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Culture - Page 43

  • Evangéliser ces lieux "virtuels" que sont les chatbots

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    D'Andrea Gagliarducci sur acistampa :

    Intelligence artificielle, Cardinal Eijk : "L'Église évangélise les chatbots".

    L'archevêque d'Utrecht en est convaincu : il y a matière à réflexion sur les possibilités offertes par l'intelligence artificielle. Du risque de transhumanisme à la fin des relations...

    Bucarest, jeudi 18 mai 2023 (ACI Press)

    Il y aura beaucoup de réflexion à mener sur l'impact que l'intelligence artificielle aura sur nos vies. Et l'Église devra le faire avant tout, mais en même temps elle sera appelée à commencer à évangéliser ces lieux "virtuels" que sont les chatbots, car dans un monde où le virtuel est réel, beaucoup dépend maintenant de la réponse donnée dans ces nouveaux lieux d'interaction. Le cardinal Wilhelm Jacobus Eijk, archevêque d'Utrecht, en est convaincu. Un sujet qui a également été abordé lors du débat sur l'enseignement de l'Église en matière de morale sexuelle et matrimoniale, provoqué par un rapport du cardinal lors de la dernière rencontre des responsables de la famille et de la vie des Conférences épiscopales d'Europe, qui s'est tenue à Bucarest du 6 au 10 mai.

    Quel impact l'intelligence artificielle peut-elle avoir sur nos vies ?

    Il est difficile d'avoir une vue d'ensemble de tout ce que l'intelligence artificielle peut faire pour nous, car c'est un domaine encore peu connu. Cependant, je pense que les technologies d'intelligence artificielle telles que les chatbots ont également le potentiel de dire quelque chose sur les questions religieuses. Par exemple, lors d'un sermon, j'ai donné un exemple que j'avais lu dans un livre et j'ai fait référence à Thomas d'Aquin. Un diacre de notre archidiocèse, professeur de dogmatique à la faculté de théologie d'Utrecht, ne se souvenait pas d'avoir entendu ce récit sur Thomas d'Aquin. Un jeune prêtre a donc interrogé un chat bot, qui lui a répondu qu'il s'agissait de saint Albert le Grand, et non de saint Thomas d'Aquin. Quelle est donc la vérité ? La réponse du chat bot est le résultat d'un calcul d'intelligence artificielle. Cependant, cela implique également que si nous ajoutons beaucoup d'informations religieuses aux robots de conversation, nous pouvons avoir une influence sur les réponses. Nous devons donc essayer d'être présents dans le domaine de l'intelligence artificielle.

    S'agit-il avant tout d'une tâche d'évangélisation ?

    L'Église est toujours prudente lorsqu'elle aborde un nouveau domaine. Mais si nous attendons trop longtemps, d'autres personnes auront introduit d'autres informations, ce qui déterminera les réponses. Nous ne devons donc pas attendre trop longtemps pour être actifs dans ce domaine. Nous ne connaissons pas les conséquences de l'utilisation généralisée des logiciels de "chat bots", mais nous pouvons d'ores et déjà prévoir un certain scénario. Aujourd'hui, nous disons que ces logiciels font des erreurs, mais qu'en sera-t-il dans 10, 20 ou même 5 ans ? Il y aura d'autres types d'intelligence artificielle, des calculateurs beaucoup plus puissants, capables de donner des réponses beaucoup plus précises. C'est maintenant que nous pouvons influencer les réponses.

    N'y a-t-il pas de crainte ?

    Il est compréhensible d'avoir peur des évolutions, car l'intelligence artificielle peut aussi avoir des conséquences très négatives sur notre société. Par exemple, l'intelligence artificielle est un pas vers la robotisation de notre société, ce qui pourrait entraîner la perte de nombreux emplois, surtout pour les personnes qui n'ont pas fait d'études spécifiques. Le robot, en fin de compte, est un type de personnel qui ne demande pas d'augmentation de revenu, qui travaille 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et qui ne se fatigue pas. Cela peut changer radicalement notre société, et j'ai l'impression que ni l'Église ni la société ne se rendent compte des changements très profonds qui nous attendent dans les années à venir.

    Pensez-vous que l'intelligence artificielle comporte le risque d'un soi-disant transhumanisme 2.0 ?

    C'est un risque possible. Nous avons déjà des maisons de retraite où des robots distribuent de la nourriture. La distribution de nourriture aux malades était aussi un moment de contact humain avec les patients, et c'est déjà perdu. Mais lorsque nous décidons non seulement de distribuer la nourriture avec un robot, mais aussi d'utiliser un robot pour déplacer un patient de son lit et le mettre sous la douche, il y a un risque de perdre complètement le contact humain. En outre, il se peut que le robot soit mal programmé au départ, qu'il prenne le patient à 3 heures du matin et lui donne une douche froide, mais avec un logiciel amélioré et des erreurs réduites au minimum, rien ne s'opposera à ce que cela soit fait au maximum. Ce sont des changements et des développements qui se produisent très rapidement. Ce n'est pas une coïncidence si même des personnalités du monde de la haute technologie comme Elon Musk ont appelé à un moratoire sur le développement de l'intelligence artificielle. Nous devons mieux étudier les répercussions futures de ces technologies sur la société.

    On pourrait penser que même la décision d'une éventuelle euthanasie pourrait être plus facile à prendre si un robot évaluait les données. Car il n'y a plus d'humanité, et les êtres humains sont perçus comme des machines. S'il ne vaut pas la peine de les faire fonctionner, on les éteint.

