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Société - Page 304

  • Peut-on digitaliser les sacrements sans rendre infranchissable la distance entre l’homme et son Dieu ?

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    Confinement prophylactique oblige dans la lutte contre la pandémie du coronavirus, la "consommation" virtuelle de liturgies s’est multipliée, à l’initiative du clergé, alors que les églises demeurant ouvertes, dans le respect des conditions sanitaires prescrites pour l’adoration du Saint-Sacrement exposé avec la présence d’un prêtre, se comptent sur les doigts d’une main. La prudence explique-t-elle tout dans cette faveur du virtuel ? Une réflexion du diacre namurois Olivier Collard sur le site « diakonos.be » :

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    " Pendant le confinement, nous avons assisté à un foisonnement d’initiatives et de propositions liturgiques plus ou moins heureuses, allant de la messe retransmise en direct par internet, plus ou moins interactive, aux rameaux bénits jusque dans notre salon, par la magie des ondes, en passant par diverses propositions de liturgies domestiques.

    Récemment, un théologien de l’Université catholique de Louvain exigeait que l’on accepte enfin de reconnaître la validité du sacrement de réconciliation donné par téléphone.  De plus en plus de fidèles considèrent à présent que les nouvelles technologies sont non seulement à même de pallier l’impossibilité de participation physique aux célébrations mais constituent un mode plus actuel et plus attractif de rejoindre les fidèles et de participer à la liturgie.  D’autant que depuis la bonne vieille messe télévisée du dimanche matin de nos grand-parents, les technologies ont beaucoup évolué et permettent aujourd’hui à tout un chacun de proposer une expérience spirituelle interactive à distance avec une grande facilité.

    Des caméras sur les autels: voyeurisme et consumérisme ou proximité pastorale et lien ecclésial?

    Si certains dénoncent la désacralisation rampante liée à cette virtualisation de la liturgie, voire une certaine forme de voyeurisme nourri par le désir de vouloir tout voir et tout comprendre quand la caméra s’invite jusque sur l’autel, d’autres considèrent que voir sur nos écrans d’autres personnes prier peut nous inciter à la prière personnelle, tandis que d’autres encore considèrent que les technologies actuelles permettent une proximité identique, sinon plus intime avec le célébrant et une participation quasiment aussi efficace et fructueuse au mystère célébré.

    Alors que certains mettent en avant l’avantage de pouvoir facilement maintenir un lien ecclésial à distance, d’autres mettent en garde contre un cléricalisme de mauvais aloi centré sur la messe du prêtre, contre le maintien d’une attitude consumériste du fidèle et contre le danger du shopping spirituel due à l’ubiquité des nouvelles technologies.  Le recours excessif aux nouvelles technologies en période de crise et la dépendance consumériste qu’elles peuvent induire pourrait-il devenir une occasion manquée de développer la dimension missionnaire et la responsabilité de chaque chrétien?

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  • La première interview télévisée du cardinal Pell depuis sa libération

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    Le cardinal Pell s'est exprimé dans une longue interview télévisée, mardi soir; il a suggéré que son accusateur ait pu être manipulé et a expliqué que toute son affaire s'était passée dans un contexte d'affrontement culturel où ceux qui défendaient les positions chrétiennes sur toute une série de questions (famille, vie, genre, sexualité) étaient très mal vus. Il a également évoqué la corruption, tant à Rome qu'en Australie. On retiendra aussi de cette interview que l'acharnement policier et judiciaire à l'égard de Mgr Pell n'est peut-être pas terminé.

    La Nuova Bussola Quotidiana a publié une large analyse de cette interview. On en trouvera la traduction sur le site "Benoît et moi"

  • "Nous ne reverrons jamais le monde que nous avons quitté il y a un mois"

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    De  sur mediapart.fr :

    Stéphane Audoin-Rouzeau: «Nous ne reverrons jamais le monde que nous avons quitté il y a un mois»

     

    Stéphane Audoin-Rouzeau, historien de la guerre de 1914-1918, juge que nous sommes entrés dans un « temps de guerre » et un moment de rupture anthropologique.

    Stéphane Audoin-Rouzeau est directeur d’études à l’EHESS et président du Centre international de recherche de l’Historial de la Grande Guerre de Péronne. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à la Première Guerre mondiale et à l’anthropologie historique du combat et de la violence de guerre. Nous l’avions reçu pour son dernier livre, Une initiation - Rwanda (1994-2016), publié aux Éditions du Seuil.

