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Foi - Page 178

  • De Westerplatte à Lisbonne... et partout ailleurs

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    De Westerplatte à Lisbonne... et partout ailleurs

    À de très nombreuses reprises au cours des deux dernières décennies, on m'a demandé d'expliquer le magnétisme unique de Jean-Paul II pour les jeunes. Ma réponse a toujours été double.

    2 août 2023

    Le pape Jean-Paul II lors de son premier voyage en Pologne en juin 1979. (Image : Wikipedia)

    Westerplatte, une étroite péninsule encadrant la baie de Gdańsk, a été le théâtre de l'une des premières batailles de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Le 1er septembre 1939, le cuirassé allemand Schleswig-Holstein a ouvert le feu sur la petite garnison polonaise de Westerplatte, espérant que les Polonais, largement inférieurs en nombre et en armement, hisseraient le drapeau blanc. Cette impression est erronée. Les Polonais - pour la plupart des jeunes sans expérience du combat - ont non seulement résisté au bombardement en mer, mais ont également repoussé les assauts amphibies des marines allemands, subissant de ce fait de lourdes pertes. Finalement, le 7 septembre, la garnison polonaise se rendit, mais elle avait tellement impressionné les agresseurs que le commandant allemand autorisa l'officier polonais à la tête de la garnison de Westerplatte à conserver son épée de cérémonie.

    Lors de la célébration de la liturgie de la parole avec une foule de jeunes Polonais à Westerplatte, au cours de son pèlerinage pastoral de 1987 dans son pays natal, Jean-Paul II, s'exprimant lentement et avec force dans son beau polonais sonore, a invoqué la mémoire de la génération de Westerplatte tout en lançant un défi mémorable :

    C'est ici, à Westerplatte, en septembre 1939, qu'un groupe de jeunes Polonais, sous le commandement du major Henryk Sucharski, a résisté avec une noble obstination, s'engageant dans une lutte inégale contre l'envahisseur. Une lutte héroïque.

    Ils sont restés dans la mémoire de la nation comme un symbole éloquent.

    Il faut que ce symbole continue à parler, qu'il soit un défi... pour les nouvelles générations...

    Chacun de vous, jeunes amis, trouvera aussi sa propre "Westerplatte". Une dimension des tâches qu'il doit assumer et remplir. Une cause juste, pour laquelle on ne peut que se battre. Un devoir, une obligation, à laquelle on ne peut se soustraire, qu'il n'est pas possible de déserter. Enfin, un certain ordre de vérités et de valeurs qu'il faut "maintenir" et "défendre" : en soi et au-delà de soi...

    En un tel moment (et ces moments sont nombreux, il ne s'agit pas de quelques exceptions) ... souviens-toi ... [que] le Christ passe et qu'il dit : "Suis-moi". Ne l'abandonnez pas.

    À de très nombreuses reprises au cours des deux dernières décennies, on m'a demandé d'expliquer le magnétisme unique de Jean-Paul II pour les jeunes - en particulier lorsque, dans ses dernières années, il ne ressemblait en rien au "Jean-Paul Superstar" de l'article de couverture du magazine Time du 15 octobre 1979, le pape de 59 ans qui venait de faire vibrer le Madison Square Garden. Ma réponse a toujours été double.

    Premièrement, Jean-Paul était d'une honnêteté transparente. Il pouvait parler comme il l'a fait à Westerplatte en 1987 parce que ses interlocuteurs savaient qu'il ne leur demandait pas de prendre un risque qu'il n'avait pas pris, qu'il ne leur demandait pas de porter un fardeau qu'il n'avait pas porté, qu'il ne leur demandait pas de faire preuve d'un courage qu'il n'avait pas montré. Cette transparence a fait de lui un personnage incontournable, non seulement sur la côte baltique de la Pologne en 1987, mais aussi lors des Journées mondiales de la jeunesse, de Buenos Aires en 1987 à Toronto en 2002.

    Deuxièmement, Jean-Paul II n'a pas cherché à plaire aux jeunes. Pour les jeunes adultes de la culture occidentale contemporaine, il n'y a que de la flatterie, tout le temps : dans l'éducation, dans les divertissements populaires, dans la publicité, et même dans la religion. Le message implicite de ce flatterie est qu'une vie sans sacrifice, discipline ou courage est possible. Mais de quel genre de vie s'agit-il ? Jean-Paul, qui a eu plus de contacts pastoraux avec les jeunes adultes que n'importe quel pape dans l'histoire moderne, savait que les jeunes voulaient quelque chose de plus que la facilité : il a compris par expérience qu'au plus profond du cœur des jeunes se trouve une aspiration au sens, à la noblesse, à la grandeur.

    Ainsi, au lieu de se montrer complaisant, Jean-Paul a lancé un défi. Dans une infinité de variations sur un même thème, il a dit aux jeunes de toutes les situations culturelles imaginables : "Ne vous contentez jamais de moins que la grandeur spirituelle et morale que la grâce de Dieu rend possible dans votre vie. Vous échouerez. Mais n'abandonnez jamais. Relevez-vous, dépoussiérez-vous, cherchez la réconciliation et la pénitence. Mais n'abaissez jamais, au grand jamais, la barre de vos attentes. Le Christ est avec vous et il ne vous abandonnera jamais. Ne l'abandonnez pas".

    Les ministères sur les campus qui fleurissent aujourd'hui dans le monde entier sont ceux qui suivent ce modèle et qui interpellent au lieu de flatter. Les associations de jeunes adultes qui assument avec succès la tâche d'être des catholiques en mission permanente sont celles qui offrent un catholicisme complet plutôt qu'un catholicisme allégé. Alors que les Journées mondiales de la jeunesse 2023 se déroulent cette semaine à Lisbonne, j'espère qu'un défi similaire à la conversion, au courage et à la mission évangélique retentira. Car le message de Westerplatte est un message pour tous ceux qui sont rassemblés dans la capitale du Portugal et, en fait, pour les catholiques du monde entier.

    (La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver).

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt ouvrages, dont Witness to Hope : The Biography of Pope John Paul II (1999), The End and the Beginning : Pope John Paul II-The Victory of Freedom, the Last Years, the Legacy (2010), et The Irony of Modern Catholic History : Comment l'Église s'est redécouverte et a poussé le monde moderne à se réformer. Ses ouvrages les plus récents sont The Next Pope : The Office of Peter and a Church in Mission (2020), Not Forgotten : Elegies for, and Reminiscences of, a Diverse Cast of Characters, Most of Them Admirable (Ignatius, 2021), et To Sanctify the World : The Vital Legacy of Vatican II (Basic Books, 2022).

  • "De l’Europe, la vraie, le monde a besoin"

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    VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU PORTUGAL À L'OCCASION DES XXXVIIe JOURNÉES MONDIALES DE LA JEUNESSE
    [2 - 6 AOÛT 2023]

    RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS, LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE

    DISCOURS DU SAINT-PÈRE

    Centre culturel de Belém (Lisbonne)
    Mercredi 2 août 2023

    source

    ________________________________________

    Monsieur le Président de la République,

    Monsieur le Président de l’Assemblée de la République,
    Monsieur le Premier Ministre,
    Membres du Gouvernement et du Corps diplomatique,
    Autorités, Représentants de la société civile et du monde de la culture,
    Mesdames et Messieurs !

    Je vous salue cordialement et je remercie Monsieur le Président pour son accueil et pour les aimables paroles qu’il m’a adressées – il est très accueillant le Président, merci ! Je suis heureux d’être à Lisbonne, ville de la rencontre qui embrasse divers peuples et cultures et qui devient, ces jours-ci, encore plus universelle. Elle devient, en un certain sens, la capitale du monde, la capitale de l’avenir, car les jeunes sont l’avenir. Cela correspond bien à son caractère multiethnique et multiculturel – je pense au quartier de Mouraria, où vivent en harmonie des personnes de plus de soixante pays – et révèle la caractéristique cosmopolite du Portugal qui plonge ses racines dans le désir de s’ouvrir au monde et de l’explorer, en naviguant vers des horizons nouveaux et plus vastes.

