". Son catéchisme, a souligné le préfet émérite, est "organisé autour des sacrements, de l'ascèse, de la liturgie, tout cela pour faire prendre conscience à chacun que son baptême est le début d'une grande conversion, d'un grand retour au Père".

  • Le célibat est bien davantage qu’une obligation

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    Du site du diocèse de Namur (Olivier Collard) :

    Homélie de Mgr Warin à l’ordination de Boris Houengnissou : « Le célibat est bien davantage qu’une obligation »

    Dans l’Évangile, à celui qui dira : « je te suivrai Seigneur mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison », Jésus répondra : « quiconque met la main à la charrue puis regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu ».  À l’exemple de son maître, le disciple ne s’appartient plus. Il accepte de se donner, et de se donner sans compter.  Il fait sien le chemin du maître. Il prend avec lui le visage déterminé, la route de Jérusalem, conscient que le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête.

    Ce dimanche 26 juin, en cette église cathédrale, j’ordonne un prêtre. Un seul. Certains disent : « n’y aurait-il pas davantage de candidats si l’on renonçait au célibat. Ne faudrait-il pas un autre type de prêtre ? »  Permettez-moi de souligner que le célibat est bien davantage qu’une obligation.  Se consacrer pour toujours, et exclusivement, à la cause divine, n’est-ce pas la réponse qui convient plutôt quand le Seigneur vous appelle ainsi : « Viens, laisse tout et suis-moi » ?  Dans l’Évangile de Marc, au chapitre 10 verset 28, Pierre prend ainsi la parole : « Eh bien nous, nous avons tout laissé pour te suivre ! ». La radicalité est une caractéristique de la vocation des Douze. Il s’agit de s’en remettre en tout à Jésus. C’est ici que le célibat trouve ses racines évangéliques profondes.

    J’ai devant moi aujourd’hui Patrick et Justin qui viennent de recevoir un petit ministère ainsi que Boris qui, dans un instant, sera ordonné prêtre.  Je voudrais leur dire que le célibat consacré n’est pas un chemin facile.  Dans Pastores dabo vobis, l’exhortation apostolique du saint pape Jean-Paul II sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles, il note que le charisme du célibat, même authentique et éprouvé, laisse intacte les inclinations de l’affectivité et les pulsions de l’instinct.

    Cher amis futurs prêtres, ne vous effrayez pas si, à certaines heures, vous êtes tourmentés et si, à l’occasion, votre cœur saigne. Notre société, en même temps qu’elle la banalise, absolutise la relation amoureuse et sexuelle. Elle nous murmure : « impossible de vivre sans elle ! ». Nous vivons dans un monde très érotisé. Le célibat consacré, et il en va de même pour le mariage, implique une ascèse. On ne lit pas et on ne regarde pas n’importe quoi. Le prêtre doit éviter les apartés au clair de lune avec une jeune animatrice ou une maman catéchiste. Il doit s’arranger pour ne pas être là quand les enfants au camp se lavent, ou se changent. Il doit maintenir une saine distance, la distance d’une table, disait-on volontiers naguère. Des jeunes – ou des moins jeunes – vous balanceront peut-être un jour : « que vous soyez célibataire ou mariés, pour moi, cela ne change rien ». Il faut alors savoir s’accrocher mais ne croyez pas trop vite que le célibat n’est plus du tout un signe. Le célibat ne se comprend bien que dans la foi. Or, on assiste aujourd’hui à un crépuscule de la foi et de Dieu.

    Le chemin sur lequel s’engagent les mariés n’est pas non plus un chemin facile. Il m’est arrivé en célébrant un mariage, de dire : « vous réaliserez que, dans le mariage, il n’est pas possible de tout marier et vous aurez à en souffrir. Maintes fois, vous expérimenterez que le mariage est une concession à perpétuité ». Puis, tout de même, j’ai ajouté : « mais vous vérifierez surtout que, quand l’épreuve du temps fortifie l’union entre époux, le métal devient toujours plus précieux. Après les noces d’étain, ce sont les noces d’argent, ensuite les noces d’or, puis les noces de platine, après 70 ans de vie main dans la main ».

    Chers futurs prêtres, le célibat consacré n’est pas un chemin facile, mais il n’est en soi un chemin triste. Prêtre depuis bientôt 50 ans, je voudrais vous dire que le célibat est possible et que le chemin du célibat en lui-même n’est pas un chemin qui rend amer. Le célibat du prêtre est une forme d’amour qui engage toutes les énergies dans une relation personnelle avec le Christ et dans la charité pastorale à l’égard de tous. Or, l’amitié intense avec le Christ ainsi que l’amour oblatif, sont sources d’épanouissement profond. C’est cet épanouissement profond que je vous souhaite de tout cœur aujourd’hui.