    Quel regard porte l’historien de la Grande Guerre que vous êtes sur la situation présente ?

    Stéphane Audoin-Rouzeau : J’ai le sentiment de me trouver plongé, soudainement et concrètement, dans mes objets d’étude ; de vivre, sur un mode évidemment très mineur, quelque chose de ce qu’a été la Grande Guerre – pour les civils naturellement, pas pour les combattants –, cette référence si présente aujourd’hui. La phrase la plus frappante d’Emmanuel Macron, lors de son second discours à Mulhouse, a été celle qui a été la moins relevée : « Ils ont des droits sur nous », pour parler des soignants. C’est le verbatim d’une phrase de Clemenceau pour parler des combattants français à la sortie de la guerre. La référence à la Grande Guerre est explicite, d’autant plus quand on sait que l’ancien directeur de la mission du Centenaire, Joseph Zimet, a rejoint l’équipe de communication de l’Élysée. De même, pour le « nous tiendrons ». « Tenir », c’est un mot de la Grande Guerre, il fallait que les civils « tiennent », que le front « tienne », il fallait « tenir » un quart d’heure de plus que l’adversaire…

    Ce référent 14-18 est pour moi fascinant. Comme historien, je ne peux pas approuver cette rhétorique parce que pour qu’il y ait guerre, il faut qu’il y ait combat et morts violentes, à moins de diluer totalement la notion. Mais ce qui me frappe comme historien de la guerre, c’est qu’on est en effet dans un temps de guerre. D’habitude, on ne fait guère attention au temps, alors que c’est une variable extrêmement importante de nos expériences sociales. Le week-end d’avant le confinement, avec la perception croissante de la gravité de la situation, le temps s’est comme épaissi et on ne s’est plus focalisé que sur un seul sujet, qui a balayé tous les autres. De même, entre le 31 juillet et le 1er août 1914, le temps a changé. Ce qui était inconcevable la veille est devenu possible le lendemain.

    Le propre du temps de guerre est aussi que ce temps devient infini. On ne sait pas quand cela va se terminer. On espère simplement – c’est vrai aujourd’hui comme pendant la Grande Guerre ou l’Occupation – que ce sera fini « bientôt ». Pour Noël 1914, après l’offensive de printemps de 1917, etc. C’est par une addition de courts termes qu’on entre en fait dans le long terme de la guerre. Si on nous avait dit, au début du confinement, que ce serait pour deux mois ou davantage, cela n’aurait pas été accepté de la même façon. Mais on nous a dit, comme pour la guerre, que c’était seulement un mauvais moment à passer. Pour la Grande Guerre, il me paraît évident que si l’on avait annoncé dès le départ aux acteurs sociaux que cela durerait quatre ans et demi et qu’il y aurait 1,4 million de morts, ils n’auraient pas agi de la même façon. Après la contraction du temps initiale, on est entré dans ce temps indéfini qui nous a fait passer dans une temporalité « autre », sans savoir quand elle trouvera son terme.

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  • Comment la Hongrie parvient à enrayer son déclin démographique

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    9 avril 2020

    Politiques familiales — hausse des naissances de 9 % en Hongrie, nombre des mariages double

    Le déclin de la population de la Hongrie a ralenti de 47 % en janvier 2020, après 9,4 % de naissances supplémentaires et 17 % de décès en moins par rapport à la même période l’an dernier, a déclaré vendredi le Bureau central des statistiques (KSH).

    L’indice de fécondité hongrois de 1,6 enfant/femme est désormais le même que celui du Québec, sans aucune politique migratoire.

    Le nombre de mariages a presque doublé, avec 2863 couples mariés, par rapport à la même période l’an dernier, et le nombre le plus élevé de janvier depuis 1982.

    Au premier mois de l’année, 8 067 enfants sont nés, soit 694 de plus qu’à la même période l’an dernier, tandis que 11 553 personnes sont décédées, 2 356 de moins qu’en janvier 2019. Le communiqué expliquait qu’en janvier, 8 067 enfants étaient nés, ce qui représente de manière significative, 694 nouveau-nés de plus qu’au premier mois de 2019, la valeur la plus élevée de janvier depuis 2009. À titre de comparaison, il est né 6 850 enfants au Québec en janvier 2020. La population du Québec était estimée à 8 485 millions en juillet 2019 alors que celle de la Hongrie était de 9 773 millions au 1er janvier 2019.

