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Politique - Page 108

  • Zelensky tue dans l'œuf la médiation du Pape

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    De Nico Spuntoni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Zelensky tue dans l'œuf la médiation du Pape

    15-05-2023

    Lors de la rencontre de samedi au Vatican, le président ukrainien a répété au pape François qu'il n'était pas intéressé par une médiation car la seule paix possible est la reddition des Russes. Le seul point partagé est l'appel à un effort d'aide humanitaire.

    Guerre et paix. Dans les cadeaux qu'ils ont échangés samedi après-midi, il y a symboliquement toute la distance entre François et Volodymyr Zelensky. Le premier a offert une sculpture en bronze représentant un rameau d'olivier, tandis que le second a opté pour une icône de la Vierge peinte sur la plaque d'un gilet pare-balles. Cet échange suffit à donner une idée de l'issue de l'audience attendue depuis deux jours.

    On imagine l'état d'esprit de Bergoglio, qui considère les ventes d'armes comme "le plus grand fléau du monde", face aux hommes de la délégation ukrainienne en uniforme vert militaire, pistolets de service en vue.

    Le pape a accueilli le président à l'entrée de la salle Paul VI pour un entretien de quarante minutes au cours duquel, selon le Bureau de presse du Saint-Siège, ils ont discuté de la "situation humanitaire et politique" en Ukraine et se sont mis d'accord sur la "nécessité de poursuivre les efforts humanitaires en faveur de la population". Les points qu'ils ont partagés se sont toutefois arrêtés là, comme l'a expliqué plus tard M. Zelensky lui-même, interrogé sur Raiuno par Bruno Vespa.

    L'ancien acteur a critiqué la mission de paix menée par le Saint-Siège. Pour moi, ce fut un honneur de rencontrer Sa Sainteté", a déclaré le président ukrainien, "mais il connaît ma position : la guerre est en Ukraine et le plan doit être ukrainien. Avec tout le respect que je lui dois, nous n'avons pas besoin de médiateurs, mais nous avons besoin d'une paix juste".

    Des mots qui confirment combien la visite au Vatican était une étape obligée du voyage à Rome sur lequel Kiev avait misé pour solliciter le soutien militaire du gouvernement italien. Dans le cas contraire, on aurait pu parler d'un manque de courtoisie à l'égard du Pape de la part de la plus haute autorité d'un pays où les catholiques représentent près de 8% de la population. 

    Zelensky a confié à Telegram le récit de sa rencontre avec François, expliquant encore sa distance avec lui : "J'ai demandé au Pape de condamner les crimes russes en Ukraine, car il ne peut y avoir d'égalité entre la victime et l'agresseur". Une description qui suggère presque une réprimande de visu au pontife pour la manière dont ont été réalisées les deux Via Crucis qui avaient tant irrité Kiev pour la présence d'une femme russe à côté d'une ukrainienne. Mais l'image d'un pape réticent quant à sa responsabilité dans la guerre ne correspond pas à la vérité, contrairement à ce qui a souvent été rapporté dans les médias, peut-être même en transmettant ce message aux chancelleries internationales. Dans une interview accordée au magazine America, François a déclaré sans hésitation que "l'envahisseur est l'État russe, c'est très clair", s'attirant par la même occasion les critiques de Moscou pour ses propos sur les Tchétchènes et les Bouriates. 

    La distinction entre victime et agresseur est parfaitement connue du pape, qui a toutefois une idée très différente de celle de Kiev sur la manière de résoudre le conflit. Je crois que la paix se fait toujours en ouvrant des canaux, on ne peut jamais faire la paix en les fermant", a-t-il récemment déclaré lors d'une conférence de presse dans l'avion qui le ramenait de Hongrie. La même conférence au cours de laquelle il a rendu publique l'existence d'une mission de paix du Saint-Siège sur laquelle Zelensky, à la toute fin de sa visite au Vatican, a semblé suggérer de ne pas trop compter lorsqu'il a révélé qu'il avait parlé à Bergoglio de "notre formule de paix comme étant la seule formule efficace pour parvenir à une paix juste".

    Traduction : la paix passe par une victoire militaire ukrainienne et une capitulation russe. Vous ne pouvez pas servir de médiateur avec Poutine, aucun pays au monde ne peut le faire", a déclaré le président ukrainien à Vespa. Ce n'est pas l'avis de François, qui a déclaré à plusieurs reprises qu'il était prêt à rencontrer Poutine. Et c'est précisément au locataire du Kremlin qu'il a adressé une lettre remise il y a quelques jours à l'ambassadeur russe sortant auprès du Saint-Siège, Alexandre Avdeev. Bref, en quarante minutes au Vatican, le pape a joué le pape et le président d'une nation lésée a joué le président d'une nation lésée. Mais il ne fait aucun doute qu'après la conversation de samedi après-midi, la route de la mission de paix du Saint-Siège est devenue plus ardue.

  • Un seul État pour Juifs et Palestiniens : au Vatican, ce n’est plus un tabou

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction française de diakonos.be)

    Un seul État pour Juifs et Palestiniens. Au Vatican, ce n’est plus un tabou

    En novembre dernier, « La Civilità Cattolica » publiait un article-choc intitulé « Ripensare la ripartizione della Palestina ? » dans lequel on lisait qu’en lieu et place de la solution à deux État, l’heure était venue de miser plutôt sur « l’égalité des Israéliens et des Palestiniens quel que soit le cadre politique vers lequel la situation puisse évoluer », y compris dans un seul et même État.

