Le Pape : « On ne peut provoquer ou insulter la foi des autres » (Radio Vatican)
Parmi les journalistes présents dans l'avion, Antoine-Marie Izoard, directeur de l'agence de presse I.Media. Voici son compte-rendu: A bord de l’avion qui l'emmenait de Colombo à Manille, le pape François a passé pas moins de trois quarts d’heure avec les journalistes qui l’accompagnent. Répondant à 8 questions, il est brièvement revenu sur les trois jours passés au Sri Lanka. Notez qu’une réponse a particulièrement retenu l’attention.
Interrogé par un journaliste français, le pape a clairement fait référence à l’attaque terroriste de Paris contre la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo – il y a 8 jours - et expliqué qu’il existait des limites en matière de liberté d’expression. S’il a assuré que chacun avait “le droit“, même “l’obligation de dire ce qu’il pense pour aider le bien commun“, le pape a fait comprendre que ceux qui provoquent ou offensent peuvent s’attendre à une réaction. S’il a réaffirmé avec force que “tuer au nom de Dieu“ était une véritable “aberration“, le chef de l’Eglise catholique a soutenu que l’on ne pouvait pas “provoquer“ ou “insulter la foi des autres“.
Egalement interpellé sur les menaces du terrorisme islamique qui pèsent sur lui et le Vatican, le pape François s’est dit d’abord “préoccupé“ pour les fidèles avant d’ajouter : “J’ai peur, mais vous savez j’ai un défaut, j’ai une bonne dose d’inconscience !“ Puis il a affirmé avoir demandé au Seigneur, s’il devait être abattu, “la grâce“ de ne pas souffrir, confiant en souriant aux journalistes : “Je ne suis pas très courageux devant la douleur !
Au fil de ses réponses, le pape François a également indiqué qu’il publierait son encyclique sur l’écologie humaine en juin ou juillet prochain. Il a indiqué l’avoir récemment soumise à la Congrégation pour la doctrine de la foi et au théologien de la Maison Pontificale, histoire d’être sûr de ne pas dire “des bêtises“. Le pape a aussi confié qu’il souhaitait que ce document magistériel sorte avant le sommet mondial sur le climat prévu à Paris (France) en décembre. Constatant l’échec du dernier sommet de Lima, le chef de l’Eglise catholique a lancé : “Espérons qu’à Paris les représentants seront plus courageux“. (AMI)
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François : "On ne peut provoquer ou insulter la foi des autres"
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Belgique : l’euthanasie se porte bien
En Belgique, la loi de 2002 constitue une offre qui a créé la demande de plus en plus de personnes alors qu’elles ne sont pas en fin de vie. Lu sur « Le Point » cette interview d’Etienne Montero (doyen de la Faculté de droit de l’université de Namur) réalisée par Violaine de Montclos :
« Frank Van Den Bleeken, détenu à perpétuité pour viols et assassinat, devait être euthanasié le 11 janvier. Jugé irresponsable de ses actes, il demandait à mourir en raison de souffrances psychologiques "insupportables", selon les termes de son avocat, Jos Vander Velpen. Une demande acceptée par le ministère de la Justice belge en septembre dernier.
Parce que son médecin a fait volte-face au dernier moment, parce que le gouvernement a finalement accepté son transfert dans un centre psychiatrique, transfert qu'il réclamait en vain depuis des années,cette mort n'a finalement pas eu lieu. Il s'en est fallu de peu. Et, pour la première fois dans ce pays que toute l'Europe observe car il est le seul, avec les Pays-Bas, à avoir légalisé l'euthanasie en 2002, l'opinion publique belge s'interroge sur une loi dont les conditions d'application ne cessent de s'assouplir. Entretien avec Étienne Montero*, doyen de la faculté de droit de Namur.
Le Point : Pour la première fois, la loi autorisant l'euthanasie, en Belgique, est critiquée. On a parlé, avec le cas Van Den Bleeken, de "peine de mort" inversée...
Étienne Montero : La mort de Frank Van Den Bleeken n'a pas eu lieu, mais à sa suite, 15 autres détenus ont déjà formulé une demande d'injection létale. Et on l'a oublié, mais en septembre 2012 un détenu psychiatrique de 48 ans a bel et bien été euthanasié... Notre pays a été condamné 14 fois par la Cour européenne des droits de l'homme parce que nous maintenons en prison, dans des conditions qui ne correspondent pas à leur état, des malades psychiatriques jugés irresponsables de leurs actes. Faute de soigner, on accepte d'euthanasier, et ces cas limites révèlent combien les barrières posées en 2002 ont sauté les unes après les autres.