    Les soins sont très coûteux et les gouvernements dépensent la majeure partie de l'argent qu'ils perçoivent des impôts pour soigner les gens, mais à un moment donné, cette situation sera difficilement soutenable. À ce moment-là, il y aura une pression sociale pour introduire ces robots, des machines automatiques pilotées par des logiciels très sophistiqués et capables de prodiguer les soins nécessaires. De nombreuses questions doivent être abordées. Par exemple, les personnes seront soignées à domicile et vivront peut-être dans des maisons isolées, dans la solitude. Elles perdront ainsi tout contact humain, ce qui entraîne d'autres répercussions. Il s'agit également d'une question très importante. C'est pourquoi nous devons bien réfléchir avant d'introduire toutes ces machines dans nos vies. Bien que ces machines puissent avoir un impact très positif sur les soins, nous devons trouver un équilibre entre l'élément humain et l'élément mécanique.

    Dans un tel monde, y a-t-il encore de la place pour la civilisation de l'amour prônée par le catholicisme ?

    Oui, aussi parce que dans l'Eglise, il ne sera pas possible de tout automatiser. Par exemple, un prêtre doit toujours célébrer la liturgie, il doit toujours entendre les confessions. Ce sont des activités qui ne peuvent pas être remplacées par l'intelligence artificielle. On peut, il est vrai, imaginer une catéchèse donnée par un robot. Mais le verbe catechezein, en grec, implique un contact personnel dans la manière de transmettre la foi du Christ. La foi du Christ se partage avec d'autres et il n'y a pas d'autre moyen. Je crois que l'Église sera l'un des lieux où l'élément humain demeurera à l'avenir, malgré tout.

    Vous avez demandé à plusieurs reprises une encyclique ou un document papal sur la question du genre. Pensez-vous qu'il faille également un document expliquant comment habiter ces nouveaux lieux de l'intelligence artificielle ?

    Il faudra un document, mais il faut qu'il soit bien pensé. L'Eglise a toujours eu besoin d'un temps de réflexion sur les nouvelles techniques et leurs développements. Parfois, ce temps de réflexion a pris de nombreuses années. Par exemple, le premier enfant conçu par fécondation in vitro est né en 1978, l'instruction de la Congrégation de la doctrine de la foi à ce sujet, Fidei Donum, n'est venue qu'en 1987, soit neuf ans plus tard. Le magistère de l'Église disposait déjà des réponses de Pie XII sur la question de l'insémination artificielle dans les années 1950, mais le débat est resté ouvert. Il est donc trop tôt pour demander un tel document aujourd'hui.

    Faut-il attendre et évangéliser ?

    Evangéliser, mais aussi discuter entre théologiens sur cette question, sensibiliser les gens aux nouvelles techniques. Cela prendra du temps.

  • Pour la Fête de l’Ascension

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    « Viri Galilaei » de Giovanni Pierluigi Palestrina (1525-1594) pour l’Ascension du Seigneur : " Hommes de Galilée, pourquoi êtes-vous dans la stupeur en regardant le ciel ? Alleluia, : comme vous l’avez-vu monter au ciel, ainsi il reviendra, alleluia, alleluia, alleluia!" 

    "Viri Galilaei, quid admiramini ascipientes in caelum? Alleluia: quemadmodum vidistis eum ascendentem in caelum, ita veniet, alleluia, alleluia, alleluia!" (introït de la messe de l'Ascension, act. 1, 11)

    JPSC

  • Concert « Bach inspiration V » le dimanche 18 juin prochain à 17h00 à l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132 à Liège).

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  • Peut-on assimiler un animal de compagnie à un enfant ? L'agacement du pape

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    D'Eugenio Capozzi sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Enfants et animaux, pourquoi le monde ne comprend pas le Pape

    16-05-2023

    Les médias ont fait grand cas de l'anecdote racontée par le Pape François condamnant l'assimilation des enfants aux animaux domestiques. C'est le symptôme d'une culture triste, égoïste et non plus générative, dans laquelle l'Eglise apparaît comme un corps étranger.

    En marge du discours du pape François aux États généraux de la naissance, il y a quelques jours, une grande clameur médiatique et polémique s'est élevée autour de l'épisode, raconté par lui, du reproche adressé à la fidèle qui lui demandait de bénir son chien en l'appelant "mon bébé". L'importance obtenue par ce passage du discours du pontife, relatif à un raisonnement beaucoup plus large sur la nécessité de revenir à une culture qui promeut la vie et la famille comme des aspects naturels de la société, est cependant très symptomatique, car il a manifestement touché une corde sensible dans notre culture répandue, comme pratiquement chaque fois que l'on se réfère aux relations entre les êtres humains et les animaux, sans adhérer parfaitement à la rhétorique "politiquement correcte" imprégnée de sentimentalisme à l'égard de ces derniers.

    La phrase du pape a suscité d'innombrables critiques et commentaires furieux dans les médias et sur les réseaux sociaux, parce qu'elle exprime un mépris pour les "animaux de compagnie", qu'elle considère comme sans valeur et non dignes d'être bénis. Or, comme il est évident pour quiconque a écouté ou lu le discours, François n'a absolument rien voulu dire de tel.