    La valeur mensuelle estimée de l’indice synthétique de fécondité par femme était de 1,60 contre 1,44 pour la même période de l’année précédente.

    Le taux de déclin naturel de la population est tombé à 0,42 % contre 0,79 % en janvier 2019, a indiqué le KSH.

    Pour relancer la natalité, le Premier ministre hongrois avait décidé d’attribuer en 2019 une aide de 30 500 euros (44 500 $ canadiens) à chaque couple qui se mariait avant le 41e anniversaire de la femme.

    Se dirige-t-on vers un pic de natalité hongrois ? Selon l’agence de presse britannique Reuters à la fin 2019, le nouveau programme nataliste du gouvernement hongrois semblait avoir donné un nouvel élan au nombre de mariages dans le pays en 2019. Il était cependant alors trop tôt pour dire si les bébés suivront.

    Fin juillet 2019, pour éviter le déclin démographique qui mine son pays, le Premier ministre Viktor Orban avait annoncé un certain nombre d’avantages fiscaux pour favoriser les familles. Ainsi, depuis le milieu de l’été, un nouveau système offre aux couples qui se marient avant le 41e anniversaire de l’épouse des prêts subventionnés, pouvant atteindre 10 millions de forints, soit 30 500 euros. Un tiers de cette dette sera annulée si le couple a deux enfants et la totalité s’ils en ont trois. Selon le bureau central des statistiques (KSH), le nombre de personnes mariées avait ainsi déjà augmenté de 20 % au cours des neuf premiers mois de 2019. Le nombre de mariages enregistrés est le plus élevé depuis 1990. Pour le seul mois de septembre 2019, la Hongrie avait enregistré 29 % de mariage de plus que l’année précédente sur la même période.

    Cette mesure s’inscrit dans la droite ligne de la politique anti-immigration de Viktor Orban, qui souhaite ainsi s’afficher en champion du redressement démographique d’un pays menacé par le vieillissement, et éviter un « grand remplacement ».

    Pour stimuler sa population vieillissante, la Hongrie avait lancé en janvier 2020 un nouveau « programme national pour la reproduction » visant à « soutenir financièrement les couples qui n’arrivent pas à avoir d’enfants », 150 000 dans le pays. Le gouvernement souhaitait stimuler le système de fécondation in vitro (FIV) et lutter contre l’infertilité.

    À partir de juillet 2020, un régime de gratuité pour les FIV sera mis en place : les 30 % des 3300 euros restant à la charge des familles en traitement de PMA seront remboursés par la sécurité sociale. Par ailleurs, l’État prit le contrôle et assura pendant 3 ans la gestion d’un certain nombre de cliniques privées qui s’occupent de fécondation in vitro. L’objectif étant de limiter rapidement les délais d’attente.

    Ces mesures s’inscrivent dans une politique plus large visant à stimuler la natalité. En juillet dernier, un certain nombre d’avantages fiscaux ont été annoncés pour favoriser les familles.

  • L'eugénisme libéral sur la sellette

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    CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME DE L'ONU : L'EUGÉNISME LIBÉRAL EN QUESTION

    08 avril 2020

    Le Rapporteur spécial sur les droits des personnes handicapées a présenté son rapport annuel lors de la dernière session du Conseil des droits de l’homme, interrompue prématurément le 13 mars en raison de l’éruption du coronavirus. Elle y prend courageusement position contre « l’eugénisme libéral ». Christophe Foltzenlogel, juriste à l’European Centre for Law and Justice, revient sur les avancées de ce rapport sans langue de bois.

    Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies basé à Genève compte quantité d’experts et de comités chargés de contrôler le respect des États de leurs obligations internationales au titre des traités qu’ils ont signés. Ils leur adressent ainsi fréquemment des observations, recommandations ou directives. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dénoncer, nombre de ces rapporteurs et comités abusent de leur fonction pour imposer aux États de « nouveaux droits » qu’ils ne se sont jamais engagés à respecter. Tel n’est pas le cas de ce rapport, qui se concentre sur le respect des États de leurs obligations conventionnelles[1].