  • Et encore une nouvelle interview pontificale...

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    De COPE.ES :

    Le pape réitère son désir de se rendre à Kiev et dément les rumeurs de démission : "Cela ne m'a jamais traversé l'esprit".

    Le Saint-Père a accordé une longue interview à l'agence de presse Reuters et a abordé un certain nombre de questions internationales.

    4 juil. 2022

    Le pape François a accordé une longue interview au correspondant de l'agence de presse Reuters, Phil Pullella. La réunion a duré environ 90 minutes. Un premier résumé a été publié par l'agence. Le Saint-Père a abordé plusieurs sujets liés à son pontificat : la décision de ne pas se rendre au Congo, son prochain voyage au Canada, l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis sur l'avortement...

    Le Saint-Père dément son intention de démissionner ("Cela ne m'a jamais traversé l'esprit, pas pour le moment") et dément également les rumeurs selon lesquelles il serait atteint d'un cancer. Il réitère son désir de se rendre en Russie et en Ukraine dès que possible, peut-être en septembre. Ce sont là quelques-uns des sujets de la longue interview de Phil Pullella avec François.

    Comme on le sait, selon divers articles et commentaires dans les médias, certains événements récents ou prévus (du consistoire de la fin du mois d'août à la visite à L'Aquila où est enterré Célestin V, qui a démissionné en 1294) suggéreraient l'intention du pape de démissionner de la papauté. Mais François a démenti cette interprétation : "Toutes ces coïncidences ont conduit certains à penser que la même 'liturgie' aurait lieu. Mais ça ne m'a jamais traversé l'esprit. Pas pour le moment, pas pour le moment. Vraiment.

    Le Pape, dans le même temps, comme il l'a fait plusieurs fois dans le passé, a expliqué qu'il étudiait la possibilité de démissionner, surtout après l'élection faite par Benoît XVI en 2013, au cas où la santé ne lui permettrait pas de continuer son ministère. Mais lorsqu'on lui demande quand cela pourrait se produire, il répond : "Nous ne savons pas. Dieu le dira", dans des termes similaires à ceux utilisés le vendredi 1er juillet dans une interview à l'agence de presse Telam.

    Parlant de ses problèmes de genou, François a évoqué le report de son voyage en Afrique et le besoin de thérapie et de repos. Il a déclaré que la décision de report lui a causé "beaucoup de souffrance", d'autant plus qu'il souhaitait promouvoir la paix tant en République démocratique du Congo qu'au Sud-Soudan.

    Le Pape, a noté l'enquêteur, utilise une canne pour entrer dans la salle de réception au rez-de-chaussée de la Casa Santa Marta. Il a ensuite donné des détails sur l'état de son genou, disant qu'il a subi "une petite fracture" lorsqu'il a fait un faux pas alors qu'un ligament était enflammé. "Je vais bien, je m'améliore petit à petit", a-t-il ajouté, expliquant que la fracture se résorbe, aidée par la thérapie au laser et à l'aimant.

    François a ensuite démenti les rumeurs selon lesquelles un cancer lui avait été diagnostiqué il y a un an, lorsqu'il avait subi une opération de six heures pour retirer une partie de son côlon en raison d'une diverticulite, une affection courante chez les personnes âgées. "L'opération a été un grand succès", a déclaré le pape, ajoutant, sourire aux lèvres, qu'"on ne m'a rien dit" au sujet du prétendu cancer, qu'il a qualifié de "ragots de cour". Il a ensuite déclaré à Reuters qu'il ne voulait pas se faire opérer du genou parce que l'anesthésie générale de l'opération de l'année dernière avait eu des effets secondaires négatifs.

    L'entretien a ensuite porté sur les questions internationales. Abordant la situation en Ukraine, François a noté qu'il y avait eu des contacts entre le secrétaire d'État Pietro Parolin et le ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov au sujet d'un éventuel voyage à Moscou. Les premiers signaux n'étaient pas bons. L'éventualité d'un voyage a été évoquée pour la première fois il y a plusieurs mois, a déclaré le pape, expliquant que Moscou avait répondu que ce n'était pas le bon moment. Cependant, il a laissé entendre que quelque chose pourrait avoir changé maintenant. "Je voudrais aller en Ukraine, et d'abord je voulais aller à Moscou. Nous avons échangé des messages à ce sujet, car je pensais que si le président russe me donnait une petite fenêtre pour servir la cause de la paix... Et maintenant il est possible qu'après mon retour du Canada, je puisse aller en Ukraine. La première chose à faire est d'aller en Russie pour essayer d'aider d'une manière ou d'une autre, mais j'aimerais me rendre dans les deux capitales".