    D'autre part, il n'aurait jamais pu le faire, car l'Église, dans son histoire millénaire, a une longue et incontestable tradition d'amour des animaux, de leur association non pas fortuite mais constante avec le divin, et en particulier avec la figure du Christ, et, plus spécifiquement, de bénédictions d'animaux, liées à des aspects de son culte et de la vénération de nombreux saints. Il aurait été absurde et contradictoire de la part d'un pontife de prétendre que les animaux ne sont pas dignes d'être bénis. Et en fait, le pape Bergoglio n'a manifestement pas dit cela.

    Au contraire, son amère réprimande du croyant en question lui a servi à souligner combien il est faux et inadmissible, d'un point de vue chrétien, d'assimiler un animal de compagnie à un enfant, d'annuler toute différence de nature et de valeur entre la créature animale dont on est responsable et à laquelle on peut certainement être lié par une profonde affection, et un enfant ; et même la tendance de plus en plus marquée dans nos sociétés à renoncer à la maternité et à la paternité tout court, en les remplaçant par la cohabitation avec des animaux domestiques, en se berçant d'illusions et en prétendant qu'il s'agit de la même chose, et qu'une ou deux personnes avec des chiens et/ou des chats peuvent être considérées comme une "famille".

    Un substitut qui, selon le pontife, représente un symptôme et une composante importante de la "tristesse", du dépérissement, de l'égoïsme inextricablement liés à des sociétés qui ne sont plus génératives. Une tristesse à laquelle il est urgent d'opposer une espérance qui ne soit pas abstraite, mais fondée sur des "choix concrets", dont celui de fonder des familles solides et fécondes, capables de faire regarder l'avenir avec joie.

    L'alarme sur la perception déformée de l'amour et de la famille véhiculée par la substitution psychologique d'animaux aux enfants n'est pas un motif nouveau dans les interventions publiques du pape François. En janvier 2022, il avait notamment souligné avec inquiétude que beaucoup préféraient avoir des chiens et des chats plutôt que des enfants, alors que les deux types de liens ne sont pas comparables, car "avoir des enfants est une plénitude dans la vie d'une personne". En août de la même année, il avait défini cette préférence comme la recherche d'une affection "sans problèmes".

    Chaque fois que le pontife réitère cette idée, il provoque régulièrement le scandale. Mais ce sont précisément les réactions négatives, et leur origine, qui montrent clairement comment, sous la forme brute et sans prétention qu'il tend à utiliser dans ses discours, Bergoglio saisit un noyau central de la culture de la "tristesse", c'est-à-dire essentiellement la tendance à l'autodestruction et à la décadence qu'il a identifiée dans les sociétés occidentales.

    Il s'agit d'un anti-humanisme radical désormais fermement ancré dans la vision du monde non plus seulement des élites, mais d'une partie substantielle des masses dans les sociétés d'abondance, de consommation, de "droits" et de liberté apparemment illimitée.

    Un anti-humanisme qui se présente comme une hydre à deux têtes. D'une part, une déclinaison fanatique de l'environnementalisme, combinée à la dégénérescence du féminisme et de l'idéologie de la protection des minorités sexuelles, qui condamne ouvertement la génération d'enfants dans des familles "traditionnelles" (ou plutôt authentiques), ou la génération d'enfants tout court, comme un choix dangereux pour l'équilibre de l'"écosystème" ou fonctionnel pour maintenir les femmes dans une position subalterne. D'autre part, l'animalisme, en tant qu'idéologie qui présuppose l'assimilation des animaux aux êtres humains et, inversement, la réduction des êtres humains à de simples animaux ; la négation radicale de l'anthropocentrisme, inséparable au contraire de l'humanisme occidental ; l'attribution aux animaux de "droits" fantômes ; la stigmatisation de l'alimentation à base de viande et de l'utilisation des animaux eux-mêmes.

    Les classes dirigeantes de l'Occident sécularisé et déchristianisé, et les masses involontaires qui les suivent, adoptent largement comme religions de substitution, d'une part, celle de l'"écosystème", du climat, d'un univers déshumanisé ; d'autre part, la vénération panthéiste, idolâtre et indistincte des formes de vie non humaines, avec leur élévation indue au rang de "personnes". L'Église catholique qui, par son chef, préserve "obstinément" l'anthropocentrisme sous-jacent au message du Christ ainsi que la rationalité héritée de millénaires d'histoire européenne, apparaît comme un corps étranger dans "l'hiver" d'une civilisation aliénée et tristement repliée sur elle-même, quand elle ne cherche pas activement à s'autodétruire. Comme l'"étranger" dont Thomas Eliot parlait de manière prophétique il y a 90 ans, dans les chœurs de "The Rock".

  • Une splendide édition de la procession de Hanswijk pour son 750ème anniversaire

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    750ste editie Hanswijkprocessie, Mechelen, 14 mei 2023 © Dienst Communicatie aartsbisdom Mechelen-Brussel

    750ste editie Hanswijkprocessie, Mechelen, 14 mei 2023 © Dienst Communicatie aartsbisdom Mechelen-Brussel

    De Geert de Kerpel sur kerknet :

    La 750e procession de Hanswijk s'est révélée une édition splendide

    15 MAI 2023

    Après des mois de préparation intense et avec la bénédiction des dieux de la météo, Notre-Dame de Hanswijk a de nouveau été portée dans les rues de Malines le 14 mai.