    Outre les propos habituels des Rapporteurs pour appeler les États à agir, à lutter contre les préjugés et à être plus inclusifs, le Rapporteur, Catalina Devandas-Aguilar, pose une réflexion de bon sens sur le handicap. Selon elle, on cherche toujours ou trop souvent à « réparer » ou prévenir le handicap. Des efforts immenses sont mis en œuvre pour tenter de guérir des handicaps, sans parvenir à un résultat approprié pour les personnes handicapées elles-mêmes, alors que des investissements plus concrets et plus simples pour faciliter la vie et atténuer certaines difficultés seraient beaucoup plus utiles et pertinents. « Du point de vue des défenseurs des droits des personnes handicapées, le handicap s’inscrit dans la continuité de l’expérience humaine. La question n’est pas tant de prévenir ou de soigner le handicap que de veiller à ce que toutes les personnes handicapées jouissent des mêmes droits et des mêmes possibilités que le reste de la population[2]. »

    Plus généralement, le rapport se concentre sur les discriminations subies par les personnes handicapées en utilisant le néologisme de « capacitisme ». Construit sur le mot « capacité », il appréhende la discrimination envers les personnes handicapées qui vaudraient moins car elles n’ont pas les mêmes capacités que les personnes non-handicapées. 

    Ce rapport contient surtout deux apports importants et positifs : la dénonciation de l’eugénisme libéral et de l’euthanasie des personnes handicapées. Ces réflexions font écho à des situations françaises et européennes sur lesquelles l’ECLJ est activement engagé.

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  • 12 000 enfants sauvés de l’avortement grâce au programme préventif de l’Église orthodoxe russe

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  • Pâques : la parole forte de Mgr Aupetit

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    De Paris.Catholique.fr :

    Homélie de Mgr Michel Aupetit - Vigile pascale à St Germain l’Auxerrois (Paris 1er) (à huis-clos)

    Samedi 11 avril 2020

    – Solennité de la Résurrection du Seigneur – Vigile pascale – Année A

    - 7 lectures de la Vigile ; Rm 6, 3b-11 ; Mt 28, 1-10

    Une pierre roulée, un tombeau vide ? C’est tout ? Ah non, c’est un peu court jeune homme, on espère bien d’autres choses en somme. Il nous faut du concret, du palpable, du démontrable. Depuis toujours il nous faut des certitudes, des réponses certaines. Et nous avons l’impression que le Seigneur ne nous laisse qu’avec des questions. Où est-il ce corps ? Comment peut-on le rencontrer ce Jésus ressuscité ? Comment le saisir ? Car nous avons besoin de saisir les choses pour être sûr qu’elles existent. Le Seigneur ne nous a laissé comme signe objectif de sa présence que ce morceau de pain sur lequel il a dit « Ceci est mon corps ». Mais nous voudrions pouvoir le vérifier, le soumettre à l’analyse chimique, savoir comment la matière organique de ce pain est devenu le corps de Jésus ressuscité.

    C’est la grande question éternelle que Pilate pose : « Qu’est-ce que la vérité » ? Pour nous, la vérité doit être enfermée dans nos capacités de connaître, dans notre cerveau. S’il n’en est pas ainsi nous ne pouvons pas croire aux réalités qui nous entourent. C’est toute la démarche du positivisme et du scientisme du 19e siècle qui reléguaient la religion dans le domaine des superstitions. La science des hommes pourrait tout expliquer, disait-on. Beaucoup pensent encore ainsi. Et pourtant…

    Il a fallu qu’un scientifique nous démontre que l’objet observé est modifié par l’observateur. Le temps et l’espace ne sont plus absolus mais varient en fonction de la vitesse de l’observateur. C’est la loi de la relativité restreinte d’Einstein. Nous pensions pouvoir tout connaître de la matière en particulier dans ses particules les plus minuscules. Or, Heisenberg a démontré qu’il nous est impossible de connaître en même temps la masse et la vitesse de cette particule. C’est le principe d’incertitude. Comment est-il possible qu’il y ait de l’incertitude dans les matières scientifiques ? Il faut donc se reporter sur les équations qui, elles, ne nous trompent pas. Hélas, il a fallu qu’un petit Autrichien vienne nous dire, en le démontrant avec des équations mathématiques, qu’il y a des réalités qui sont indémontrables. C’est le théorème de Godël qu’on appelle aussi le théorème d’incomplétude. Même l’astrophysique nous dit scientifiquement que nous n’avons aucune idée de 96 % du contenu de l’univers. Force est de constater qu’il nous est impossible d’enfermer le réel dans le tout de nos connaissances. Où est la vérité ?