    Non loin d’ici, à Cabo da Roca, la phrase d’un grand poète de cette ville est sculptée : « Ici... où la terre se termine et où commence la mer » (L. Vaz de Camões, Os Lusíadas, III, 20). Pendant des siècles, on a cru que l’extrémité du monde se trouvait là et, en un sens, c’est vrai : nous sommes aux confins du monde parce que ce pays borde l’océan qui délimite les continents. Lisbonne en porte l’étreinte et le parfum. J’aime m’associer à ce que les Portugais se plaisent à chanter : « Lisbonne sent les fleurs et la mer » (A. Rodrigues, Cheira bemcheira a Lisboa, 1972). Une mer qui, beaucoup plus qu’un élément du paysage, est un appel gravé dans l’âme de chaque Portugais. Une poétesse locale l’a désignée comme « une mer qui résonne, une mer sans fond, une mer sans fin » (S. de Mello Breyner Andresen, Mar sonoro). Face à l’océan, les Portugais réfléchissent sur les immenses espaces de l’âme et sur le sens de la vie dans le monde. Et moi aussi, en me laissant emporter par l’image de l’océan, j’aimerais vous partager quelques pensées.

    Selon la mythologie classique, Océan est fils du ciel (Ouranos) : son immensité conduit les mortels à regarder vers le haut et à s’élever vers l’infini. Mais, en même temps, Océan est fils de la terre (Gaia) qu’il étreint, invitant ainsi à envelopper de tendresse l’ensemble du monde habité. L’océan ne relie pas seulement, en effet, les peuples et les pays, mais les terres et les continents. C’est pourquoi Lisbonne, ville de l’océan, rappelle l’importance de l’ensemble, du fait de penser les frontières comme des zones de contact, non comme des frontières qui séparent. Nous savons aujourd’hui que les grandes questions sont mondiales, alors que nous faisons souvent l’expérience de l’inefficacité à y répondre, précisément parce que, face aux problèmes communs, le monde est divisé, ou du moins pas assez uni, incapable d’affronter en commun ce qui met le monde en crise. Il semble que les injustices planétaires, les guerres, les crises climatiques et migratoires aillent plus vite que la capacité, et souvent la volonté, de faire face ensemble à ces défis.

    Lisbonne peut suggérer un changement de rythme. Ici, en 2007, a été signé l’homonyme Traité de réforme de l’Union Européenne. Celui-ci affirme que « l’Union a pour but de promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples » (Traité de Lisbonne qui modifie le Traité sur l’Union Européenne et le Traité qui institue la Communauté Européenne, art. 1, 4/2.1) ; mais il va plus loin en affirmant que « dans ses relations avec le reste du monde […] elle contribue à la paix, à la sécurité, au développement durable de la terre, à la solidarité et au respect mutuel entre les peuples, au commerce libre et équitable, à l’élimination de la pauvreté et à la protection des droits de l’homme » (art. 1, 4/2.5). Ce ne sont pas seulement des mots, mais des jalons pour la marche de la communauté européenne, gravés dans la mémoire de cette ville. Voilà l’esprit de l’ensemble, animé par le rêve européen d’un multilatéralisme plus large que le seul contexte occidental.

    Selon une étymologie discutée, le nom Europe proviendrait d’un mot indiquant la direction de l’occident. Il est certain que Lisbonne est la capitale la plus à l’ouest de l’Europe continentale. Elle rappelle donc la nécessité d’ouvrir des voies de rencontre plus vastes, comme le Portugal le fait déjà, surtout avec les pays d’autres continents unis par la même langue. Je souhaite que les Journées Mondiales de la Jeunesse soient, pour le “vieux continent” – nous pouvons dire le continent “âgé”, une impulsion d’ouverture universelle, c’est-à-dire une impulsion d’ouverture qui le rende plus jeune. Car de l’Europe, la vraie, le monde a besoin : il a besoin de son rôle de bâtisseur de ponts et d’artisan de paix dans sa partie orientale, en Méditerranée, en Afrique et au Moyen-Orient. L’Europe pourra ainsi apporter sur la scène internationale son originalité spécifique, qui s’est dessinée au siècle dernier lorsque, dans le creuset des conflits mondiaux, elle a fait jaillir l’étincelle de la réconciliation en rêvant de construire l’avenir avec l’ennemi d’hier, engageant des voies de dialogue, des voies d’inclusion, développant une diplomatie de paix qui éteint les conflits et apaise les tensions, capable de saisir les moindres signaux de détente et de lire entre les lignes les plus tordues.

    Nous naviguons sur l’océan de l’histoire en des temps tumultueux et nous ressentons le manque de courageux itinéraires de paix. En regardant avec affection l’Europe et l’esprit de dialogue qui la caractérise, on pourrait lui demander : vers où navigues-tu, si tu ne proposes pas d’itinéraires de paix, de voies créatives pour mettre fin à la guerre en Ukraine ainsi qu’à beaucoup d’autres conflits qui ensanglantent le monde ? Et encore une fois, en élargissant le champ : quelle route suis-tu, Occident ? Ta technologie, qui a marqué le progrès et globalisé le monde, ne suffit pas à elle seule ; moins encore les armes les plus sophistiquées qui ne sont en rien des investissements pour avenir, mais qui appauvrissent du véritable capital humain, celui de l’éducation, de la santé, de la protection sociale. Il est inquiétant de lire qu’en de nombreux endroits l’on investit continuellement des fonds dans les armes plutôt que dans l’avenir des enfants. Et c’est vrai. L’économe me disait, il y a quelques jours, que le meilleur revenu d’investissement est dans la fabrication d’armes. On investit plus dans les armes que dans l’avenir de ses enfants. Je rêve d’une Europe, cœur de l’Occident, qui mette à profit son ingéniosité pour éteindre les foyers de guerre et allumer des lueurs d’espérance ; une Europe qui sache retrouver son âme juvénile en rêvant de la grandeur de l’ensemble et en allant au-delà des besoins de l’immédiat ; une Europe qui inclue des peuples et des personnes avec leur propre culture sans poursuivre théories et colonisations idéologiques. Et cela nous aidera à penser aux rêves des pères fondateurs de l’Union européenne : ceux-ci rêvaient en grand !

    L’océan, immense étendue d’eau, rappelle les origines de la vie. Dans le monde développé d’aujourd’hui, il est devenu paradoxalement prioritaire de défendre la vie humaine, mise en danger par des dérives utilitaristes qui l’utilisent et l’éliminent : la culture du rejet de la vie. Je pense à tous ces enfants qui ne sont pas nés et ces personnes âgées abandonnés à elles-mêmes, à la difficulté d’accueillir, de protéger, de promouvoir et d’intégrer ceux qui viennent de loin et frappent aux portes, à la solitude de nombreuses familles qui luttent pour mettre au monde et élever des enfants. On serait aussi tenté de dire ici : vers où naviguez-vous, Europe et Occident, avec le rejet des personnes âgées, les murs aux fils barbelés, les tragédies en mer et les berceaux vides ? Vers où naviguez-vous ? Où allez-vous si, face au mal de vivre, vous offrez des remèdes hâtifs et erronés, comme l’accès facile à la mort, solution de facilité qui paraît douce, mais qui est en réalité plus amère que les eaux de la mer ?Et je pense à tant de lois sophistiquées sur l’euthanasie.

    Lisbonne, embrassée par l’océan, nous donne cependant des raisons d’espérer, c’est une ville d’espérance. Un océan de jeunes se déverse dans cette ville accueillante ; et je voudrais exprimer ma gratitude pour le grand travail et l’engagement généreux du Portugal pour accueillir un événement si complexe à gérer, mais porteur d’espérance. Comme on dit ici : « À côté des jeunes, on ne vieillit pas ». Des jeunes, venus du monde entier, cultivant les désirs de l’unité, de la paix et de la fraternité, des jeunes qui rêvent nous incitent à réaliser leurs rêves de bien. Ils ne sont pas dans les rues pour crier de colère, mais pour partager l’espérance de l’Évangile, l’espérance de la vie. Et si l’on respire aujourd’hui dans de nombreuses régions un climat de protestation et d’insatisfaction, terreau fertile aux populismes et aux complotismes, les Journées Mondiales de la Jeunesse sont l’occasion de construire ensemble. Elles ravivent le désir de créer de la nouveauté, de prendre le large et de naviguer ensemble vers l’avenir. Des paroles audacieuses de Pessoa me viennent à l’esprit : « Naviguer est nécessaire, mais il n’est pas nécessaire de vivre [...] ; ce qu’il faut c’est créer » (Navegar é preciso). Travaillons donc avec créativité pour construire ensemble ! J’imagine trois chantiers d’espérance où nous pouvons tous travailler unis : l’environnement, l’avenir, la fraternité.