    Enfin, dans l'interview accordée à Phil Pullella, le pape a abordé la question de la décision de la Cour suprême des États-Unis annulant l'arrêt historique Roe v. Wade qui établissait le droit des femmes à l'avortement. François a déclaré qu'il respectait cette décision mais qu'il ne disposait pas d'informations suffisantes pour en parler d'un point de vue juridique. Mais il a aussi fermement condamné l'avortement, le comparant - comme il l'avait déjà fait à maintes reprises - à "l'embauche d'un tueur à gages". "Je demande : est-il légitime, est-il juste, d'éliminer une vie humaine pour résoudre un problème ?" a-t-il demandé.

    Le pape a également été invité à commenter le débat en cours aux États-Unis sur la question de savoir si un homme politique catholique, qui s'oppose personnellement à l'avortement mais soutient le droit des autres à choisir, peut recevoir la communion. La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, par exemple, n'est pas autorisée à recevoir l'Eucharistie par l'archevêque de son diocèse, San Francisco, mais elle communie régulièrement dans une paroisse de Washington et, la semaine dernière, elle a reçu la communion d'un prêtre pendant la messe à Saint-Pierre présidée par le Pontife. "Quand l'Église perd sa nature pastorale, quand un évêque perd sa nature pastorale, cela provoque un problème politique", a commenté le pape. "C'est tout ce que je peux dire."

  • Quelles que soient les difficultés, ne nous séparons pas de l'Eglise (cardinal Sarah)

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    Du Cardinal Sarah sur le site de la revue Il Timone :

    Card. Sarah : "Quelles que soient les difficultés, ne nous séparons pas de l'Eglise".

    Avec l'aimable autorisation de l'éditeur, nous publions un court extrait du livre du Cardinal Robert Sarah, Per l'eternità. Méditations sur la figure du prêtre (Cantagalli, p. 272, € 23,00), un texte qui se concentre sur la figure du prêtre, mais qui, d'une certaine manière, s'adresse à tous. Dans le livre, le cardinal africain, ancien préfet du culte divin, ne manque pas de souligner les dérives, même doctrinales, que l'on trouve dans le haut et le bas clergé, mais dans les lignes que nous trouvons ci-dessous, nous semblons entrevoir la réponse que beaucoup de laïcs recherchent aussi pour notre époque. Ceux qui ont le don de la foi catholique ne peuvent qu'aimer l'Église et chercher dans la sainteté de leur vie le moyen d'être sel et lumière dans le monde, et surtout le chemin du salut éternel. D'autres raccourcis qui mènent finalement hors du bercail, aussi intriguants soient-ils et avec quelques raisons ici et là, qu'ils soient de droite ou de gauche, pour utiliser des catégories politiques, risquent de manquer la cible. (Lorenzo Bertocchi)

    par Robert Sarah*

    Quelles que soient les difficultés que l'Église traverse ces jours-ci, quels que soient les scandales horribles dont certains hauts prélats se sont rendus coupables, quelle que soit la corruption financière dont elle est accusée, chers prêtres et chers fidèles laïcs, ne laissons pas s'insinuer l'idée fatale de rompre le lien de la paix par une séparation sacrilège d'avec notre Sainte Mère l'Église.

    Ne nous leurrons pas en pensant que nous pouvons encore rester dans la société du Christ en quittant l'Église. Répétons encore avec saint Augustin : " Nous avons [...] l'Esprit Saint si nous aimons l'Église ; et nous aimons l'Église, si nous restons dans son unité et dans sa charité ". Bien sûr, beaucoup de choses dans le contexte humain de l'Église peuvent nous décevoir. Il se peut même que, sans que ce soit notre faute, nous soyons profondément incompris. Il est même possible que, dans son propre sein, nous soyons persécutés. Cependant, devant le Père qui voit dans le secret, réjouissons-nous de participer ainsi à la veritatis unitas que nous implorons pour tous le Vendredi saint.

    Réjouissons-nous d'avoir acquis au prix du sang de nos âmes cette expérience intime qui rendra nos accents efficaces lorsque nous devrons soutenir quelque frère hésitant et que nous lui adresserons les paroles de saint Jean Chrysostome : " Ne te détourne pas de l'Église, rien n'est plus fort que l'Église ". L'Église est votre espérance, l'Église votre salut, l'Église votre refuge. Elle est plus haute que le ciel et plus large que la terre. Il ne vieillit jamais, il est toujours dans la vigueur de sa propre force' [...].

    C'est le chemin de la sainteté qui, à l'intérieur de l'Église, la régénère profondément, la purifiant des péchés de ses enfants. [...]