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Les bonshommes de neige sont anti-islamiques
Lu sur le site de la Libre.be :
Un prédicateur saoudien interdit les bonshommes de neige
Suite à des récentes chutes de neige dans le pays, des enfants se sont naturellement mis à façonner des bonshommes de neige. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'un manteau blanc recouvre ce pays plutôt habitué à un climat désertique. Un acte a priori anodin et inoffensif. Sauf pour Mohammad Saleh Al Munadjid, l'un des cheikhs les plus influents d'Arabie saoudite. Interrogé via un forum de discussion, le prédicateur s'est montré intransigeant : "les bonshommes de neige sont anti-islamiques". Il a également publié une fatwa (avis juridique) visant à interdire purement et simplement la construction de ces personnages glacés, explique le journal Al Arabya.
En voyant la surprise de nombreux parents, il a alors tenu à être plus précis. "Allah a accordé aux gens la liberté de construire ce qu'ils veulent, à condition que ça ne contienne pas d'âme : des arbres, des embarcations, des fruits, des édifices". Pas question donc de construire un bonhomme de neige. En revanche, un château ou un igloo sera accepté.
Sur Twitter, les réactions indignées n'ont pas manqué. Certains, partisans d'une vision moins rigoriste de l'islam, n'ont d'ailleurs pas hésité à partager les photos de leur oeuvre, quitte à ce que cela déplaise.
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Une lettre du Père Zanotti-Sorkine à Cabu, Wolinski, Charb et Tignous
Cher Jean, cher Georges, cher Stéphane, cher Bernard,
Bien que je sois prêtre et que cet état par le passé vous débectait, permettez-moi de vous appeler par vos prénoms et non par vos noms de guerre. Une façon comme une autre de me sentir votre frère. Certes, vous demeurez Cabu, Wolinski, Charb et Tignous, dessinateurs de profession, crayonneurs d’idées, trublions de vie politique, insulteurs de justes et de coupables, souvent drôles et méchants sous le crayon vulgaire et obsessionnellement blasphémateur du sacré, mais à mon esprit éduqué par le Christ à dépasser les apparences, vous apparaissez plus grands que votre œuvre, plus grands que vos dessins offerts aux combats rétrécis de la terre. Seule la bonté personnelle qualifie un être et l’ennoblit jusqu’à la moelle, je le crois, et pour cela, je mourrais. Tout le reste n’appartient qu’à la petite histoire qui finit sous le dégueuloir conventionnel des hommages et des récompenses accordés entre hommes, au gré des intérêts particuliers et des partis. Bah ! que tout cela est bas !
Aujourd’hui, préoccupé par plus haut, maintenant que la vie n’est plus un mystère pour vous puisque vous connaissez la vérité tout entière (et Dieu sait si cette connaissance doit désormais susciter en vous non plus votre humour mais votre joie), je viens vous demander un petit coup de main pour la France. Ne me le refusez pas.
Amis, auriez-vous la gentillesse de dire un mot au créateur du monde afin qu’il continue de juger avec indulgence ses enfants d’en bas qui le rejettent ou qui prétendent le défendre en tuant leurs semblables ? Faites cela pour nous, je vous en supplie ! Que le Ciel n’abandonne pas la terre, et que les hommes comprennent enfin que travailler à la mort de Dieu dans les consciences ou tuer au nom de Dieu revient à massacrer l’homme lui-même ! Pourriez-vous aussi de vos lumières actuelles éclairer nos intelligences de manière à ce que nous empruntions les chemins par lesquels on peut enrayer les fusils les plus huilés ?
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L'intolérance inscrite dans les gènes de l'Islam ?
Lu sur ce site canadien :
Rémi Brague : « Dans les gènes de l'islam, l'intolérance »
Rémi Brague est philosophe et historien de la pensée médiévale arabe et juive. Il est l’auteur, entre autres, de « Europe, la voie romaine » (1999), « La loi de Dieu. Histoire philosophique d’une alliance » (Gallimard, 2005), et de « Modérément moderne » (Flammarion, 2014). Il s’exprime au sujet des assassinats de Charlie Hebdo :
« L’attentat contre les dessinateurs de Charlie Hebdo rappelle de vieilles histoires qu’il me faut malheureusement rappeler ici.