    L’environnement. Le Portugal fait avec l’Europe beaucoup d’efforts exemplaires pour la protection de la création. Mais le problème mondial reste extrêmement sérieux : les océans sont surchauffés et, de leurs fonds, remonte à la surface la laideur avec laquelle nous avons pollué la maison commune. Nous transformons ces grandes réserves de vie en décharges de plastique. L’océan nous rappelle que la vie de l’homme est appelée à s’harmoniser avec un environnement plus vaste que nous, qui doit être protégé, doit être protégé avec soin, en pensant aux jeunes générations. Comment pouvons-nous dire que nous croyons en la jeunesse, si nous ne leur donnons pas un espace sain pour construire l’avenir ?

    L’avenir est le deuxième chantier. Et l’avenir, ce sont les jeunes. Mais de nombreux facteurs les découragent, comme le manque de travail, les rythmes effrénés dans lesquels ils sont plongés, l’augmentation du coût de la vie, la difficulté à trouver un logement et, plus préoccupant encore, la peur de former une famille et de mettre des enfants au monde. En Europe, et plus généralement en Occident, on assiste à une phase descendante de la courbe démographique : le progrès semble être une question de développement technique et de confort des individus, alors que l’avenir exige de contrer la dénatalité et le déclin de l’envie de vivre. Une bonne politique peut faire beaucoup en cela, elle peut être génératrice d’espérance. Elle n’est pas en effet appelée à détenir le pouvoir, mais à donner aux gens la possibilité d’espérer. Elle est appelée, aujourd’hui plus que jamais, à corriger les déséquilibres économiques d’un marché qui produit des richesses mais ne les distribue pas, appauvrissant les esprits en ressources et en certitudes. Elle est appelée à se redécouvrir génératrice de vie et de soins, à investir avec clairvoyance dans l’avenir, dans les familles et dans les enfants, à promouvoir des alliances intergénérationnelles, où l’on ne supprime pas d’un coup d’éponge le passé, mais où l’on favorise les liens entre jeunes et personnes âgées. Nous devons reprendre cela : le dialogue entre jeunes et personnes âgées. C’est ce que rappelle le sentiment de la saudade portugaise, qui exprime une nostalgie, un désir de bien absent qui renaît seulement au contact de ses propres racines. Les jeunes doivent trouver leurs racines chez les personnes âgées. En ce sens, l’éducation est importante. Elle ne peut pas se contenter de transmettre des notions techniques pour progresser économiquement, mais elle est destinée à s’insérer dans une histoire, à transmettre une tradition, à valoriser le besoin religieux de l’homme et à favoriser l’amitié sociale.

    Le dernier chantier d’espérance est celui de la fraternité que nous, chrétiens, apprenons du Seigneur Jésus Christ. Dans de nombreuses régions du Portugal, le sens du voisinage et la solidarité sont très vivants. Cependant, dans le contexte général d’une mondialisation qui nous rapproche, ne procurant pas cependant de proximité fraternelle, nous sommes tous appelés à cultiver le sens de la communauté, en commençant par la recherche de celui qui habite à côté. Comme l’a remarqué Saramago, « ce qui donne le vrai sens à la rencontre, c’est la recherche, et il faut faire beaucoup de chemin pour rejoindre ce qui est proche » (Todos os nomes, 1997). Comme il est beau de se redécouvrir frères et sœurs, de travailler pour le bien commun en laissant de côté les oppositions et les différences de vues ! Ici aussi, il y a par exemple les jeunes qui, avec leur cri de paix et leur envie de vivre, nous poussent à abattre les rigides barrières de l’appartenance, érigées au nom d’opinions et de croyances différentes. J’ai entendu parler de nombreux jeunes qui cultivent ici le désir de se faire proches. Je pense à l’initiative Missão País qui a conduit des milliers de jeunes à vivre, dans l’esprit de l’Évangile, des expériences de solidarité missionnaire dans les zones périphériques, en particulier dans les villages à l’intérieur du pays, en allant rendre visite à de nombreuses personnes âgées seules, et cela est une “onction” pour la jeunesse. Je voudrais remercier et encourager, avec toute les personnes dans la société portugaise qui s’occupent des autres, l’Église locale qui fait beaucoup de bien, loin de la lumière des projecteurs. 

    Frères et sœurs, sentons-nous tous ensemble appelés, fraternellement, à donner de l’espérance au monde dans lequel nous vivons et à ce magnifique pays. Que Dieu bénisse le Portugal !

  • La seule raison d'être des Journées Mondiales de la Jeunesse

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    Du National Catholic Register :

    Le pourquoi des Journées Mondiales de la Jeunesse

    ÉDITORIAL : Alors que certains tentent d'édulcorer les prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse en mettant l'accent sur le dialogue interreligieux, la fraternité humaine et la célébration des différences religieuses, nous devons réaffirmer le caractère central de la conversion par la rencontre avec le Christ.

    31 juillet 2023

    Pensez à un jeune catholique que vous connaissez et qui, contre les courants déchaînés de la culture agressivement séculière d'aujourd'hui, a la bonté et le courage d'être publiquement et fièrement catholique.

    Qu'est-ce qui motiverait quelqu'un comme cela, au milieu d'un été brûlant qui leur offre d'innombrables activités récréatives "plus fraîches", à mettre quelques affaires dans un sac à dos et à se rendre dans un autre pays, peut-être à l'autre bout du monde, pour assister à un événement religieux tel que les Journées mondiales de la jeunesse ?

    L'occasion de rencontrer des jeunes qui partagent le même amour de l'Église, d'entendre des orateurs inspirants, de rendre visite au pape François, d'approfondir leur connaissance de la foi et, peut-être, de faire une rencontre personnelle avec Jésus qui changera leur vie - tous ces éléments figureraient certainement en tête de liste. 

    Qu'en est-il du "dialogue interreligieux" ?

    Pensez-y. Si vous n'êtes plus jeune, vous l'avez été un jour. Est-ce que cela vous inciterait à prendre l'avion, le train ou à vous rendre en pèlerinage à pied dans un endroit comme Lisbonne, au Portugal ?

    Il n'en est rien.

    Alors pourquoi les organisateurs des Journées mondiales de la jeunesse de cette année mettent-ils l'accent sur ce point précis ?

    Discrètement, et de manière déconcertante, le dialogue interreligieux s'est imposé comme l'un des principaux thèmes du rassemblement du 1er au 6 août dans un pays encore très majoritairement catholique. Les participants auront l'occasion de visiter des lieux de culte non chrétiens, tels qu'une mosquée, une synagogue et un temple hindou. Le programme prévoit également une "célébration œcuménique" à laquelle le pape François lui-même pourrait assister. Les organisateurs ont tenu à inviter les protestants, les mormons, les bouddhistes, les musulmans, les hindous et d'autres encore à y participer. (Viendront-ils vraiment ? Pourquoi ?)

    Une réunion des comités d'organisation locaux à Lisbonne en mai a donné un premier indice que l'œcuménisme serait une priorité majeure. Les festivités de ce jour-là comprenaient la représentation d'une chorale ismaélienne, la récitation d'un poème hindou et la lecture de passages du Coran. C'est peut-être un peu inquiétant, mais ce n'est qu'au début du mois, lorsque le cardinal élu Américo Aguiar, évêque auxiliaire de Lisbonne et principal organisateur de l'événement, a révélé l'éthique qui sous-tend ces Journées mondiales de la jeunesse, que l'on a commencé à tirer la sonnette d'alarme.

    "Nous ne voulons pas convertir les jeunes au Christ, à l'Église catholique ou à quoi que ce soit d'autre", a-t-il déclaré, expliquant qu'il souhaitait que les jeunes, qu'ils soient de n'importe quelle confession ou non, se sentent les bienvenus. "Les différences sont une richesse dans le monde et le monde sera objectivement meilleur si nous sommes capables de mettre dans le cœur de tous les jeunes cette certitude", a-t-il ajouté.

    Si le cardinal élu a cherché à contextualiser ses propos en affirmant que les JMJ sont une invitation à faire l'expérience de Dieu, il a également déclaré à ACI Digital : "Les JMJ n'ont jamais été, ne sont pas et ne devraient jamais être un événement de prosélytisme ; au contraire, elles sont et devraient toujours être une occasion pour nous d'apprendre à nous connaître et à nous respecter en tant que frères".

    Attendez un peu.

    L'objectif des Journées Mondiales de la Jeunesse a toujours été très clair. Il n'a pas besoin d'être nuancé. 

     "Les Journées Mondiales de la Jeunesse signifient précisément ceci : rechercher la rencontre avec Dieu, qui est entré dans l'histoire de l'humanité à travers le mystère pascal de Jésus-Christ", a déclaré le Pape Jean-Paul II en 1986.