    *Cardinal, préfet émérite du culte divin

  • Prouver Dieu, la différence homme-femme, le sacerdoce : une émission (Esprit des Lettres) à ne pas manquer sur KTO

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    De KTO Télévision, une émission à ne pas manquer :

    L’Esprit des Lettres de juin 2022 : P. François Euvé, René Écochard, P. François Potez

    01/07/2022

    Jean-Marie Guénois a choisi pour vous des lectures de vacances plus exigeantes que beaucoup de ses confrères. Mais l’été n’est-il pas l’occasion de méditer sur l’essentiel ? Le père François Euvé, aiguillonné par des publications récentes proposant des preuves de l’existence de Dieu, enrichit le débat, de sa plume alerte (La science, l’épreuve de Dieu? chez Salvator). René Écochard fait un remarquable travail de compilation des découvertes et savoirs sur la différence homme-femme, aujourd’hui souvent relativisée. Il nous offre Homme, femme... ce que nous disent les neurosciences chez  Artège. Enfin, le père François Potez, dans « La grave allégresse » - être prêtre aujourd’hui, chez Mame, délivre une réflexion sur le sacerdoce fondée sur des années de ministère et d’accompagnement. UNE COPRODUCTION KTO-JDS-LA PROC.

  • Une émission KTO dans la série « La foi prise au mot » : l’Eglise en Afrique

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    Dans le cadre de la programmation spéciale autour de la venue du pape François au Congo et au Soudan du sud, Régis Burnet réunit deux experts de l’Eglise en Afrique pour évoquer non seulement l’histoire de l’évangélisation mais aussi ses enjeux aujourd’hui. L’annulation, ou plutôt le report du voyage du Pape, n’empêche pas KTO de proposer cette fois ci, pour les francophones d’Europe mais aussi pour les centaines de milliers d’Africains qui attendent avec beaucoup d’espoir cette visite, ce complément à notre programmation. Le bibliste Régis Burnet reçoit Jean Pirotte et Mathieu Zana.

  • Le pape François célèbre la messe dans le rite congolais : « La paix commence avec nous »

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    Lu sur le « national catholic register » :

    « Au milieu de chants, d'applaudissements et de danses sur de la musique congolaise traditionnelle, le pape François a célébré ce dimanche l'utilisation au Zaïre de la forme ordinaire du rite romain dans la basilique Saint-Pierre.

    Le pape a commencé son homélie le 3 juillet par le mot esengo , qui signifie « joie » en lingala, le créole d'origine bantoue parlé dans certaines parties de la République démocratique du Congo et par plus de 40 millions de locuteurs à travers l'Afrique centrale.

    Le pape François a célébré la messe pour la communauté congolaise de Rome le jour où il devait offrir la messe à Kinshasa avant que son voyage en Afrique ne soit annulé à la demande de ses médecins.

    Le pape, dont la mobilité a été limitée en raison d'une blessure au genou, est resté assis tout au long de la messe. François a présidé la liturgie de la Parole et a prononcé l'homélie. Mgr Richard Gallagher a offert la Liturgie de l'Eucharistie.

    "Aujourd'hui, chers frères et sœurs, prions pour la paix et la réconciliation dans votre patrie, dans la République démocratique du Congo blessée et exploitée", a déclaré le pape François.

    « Nous nous joignons aux messes célébrées dans le pays selon cette intention et prions pour que les chrétiens soient des témoins de paix, capables de surmonter tout sentiment de ressentiment, tout sentiment de vengeance, de surmonter la tentation que la réconciliation n'est pas possible, tout attachement malsain à leur propre groupe qui conduit à mépriser les autres.

    Le pape a souligné que le Seigneur appelle tous les chrétiens à être des "ambassadeurs de la paix".

    La République démocratique du Congo a connu une vague de violence ces dernières années. On pense que des dizaines de groupes armés opèrent dans la région orientale de la RD Congo malgré la présence de plus de 16 000 casques bleus de l'ONU. Les évêques catholiques locaux ont appelé à plusieurs reprises à la fin de l'effusion de sang.

    "Frère, soeur, la paix commence par nous", a déclaré le pape François.

    "Si vous vivez dans sa paix, Jésus arrive, et votre famille, votre société change. Ils changent si votre cœur n'est pas en guerre en premier lieu ; il n'est pas armé de ressentiment et de colère ; il n'est pas divisé ; il n'est pas double ; ce n'est pas faux. Mettre la paix et l'ordre dans son cœur, désamorcer la cupidité, éteindre la haine et le ressentiment, fuir la corruption, fuir la tricherie et la ruse : c'est là que commence la paix.

    La paix devait être un thème clé du voyage annulé du Pape en Afrique. Le pape François prévoyait de passer du 2 au 5 juillet dans les villes congolaises de Kinshasa et Goma et du 5 au 7 juillet dans la capitale sud-soudanaise Juba.