À l’époque de Mahomet, dans l’Arabie du début du VIIe siècle, il n’y avait évidemment pas de journalistes, faute de journaux, d’imprimerie, etc. Mais il y avait des poètes. Leurs vers, transmis d’abord de bouche à oreille, pouvaient être louangeurs ou satiriques. Ils influençaient l’opinion, comme le font de nos jours les organes de presse. Lorsque Mahomet se mit à prêcher son dieu unique, prétendit en être le messager et se mit à légiférer en Son nom, déclarant ceci « permis » ou cela « interdit », certains de ces poètes se moquèrent de lui. Mahomet savait pardonner à ceux qui l’avaient combattu, mais ne tolérait pas qu’on mette en doute sa mission prophétique. Il demanda donc qui allait le débarrasser de ces poètes. Des volontaires se présentèrent et les assassinèrent. Ils tuèrent d’abord Ka'b ibn Achraf, un juif, puis Abou Afak, un vieillard, enfin Asma bint Marwan, une femme qui allaitait. Leurs meurtres sont racontés dans la plus ancienne biographie de Mahomet, « La vie de l’envoyé d’Allah » (Sirâ) d’Ibn Ichak, éditée par Ibn Hicham vers 830. Abdourrahman Badawi en a donné une traduction rocailleuse, mais intégrale (Beyrouth, Albouraq, 2001, 2 vol.), qu’on préférera aux nombreuses adaptations de ce texte, qui sont toutes plus ou moins romancées. Mahomet assura les assassins qu’ils n’avaient commis aucune faute, un peu dans l’esprit du verset du Coran : « Ce n’est pas vous qui les avez tués ; mais Dieu les a tués » (sourate VIII, verset 17 a).
On comprend l’embarras des musulmans d’aujourd’hui. Je ne possède pas de statistiques fondées sur des sondages d’opinion parmi eux, mais tout nous invite à croire que leur grande majorité désapprouve ces crimes. Et, en tout cas, ceux qui s’expriment les condamnent sans nuances. Ce qui est à leur honneur. Mais, au-delà du refus constamment réitéré, et d’ailleurs légitime, de l’« amalgame » et de la « stigmatisation », comment dire que ces agissements n’ont rien à voir avec l’islam ? Le Coran appelle Mahomet « le bel exemple » (sourate XXXIII, verset 21), qu’il est loisible, voire louable, d’imiter. Comment ne pas comprendre que certains se croient autorisés à commettre en son nom et pour le venger ce genre de crimes ? » -
Au Sri Lanka, le pape insiste sur le processus de guérison dont le pays a besoin
Lu sur le site d'Eglises d'Asie (eglasie.mepasie.org) :
En arrivant au Sri Lanka, le pape porte l’accent sur « le processus de guérison » dont a besoin le pays
A 9 heures, heure locale, ce 13 janvier, le pape François est arrivé au Sri Lanka pour une visite apostolique de deux jours, la troisième d’un pape dans ce pays d’Asie du Sud. Le pape a été accueilli à l’aéroport international de Colombo par le président tout nouvellement élu Maithripala Sirisena, entouré de son gouvernement, formé la veille. Si le pape a déclaré que sa visite était d’abord « pastorale », il a immédiatement abordé la nécessité pour ce pays de dépasser « l’héritage amer d’injustices, d’hostilités et de défiance laissé par le conflit » qui a vu la minorité tamoule et la majorité cinghalaise se livrer « aux horreurs de la guerre civile ». Centrant son propos sur la notion de « guérison » et citant l’épître aux Romains (1), il a affirmé que le pays ne connaîtra la paix qu’en « faisant vaincre le mal par le bien ».
Retransmise en direct par la télévision nationale ainsi qu’à la radio, la cérémonie d’accueil du pape s’est déroulée à l’aéroport sans que rien ne transparaisse de ce qui occupe la Une de la presse locale, à savoir les suites de l’élection présidentielle du 8 janvier dernier et le fait que le président sortant, Mahinda Rajapaksa, a très sérieusement tenté de mener un coup d’Etat le 8 au soir. Alors que sa défaite dans les urnes devenait évidente, Mahinda Rajapaksa a en effet envisagé d’obtenir des chefs de l’armée et de la police qu’ils bloquent le processus électoral. La tentative de coup d’Etat a rapidement avorté lorsque ces derniers ont signifié qu’ils ne sortiraient pas de la légalité constitutionnelle.
C’est donc devant ce gouvernement tout juste formé et ce président fraîchement élu, porteurs d’un important espoir de changement et de retour à l’Etat de droit, que le pape s’est exprimé en réponse au court mot de bienvenue du président Sirisena.
