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Religions - Page 92

  • Mais où va donc l'histoire ? (Rémi Brague)

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    Du blog de Robin Guilloux :

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    Rémi Brague, Où va l'Histoire ? Dilemmes et espérances, (Dove va la storia ? Dilemni e speranze), Entretiens avec Giulio Brotti, traduit de l'italien par Philippe Charpentier de Beauvillé, éditions SALVATOR, 2016

    Né le 8 septembre 1947 à Paris, Rémi Brague est professeur émérite de l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Titulaire de la chaire Romano Guardini à l'Université Ludwig-Maximilian de Munich de 2002 à 2012., il a reçu le prix Ratzinger en 2012. Il est notamment l'auteur de Europe, la voie romaine (Criterion, 1992), Qui est le Dieu des chrétiens ? (Salvator, 2011) ; Les ancres dans le ciel (Seuil, 2011), Modérément moderne(Flammarion, 2014) et Le règne de l'homme (Gallimard, 2015). Cest l'un des fondateurs de la revue Communio. Rémi Brague est membre de l'Institut de France. Il est connu depuis son ouvrage Europe, la voie romaine ainsi que pour ses essais sur la religion chrétienne. Ses recherches actuelles relèvent de l'histoire des idées à très long terme et de la comparaison entre christianisme, judaïsme et islam.

    Giulio Brotti

    Né en 1963, Giulio Brotti est docteur en philosophie, professeur de lycée et journaliste. Il a dirigé pour les Éditions La Scuola La science et Dieu, de Michael Heller (2012), et Être des personnes, de Robert Spaemann (2013).

    "C'est peu dire que notre époque se caractérise par un sentiment de lassitude et de scepticisme à l'égard de l'histoire humaine : on considère même comme naïve la tentative d'y retrouver des lueurs de sens ou des raisons d'espérer.

    Dans cet entretien avec Giulio Brotti, Rémi Brague se livre à un examen sans concession de cette attitude, contestant avec force bien des stéréotypes sur la relation que nous autres postmodernes entretenons avec nos racines. Les considérations philosophiques sont étroitement liées ici aux questions les plus concrètes, de dramatique actualité, comme celles de la coexistence entre les grandes religions, de la possibilité d'un dialogue avec l'islam, de la « vocation » de l'Europe, de l'avenir des biotechnologies et de la tentation - qui s'insinue dans la culture de notre temps - d'« en finir avec l'homme », au nom d'un idéal de perfection mortifère.

    Ce livre est aussi l'occasion pour Rémi Brague de revenir sur son parcours intellectuel, lui qui se définit volontiers comme « modérément moderne », selon l'expression d'une de ses publications récentes."

    Table des matières :

    Notice biobibliographique - Chapitre I. La vie des idées - Chapitre II. des tangentes au cercle - les religions dans le temps - Chapitre III. les malentendus de la modernité - Chapitre IV. Renoncer à l'homme ?

    Extrait de l'introduction :

    "Sous forme d'interview, ce livre voudrait aussi constituer une introduction générale à la pensée de Rémi Brague. Les questions et réponses ont été concentrées sur quelques points saillants, répartis en quatre chapitres :

    - dans le premier ("La vie des idées"), on s'est arrêté sur l'actuelle situation de crise de la mémoire historique et sur le sens que Brague attribue à l'étude non seulement des concepts philosophiques et scientifiques, mais, plus généralement, des "représentations collectives" des époques passées.

    - le titre du second ("Des tangentes au cercle : les religions dans le temps") paraphrase une célèbre expression  de Karl Barth, selon laquelle, dans le Christ, le monde divin rencontrerait le monde humain "comme la tangente un cercle", sans le toucher (en d'autres termes sans se confondre avec lui). Dans cette partie, on prend au sérieux la "prétention à la vérité" de l'expérience religieuse et on considère sous l'angle historique les rapports entre le judaïsme, le christianisme et l'islam ;

    - Dans le troisième chapitre ("Les malentendus de la modernité"), Brague scrute de manière critique le stéréotype (ressassé au point de sembler évident) selon lequel la révolution scientifique des XVI-XVIIème siècles aurait marqué une rupture radicale avec une vision "naïve" du cosmos, censée avoir été celle du Moyen-Âge. A l'idée d'une "fracture", le chercheur français oppose celle d'une "articulation", d'un développement, c'est-à-dire que les aspects de l'innovation vont toujours de pair avec ceux de la continuité.