    Après que le Vatican a annoncé que le voyage était reporté en raison du traitement médical en cours pour la douleur au genou du pape, le pape Franics a déclaré le 13 juin : « Nous amènerons Kinshasa à Saint-Pierre, et là nous célébrerons avec tous les Congolais à Rome, il y en a beaucoup. »

    Environ 2 000 personnes étaient présentes à la messe inculturée dans la basilique Saint-Pierre le premier dimanche de juillet.

    Des femmes vêtues de robes traditionnelles aux couleurs vives ont chanté et dansé en priant le Gloria. Les gens ont applaudi et crié alors que l'archevêque Gallagher encensait l'autel principal.

    Les cadeaux ont été apportés à l'autel dans une procession dansante. Les sœurs religieuses sur les bancs se sont déplacées d'un côté à l'autre au rythme de la musique.

    A la fin de la messe, le pape François a salué quelques membres de la communauté congolaise locale depuis son fauteuil roulant.

    « Que le Seigneur nous aide à être missionnaires aujourd'hui, en compagnie de frère et sœur ; ayant sur ses lèvres la paix et la proximité de Dieu ; portant dans le cœur la douceur et la bonté de Jésus, l'Agneau qui enlève les péchés du monde », a déclaré le Pape.

    L'utilisation au Zaïre de la forme ordinaire du rite romain est une messe inculturée formellement approuvée en 1988 pour les diocèses de ce qui était alors connu sous le nom de République du Zaïre, aujourd'hui République démocratique du Congo.

    Seule célébration eucharistique inculturée approuvée après le Concile Vatican II, elle s'est développée suite à un appel à l'adaptation de la liturgie dans Sacrosanctum Concilium , Constitution de Vatican II sur la Sainte Liturgie.

    Dans un message vidéo en 2020, le pape François a déclaré : "L'expérience du rite congolais de la célébration de la messe peut servir d'exemple et de modèle pour d'autres cultures".

    Très bien.  Ayant vécu et participé à bien des messes au Congo, je comprends la signification du rite « zaïrois », forme locale du rite romain qui comporte, avec l’usage abondant des encensoirs, des gestes processionnaux sacralisés en cadence, l’invocation eschatologique des ancêtres basantu, l’aspersion d'eau bénite, la préparation pénitentielle et le rite de paix (réconciliation) placés à la fin de la messe des catéchumènes, juste avant l'offertoire et, autre caractéristique de la foi d’un monde spontané, un dialogue vigoureux de la parole entre célébrants et fidèles, comme au temps de saint Augustin en Afrique du Nord…et sans oublier les chants latins restés populaires dans la culture héritée des missionnaires (voir ici les gamins devant la cathédrale Notre-Dame de la Paix à Bukavu :)

    Mais alors je ne comprends pas pourquoi le pape actuel refuse d’accepter dans nos régions des formes rituelles issues de la tradition qui font partie du patrimoine tridentin occidental : a fortiori lorsqu’on ne lui conteste nullement la légitimité, en soi, du missel conciliaire de 1970. La querelle obstinée que soulève à cet égard le pape François -là où, c'est un fait, son prédécesseur ne voyait aucune difficulté à l’idée à faire coexister deux formes du rite-  me semble un mystère…

    JPSC

  • Une énième interview fleuve du pape

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    Interview du Pape François à l'agence de presse argentine Télam, avec la journaliste Bernarda Lorente., publiée le 1er juillet 2022.

    Le pape a accordé une très longue interview à l'Agence d'information argentine TELAM (traduction automatique) :

    "ON NE SORT PAS D'UNE CRISE PAR NOUS-MÊMES : NOUS DEVONS PRENDRE DES RISQUES ET PRENDRE LA MAIN DE L'AUTRE"

    par Bernarda Llorente

    01.07.2022

    Dehors, le soleil de plomb ne semble pas décourager les milliers de touristes qui, en plein soleil, partagent des files interminables pour entrer dans la Cité du Vatican. À quelques mètres de là, à la Casa Santa Marta, malgré son emploi du temps chargé, il avance pas à pas. Des mouvements étranges annoncent son arrivée.

    François, sa Sainteté, le pape argentin, l'un des leaders qui fixent l'agenda social et politique du monde, s'avance vers moi avec un sourire radieux sur le visage. Il a l'air complètement remis. Conscient de toutes les transformations mises en place pendant ses neuf années de papauté et avec une vision à long terme concernant l'avenir de l'humanité, la foi et le besoin de nouvelles réponses. Alors que nous entrons ensemble dans la salle où aura lieu, pendant une heure et demie, la conversation exclusive avec Télam (l'agence de presse nationale argentine), je sais que ce 20 juin est un jour exceptionnel et unique pour moi.