    Le fait que l’auteur de l’article soit le célèbre jésuite Juif et Israélien David M. Neuhaus et que « La Civiltà Cattolica », selon ses statuts, ne sort de presse qu’après avoir reçu l’approbation préalable, ligne par ligne, du Pape et de la Secrétairerie d’État, avait incité Settimo Cielo à annoncer l’article sous ce titre : « Une patrie commune pour Juifs et Palestiniens. Le Vatican abandonne la solution à deux États ».

    Mais par la suite, les choses ont évolué dans une autre direction. Le 9 janvier suivant, lors du discours de début d’année au corps diplomatique, le Pape François a de nouveau exhorté « l’État d’Israël » et « l’État de Palestine » à « mettre en œuvre la solution à deux États ».

    Une volte-face annoncée puis tuée dans l’œuf ? Il n’en est rien. Parce que dans son dernier numéro, dans un article intitulé « Gli ebrei di cultura araba » et toujours sous la plume du P. Neuhaus, « La Civiltà Cattolica » a de nouveau fait miroiter « la perspective d’un futur dans lequel les Juifs pourraient vivre aux côtés des Arabes dans une paix juste et une égalité réconciliée », non pas à deux États mais à un seul.

    Les fondements de cet espoir – écrit le P. Neuhaus – sont enracinés dans un passé pas si lointain, quand au moins un million de Juifs « non seulement parlaient arabe mais faisaient également partie intégrante de la culture arabe » en Afrique du Nord, de l’Égypte au Maroc comme en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen, avec d’importantes communautés judéo-arabes à Casablanca, à Tunis, à Tripoli, au Caire, à Alexandrie, à Beyrouth, à Damas, à Sanaa ou à Bagdad.

    La fondation de l’État d’Israël s’est heurtée à une opposition frontale avec le monde arabe et donc à l’extinction rapide et quasi-totale, et parfois même violente, des communautés juives qui vivaient dans ces pays. La photo reproduite ci-dessus, publiée dans « La Civiltà Cattolica », montre justement un groupe de Juifs yéménites en vol vers l’État d’Israël qui venait de naître.

    Mais il n’est pas dit qu’il faille totalement renoncer – soutient le P. Neuhaus – à cette extraordinaire « symbiose arabo-juive » qui a duré pendant des siècles et qui « a vu naître quelques-uns des plus grands esprits de l’histoire juive », comme le médecin, philosophe et juriste andalous du XIIe siècle Moïse Maïmonide, pour n’en citer qu’un seul.

    Pendant des siècles, ces Juifs arabes ont utilisé trois langues : l’hébreu pour la Bible, les rites et les lois, l’arabe pour s’adresser au monde environnant et le judéo-arabe pour la vie ordinaire dans les communautés. Le P. Neuhaus assume à nouveau cette histoire et ses personnages dans des pages fascinantes.

    Aujourd’hui, les héritiers de cette histoire qui se sont établis en Israël sont communément appelés « séfarades » mais préfèrent être identifiés en tant que « mizrahim », juifs orientaux. Ils se trouvent en position de minorité face à l’élite culturelle, sociale et économique du Pays, composée principalement de Juifs « ashkénazes » d’origine européenne. Et ces derniers ont été déterminants pour favoriser l’ascension de la droite politique et religieuse en Israël, de Menahem Begin à Benyamin Netanyahu, avec un sentiment anti-arabe diffus allant de pair – remarque le P. Neuhaus – « non sans une certaine ambivalence » avec « une redécouverte progressive d’une fierté pour leur singulier héritage religieux, social, culturel et culinaire judéo-arabe ».

    La confirmation de cette ambivalence – écrit le P. Neuhaus – se trouve déjà dans le nom de leur parti appelé Shas, du nom du rabbin orthodoxe Ovadia Yossef, né à Bagdad sous le nom arabe d’Abdallah.

    Avec onze de ses membres dans la coalition aujourd’hui au pouvoir en Israël et l’une de ses figures de proue, le rabbin Moshe Arbel, comme ministre de l’Intérieur, le parti Shas a récemment surpris tout le monde en condamnant avec vigueur le terrible ravage par les colons Juifs de la localité palestinienne d’Huwara, près de Naplouse, en représailles pour la mort de deux Juifs.

    Auparavant, le parti Shas s’était distingué à plusieurs reprises par son soutien aux initiatives de dialogue avec les Palestiniens, y compris avec accord d’Oslo, selon le principe des « deux États pour les deux peuples ».

    Et aujourd’hui que la solution à deux États apparaît toujours plus impraticable, ce sont justement les Juifs issus du monde arable qui sont les plus enclins à faire revivre sous une nouvelle forme leur passé de cohabitation pacifique entre les deux peuples à l’intérieur des mêmes frontières.

    C’est en tout cas ce qu’écrit aujourd’hui un Juif et citoyen d’Israël dans « La Civiltà Cattolica ». La diplomatie vaticane l’a lu à l’avance et a donné son aval à la publication. La solution à deux États n’est pas enterrée, mais elle n’est plus la seule sur la table.

  • L'Église a été une force de libération dans le domaine politique, culturel et scientifique

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    «Le christianisme a largement contribué au développement des sciences»

    Jean-François Chemain est docteur et agrégé en histoire ainsi que docteur en histoire du droit. Il est l'auteur de nombreux livres et enseignant dans différents établissements supérieurs. Son dernier livre Ces idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde vient de paraître aux éditions Artège (280p., 19,90€.).