    Le pape François l'a également exprimé clairement en 2021, lorsqu'il a appelé la jeunesse mondiale à Lisbonne en 2023 pour un "pèlerinage spirituel", exprimant le désir que les jeunes vivent cette expérience "comme de véritables pèlerins, et pas seulement comme des "touristes religieux" !

    Les vrais pèlerins dirigent leurs pas vers Dieu. Les touristes religieux sont là pour la nouveauté - pour faire l'expérience de choses religieuses, et non pour être transformés par une rencontre avec le Christ vivant.

    Sans surprise, le cardinal élu Aguiar a été immédiatement critiqué pour sa renonciation explicite à la conversion. L'évêque Robert Barron a rétorqué que si vous aviez dit au pape Jean-Paul II que "le véritable objectif de l'événement était de célébrer la différence et de faire en sorte que chacun se sente à l'aise avec ce qu'il est, et que vous n'aviez aucun intérêt à convertir qui que ce soit au Christ, vous auriez reçu un regard capable d'arrêter un train".

    La controverse et le retour de bâton ont rappelé les Journées mondiales de la jeunesse de Denver en 1993, lorsque Mère Angelica avait dénoncé la décision scandaleuse de faire représenter Jésus par une femme lors d'une représentation en direct du chemin de croix, qualifiant cette décision de "blasphématoire". 

    Les organisateurs des Journées Mondiales de la Jeunesse d'aujourd'hui ne font pas pression pour quelque chose qui soit contraire à l'enseignement de l'Église, comme en 1993, lorsque les organisateurs du Chemin de Croix faisaient une déclaration politique sur la place des femmes dans l'Église, utilisant la plate-forme comme une pression à peine voilée pour les femmes prêtres. Le dialogue interreligieux est incontestablement un élément important de la mission ad gentes de l'Église et peut être un moyen fructueux de promouvoir la paix et la collaboration entre l'Église et les non-chrétiens.

    Mais il y a un temps et un lieu pour cela, et Lisbonne au début du mois d'août n'est pas ce temps et ce lieu.

    Les Journées mondiales de la jeunesse ont été une lance à incendie pour la grâce et la miséricorde de Dieu au cours des trois dernières décennies. Il suffit de penser à tous les bons fruits qu'elles ont produits au fil des ans : les nombreuses vocations et apostolats, les amitiés catholiques vibrantes, les mariages catholiques durables. 

    L'objectif est, et doit rester, de sauver les âmes, de conduire les gens au ciel. Le rôle des organisateurs est de créer le meilleur environnement possible pour permettre à la Vérité de Dieu et à son Esprit Saint d'enflammer le cœur des jeunes pour la foi catholique. Les amener dans des mosquées, des synagogues et des temples n'y parviendra pas. Pas plus que les célébrations œcuméniques, même si le pape y est présent.

    Il s'agit des Journées mondiales de la jeunesse de l'Église catholique, et de rien d'autre.

  • Journées Mondiales de la Jeunesse : 96% des participants pensent que ces rassemblements contribuent à la diffusion de la foi en Jésus-Christ

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    De Nicolás de Cárdenas sur ACI Prensa via Catholic News Agency :

    Journées Mondiales de la Jeunesse : 96% des pèlerins pensent que les rassemblements contribuent à l'évangélisation

    Journées mondiales de la jeunesse Lisbonne 2023

    31 juillet 2023

    Selon une enquête internationale, 96% des jeunes de plus de 18 ans qui participent aux Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Lisbonne, au Portugal, pensent que ces rassemblements contribuent beaucoup ou assez "à la diffusion de la foi en Jésus-Christ".

    Dans la même mesure, les participants pensent que les différentes JMJ contribuent à "renforcer l'engagement des jeunes" (96%) et à "faire résonner le message de l'Eglise dans le monde" (95%).

    Parmi les motivations pour participer à la rencontre internationale avec le pape figure la "rencontre avec Jésus-Christ" (94%), suivie par le fait de "vivre de nouvelles expériences" (92%). Pour 89%, il est décisif de contribuer à "diffuser le message de Jésus-Christ" et de "participer à un événement avec le pape François".

    Dans une moindre mesure, les jeunes viennent à Lisbonne pour connaître d'autres cultures, de nouvelles personnes, pour être avec des personnes partageant les mêmes idées, ou pour établir un dialogue avec des jeunes de différentes religions.

    Pour la plupart, les pèlerins des JMJ considèrent que leur foi chrétienne est un facteur positif pour mûrir et devenir une meilleure personne, construire un monde meilleur, faire preuve de solidarité, comprendre les autres et vivre une vie heureuse.

    Selon l'étude, près des deux tiers des participants sont des femmes (62 %) et 4 personnes sur 10 ont entre 18 et 25 ans, tandis que près d'un tiers ont plus de 35 ans. Quatre-vingt-deux pour cent ont fait des études supérieures, six sur dix ont un emploi et un peu plus d'un tiers sont étudiants.

    En ce qui concerne leur pratique religieuse, 83% vont à la messe le dimanche, 65% prient quotidiennement et 62% appartiennent à un groupe paroissial.

    Dans 36% des cas, les participants sont accompagnés par un groupe ou une association religieuse, 29% par leur paroisse, et 27% sont seuls ou avec un groupe d'amis.

    Pour les deux tiers des participants, c'est la première fois qu'ils participent à une JMJ. Ceux qui ont déjà participé à des JMJ considèrent leurs expériences comme très positives ou positives (99%) et reconnaissent que ces expériences ont eu une grande influence sur leur vie (92%).

    L'enquête a été préparée par la société espagnole GAD3 à partir d'entretiens en ligne menés du 12 au 20 juillet auprès de près de 12 600 jeunes de 100 pays.

  • La révolution sexuelle dans l'Eglise : en accord avec tout le monde mais en excluant Dieu

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    La révolution sexuelle dans l'Eglise. En accord avec tous, mais au prix de l'exclusion de Dieu

    Sinodo

    (s.m.) L'image symbolique du synode sur la synodalité, convoqué en session plénière en octobre prochain, est une tente qui s'élargit. Pour enfin "accueillir et accompagner" aussi ceux qui "ne se sentent pas acceptés par l'Église".

    Et qui sont les premiers sur la liste des exclus, dans l'"Instrumentum laboris", le document qui guide le synode ? "Les divorcés et remariés, les polygames et les LGBTQ+.

    Ces types humains sont au centre des discussions dans l'Église depuis des années. En Allemagne, ils sont à l'origine de toute une "voie synodale" indigène, dont l'objectif déclaré est de révolutionner la doctrine de l'Église en matière de sexualité.

    Mais la résistance à cette dérive est également forte, chez ceux qui y voient une soumission à l'esprit du temps, qui remet en cause les fondements mêmes de la foi chrétienne.

    L'intervention qui suit se situe de ce côté critique. Elle a été proposée à la publication dans Settimo Cielo par le théologien suisse Martin Grichting, ancien vicaire général du diocèse de Coire.

    Il termine sa réflexion en citant Blaise Pascal dans sa polémique avec les Jésuites de son temps. Ce sont des pages, écrit-il, "qui nous réconfortent même dans la situation actuelle".

    *

    L'ÉGLISE ET L'"INCLUSION"

    par Martin Grichting

    L'Instrumentum laboris (IL) du Synode des évêques sur la synodalité accuse l'Église du fait que certains ne se sentent pas acceptés par elle, comme les divorcés-remariés, les polygames ou les LGBTQ+ (IL, B 1.2).

    Et il demande : "Comment pouvons-nous créer des espaces dans lesquels ceux qui se sentent blessés par l'Église et mal accueillis par la communauté peuvent se sentir reconnus, accueillis, non jugés et libres de poser des questions ? À la lumière de l'exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, quelles sont les mesures concrètes à prendre pour atteindre les personnes qui se sentent exclues de l'Église en raison de leur affectivité et de leur sexualité (par exemple les divorcés remariés, les polygames, les personnes LGBTQ+, etc.)

    C'est donc l'Église elle-même, insinue-t-on, qui est responsable du fait que ces personnes se sentent "blessées", "exclues" ou "mal accueillies". Mais que fait l'Église ? Elle n'enseigne rien de son cru, mais proclame ce qu'elle a reçu de Dieu. Par conséquent, si les gens se sentent "blessés", "exclus" ou "mal accueillis" par le contenu central des enseignements de l'Église sur la foi et la morale, alors ils se sentent "blessés", "exclus" ou "mal accueillis" par Dieu. Car sa parole a établi que le mariage est composé d'un homme et d'une femme et que le lien du mariage est indissoluble. Et sa parole a établi que l'homosexualité vécue et pratiquée est un péché.