    - Dans le dernier chapitre ("Renoncer à l'homme ?"), on affronte les implications et les incidences de la question anthropologique sur une époque apparemment encline à la refouler ou à la "déconstruire". En partant de la célèbre prophétie de Michel Foucault d'une prochaine disparition de l'homme (destiné à être supprimé "comme un visage de sable à la limite de la mer"), Brague examine les particularités et les contradictions d'une culture - la nôtre - qui semble nourrir "une certaine insatisfaction devant l'humain : devant l'humain en tant que tel, et non devant telle ou telle de ses réalisations, toujours déficientes, voire devant les horreurs dont l'histoire nous livre le témoignage." (pp.16-18)

    Lire les notes de lecture de Robin Guilloux sur son blog

  • Le Pape remercie les jaïns pour leur engagement écologique

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    Lu sur le site « News.Va » (official Vatican network) :

    (RV) Une préoccupation commune : la protection de la Création. Au Vatican, le Pape a reçu ce mercredi 1er juin 2016, des représentants de l’Institut du Jaïnologie, basé à Londres et en Inde où se trouve la grande majorité des 10 millions d’adeptes du jaïnisme, une religion basée sur la compassion et la non-violence vis-à-vis de tous les êtres vivants. Le Pape s’est réjoui de cette rencontre «qui fait grandir notre sens des responsabilités pour prendre soin de la Création, un don que nous avons tous reçu», «le reflet de Dieu».

    Catholiques et jaïns partagent l’amour de la Terre, une «mère» qui «nous donne la vie et nous protège», «une sœur» qui nous accompagne. Et ainsi le Pape a invité chacun à la protéger, comme on le ferait avec une mère ou une sœur, «avec tendresse et paix». C’est un «devoir» à accomplir ensemble, a expliqué François.

    Le Pape a remercié l’Institut de Jaïnologie pour ce qu’ils font déjà en la matière, et a proposé que catholiques et jaïns restent «unis» pour défendre «cet idéal». «Prendre soin du créé, de la Terre, c’est prendre soin et protéger l’humanité entière», a conclu le Saint-Père.

    La délégation jaïne a également été invitée au siège du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, pour la 3ème fois, après deux visites en 1995 et en 2011. Date à partir de laquelle un dialogue a été mis en place avec des rencontres en 2011, 2013 et 2015. Ce mercredi, leur entretien s’est déroulé dans un climat «de respect réciproque et d’amitié». Ils ont exprimé leur intention de développer leur coopération au niveau local, en insistant sur l’éducation des jeunes. D’autres thématiques concrètes de convergences ont été identifiées, comme le fait de rendre la planète habitable et pacifique pour tous.

    (CV-MD) »

    Ref. Le Pape remercie les jaïns pour leur engagement écologique

    Le but de la vie pour les jaïns est le même que pour l'hindouisme, le bouddhisme et le sikhisme : le croyant doit atteindre l'illumination appelée moksha ou nirvana. L'humain doit sortir du flux perpétuel des réincarnations. Le jaïnisme est, d'un point de vue philosophique, un matérialisme éthique. Malgré ses temples, le jaïnisme peut être considéré comme un « transthéisme ». Pour le jaïnisme, le monde est incréé ; il n’a ni commencement ni fin, il existe par sa propre nature. La svastika est son symbole.

    JPSC

  • L’ « Eglise » anglicane à l’agonie

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    femme-pretre6c56.jpgL' Eglise anglicane: une « Eglise » d’Etat embarquée sur tous les vaisseaux de la modernité avancée qui l’entraînent sur la voie d’un déclin irréversible. A qui le tour ? Lu sur le site « diakonos.be » :

     « Selon des statistiques de l’Église d’Angleterre diffusées mercredi 1er juin, le clergé anglican vieillit : un quart des prêtres est âgé de plus de 60 ans et seulement 13 % d’entre eux ont moins de la quarantaine.

     Parallèlement, l'Eglise anglicane perd plus de 1% de fidèles par an (-12% depuis 10 ans) et ces chiffres continuent de baisser.

     Pourtant, l'Eglise anglicane accepte d'ordonner des hommes et des femmes mariés, célibataires ou homosexuels, prêtres comme évêques. Bien loin d'attirer les vocations, ces réformes mondaines n'ont fait qu'attiser la crise et ont créé de nombreux schismes internes.

