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Idées - Page 11

  • L'universalisme chrétien dérive-t-il vers le mondialisme ? (club des "hommes en noir")

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    L'Eglise est-elle complice du mondialisme ? Qu'est-ce que le véritable universalisme chrétien ? Le Club des Hommes en noir reçoit Laurent Dandrieu, auteur de Rome ou Babel (Artège) et rédacteur en chef à Valeurs Actuelles, pour répondre aux questions de Philippe Maxence et débattre avec les abbés de Tanouärn et Célier, le père Danziec et Guillaume de Thieulloy.

    Pour retrouver les autres livres de Laurent Dandrieu :

    Dictionnaire passioné du cinéma : https://hommenouveau.aboshop.fr/commo...

    La Confrérie des Intranquilles : https://hommenouveau.aboshop.fr/commo...

  • Quand le cardinal Müller pourfend le nihilisme anthropologique

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    De kath.net/news :

    "Personne ne peut réformer ou moderniser l'enseignement du Christ"

    20 octobre 2022

    "Le nihilisme anthropologique est ... significativement hostile à la vie. Cela devient manifeste dans l'exigence de tuer les enfants dans le ventre de leur mère comme un droit humain". Par Gerhard Cardinal Müller, Rome

    Une version abrégée du texte suivant "L'homme créé à l'image de Dieu - Un manifeste contre le nihilisme anthropologique" a été prononcée par le cardinal Gerhard Müller lors du "XIV Congreso Mundial de las Familias", la XVIe rencontre mondiale des familles (30.9.-2.10.2022), à Mexico City. Près de 10.000 participants permanents ont pris part à la rencontre, auxquels se sont ajoutés de nombreux visiteurs d'un jour. D'autres personnalités éminentes ont pris la parole lors du congrès, notamment le cardinal Carlos Aguiar Retes, archevêque de Mexico, la mère du jeune Italien béatifié Carlo Acutis et Christopher West (fondateur et directeur de l'institut "Théologie du corps" selon Jean-Paul II). Le congrès a été défendu par des chrétiens catholiques, non catholiques et des organisations non religieuses et a défendu la famille et le mariage.

    Friedrich Nietzsche (1844-1900), le prophète du nihilisme post-chrétien, a annoncé, après la mort de Dieu, le surhomme qui est pour lui-même son propre dieu et son propre créateur (cf. F. N. Ainsi parlait Zarathoustra I. De la vertu qui donne : "Tous les dieux sont morts ; maintenant nous voulons que vive le surhomme"). C'est une réédition de ce programme d'autodépassement de l'homme vers le créateur, à l'égal d'un dieu, d'un hybride bio-technique supérieur que nous propose Yuval Noah Harari, le gourou du transhumanisme et du posthumanisme, dans son livre intitulé : Homo Deus. A Brief History of Tomorrow (2015).

    Ce qui devait ressortir du soi-disant "Nouvel ordre mondial" contre le Dieu de la révélation chrétienne, ce n'était pas le surhomme divin, mais l'inhumain diabolique du XXe siècle. Si la phrase de Nietzsche "Dieu est mort" reflète la conscience du monde d'aujourd'hui, il est clair que, sous les auspices de ce nihilisme, "son déploiement ne peut plus avoir pour conséquence que des catastrophes mondiales". (M. Heidegger, le mot de Nietzsche "Dieu est mort" : ders., Holzwege, Frankfurt a.M. 1972, 201). C'est l'ère des guerres mondiales, des génocides, des exterminations de masse et des crimes les plus monstrueux contre l'humanité.

    Si l'homme ne peut plus être la créature à l'image et à la ressemblance du Dieu trinitaire, il s'enfonce dans le tourbillon du nihilisme anthropologique. Les idéologues de la "modernité sans Dieu" ne connaissent l'homme que comme un caprice des dieux mythiques, comme un hasard des éléments naturels qui se jouent d'eux-mêmes, comme un organisme de l'évolution qui se complexifie (religion écologique) ou comme un produit de la société et de l'histoire (marxisme) ou comme une offre du catalogue de marchandises (capitalisme comme maximisation du profit). Au lieu du Logos de Dieu qui aime tout ce qui est humain et qui s'atteste lui-même dans sa parole et son esprit au peuple élu de l'alliance en tant que créateur du monde et sauveur de tous les hommes, c'est alors la raison de l'homme fini, sujette à l'erreur et guidée par ses intérêts, qui se donne consciemment un sens et se fixe un but à sa "volonté de puissance" (Niezsche). L'homme n'est alors plus seulement "maître et possesseur de la nature" (Descartes) comme au début des temps modernes, mais aussi idéologiquement le créateur de son moi spirituel. Il est contraint de s'élever de manière existentialiste et émancipatrice du néant vers l'être. L'homme est ce qu'il fait de lui-même. (Jean-Paul Sartre). L'être spirituel et corporel se dissout dans l'histoire de la vie en expériences de soi qui ne peuvent plus être intégrées et en déterminations de soi émancipées, qui flottent comme des fleurs d'eau de toutes les couleurs à la surface sans jamais prendre racine.

    Mais alors, mon corps n'est plus non plus mon moi dans sa base matérielle de possibilité. Mon corps ne serait lié à moi que de manière accidentelle, comme un vêtement qui se laisse retailler et auquel il s'agit de donner un nouvel outlook.