     

    FIGAROVOX - Vous écrivez dans votre premier chapitre que «le christianisme a apporté au monde l'idée de l'Europe comme un espace politique, religieux et culturel». Qu'entendez-vous par là ?

    Jean-François CHEMAIN. - Le terme d'«Europe» est très ancien, il était déjà employé par les Hittites, les Phéniciens et les Grecs, dans des acceptions assez variées, pour désigner telle divinité ou telle région. Mais il est utilisé pour la première fois dans son sens moderne par le moine irlandais saint Colomban, dans deux lettres adressées au Pape. Dans la première, en 590, il définit l'Europe comme le territoire soumis à l'autorité spirituelle du Pape, ce qui correspond aux frontières européennes actuelles. Ainsi, cette désignation donne à l'Europe un sens géographique définitif, mais aussi une dimension religieuse et institutionnelle importante, étant donné que le Pape est le chef de l'institution ecclésiale. Cela exclut par conséquent toute la partie de la chrétienté originelle qui n'obéit pas au Pape, notamment l'Empire byzantin au sein duquel la religion était dirigée par l'Empereur, dans la tradition césaro-papiste romaine. La seconde lettre est écrite en 614, à l'époque où apparaît l'Islam.

    Les monastères chrétiens ont également été un facteur important d'unification religieuse et culturelle de l'Europe. Nous avons connu deux principales vagues monachiques, la première avec l'ordre de Cluny fondé en 910 selon la règle bénédictine, qui a édifié environ 1000 prieurés ; et la seconde avec l'ordre cistercien, qui s'appuie lui aussi sur la règle de saint Benoît. Si on regarde la carte des monastères bénédictins et cisterciens au Moyen-Âge, nous retrouvons le territoire européen actuel, excepté les récents élargissements orthodoxes (Roumanie, Bulgarie etc.).

    Selon vous, les chrétiens sont les premiers à avoir établi la distinction entre l'État et la religion. Peut-on dire, en somme, que même la République laïque se fonde sur un modèle chrétien ?

    Absolument, il y a dans la République un prolongement de la rivalité entre l'Église et l'État, qui est un conflit fondateur de la civilisation chrétienne occidentale. La France a résolu cette rivalité de manière fondamentaliste et intellectuelle, en faisant absorber par l'État les fonctions traditionnelles de l'Église. Autrement dit, l'institution ecclésiale a été marginalisée et décrédibilisée, pendant que la République reprenait ses principes évangéliques pour en faire une politique.

    En absorbant les différents rôles de l'Église, l'État a déserté ses propres fonctions régaliennes, il ne défend plus nos frontières, n'assure plus la sécurité et ne rend plus la justice.

    Jean François Chemain
    L'Église a originellement trois grandes missions, les tria munera, à savoir gouverner, enseigner et sanctifier. Concernant la première, il y a eu pendant des siècles un bras de fer entre l'Église et l'État pour savoir qui devait gouverner, et l'État en est sorti victorieux. Pour la seconde, l'Église a longtemps eu le monopole de l'enseignement, mais l'État a aujourd'hui entièrement récupéré ce domaine. Enfin, l'État a aussi pris à l'Église sa dernière mission, la sanctification des hommes. En effet, l'institution étatique cherche à faire de chaque citoyen un saint, elle nous exhorte à «la tolérance», à la «repentance», nous invite à accueillir l'étranger, à partager nos biens, à tendre la joue droite quand on nous frappe sur l'autre... C'est un discours évangélique. Mais parallèlement, en absorbant les différents rôles de l'Église, l'État a déserté ses propres fonctions régaliennes, il ne défend plus nos frontières, n'assure plus la sécurité et ne rend plus la justice.

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  • La liberté religieuse dans le monde en 2023 : Pire que jamais

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    De Marco respinti sur Bitter Winter :

    La liberté religieuse dans le monde en 2023 : Pire que jamais

    11/05/2023

    Le rapport annuel 2023 de l'USCIRF fait état de graves régressions dans plusieurs pays et de quelques nouvelles entrées. En Chine et en Russie, les minorités continuent d'être persécutées.
    par Marco Respinti

    Les lecteurs de "Bitter Winter" connaissent bien la mauvaise nouvelle : en 2023, trop de pays refusent encore la liberté religieuse à leurs citoyens. Le pire, c'est que le scénario est généralement si mauvais car, si la situation reste inchangée dans de nombreux pays, d'autres enregistrent de sérieuses régressions, et il y a même de nouvelles entrées sans précédent. C'est ce qu'indique le rapport annuel 2023 de la Commission des États-Unis sur la liberté religieuse internationale (USCIRF), publié le 1er mai 2023 et couvrant l'année 2022, au moins pour l'Afghanistan, la Chine, Cuba, l'Iran, le Nicaragua et la Russie.

    L'USCIRF est une commission indépendante et bipartisane du gouvernement fédéral américain, créée par la loi de 1998 sur la liberté religieuse internationale (IRFA). Présidée par l'Américain d'origine ouïghoure Nury Turkel, auteur de l'important ouvrage "No Escape", ses commissaires sont nommés par le président et par les chefs de file du Congrès des deux partis politiques. Son principal objectif est de surveiller l'état de la liberté religieuse dans le monde. Par conséquent, l'USCIRF signale des situations que, selon son évaluation faisant autorité, le gouvernement américain devrait particulièrement prendre en considération. Il arrive même que l'USCIRF critique les décisions de son gouvernement. C'est pourquoi une note du rapport sur le Nigeria, un pays où la violence contre les chrétiens a atteint des sommets étonnants, est particulièrement révélatrice et alarmante. "Malgré la persistance des problèmes de liberté religieuse dans le pays, note le rapport, en novembre, le Département d'État américain n'a pas désigné le Nigéria comme un pays particulièrement préoccupant (CPC) pour avoir commis des violations particulièrement graves de la liberté religieuse.