    À l'origine de la procession de la Hanswijk de Malines se trouvent les fléaux de la peste et d'autres maux qui ont également touché Malines au 13e siècle. Hanswijk se trouvait alors encore en dehors des murs de la ville et ses habitants ne savaient plus où donner de la tête. Avec leur statue de Marie, qu'ils vénéraient depuis 988, ils frappèrent à la porte de la ville, mais celle-ci resta fermée. Plus tard, la porte de Bruxelles fut ouverte et, selon la tradition, les maux cessèrent peu après. En remerciement, les habitants de Hanswijk transportent depuis lors chaque année leur statue de Marie à travers la ville lors d'une procession historique et religieuse.

    Une merveilleuse édition

    Après des mois de préparation intense, la statue de Notre-Dame de Hanswijk a traversé le centre de Malines dimanche dernier, le 14 mai 2023, pour la 750e fois. Cette année, les dieux de la météo ont été particulièrement cléments à l'égard de la procession. Après des semaines de pluie intense, le jour J, le ciel s'est dégagé et c'est sous un soleil radieux que la procession s'est élancée. Les 1 100 participants et les nombreux spectateurs le long du parcours ont pu profiter d'une édition splendide aux composantes à la fois historiques et religieuses. Le moment de prière final dans la basilique de Hanswijk était également très attrayant. Il était présidé par le cardinal Jozef De Kesel. Le nonce apostolique, Mgr Franco Coppola, et la plupart des évêques de notre pays ont également participé à cette édition festive.

    Dans la crypte de la belle basilique de Hanswijk, vous pouvez encore visiter l'exposition Door de stad gedragen over 750 jaar Hanswijkprocessie jusqu'au 11 juin. 

    Jetez également un coup d'œil au reportage de la télévision régionale RTV

  • "Vladimir Ghika", vagabond apostolique : une BD des éditions du Triomphe

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    Du site des Editions du Triomphe :

    Couverture

    MONSEIGNEUR VLADIMIR GHIKA

    Collection : Le Vent de l'Histoire

    Un bienheureux, prêtre pour le diocèse de Paris et lien entre orthodoxie et catholicisme. Né dans l'orthodoxie, Vladimir Ghika est éduqué, avec ses frères et soeurs, dans les bonnes écoles françaises de l‘époque : voilà de jeunes orthodoxes dans un pays catholique qui suivent leur gouvernante au culte protestant ! Le tournant décisif de la vie du jeune aristocrate se produit à Rome. En 1902, après un long cheminement spirituel, il fait son entrée officielle dans l'église catholique. Pour lui, il insiste, il ne s'agit pas d'une conversion. Car il était déjà « catholique d'esprit et de coeur ». Sa vocation sacerdotale naissante est cependant contrariée par sa mère qui s'en inquiète… et s'en ouvre au pape Pie X ! Vladimir obéit mais suit les mêmes études qu'un prêtre, chose extraordinaire pour un laïc à l'époque ! À Paris, il se lie avec les élites catholiques françaises de l'époque dont les Maritain. Tout prince qu'il est, sa préférence va aux pauvres et aux malades. Il se dévoue sans compter aux côtés des Filles de la Charité à tel point qu'on le surnomme « soeur Vladimir ». Enfin, à l'âge de 50 ans, il franchit le pas et est ordonné prêtre devant toutes les têtes couronnées et découronnées d'Europe. Son ministère est hors-norme : il célèbre pour les deux rites latin et byzantin, côtoie le pape et l'empereur du japon tout en vivant un temps dans une baraque misérable de Villejuif. Quand il ne confesse pas dans son église de la rue de Sèvres, il voyage à travers le monde, il enseigne et il prie. Inlassablement, il implore. À tel point qu'il obtient des guérisons miraculeuses de son vivant ! Il projetait d'ouvrir une léproserie en Roumanie lorsque la 2nd Guerre mondiale éclate. Beaucoup fuient le régime communiste. Lui choisit de rester parmi ses compatriotes. À Bucarest, il devient le « catalyseur » de l'église gréco-catholique en proie à la pire des persécutions. C'est un Mgr Ghika âgé de 80 ans qui est finalement arrêté en novembre 1952 et torturé sans aucun égard pour son grand âge. Mais, tel saint Paul sous les verrous, il professe encore avec douceur que « Rien n'est plus honorable que d'être détenu pour la cause de Jésus-Christ. » Il meurt d'épuisement le 16 mai 1954. Reconnu martyr de la Foi, Monseigneur Vladimir Ghika a été béatifié le 31 août 2013 par le pape François. Un hommage à la figure d'un missionnaire laïc devenu prêtre pour le diocèse de Paris et lien entre orthodoxie et catholicisme.
     
    à commander ICI
  • La surprenante conversion au sacré de Sonia Mabrouk

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    De Samuel Dufay sur le site de l'Express :

    Messe en latin, "vigueur" de l’islam… La surprenante conversion au sacré de Sonia Mabrouk

    La journaliste star d’Europe 1 et CNews appelle à renouer avec le sacré. Une injonction inattendue, qui alimente son mystère.

    14/05/2023

    Qui est vraiment Sonia Mabrouk ? La "combattante de la liberté" vantée par Le Figaro Magazine, ou la "directrice de la réaction" et "égérie de la "droitosphère"" décriée par Libération ? Son dernier livre, Reconquérir le sacré (éditions de l’Observatoire), ne dissipera pas le mystère entourant la native de Tunis, petite-fille d’un ministre de Bourguiba, et dont l’ambition forcenée a présidé à l’ascension éclair dans les médias : débuts à Jeune Afrique en 2005, recrutement en 2008 à Public Sénat, où Jean-Pierre Elkabbach la prend sous son aile. Jusqu’à son entrée à Europe 1 en 2013, où elle s’impose jusqu’à décrocher l’entretien politique de la matinale, tout en rejoignant CNews en 2017.

