Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Politique - Page 347

  • L'avortement est sorti du code pénal

    IMPRIMER

    LES DÉPUTÉS BELGES SORTENT L'AVORTEMENT DU CODE PÉNAL

     de genethique.org

    En Belgique, après des mois de débat tant au Parlement que dans la société civile, la loi Lallemand-Michielsens de 1990 sur l’IVG a fait l’objet d’une révision qui a été adoptée hier à 84 voix pour, 39 contre et cinq abstentions.

    Le texte sort l'IVG du Code pénal, mais maintient les sanctions pénales pour les femmes et les médecins si cette IVG est pratiquée hors des conditions prévues par la loi. Il conserve « le délai actuel de 12 semaines de grossesse au-delà duquel l'avortement est interdit » et « des aménagements sont prévus pour le délai de réflexion de 6 jours ».

    La notion de détresse a été cependant abandonnée, le fait d'entraver l'accès à un établissement pratiquant l'IVG sera désormais, enfin, un médecin opposé à l'avortement sera obligé « de recommander à la femme qui souhaite avorter un confrère susceptible de satisfaire sa demande ».

    Pour Sylvie Lausberg, la présidente du conseil des femmes, « ils ont fait pire que bien ».Elle considère qu’ « en conservant des sanctions pénales et le délai actuel, la majorité se contente de reproduire les conditions de la loi de 1990, près de trente ans après son adoption ».

    En Belgique, 20 000 avortements sont pratiqués chaque année.

    Sources: Afp (04/10/2018) - La Libre (04/10/2014) - RTL (05/10/2018)

    Ainsi, au moment où, dans notre pays, on adopte des lois pour protéger les chiens et les chats, le petit d'homme à naître est de moins en moins protégé et son élimination ne relève même plus du code pénal. Plus que jamais s'accuse la ligne de partage entre ceux qui tiennent pour rien la vie éclose dans le sein maternel et ceux qui y voient la merveille de grand prix qu'il faut préserver. Il faut bien constater que dans les rangs de la classe politique, rares sont ceux qui se montrent encore soucieux du respect de la vie.

  • Nigeria : les responsables chrétiens sonnent l'alarme à propos des violences qui frappent les femmes, les enfants et les personnes âgées

    IMPRIMER

    De l'agence Fides :

    AFRIQUE/NIGERIA - Alarme des responsables chrétiens à l’égard de la violence frappant en majorité femmes, enfants et personnes âgées

    jeudi, 4 octobre 2018

    Jos (Agence Fides) – Quelques 6.000 personnes, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées, provenant de familles d’agriculteurs chrétiens ont été brutalement mutilées et tuées dans le cadre d’incursions nocturnes perpétrées par des éleveurs armés d’ethnie Foulani à compter de janvier de cette année (voir Fides 19/09/2018) : tel est le cri d’alarme lancé par les responsables chrétiens au Nigeria. « Ce qui arrive actuellement dans l’Etat du Plateau et dans d’autres Etats nigérians doit être bloqué immédiatement » affirme l’avertissement lancé par l’Association chrétienne du Nigeria dans l’Etat du Plateau. Dans une note parvenue à Fides, les responsables exhortent le gouvernement nigérian « à bloquer cet épanchement de sang insensé et cruel et à éviter l’état de complète anarchie dans lequel les personnes sont contraintes à se défendre par elles-mêmes ».

    « Nous sommes particulièrement préoccupés suite à la diffusion de l’insécurité dans le pays, alimentée quotidiennement au sein de nos communautés par des agressions et des homicides perpétrés par des éleveurs, des bandits et des terroristes armés malgré les investissements importants réalisés au sein des agences pour la sécurité » affirme l’appel. Il se réfère en cela aux violentes attaques enregistrées dans le cadre des incursions accomplies par des éleveurs d’ethnie Foulani contre des agriculteurs du cru dans les environs de la ville de Jos à la fin du mois de juin, sachant que la majorité de ces agriculteurs étaient chrétiens.

    Bien que nombre soient ceux qui qualifient les homicides de conflit pour les propriétés foncières entre différents groupes et « d’affrontements entre éleveurs et agriculteurs », les responsables relèvent également l’augmentation de la valeur du facteur religieux, dans la mesure où « les communautés de chrétiens sont continuellement attaquées ».

    Selon l’ONG Intersociety, 2.000 agriculteurs chrétiens auraient été tués en 2018 au Nigeria tant par des éleveurs Foulanis que par les radicaux islamistes de Boko Haram. (AP) (Agence Fides 04/10/2018)

  • Ces prêtres internés et morts à Dachau entre 1938 et 1945

    IMPRIMER

    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Un livre à la gloire des prêtres déportés

    Un livre à la gloire des prêtres déportés

    Journaliste de grand talent, Guillaume Zeller est aussi un historien passionnant. Ce livre paru une première fois en 2015, puis en version de poche en octobre 2017, s’attache à une page peu connue de la déportation. Entre 1938 et 1945, 2 720 prêtres, religieux et séminaristes ont été déportés à Dachau. Au total, 1 034 d’entre eux y ont laissé leur vie.

    Pourquoi y revenir aujourd’hui ? Tout simplement, parce que nous sommes lassés que l’on ne parle plus des prêtres que sous l’aspect des scandales sexuels, englobant d’un même mouvement ceux qui hier comme aujourd’hui ont été fidèles à leur sacerdoce. Les prêtres qu’évoque Guillaume Zeller, justement, ont payé d’un prix fort, du prix extrême, leur amour du Christ et leur fidélité à Jésus prêtre.