    Le rapport de cette année désigne 17 pays comme des pays particulièrement préoccupants (CPC). Il s'agit de pays dont les gouvernements sont impliqués dans des violations majeures ou notables de la liberté de religion, de conviction et de croyance. La liste comprend les 12 pays que le département d'État a lui-même désignés comme CPC en novembre 2022, à savoir la Birmanie, la Chine, Cuba, l'Érythrée, l'Iran, le Nicaragua, la Corée du Nord, le Pakistan, la Russie, l'Arabie saoudite, le Tadjikistan et le Turkménistan, auxquels s'ajoutent cinq autres pays : Afghanistan, Inde, Nigeria, Syrie et Vietnam.

    Table des matières

    Cuba et Nicaragua
    Etats et privés
    Chine
    Russie
    Cuba et Nicaragua

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  • Quand le mariage gay est devenu un point de repère de l'identité flamande d'aujourd'hui

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    De Johan Bruynseraede sur doorbraak :

    Canon flamand : le mariage gay comme point de repère

    12/05/2023

    Le nouveau canon flamand ("60 événements, dates, personnes, traditions, livres, objets et œuvres d'art qui définissent la Flandre d'aujourd'hui") présente le mariage homosexuel comme une référence positive importante pour la Flandre : "En 2003, la Belgique était le deuxième pays au monde, après les Pays-Bas, où les personnes de même sexe pouvaient se marier. Pour le mouvement LGBT, il s'agissait d'une avancée importante. Il y a eu très peu d'opposition de la part des politiciens et de la presse".

    Cependant, cette présentation des faits ne mentionne pas du tout l'éléphant connu dans la pièce. Et les faits sont qu'elle a totalement changé la substance de l'institution du mariage.

    Le cardinal Francis George de Chicago l'a dit en 2013 : Une proposition visant à modifier la vérité concernant le mariage dans le droit civil est moins une menace pour la religion qu'un affront à la raison humaine et au bien commun d'une société. Cela signifie que nous devons tous faire semblant d'accepter quelque chose qui est physiquement impossible. Le législateur pourrait tout aussi bien abroger la loi de la gravité.

    En 2016, le pape François a écrit sur la joie de l'amour Amoris Laetitia. Personne ne peut penser que l'affaiblissement de la famille, en tant que forme naturelle de vie commune fondée sur le mariage, profite à la société. C'est le contraire qui se produit : cela nuit au développement des enfants, à la culture des valeurs communes et au développement moral des villes et des villages. Il n'y a plus de conscience claire que seule l'union exclusive et indissoluble entre mari et femme remplit pleinement une fonction sociale, car c'est un engagement durable qui permet la fécondité".

    Nous devons reconnaître la grande variété de situations familiales qui peuvent offrir une certaine protection, mais les unions de fait ou les partenariats entre personnes de même sexe, par exemple, ne peuvent simplement pas être comparés au mariage. Aucune union provisoire ou excluant la procréation ne peut assurer l'avenir de la société. Mais qui se préoccupe aujourd'hui de soutenir les familles, de les aider à surmonter les dangers qui les menacent, de les guider dans leur tâche éducative, de promouvoir la stabilité de l'union conjugale ?

    Qui se préoccupe aujourd'hui de (...) promouvoir la stabilité de l'union conjugale, demande le pape. Dans le texte ci-dessus du nouveau canon, nous lisons la réponse : "Du côté de la politique et de la presse, il n'y avait plus guère d'opposition". L'institution du "mariage" était déjà en jeu en Flandre bien avant 2003. L'ouverture aux couples de même sexe n'est donc plus perçue depuis longtemps comme une abrogation de la loi de la gravité. L'amour est l'amour et le mariage pour tous.

    Un canon flamand pourrait donc inclure le mariage homosexuel, mais pas nécessairement de la manière dont cela se fait aujourd'hui. Le professeur Herman De Dijn l'a également fait dans son livre Vloeibare waarden (valeurs fluides) : "À la fin de l'ère moderne, l'institution du mariage est également devenue fluide. Ce n'est plus un "sacrement" qui transforme notre être (en mari ou en femme) ; c'est devenu un instrument dans la construction du style de vie des individus".

    Mais le fait que le canon flamand favorise la construction de la vie (ingénierie sociale) ressort clairement du reste du texte : "(...) La nouvelle législation pénalise la discrimination sur la base de l'orientation sexuelle et, depuis 2013, également sur la base de l'identité de genre. Toutefois, malgré l'égalité juridique, les personnes LGBTQ+ continuent d'être confrontées à la discrimination et à l'homophobie". (Voir aussi le canon sur la pilule).

    Le pape écrit également à ce sujet dans De la joie de l'amour : "Un autre défi émerge dans les diverses formes d'idéologie du genre qui nie la différence et la réciprocité naturelle de l'homme et de la femme. Elle envisage une société sans différence entre les sexes et érode la base anthropologique de la famille. (...) Comprendre la fragilité humaine ou la complexité de la vie est une chose, mais accepter des idéologies qui cherchent à séparer ces deux aspects inséparables de la réalité en est une autre".