    C’est qu’il nous faut découvrir que la vérité n’est pas un concept. Non, la vérité, c’est une personne. Pilate était en face de la vérité. Il ne l’a pas connue. La vérité ne s’enferme pas dans un cerveau humain, la vérité se découvre dans une personne : « Je suis la vérité ». Autrement dit, la vérité ne peut se découvrir que dans une relation. Cette relation, dans la Bible, nous venons de l’entendre, s’appelle une alliance. C’est l’histoire de cette alliance que nous venons d’entendre et qui révèle la vérité de la création, la vérité de l’homme, la vérité de Dieu.

    Il y a une alliance initiale qui relie la créature à son créateur. Cette alliance est décrite dans le récit de la création. Elle donne à l’homme d’accueillir la vie divine. C’est le sens même de l’arbre de la vie auquel il a accès. Mais, dans une relation chacun doit rester à sa place. Quand la créature veut se faire « créateur » et que l’homme veut « devenir comme Dieu » décrétant lui-même le bien et le mal, la rupture est consommée et la vérité n’entre pas en lui.

    Alors Dieu va proposer une alliance avec un homme, Abraham. Une rencontre qui va permettre de refonder la vérité et la vie. Alors que les Cananéens sacrifient leurs enfants au dieu Moloch Baal et que tant de civilisations, comme les Aztèques, pensent que la fécondité ne peut naître que de la mort, Dieu va arrêter le bras d’Abraham en lui montrant que seule la confiance totale en lui est source de vie. Pourtant, cette tentation de supprimer la vie naissante demeure encore aujourd’hui avec l’avortement généralisé. Non plus en raison d’une recherche hypothétique de la fécondité, mais au nom de la liberté. « O liberté que de crime on commet en ton nom » disait déjà Madame Rolland en montant à l’échafaud.

    « La vérité vous rendra libre ». C’est une nouvelle rencontre avec la vérité, une alliance de Dieu avec un peuple guidé par un homme choisi, Moïse, qui va nous révéler comment la liberté nous conduit à la vie. Ce peuple conduit par Moïse va sortir de l’esclavage en traversant les eaux de la mer. Ces eaux qui, traditionnellement, sont le signe de la mort, vont s’écarter pour laisser passer la vie. C’est la figure du baptême où nous sommes plongés dans la mort du Christ pour ressusciter avec lui (Rm 6).

    Car c’est bien lui, le Christ, qui est le chemin, la vérité et la vie. Après la rencontre d’un peuple avec le Seigneur, c’est bien l’alliance ultime de Dieu avec l’ensemble de l’humanité que va réaliser la rencontre sublime des deux en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai Homme. C’est lui, et lui seul, qui est le chemin qui mène à la vérité pour que jaillisse la vie.

    Cette compréhension fondamentale de la fête de Pâques nous permet de comprendre enfin qui nous sommes. Chacun de nous devient une vérité pour lui-même. Ma vérité, c’est que je suis né d’une relation d’amour de mes parents. M’ont-ils désiré ? Ont-ils souhaité que cette relation fût fécondante ? Peu m’importe. Si je suis né d’une relation d’amour, normalement je ne peux être qu’aimé. C’est ainsi que j’ai compris un jour que je suis né d’une relation d’amour encore plus fondamentale : la Trinité. La communion d’amour entre le Père, le Fils et le Saint Esprit est l’acte d’amour premier de mon existence et de la vôtre. C’est notre vérité fondatrice et fondamentale.

    Ceci éclaire d’une lumière fulgurante ce que nous fêtons cette nuit. La vie indestructible ne peut jaillir que d’un amour infini. C’est la Pâque du Seigneur, la révélation ultime de notre vocation.

    +Michel Aupetit, archevêque de Paris.

  • Cardinal Sarah : "cette épidémie a dissipé la fumée de l'illusion"

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    Interview du cardinal Sarah par Charlotte d'Ornellas sur Valeurs Actuelles via CatholicNewsAgency :

    Les premières lignes :

    Que pensez-vous de la crise du coronavirus?