    Le nihilisme anthropologique a pour père l'orgueil de la créature qui veut être comme Dieu (Gn 3,5) et qui veut établir elle-même la différence entre le bien et le mal, le vrai et le faux. Sa mère d'emprunt est la folie aveugle des impies, qui échangent la "gloire du Dieu incorruptible" avec les images idéologiques qu'ils se sont fabriquées. Si l'homme adore le créé à la place du Créateur, il perd la gloire des enfants et des amis de Dieu (cf. Rm 1, 20-32).

    Le nihilisme anthropologique est significativement hostile à la vie, tant dans sa forme politique que dans le pathos idéologique et émancipateur de l'idéologie Woke. Cela devient manifeste dans la revendication du meurtre des enfants dans le ventre de leur mère comme droit humain. Les utilitaristes exigent la mort par grâce (euthanasie) pour les personnes usées ou qui ne peuvent plus être utilisées.

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  • Une civilisation dans laquelle s’opposeront des maîtres riches et puissants et des esclaves déshumanisés puis sous-humanisés

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    « Le XXIe siècle sera celui de la réification »

    18 octobre 2022
     

    Dans un entretien pour le journal Le Figaro, Luc Ferry et Michel Onfray débattent de la question du transhumanisme.

    « Gestation pour autrui, location de l’utérus, vente d’enfants, achat des ovocytes, procréation médicalement assistée, projet d’interruption médicale de grossesse portée à neuf mois » : pour Michel Onfray, le constat est clair. « On peut dire dès à présent que le XXIe siècle sera celui de la réification, c’est-à-dire celui de la transformation de tout en chose et en objet afin que tout puisse se vendre, se louer, s’échanger ». Une fois le monde devenu « un vaste supermarché répandu en arborescence », c’est le transhumanisme qui va lui « donner son sens ». C’est-à-dire « vivre plus longtemps, jouir plus longtemps, consommer plus longtemps, et ce dans une civilisation dans laquelle s’opposeront des maîtres riches et puissants et des esclaves déshumanisés puis sous-humanisés », prévient-il.

    Post-humanisme vs. transhumanisme

    Luc Ferry veut distinguer le transhumanisme du post-humanisme. « Le post-humanisme, c’est le projet de fabriquer une post-humanité, définit-il, des machines dotées d’une intelligence artificielle forte, qui auraient les caractéristiques de l’être humain la conscience de soi et des émotions ».

    Mais pour Michel Onfray, le transhumanisme n’est que le « cheval de Troie ». « Au départ, ils disent leur souhait de faire marcher les tétraplégiques avec des exosquelettes, puis on s’aperçoit qu’ainsi ils fabriquent des cyborgs », affirme-t-il. Ou bien que, pour vaincre la maladie d’Alzheimer, les chercheurs s’intéressent à « numériser la mémoire afin de transférer un certain nombre d’informations dans le cerveau d’un tiers ». Sous couvert d’une « bonne intention de départ », c’est « l’Homme Nouveau, un homme augmenté », qui est recherché. Finalement, « le posthumanisme est l’horizon de la réification et le transhumanisme, l’instrument de sa réalisation », pointe Michel Onfray.

    Le transhumanisme à l’heure de la légalisation de l’euthanasie

    Luc Ferry note toutefois un paradoxe : « Nous avons d’un côté les petits génies de la Silicon Valley, qui réfléchissent à prolonger la vie, et de l’autre côté, nous débattons, notamment en France, de l’euthanasie ». « Ce paradoxe ne montre-t-il pas le dérèglement de notre civilisation ? », interroge-t-il.

    D’autant que « la demande de mort peut recouvrir une demande d’amour à laquelle je trouve indigne de répondre par la mort », affirme le philosophe.

    Source : Le Figaro, Alexandre Devecchio (14/10/2022)

  • Le Synode pataugeant au milieu de la synodalité : le pape prolonge le processus de réforme d'un an au milieu de l'apathie et des critiques

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    Par NICOLE WINFIELD aujourd'hui via  « il Sismographo » :

    1000.jpeg« ROME (AP) – Le pape François a décidé de prolonger d'un an une longue consultation mondiale des catholiques ordinaires sur l'avenir de l'Église catholique, au milieu d'une participation limitée des laïcs et d'une résistance apparente à ses réformes de la part de la hiérarchie.

    François a annoncé dimanche que le rassemblement des évêques prévu en 2023 se déroulerait désormais en deux étapes - une session en octobre 2023 et une seconde en octobre 2024 - pour laisser plus de temps pour trouver une voie à suivre.

    En 2021, François a officiellement ouvert un processus de consultation de deux ans sur le thème de la « synodalité », ou une structure plus décentralisée de l'Église avec les laïcs ayant un rôle plus important. Le processus fait partie de l'objectif à long terme de François de rendre l'Église plus inclusive, participative et réactive aux problèmes du monde réel auxquels sont confrontés les catholiques ordinaires.

    Dans le cadre du processus, le Vatican a demandé aux diocèses, aux ordres religieux et à d'autres groupes catholiques de se lancer dans des séances d'écoute locales afin que les catholiques ordinaires puissent parler de leurs besoins et de leurs espoirs pour l'Église. Les conférences épiscopales du mois d'août ont rendu compte des résultats, et un comité d'organisation s'est récemment réuni près de Rome et a achevé un document de synthèse.

