De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana :
Chine, le Vatican manipule les faits
1-10-2020
Le Saint-Siège a décidé de proposer l'extension de l'accord sur la nomination des évêques et a confié à Andrea Tornielli la tâche d'en expliquer les raisons. Mais pour soutenir la positivité de l'accord, Tornielli décrit une réalité chinoise qui n'existe que dans l'imagination de ceux qui veulent cet accord à tout prix.
Il était clair depuis un certain temps que le Saint-Siège avait l'intention de prolonger l'accord avec la Chine pour la nomination des évêques, qui devait expirer en octobre. Mais l'autre soir, nous en avons eu la confirmation officieuse avec un éditorial paru dans Vatican News sous la plume d'Andrea Tornielli, directeur de la rédaction du département des communications du Saint-Siège, qui a toujours été très proche du pape François.
Oublions le fait que l'annonce a été faite quelques heures après l'arrivée à Rome du secrétaire d'État américain Mike Pompeo - ce qui lui donne une connotation clairement politique et polémique avec la critique américaine du dialogue du Vatican avec la Chine -, attardons-nous plutôt sur le contenu de l'article qui, pour la première fois, explicite les raisons du Saint-Siège pour continuer sur la voie empruntée.
L'essentiel du discours est le suivant : l'accord provisoire sur la nomination des évêques aurait peut-être pu produire davantage de fruits, mais des mesures positives ont néanmoins été prises (malgré dix mois de blocage dans l'affaire Covid-19) et il est donc juste de poursuivre dans cette voie. Un discours simple, linéaire et cohérent. Il est dommage que pour obtenir une telle conclusion logique, Tornielli ait modifié les cartes sur la table, et aussi la table elle-même.
Voyons les différents passages. Tornielli souligne que l'accord en question a "toujours été véritablement pastoral", c'est-à-dire qu'il concerne exclusivement la nomination des évêques : donc pas politique, pas diplomatique et ne concernant même pas "les relations entre le clergé et les autorités du pays". En réalité, l'accord se limite aux procédures de nomination des évêques ; personne ne l'a jamais contesté : ne serait-ce que parce que personne ne connaît le contenu de l'accord (scandaleusement encore tenu secret) et qu'il relève donc des déclarations des parties. Mais cela dit, comment peut-on penser que la nomination des évêques peut être totalement isolée de la condition de l'Église - et donc des catholiques - en Chine ? De ce point de vue, la situation a énormément empiré, la répression est devenue plus intense, contre les gens, contre les lieux de culte et contre tout symbole chrétien.