    - François, vous avez été l'une des voix les plus importantes dans un moment d'extrême solitude et de peur dans le monde, pendant la pandémie. Vous l'avez définie comme les limites d'un monde en crise économique, sociale et politique. Et vous avez ajouté : "Nous ne sortons pas d'une crise comme avant. Nous en sortons soit meilleurs, soit pires". Dans quel sens pensez-vous que nous sortons de cette crise ? Où allons-nous ? 

    - Je ne l'apprécie pas particulièrement. Nous avons progressé sur certains aspects, mais, en général, je n'aime pas ça parce que c'est devenu sélectif. Le simple fait que l'Afrique ne dispose pas de nombreux vaccins ou d'un nombre minimum de doses signifie que le salut contre la maladie a été rationné par d'autres intérêts. Le fait que l'Afrique ait besoin de vaccins indique que quelque chose n'a pas bien fonctionné.

    Quand je dis que nous ne sortons jamais d'une crise comme avant, c'est parce que la crise nous change nécessairement. Plus encore, les crises sont des moments de la vie où l'on fait un pas en avant. Il y a la crise de l'adolescence, la crise du passage à l'âge adulte, la crise de la quarantaine. Une crise vous fait bouger, vous fait danser. Nous devons apprendre à prendre nos responsabilités, car si nous ne le faisons pas, elles deviennent un conflit. Et le conflit est une chose fermée, le conflit cherche la réponse en lui-même, il se détruit. Au contraire, une crise est nécessairement ouverte, elle vous fait grandir. Une des choses les plus sérieuses dans la vie, c'est de savoir traverser une crise, pas avec de l'amertume. Comment avons-nous vécu cette crise ?

    Chaque personne a fait ce qu'elle pouvait. Il y a eu des héros. Je peux parler de ce qui était le plus proche de moi : des médecins, des infirmières, des prêtres, des religieuses, des laïcs qui ont donné leur vie. Certains d'entre eux sont morts. Je crois que plus de soixante d'entre eux sont morts en Italie. L'une des choses que nous avons vues pendant cette crise, ce sont des gens qui ont donné leur vie. Les prêtres ont également fait un excellent travail, en général, parce que les églises étaient fermées, mais ils appelaient les gens par téléphone. Les jeunes prêtres demandaient aux personnes âgées ce dont elles avaient besoin au marché ou leur achetaient des produits d'épicerie. Je veux dire que les crises vous font faire preuve de solidarité, parce que tout le monde traverse la même crise. Et nous grandissons à partir de cela.

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  • Liturgie : un nouveau coup porté à la tradition (et au Concile)

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    De Luisella Scrosati sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Liturgie, nouveau coup porté à la tradition (et au Concile)

    30-06-2022

    Dans la lettre apostolique Desiderio Desideravi, François montre qu'il veut mettre une pierre tombale sur l'ancien rite au nom du Concile, mais on ne peut pas ignorer que la réforme est allée bien au-delà de la Constitution sur la liturgie, voire même contre elle. Et sa mise en œuvre a été encore pire.

    Dans celui de Rome, ils semblent ne pas digérer les critiques croissantes qui s'élèvent depuis des mois contre le Motu Proprio Traditionis Custodes. La Lettre apostolique Desiderio Desideravi que le Pape François a signée hier, en la solennité des Saints Pierre et Paul, consacrée à la formation liturgique du peuple de Dieu, revient sur le point fondamental du Motu Proprio d'il y a presque un an, à savoir la volonté de mettre un coup d'arrêt à l'Ancien Rite. Dans la conclusion de la lettre, le Pape montre qu'il a fait les frais de la critique croissante, mais au lieu de revenir sur ses pas, il tente de jeter de l'eau sur le feu en exhortant les gens à abandonner la polémique "pour écouter ensemble ce que l'Esprit dit à l'Église" (n. 65) et préserver la communion.

    Le problème, c'est que c'est précisément la Lettre apostolique qui fournit le combustible qui a alimenté la controverse de ces derniers mois, ainsi que les conditions d'une déchirure plus étendue de la communion ecclésiale. On pourrait souscrire à de nombreux paragraphes de Desiderio Desideravi : l'importance du silence (n. 52), de l'ars celebrandi (n. 49 et suiv.), d'éviter tout personnalisme dans le style de célébration (n. 54). On appréciera également la réflexion sereine sur la théologie liturgique. Mais il y a des problèmes graves qui ne peuvent pas être passés sous silence et qui vont nécessairement accroître les critiques sur la "ligne liturgique" de ce pontificat, surtout depuis qu'Arthur Roche a pris les rênes du Dicastère compétent.