    Mais plusieurs diocèses et conférences épiscopales ont signalé une participation minimale. La Conférence des évêques catholiques des États-Unis, par exemple, a signalé que 700 000 personnes avaient participé à la consultation, dans un pays de 66,8 millions de catholiques. De nombreux pays européens ont également signalé des taux de participation inférieurs à 10 %. »

    2022_10_17_08_18_54_Greenshot.png

  • Le pape François, dom Guéranger et le sens chrétien de l’histoire

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    De Roberto de Mattei sur Correspondance Européenne :

    Le pape François, dom Guéranger et le sens chrétien de l’histoire

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    «Qui suis-je pour juger» ? Ces paroles prononcées le 28 juillet 2013 par le pape François, dans l’avion qui le ramenait du Brésil, en réponse à la question d’un journaliste sur les homosexuels sont entrées dans l’histoire. Plutôt que d’exprimer l’attitude subjective de miséricorde que tout catholique doit avoir devant le cas concret d’un pécheur, ces paroles traduisent le refus d’exprimer sans ambiguïté un jugement approprié sur un péché objectif, condamné par le Catéchisme de l’Église Catholique. Il est vrai que «tous les sentiers du Seigneur sont amour et vérité» (Ps. 24, 10), mais la miséricorde ne doit s’appliquer, dans les cas concrets, qu’après l’affirmation sans équivoque de la vérité. Il n’est donc pas étonnant que cette phrase du pape ait été interprétée partout dans le monde comme un changement, ou comme une atténuation de la doctrine de l’Église sur l’homosexualité. Là n’était sans doute pas l’intention du pape, poussé à ces déclarations par le désir politique de satisfaire ses interlocuteurs, mais le résultat fut désastreux.

    Les paroles sur la Chine, prononcées par le pape le 15 décembre 2022, à son retour du Kazakhstan, en réponse à un journaliste de Crux, traduisent la même ligne politique de compromis. Pour justifier le dialogue du Saint-Siège avec le régime communiste de Xi Jinping, le pape s’est refusé à définir la Chine comme un pays non démocratique et a minimisé la gravité du procès en cours à Hong Kong contre le Cardinal Joseph Zen : «Je ne qualifierais pas la Chine d’antidémocratique parce que c’est un pays très complexe, avec des rythmes qui lui sont propres… C’est vrai, il y a des choses qui, de notre point de vue, semblent ne pas être démocratiques ; c’est vrai. Le Cardinal Zen est très âgé ; il passera en jugement ces jours-ci, je crois. Lui dit ce qu’il pense, et on voit bien qu’il y a des limitations. Je ne veux pas donner de qualification, parce que c’est difficile, et je ne me sens pas autorisé à le faire, ce sont des impressions ; plus que de qualifier, je cherche à soutenir la voie du dialogue».

    Récemment, le cardinal Gerhard Müller a qualifié d’«injuste» et de «gravissime» le procès contre le cardinal Zen ; il a déploré qu’aucune parole de solidarité à son égard n’ait été prononcée ni par le doyen du Collège des cardinaux, le cardinal Re, ni par le secrétaire d’ État Parolin, et pas non plus par le pape. Les rapports pour l’année 2022 des principales institutions internationales, World Watch, ONU et Amnesty International signalent les violations des droits de l’homme commises par la Chine. Pendant quarante ans, celle-ci a, au moyen de l’avortement, imposé l’enfant unique et aujourd’hui encore, on y compte environ 9,5 millions d’avortements par an, presque autant que les 10,6 millions de naissances enregistrées en 2021. La technologie est mise au service de la répression, et la répression est utilisée à des fins criminelles comme le trafic d’organes. Une étude publiée en 2020 et financée par la Victims of Communism Memorial Foundation dénonce, à travers de nombreux témoignages, l’assassinat en Chine de prisonniers politiques, dont les organes servent à approvisionner les hôpitaux qui pratiquent des greffes de cœur, foie, poumon et reins sur des patients chinois et étrangers.

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  • Comment les catholiques sont devenus prisonniers de Vatican II

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    Lu sur « Il Sismografo » cet article extrait du New York Times

    le concile a 60 ans maxresdefault (5).jpg« (Ross Douthat, The New York Times) Le Concile Vatican II, la grande révolution dans la vie de l'Église catholique moderne, s'est ouvert il y a 60 ans cette semaine à Rome. Une grande partie de ce monde des années 1960 est décédée, mais le conseil est toujours avec nous; en effet, pour une église divisée, ses conséquences toujours en cours ne peuvent être échappées.

    Pendant longtemps, cela aurait été une revendication libérale. Dans les guerres au sein du catholicisme qui ont suivi le concile, les conservateurs ont interprété Vatican II comme un événement discret et limité - un ensemble particulier de documents qui contenaient divers changements et évolutions (sur la liberté religieuse et les relations catholiques-juives en particulier), et ouvraient la porte à une version révisée et vernaculaire de la messe. Pour les libéraux, cependant, ces détails n'étaient qu'un point de départ : il y avait aussi un « esprit » du concile, similaire au Saint-Esprit dans son fonctionnement, qui était censé guider l'église. dans de nouvelles transformations, une réforme perpétuelle.