    D’où venaient ces prêtres? De tous les territoires occupés par les nazis ! Parmi eux, deux évêques, Mgr Piquet et Mgr Kozal. Regroupés dans des « bloks » spécifiques, ces prêtres vivront une descente en enfer tout en maintenant allumée l’étincelle d’une vie spirituelle et religieuse, dans un univers où tout espoir, même humain, semble banni.

    Comme les autres déportés, ils sont confrontés aux coups, au travail permanent, à la faim et aux maladies. Certains sombrent par faiblesse. La grande majorité tient le coup. Fait incroyable, une chapelle leur est allouée alors que de son côté l’archevêque de Munich a érigé le camp en doyenné.

    Sans jamais tomber dans le voyeurisme rétrospectif, Guillaume Zeller raconte la survie de ces déportés, les moments d’horreur comme ceux où la joie parvient malgré tout à vaincre la haine au sein même de son empire. Il ne décrit pas l’existence de matricules, mais celle d’hommes de chair et d’os chez lesquels les droits de l’âme n’ont jamais abdiqué.

    Il va plus loin, pourtant. Il décrypte l’opposition fondamentale du nazisme envers le christianisme, s’interroge sur la sainteté dont il indique qu’elle n’est pas le seul apanage des grandes figures que furent Maximilien Kolbe ou Édith Stein. Il montre aussi les changements que cette expérience de déportation produira au sein du catholicisme : œcuménisme ou affirmation de la dignité de la personne, par exemple. Un passage du livre qui aurait mérité d’être mis en perspective avec les autres facteurs historiques qui ont joué dans les domaines abordés. Sa conclusion sur la déposition de Mgr Majdanski au procès d’un ancien SS est une belle ouverture sur le « mystère du pardon ». La vraie défaite du nazisme !

    La baraque des prêtres, Guillaume Zeller, Tallandier, 314 p., 9,50 €

     

  • Du berceau à la tombe : les chrétiens persécutés à chaque étape de leur vie

    IMPRIMER

    Du site de Portes Ouvertes :

    Persécutés à chaque étape de leur vie : du berceau à la tombe

    Éclairage sur les différentes manières dont la persécution quotidienne est expérimentée tout au long de la vie des chrétiens persécutés. Du berceau à la tombe et même après…

    215 millions de chrétiens restent aujourd’hui encore fortement persécutés dans le monde. Cette persécution ne s’exprime pas toujours sous une forme sanglante : la violence peut s’opérer de manière plus subtile, plus prégnante, à chaque étape de la vie.

    TÉLÉCHARGER LE PDF

    Naissance et enfance : quand les chrétiens ne naissent ni ne grandissent libres et égaux en droit

    Quand votre religion est inscrite sur vos papiers d’identité dès la naissance

    Dans beaucoup de pays de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens, l’affiliation religieuse est inscrite sur les papiers d’identité dès la naissance - et restera presque impossible à changer tout au long de sa vie. C’est le cas en Égypte. La mention d’une religion minoritaire sur les documents officiels amène souvent des complications voire une forme de persécution administrative. Certains pays vont jusqu’à remettre en cause la citoyenneté des chrétiens : aux Maldives, tout citoyen est officiellement musulman, s’il se convertit à une autre religion, il perd sa citoyenneté et devient apatride. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme déclare que «tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits» et que chaque individu a le droit «de changer de religion ou de conviction». Ces droits restent un rêve encore éloigné pour de nombreux chrétiens.

    Quand l’école est un lieu de discrimination avant d’être un lieu d’apprentissage

    L’école, dans beaucoup de pays, n’est pas seulement le lieu de l’apprentissage des savoirs, mais aussi celui de l’apprentissage de la persécution. Loin d’être un environnement laïc, l’école n’assure hélas pas partout la garantie des droits à la liberté religieuse des élèves. Dans certains pays, les programmes scolaires obligatoires n’enseignent qu’une religion.

    Exemple au Myanmar : les écoles publiques Na Ta La[1] enseignent le bouddhisme aux élèves, parfois forcés à participer aux prières et cérémonies. Souvent les enfants chrétiens font l’objet de moqueries de leurs camarades et de discriminations de la part des enseignants.

    Exemple en Égypte : une chrétienne copte égyptienne se souvient : «Les parents disent aux autres enfants que nous sommes impurs. Nous sommes condamnés à rester au fond de la classe. Les maîtres d’école ne daignent même pas nous interroger». Un enfant copte, tourmenté par le rejet dont il était l’objet, a même essayé de s’enlever son tatouage de croix (traditionnellement les coptes ont une petite croix tatouée sur le poignet) avec un couteau.

    À l’adolescence, l’impossible ascension sociale et l’angoisse du kidnapping

    La discrimination se poursuit bien souvent à l’université, bloquant l’accès des chrétiens aux hautes fonctions publiques, à moins qu’ils ne cachent leur foi (ce que rapportent des chrétiens de Turquie ou du Kazakhstan). Cette pratique s’inscrit dans une logique de paupérisation des minorités religieuses, en obligeant notamment les étudiants à redoubler pour payer plusieurs fois les frais d’inscription. C’est le cas d’une jeune étudiante au Bhoutan, forcée à redoubler malgré ses bonnes performances scolaires, car elle était ouvertement chrétienne.

    Lire la suite

  • Et pourquoi pas autoriser l'avortement après la naissance ?

    IMPRIMER

    « SI L'AVORTEMENT EST AUTORISÉ, L'INFANTICIDE DOIT L'ÊTRE » : DES CHERCHEURS AUSTRALIENS RÉCLAMENT L’AVORTEMENT POST-NATAL

     de genethique.org

    Des chercheurs australiens soutiennent que l’avortement devrait être autorisé même après la naissance, « dans les cas où un bébé est né avec une déficience inconnue auparavant ou dans le cas où une mère refuse de s’occuper de lui ». L'équipe de Monash et de l'Université de Melbourne prône l’avortement post-natal pour les bébés handicapés comme pour les bébés en bonne santé : cela inclut « les cas où le nouveau-né a le potentiel de mener une vie (au moins) acceptable, alors que le bien-être de la famille est menacé ».