     Le 9 novembre 2009, le Vatican a publié une Constitution apostolique, signée par Benoît XVI le 4 novembre précédent, intitulée Anglicanorum Coetibus qui prévoit que les prêtres [sic, ndb] anglicans qui se rallieraient à Rome bénéficieront d'un ordinariat personnel leur permettant de conserver leurs traditions, notamment liturgiques, au sein de l'Église Catholique. Ces dernières années, plusieurs dizaines de prêtres [re-sic, ndb ] anglicans mariés sont retournés au catholicisme. ... ». 

    Ref. Dans l’Église d’Angleterre, le clergé continue à vieillir

    L’identité du prêtre et la nature du sacrement de l’ordre sont hélas très obscurcies aussi au sein même de l’Eglise catholique postconciliaire.

    JPSC

  • Rémi Brague et les religions: la singularité du christianisme

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    JPSC

  • Poutine célèbre la présence russe orthodoxe au Mont Athos

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    Poutine au Mont Athos.jpgVladimir Poutine ne s’embarrasse pas des présupposés laïcistes occidentaux.  Achevant samedi 28 mai une visite de deux jours en Grèce, le président russe s’est rendu dans la presqu’île des monastères et a souligné « le rôle particulièrement important » du Mont Athos pour les orthodoxes russes. De Claire Lesegretain dans le journal « La Croix » : 

    «  […] Il a débarqué en bateau au petit port de Daphné, près du monastère russe de Saint-Panteleïmon, sur la côte ouest de la presqu’île de Chalcidique (dans la région grecque de Macédoine) où l’on compte 20 monastères, tous exclusivement masculins. 

    Accompagné par le patriarche Kirill de Moscou, le président Poutine a participé à une cérémonie en son honneur au Protaton, la plus ancienne église de Karyes, capitale administrative du Mont Athos. Le président grec Prokopis Pavlopoulos et le ministre des affaires étrangères Nikos Kotzias étaient également à ses côtés.

    Embrasser une icône miraculeuse 

    « Un important travail sur les fondations morales et les valeurs morales est fait sur le Mont Athos », a noté Vladimir Poutine, qui a allumé une bougie et apposé ses lèvres sur une icône de la Vierge Marie considérée comme miraculeuse. Orthodoxe, comme une majorité de Russes, et ouvertement pratiquant, Vladimir Poutine s’emploie, depuis son arrivée au Kremlin en 1999, à redonner à l’Église orthodoxe russe son influence perdue sous le régime soviétique. 

    « Quiconque entre dans ce lieu de prière ressent quelque chose de spécial », a-t-il déclaré plus tard devant des membres du clergé, en soulignant que 11 000 fidèles russes se rendent chaque année au Mont Athos. Lui-même y était déjà venu en septembre 2005 : il s’agissait d’une visite historique puisque c’était la première d’un chef de l’État russe.

    Actuellement, on compte près de 2 000 moines sur la Sainte Montagne. Beaucoup de jeunes y viennent de tous pays, souvent avec un fort bagage intellectuel, attirés par l’idéal ascétique et la réputation du lieu.

    La veille, le président Poutine, dont c’est la première visite bilatérale dans un pays de l’Union européenne depuis un an, avait conclu des accords de coopération économique avec Athènes. Et ce, alors que l’UE doit décider, le mois prochain, de proroger ou non ses sanctions imposées à Moscou dans la foulée du conflit ukrainien. 

    De fait, la Grèce d’Alexis Tsipras a d’excellentes relations avec Moscou. Mais Athènes, qui continue à jouer une partie serrée avec ses créanciers européens, n’a pas l’intention de se dissocier du vote général sur la poursuite des sanctions. »

    Ref. Poutine célèbre la présence russe orthodoxe au Mont Athos

    JPSC

  • Laïcité : une parole claire sur un concept ambigu

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    Vu sur le site de l’hebdomadaire « Famille Chrétienne »:

    Ref. La laïcité exclut-elle l’Église de la sphère politique ?