    Du canon flamand, je devrais donc conclure - sur ce point - que le Flamand a pleinement embrassé et accepté l'idée de l'ingénierie sociale de la vie et, ce faisant, s'est également détaché de l'Église catholique romaine et de toute idéologie conservatrice (que je retrouve aujourd'hui chez de grands défenseurs du mariage tels que le professeur Robert P. George, Ryan T. Anderson, Mary Eberstadt, Sherif Girgis, Patrick Lee, Elizabeth Anscombe, John Finnis, Melissa Moschella, Madeleine Kearns, Patrick J. Deneen, Ryszard Legutko). Il s'agirait en effet d'un fait qui, s'il existe, devrait être inclus dans un canon flamand, tout simplement. Mais est-ce le cas ?

  • Moyen Age : une société modelée tout autant par les hommes que par les femmes

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    De Paul Vaute sur "le Passé belge" :

    Pas si mâle, le Moyen Age…

    Mai 12

       Cela fait longtemps déjà qu'elle a pris du plomb dans l'aile, l'image toujours répandue du Moyen Age comme une longue nuit violente dominée par les hommes – rois, chevaliers, clercs. Régine Pernoud, dans La femme au temps des cathédrales (1980), voyait dans cette représentation une projection sur les siècles antérieurs de la condition féminine dégradée par le retour en force du droit romain aux temps modernes. A l'opposé cependant, Georges Duby défendit l'idée d'un Mâle Moyen Age (1988), avec pour principal argument que les sources ont presque toujours des hommes pour auteurs.

       Le professeur au Collège de France n'en invitait pas moins à poursuivre le travail qui, dans son cas, se limitait au XIIe siècle. Car à mesure qu'on avance dans le temps s'accroît la masse des documents où s'exprime directement le sexe qu'on ne peut plus appeler faible. Le milieu citadin, en particulier, s'avère des plus riches à cet égard, les activités y impliquant le recours à l'écrit davantage qu'en milieu rural. C'est sur ce Moyen Age tardif – en gros, la période 1350-1550 –, et essentiellement dans le cadre du duché de Brabant ainsi que de la seigneurie enclavée de Malines, qu'a porté l'enquête dirigée par Jelle Haemers, Andrea Bardyn et Chanelle Delameillieure, tous trois liés à la Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven) [1]. Et leurs conclusions corroborent très largement la thèse de Régine Pernoud: les textes les ont mis en présence d'une société "modelée tout autant par les hommes que par les femmes" (p. 215).

  • François et Giorgia Meloni : même combat contre la dénatalité

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    De Jean-marie Guénois sur le site du Figaro :

    À Rome, la natalité rapproche le pape et Giorgia Meloni

  • Des Sociaux-chrétiens aux Engagés, d'une vacuité à l'autre

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    Faut-il encore accorder crédit aux "Engagés", ainsi que se font appeler les successeurs des "Démocrates humanistes", eux-mêmes successeurs des "Sociaux-chrétiens" ? A chacun d'en juger. Pour Paul Vaute, la réponse est résolument négative. Et du côté flamand, le CD&V ne vaut guère mieux. Voici ses arguments, dans un article écrit pour Belgicatho.

     

       "Les Engagés, sur la lancée du CDH, s'écrasent à Bruxelles et déclinent encore en Wallonie". C'est sous ce titre, à tout le moins alarmant pour les intéressés, qu'un quotidien commentait, en février dernier, les résultats du dernier sondage sur les intentions de vote. Près d'un an après son lancement le 12 mars 2022, le mouvement successeur du Centre démocrate humaniste (CDH), lui-même né de la "refondation" du Parti social-chrétien (PSC) en 2002, passe dans la Région capitale sous le seuil des 5 % (2,9 %), ce qui le priverait de représentation parlementaire. En Région wallonne, il continue de s'inscrire dans la tendance baissière de son prédécesseur (9,3 %) [i].

       Les figures de proue du "mouvement" se consolent en faisant valoir que d'ici aux prochaines élections – en  mai 2024 (en principe…) –, il reste du temps pour que survienne le rebond tant espéré. Cela n'a pas empêché une série de mandataires locaux de déjà partir vers d'autres cieux: ainsi pour les députés bruxellois Véronique Lefrancq et Bertin Mampaka (rallié au Mouvement réformateur, MR) et pour l'entrepreneur Rachid Azaoum (passé aux libéraux également) qui avait été associé étroitement à l'accouchement du CDH. "J'ai besoin d'une identité et de marqueurs que je ne retrouve plus", a justifié Véronique Lefrancq [ii].

       En Flandre, du côté des héritiers supposés du Christelijke Volkspartij (CVP), on n'a pas davantage de quoi pavoiser. Tout dernièrement, ce n'est rien moins que Marc Van Peel qui a pris ses distances du parti dont il fut le président de 1996 à 1999. Oh! certes pas en vertu des grands principes. Celui qui fut aussi échevin du port d'Anvers reproche à la ligne actuelle imprimée par Sammy Mahdi d'être "anti-urbaine et anti-industrielle", concrètement de défendre à tous crins les agriculteurs dans le débat sur la réduction de la production d'azote mais de critiquer dans le même temps les moyens financiers jugés trop dispendieux octroyés à la Métropole [iii]. Le plus préoccupant a surgi au printemps 2022 avec la "stemming" du Standaard et de la radio-télévision publique flamande (VRT) ramenant les Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V) au rang de plus petit des partis de Flandre dotés d'élus dans les assemblées régionales et fédérales (8,7 %) [iv]. Qui aurait imaginé que la roche Tarpéienne fût aussi proche du Capitole pour le parti qui était encore, il n'y a pas si longtemps, le pourvoyeur du pays en Premiers ministres ?