    On connaissait l’intervieweuse pugnace de 8 h 13, la lanceuse d’alerte contre les dangers de l’islamisme, dont a pu observer les ravages dans sa Tunisie natale. On l’imaginait moins se livrer à un éloge du "sacré", c’est-à-dire "tout ce qui ouvre à plus grand que soi". C’est pourtant à la reconquête de cette transcendance que la journaliste appelle dans Reconquérir le sacré. "Soyons de nouveau perméables à l’invisible, au mystère et au sublime", y enjoint-elle, sans craindre la grandiloquence. Un opuscule déroutant, entre réflexion anthropologique et injonction à la résilience, qui convoque aussi bien l’écrivain allemand Ernst Jünger que Frédéric Lenoir. Sonia Mabrouk, de confession musulmane, y plaide pour la messe en latin et de plain-chant, "expression d’un sacré formé de rituels et de pièces musicales multiséculaires", évoque son émerveillement face aux "voix d’or" des muezzins entendues à Tunis, à Istanbul ou au Caire. Dans un entretien au Figaro Live, on l’a même vue s’improviser théologienne en déplorant le "dévoiement de la proposition chrétienne", transformée, depuis le concile Vatican II, en "accueil de l’autre, du migrant, dans une humanité rassemblée"…

    De quoi surprendre ceux qui voyaient d'abord en elle une combattante de la laïcité. Signe d’une évolution ou dissipation d’un malentendu ? "Peut-être que je me suis mal exprimée, répond l’intéressée dans son bureau d’Europe 1 encombré de livres. Pour moi, la laïcité n’a jamais consisté à rogner toute expression religieuse ou de sacré ; c’est d’abord l’expression chez soi, individuelle, pas une forme de prosélytisme. Et surtout, ce n’est pas le laïcisme. Par exemple, je n’ai jamais été contre le voile, mais contre la contrainte qu’on impose à certaines femmes." Un représentant de la gauche républicaine, qui l’a côtoyée sur les plateaux de télévision, s’interroge : "Je ne sais pas vraiment si elle était une combattante de la laïcité. Je la sens un peu plus réservée par rapport à ma sensibilité qu’envers des discours davantage identitaires. Ce sont de petites nuances, une insistance sur les aspects historiques et civilisationnels de l’identité française, plutôt que civiques et politiques." Le thème de la transcendance, elle l’avait déjà abordé par le passé, comme dans Insoumission française (2021), où elle appelait au rassemblement derrière le "sacré" national.

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  • Quand "la magie de Disney" opère dans l'église de Florennes...

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    De Bernard Polet sur Boukè.Media :

    Un concert Disney pas comme les autres !

    3 mai 2023
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    cliquer sur l'image pour accéder au reportage

    La magie de Disney opère maintenant dans les églises ! C'était le cas ce week-end de la collégiale de Florennes qui a accueilli en concert l'Harmonie Royale Sainte-Cécile. Septante musiciens de tous âges ont repris les grands standards musicaux de la franchise Disney devant un public conquis d'avance.

  • L'Église a été une force de libération dans le domaine politique, culturel et scientifique

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    «Le christianisme a largement contribué au développement des sciences»

    Jean-François Chemain est docteur et agrégé en histoire ainsi que docteur en histoire du droit. Il est l'auteur de nombreux livres et enseignant dans différents établissements supérieurs. Son dernier livre Ces idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde vient de paraître aux éditions Artège (280p., 19,90€.).

     

    FIGAROVOX - Vous écrivez dans votre premier chapitre que «le christianisme a apporté au monde l'idée de l'Europe comme un espace politique, religieux et culturel». Qu'entendez-vous par là ?

    Jean-François CHEMAIN. - Le terme d'«Europe» est très ancien, il était déjà employé par les Hittites, les Phéniciens et les Grecs, dans des acceptions assez variées, pour désigner telle divinité ou telle région. Mais il est utilisé pour la première fois dans son sens moderne par le moine irlandais saint Colomban, dans deux lettres adressées au Pape. Dans la première, en 590, il définit l'Europe comme le territoire soumis à l'autorité spirituelle du Pape, ce qui correspond aux frontières européennes actuelles. Ainsi, cette désignation donne à l'Europe un sens géographique définitif, mais aussi une dimension religieuse et institutionnelle importante, étant donné que le Pape est le chef de l'institution ecclésiale. Cela exclut par conséquent toute la partie de la chrétienté originelle qui n'obéit pas au Pape, notamment l'Empire byzantin au sein duquel la religion était dirigée par l'Empereur, dans la tradition césaro-papiste romaine. La seconde lettre est écrite en 614, à l'époque où apparaît l'Islam.

    Les monastères chrétiens ont également été un facteur important d'unification religieuse et culturelle de l'Europe. Nous avons connu deux principales vagues monachiques, la première avec l'ordre de Cluny fondé en 910 selon la règle bénédictine, qui a édifié environ 1000 prieurés ; et la seconde avec l'ordre cistercien, qui s'appuie lui aussi sur la règle de saint Benoît. Si on regarde la carte des monastères bénédictins et cisterciens au Moyen-Âge, nous retrouvons le territoire européen actuel, excepté les récents élargissements orthodoxes (Roumanie, Bulgarie etc.).

