De Xavier Le Normand, envoyé spécial à Bruxelles, sur le site du journal La Croix :
En Belgique, la foi sous restrictions
Depuis près d’une demi-année, les mesures sanitaires en vigueur en Belgique restreignent presque totalement la participation des fidèles aux cérémonies religieuses. Empêchés de célébrer leur culte, les Belges font preuve de créativité pour exprimer leur foi mais se divisent sur l’attitude à adopter face aux mesures sanitaires.
29/03/2021

La basilique du Sacré-Coeur à Bruxelles, le 8 juin, lorsque les célébrations n’étaient encore pas limitées à 15 fidèles quelle que soit la taille de l’édifice religieux.
Installé en hauteur sur le plateau de Koekelberg, surplombant la capitale belge, l’édifice est immanquable. Ne couvrant pas moins de 10 000 mètres carrés, la basilique du Sacré-Cœur est la cinquième plus grande église du monde catholique, dépassant de loin toutes les cathédrales françaises. Et pourtant, depuis cinq mois, les fidèles n’ont jamais pu s’y réunir à plus de 15, perdus dans la gigantesque basilique. « On nous prive du chemin de la vie, c’est très grave ! », tempête le prêtre qui préside une des messes en ce samedi après-midi, dénonçant des mesures qui « nient la dimension spirituelle de l’homme ».
« Nous sommes le pays d’Europe le plus restrictif quant à la liberté de culte », confirme Charles d’Alençon, auteur de plusieurs initiatives contre les limitations imposées par les autorités face au Covid-19. Interdites fin octobre, les célébrations publiques n’ont, depuis, connu comme seul allègement que la possibilité de réunir 15 fidèles maximum. À l’inverse, les commerces, mêmes « non essentiels », ont longtemps pu accueillir le public dans une limite basée sur leur surface. « Il n’y a aucune cohérence, les décisions sont illogiques ! », s’agace Charles d’Alençon.
L’Église belge a « moins de poids » qu’en France
S’ils sont plus mesurés, d’autres fidèles dénoncent eux aussi ces limites. « Je comprends que des mesures soient nécessaires, mais pourquoi ce chiffre arbitraire de 15 ? », s’interroge Fiona, jeune femme de 26 ans croisée devant l’église Notre-Dame de l’Annonciation, à Ixelles. « Je suis sceptique devant les règles », rajoute Eberhard, sexagénaire allemand installé dans la capitale belge. Un propos aussitôt tempéré par sa femme Myriam, espagnole. « Les instructions ne sont pas toujours très agréables, mais il faut les respecter pour le bien commun. » Passant devant l’église, une expatriée française lance : « On aimerait revenir dans notre pays ! »
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