     

    [i] La Libre Belgique, 17 févr. 2023.

    [ii] Citée in ibid., 22-23 avril 2023.

    [iii] Gazet van Antwerpen, 3 avril 2023.

    [iv] De Standaard, 6 mai 2022. – Un peu plus (9,6 %) au sondage LLB-RTBF du début 2023 (n. 1), mais toujours en queue du classement.

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  • Un roi qui se veut moderne mais une royauté qui reste en dehors du temps

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    De Stefano Chiappalone sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le roi se veut moderne, mais la royauté est intemporelle

    08-05-2023

    Malgré les concessions à la mode lors de la cérémonie de samedi dernier, l'onction et la remise des symboles royaux remontent bien avant le politiquement correct d'aujourd'hui et même avant la Réforme protestante. Ils nous rappellent qu'au-dessus des dirigeants, il y a un roi plus grand qu'eux.

    Dans le couronnement du roi Charles III, qui a eu lieu samedi dernier à Westminster, bien que caractérisé par d'abondantes doses d'"inclusivité" et de mots à la mode (en partie à cause des idées du souverain et en partie à cause des tendances plus générales de l'anglicanisme), quelque chose va décidément à contre-courant, et ce n'est pas un aspect secondaire.

    Nous ne faisons pas référence à la "première fois historique" des deux cardinaux catholiques présents, Nichols et Parolin : un fait qui n'est de toute façon pas négligeable dans un royaume qui, jusqu'à avant-hier, qualifiait avec mépris les soi-disant "papistes" et qui, au cours des deux premiers siècles de la Réforme, les envoyait directement à la potence. Dans ce pot-pourri multireligieux, la présence de deux représentants de l'Église de Rome allait pratiquement de soi et était peut-être même moins encombrante que celle du "prince rebelle" Harry (relégué au troisième rang avec des parents sans titre royal ou déclassés comme le prince Andrew).

    Ce qui nous sort des contingences et des divergences, c'est plutôt quelque chose qui rattache l'événement de samedi dernier à un passé lointain, si lointain qu'il confine à l'éternel : ce sont les gestes du couronnement au sens strict, ce "rite dans le rite" dense en références symboliques, dont la substance remonte bien avant la Réforme protestante et dont, dans la maison catholique, il restait encore une trace dans le Pontifical romain. Ni plus ni moins que l'abbaye de Westminster, née d'un ex-voto au milieu du XIe siècle pour remplacer le pèlerinage à Rome, sur les tombes des apôtres, que le roi saint Édouard le Confesseur n'avait pu effectuer. Reconstruit dans le style gothique au XIIIe siècle, alors qu'Henry VIII n'était pas encore arrivé, le splendide bâtiment se retrouve "sans reproche" comme un site "emblématique" de la monarchie anglicane et anglicane. Admirer son architecture n'est pas seulement un fait extérieur, car tout bâtiment est affecté par le climat spirituel dans lequel il a été érigé, de sorte que nous pourrions facilement le sentir "nôtre".

    De même, ce micro-rituel marqué par l'onction et la remise des insignes royaux (accompagnés des formules correspondantes) renvoie à une conception de la royauté et plus généralement de l'exercice du pouvoir que résume le célèbre verset du Livre des Proverbes : "Per me reges regnant" (8,15). C'est la Sagesse, c'est-à-dire Dieu lui-même, qui parle et qui avertit : "Par moi les rois règnent". C'est surtout un avertissement pour ceux qui reçoivent le joug du pouvoir et qui devront ensuite rendre compte à Dieu de la manière dont ils l'ont administré. Typique de l'époque médiévale où tout souverain savait qu'il ne disposait pas d'un pouvoir absolu mais qu'il était contraint à la base et au sommet : à la base par la myriade d'entités intra-étatiques et de corps intermédiaires ; au sommet par les lois divines. Le symbole de cette contrainte "d'en bas" est la reconnaissance : Charles III, comme ses prédécesseurs, a été présenté au peuple et reconnu par lui comme légitime quatre fois dans le sens des quatre points cardinaux. Le souverain absolu, c'est-à-dire libéré de tout lien, est en quelque sorte une invention de l'époque moderne, car le lien avec Dieu se relâche et les pouvoirs de l'État sont centralisés et étendus.

    L'onction des rois est un héritage de l'Ancien Testament, transmis de Saül et David - oints par le prophète Samuel - et de Salomon aux rois chrétiens. Le symbole du royaume franc était la "sainte Ampoule" avec laquelle le roi Clovis a été oint. Conservée pendant des siècles à Reims, elle a été détruite pendant la Révolution française. En bref, elle invoque sur le roi la force et la grâce de l'État pour gouverner. Zadok le prêtre et Nathan le prophète ont oint le roi Salomon", a entonné le chœur, tandis que des panneaux filtraient le moment (le seul moment secret de la cérémonie) où Charles III a été oint sur les mains, la poitrine et la tête et ainsi "oint roi sur les peuples que le Seigneur ton Dieu t'a confiés pour que tu les gouvernes". Le souverain est alors revêtu du colobium sindonis et de la supertunique d'or, un vêtement quasi liturgique (entre les réminiscences byzantines et la dalmatique des diacres) qui lui rappelle qu'il est au service de Dieu.