    L'interprétation libérale a dominé la vie catholique dans les années 1960 et 1970, lorsque Vatican II a été invoqué pour justifier un éventail toujours plus large de changements - à la liturgie, au calendrier et aux prières de l'Église, aux coutumes laïques et à la tenue cléricale, à l'architecture de l'église et à la musique sacrée, à la discipline morale catholique. Puis l'interprétation conservatrice s'est installée à Rome avec l'élection de Jean-Paul II, qui a publié une flottille de documents destinés à établir une lecture faisant autorité de Vatican II, à freiner les expérimentations et les altérations plus radicales, à prouver que le catholicisme avant les années 1960 et Le catholicisme par la suite était toujours la même tradition.

    Maintenant, dans les années du pape François, l'interprétation libérale est revenue - non seulement dans la réouverture des débats moraux et théologiques, l'établissement d'un style d'écoute permanente de la gouvernance de l'église, mais aussi dans la tentative de supprimer une fois de plus l'ancien catholique rites, la liturgie latine traditionnelle telle qu'elle existait avant Vatican II.

    L'ère de François n'a pas restauré la vigueur juvénile dont jouissait autrefois le catholicisme progressiste, mais elle a justifié une partie de la vision libérale. Par sa gouvernance et même par sa simple existence, ce pape libéral a prouvé que le Concile Vatican II ne peut pas être simplement réduit à une seule interprétation établie, ou voir son travail en quelque sorte considéré comme terminé, la période d'expérimentation terminée et la synthèse restaurée.

    Au lieu de cela, le concile pose un défi permanent, il crée des divisions apparemment insolubles et il laisse le catholicisme contemporain face à un ensemble de problèmes et de dilemmes que la Providence n'a pas encore jugé bon de résoudre.

    Voici trois déclarations pour résumer les problèmes et les dilemmes. D'abord, le concile était nécessaire. Peut-être pas sous la forme exacte qu'il a prise, un concile œcuménique convoquant tous les évêques du monde entier, mais dans le sens où l'Église de 1962 avait besoin d'adaptations importantes, d'une réflexion et d'une réforme importantes. Ces adaptations devaient être tournées vers le passé : la mort de la politique du trône et de l'autel, la montée du libéralisme moderne et l'horreur de l'Holocauste ont tous exigé des réponses plus complètes de la part de l'Église. Et ils devaient aussi être tournés vers l'avenir, dans le sens où le catholicisme du début des années 1960 commençait à peine à compter avec la mondialisation et la décolonisation, avec l'ère de l'information et les révolutions sociales déclenchées par l'invention de la pilule contraceptive.

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  • Philo à Bruxelles - Saison 2022/2023 : Promenades philosophiques au cœur des vertus

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    Philosophie à Bruxelles à la Grand-Place

    Stéphane Mercier nous présente le nouveau cycle 2022-2023

    Video de présentation : saison 2022-2023

    Voici le programme des 9 conférences :

    ­C’était, dit-on, l’habitude d’Aristote d’enseigner la philosophie en se promenant, ou de dispenser ses leçons dans un lieu désigné pour la promenade, et c’est à ce type de promenades philosophiques que nous vous convions pour la saison 2022/2023 de Philo à Bruxelles.

    Des promenades, donc, pour l’esprit, car vous pourrez les suivre en demeurant assis, à moins que vous ne préfériez les écouter en replay en vous promenant véritablement, pour un bénéfice double du corps et de l’esprit !

    Nous vous proposons, cette année, neuf conférences sur des sujets qui tendent ensemble à explorer les conditions d’un agir vertueux animé par l’amour de la sagesse.

    Nous commencerons, dans la première conférence de ce cycle, par porter un regard sur la pensée contemporaine, pour découvrir l’imprégnation kantienne de nos esprits. Oui, nous sommes tributaires de Kant, et c’est chez Kant qu’il faut aller chercher non la source unique, mais l’une des racines de l’agnosticisme contemporain. Prendre la mesure du mal, c’est en même temps éprouver le besoin du remède, de sorte que ce diagnostic porté sur l’agnosticisme hérité de Kant, nous invitera, une fois encore, à renouer avec saint Thomas d’Aquin.

    À ce premier exposé succédera une deuxième conférence, où saint Thomas viendra couronner une antique réflexion du monde grec sur les vertus cardinales. Après avoir parlé, l’an dernier, des péchés capitaux, il n’est en effet pas inutile de déployer l’histoire des vertus qui structurent une vie équilibrée et aussi humainement réussie que peut l’escompter la nature.

    Cette centralité de la vertu nous suggérera la matière d’une troisième conférence : si la vertu est au cœur de la philosophie, c’est que la théorie n’est pas et ne doit surtout pas être déconnectée de la pratique. Le fossé entre théorie et pratique n’a pas cessé de s’approfondir depuis des siècles alors que la pensée grecque non seulement envisageait la philosophie dans sa dimension spéculative, mais considérait aussi la grave nécessité de traduire dans la pratique son enseignement. Cette idée d’une philosophie comme mode de vie est également au cœur de ce que l’on peut désigner, à l’autre extrémité du continent eurasiatique, comme la pédagogie morale inscrite au cœur de la tradition confucianiste. Cette troisième conférence proposera donc de croiser les perspectives entre Occident et Orient lointaine.