    « Un grave problème philosophique se pose lorsque les mêmes conditions qui auraient justifié l'avortement sont connues après la naissance. Dans de tels cas, nous devons évaluer les faits afin de décider si les mêmes arguments qui s'appliquent à la mise à mort d'un fœtus humain peuvent également s'appliquer de manière cohérente à la mise à mort d'un humain nouveau-né », rapporte le Daily Telegraph.

    L’article des chercheurs, intitulé Avortement après la naissance : pourquoi le bébé devrait-il vivre ?, a été publié dans le Journal of Medical Ethics. Il a été très fortement critiqué, malgré le soutien du rédacteur en chef de la revue, Julian Savulescu. « Les auteurs affirment de manière provocante qu'il n'y a pas de différence morale entre un fœtus et un nouveau-né. Leurs capacités sont similaires. Si l'avortement est autorisé, l'infanticide doit l'être », a-t-il expliqué dans sa réponse publique.

    Sources: Sarts at 60 (02/10/2018)

  • Non, Monseigneur, tuer un bébé n’est jamais « compréhensible » !

    IMPRIMER

    Du site de la Fondation Pro Europa Christiana

    Lettre ouverte à Mgr Hapigny, évêque de Tournai :
    Non, Monseigneur, tuer un bébé n’est jamais « compréhensible » !

    Monseigneur,

    Le 13 septembre dernier, le journal « Le Soir » a publié un entretien que vous avez bien voulu lui accorder. Interrogé sur une série de sujets brûlants vous déclarez notamment « comprendre le recours à l’IVG dans certains cas. » Comme beaucoup de catholiques, j’ai d’abord espéré que vos propos aient été tronqués par un journaliste mal intentionné. Malheureusement, aucun démenti public de votre part n’est venu, à ma connaissance, confirmer cet espoir. C’est donc avec stupeur que je dois me résigner à admettre que vous, successeur des apôtres, avez, dans certains cas, de la compréhension pour un « crime abominable » (Gaudium et Spes, n. 51) !

    J’imagine que jamais vous n’auriez osé dire la même chose à propos d’un abus sur mineur… Pourtant, tuer un innocent n’est-il pas le pire des abus ? Et mettre à mort son bébé, la chose la plus incompréhensible qui soit pour une mère ?

    Vous affirmez que l’avortement n’est pas un acte banal, ce qui, hélas, est de moins en moins vrai, mais que, pour autant, « vous ne condamnez pas » celles qui y ont recours. Encore une fois, votre prise de position est en contradiction flagrante avec celle de l’Eglise. Les femmes qui se font avorter, faut-il vous le rappeler, sont en effet condamnées latae sententiae à l’excommunication, c’est-à-dire à la peine la plus grave prévue par le droit canon, de même que tout ceux qui participent volontairement, d’une façon ou d’une autre, à un tel acte.

    « En Belgique, le discours de l’Eglise sur l’IVG, tout le monde s’en fout un peu », affirmez-vous, non sans une certaine légèreté, surprenante pour un problème aussi grave. Cette fois, sans doute avez-vous raison. Mais, si vous le déplorez, ce dont il est difficile d’être certain en vous lisant, alors peut-être accepterez-vous de vous demander « pourquoi ? » Ces paroles de Jésus dans l’Evangile vous apporteront, j’ose l’espérer, un début de réponse : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » 

    Puisse la lecture de ces paroles évangéliques, vous rappeler, Monseigneur, que la vocation de l’Eglise est d’éclairer les ténèbres, et non d’être le satellite d’un monde en pleine décomposition… 

    Antony Burckhardt
    Cofondateur et ancien porte-parole de la Marche pour la Vie de Bruxelles. 

    publié avant ici: https://www.ultramontain.be/ 

  • Comment dit-on dhimmitude en chinois ?

    IMPRIMER

     Un article du vaticaniste Sandro Magister paru sur « Settimo Cielo » et  traduit par notre confrère « diakonos.be »

    dhimmitude Cina4-300x193.jpg« Au geste du pape François qui, le jour même de la signature de l’accord avec la Chine, levait l’excommunication pesant sur les sept évêques installés d’autorité ces dernières années par le parti communiste sans l’accord du Saint-Siège, les autorités chinoises ont répondu en désignant les deux évêques qui se rendront à Rome pour participer au Synode des Jeunes :

    > Vescovi cinesi potranno prender parte al prossimo sinodo

    C’est une première et il semble que cette décision soit un avant-goût de ce qui nous attend en matière de futures nominations épiscopales, sur base de l’accord stipulé entre les deux parties. Un accord dont le contenu n’a pas été divulgué mais qui n’est visiblement pas équitable.

    Alors que par le passé, d’abord en 1998 et ensuite en 2005, les évêques chinois invités respectivement par Jean-Paul II et par Benoît XVI aux synodes de ces dernières années n’ont jamais obtenu l’autorisation de se rendre à Rome, c’est aujourd’hui le contraire qui se passe. Ce sont les autorités de Pékin qui désignent les évêques à envoyer au synode et Rome n’a pas soulevé la moindre objection.  C’est le haut fonctionnaire chinois Wang Zuo’an, directeur de l’administration d’état pour les affaires religieuses, qui a rendu leur désignation publique.