    CARDINAL SARAH: Ce virus sert d'avertissement. En quelques semaines, la grande illusion d'un monde matériel qui se croyait tout-puissant semble s'effondrer. Il y a quelques jours, les politiciens parlaient de croissance, de pensions, de réduction du chômage. Ils étaient sûrs d'eux. Et maintenant, un virus, un virus microscopique, a mis ce monde à genoux, un monde qui se regarde, qui se plaît, ivre d'autosatisfaction parce qu'il pensait qu'il était invulnérable. La crise actuelle est une parabole. Elle a révélé comment tout ce que nous faisons et sommes invités à croire était incohérent, fragile et vide. On nous a dit: vous pouvez consommer sans limites! Mais l'économie s'est effondrée et les marchés boursiers s'effondrent. Les faillites sont partout. On nous a promis de repousser toujours plus loin les limites de la nature humaine par une science triomphante. On nous a parlé de procréation artificielle, de maternité de substitution, de transhumanisme, d'humanité accrue. Nous nous vantions d'être un homme de synthèse et une humanité que les biotechnologies rendraient invincibles et immortelles. Mais nous voici dans une panique, confinée par un virus dont nous ne savons presque rien. Épidémie était un mot médiéval dépassé. C'est soudainement devenu notre quotidien. Je crois que cette épidémie a dissipé la fumée de l'illusion. Le soi-disant homme tout-puissant apparaît dans sa réalité brute. Là, il est nu. Sa faiblesse et sa vulnérabilité sont criantes. Rester confiné dans nos foyers nous permettra, nous l'espérons, de retourner notre attention sur l'essentiel, de redécouvrir l'importance de notre relation avec Dieu, et donc la centralité de la prière dans l'existence humaine. Et, dans la conscience de notre fragilité, de nous confier à Dieu et à sa miséricorde paternelle.

    Est-ce une crise de civilisation?

    J'ai souvent répété, en particulier dans mon dernier livre, 'Le soir approche et déjà le jour baisse', que la grande erreur de l'homme moderne était de refuser d'être dépendant. L'homme moderne veut être radicalement indépendant. Il ne veut pas dépendre des lois de la nature. Il refuse de dépendre des autres en s'engageant sur des liens définitifs comme le mariage. C'est humiliant de dépendre de Dieu. Il ressent qu'il ne doit rien à personne. Refuser de faire partie d'un réseau de dépendance, d'héritage et de filiation nous condamne à entrer nus dans la jungle de la concurrence d'une économie livrée à elle-même.

    Mais ce n'est qu'une illusion. L'expérience de l'enfermement a permis à beaucoup de redécouvrir que nous sommes réellement et concrètement dépendants les uns des autres. Lorsque tout s'effondre, il ne reste que les liens du mariage, de la famille et de l'amitié. Nous avons redécouvert qu'en tant que membres d'une nation, nous sommes liés par des liens qui sont indestructibles mais réels. Surtout, nous avons redécouvert que nous dépendons de Dieu.

  • Depuis le Sacré Coeur de Montmartre, la bénédiction de l'archevêque de Paris, Mgr Aupetit

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    De Vatican News :

    Mgr Aupetit bénissant la ville de Paris depuis le parvis de la basilique du Sacré-Cœur, le 9 avril.

    Mgr Aupetit bénissant la ville de Paris depuis le parvis de la basilique du Sacré-Cœur, le 9 avril.  

    En ce Jeudi saint qui marque l'ouverture du Triddum pascal, l'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit a présidé un moment de prière et de bénédiction de la capitale française, pour demander à Dieu de protéger la ville et ses habitants en ces temps de crise sanitaire. C'est depuis la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre, où le Saint-Sacrement est adoré de manière continuelle depuis 1885, qu'a eu lieu à midi cette bénédiction exceptionnelle. Une cérémonie à laquelle participait notamment la maire de la capitale, Anne Hidalgo. 

    Accompagné par les évêques auxiliaires et les vicaires généraux du diocèse, portant chacun un masque de protection, l'archevêque de Paris a prononcé quelques mots invoquant le coeur sacré de Jésus après une lecture de la lettre aux Hébreux et le chant «Ô vrai corps de Jésus»  entonné par les soeurs de Montmartre. 

    Prière de confiance

    Mgr Aupetit a ensuite récité une prière rédigée d’après la prière de confiance en ce temps d’épidémie du Secrétariat des Œuvres du Sacré-Cœur de Paray-le-Monial et la prière du jubilé du centenaire de la basilique. La cérémonie s'est poursuivie avec les litanies du Sacré-Cœur chantées par les sœurs. L'archevêque de Paris a ensuite descendu les marches du parvis de la basilique en portant le Saint-Sacrement avant de bénir en silence la ville avec l'ostensoir. 