    Selon vous, les chrétiens sont les premiers à avoir établi la distinction entre l'État et la religion. Peut-on dire, en somme, que même la République laïque se fonde sur un modèle chrétien ?

    Absolument, il y a dans la République un prolongement de la rivalité entre l'Église et l'État, qui est un conflit fondateur de la civilisation chrétienne occidentale. La France a résolu cette rivalité de manière fondamentaliste et intellectuelle, en faisant absorber par l'État les fonctions traditionnelles de l'Église. Autrement dit, l'institution ecclésiale a été marginalisée et décrédibilisée, pendant que la République reprenait ses principes évangéliques pour en faire une politique.

    En absorbant les différents rôles de l'Église, l'État a déserté ses propres fonctions régaliennes, il ne défend plus nos frontières, n'assure plus la sécurité et ne rend plus la justice.

    Jean François Chemain
    L'Église a originellement trois grandes missions, les tria munera, à savoir gouverner, enseigner et sanctifier. Concernant la première, il y a eu pendant des siècles un bras de fer entre l'Église et l'État pour savoir qui devait gouverner, et l'État en est sorti victorieux. Pour la seconde, l'Église a longtemps eu le monopole de l'enseignement, mais l'État a aujourd'hui entièrement récupéré ce domaine. Enfin, l'État a aussi pris à l'Église sa dernière mission, la sanctification des hommes. En effet, l'institution étatique cherche à faire de chaque citoyen un saint, elle nous exhorte à «la tolérance», à la «repentance», nous invite à accueillir l'étranger, à partager nos biens, à tendre la joue droite quand on nous frappe sur l'autre... C'est un discours évangélique. Mais parallèlement, en absorbant les différents rôles de l'Église, l'État a déserté ses propres fonctions régaliennes, il ne défend plus nos frontières, n'assure plus la sécurité et ne rend plus la justice.

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  • Quand le mariage gay est devenu un point de repère de l'identité flamande d'aujourd'hui

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    De Johan Bruynseraede sur doorbraak :

    Canon flamand : le mariage gay comme point de repère

    12/05/2023

    Le nouveau canon flamand ("60 événements, dates, personnes, traditions, livres, objets et œuvres d'art qui définissent la Flandre d'aujourd'hui") présente le mariage homosexuel comme une référence positive importante pour la Flandre : "En 2003, la Belgique était le deuxième pays au monde, après les Pays-Bas, où les personnes de même sexe pouvaient se marier. Pour le mouvement LGBT, il s'agissait d'une avancée importante. Il y a eu très peu d'opposition de la part des politiciens et de la presse".

    Cependant, cette présentation des faits ne mentionne pas du tout l'éléphant connu dans la pièce. Et les faits sont qu'elle a totalement changé la substance de l'institution du mariage.

    Le cardinal Francis George de Chicago l'a dit en 2013 : Une proposition visant à modifier la vérité concernant le mariage dans le droit civil est moins une menace pour la religion qu'un affront à la raison humaine et au bien commun d'une société. Cela signifie que nous devons tous faire semblant d'accepter quelque chose qui est physiquement impossible. Le législateur pourrait tout aussi bien abroger la loi de la gravité.

    En 2016, le pape François a écrit sur la joie de l'amour Amoris Laetitia. Personne ne peut penser que l'affaiblissement de la famille, en tant que forme naturelle de vie commune fondée sur le mariage, profite à la société. C'est le contraire qui se produit : cela nuit au développement des enfants, à la culture des valeurs communes et au développement moral des villes et des villages. Il n'y a plus de conscience claire que seule l'union exclusive et indissoluble entre mari et femme remplit pleinement une fonction sociale, car c'est un engagement durable qui permet la fécondité".

    Nous devons reconnaître la grande variété de situations familiales qui peuvent offrir une certaine protection, mais les unions de fait ou les partenariats entre personnes de même sexe, par exemple, ne peuvent simplement pas être comparés au mariage. Aucune union provisoire ou excluant la procréation ne peut assurer l'avenir de la société. Mais qui se préoccupe aujourd'hui de soutenir les familles, de les aider à surmonter les dangers qui les menacent, de les guider dans leur tâche éducative, de promouvoir la stabilité de l'union conjugale ?

    Qui se préoccupe aujourd'hui de (...) promouvoir la stabilité de l'union conjugale, demande le pape. Dans le texte ci-dessus du nouveau canon, nous lisons la réponse : "Du côté de la politique et de la presse, il n'y avait plus guère d'opposition". L'institution du "mariage" était déjà en jeu en Flandre bien avant 2003. L'ouverture aux couples de même sexe n'est donc plus perçue depuis longtemps comme une abrogation de la loi de la gravité. L'amour est l'amour et le mariage pour tous.

    Un canon flamand pourrait donc inclure le mariage homosexuel, mais pas nécessairement de la manière dont cela se fait aujourd'hui. Le professeur Herman De Dijn l'a également fait dans son livre Vloeibare waarden (valeurs fluides) : "À la fin de l'ère moderne, l'institution du mariage est également devenue fluide. Ce n'est plus un "sacrement" qui transforme notre être (en mari ou en femme) ; c'est devenu un instrument dans la construction du style de vie des individus".

    Mais le fait que le canon flamand favorise la construction de la vie (ingénierie sociale) ressort clairement du reste du texte : "(...) La nouvelle législation pénalise la discrimination sur la base de l'orientation sexuelle et, depuis 2013, également sur la base de l'identité de genre. Toutefois, malgré l'égalité juridique, les personnes LGBTQ+ continuent d'être confrontées à la discrimination et à l'homophobie". (Voir aussi le canon sur la pilule).