    Les deux élus sont Jean-Baptiste Yang Xiaoting, évêque de Yan’an-Yulin et Joseph Guo Jincai, évêque de Gengde. Tous deux sont depuis longtemps des exécuteurs dociles de la volonté des autorités chinoises et le second – qui fait partie des sept qui ont été absous de leur excommunication – est également le secrétaire général de la pseudo-conférence épiscopale des évêques chinois dont continuent à ne pouvoir faire partie les évêques soi-disant « clandestins », c’est-à-dire en communion avec Rome mais non reconnus par le régime.

    Aujourd’hui, les évêques « clandestins » sont au nombre de 17, dont 7 ont largement dépassé les 75 ans. Deux d’entre eux sont flanqués, dans leurs diocèses respectifs, de deux évêques nommés par le gouvernement et amnistiés ces derniers jours par le Pape.  Dans le diocèse de Shantou, l’évêque « clandestin » a 87 ans et pourra être facilement remplacé.  Mais dans celui de Xiapu-Mindong, l’évêque « clandestin » Vincent Guo Xijin, 56 ans, devra céder sa place à son concurrent Vincent Zuahn Silu, pour obéir au « sacrifice » qui lui a été demandé par le Vatican depuis l’hiver dernier.  Cela montre encore une fois combien le régime chinois se trouve avantagé en matière de contreparties.

    Settimo Cielo a fourni en février dernier un organigramme détaillé de tous les évêques actuellement présents en Chine – dont l’annuaire pontifical ne cite pas les noms, sauf pour Hong-Kong et Macao – sur base du livre très bien informé du vaticaniste Gianni Cardinale sorti au début de cette année à la Librairie éditrice du Vatican :

    > Evêques chinois illégitimes, officiels, clandestins… ceux que François récompense et les autres

    Il faut cependant ajouter que pour le diocèse de Ningbo, où le dernier évêque reconnu, nommé Hu Xiande, « clandestin », est décédé le 25 septembre 2017, le Saint-Siège s’est bornée à communiquer que « le successeur a pris possession du diocèse » signe qu’il doit y avoir là aussi un nouvel évêque non reconnu par le gouvernement chinois mais dont l’identité n’a cependant pas été révélée.

    Une dernière remarque sur l’étrange affaire ce huitième évêque dont le Pape François a levé l’excommunication le 22 septembre dernier, non pas de son vivant mais après sa mort.

    Dans l’acte papal de révocation de l’excommunication, il est en effet écrit que cet évêque, Antoine Tu Shihua, un franciscain, décédé le 4 janvier 2017, « avait exprimé avant de mourir le désir d’être réconcilié avec le siège apostolique ».

    « L’Osservatore Romano » n’a pas publié la nécrologie de cet évêque, ni celle des autres évêques illégitimes décédés sans s’être réconciliés avec l’Église ni publiquement ni dans leur for interne.

    Il y a donc deux explications possibles à cette absolution « post mortem » récemment accordée par le Pape François.

    Ou bien le Saint-Siège n’a appris son désir de réconciliation que longtemps après sa mort. Ou bien le gouvernement chinois a exigé de Rome sa réhabilitation à titre posthume.  Et qu’il l’a obtenue.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref. Dans la partie avec le Vatican, c’est la Chine qui commande

    JPSC

  • Un spécialiste du christianisme chinois décrypte l'accord Chine-Vatican

    IMPRIMER

    Du site "Eglises d'Asie" (Agence d'Information des Missions étrangères de Paris) :

    L’accord Chine-Vatican du 22 septembre : un ballon d’essai au gré du vent

    27/09/2018

    En janvier, EDA publiait un dossier sur les échanges Chine-Vatican, intitulé « La longue marche de l’Église vers une entente Chine-Vatican ». Le but est-il enfin atteint ? Un accord provisoire a été signé à Pékin le samedi 22 septembre entre Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire pour les relations du Saint-Siège avec les États et Son excellence M. Wang Chao, ministre député aux Affaires étrangères de la République populaire de Chine, tous deux à la tête de leurs délégations respectives. Voici l'analyse du père Jean Charbonnier, prêtre des Missions Étrangères de Paris (MEP) et spécialiste du christianisme chinois.

    Une première remarque s’impose sur les modalités de l’accord. Il a été signé à Pékin. À tout seigneur, tout honneur. Le représentant du pouvoir chinois relève du ministère des Affaires étrangères, qui peut traditionnellement se montrer plus libéral au moment même où la politique intérieure renforce sa discipline. L’accord n’implique en aucune façon un changement dans l’application brutale de la nouvelle loi sur les religions en vigueur depuis février dernier. Le gouvernement chinois peut même faire valoir son accord officiel avec Rome pour forcer tous les catholiques à entrer dans le cadre « patriotique » de la politique officielle du Parti. La position des clandestins s’en trouve affaiblie. Cependant, l’accord est annoncé comme une victoire par le cardinal Parolin et le monde entier est invité à s’en réjouir. Ce premier signe d’entente entre Rome et Pékin est sans doute attendu depuis longtemps. Mais est-il si important ? Les médias chinois, pour leur part, y font peu d’échos.

    Que savons-nous de cet accord ?

    Trois éléments sont révélés explicitement :

    1. Les sept évêques illicites nommés sans l’accord de Rome, y compris trois d’entre eux excommuniés, sont réconciliés avec le Saint-Siège après avoir officiellement demandé pardon.

    C’est une victoire pour le gouvernement chinois. C’est un réconfort pour les évêques concernés. C’est un affaiblissement de l’autorité romaine pour les catholiques clandestins qui ne comprennent pas ce revirement du Saint-Siège. Du point de vue de la psychologie chinoise, c’est une perte de la face intolérable et la crainte de sanctions accrues. Si l’on peut comparer le dialogue Vatican-Pékin à un match de football, l’équipe des blancs du pape laisse les rouges de Pékin tirer le premier coup dans le ballon et les laisse même marquer leur premier but.