    L’idée tellement grecque d’une philosophie conçue comme mode de vie orienté vers l’acquisition de la sagesse permet de mieux comprendre, comme nous le ferons dans une quatrième conférence, pourquoi ceux qu’on a appelés les Pères apologistes, ces écrivains chrétiens du deuxième siècle, se sont efforcés de montrer et de démontrer que le christianisme, loin d’être imputable au dérèglement d’un quarteron de forcenés factieux, réalisait supérieurement l’objectif de la philosophie comme amour de la sagesse : au lieu d’une sagesse humaine, trop humaine, le christianisme est en effet l’amour de la Sagesse éternelle, de Dieu lui-même, maître et origine de toute chose.

    Parmi les philosophies antiques qui connaîtront une fortune remarquable en régime chrétien, une en particulier met l’accent sur la pratique : c’est le stoïcisme. La cinquième conférence nous permettra de suivre les étapes de cette intégration de la pensée et de la discipline stoïciennes dans le monde chrétien depuis la fin de l’Antiquité jusqu’à l’époque moderne.

    La conscience occidentale, au milieu du dix-septième siècle, est revenu quelque peu de sa fascination pour l’antique philosophie, pour se montrer volontiers sceptique. C’est à l’aspect le plus stimulant de ce recul, de cette prise de distance, que sera consacrée la sixième conférence. Suivant le mot de Pascal : « se moquer de la philosophie, c’est vraiment philosopher » : nous parlerons de la place de l’humour, du rire ou du sourire, et certainement de la détente en philosophie.

    Dans la septième conférence, nous aborderons le problème du mal chez saint Augustin en particulier, mais, renouvelant la perspective comparatiste qui nous avait servi dans la troisième conférence, nous ferons le lien entre Augustin et Xunzi, l’un des plus remarquables et des principaux représentants de l’antique pensée confucianiste. Lui aussi, soucieux d’affronter la question du mal dans une perspective certes très différente certes de la perspective occidentale, jette sur elle un éclairage bien digne d’intérêt.

    S’agissant d’un problème de première importance, le mal nous occupera encore dans la huitième conférence, où cette fois nous verrons comment la Révélation de l’Ancien Testament, et du livre de Job en particulier, s’intègre au contexte culturel du Proche-Orient ancien pour en dépasser les antiques perspectives comme plus tard la pensée chrétienne sera le levain dans la pâte culturelle du monde gréco-romain.

    La philosophie, la pensée, la Révélation : autant d’événements qui se produisent dans le temps et nous invitent à réfléchir sur la nature du temps. Nous reviendrons à saint Augustin pour nous servir de guide dans la neuvième conférence, la dernière de ce cycle : qu’est-ce que le temps ? le temps de l’homme et celui des hommes, le temps de mon histoire personnelle, et celui de l’Histoire avec une majuscule. Les vicissitudes du temps, son passage et les modalités de son déroulement nous invitent à voir dans le temps un tremplin vers l’éternité, à suspendre le cours du temps au présent éternel et immuable de Dieu. Et cette suspension du temps nous signifiera opportunément qu’il est temps, avec cet exposé, d’achever la promenade de ce cycle pour l’année 2022-2023.

    Au plaisir de vous retrouver le mardi 18 octobre, à 19 h 30 pour entreprendre la première de ces promenades philosophiques !

    Regarder la courte vidéo de présentation­

    Retrouvons-nous le mardi prochain,
    18 octobre, à 19 h 30, pour la
    Conférence de rentrée avec Stéphane Mercier sur le thème

    Kant, marâtre de l’agnosticisme contemporain.

    Adresse
    À la Bécasse
    Rue de Tabora 11, 1000 Bruxelles
    salle à l’étage

    ­­­Je m’inscris­­

    Vous pouvez également suivre la conférence en direct ici.

    ­Kant, marâtre de l’agnosticisme contemporain­­­

    Kant, marâtre de l’agnosticisme contemporain

    ou : Comment conserver la santé mentale avec une belle-mère métaphorique, mais néanmoins encombrante ?

    De quoi sera-t-il question ? D’un sujet grave et sérieux, pour commencer, et strictement philosophique celui-là.

    Qui d’entre nous a lu Kant ? Moi certes un peu, quand je le devais et que je parvenais à garder les yeux ouverts devant le dénuement glacé et l’accablante technicité de sa prose, que j’avoue cependant ne connaître que par traduction interposée. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu Kant pour être kantien : ce sera le sujet de notre première conférence. Pour le dire d’un mot, Kant est la marâtre de l’agnosticisme contemporain, l’éminence grise qui, en coulisses, rend compte d’un état d’esprit largement répandu chez nous, Occidentaux, qui, à cause de Kant, nous sommes si universellement murés dans un scepticisme qui ne nous empêche pas de dogmatiser.