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"Pourquoi j'ai marché à Paris dimanche", par Tugdual Derville
Le sens de l’unité (source)
Pourquoi avez-vous marché dimanche 11 janvier 2015 à Paris ?
Tugdual Derville : Pour la liberté et pour la vie. La première des libertés, sans laquelle toutes les autres sont lettre morte, c’est la liberté de vivre. Et la seconde, c’est celle de conscience qui passe par la liberté d’expression. Cette dernière peut se discuter et se contester en justice. Mais dès qu’il y a mort d’homme, nous entrons dans la démesure, l’absolu, l’injustifiable. Bien sûr, il y a mille façons de rendre hommage à l’existence de ceux qui ont été si injustement fauchés. Mais la mort appelle à la fraternité universelle, et nous avons besoin de rites qui nous mobilisent à la hauteur de l’enjeu. C’est ce sentiment de fraternité que nous avons pu vivre dans les rues où ont marché des millions de personnes dans une tonalité impressionnante : grave et simple.
Ne faut-il pas craindre les récupérations partisanes ou idéologiques en tête des foules ?
Ne sont-elles pas dérisoires ? Elles s’autodétruisent comme autant de fautes de goût. Mais attention à ne pas juger trop vite comme « récupératrices » des attitudes simplement humaines : qu’on s’enlace, qu’on s’embrasse, qu’on pleure – jusqu’au sommet de l’État – c’est un hommage à l’humanité de tous. Le deuil appelle la ferveur et l’entière miséricorde. Qu’aient été assassinés des caricaturistes souvent virulents, qui ont pu blesser nos convictions intimes, rend encore plus nécessaire d’être là. Leur mort, mais aussi celle de juifs religieux et de membres des forces de l’ordre casse toutes les barrières, et force l’unité. Même si certains dessins et légendes blasphématoires de Charlie Hebdo m’ont paru injurieux, d’autres ont pu l’être pour nos adversaires : je pense à un dessin de Charb particulièrement acerbe contre la GPA. Il est des moments, dans l’histoire d’un pays, où il faut savoir défiler avec ses adversaires.
Comment avez-vous perçu cette unité nationale et internationale ?
Ces attaques terroristes ont réveillé la France comme un électrochoc. Chacun se sent intimement touché… Que ces assassinats aient fait descendre tant de personnes dans les rues, courageusement — car on pouvait craindre des attentats suicides ou des mouvements de foule — participe à la légitime fierté nationale. On vérifie l’or à l’épreuve du feu. Assurément, la France est un pays unique, qui a un destin qui la dépasse. Pareils événements forgent l’Histoire. Et nous devons en interroger le sens : en l’occurrence, jamais autant de Français ne sont descendus dans la rue. Et jamais autant de chefs d’État : un quart de ceux de la planète ! Tout cela paisiblement et de façon extrêmement digne. C’est une réponse cinglante au terrorisme.
Pourtant, des Français n’ont pas voulu manifester, se méfiant de pareils mouvements « unanimes ».
Je les comprends. Certains craignent une forme d’hystérie collective. Des leaders politiques, comme Daniel Cohn-Bendit, avaient laissé entendre que ces marches constitueraient la revanche de l’idéologie libertaire, qui allait se réapproprier la rue ! Mais les Français ont manifesté leur soif d’unité, de sécurité, de communion et de respect. Ils se sont révoltés contre la mort semée par la folie. En témoignent les applaudissements, bien mérités, adressés aux forces de l’ordre. Je respecte ceux qui se sont tenus à l’écart de pareils événements, parce qu’ils se considèrent rejetés, stigmatisés et humilés. Bon nombre de musulmans, qui vivent paisiblement, se sentent dans une impasse et souffrent. Des catholiques ont aussi le sentiment que la société est devenue si laïciste qu’elle bride la capacité d’expression des religions, tout en se montrant incapable de les défendre contre des agressions à forte portée symbolique. Je pense à celles des Femen, au cœur même des sanctuaires chrétiens.
Justement, aurait-on manifesté une telle unanimité si des chrétiens en avaient été victimes ?