    Lire la suite

  • Mgr Michel Aupetit : « En libéralisant la PMA, nous créons des souffrances futures »

    IMPRIMER

    Interview de l’archevêque  de Paris par Antoine Pasquier et Samuel Pruvot  pour le magazine « Famille Chrétienne » :

    « EXCLUSIF - L’archevêque de Paris ne mâche pas ses mots après le dernier avis rendu par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). L'ancien médecin juge que l’embryon n’est plus protégé par la loi qui cède à la volonté du plus fort.

    Quel regard portez-vous sur l’avis du CCNE qui recommande l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et la libéralisation de la recherche sur l’embryon ?

    Ces deux points se rejoignent. Ceux qui sont sans-voix demeurent sans-voix. La France refuse toujours de statuer sur l’embryon alors que d’autres pays l’ont déjà fait. L’embryon n’est pas protégé par la loi ; il n’a pas même droit à la parole. Une larve de scarabée doré est certainement mieux protégée aujourd’hui qu’un embryon humain ! Au lieu de protéger le plus faible, ce qui est sa mission normalement, le droit se met aujourd’hui au service de la volonté du plus fort. Nous avons tous été un embryon à un moment donné. Nous étions totalement dépendants de la volonté de nos parents. Mais une chose est de dépendre de nos parents, qui nous ont accueillis avec amour, et une autre d’être à la merci d’une volonté coercitive.

    En quoi cette logique de domination est-elle présente dans la PMA ?

    De quel droit les parents font-ils peser sur leurs enfants leur désir ? Demain, ils voudront choisir aussi leur morphologie !? En libéralisant la PMA, nous sommes en train de créer des souffrances futures. J’ai constaté que les jeunes chrétiens de cette génération sont plus sérieux et plus pieux que ceux de la génération précédente. Quand on les écoute en confession, on perçoit qu’ils portent en eux les déchirures de cette société « liquide » dont parlent les sociologues. Une société dont les relations ne sont ni stables ni fiables.

    En demandant aux médecins de répondre à des demandes sociétales, ne modifie-t-on pas leur rôle ?

    On veut transformer les médecins en prestataires de services. Autrefois, le médecin et son patient entretenaient une vraie relation, avec la possibilité pour le premier de refuser de soigner (sauf urgence) et pour le second de changer de médecin. Aujourd’hui, la relation a disparu. Seul demeure un désir individuel auquel le médecin doit se soumettre.

    ︎ À LIRE AUSSI : Les objections de l'Église sur la PMA

    L’ordre des médecins se dit pourtant favorable à la PMA pour les femmes…

    Autrefois, l’ordre des médecins défendait une certaine forme de déontologie. Le mot « déontologie » vient du grec deontos, ce qui doit être. Le serment d’Hippocrate était ordonné au bien du malade et comportait une liste d’actes que les médecins se refusaient de poser. L’ordre des médecins a perdu cette capacité. Quand j’entends son président dire : « Nous n’avons pas à faire de morale », cela veut dire que la déontologie a disparu puisque la déontologie et la morale sont une seule et même chose.

    Le CCNE ne semble pas du tout tenir compte des avis exprimés lors des États Généraux de la bioéthique. Pourquoi ?

    On peut effectivement se poser la question de savoir à quoi ont vraiment servi ces États Généraux !? Près de 80% des personnes ont exprimé leur opposition à la PMA. Pourquoi organiser une telle concertation si on ne tient aucun compte de ses résultats ?

    Le CCNE est-il fidèle à sa mission d’origine ?

    Le comité d’éthique a été institué au départ comme une entité indépendante de sages, autour du professeur Bernard. Celui-ci avait la réputation d’être un sage, mais aussi un esprit libre. Aujourd’hui, force est de constater qu’une majorité de membres du CCNE sont choisis parce qu’ils pensent la même chose que le gouvernement ! Le CCNE n’est plus vraiment un comité de sages dont on peut attendre une parole indépendante et libre. Il existe cependant des voix divergentes, courageuses, grâce auxquelles cela ne ressemble pas trop à une démocratie à l’africaine.

    ︎ À LIRE AUSSI : Mgr Michel Aupetit : « sur la PMA, l’Église et les chrétiens doivent s’exprimer »

    Que peuvent faire les fidèles catholiques qui ont joué le jeu des débats de bioéthique et qui se sentent floués ?

    Les fidèles vivent la même chose que les évêques… Nous avons mené un important travail de réflexionpour informer les politiques et les citoyens, dont notre dernière déclaration « La dignité de la procréation » est un des fruits. Cependant, il est peut-être possible que la détermination du gouvernement ou du Parlement sera telle que notre parole ne sera pas entendue. Ceci dit, nous avons posé une parole, et cette parole demeurera toujours. Personne ne pourra nous reprocher de n’avoir rien dit.

    Vous défendez une parole prophétique des évêques, mais quelle est la valeur d’une parole qui ne produit pas de résultats tangibles au niveau législatif ?

    Notre parole continue à faire son chemin. Elle passe de conscience en conscience, de pensée en pensée. Un jour prochain, l’opinion publique se rendra compte que nos alertes étaient légitimes. La vérité a toujours le dernier mot. Quand Pilate demande à Jésus, « qu’est-ce que la vérité », Jésus ne lui répond pas. C’est maintenant que nous comprenons la vérité du Christ. Nous continuerons donc à parler sans nous faire d’illusion. Notre parole est pareil au grain de blé qui tombe en terre ; il meurt mais pour porter beaucoup de fruits. Si ma parole n’est pas entendue aujourd’hui, je crois qu’elle portera du fruit avec la grâce de Dieu.