    Le pape écrit également à ce sujet dans De la joie de l'amour : "Un autre défi émerge dans les diverses formes d'idéologie du genre qui nie la différence et la réciprocité naturelle de l'homme et de la femme. Elle envisage une société sans différence entre les sexes et érode la base anthropologique de la famille. (...) Comprendre la fragilité humaine ou la complexité de la vie est une chose, mais accepter des idéologies qui cherchent à séparer ces deux aspects inséparables de la réalité en est une autre".

    Du canon flamand, je devrais donc conclure - sur ce point - que le Flamand a pleinement embrassé et accepté l'idée de l'ingénierie sociale de la vie et, ce faisant, s'est également détaché de l'Église catholique romaine et de toute idéologie conservatrice (que je retrouve aujourd'hui chez de grands défenseurs du mariage tels que le professeur Robert P. George, Ryan T. Anderson, Mary Eberstadt, Sherif Girgis, Patrick Lee, Elizabeth Anscombe, John Finnis, Melissa Moschella, Madeleine Kearns, Patrick J. Deneen, Ryszard Legutko). Il s'agirait en effet d'un fait qui, s'il existe, devrait être inclus dans un canon flamand, tout simplement. Mais est-ce le cas ?

  • Moyen Age : une société modelée tout autant par les hommes que par les femmes

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    De Paul Vaute sur "le Passé belge" :

    Pas si mâle, le Moyen Age…

    Mai 12

       Cela fait longtemps déjà qu'elle a pris du plomb dans l'aile, l'image toujours répandue du Moyen Age comme une longue nuit violente dominée par les hommes – rois, chevaliers, clercs. Régine Pernoud, dans La femme au temps des cathédrales (1980), voyait dans cette représentation une projection sur les siècles antérieurs de la condition féminine dégradée par le retour en force du droit romain aux temps modernes. A l'opposé cependant, Georges Duby défendit l'idée d'un Mâle Moyen Age (1988), avec pour principal argument que les sources ont presque toujours des hommes pour auteurs.

       Le professeur au Collège de France n'en invitait pas moins à poursuivre le travail qui, dans son cas, se limitait au XIIe siècle. Car à mesure qu'on avance dans le temps s'accroît la masse des documents où s'exprime directement le sexe qu'on ne peut plus appeler faible. Le milieu citadin, en particulier, s'avère des plus riches à cet égard, les activités y impliquant le recours à l'écrit davantage qu'en milieu rural. C'est sur ce Moyen Age tardif – en gros, la période 1350-1550 –, et essentiellement dans le cadre du duché de Brabant ainsi que de la seigneurie enclavée de Malines, qu'a porté l'enquête dirigée par Jelle Haemers, Andrea Bardyn et Chanelle Delameillieure, tous trois liés à la Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven) [1]. Et leurs conclusions corroborent très largement la thèse de Régine Pernoud: les textes les ont mis en présence d'une société "modelée tout autant par les hommes que par les femmes" (p. 215).

  • Un roi qui se veut moderne mais une royauté qui reste en dehors du temps

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    De Stefano Chiappalone sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le roi se veut moderne, mais la royauté est intemporelle

    08-05-2023

    Malgré les concessions à la mode lors de la cérémonie de samedi dernier, l'onction et la remise des symboles royaux remontent bien avant le politiquement correct d'aujourd'hui et même avant la Réforme protestante. Ils nous rappellent qu'au-dessus des dirigeants, il y a un roi plus grand qu'eux.

    Dans le couronnement du roi Charles III, qui a eu lieu samedi dernier à Westminster, bien que caractérisé par d'abondantes doses d'"inclusivité" et de mots à la mode (en partie à cause des idées du souverain et en partie à cause des tendances plus générales de l'anglicanisme), quelque chose va décidément à contre-courant, et ce n'est pas un aspect secondaire.

    Nous ne faisons pas référence à la "première fois historique" des deux cardinaux catholiques présents, Nichols et Parolin : un fait qui n'est de toute façon pas négligeable dans un royaume qui, jusqu'à avant-hier, qualifiait avec mépris les soi-disant "papistes" et qui, au cours des deux premiers siècles de la Réforme, les envoyait directement à la potence. Dans ce pot-pourri multireligieux, la présence de deux représentants de l'Église de Rome allait pratiquement de soi et était peut-être même moins encombrante que celle du "prince rebelle" Harry (relégué au troisième rang avec des parents sans titre royal ou déclassés comme le prince Andrew).

    Ce qui nous sort des contingences et des divergences, c'est plutôt quelque chose qui rattache l'événement de samedi dernier à un passé lointain, si lointain qu'il confine à l'éternel : ce sont les gestes du couronnement au sens strict, ce "rite dans le rite" dense en références symboliques, dont la substance remonte bien avant la Réforme protestante et dont, dans la maison catholique, il restait encore une trace dans le Pontifical romain. Ni plus ni moins que l'abbaye de Westminster, née d'un ex-voto au milieu du XIe siècle pour remplacer le pèlerinage à Rome, sur les tombes des apôtres, que le roi saint Édouard le Confesseur n'avait pu effectuer. Reconstruit dans le style gothique au XIIIe siècle, alors qu'Henry VIII n'était pas encore arrivé, le splendide bâtiment se retrouve "sans reproche" comme un site "emblématique" de la monarchie anglicane et anglicane. Admirer son architecture n'est pas seulement un fait extérieur, car tout bâtiment est affecté par le climat spirituel dans lequel il a été érigé, de sorte que nous pourrions facilement le sentir "nôtre".