    Voici le texte de la prière lue par Mgr Aupetit:

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  • l’Église manque-t-elle de bons évêques, ou se voit-elle épargner les mauvais ?

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    Selon le Cardinal Ouellet, un tiers des hommes choisis par le pape pour devenir évêques finissent par refuser leur nomination. Pourquoi ? Un article de Stephen P. White paru sur le site « The Catholic Thing » et publié en traduction sur le site du magazine « France Catholique » le jeudi saint 9 avril 2020 :

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    "Parfois, de grands changements dans l’Église se produisent en même temps et de manière évidente. Pensez à certaines réformes du Concile Vatican II. D’autres changements - même certains changements monumentaux - se produisent beaucoup plus lentement et peuvent donc être difficiles à percevoir lorsqu’ils se produisent. Et parfois, la façon dont les choses se sont terminées est claire, mais ce qui pourrait arriver ensuite est incertain. Ce sont là des moments d’appréhension - et d’espoir.

    L’épiscopat change. L’accent mis par le pape François sur la synodalité et la collégialité en fait partie. Tout comme sa refonte du Collège des cardinaux pour y inclure des évêques des périphéries. Mais le changement le plus important est peut-être plus subtil que cela : les attentes des laïcs à l’égard de leurs évêques changent. La déférence pour le clergé - en particulier les évêques - est à un faible niveau. La confiance s’est usée.

    La majeure partie de cela, bien sûr, a à voir avec les scandales des dix-huit derniers mois. Il est difficile d’imaginer un évêque catholique jouissant aujourd’hui du genre de prestige national et de l’adulation dont Theodore McCarrick a joui à son apogée, bien avant que ses déprédations ne deviennent publiques. De nos jours, les catholiques américains sont aussi susceptibles de considérer les prélats avec scepticisme, voire suspicion, que de les regarder avec admiration.

    Ajoutez à ce mélange les effets polarisants de notre situation sociale et politique, le vitriol des médias sociaux, les querelles intra-ecclésiales (certaines très sérieuses, d’autres très stupides) et toutes les autres incitations au cynisme dans lesquelles nous marinons. Le résultat, au moins à court terme, ce sont des évêques à la fois moins exaltés (ce qui est probablement bon) et plus éloignés de leur troupeau (ce qui est clairement mauvais).

    Si la vision que les laïcs ont de nos évêques change, il semble que nos prêtres adoptent également une vision différente, peut-être plus sombre, des hautes fonctions ecclésiales.

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  • "Assez des prières, de messes et d’adorations virtuelles !" : le manifeste de "quelques Marie-Madeleine de notre temps"

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    Nous publions ci-dessous le "coup de gueule" de quelques amies qui refusent la ligne adoptée par l'Eglise en cette période d'épidémie. Nous laissons à nos lecteurs le soin d'en juger sachant combien il est difficile de faire sienne une attitude juste et adéquate face aux dangers de contamination et de proposer aux fidèles un service satisfaisant. Fermer les églises, suspendre toutes les célébrations, laisser les personnes âgées mourir sans le secours d'un prêtre, abandonner les familles désemparées sans célébration ni bénédiction pour leurs morts, tout cela pose évidemment question et peut aussi susciter notre indignation. D'ailleurs, que dit le pape lorsqu'il déclare : "le peuple de Dieu a besoin que le pasteur soit proche de lui, qu'il ne se protège pas trop..." Le virtuel, c'est beau mais cela ne peut remplacer la présence des personnes ni la réalité des célébrations dans nos églises.

    Maria Madalena e a Tumba Vazia

    TOUS VERS NOS EGLISES A PÂQUES ! LA PIERRE A ÉTÉ ROULEE !

    Un prêtre disait hier : « J’ai passé toute ma vie à dire aux gens : venez à la messe, et du jour au lendemain, nos évêques leur disent : n’y allez plus ! ». Et tous obéissent au doigt et à l’œil à un ordre inédit en 2000 ans de christianisme !

    Jamais, même en temps de guerre ou d’épidémie, les évêques n’ont commandé à leurs prêtres, comme ils l’ont fait en Belgique pour la Semaine Sainte, de ne pas confesser, ni baptiser, etc., ni de célébrer les Offices liturgiques − même en « petit comité » ! −, y compris le Jour de Pâques !