    Pour hâter un retournement de l’opinion, faut-il se mobiliser dans la rue comme le demande La Manif pour tous ?

    Les chrétiens pourront agir en tant que citoyens pour se manifester ou manifester tout court. Il existe de nombreuses possibilités pour engager une action citoyenne.

    Des parlementaires demandent la suppression de la clause de conscience des médecins pour l’IVG. Êtes-vous inquiet ?

    Je crois vraiment que tout Etat qui touche à la liberté de conscience s’appelle une dictature. »

    Ref. Mgr Michel Aupetit : « En libéralisant la PMA, nous créons des souffrances futures »

    JPSC

     

  • Chine : vers la fin d’un schisme, à quel prix ?

    IMPRIMER

    Selon le pape François (le texte de l’accord n’a pas été rendu public), les nominations à venir de tous les évêques chinois « seront faites par le pape », en quoi, prétend-il, elles se distingueraient des pratiques désuètes de l’ancien régime. Mais il faut ici s’entendre sur le sens des mots...

    Les procédures de nomination épiscopale ont beaucoup varié de l’antiquité romaine à nos jours. En France, par exemple, depuis le concordat de 1518 jusqu’à la Révolution, le roi nommait le candidat à l’évêché vacant qui devait ensuite (après examen) recevoir du pape l’investiture canonique octroyant une juridiction sur les fidèles de son diocèse : après quoi seulement le roi pouvait lui donner l’investiture temporelle. Bref, le pape disposait là d’un droit de veto possible à la nomination royale.

    Pekin téléchargement (20).jpgEn Chine, l’Eglise catholique romaine a été interdite par les communistes en 1949. Elle a subsisté depuis sous une forme clandestine tandis que le gouvernement de Pékin a suscité à partir de 1957 une « association de patriotes catholiques chinois » schismatique qui nomme ses évêques parallèlement aux évêques clandestins légitimes, désignés par Rome. Pour résorber ce schisme, le pape François serait, semble-t-il, convenu avec Pékin, entre autres dispositions, d’une procédure négociée (dont les termes n’ont pas été révélés) d’agréation conjointe d’un seul évêque pour chaque diocèse à pourvoir : si elle aboutit, l’acte de nomination comme tel peut alors être formalisé par Rome. Mais que fait-on en cas de blocage ?

    En toute hypothèse, l’esprit de ce « concordat » encore mystérieux est, sans aucun doute, fort loin de l’esprit de l’Eglise libre dans l’Etat libre qui prévaut dans les Etats s’inspirant du libéralisme moderne.

    JPSC

  • Une analyse sérieuse et équilibrée de l’accord entre le Saint-Siège et les autorités chinoises

    IMPRIMER

    De diakonos.be :

    Un « brin de positivité » dans l’accord sur la Chine. Le commentaire d’un expert

    Le commentaire que nous reproduisons intégralement ci-dessous a été publié lundi 24 septembre sur Asia News, l’agence en ligne de l’Institut pontifical des missions étrangères dirigée par le P. Bernardo Cervellera qui est spécialisée dans les informations sur la Chine et qui publie en quatre langues, dont le chinois.

    Il s’agit à ce jour de l’analyse la plus sérieuse et la plus équilibrée publiée au sujet de l’accord entre le Saint-Siège et les autorités chinoises signé à Pékin le 22 septembre. Un accord qui a été officiellement annoncé le même jour sans pour autant que son contenu n’ait été rendu public :

    > Soumission. L’accord fantôme entre le Saint-Siège et la Chine

    La parole est au directeur d’Asia News.

    *

    L’accord Chine-Vatican : quelques avancées positives, sans oublier les martyrs

    de Bernardo Cervellera

    Deux jours après la signature de cet accord entre la Chine et le Saint-Siège sur la nomination des évêques que beaucoup ont qualifié d’« historique » avec beaucoup d’insistance, essayons de comprendre et d’analyser sa portée. Le communiqué laconique de la salle de presse du Vatican – alors que tous les journalisées étaient occupés ailleurs, avec le voyage du Pape François en Lituanie – a été accueilli à la fois avec un grand optimisme mais aussi avec un profond pessimisme.

    Chez les optimistes, on a usé et abusé de l’adjectif « historique » en oubliant que cet accord est défini comme étant « provisoire », sujet à des « évaluations périodiques » et que le directeur de la salle de presse lui-même a parlé de « début » d’un « processus » et non de son « terme ».

    Pour les pessimistes, il s’agit du « début » d’une remise complète de l’Église chinoise entre les mains de l’État qui, comme c’est déjà le cas, en fera ce qu’il veut, c’est-à-dire un instrument du parti communiste, et ils pointent du doigt le silence sur les souffrances que les catholiques officiels et non officiels endurent depuis 70 ans.

    Comme nous l’avons dit à d’autres occasions, chez Asia News, nous nous considérons ni comme des optimistes ni comme des pessimistes mais comme des réalistes. Et ce réalisme nous permet de voir le positif et le négatif dans cet accord fragile et « provisoire ».

    Le pape et la nomination des évêques

    Cet accord contient en effet une nouveauté : d’une certaine façon – que nous ignorons puisque le texte de l’accord n’a pas été rendu public et qu’il ne le sera pas – le Saint-Siège sera impliqué dans les nominations des évêques. Ce qui signifie, au moins sur papier, la fin de cette Église « indépendante » dont on a tant fait étalage pendant toutes ces années et la reconnaissance que le lien avec le pape est nécessaire même à un évêque chinois pour exercer son ministère.  En vertu de cet accord, il ne sera plus possible de nommer et d’ordonner un évêque sans mandat papal, même si le gouvernement ou l’association patriotique ou le conseil des évêques pourront proposer leur candidat.  Voilà pour la partie optimiste.