    JPSC

  • Le fondateur du 'Dignitatis Humanae Institute' dénonce le mouvement international de réduction de la population

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    D'Anne Dolhein sur reinformation.tv :

    Benjamin Harnwell du “Dignitatis Humanae Institute” dénonce le mouvement international de réduction de la population

    Dans un entretien accordé à Breitbart, le fondateur du Dignitatis Humanae Institute, Benjamin Harnwell, a commenté la crise de civilisation actuelle en s’autorisant une analyse dont il a reconnu qu’elle pouvait paraître incroyable. Annonçant qu’il gardait son « entonnoir sur la tête » le temps de cette explication, il a déclaré : « Je crois vraiment qu’il existe un mouvement international, conduit par des organisations telles l’Union européenne et l’ONU, visant à réduire la population globale. J’en suis certain. » Harnwell ne parlait pas comme un fou ; à propos de ce mouvement de réduction de la population, il cherchait simplement à souligner combien cela peut sembler difficile à croire.

    Il a poursuivi, à ce propos : « J’ai passé quinze ans dans la politique aussi bien dans la Chambre des communes qu’au Parlement européen, et j’ai étudié ces choses de très près. Cela dépasse le hasard lorsqu’on voit des lois, introduites dans un pays après l’autre, qui sont rédigées de manière presque identique. Il faut bien qu’il y ait une forme de coordination. »

    Benjamin Harnwell a vu les dépopulationnistes à l’œuvre

    Pour Harnwell, ces initiatives anti-humaines remontent à la révolution sexuelle des années 1960, qui a également fait naître le mouvement environnementaliste moderne et ses obsessions malthusiennes, liées au « changement climatique ». Il y a une ligne droite entre ces concepts, assure Harnwell : « Les gens sont mauvais, la nature est bonne. »

    « La conséquence réelle à la fois de la révolution sexuelle avec ses lois, le divorce sans faute, l’avortement et tout cela, et l’avancée vers le changement climatique, est que les gens auront moins d’enfants. Voilà la ligne droite qui unifie ces choses », a-t-il affirmé, ajoutant que le slogan « Les gens sont mauvais, la nature est bonne », est aussi le « credo » des religions païennes auxquelles s’intéresse la gauche, ce qui a donné naissance au mouvement néo-païen. « C’est exactement ce que l’on peut s’attendre à voir surgir, lorsqu’on tolère la déchristianisation de nos sociétés : quelque chose va forcément remplir le vide. »

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  • Religions et violence : peut-on renvoyer dos à dos islam et christianisme ?

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    De Rémi Brague sur FigaroVox (lefigaro.fr) :

    Les religions et la violence: ne pas renvoyer dos à dos islam et christianisme

    TRIBUNE - Contrairement à ce qu'a affirmé le pape François, les textes sacrés de l'islam et du christianisme ne justifient pas la violence de la même manière, argumente Rémi Brague, professeur émérite de philosophie à la Sorbonne.

    Les déclarations publiques du pape François suscitent toujours l'intérêt. L'entretien accordé par le Souverain Pontife à deux journalistes deLa Croix, publié dans ledit quotidien le 17 mai, contient ainsi une quantité de choses excellentes, et même réjouissantes. Par exemple, sa conception du rôle que le christianisme pourrait et devrait jouer envers les cultures, dont l'européenne, ou encore ses réflexions sur les causes de la crise migratoire et son traitement possible, enfin son amusante dénonciation du cléricalisme. Il y a là-dedans de quoi provoquer une réflexion approfondie, et l'on souhaite que nos décideurs en prennent de la graine.

    D'autres points sont affaire de goût, et le mien ne coïncide pas toujours avec celui du Pape. Ainsi, nommer sur le même plan Maurice Blondel et Jean Guitton, et plus encore les deux jésuites Henri de Lubac et Michel de Certeau, me fait personnellement un peu sourire. Mais rien ne prouve que ce soit mon goût qui soit le bon…

    En revanche, un passage suscite en moi une perplexité certaine, et c'est celui sur l'islam. Là aussi, il contient d'ailleurs de très bonnes choses, par exemple sur l'imprudence arrogante avec laquelle l'Occident a essayé d'imposer son régime politique à des régions mal préparées. Il est juste aussi de dire que la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible, même si les exemples de l'Argentine, avec son 1,5% de musulmans, et surtout du Liban, doivent être pris avec prudence. Tant qu'il s'agit de faire vivre ensemble des personnes, qu'il est déjà maladroit de réduire à leur seule affiliation religieuse, on a le droit d'espérer et le devoir d'agir en ce sens.