    Cependant, il est évident que les dirigeants du synode ne veulent pas dire cela aussi clairement. C'est pourquoi ils s'en prennent à l'Église et tentent de creuser un fossé entre elle et Dieu. Car si Dieu accepte tout le monde, c'est l'Église qui exclut. Pourtant, Jésus-Christ a dit : "Celui qui scandalisera l'un de ces petits qui croient en moi, il vaut mieux pour lui qu'on lui mette au cou une meule de moulin et qu'on le jette à la mer" (Mc 9,42). Il est curieux que les responsables du synode semblent avoir oublié cette parole non inclusive de Jésus. Il semble donc que ce soit seulement l'Église qui "blesse" et fait que les gens se sentent "malvenus" ou "indésirables".

    Cependant, cette thèse a de graves conséquences. Si, depuis deux mille ans, l'Église s'est comportée d'une manière fondamentalement différente de la volonté de Dieu sur des questions essentielles de la doctrine de la foi et de la morale, elle ne peut plus inspirer la foi sur aucune question. Pourquoi alors y aurait-il encore quelque chose de certain ?

    Ce que l'IL donne à comprendre désarçonne l'Église tout entière. Mais cela pose aussi la question de Dieu. Comment Dieu pourrait-il créer l'Église - le corps du Christ vivant dans ce monde, auquel Dieu donne son Esprit de vérité comme assistance - alors qu'il a laissé cette même Église et des millions de croyants s'égarer sur des questions essentielles depuis deux mille ans ? Comment une telle Église pourrait-elle encore être crue ? Si elle est ainsi faite, tout ce qu'elle dit n'est-il pas provisoire, réversible, erroné et donc non pertinent ?

    Mais l'Église est-elle réellement "exclusive", c'est-à-dire excluante, en raison de la manière dont elle s'est comportée pendant deux mille ans sur les questions soulevées ? Non, depuis deux mille ans, elle vit l'inclusion. Sinon, elle ne serait pas répandue dans le monde entier aujourd'hui et ne compterait pas 1,3 milliard de croyants. Mais les outils d'inclusion de l'Église ne sont pas - comme le prétend l'IL - la "reconnaissance" ou le "non-jugement" de ce qui contredit les commandements de Dieu. Les "instruments" par lesquels l'Église inclut sont le catéchuménat et le baptême, la conversion et le sacrement de pénitence. C'est pourquoi l'Église parle des commandements de Dieu et de la loi morale, du péché, du sacrement de pénitence, de la chasteté, de la sainteté et de la vocation à la vie éternelle. Autant de concepts que l'on ne retrouve pas dans les 70 pages de l'IL.

    Certes, les mots "repentance" (2 fois) et "conversion" (12 fois) se trouvent dans l'IL. Mais si l'on tient compte du contexte respectif, on constate que ces deux termes dans l'IL ne se réfèrent pratiquement jamais au détournement de l'homme du péché, mais signifient une action structurelle, c'est-à-dire de l'Église. Ce n'est pas le pécheur qui doit se repentir et se convertir, non, c'est l'Église qui doit se convertir - "synodalement" - à la "reconnaissance" de ceux qui professent ne pas vouloir suivre ses enseignements et donc Dieu.

    Le fait que les directeurs du synode ne parlent plus de péché, de repentance et de conversion des pécheurs suggère qu'ils croient maintenant avoir trouvé un autre moyen d'éliminer le péché du monde. Tout cela rappelle les événements décrits par Blaise Pascal, né il y a tout juste 400 ans, dans ses "Provinciales" (Les Provinciales, 1656/1657). Pascal y affronte la morale jésuite de son temps, qui sapait les enseignements moraux de l'Église par une casuistique de sophismes, au point de les transformer en leur contraire. Dans sa quatrième lettre, il cite un critique d'Étienne Bauny qui disait de ce jésuite : "Ecce qui tollit peccata mundi", voici celui qui enlève les péchés du monde, au point d'en faire disparaître l'existence par ses sophismes. De telles aberrations des Jésuites ont été condamnées à plusieurs reprises par le magistère ecclésiastique. Car ce ne sont certainement pas eux qui enlèvent le péché du monde. C'est l'Agneau de Dieu. Et il en est de même aujourd'hui, pour la foi de l'Eglise.

    Pour Blaise Pascal, la manière dont la tromperie et la manipulation s'opéraient dans l'Église avait quelque chose d'effrayant, et donc aussi de violent. Dans sa Douzième Lettre, il nous a laissé des lignes qui nous réconfortent même dans la situation actuelle :

    "Quand la force combat la force, la plus puissante détruit la moindre ; quand l'on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent et dissipent ceux qui n'ont que la vanité et le mensonge ; mais la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre. Qu'on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales : car il y a cette extrême différence que la violence n'a qu'un cours borné par l'ordre de Dieu qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque, au lieu que la vérité subsiste éternellement et triomphe enfin de ses ennemis ; parce qu'elle est éternelle et puissante comme Dieu même."

  • Le cardinal Willem Jacobus Eijk évoque l'héritage de saint Titus Brandsma et partage son histoire personnelle

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    De Vatican News (Deborah Castellano Lubov):

    Le cardinal Eijk parle du courage de répondre à la haine des nazis par l'amour de Dieu

    Dans une vaste interview accordée à Vatican News, le cardinal Willem Jacobus Eijk, archevêque d'Utrecht (Pays-Bas), se souvient des nouveaux martyrs qui, confrontés à l'hostilité et aux atrocités pendant la Seconde Guerre mondiale, ont embrassé leur croix avec amour, comme le nouveau martyr hollandais, saint Titus Brandsma. Il partage également son histoire personnelle : il a renoncé à sa carrière de médecin pour suivre le Seigneur dans la prêtrise, une décision qu'il "ne regrette jamais".

    Journaliste héroïque et saint, prêtre et martyr du XXe siècle, Saint Titus Brandsma, prêtre carmélite et théologien néerlandais, a combattu le nazisme, jusqu'à ce que cela lui coûte la vie. Le cardinal Willem Jacobus Eijk, archevêque d'Utrecht, aux Pays-Bas, se souvient de son héritage, tué "en haine de la foi" dans le camp de concentration de Dachau en 1942, après avoir refusé de publier de la propagande, s'être élevé contre les tactiques nazies et s'être opposé aux lois anti-juives qu'ils promulguaient. Le cardinal Eijk soutient que Titus n'est pas un saint parce qu'il a été martyr, mais qu'il a été martyr parce qu'il "était déjà un saint".

    En 1985, le pape Jean-Paul II a déclaré Titus bienheureux, affirmant qu'il avait "répondu à la haine par l'amour". Le pape François a canonisé saint Titus Brandsma en 2022.

    Dans cet entretien, le cardinal Eijk revient sur l'impact de Brandsma, ainsi que sur le saint témoignage d'un prédécesseur, le cardinal-archevêque d'Utrecht, qui, avec beaucoup d'amour, s'est opposé aux horreurs nazies. Il souligne également la valeur de la récente création par le pape François d'une commission vaticane chargée de recueillir les témoignages de tous les martyrs chrétiens modernes pour la foi, au sein du dicastère pour les causes des saints, en vue du jubilé de 2025, dans le but de dresser un catalogue de tous les chrétiens qui ont versé leur sang pour confesser le Christ et témoigner de l'Évangile.

    L'archevêque d'Utrecht explique également comment les catholiques ordinaires, quelle que soit leur vocation, peuvent s'inspirer des martyrs et servir le Christ, comme il l'a fait en tant que médecin, avant de se mettre au service de l'Église en Hollande.

    Malgré son amour pour la médecine, le cardinal ne regrette pas d'avoir rejoint la prêtrise, affirmant que "rien ni personne ne peut enlever cette joie spirituelle profonde et intérieure que le Seigneur m'a donnée, et qui est ancrée au fond de mon âme". 

    Votre Éminence, le pape François a récemment consacré une commission, au sein du dicastère pour les causes des saints, aux nouveaux martyrs qui ont perdu la vie dans des circonstances aussi incroyables que variées, par amour intransigeant pour le Christ et l'Évangile. Selon vous, quel est l'intérêt pour l'Église de se souvenir d'eux de cette manière ?

    Je crois que le pape François a plusieurs raisons d'accorder un grand intérêt aux martyrs à travers cette commission. Tout d'abord, nous ne devons pas oublier que la foi chrétienne est la foi la plus persécutée dans le monde entier aujourd'hui. Des milliers de chrétiens perdent la vie chaque année à cause de leur foi au Christ. Nous ne devons pas l'oublier. Il est dommage que l'on n'en parle pas en Europe occidentale, mais c'est un fait bien établi par diverses organisations.