    Mais il y a également un revers de la médaille : que se passera-t-il si le candidat proposé par la Chine est refusé par le pape ? Jusqu’à aujourd’hui, on parlait d’un pouvoir de veto temporaire du pontife : c’est-à-dire que le pape devait fournir les motivations de son refus dans les trois mois mais que si le gouvernement estimait ces motivations insuffisantes, il se réservait le droit de nommer et d’ordonner son candidat.  N’ayant pas le texte de l’accord, nous ne savons pas si cette clause a été maintenue et si le pape aura véritablement le dernier mot sur les nominations et les ordinations ou si au contraire son autorité ne sera que purement formelle.

    L’un de mes amis canonistes est certain que le pape disposera d’un pouvoir permanent sur le choix ultime des candidats « parce que l’Église ne peut pas faire autrement ». En tout cas, en l’absence du texte de l’accord, il s’agit de l’un des points qu’il faudra surveiller au cours des prochains mois, étant donné les nominations et les ordinations potentielles qui sont en attente depuis des années.

    L’annulation des excommunications

    L’autre élément positif, c’est l’annulation des excommunications de sept évêques ordonnés sans mandat papal entre 2000 et 2012. Il s’agit d’une bonne nouvelle parce qu’elle contribuera au moins en principe à renforcer l’unité des catholiques chinois.  L’Association patriotique se servait de ces évêques pour diviser l’Église en imposant par la force de la police leur présence aux cérémonies et aux ordinations épiscopales.  On dit que certains d’entre eux ont effectué un chemin de repentance et demandent depuis plusieurs années d’être réconciliés avec Rome.  La levée de l’excommunication ne fait pas partie du « package » de l’accord mais il s’agit d’une décision interne à l’Église, même si – par un jeu politique un peu naïf – l’annonce de la réconciliation a été faite le même jour que celui de l’accord.

    Mais chez les fidèles chinois – qui appartiennent à ce « saint peuple fidèle de Dieu » que le pape nous demande d’écouter – c’est la tristesse et le désarroi parce certains de ces évêques réconciliés sont connus pour avoir des amantes et des enfants et pour être des « collaborateurs ». Ils sont nombreux à se demander si ces évêques réconciliés feront une demande publique de pardon devant le peuple qu’ils ont scandalisé par leur façon d’agir « indépendante ».  Le cardinal Pietro Parolin lui-même, en commentant l’accord, a demandé que l’on pose « des gestes concrets qui aident à dépasser les incompréhensions du passé et même du passé récent ».

    Un accord « pastoral » et « non politique »

    Un autre élément positif de l’accord, c’est son caractère « pastoral » et « non politique ». Et en effet, l’accord a été signé sans que la Chine n’exige comme condition préalable la rupture des rapports diplomatiques avec Taiwan.  Pendant des décennies et même jusqu’à ces dernières années de dialogue à l’époque du Pape François, la Chine revenait sans cesse sur le même refrain : si le Vatican voulait améliorer ses rapports avec Pékin, il devait avant tout interrompre les relations avec Taiwan et ne plus se mêler des affaires internes de la Chine.  Avec cet accord « pastoral », ces deux conditions ont sauté : le Vatican est impliqué dans la nomination des évêques et il n’y a aucune rupture avec Taiwan, pour le plus grand bonheur du ministère des affaires étrangères de l’île et son ambassadeur auprès du Saint-Siège.

    La persécution dont on ne parle pas

    Il y a un autre élément très négatif : ni la nouvelle de l’accord ni les explications n’ont fait la moindre allusion aux persécutions que les catholiques et tous les chrétiens endurent pour le moment. Comme notre agence l’a évoqué à de nombreuses reprises, en Chine, des croix sont brulées et détruites, des églises sont abattues, des fidèles sont arrêtés et les jeunes de moins de 18 ans ont l’interdiction d’assister aux offices et à l’enseignement religieux au nom de la sinisation.  Sans parler des évêques et des prêtres disparus aux mains de la police, des évêques aux arrêts domiciliaires, des évêques non « officiels » considérés comme des criminels et des contrôles en tous genres dans la vie des communautés.  Ajoutons à tout cela les persécutions auxquelles sont soumises les autres communautés religieuses bouddhistes, taoïstes et musulmanes qui sont autant de manifestations du regard négatif que la Chine porte sur les religions et de son projet de les assimiler et de les détruire.

    Cela nous incite à considérer cet accord provisoire comme un résultat étrange, un peu inespéré, provisoire, mais sans avenir, parce qu’il jette un ombre de suspicion sur l’interlocuteur avec lequel le Saint-Siège a décidé de dialoguer. En effet, nous recevons depuis la CHine des commentaires qui se réjouissent de l’accord mais également des réactions de la tristesse parce que les chinois ne font pas confiance à leurs autorités politiques.

    À ce propos, dans une interview remontant à quelques mois, le Pape François François avait déclaré « le dialogue est un risque mais je préfère ce risque à la défaite certaine de ne pas dialoguer ». Il est donc préférable d’entamer le dialogue, même avec un adversaire non fiable, que de rester ferme.  De ce point de vue, l’accord, même s’il est provisoire, représente certainement une nouvelle page.

