D'Antonio Socci sur Libero traduit sur le site "Benoît et moi" :
Les mots dramatiques de Benoît XVI:
« la menace vient de la dictature universelle d’idéologies apparemment humanistes… avoir peur de cette puissance spirituelle de l’Antéchrist n’est que trop naturel ».
15 novembre 2020
En mai, une polémique a suivi l’anticipation de certaines déclarations faites par Benoît XVI à Peter Seewald et publiées dans sa biographie sur le point de sortir en Allemagne. Cet ouvrage est maintenant traduit en Italie sous le titre « Benedetto XVI, una vita« , on a donc la possibilité de mieux comprendre les paroles du pape.
La question cruciale de Seewald à Ratzinger est la suivante: « Une phrase de votre première homélie en tant que pontife est restée particulièrement gravée dans la mémoire: ‘Priez pour moi, afin que je ne fuie pas, par peur, devant les loups‘. Avez-vous prévu ce qui vous attendait?« .
Le pape répond qu’il n’y a pas d’allusion aux problèmes du Vatican (comme les Vatileaks), comme beaucoup l’ont pensé.
« La véritable menace pour l’Église, et donc pour le service pétrinien -explique Benoît XVI -, ne vient pas de ce genre d’épisode : elle vient plutôt de la dictature universelle d’idéologies apparemment humanistes, les contredire conduit à l’exclusion du consensus de base de la société. Il y a cent ans, n’importe qui aurait trouvé absurde de parler de mariage homosexuel. Aujourd’hui, ceux qui s’y opposent sont socialement excommuniés. Il en va de même pour l’avortement et la production d’êtres humains en laboratoire. La société moderne entend formuler un credo anti-chrétien: ceux qui s’y opposent sont punis par l’excommunication sociale. Avoir peur de cette puissance spirituelle de l’Antéchrist n’est que trop naturel et il est vraiment nécessaire que les prières de diocèses entiers et de l’Eglise mondiale viennent à la rescousse pour y résister ».
Les médias ont simplifié tout cela de manière superficielle, déclenchant la polémique sur ces exemples. Mais ce n’est pas le centre du raisonnement de Benoît XVI, qui a un tout autre souffle. Il parle de la « menace » représentée « par la dictature universelle d’idéologies apparemment humanistes ».
C’est cela qui est important. Qu’un homme de grande culture, de spiritualité profonde et d’autorité reconnue, parle de la « menace » d’une « dictature universelle » ne peut laisser indifférent.
On peut objecter, mais ce thème a aussi émergé dans le débat public. Même les intellectuels laïcs se sont montrés préoccupés par l’imposition évidente d’une « pensée unique » et même « MicroMega » [ndt: revue de culture, politique, science et philosophie dirigée par Paolo Flores d’Arcais, avec qui le cardinal Ratzinger avait accepté de débattre en 2000, donnant naissance à un essai intitulé « Est-ce que Dieu existe? »] a pointé l’index contre « la nouvelle saison d’excès que connaît l’idéologie du politiquement correct et qui a conduit à la redécouverte ‘progressive’ de la censure ».