    De Dieu, diront en effet beaucoup de nos contemporains avec l’aplomb de ceux qui détiennent un savoir certain, de Dieu nous ne pouvons pas dire s’il est ou s’il n’est pas. Dogmatisme et scepticisme. S’agit-il de deux postures contradictoires ? Pas du tout : nous verrons, en effet, comment la pensée de Kant explique la catastrophe agnostique contemporaine. Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir ; et nous sommes, nous, beaucoup plus kantiens que nous ne l’imaginons. Heureusement, on peut sortir de l’impasse kantienne par le haut, en particulier avec l’aide de saint Thomas : le Docteur d’Aquin, le « génie intelligent » (pour reprendre l’expression du P. dominicain Charles-Damien Boulogne), nous prescrira le remède qui nous permettra de ne pas étouffer en demeurant confinés avec l’envahissante marâtre de Königsberg.

    Quand ?       Mardi 18 octobre à 19 h 30

    ?            À la Bécasse Rue de Tabora 11, 1000 Bruxelles Salle à l’étage

    Séance de questions & réponses à la fin de la conférence, sur place. Pour les téléspectateurs, envoyez vos questions par chat, en direct sur YouTube ou par SMS, Telegram, Signal, emailformulaire de contact etc.)

    Mardi 15 novembre : Petite histoire des vertus cardinales, de Platon à saint Thomas.

    Mardi 13 décembre : Progrès spirituel et discipline de vie en Orient et en Occident : perspectives croisées.

    Agenda - Philo à Bruxelles

  • "Kant est la marâtre de l’agnosticisme contemporain" (Philo à Bruxelles, 18 octobre)

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    image-evenement-20221018.jpg

    Kant, marâtre de l’agnosticisme contemporain

    ou : Comment conserver la santé mentale avec une belle-mère métaphorique, mais néanmoins encombrante ?

    De quoi sera-t-il question ? D’un sujet grave et sérieux, pour commencer, et strictement philosophique celui-là. Qui d’entre nous a lu Kant ? Moi certes un peu, quand je le devais et que je parvenais à garder les yeux ouverts devant le dénuement glacé et l’accablante technicité de sa prose, que j’avoue cependant ne connaître que par traduction interposée. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu Kant pour être kantien : ce sera le sujet de notre première conférence. Pour le dire d’un mot, Kant est la marâtre de l’agnosticisme contemporain, l’éminence grise qui, en coulisses, rend compte d’un état d’esprit largement répandu chez nous, Occidentaux, qui, à cause de Kant, nous sommes si universellement murés dans un scepticisme qui ne nous empêche pas de dogmatiser.

    De Dieu, diront en effet beaucoup de nos contemporains avec l’aplomb de ceux qui détiennent un savoir certain, de Dieu nous ne pouvons pas dire s’il est ou s’il n’est pas. Dogmatisme et scepticisme. S’agit-il de deux postures contradictoires ? Pas du tout : nous verrons, en effet, comment la pensée de Kant explique la catastrophe agnostique contemporaine. Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir ; et nous sommes, nous, beaucoup plus kantiens que nous ne l’imaginons. Heureusement, on peut sortir de l’impasse kantienne par le haut, en particulier avec l’aide de saint Thomas : le Docteur d’Aquin, le « génie intelligent » (pour reprendre l’expression du P. dominicain Charles-Damien Boulogne), nous prescrira le remède qui nous permettra de ne pas étouffer en demeurant confinés avec l’envahissante marâtre de Königsberg.

  • Un auteur injustement oublié : Hilaire Belloc

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    A écouter sur Radio Notre-Dame :

    L'émission "Le grand témoin" de Louis Daufresne du 22 septembre 2022 consacrée à Hilaire Belloc.

    Et, du site des Editions Artège :

    Les grandes hérésies

    L'Eglise dans la tourmente

    Benjamin Ferrando
    Hilaire Belloc

    Qu'est-ce qu'une hérésie ? Quelles ont été les grandes hérésies du passé ? Quel profit pouvons-nous encore tirer de leur étude ?
    Cet ouvrage nous offre sans doute la meilleure synthèse jamais publiée sur le sujet. La confusion et le manque de sens des proportions propres à l'esprit moderne ont rendu la question obscure voire inintelligible ; elle demeure pourtant essentielle pour qui voudrait non seulement comprendre les ressorts profonds de notre histoire, mais aussi identifier les sources de nos convulsions présentes.
    Servi par l'écriture claire et limpide, l'érudition colossale et le souffle prophétique de l'auteur, cet essai condense et met en scène les plus redoutables tentatives de subversion dont a fait l'objet l'Église catholique, depuis ses origines jusqu'à nos jours :
    • L'hérésie arienne et sa cristallisation au coeur de l'Empire romain.
    • L'islam, dont Belloc annonce l'inévitable résurgence.
    • L'hérésie albigeoise, forme médiévale de l'affection manichéenne.
    • La Réforme et l'implosion moderne de la Chrétienté.
    • L'entreprise de destruction contemporaine, manifeste à tous les plans de la vie sociale.

    Hilaire Belloc (1870-1953) est un géant oublié des lettres anglaises. Grand ami de G.K. Chesterton, cet historien, figure incontournable de la pensée catholique au XXe siècle, a laissé une oeuvre de plus de 150 ouvrages, aussi divers que substantiels.

    Cette première traduction française de The Great Heresies (1938 constitue un événement éditorial majeur. Nous la devons à Benjamin Ferrando dont le prologue particulièrement riche et savoureux nous présente un écrivain unique, un homme aussi lucide qu'attachant qui mit toute sa combativité au service de la Vérité.
     