    Les martyrs lituaniens et chinois

    Reste le silence sur les persécutions. Pendant toutes ces années, le Saint-Siège a passé sous silence sur toutes sortes de persécutions : les meurtres de prêtres, les églises détruites, les arrestations des évêques…  Ce qui a donné à beaucoup l’impression que le dialogue était davantage « politique » que « pastoral ».  Hier encore, à Vilnius, en rappelant les victimes des génocides nazi et communiste, le Pape François a formulé une prière pour demander au Seigneur que nous ne devenions pas « sourds au cri de tous ceux qui continuent aujourd’hui à crier vers le ciel ».  Et c’est justement ce que demandent les catholiques chinois.

    Je me suis demandé comment il était possible que le Saint-Siège ait décidé de rendre publique la signature de cet accord précisément au moment où le Pape François évoquait à Vilnius le grand témoignage des catholiques lituaniens sous le communisme, leur résistance et leur foi sous la torture et le fait qu’ils aient été des germes d’une société plus libre et plus accueillante. À cette époque également, les catholiques discutaient et se divisaient entre la dénonciation et la résistance et l’Ostpolitik du Vatican.  Si on ne considère cet accord que comme quelque chose de négatif, alors la mémoire des martyrs lituaniens pourrait susciter une interprétation des « deux poids deux mesures » à laquelle la diplomatie a souvent recours et les célébrations des martyrs à Vilnius ne serait alors qu’une moquerie des souffrances des chrétiens chinois.

    Mais on voit dans cet accord, même s’il n’est que provisoire, un brin de positivité, alors les célébrations lituaniennes sont un signe d’espérance : le communisme, ce « délire de toute-puissance de ceux qui prétendaient tout contrôler », n’a pas triomphé. Et c’est un signe d’espérance pour la Chine également.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Vatican : Retour à l’Ostpolitik ?

    IMPRIMER

    Zen_and_Parolin_810_500_75_s_c1.jpgSur le site de France Catholique, la chèvre et le chou font bon ménage. Commentaire publié le 24 septembre par Gérard Leclerc :

    « L’accord conclu entre le Saint-Siège et la Chine communiste est significativement qualifié de provisoire. Il se signale, en effet, par son caractère pragmatique. Nul n’est en mesure de prévoir encore s’il aboutira à une véritable réconciliation des catholiques sur le terrain et débouchera sur des relations diplomatiques normales. Comment présumer déjà d’une communion effective entre «  l’Église patriotique  » officielle et l’Église clandestine fidèle à Rome ? La réaction très vive de l’ancien évêque de Hong Kong, le cardinal Joseph Zen, constitue un sérieux avertissement. Dénonçant une capitulation du Saint-Siège, il est le porte-parole d’une résistance ancrée dans plusieurs décennies de persécution. Comment les «  loups  » d’hier pourraient-ils se transformer en pacifiques partenaires, alors que les signes d’hostilité et les mesures de répression n’ont cessé de se manifester ? Mais l’histoire montre aussi qu’arrive un moment où il faut prendre acte de certaines réalités pour franchir une étape nécessaire.

    N’est-ce pas ce qui s’est passé après la Révolution française, avec le Concordat refusé par une partie de l’Église de France au sortir de la persécution et devant consentir des concessions douloureuses ? On peut alléguer aussi la conciliation accomplie sous Mussolini, et qui permit enfin au Saint-Siège de trouver un régime normal d’exercice. Dans ce cas, il est vrai que les négociations avaient débouché sur des accords qui n’avaient rien de provisoire. Le compromis qui veut que Pékin garde l’initiative des nominations épiscopales, même si cela se fait en concertation avec l’Église, comporte une large part d’incertitude. Il ne pourra prouver sa fiabilité qu’avec l’usage. Et si le Pape était contraint d’utiliser son droit de veto, qui lui est reconnu, on peut craindre qu’une crise ne compromette le processus en cours.

    Ainsi, on en revient sensiblement à l’Ostpolitik pratiquée sous Paul VI à l’initiative de Mgr Casaroli. Le chef de la diplomatie vaticane n’avait rien à voir avec un supposé progressisme. Il ne cherchait qu’à négocier, en situation de faiblesse, avec les régimes communistes pour obtenir le maximum de liberté d’exercice à des Églises locales persécutées. C’était du pur pragmatisme, parfois couronné de certains succès. On sait que l’Ostpolitik fut abandonnée sous Jean-Paul II, mais les conditions politiques avaient radicalement changé. La Chine, en dépit de formidables évolutions intérieures, demeure dominée par un Parti communiste intraitable quant à son autorité et son idéologie. C’est donc un peu la méthode Casaroli qui est reprise par le cardinal secrétaire d’État Parolin. Il s’agit de conduire au mieux une marche difficile vers la concorde. C’est un pari risqué qui devra se concrétiser dans l’aléatoire et non sans une intense mobilisation spirituelle des chrétiens de Chine, en union avec l’Église tout entière. 

    Ref. Retour à l’Ostpolitik ?

    Mais où donc le cardinal-secrétaire d’Etat Parolin aurait-il pu pêcher l’idée que le régime communiste chinois était aujourd’hui en état de faiblesse ? On peut, en outre, douter que  son homologue Casaroli ait posé ce genre de diagnostic au sujet de l’empire soviétique : dans les années 1970, l’idée était plutôt que l’URSS avait encore un bel avenir et que, dès lors, il  valait mieux composer avec elle. C’est probablement ce que pense aussi Parolin au sujet de la Chine contemporaine. La manie du dialogue à tout prix a fait le reste, dans un cas comme dans l’autre.

    Fruit d’un dialogue nébuleux, l’accord entre la Chine et le Saint-Siège est aussi qualifié par eux de provisoire" et "secret", ce qui suscite la méfiance. Le pape serait impliqué dans les nominations d’évêques, mais comment ? Et que se passe-t-il si le candidat proposé par la Chine est refusé par le pape ? Qui a le pouvoir du dernier mot ? Mystère…

    JPSC