    L'épée et les éperons, en revanche, rappellent l'investiture chevaleresque. Référence d'ailleurs explicitée par une modification de la formule prévue ("Recevez ces éperons, symbole d'honneur et de courage. Défendez courageusement ceux qui sont dans le besoin"), où le primat anglican a prononcé "chevalerie" au lieu de "courage". Traditionnellement, la chevalerie était comprise comme un service rendu aux plus faibles, à ceux qui ne pouvaient pas se défendre eux-mêmes. "Viduas, pupillos, pauperes, ac debiles ab omni oppressione defende" ("Défendez les veuves, les orphelins, les pauvres et les faibles contre toute oppression"), récitait le pontifical catholique en remettant l'épée au nouveau roi. Le symbolisme paulinien de "l'épée de l'Esprit" (Eph 6,17) y est associé. Une double signification, rappelée lors de la remise de l'épée à Charles III.

    Ne vous fiez pas à votre propre pouvoir, mais à la miséricorde de Dieu qui vous a choisis", telle est l'exhortation qui accompagne la remise du gant (une invitation à exercer l'autorité avec gentillesse et grâce, à traiter son peuple "avec des gants de toilette", comme on dit). Le roi vient de recevoir le globe surmonté de la croix, qui lui rappelle que "les royaumes de ce monde", y compris le sien, "sont devenus les royaumes de notre Seigneur". Et l'anneau, en plus de la "dignité royale", est un signe "de l'alliance entre Dieu et le roi et entre le roi et le peuple". Il est temps de compléter le tout avec le sceptre et la couronne, tous deux également surmontés de la croix (un second sceptre, particularité anglaise, est surmonté d'une colombe pour symboliser "l'équité et la miséricorde", alors que le premier est le symbole du "pouvoir royal et de la justice"). Tout est accompli et le roi du troisième millénaire, oint, couronné et harnaché comme un monarque médiéval, peut s'asseoir sur le trône et assister à la brève onction et au couronnement de la reine Camilla.

    Sous le poids de la couronne et de l'encombrement royal, le couple au centre des rumeurs des années 1990 disparaît - doit disparaître - pour faire place à quelque chose de plus grand : la royauté, en fait, quelle que soit la personne qui l'incarne dans ce pays et à ce moment historique précis. Et net des concessions (déjà évoquées) à l'air du temps ou au courant dominant, et même de quelques moments plus "à la mode", comme l'inévitable chorale de gospel. La substance et le symbolisme de ce que nous avons défini comme un "rite dans le rite" ne sont pas l'œuvre du sac anglican ni de la Maison de Windsor, mais quelque chose que les Windsor eux-mêmes ont reçu des siècles, et des siècles des siècles. Quelque chose - répétons-le - qui est "nôtre", l'héritage de la vieille Europe qui était en effet surmontée par la croix ; qui, même le jour de son triomphe, recommandait aux rois et aux dirigeants de rendre des comptes à un roi plus grand qu'eux.

  • "Bannir une expression religieuse ou laïque de l’espace public constitue un déni de démocratie" (Eric de Beukelaer)

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    Une chronique d’Eric de Beukelaer, prêtre (1), en "contribution externe", sur le site de La Libre :

    Oui à la laïcité. Non au laïcisme.

    Le laïcisme est la tentation de se créer une nouvelle religion d’État... laïque, où le libre-examen a valeur de dogme absolu. Je m'inscris totalement en faux par rapport à cela.

    Diverses voix veulent inscrire la laïcité dans notre Constitution. Je me suis toujours méfié de cela, y voyant un piège laïciste. L’actualité récente me conforte dans cette attitude. De zélés avocats du libre-examen ont récemment désapprouvé que les évêques interviennent dans un débat aussi éthiquement chargé, que l’allongement de la dépénalisation de l’avortement. Quand je m’en suis indigné, un professeur de droit constitutionnel a même invoqué la possibilité de poursuites aux termes de l’article 268 du code de droit pénal. Le laïcisme est une vision doctrinaire de la laïcité, considérant que l’absence de religion est l’unique chemin pour construire le bien commun. Il condamne, ce faisant, tous représentants d’un culte à une forme de “dhimmitude”. Étant étrangères à la construction du bien commun, les religions ne seront tolérées, que si elles ne polluent pas l’espace publique et restent confinées aux sacristies. Bref, le laïcisme est la tentation de se créer une nouvelle religion d’État… laïque, où le libre-examen a valeur de dogme absolu.

    A contrario, et avec la tradition catholique, je défends la laïcité politique, soit une saine différenciation entre politique et convictions religieuses. C’est la raison critique qui fait battre le cœur de la démocratie. “L’homme est un animal politique”, enseignait Aristote, “parce qu’il est un animal qui raisonne”. (Politiques, I 2). Le seul langage capable de fonder une démocratie, est le langage de la raison. Sa grammaire logique et sa visée critique font en sorte que la raison offre à des personnes de convictions différentes d’écouter l’autre sans a priori, afin d’arriver à prendre avec lui une décision commune au bien de la Cité. C’est la raison qui donne, non pas de voir en l’autre d’abord le “juif”, le “chrétien”, le “musulman”, ou le “libre-exaministe”, mais bien le citoyen qui défend son point de vue avec des arguments accessibles à toute personne normalement intelligente, quelle que soit sa conviction religieuse ou philosophique. C’est également la raison qui donne de distinguer le domaine de la science et celui de la foi. Les religions et autres convictions philosophiques n’ont pas compétence pour trancher des questions scientifiques (le “comment cela fonctionne”), comme, par exemple, la théorie de l’évolution. Leur registre de discours concerne le sens des choses (le “pourquoi il en est ainsi”).