  • Pas le temps de rencontrer le Pape François. La Chine a déjà son propre pape, Xi

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    Bergoglio f2de46e590.jpgMais qu’allait-il faire dans cette galère ? Lu sur « Diakonos » cet article de Sandro Magister, le vaticaniste de l’ « Espresso » :

    « Après l’annulation de la rencontre prévue au Kazakhstan avec le patriarche de Moscou Cyrille, le Pape François n’a pas non plus pu rencontrer, à Nour-Sultan, aujourd’hui de nouveau appelée Astana, le président chinois Xi Jinping, qui était pourtant en visite d’État dans la capitale kazakhe ce mercredi 14 septembre, le jour même où le Pape réaffirmait le droit « élémentaire et inaliénable » à la liberté religieuse, qui ne doit pas être seulement intérieure ou cultuelle mais surtout « le droit de chaque personne à témoigner publiquement de sa propre foi », tout l’opposé de ce qui se passe en Chine.

    Cette rencontre avec Xi avait été demandée plusieurs jours à l’avance par le Vatican – comme l’a révélé l’agence Reuters – mais côté chinois, on a répondu qu’on n’avait pas le temps de l’organiser. Et déjà sur le vol aller de Rome vers le Kazakhstan, le Pape François avait déclaré ne plus avoir aucune nouvelle.

    Mais ensuite, lors de la conférence de presse sur le vol de retour à Rome (photo), le Pape a reparlé abondamment de la Chine, en réponse à une question d’Elise Anna Allen de « Crux », qui lui rappelait qu’à Hong Kong, le procès contre le cardinal Zen Zekiun était sur le point de s’ouvrir et qui lui demandait s’il considérait que ce procès constituait « une violation de la liberté religieuse ».

    La transcription officielle de la réponse du Pape François vaut la peine d’être lue dans son intégralité, avec ses balbutiements, ses réticences et ses bizarreries, parce qu’elle constitue un condensé parfait de son approche sur la Chine :

    « Pour comprendre la Chine, il faut un siècle, et nous ne vivons pas un siècle. La mentalité chinoise est une mentalité riche et quand elle tombe malade, elle perd un peu de sa richesse, elle est capable de commettre des erreurs. Pour bien comprendre, nous avons fait le choix du dialogue, ouverts au dialogue. Il y a une commission bilatérale Vatican-Chine qui avance bien, lentement, parce que le rythme chinois est lent, eux ils ont une éternité pour aller de l’avant : c’est un peuple d’une patience infinie. Mais des expériences que j’ai eues auparavant – pensons aux missionnaires italiens qui sont allés là et qui ont été respectés comme scientifiques, pensons, aujourd’hui encore, à tant de prêtres et de croyants qui ont été appelés par l’université chinoise parce que cela met la culture en valeur -, ce n’est pas facile de comprendre la mentalité chinoise, il faut la respecter, moi je respecte toujours. Et ici, au Vatican, il y a une commission de dialogue qui fonctionne bien. C’est le cardinal Parolin qui la préside et en ce moment c’est l’homme qui connaît le mieux la Chine et le dialogue chinois. C’est quelque chose de lent, mais on fait des petits pas en avant. Qualifier la Chine d’antidémocratique, moi je ne le ferais pas, parce que c’est un pays si complexe, avec ses rythmes… Oui, c’est vrai qu’il y a des choses qui ne nous semblent pas démocratiques, ça c’est vrai. Le cardinal Zen, qui est âgé, sera jugé ces prochains jours, je crois. Lui, il dit ce qu’il entend, et on voit bien que là, il y a des limitations. Plus que de donner des qualificatifs, parce que c’est difficile, et je ne me sens pas en mesure de donner des qualifications, ce sont des impressions ; plus que de donner des qualifications, moi je cherche la voie du dialogue. Ensuite, dans le dialogue, on peut éclaircir tant de choses et pas seulement concernant l’Église, d’autres secteurs aussi. Par exemple, l’étendue de la Chine : les gouverneurs de province sont tous différents, il y a des cultures différentes au sein de la Chine. C’est un géant, comprendre la Chine, c’est quelque chose de géant. Il ne faut pas perdre patience, il en faut, il en faut beaucoup, mais nous ne devons pas mettre le dialogue en péril. Moi j’essaye d’éviter de donner des qualificatifs parce que oui, peut-être, mais allons de l’avant ».

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  • Le cardinal Müller et le "nouvel ordre mondial" : une interview détonante

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    De kath.net/news :

    Le "Nouvel ordre mondial" : une théorie du complot ou une vision politique ?