    L'entreprise devient plus difficile là où l'on compare non plus des personnes, mais des systèmes religieux considérés dans leurs documents normatifs. De ce point de vue, un passage des propos du pape François attire l'œil: «L'idée de conquête est inhérente à l'âme de l'islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter avec la même idée de conquête la fin de l'Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations.» Voici le passage évoqué: «Allez donc, faites des disciples (“mathèteuein”, en grec) de toutes les nations, baptisant les gens (…), leur enseignant (“didaskein”) à observer tout ce que je vous ai commandé (Matthieu, 28, 19).»

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  • Université Al Azhar du Caire : Le pape François renoue les liens interrompus sous Benoît XVI

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    L’audience accordée ce lundi 23 mai au matin à Rome par le pape François à l’imam d’Al Azhar, le cheikh Ahmed Al Tayeb, marque la reprise d’un dialogue interrompu depuis cinq ans avec cette prestigieuse institution de l’islam sunnite, aujourd’hui fragilisée. Lu sur le site du journal « La Croix » :

    « La rencontre lundi matin entre l’imam d’Al Azhar et le pape François à Rome est l’aboutissement de plusieurs années de travail. Après un échange en tête à tête d’un quart d’heure, les trois autres membres de la délégation égyptienne entreront à leur tour.

    La reprise des échanges 

    Nul ne sait ce qui filtrera. Mais cette audience est en soi importante, parce qu’il s’agit d’une première, et qu’elle devrait marquer la reprise des échanges réguliers initiés en 1998 avec cette institution millénaire, à la fois siège de l’imam et université. 

    Après le refroidissement né de la controverse de Ratisbonne – ce discours de Benoît XVI prononcé devant un parterre d’universitaires allemands –, Al Azhar avait pris prétexte de la réaction du pape à l’attentat d’Alexandrie (le 1er janvier 2011, il avait fait 21 morts dans une église copte, NDLR) pour suspendre toute relation directe : ces propos dénonçaient notamment les discriminations frappant les chrétiens.

    « Envoyer un message de paix  

    Par cette rencontre, le pape François dénoue un vieux contentieux hérité de son prédécesseur. Sur ce front, comme sur celui des relations avec l’orthodoxie russe (rencontre avec le patriarche Kiril de Moscou) ou avec les lefebvristes (rencontre avec Mgr Bernard Fellay), il se montre capable de faire bouger les lignes.

    Mi-février, une délégation pontificale s’était rendue au Caire pour préparer cette audience. « Le monde entier attend cette rencontre pour envoyer un message de paix qui doit barrer la route aux prédicateurs de la violence, du terrorisme et de l’extrémisme », indiquait dans la foulée un communiqué d’Al Azhar. « Nous sommes tombés d’accord sur l’importance de poursuivre et de renforcer ce dialogue pour le bien de l’humanité », soulignait de son côté le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. 

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  • D’où vient l’islamisme radical ?

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    De Jacques Bichot sur magistro.fr :

    Pourquoi Daech ?

    La mutilation de Palmyre a conduit Paul Veyne, historien fin connaisseur de l’antiquité, à écrire et publier dans un délai record un petit livre (1) dont la lecture est du plus grand intérêt à bien des égards. Ce qui suit nous a été inspiré par deux pages de ce livre écrites pour répondre à la question : "Pourquoi, en août 2015, avoir détruit le temple de Baalshâmin ?" Ces deux pages amorcent en effet la réponse à une question beaucoup plus vaste : d’où vient l’islamisme radical, celui qui démolit, massacre, mais aussi restaure ou instaure des mœurs basées sur le machisme et l’intolérance ?

    Pour Paul Veyne, c’est le désir d’un retour aux mœurs anciennes qui est le ressort de la violence djihadiste. "Partout dans le monde, les filles font des études, les femmes conduisent", constate-t-il, et pourquoi ? "Car la culture de l’Occident et ses mœurs s’étendent partout". Une forme de vie en société est menacée de disparition. Pour la préserver, une tentative de solution consiste à construire un État islamique là où ces règles de vie existent encore – un État coupant radicalement ses sujets de l’Occident tentateur.

    La violence sert à opérer cette coupure. Elle est le refus du vivre-ensemble, et l’opération grâce à laquelle cette vie commune devient impossible. L’Occident possède une forte capacité d’absorption, d’assimilation des apports extérieurs, et aussi de conversion à ses manières d’être et de faire ; il faut donc se couper de lui en attaquant ce qui pour lui est sacré.