    Premier problème. Selon François, l'acceptation de la réforme liturgique est une condition nécessaire à l'acceptation du Concile Vatican II. Dans le rejet de la réforme, il voit un problème ecclésiologique : "Le problème est avant tout ecclésiologique. Je ne vois pas comment on peut dire que l'on reconnaît la validité du Concile [...] et ne pas accepter la réforme liturgique née de Sacrosanctum Concilium, qui exprime la réalité de la liturgie en lien intime avec la vision de l'Église admirablement décrite par Lumen Gentium " (n. 31). Il est vrai que certains soutiennent que la réforme liturgique est une expression de Vatican II et qu'elle doit donc être rejetée ; mais on doit reconnaître qu'il existe d'autres positions qui montrent comment, en réalité, la réforme est allée bien au-delà, voire à l'encontre, des indications de Sacrosanctum Concilium. Et la réforme telle qu'elle est concrètement mise en œuvre est encore pire.

    Il serait bon de comprendre quand et où les Pères du Concile ont demandé l'abolition de la Septuagésime, de l'Octave de la Pentecôte, des Rogations, des Quatre Temps (en vérité laissés ad libitum à la décision des conférences épiscopales paresseuses), la refonte des rites de l'Offertoire. Tout comme il ne serait pas mauvais de comprendre sur la base de quel texte du Concile la langue latine n'est plus utilisée et comment le chant grégorien, de chant propre de la liturgie romaine (SC, 116) en est devenu le parent pauvre. Même d'un point de vue historique, on ne peut nier le fait que le Missel qui s'est le plus rapproché des indications de SC est, indépendamment de l'appréciation, celui de 1965 et non celui de 1969.

    De cette manière, le Saint-Père ne fait que méconnaître, sans même accepter une confrontation constructive, toutes les positions critiques à l'égard de certains aspects de la réforme, qui ne visent toutefois pas à rejeter Vatican II. On ne voit pas pourquoi certains textes ne pourraient pas faire l'objet d'une amélioration et, dans les parties non dogmatiques, d'une reconsidération. Par conséquent, si l'on veut vraiment éteindre la controverse et reconstruire la communion ecclésiale sur la liturgie, il faut au moins écouter respectueusement les positions opposées, et non les disqualifier d'emblée comme anti-conciliaires.

    La suite du paragraphe 31 soulève le deuxième problème majeur de la Lettre Apostolique : "Pour cette raison - comme je l'ai expliqué dans la lettre envoyée à tous les évêques - j'ai estimé qu'il était de mon devoir d'affirmer que "les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont l'unique expression de la lex orandi du Rite Romain" (Motu Proprio Traditionis custodes, art. 1)". Avec tout le respect dû à l'autorité papale, le pape ne peut effacer la réalité par une simple déclaration. Car tôt ou tard, il faudra répondre à certaines questions élémentaires : si les livres issus de la réforme liturgique sont la seule expression du rite romain, qu'en est-il des livres liturgiques de 1962, en usage par autorisation expresse même du Pontife actuel ? Qu'expriment-ils ? Et avant la réforme, qu'exprimaient ces livres liturgiques ? Le fait que le rite romain n'ait pas commencé avec le Concile Vatican II est un fait avec lequel il faudra se réconcilier tôt ou tard. Et en tirer les conséquences.

    Troisième problème. Pour les deux contenus mentionnés ci-dessus, François se place dans une position de rupture définitive avec le pontificat de Benoît XVI. Qui, d'ailleurs, n'est pas mentionné une seule fois dans la lettre apostolique, alors qu'il a fait de la question liturgique le cœur de son pontificat. C'est mieux ainsi, plutôt que de le tirer par la tunique, comme cela a été fait dans Traditionis Custodes, afin d'affirmer que travailler dans une direction diamétralement opposée à ce que Benoît a fait ne signifie pas aller contre la ligne qu'il a tracée. Tentative ratée d'équilibrage mental. Si le Motu proprio a effectivement décapité l'héritage du pape Benoît, Desiderio desideravi enterre son cadavre. Comment, alors, appeler à la fin de la controverse pour retrouver la communion ecclésiale ? Si un pontife décide de rompre complètement avec son prédécesseur, comment peut-il alors faire appel à la communion ? Si un pontife désavoue ce que l'Esprit a inspiré à son prédécesseur, comment peut-il appeler à écouter l'Esprit ?

    Enfin, il y a un problème de proportion. François s'en prend encore une fois aux "dentellières", en répétant que "la redécouverte continuelle de la beauté de la liturgie n'est pas la recherche d'un esthétisme rituel qui ne prend plaisir qu'à soigner la formalité extérieure d'un rite ou se satisfait d'une scrupuleuse observance rubriquée" (n° 22). Après avoir jeté la pierre, il retire immédiatement sa main, expliquant que "cette déclaration ne veut en aucun cas approuver l'attitude opposée qui confond la simplicité avec une banalité bâclée, l'essentialité avec une superficialité ignorante, le caractère concret de l'action rituelle avec un fonctionnalisme pratique exagéré". Au contraire, "chaque aspect de la célébration doit être pris en compte [...] et chaque rubrique doit être observée" (n. 23).