    13 septembre 2022

    Cardinal Gerhard Müller : "Le déclin de l'Eglise en Allemagne et en Europe n'est pas dû à la sécularisation, au combat de l'Eglise... mais au manque de foi, à l'amour refroidi des catholiques..." interview kath.net par Lothar C. Rilinger

    Vatican (kath.net) L'expression "Nouvel ordre mondial" est interprétée comme une métaphore de la théorie du complot. Pourtant, il ne fait que décrire un projet de société qui - comme tout autre - doit se confronter au discours intellectuel. La chute du communisme en 1989/90 marque la fin d'un processus historique que le sociologue américain Francis Fukuyama a qualifié de fin de l'histoire. Selon lui, le communisme avait fait son temps en tant qu'antithèse de la démocratie, de sorte qu'il fallait penser à une nouvelle base sociale. Une nouvelle compétition était ainsi ouverte : Il s'agit de l'avenir du développement social au-delà du marxisme. La lutte des classes de type marxiste devrait avoir fait son temps - ce que les marxistes ne sont toutefois pas prêts à accepter - mais dans la lutte pour la suprématie dans le discours sur la société et l'État, le modèle démocratique n'était plus non plus considéré comme un idéal. Le principe "un homme, une voix" est associé à l'époque des Lumières. C'est pourquoi il doit être transgressé afin de pouvoir attribuer l'attribut de "progrès" à l'évolution de la société. On se réfère ainsi à un principe selon lequel l'homme - détaché de Dieu, qui n'est plus supposé exister - peut faire tout ce qu'il peut. L'autolimitation est un obstacle au progrès.

    Comme Dieu est rejeté en tant qu'instance ultime de l'action humaine dans la croyance au progrès, le Nouvel Ordre Mondial doit construire une société qui ne connaît pas de limites et dans laquelle tout ce que les hommes sont capables de développer et de penser est autorisé ; rien ne doit entraver le progrès ou l'empêcher de se développer. La métaphysique, considérée comme prémoderne, est bannie du discours social et, avec elle, la croyance en une rédemption de l'homme dans l'éternité. Seul doit être valable ce qui peut être falsifié ou vérifié, de sorte que la rédemption de l'homme doit avoir lieu sur terre, dans la vie terrestre. Ce que Karl Marx a appelé le paradis sur terre doit être atteint d'une autre manière grâce au progrès qui caractérise le Nouvel ordre mondial. Comme cet ordre mondial nie le recours à Dieu et le déclare, comme Feuerbach, inexistant, il n'est pas étonnant que l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, se sente interpellé et condamne le Nouvel ordre mondial. Nous nous sommes entretenus avec lui à ce sujet.

    Rilinger : Depuis quelques décennies, l'exigence selon laquelle l'ordre mondial existant doit être remplacé par un ordre qui ne connaît plus le recours à Dieu, mais seulement celui au progrès inconditionnel, hante à nouveau le discours politique. La revendication de cet ordre mondial, appelé "Nouvel ordre mondial", se fait presque en marge du discours politique, public. Que devons-nous comprendre par "Nouvel ordre mondial" ?

    Cardinal Gerhard Ludwig Müller : Aussi bien selon la confession de foi juive que chrétienne, c'est Dieu lui-même qui, dans sa souveraine bonté, a créé le monde à partir du néant et l'a ordonné dans sa parole (logos, raison) et son esprit (force, sagesse) éternels. La raison humaine est finie et en principe - en raison du péché originel - susceptible d'être perturbée par des pulsions égoïstes, comme le désir désordonné de pouvoir, d'argent, de jouissance de soi/plaisir. L'homme est donc intellectuellement et moralement faillible.

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  • A découvrir : "Rome ou Babel. Pour un christianisme universaliste et enraciné" de Laurent Dandrieu (13 septembre- éditions Artège). Mathieu Bock-Côté (Préface)

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    Découvrez "Rome ou Babel. Pour un christianisme universaliste et enraciné" de Laurent Dandrieu (13 septembre- éditions Artège). Mathieu Bock-Côté (Préface)

    À l'heure des migrations de masse, des pandémies mondiales, du réchauffement planétaire et des multinationales omnipotentes, la notion d'enracinement semble vouée à la ringardise. Pour beaucoup de chrétiens, elle paraît s'opposer de plus en plus à l'impératif de fraternité universelle. L'idée s'impose qu'il faudrait choisir entre la patrie du ciel et la patrie terrestre, qu'il serait urgent de dépasser les frontières pour réaliser l'unité du genre humain. L'universalisme semble n'être plus qu'un autre nom du mondialisme. Pour Laurent Dandrieu, cette vision est en contradiction avec l'essence même du catholicisme, religion de l'incarnation. Une contradiction aussi avec l'idée même d'universalisme chrétien, unité spirituelle qui a toujours marché main dans la main avec l'attachement de l'Église à la diversité des peuples et des cultures.

    À contre-courant des oppositions binaires, l'auteur renouvelle de fond en comble le sujet, appuyé sur un imposant travail de recherche et une analyse précise des textes catholiques. Ouvrant un débat vital pour l'avenir du christianisme, il défend l'idée qu'en oubliant l'esprit de la Pentecôte au profit de son exact contraire qu'est la tentation de Babel, l'Église prêterait la main à son pire ennemi, ce mondialisme qui vise à arracher l'homme à tous ses liens, culturels, historiques, humains et religieux.

    Appel vibrant à un renouveau catholique, Rome ou Babel trace une ligne de crête exigeante : la voie étroite qui mène à Dieu passe par une contribution singulière et enracinée à la civilisation chrétienne. « Un ouvrage essentiel, d'une exceptionnelle richesse. » (Mathieu Bock-Côté)

    Laurent Dandrieu est essayiste et journaliste. Il est l'auteur d'une dizaine de livres sur les questions religieuses, le cinéma ou l'histoire de l'art.

    A retrouver chez votre libraire et sur EditionsArtege.fr https://www.editionsartege.fr/livre/f...