    Les temples de Palmyre comme les Bouddhas afghans manifestaient la façon dont la culture occidentale parvient à faire sienne des chefs-d’œuvre qui ont une autre source que l’Europe. C’est notre ouverture d’esprit, notre aptitude à nous enrichir spirituellement, intellectuellement et économiquement de ce que d’autres ont découvert, qui fait de nous, aux yeux des intégristes musulmans, des hommes dangereux, qui doivent être dressés, soumis, ou éliminés.

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  • La fin des chrétiens d'Orient?

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    JPSC

  • Quand Benoît XVI fustigeait le rejet croissant du christianisme en Europe

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    Voici peu,  le commissaire européen Pierre Moscovici ,  le  pape François, et bien d’autres à la suite de leurs déclarations, ont relancé dans la presse le vieux débat sur les racines chrétiennes de l’Europe. Pour ceux qui ont la mémoire courte, le blog informatique « Le Rouge et le Noir »  rappelait, en 2014 déjà, le point de vue de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, qui s’est maintes fois exprimé à ce sujet au cours de sa longue vie au service de l’Eglise :

    Benoit XVI.jpg« Sous de nouvelles formes, se font jour des tentatives pour marginaliser l’influence du christianisme dans la vie publique – parfois sous le prétexte que ses enseignements porteraient atteinte au bien-être de la société –. Ce phénomène doit nous inciter à prendre le temps de la réflexion. Comme je l’ai suggéré dans mon Encyclique sur l’Espérance chrétienne, la séparation artificielle de l’Évangile avec la vie publique et intellectuelle devrait nous pousser à engager une mutuelle « autocritique de la modernité » et « autocritique du christianisme moderne », regardant spécifiquement l’espérance que chacun peut offrir au genre humain (cf. Spe Salvi, n. 22) » [1].

    « Il existe en outre des formes plus élaborées d’hostilité envers la religion, qui, dans les pays occidentaux, se manifestent parfois par le reniement de l’histoire et des symboles religieux dans lesquels se reflètent l’identité et la culture de la majorité des citoyens. Ces attitudes alimentent souvent haine et préjugés et ne sont pas cohérentes avec une vision sereine et équilibrée du pluralisme et de la laïcité des institutions, sans compter qu’elles peuvent empêcher les jeunes générations d’entrer en contact avec le précieux héritage spirituel de leurs pays. »

    « On ne peut oublier que le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes spéculaires et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité. Tous deux, en effet, absolutisent une vision réductrice et partiale de la personne humaine, favorisant dans le premier cas, des formes d’intégralisme religieux, et dans le second, de rationalisme. La société qui veut imposer, ou qui, au contraire, nie la religion par la violence, est injuste à l’égard de la personne et de Dieu, mais aussi envers elle-même » [2].

    L’Europe, construite par la chrétienté

    «  Des voix chagrines contestent avec une stupéfiante régularité la réalité des racines religieuses européennes. Il est devenu de bon ton d’être amnésique et de nier les évidences historiques. Affirmer que l’Europe n’a pas de racines chrétiennes, équivaut à prétendre qu’un homme peut vivre sans oxygène et sans nourriture. Il ne faut pas avoir honte de rappeler et de soutenir la vérité en refusant, si nécessaire, ce qui est contraire à elle » [3].

    Ces années de pontificat ont ainsi été pour l’Europe une invitation incessante à « renforcer ses racines chrétiennes et à intensifier ainsi son engagement en faveur de la solidarité et de la ferme défense de la dignité de l’homme » [4].

    A travers de nombreuses catéchèses et audiences, Benoît XVI a rappelé la participation essentielle de l’ Église à la construction de l’Europe, que ce soit à travers « l’œuvre merveilleuse accomplie par le saint à travers la Règle pour la formation de la civilisation et de la culture européenne » [5], le témoignage des saints Cyrille et Méthode, « pionniers de l’évangélisation de l’Europe » [6] ou celui de l’héritage clunisien qui a permis d’esquisser ainsi « une Europe de l’esprit » [7].

    Il a invité à de multiples reprises l’homme européen à « ne pas renier l’héritage chrétien qui appartient à son histoire, mais au contraire qu’’il le conserve jalousement et l’amène à porter encore des fruits dignes du passé » [8]. Que ce soit en Croatie [9], en Autriche [10], en République Tchèque [11], en Italie [12], aux membres du parlement européens [13], … Benoît XVI n’a eu de cesse de rappeler lors de ses visites l’importance des « racines chrétiennes de l’Europe qui lui ont conféré sa grandeur par le passé et qui peuvent aujourd’hui encore favoriser l’unité profonde du continent » [14].