    La laïcité politique est un rempart contre la tentation de prendre l’État de droit en otage. Cela vaut pour les religions (danger théocratique), comme pour le libre-examen (tentation laïciste). Bannir une expression religieuse ou laïque de l’espace public, constitue un déni de démocratie – le glissement vers une forme de démocrature soft. De plus, il s’agit d’une impasse sociétale. Quand elles ne sont plus irriguées par la spiritualité que charrient les religions ou convictions non religieuses, les sociétés implosent par perte de sens. Un athée me confia récemment qu’il se sentait radicalement seul face aux décisions existentielles. Je lui ai répondu que l’humanisme chrétien voyait en chacun une “personne” (un être de relation), plutôt qu’un individu (un atome séparé des autres). Avec d’autres, le christianisme apporte à la société une vision de l’homme, qui dépasse l’opposition abstraite entre individu et collectivité. L’humain concret est relationnel, d’où l’insistance du personnalisme chrétien sur la société civile. Les religions et chapelles libre-exaministes en font partie. Ne les excluons donc pas de l’espace public et de ses débats, au risque de faire le lit des dérives autocratiques. Suite aux récentes polémiques, un intellectuel en marge de la démocratie, m’écrivit : “voilà la preuve que le débat démocratique est une farce. Tout n’est que conflit et il s’agit de le gagner”. Amis laïques, ne lui donnons pas raison.

    (1) http://www.ericdebeukelaer.be/

  • Un examen papal public de conscience ?

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    Lu sur le site web du National Catholic Register :

    "Le pape François a choisi de laisser passer son 10e anniversaire sans grande cérémonie et peu de commentaires publics. Pourtant, par la suite, il a semblé réfléchir à sa décennie au Siège de Pierre et déplorer que son pontificat soit marqué par des divisions croissantes dans la vie de l'Église. Cela a été plus évident lors de sa récente visite apostolique en Hongrie. Il a également formé ce qui pourrait être considéré comme un examen de conscience papale pendant la Semaine Sainte.

    Quelque chose comme un examen de conscience public peut faire partie des anniversaires papaux importants. A l'occasion de son 20e anniversaire en 1998, saint Jean-Paul II a prêché :

    « Après 20 ans de service dans la Chaire de Pierre, je ne peux manquer de me poser quelques questions aujourd'hui... Êtes-vous un enseignant de la foi diligent et vigilant dans l'Église ? Avez-vous cherché à rapprocher la grande œuvre du Concile Vatican II des hommes d'aujourd'hui ? Avez-vous essayé de satisfaire les attentes des croyants au sein de l'Église, et cette soif de vérité qui se fait sentir dans le monde extérieur à l'Église ? … C'est mon devoir, de faire tout ce que je peux pour que, lorsque le Fils de l'homme viendra, il trouve la foi sur la terre.

    En 1978, quelques semaines à peine avant sa mort, saint Paul VI a marqué le 15e anniversaire de son élection avec une insistance passionnée sur le fait qu'il était resté fidèle au dépôt de la foi à une époque de grande agitation :

    « C'est la foi de l'Église, la foi apostolique. L'enseignement est conservé intact dans l'Église par la présence en elle de l'Esprit Saint et par la mission spéciale confiée à Pierre, pour qui le Christ a prié. … Tel est le dessein infatigable, vigilant et dévorant qui nous a portés en avant durant ces 15 années de notre pontificat. « J'ai gardé la foi ! pouvons-nous dire aujourd'hui, avec la conscience humble mais ferme de n'avoir jamais trahi "la sainte vérité".

    La mort prématurée du bienheureux Jean-Paul Ier et l'abdication du pape Benoît XVI signifiaient qu'aucun des deux n'avait d'anniversaires significatifs en tant que pape.

    Sans faire explicitement référence à son 10e anniversaire, le pape François a utilisé son homélie de la messe chrismale du jeudi saint pour parler des divisions dans l'Église. Et il s'est inclus parmi ceux qui doivent se demander s'ils sont responsables de les fomenter.

    "Nous péchons contre l'Esprit qui est communion chaque fois que nous devenons, même involontairement, des instruments de division", a déclaré le Saint-Père, s'incluant lui-même comme une cause potentielle de division. « Demandons-nous : dans mes paroles, dans mes propos, dans ce que je dis et écris, y a-t-il le sceau de l'Esprit ou celui du monde ?

    Ironiquement, il a donné un exemple de cela dans cette même homélie, ses propres mots causant des blessures et des frictions. Il a déclaré que "nous, les prêtres, sommes impolis", du moins "le plus souvent". Plus de quelques prêtres contesteraient cela, sans parler d'un grand nombre de paroissiens dont l'expérience est tout à fait différente.

    Néanmoins, la rhétorique papale est de moindre importance par rapport aux divisions sérieuses qui sont apparues ces dernières années - des divisions sur la doctrine, la liturgie et la gouvernance, qui compromettent toutes la communion.

    Dans une adresse au clergé et aux religieux de Hongrie, le pape François a fait cette évaluation brutale de l'esprit de division ecclésiale qu'il avait observé ces dernières années :

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  • Bien connue, une jeune philosophe néerlandaise convertie retrace son chemin vers l'Église catholique

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

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