    Deuxième point : vous savez, nous avons aussi en Europe occidentale une sorte de persécution silencieuse de la foi chrétienne. Il est difficile de montrer ou d'exprimer publiquement sa foi en Europe occidentale. Je pense que c'est moins le cas aux États-Unis. Mais les personnes qui travaillent dans les entreprises, dans les hôpitaux ou, par exemple, dans les écoles, si elles sont des catholiques convaincues, doivent être prudentes dans l'expression de leur foi. C'est un point très important.

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  • Le pape et Blaise Pascal : une "étrange récupération" ?

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    Du site du Figaro via Il Sismografo :

    L’étrange récupération de Blaise Pascal par le pape François

    (Le Figaro) TRIBUNE - Trois universitaires spécialistes de l’œuvre de Blaise Pascal ont lu la lettre apostolique qu’a consacrée le pape François à l’auteur des Pensées. S’ils saluent la reconnaissance du souverain pontife pour un immense génie, ils critiquent une lecture orientée selon les options théologiques et la sensibilité d’un pape jésuite. Ils restituent avec brio son œuvre dans le contexte de la querelle entre augustinisme et jésuitisme.

    Constance Cagnat-Debœuf est professeur à Sorbonne université et membre de la Société des amis de Port-Royal ; Tony Gheeraert est professeur à l’université de Rouen Normandie et vice-président de la Société des amis de Port-Royal ; Laurence Plazenet est professeur à l’université Clermont-Auvergne, directrice du Centre international Blaise Pascal et présidente de la Société des amis de Port-Royal.
    ***
    Le pape François est malicieux. Il aime étonner, et même prendre à contre-pied les opinions les mieux admises. Ainsi a-t-il jeté un franc embarras parmi les lecteurs de Blaise Pascal le jour de son quatrième centenaire, le 19 juin 2023, en décidant de lui consacrer une lettre apostolique. L’honneur est immense: le Clermontois rejoint ainsi au panthéon personnel du souverain pontife Dante et saint François de Sales, précédents bénéficiaires de semblables missives. Mais cette nouvelle publication a plongé de nombreux catholiques français dans une stupéfaction gênée. Pascal n’était-il pas connu pour ses positions «jansénistes», à la limite de l’orthodoxie?

    L’un de ses ouvrages majeurs, Les Provinciales, n’est-il pas constitué d’une série de lettres brillantes, ironiques, cruelles, qui discréditèrent le laxisme qu’elles dénonçaient chez les Jésuites, ordre dont le Saint-Père est précisément issu? Ces sulfureuses «petites lettres», prisées par Voltaire, n’ont-elles pas longtemps figuré à l’index des livres interdits? Malaise de l’Église. Embarras parmi ceux qui veulent voir en Pascal un «philosophe» seulement équipé d’une foi surnuméraire - ce débat autorise peu à ignorer Pascal, croyant «de feu» (le terme qui irradie l’éblouissant Mémorial).

    Les spécialistes sont, depuis le XVIIe siècle, partagés sur la catholicité de Pascal. Aujourd’hui, tandis que certains militent au sein d’associations spécialement créées pour favoriser la canonisation de l’auteur (par exemple, la récente Société des amis de Blaise Pascal qui reprend de la sorte la suggestion de La Vie de M. Pascal écrite par sa sœur aînée, Gilberte Périer), d’autres, comme Simon Icard, chercheur au CNRS, voient dans l’intention présumée sanctificatrice du pape une simple «blague jésuite» qu’on ne saurait prendre vraiment au sérieux, tant elle contredit les positions traditionnelles de l’Église sur l’œuvre de Blaise Pascal.

    Alors, saint Pascal hérétique? Pascal simplement catholique? Pourquoi François a-t-il cru bon de rouvrir ce vieux dossier recouvert par trois siècles de poussière vaticane? Au-delà des questions techniques de conformité à l’orthodoxie théologique, en quoi Pascal représente-t-il un enjeu politique aujourd’hui pour l’Église romaine - voire une figure majeure à ne pas laisser échapper?

    La nouvelle éthique du XVIe siècle

    Si Pascal a jadis pu être considéré comme dangereux par l’Église, c’est pour avoir continué à professer une foi héritée de la pensée de saint Augustin, qui avait dominé la chrétienté pendant un millénaire. Ce christianisme né en Afrique au Ve siècle, consolidé à l’époque médiévale, est celui que Jean Delumeau a si bien décrit dans La Peur en Occident: une vision fulgurante de l’homme déchu, misérable créature dépouillée de toute force et de toute bonté, torturé par la toute-puissance du péché, rongé par le désir d’une pureté interdite, abandonné à un sentiment de déréliction dont seul peut le libérer ce don gratuit et immérité d’un Dieu omnipotent: la grâce.

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  • Le linceul de Turin est traité comme une véritable scène de crime dans un documentaire scientifique

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    De Shannon Mullen sur Catholic News Agency :

    Le linceul de Turin est traité comme une véritable scène de crime dans un documentaire scientifique

    Shroud doc Orlando

    Le réalisateur Robert Orlando, debout devant une image négative du suaire de Turin, explique qu'il a été incité à enquêter sur le prétendu linceul de Jésus en partie parce qu'il cherchait à répondre à de "grandes questions" sur la vie et la foi à la suite de la mort de son père.

    Napa, Californie, 29 juillet 2023

    En 1988, des tests de datation au carbone ont conclu que le Suaire de Turin était un faux vieux de 700 ans. Trente-cinq ans plus tard, la science du XXIe siècle aboutit à une conclusion radicalement différente.

    Les tests au carbone supervisés par le British Museum et l'Université d'Oxford ont depuis été discrédités. Pour des raisons mal expliquées, les chercheurs n'ont analysé qu'un petit échantillon de fibres prélevé sur un bord du linceul endommagé par un incendie en 1532 et réparé par des sœurs clarisses à l'aide de colorants. 

    Entre-temps, des tests de plus en plus sophistiqués portant sur le pollen, les taches de sang et l'imagerie tridimensionnelle parfaite du tissu apportent de plus en plus de preuves que le suaire de Turin a été créé au premier siècle par un "événement nucléaire" qui ne peut être reproduit par la technologie d'aujourd'hui.

    Le cinéaste Robert Orlando plonge au cœur du débat sur les origines et l'authenticité du linceul dans un nouveau documentaire, "The Shroud : Face to Face", dont la sortie est prévue en novembre.

    Orlando, qui a écrit un livre portant le même titre, présente son sujet comme une enquête contemporaine sur un "vrai crime", en recourant à des scènes recréées et à des effets visuels audacieux pour donner au film une touche artistique.

    Le film présente des interviews d'experts des deux côtés du débat, dont l'historien américain et professeur au Princeton Theological Seminary Dale Allison, Cheryl White de la Shroud of Turin Education and Research Association, et Mark Goodacre, réalisateur de télévision, spécialiste du Nouveau Testament et professeur au département de religion de l'Université de Duke.

    Le père Andrew Dalton, LC, STD, professeur de théologie à l'Athénée pontifical Regina Apostolorum de Rome, qui a écrit la préface du livre d'Orlando, apparaît également dans le film, tout comme le père Robert J. Spitzer, SJ, érudit jésuite, auteur et animateur populaire de la chaîne de télévision EWTN.

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  • 31 juillet : 30e anniversaire de la disparition du roi Baudouin

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    De Vincent Delcorps sur cathobel :

    Baudouin Ier : le premier roi des Belges (vraiment) catholique

    A l’époque comme avec le recul, les témoignages abondent. Ils révèlent un homme qui sort de l’ordinaire. Qui offrait à ses interlocuteurs une exceptionnelle qualité de présence. Une écoute, un regard, susceptibles d’offrir à l’autre le sentiment d’exister. Et si la foi ne peut tout expliquer, on ne peut comprendre Baudouin sans s’intéresser à sa relation à Dieu.