    Pourtant à voir les distances sanitaires entre nos experts ou politiciens en « réunion de sécurité » ou celles qui sont imposées dans nos supermarchés, on pourrait facilement les transposer dans nos églises. Pourquoi nos évêques et prêtres ont-ils subitement fermé leurs églises et cathédrale comme à Bruxelles, sans même que le pouvoir politique ne l’ait ordonné ! Etrange, triste et grave précipitation…

    Ainsi donc, toutes les prêches au sujet de la puissance de la prière, du Seigneur Maître du ciel et de la terre − et donc, de ce virus !− , du Ressuscité qui a vaincu la mort et nous donne sa Vie en abondance, appelle à donner la nôtre, à mettre notre confiance en Lui, à « ne pas craindre ceux qui tuent le corps mais plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne »[1] , Lui qui guérit toute maladie, chasse les démons, nous dit que « l’homme par ses inquiétudes, ne peut ajouter une coudée à sa vie », que celui qui meurt en Lui a la vie éternelle, qu’il faut prier le Père de nous délivrer de tout mal, etc., etc., toutes ces prêches ont subitement valsé aux oubliettes de la terreur si ce n’est celles du manque de foi. Inouï. Sidérant. Aux oubliettes aussi les prêches sur saint François qui embrassa un lépreux, sur le Père Damien qui partagea sa vie avec eux, sur saint Roch qui soigna les malades de la peste au prix de sa vie, etc.

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  • Le regard du pape sur la crise du coronavirus

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    De Vatican News :

    Le Pape se confie sur sa perception de la crise du coronavirus

    Comment le Pape vit-il la crise provoquée par Covid-19 ? Et comment se prépare-t-il pour l'après ? Le journaliste britannique Austen Ivereigh a interrogé le Pape François pour un entretien publié dans "The Tablet", "Commonweal", sur ABC et dans "La Civiltà Cattolica".

    «La Curie essaie de continuer à travailler, à vivre normalement, en s'organisant par roulement pour qu'il n'y ait jamais trop de monde tous ensemble, explique François dans cet entretien. Nous maintenons les mesures établies par les autorités sanitaires. Ici, à la Maison Sainte-Marthe, deux équipes ont été mises en place pour le déjeuner, ce qui contribue à réduire l'afflux. Tout le monde travaille au bureau ou à la maison, avec des outils numériques. Tout le monde est au travail, personne n'est inactif».

    «Comment le vivre spirituellement ? Je prie plus, parce que je pense que je dois le faire, et je pense aux gens. (…) Je pense à mes responsabilités actuelles et aux conséquences... Les conséquences ont déjà commencé à être tragiques, douloureuses, alors il vaut mieux y penser maintenant.» «Ma plus grande préoccupation - du moins, celle que je ressens dans la prière - est de savoir comment accompagner le peuple de Dieu et être plus proche de lui.»

    En ce qui concerne l'attitude des évêques et des prêtres, le Pape redit que «le peuple de Dieu a besoin que le pasteur soit proche de lui, qu'il ne se protège pas trop... La créativité du chrétien doit se manifester en ouvrant de nouveaux horizons, en ouvrant des fenêtres, en ouvrant la transcendance vers Dieu et vers les hommes, et elle doit être redimensionnée dans le foyer. Il n'est pas facile d'être enfermé à la maison».

    La dénonciation de la culture de mort

    «Certains gouvernements ont pris des mesures exemplaires, avec des priorités clairement définies, pour défendre la population, reconnaît le Pape, concernant l’attitude des autorités politiques. Mais nous nous rendons compte que toute notre réflexion, que cela nous plaise ou non, est structurée autour de l'économie. Il semblerait que dans le monde de la finance, il soit normal de faire des sacrifices. Une culture du déchet. Je pense à la sélection prénatale, par exemple. Aujourd'hui, il est très difficile de rencontrer dans la rue des personnes atteintes de trisomie 21. Lorsque vous le voyez sur l'échographie, ils le renvoient à l'expéditeur», s’attriste le Pape, qui dénonce une nouvelle fois la «culture de l'euthanasie, légale ou occulte, dans laquelle la personne âgée reçoit des médicaments jusqu'à un certain point.»

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