    De même, ce micro-rituel marqué par l'onction et la remise des insignes royaux (accompagnés des formules correspondantes) renvoie à une conception de la royauté et plus généralement de l'exercice du pouvoir que résume le célèbre verset du Livre des Proverbes : "Per me reges regnant" (8,15). C'est la Sagesse, c'est-à-dire Dieu lui-même, qui parle et qui avertit : "Par moi les rois règnent". C'est surtout un avertissement pour ceux qui reçoivent le joug du pouvoir et qui devront ensuite rendre compte à Dieu de la manière dont ils l'ont administré. Typique de l'époque médiévale où tout souverain savait qu'il ne disposait pas d'un pouvoir absolu mais qu'il était contraint à la base et au sommet : à la base par la myriade d'entités intra-étatiques et de corps intermédiaires ; au sommet par les lois divines. Le symbole de cette contrainte "d'en bas" est la reconnaissance : Charles III, comme ses prédécesseurs, a été présenté au peuple et reconnu par lui comme légitime quatre fois dans le sens des quatre points cardinaux. Le souverain absolu, c'est-à-dire libéré de tout lien, est en quelque sorte une invention de l'époque moderne, car le lien avec Dieu se relâche et les pouvoirs de l'État sont centralisés et étendus.

    L'onction des rois est un héritage de l'Ancien Testament, transmis de Saül et David - oints par le prophète Samuel - et de Salomon aux rois chrétiens. Le symbole du royaume franc était la "sainte Ampoule" avec laquelle le roi Clovis a été oint. Conservée pendant des siècles à Reims, elle a été détruite pendant la Révolution française. En bref, elle invoque sur le roi la force et la grâce de l'État pour gouverner. Zadok le prêtre et Nathan le prophète ont oint le roi Salomon", a entonné le chœur, tandis que des panneaux filtraient le moment (le seul moment secret de la cérémonie) où Charles III a été oint sur les mains, la poitrine et la tête et ainsi "oint roi sur les peuples que le Seigneur ton Dieu t'a confiés pour que tu les gouvernes". Le souverain est alors revêtu du colobium sindonis et de la supertunique d'or, un vêtement quasi liturgique (entre les réminiscences byzantines et la dalmatique des diacres) qui lui rappelle qu'il est au service de Dieu.

    L'épée et les éperons, en revanche, rappellent l'investiture chevaleresque. Référence d'ailleurs explicitée par une modification de la formule prévue ("Recevez ces éperons, symbole d'honneur et de courage. Défendez courageusement ceux qui sont dans le besoin"), où le primat anglican a prononcé "chevalerie" au lieu de "courage". Traditionnellement, la chevalerie était comprise comme un service rendu aux plus faibles, à ceux qui ne pouvaient pas se défendre eux-mêmes. "Viduas, pupillos, pauperes, ac debiles ab omni oppressione defende" ("Défendez les veuves, les orphelins, les pauvres et les faibles contre toute oppression"), récitait le pontifical catholique en remettant l'épée au nouveau roi. Le symbolisme paulinien de "l'épée de l'Esprit" (Eph 6,17) y est associé. Une double signification, rappelée lors de la remise de l'épée à Charles III.

    Ne vous fiez pas à votre propre pouvoir, mais à la miséricorde de Dieu qui vous a choisis", telle est l'exhortation qui accompagne la remise du gant (une invitation à exercer l'autorité avec gentillesse et grâce, à traiter son peuple "avec des gants de toilette", comme on dit). Le roi vient de recevoir le globe surmonté de la croix, qui lui rappelle que "les royaumes de ce monde", y compris le sien, "sont devenus les royaumes de notre Seigneur". Et l'anneau, en plus de la "dignité royale", est un signe "de l'alliance entre Dieu et le roi et entre le roi et le peuple". Il est temps de compléter le tout avec le sceptre et la couronne, tous deux également surmontés de la croix (un second sceptre, particularité anglaise, est surmonté d'une colombe pour symboliser "l'équité et la miséricorde", alors que le premier est le symbole du "pouvoir royal et de la justice"). Tout est accompli et le roi du troisième millénaire, oint, couronné et harnaché comme un monarque médiéval, peut s'asseoir sur le trône et assister à la brève onction et au couronnement de la reine Camilla.

    Sous le poids de la couronne et de l'encombrement royal, le couple au centre des rumeurs des années 1990 disparaît - doit disparaître - pour faire place à quelque chose de plus grand : la royauté, en fait, quelle que soit la personne qui l'incarne dans ce pays et à ce moment historique précis. Et net des concessions (déjà évoquées) à l'air du temps ou au courant dominant, et même de quelques moments plus "à la mode", comme l'inévitable chorale de gospel. La substance et le symbolisme de ce que nous avons défini comme un "rite dans le rite" ne sont pas l'œuvre du sac anglican ni de la Maison de Windsor, mais quelque chose que les Windsor eux-mêmes ont reçu des siècles, et des siècles des siècles. Quelque chose - répétons-le - qui est "nôtre", l'héritage de la vieille Europe qui était en effet surmontée par la croix ; qui, même le jour de son triomphe, recommandait aux rois et aux dirigeants de rendre des comptes à un roi plus grand qu'eux.