    La quête de sens dès l’enfance

    Nous sommes le 29 août 1935. Baudouin n’a pas encore 5 ans quand sa vie bascule dans un tragique virage, au bord du lac des Quatre-Cantons, en Suisse. Brièvement inattentif, son père, Léopold III, perd le contrôle de sa voiture. Il s’en remettra. Mais Astrid, son épouse, ne se relèvera pas. Un véritable tournant. « Evidemment, il est impossible de connaître le cœur des personnes », nuance Vincent Dujardin. « De plus, certaines archives demeurent inaccessibles. Mais il semble que la mort de sa mère ait joué un rôle important dans la vie de foi de Baudouin. Cet événement l’a conduit à s’interroger assez jeune sur l’au-delà. » C’est donc très tôt que le prince manifeste un intérêt marqué pour les questions de sens et de religion. Au fil des ans, plusieurs aumôniers lui permettent de creuser sa quête. Et devenu adolescent, c’est tous les jours qu’il désire participer à l’eucharistie – parfois au grand dam de son père.

    Car contrairement à ce qu’on pourrait penser, la foi catholique ne relève pas alors de l’évidence au Palais de Bruxelles. C’est dans la religion protestante que Léopold Ier avait grandi. Léopold II n’avait aucun sens du religieux. Albert Ier était très marqué par le protestantisme. Et Léopold III avait, après son abdication, une vision panthéiste – il croyait en un Dieu présent en tout plus que dans la transcendance d’un Dieu monothéiste. « Le chemin de Baudouin est donc un chemin assez personnel », remarque Vincent Dujardin. « En fait, il sera le premier roi des Belges catholique! »

    Le roi catholique… de tous les Belges!

    Nous sommes le 17 juillet 1951. Baudouin n’a pas encore l’âge de la majorité, mais le voilà déjà appelé à prêter serment. Toujours bien vivant, son père a été emporté par la fièvre de la Question royale. Une épreuve de plus pour un jeune homme qui n’a pas été épargné par la vie (perte de sa mère, guerre, exportation, exil, abdication de son père…). Le voilà à présent appelé à régner sur un pays qu’il connaît mal. Meurtri, en outre, par la douloureuse impression de trôner à la place de son père.

    Un élément va singulièrement le soutenir: sa foi. Croire en Dieu l’aide à trouver un sens à sa vie. Mais aussi à faire preuve de courage, à poser des choix. « Il voulait toujours bien faire, agir en conscience », souligne Vincent Dujardin. « Il essayait de traduire dans son rôle de roi les valeurs en lesquelles il croyait. Notamment les valeurs de la famille, le souci pour la jeunesse, la solidarité, l’accueil… Il a essayé de vivre le message de l’Evangile. » Discrètement, il arrivera au roi des Belges de se rendre dans un hôpital, au chevet de personnes mourantes, sans journaliste ni relais sur les réseaux sociaux – encore inexistants. Et lorsqu’il est de voyage en Ethiopie, le roi brave toutes les consignes de sécurité en embrassant des personnes atteintes de la lèpre…

    Mais si le monarque est catholique, il est bien le roi de tous les Belges. L’homme en est conscient. Trop clairement afficher ses convictions religieuses risque de jouer contre lui. Rétrospectivement, il n’y a sans doute qu’en 1990, sur la question de l’avortement, que la foi de Baudouin a une véritable incidence politique. « Mais même sur ce dossier, il a agi en étant couvert par son gouvernement », souligne Vincent Dujardin. « Sur l’ensemble de son règne, je ne connais pas un seul cas où il aurait mené de politique parallèle. »

    Le roi Baudouin, un homme de prière

    Nous sommes le 15 décembre 1960. Baudouin a déjà 30 ans et il se marie enfin. A ses côtés, une Espagnole. Catholique, naturellement. « Sans doute n’aurait-il pas pu épouser une femme qui ne partageait pas sa foi », souligne Vincent Dujardin. Quelques mois plus tôt, les tourtereaux se sont fiancés sous le regard de la Vierge, à Lourdes. Un lieu que Baudouin affectionne particulièrement. L’homme est très attaché à la spiritualité mariale.

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  • Ignace de Loyola (31 juillet) (site des jésuites francophones)

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    Du site des jésuites d'Europe Occidentale Francophone :

    Saint Ignace de Loyola

    dossier Ignace de Loyola
    Saint Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur de la Compagnie de Jésus, est fêté le 31 juillet. Il est l’auteur des Exercices spirituels, fruit de son désir d’aider les âmes pour “chercher et trouver Dieu en toute chose”.

    Ignace naît en 1491, au château de Loyola en Espagne. C’est un jeune noble initié très tôt au combat des armes et à la vie des chevaliers. Blessé au siège de Pampelune en 1521. Il s’ennuie durant sa convalescence et lit finalement des livres sur la vie des saints et sur la vie de Jésus. C’est pour lui une révélation et il se convertit. Décidé à suivre le Christ, il prend la route en ermite et se retire à Manrèse. Il y vit une expérience spirituelle dont il transpose l’essentiel dans les Exercices Spirituels.

    Il étudie la théologie à Paris et partage la chambre de deux autres étudiants : Pierre Favre et François Xavier. Ils partagent ensemble le désir de mener une vie pauvre à la suite du Christ. C’est à Paris qu’Ignace pose les premières fondations de la Compagnie de Jésus.

    Ordonné prêtre à Venise en 1537, Ignace se rend à Rome la même année. Trois ans plus tard, en 1540, il y fonde la Compagnie de Jésus et est élu le premier Préposé Général. Ignace de Loyola contribue alors de différentes manières à la restauration catholique du XVIe siècle et la Compagnie de Jésus est à l’origine d’une nouvelle activité missionnaire de l’Église. Il meurt à Rome en 1556 et est canonisé par Grégoire XV en 1622.

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  • Ce que le cardinal de Lubac penserait du synode sur la synodalité

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    De Robert P. Imbelli sur First Things :

    CE QU'HENRI DE LUBAC PENSERAIT DU SYNODE SUR LA SYNODALITÉ

    28 juillet 2023

    Henri de Lubac, S.J., l'un des plus grands théologiens catholiques du vingtième siècle, a été l'une des figures de proue du mouvement de ressourcement qui a préparé le terrain pour Vatican II. En effet, nombre de ses écrits ont influencé les termes mêmes employés par le Concile, en particulier dans les constitutions sur l'Église (Lumen Gentium) et sur la révélation (Dei Verbum). Au cours de son long ministère théologique, qui s'étend du début des années 1930 au début des années 1980, il a non seulement insisté sur le lien intime entre théologie et spiritualité, mais il a également témoigné de l'inséparabilité de la dogmatique et de la pastorale en s'opposant courageusement au nazisme et à l'antisémitisme. Son dernier grand ouvrage théologique, achevé malgré des forces physiques déclinantes, fut le volume de près de mille pages intitulé 'La postérité spirituelle de Joachim de Flore'. Malheureusement, cet ouvrage n'est pas encore disponible en anglais. Mais ses réflexions sont très utiles aujourd'hui, alors que nous examinons le Synode sur la synodalité en cours dans l'Église et l'Instrumentum Laboris (document de travail) qui vient d'être publié. 

    De Lubac avait traité pour la première fois le mystique du douzième siècle dans le troisième volume de son Exégèse Médiévale. Il s'est concentré sur l'approche distinctive de Joachim à l'égard de l'Écriture, en particulier sur son point de vue selon lequel il y aurait un "troisième âge" de l'Esprit qui remplacerait les âges du Père et du Fils (représentés respectivement par l'Ancien et le Nouveau Testament). Selon la lecture de de Lubac, l'idée maîtresse de la vision prophétique de Joachim était de remettre en question la finalité salvatrice de Jésus-Christ. Dans le "troisième âge" de Joachim, l'"Esprit" se sépare en effet du Christ et alimente des mouvements pseudo-mystiques et utopiques. En effet, sans le référent et la mesure christologiques objectifs, l'appel à l'Esprit devient facilement la proie d'idéologies et de fantasmes subjectifs.

    Déjà ici, de Lubac entrevoyait la longue et troublante "vie après la mort" du Joachimisme, y compris ses propensions schismatiques. Il commença à explorer la variété des mouvements, à la fois séculiers et quasi-religieux, qui, tout comme Joachim, envisageaient l'arc du progrès se courbant vers un accomplissement du "troisième âge", que ce soit sous des formes hégéliennes, marxistes ou nietzschéennes. Dans tous ces mouvements, Jésus-Christ était considéré au mieux comme un avant-dernier mot, et l'Église comme la relique d'une époque non éclairée.

    Si le P. de Lubac s'est attelé à la tâche colossale de rédiger son livre sur la postérité de Joachim, c'est parce qu'il a perçu que la période qui a suivi le Concile a été marquée dans de nombreux milieux, en France et ailleurs, par une recrudescence des sensibilités et des projets joachimites. Ces tendances joachimites tracent un chemin au-delà de l'esprit de clocher de l'"Église institutionnelle", vers la célébration d'une humanité universelle, libérée des contraintes de la loi et de l'ordre hiérarchique.