    Les racines chrétiennes de l’Europe

    L’Europe contemporaine est « le fruit de deux mille ans de civilisation » et elle plonge ses racines à la fois dans l’immense patrimoine d’Athènes et de Rome, et surtout dans le « terrain fécond du christianisme  » qui s’est révélé capable de « créer de nouveaux patrimoines culturels tout en recevant la contribution originale de chaque civilisation » [15].

    « Quand l’Europe écoute l’histoire du Christianisme, elle entend sa propre histoire. Sa notion de justice, de liberté et de responsabilité sociale, en même temps que les institutions culturelles et juridiques établies pour préserver ces idées et les transmettre aux générations futures, sont modelées par l’héritage chrétien » [16].

    « Dans l’histoire complexe de l’Europe, le christianisme représente un élément central. La foi chrétienne a façonné la culture du vieux continent et s’est mêlée de manière indissoluble à son histoire, au point que celle-ci ne serait pas compréhensible si l’on ne faisait pas référence aux événements qui ont caractérisé tout d’abord la grande période de l’évangélisation et ensuite les longs siècles où le christianisme a pris un rôle toujours plus important ».

    « Les Européens sont appelés à s’engager pour créer les conditions d’une profonde cohésion et d’une collaboration réelle entre les peuples. Pour construire la nouvelle Europe sur des bases solides il ne suffit pas de faire appel aux seuls intérêts économiques, mais il faut plutôt se baser sur les valeurs authentiques qui ont leur fondement dans la loi morale universelle inscrite dans le cœur de chaque homme » [17].

    « Rappeler ces origines est nécessaire, même pour la vérité historique, et il est important de savoir lire en profondeur ces racines, pour qu’elles puissent aussi animer l’aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il est décisif de saisir le dynamisme qu’il y a – par exemple – dans l’événement de la naissance d’une université, ou d’un mouvement artistique, ou d’un hôpital. Il faut comprendre le pourquoi et le comment cela est arrivé, pour valoriser dans l’aujourd’hui ce dynamisme, qui est une réalité spirituelle qui devient culturelle et donc sociale. À la base de tout, il y a des hommes et des femmes, il y a des personnes, des consciences, mues par la force de la vérité et du bien » [18].

    «  L’on ne peut pas penser édifier une authentique "maison commune" européenne en négligeant l’identité propre des peuples de notre continent. Il s’agit en effet d’une identité historique, culturelle et morale, avant même d’être géographique, économique ou politique ; une identité constituée par un ensemble de valeurs universelles, que le christianisme a contribué à forger, acquérant ainsi un rôle non seulement historique, mais fondateur à l’égard de l’Europe. Ces valeurs, qui constituent l’âme du continent, doivent demeurer dans l’Europe du troisième millénaire comme un "ferment" de civilisation. Si elles devaient disparaître, comment le "vieux" continent pourrait-il continuer de jouer le rôle de "levain" pour le monde entier ? »

    «  N’est-il pas surprenant que l’Europe d’aujourd’hui, tandis qu’elle vise à se présenter comme une communauté de valeurs, semble toujours plus souvent contester le fait qu’il existe des valeurs universelles et absolues ? Cette forme singulière d’"apostasie" d’elle-même, avant même que de Dieu, ne la pousse-t-elle pas à douter de sa propre identité ? De cette façon, on finit par répandre la conviction selon laquelle la "pondération des biens" est l’unique voie pour le discernement moral et que le bien commun est synonyme de compromis. En réalité, si le compromis peut constituer un équilibre légitime d’intérêts particuliers différents, il se transforme en mal commun chaque fois qu’il comporte des accords qui nuisent à la nature de l’homme » [19].

    « Même si hélas de nombreux Européens semblent ignorer les racines chrétiennes de l’Europe, celles-ci sont vivantes, et devraient tracer le chemin et nourrir l’espérance de millions de citoyens qui partagent les mêmes valeurs » [20]. L’unité des peuples européens ne sera solide que si elle est basée sur les racines chrétiennes communes. Grâce à celles-ci « l’Europe sera capable de donner une orientation sûre au choix de ses citoyens et de ses peuples, elle renforcera sa conscience d’appartenir à une civilisation commune et elle consolidera l’engagement de tous dans le but de faire face aux défis du présent en vue d’un avenir meilleur » [21].