    Très bien. Il faudrait cependant que ce souci des formulaires et des rubriques se traduise par quelque chose de concret. Au lieu de cela, jusqu'à présent, il n'y a eu qu'une sévérité systématique envers ceux qui sont liés à un rite qui connaît des siècles d'histoire, tandis qu'on n'a pas bougé un ongle pour freiner les abus liturgiques continus qui se produisent de toutes parts dans ce qu'il considère comme la Messe du Concile : des évêques qui entrent dans l'église à bicyclette, des mots du Missel modifiés, des vêtements liturgiques rendus facultatifs, des homélies prononcées par des laïcs, et peut-être même des gays, des prêtres habillés en clowns, des danses de toutes sortes, des horreurs architecturales et musicales. Si le pape utilisait la moitié de la détermination dont il fait preuve dans la persécution des "traditionalistes" pour résoudre le problème des abus, nous serions déjà sur la bonne voie. Et la sincérité de ses affirmations serait crédible. Au lieu de cela, pour les abus liturgiques graves, répétés et croissants, juste une oreille timide ; pour ceux qui aiment l'ancienne Messe, la condamnation à l'extinction.

  • Le pape, Pelosi, et l'Eucharistie

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    De Rod Dreher(*) sur The American Conservative :

    Le pape, Pelosi, et l'Eucharistie

    29 JUIN 2022

    C'est vraiment quelque chose. Cela s'est passé à Rome plus tôt, ce mercredi :

    La présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a rencontré le pape François mercredi et a reçu la communion pendant une messe papale dans la basilique Saint-Pierre, selon des témoins, malgré sa position en faveur du droit à l'avortement.

    Pelosi a assisté à la messe du matin marquant les fêtes de Saint-Pierre et Saint-Paul, au cours de laquelle François a remis l'étole en laine du pallium aux archevêques nouvellement consacrés. Elle était assise dans une section diplomatique VIP de la basilique et a reçu la communion avec le reste des fidèles, selon deux personnes qui ont assisté à ce moment.

    L'archevêque d'origine de Mme Pelosi, Mgr Salvatore Cordileone, archevêque de San Francisco, a déclaré qu'il ne lui permettrait plus de recevoir le sacrement dans son archidiocèse en raison de son soutien au droit à l'avortement. Mgr Cordileone, un conservateur, a déclaré que Mme Pelosi devait soit renoncer à son soutien à l'avortement, soit cesser de parler publiquement de sa foi catholique.

    Pelosi n'a fait ni l'un ni l'autre. Elle a qualifié le récent arrêt de la Cour suprême supprimant les protections constitutionnelles de l'avortement de décision "scandaleuse et déchirante" qui répond à "l'objectif sombre et extrême du parti républicain d'arracher aux femmes le droit de prendre leurs propres décisions en matière de santé reproductive".

    Ainsi, le pape François passe outre l'évêque de Pelosi et lui donne la communion quelques jours seulement après la décision Dobbs, qu'elle a dénoncée en termes vifs, comme le rapporte l'AP.

    Bien sûr, ce pape a une vision plutôt libérale de ces choses. Extrait d'une transcription de sa conférence de presse sur le vol de retour de sa visite en Hongrie et en Slovaquie l'automne dernier :

    O'Connell : Vous avez souvent dit que nous sommes tous pécheurs et que l'Eucharistie n'est pas une récompense pour les parfaits mais un médicament et une nourriture pour les faibles. Comme vous le savez, aux Etats-Unis, après les dernières élections, il y a eu une discussion entre les évêques sur le fait de donner la communion aux politiciens qui ont soutenu les lois sur l'avortement, et il y a des évêques qui veulent refuser la communion au président et à d'autres officiels. Certains évêques sont favorables, d'autres disent de ne pas utiliser l'Eucharistie comme une arme. Qu'en pensez-vous et que conseillez-vous aux évêques de faire ? Et avez-vous, en tant qu'évêque, au cours de toutes ces années, refusé publiquement l'Eucharistie à quelqu'un ?

    Pape François : Je n'ai jamais refusé l'Eucharistie à personne ; je ne sais pas si quelqu'un est venu dans ces conditions ! Et cela même en tant que prêtre. Je n'ai jamais été conscient d'avoir en face de moi une personne comme celle que vous décrivez, c'est vrai. [La seule fois où il m'est arrivé une chose agréable, c'est quand je suis allé servir la messe dans une maison de retraite, j'étais dans le salon, et j'ai dit : qui veut communier ? Toutes les personnes âgées ont levé la main. Une petite vieille dame a levé la main et a pris la Communion et a dit : "Merci, je suis juive" et j'ai dit : "Ce que je t'ai donné est juif aussi !"

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