    Dans ses émouvantes mémoires, Au service de l'Église, de Lubac commente les "circonstances qui ont motivé ses écrits". Il précise que son livre sur la postérité de Joachim n'était pas animé par des intérêts purement académiques, mais par son sens d'un danger présent : le danger de trahir l'Évangile en transformant la recherche du royaume de Dieu en une recherche d'utopies sociales séculières.

    Il écrivit un millier de pages avant que sa santé défaillante ne l'empêche d'apporter à son ouvrage la conclusion doctrinale qu'il avait prévue à l'origine. Mais il s'est rendu compte qu'il avait déjà proposé une conclusion dans son livre précédent, Méditation sur l'Église. Il renvoie le lecteur au chapitre 6 de cet ouvrage, intitulé "Le sacrement de Jésus-Christ".

    Le début du chapitre est célèbre : "L'Église est un mystère", mots qui, dix ans plus tard, formeront le titre du premier chapitre de la Constitution sur l'Église de Vatican II, Lumen Gentium. De Lubac précise immédiatement le contenu de ce mystère : "l'Église sur terre est le sacrement de Jésus-Christ". Là encore, Lumen Gentium suit l'exemple de De Lubac, en déclarant dans son tout premier paragraphe que "l'Église est dans le Christ comme un sacrement de Jésus-Christ" : "L'Église est dans le Christ comme un sacrement ou un signe et un instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de toute l'humanité." 

    Cette perspective christologique et sacramentelle oriente la vision et la proclamation ecclésiales de Vatican II. L'Instrumentum laboris récemment publié pour le Synode en cours sur la synodalité cite à deux reprises ces mots de Lumen Gentium. Il est toutefois révélateur qu'il omette à chaque fois les mots "dans le Christ", qui sont d'une importance capitale. Cette omission ne peut guère être attribuée à la précipitation ou à la négligence, et soulève des préoccupations légitimes quant à la déficience christologique du document.

    En insistant sur le fait que le mystère de l'Église est le sacrement de Jésus-Christ (une approche reprise et sanctionnée par le Concile), de Lubac tire des conséquences doctrinales et pastorales cruciales. Il écrit : "Le but de l'Église est de nous montrer le Christ, de nous conduire à lui, de nous communiquer sa grâce. En somme, elle n'existe que pour nous mettre en relation avec le Christ".

    Ainsi, tout stratagème visant à remplacer le règne actuel du Christ par un futur règne nébuleux de l'Esprit revient à introduire des "séparations mortelles" dans la vie de l'Église. "Ainsi, nous n'attendons nullement l'âge de l'Esprit, car il coïncide exactement avec l'âge du Christ". 

    En m'inspirant de ce chapitre de Méditation sur l'Église (un livre souvent vanté par le pape François), j'ai une modeste proposition inspirée de Lubac pour le Synode. Un exercice spirituel salutaire pour les groupes, réunis chaque jour pour partager leurs " conversations dans l'Esprit ", serait de méditer le dernier paragraphe décisif de la première partie de Gaudium et Spes. Cela fournirait aux participants une anamnèse vivante de l'Esprit qu'ils invoquent et qu'ils cherchent à servir fidèlement. 

    Voici la magnifique profession de foi dogmatique christologique de Gaudium et Spes :

    Le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, s'est lui-même fait chair pour que, en tant qu'homme parfait, il puisse sauver tous les hommes et toutes les femmes et récapituler toutes choses en lui-même. Le Seigneur est le but de l'histoire humaine, le point central des aspirations de l'histoire et de la civilisation, le centre de la race humaine, la joie de tous les cœurs et la réponse à toutes leurs aspirations. C'est lui que le Père a ressuscité d'entre les morts, qu'il a élevé dans les hauteurs et qu'il a placé à sa droite, le faisant juge des vivants et des morts. Animés et unis dans son Esprit, nous marchons vers la fin de l'histoire humaine, qui correspond pleinement au conseil de l'amour de Dieu : "rétablir toutes choses dans le Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre" (Eph. 11,10).

    Pas la moindre trace de la postérité de Joachim !

    Le père Robert P. Imbelli est l'auteur du recueil Christ Brings All Newness (Le Christ apporte toute nouveauté), à paraître prochainement.

  • JMJ : "un germe du monde de demain"?

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via le blog Il Sismografo :

    Aux JMJ, le pape François attend «un germe du monde de demain» / JMJ de Lisbonne: au-devant de François, 41000 Français «fervents et à contre-courant»

    (Jean-Marie Guénois, Le Figaro) Un million de jeunes du monde entier sont déjà arrivés au Portugal pour la 37e édition de ce rassemblement hors norme. Le pape y est attendu mercredi. -- C’est l’événement catholique de l’été. Les 37es Journées mondiales de la jeunesse, à Lisbonne, au Portugal, sont lancées et se termineront le dimanche 6 août. Pas moins de 1 million de jeunes - dont 41.000 Français, troisième délégation représentée, après l’Italie et l’Espagne - sont déjà arrivés dans les différents diocèses du Portugal, où ils sont accueillis par des familles et des paroisses. À partir de mardi, ils convergeront vers Lisbonne pour une ouverture officielle mercredi, et un premier accueil du pape François jeudi.

    Le chef de l’Église catholique commencera son périple le 2 août par une visite officielle au Portugal. Il se rendra aussi au sanctuaire marial de Fatima dans la matinée du samedi 5 août. Dans la soirée, il présidera la grande veillée conclusive du rassemblement au Parque Tejo, un parc naturel de 90 hectares situé sur la côte est de Lisbonne, bordé par le fleuve Tage, où aura également lieu la grande messe de conclusion des JMJ dimanche matin.

    Pour François, 86 ans, qui avait donné rendez-vous à Lisbonne aux jeunes du monde entier, lors des précédentes JMJ, au Panama, en 2019, ce voyage est un nouveau test de santé. Il a été opéré en juin dernier d’une hernie abdominale dont il semble se remettre sans difficulté apparente. Dans le cortège papal, il sera accompagné d’un médecin et d’un infirmier ainsi que d’une ambulance, un dispositif ordinaire pour ses déplacements. «Aucune mesure sanitaire spéciale» ne serait prévue, a assuré, ce jeudi, Matteo Bruni, porte-parole du Saint-Siège.

    Le même jour, dans un message vidéo, le pape a donné le ton de ces JMJ: «L’Église n’est pas un club pour le troisième âge, pas plus qu’un club de jeunes. Si elle devient un club de personnes âgées, elle mourra, a-t-il insisté. Si l’on vit avec des jeunes, on devient jeune.»

    Dans l’esprit de ses prochaines rencontres à Lisbonne, François a exhorté les jeunes à «se mettre en chemin pour aider les autres», à l’image de la Vierge: «Marie, dès qu’elle sait qu’elle va être la mère de Dieu, ne reste pas là à se faire un selfie ou à se vanter! La première chose qu’elle fait, c’est de s’élancer, en toute hâte, pour servir et pour aider.»

    «Diapason de la joie»

    Dans son message, le pape a aussi confié que son rêve était de trouver à Lisbonne, capitale mondiale de la jeunesse, «un germe du monde de demain», où «l’amour est au centre». Car, a-t-il plaidé, «nous sommes en guerre, et nous avons tous besoin d’autre chose. D’un monde qui ne craint pas de témoigner de l’Évangile.» Le tout, «au diapason de la joie», s’est-il enthousiasmé avant d’ajouter: «si nous, chrétiens, n’avons pas de joie, nous ne sommes pas crédibles et personne ne nous croit».

    François visite le Portugal pour la deuxième fois, après un voyage consacré à Fatima, le 13 mai 2017, qui marquait le centenaire des apparitions mariales, reconnues par l’Église. Benoît XVI s’y était également rendu en 2010. Quant à Jean-Paul II, très attaché à la Vierge de Fatima, dont il estimait qu’elle l’avait sauvé lors de l’attentat du 13 mai 1981, il s’est rendu à trois reprises dans ce pays toujours très marqué par le catholicisme. (Le Figaro) 

    JMJ de Lisbonne: au-devant de François, 41000 Français «fervents et à contre-courant»
     
    (Jean-Marie Guénois, Le Figaro) RÉCIT - Loin d’un impératif catégorique d’obéissance à une règle, de nombreux jeunes, très conscients d’être une minorité, témoigne d’un besoin spirituel profond et d’une personnelle avec le Christ.

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