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    [1] Benoît XVI, Rencontre œcuménique, salle du Trône de l’Archevêché de Prague, 27 septembre 2009, Voyage Apostolique, République tchèque, 26-28 septembre 2009

    [2] Benoît XVI, Message pour la célébration de la Journée Mondiale de la Paix 2011, 1er janvier 2011

    [3] Benoît XVI, Discours à l’ambassadeur de Croatie, 11/04/2011

    [4] Benoît XVI, Lettre en conclusion de l’Année sainte de Compostelle 2010, 18 décembre 2010

    [5] Benoît XVI, audience générale, 09/04/2008

    [6] Benoît XVI, A la délégation bulgare en la mémoire liturgique des saints Cyrille et Méthode, 23 mai 2011

    [7] Benoît XVI, Audience Générale, 11 novembre 2009

    [8] Visite officielle du Pape Benoît XVI au Quirinal, 24 juin 2005

    [9] Benoît XVI, Rencontre avec les représentants de la société civile, du monde politique, académique, culturel et de l’entreprise, avec le corps diplomatique et avec les chefs religieux, 4 juin 2011

    [10] Benoît XVI, Visite apostolique en Autriche, 07/09/2007

    [11] Benoît XVI, Rencontre œcuménique, salle du Trône de l’Archevêché de Prague, 27 septembre 2009, Voyage Apostolique, République tchèque, 26-28 septembre 2009

    [12] Visite officielle du Pape Benoît XVI au Quirinal, 24 juin 2005

    [13] Benoît XVI, Discours aux participants au Congrès promu par le Parti populaire européen, 30 mars 2006

    [14] Visite officielle du Pape Benoît XVI au Quirinal, 24 juin 2005

    [15] Zenit, Les racines chrétiennes de l’Europe sont vivantes, constate Benoît XVI, 9 décembre 2008

    [16] Benoît XVI, Rencontre œcuménique, salle du Trône de l’Archevêché de Prague, 27 septembre 2009, Voyage Apostolique, République tchèque, 26-28 septembre 2009

    [17] Benoît XVI, A la délégation bulgare en la mémoire liturgique des saints Cyrille et Méthode, 23 mai 2011

    [18] Benoît XVI, Rencontre avec les représentants de la société civile, du monde politique, académique, culturel et de l’entreprise, avec le corps diplomatique et avec les chefs religieux, 4 juin 2011

    [19] Benoît XVI, Audience au Congrès promu par la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE), 24 mars 2007

    [20] Benoît XVI, Message pour la journée d’étude sur le dialogue entre cultures et religions, 3 décembre 2008

    [21] Benoît XVI, Discours aux participants au Congrès promu par le Parti populaire européen, 30 mars 2006

     Ref. Quand Benoît XVI fustigeait le rejet croissant du christianisme en Europe

    A propos des racines de l’Europe, Paul-Henri Spaak,  l’un des « pères » fondateurs des Communautés européennes, déclarait en 1957 :       

    « Cette civilisation - et pour tous ceux qui connaissent mes tendances philosophiques ce que je vais déclarer paraîtra peut-être surprenant - cette civilisation est, que nous le voulions ou non, la civilisation chrétienne. Je l'ai dit un jour à Strasbourg : quand les temps seront révolus, lorsque nous aurons tous disparu depuis de longues et de longues années et quand on voudra raconter l'aventure humaine que nous avons vécue, on ne pourra pas, quelles que soient nos convictions religieuses ou philosophiques, dire autre chose que ceci : les gens de ce temps-là, les gens de ce siècle-là ont vécu ensemble l'aventure, l'immense aventure de la civilisation chrétienne. Et, étant donné que je ne suis pas un philosophe cherchant à résumer en peu de phrases ce qui paraît l'essentiel de cette civilisation, je crois pouvoir dire que la civilisation chrétienne a apporté au monde une conception particulière de l'homme, fondée sur le respect qu'il faut avoir pour la personnalité humaine, et que c'est de cela que découle tout le reste ». (extrait de «  Une révolution européenne ? »,  discours de Paul-Henri Spaak à la Banco di Roma sur les traités de Rome, 26 mars 1957).

    Avis aux partisans des identités multiples et du multiculturalisme.

    JPSC