Je l’espère. En marchant, je pensais à nos frères chrétiens martyrisés dans bien des pays du monde. Et aussi à leurs bourreaux… Mais, puisque c’est un journal libertaire qui a été sauvagement agressé à Paris, il était logique que les personnalités libertaires soient à l’honneur. Même chose d’ailleurs pour la communauté juive, la police et la gendarmerie. Mais le débat n’est pas clos pour autant. Nous découvrirons vite qu’« être ou ne pas être Charlie » n’est pas la question. Le véritable défi, c’est de construire la paix. On ne peut le faire qu’à partir de la vérité, de la bienveillance – ce qui exclut toute haine et tout mépris –, de la fermeté et de la responsabilité… De ce point de vue, la culture de la provocation sans limite ne contribue ni à l’unité, ni à la paix.
Propos recueillis par Frédéric Aimard.
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Charlie-Hebdo et "Je suis Charlie" : "En état de choc, on fait n'importe quoi"
#JeSuisCharlie : En état de choc, on fait n’importe quoi (source)
« En état de choc, on fait n’importe quoi » : Guillaume de Prémare livre son décryptage du choc « Charlie Hebdo » et du mouvement « Je suis Charlie ».
Que pensez-vous de ce que nous vivons autour du choc « Charlie Hebdo » ?
Il faut partir du fait générateur qui est le terrorisme. La France a déjà connu, dans un passé récent, des vagues de terrorisme. Mais elles n’étaient pas de la même nature. Je vois deux différences profondes.
La première différence est que les vagues de terrorisme des années 1980 et 1990 étaient principalement destinées à faire pression sur la politique internationale de la France, qu’il s’agisse du conflit israélo-palestinien ou de l’Algérie. Aujourd’hui, les terroristes cherchent aussi à faire pression sur la France par rapport à ses engagements militaires à travers le monde, mais ils poursuivent plus largement un objectif de conquête politico-religieuse à l’échelle mondiale, ce qui est nouveau, appuyé sur une idéologie politico-religieuse qui est ancienne.
La deuxième différence, c’est que les terroristes venaient jusqu’ici le plus souvent de l’extérieur. Aujourd’hui, l’islam radical s’appuie principalement sur des musulmans qui vivent en France, et sont même de nationalité française. Les jeunes sont radicalisés en France, font leurs armes à l’étranger puis reviennent en France pour combattre. C’est un élément-clé de la stratégie terroriste en France : mener une guerre de l’intérieur qui s’appuie sur des troupes déjà sur le sol français.
Selon vous, quelle est la stratégie de ces terroristes ?
Leur stratégie est de semer le chaos, de provoquer un état de choc global de notre société, pour créer une fracture irrémédiable entre les musulmans français et le reste de la population. Ils commettent donc des attentats pour faire grimper à son paroxysme la peur de l’islam et l’hostilité envers l’islam, jusqu’à la psychose, à un point tel que les musulmans ressentent cette hostilité, y compris, si possible, en raison de représailles contre la communauté musulmane. Il nous faut donc impérativement éviter les délires identitaires agressifs.
Ils misent sur l’aspect très communautaire de la religion musulmane pour gagner l’opinion musulmane. Celle-ci, se sentant en terrain hostile, se communautariserait toujours davantage et serait mûre pour d’abord éprouver de la sympathie pour le djihadisme, ensuite leur apporter un soutien. Cela ne signifie pas qu’une majorité des millions de musulmans qui vivent en France deviendrait terroriste – dans une guerre les combattants sont toujours minoritaires -, mais les islamistes pourraient recruter de jeunes musulmans sur un terreau de plus en plus favorable et évoluer, dans les quartiers musulmans, en terrain ami. Je ne dis pas qu’ils vont réussir, mais je pense que c’est leur projet.
Pour accentuer ce processus de séparation des musulmans de la communauté nationale, il y a un autre aspect qui est la guerre culturelle. Il s’agit de séparer toujours davantage culturellement les musulmans de la culture française. Pour cela, ils s’appuient sur la décomposition de la culture française pour en faire un parfait repoussoir pour tout bon musulman. Plus la société française est athée, libertaire, permissive, consumériste, sans repères, vide de sens, et en faillite éducative, plus la fracture culturelle grandit avec les musulmans. Je crois que cet aspect des choses est majeur dans le défi auquel nous sommes confrontés. Ce n’est pas le « choc des cultures », mais le « choc des incultures » comme dit François-Xavier Bellamy.
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L'Occident en alerte devant la menace du terrorisme islamiste est sourd et aveugle face aux exactions du Boko Haram
Lu ICI :
L'archevêque catholique de Jos, au centre du Nigeria, a accusé l'Occident d'ignorer la menace de la secte islamiste, Boko Haram.
Ignatius Kaigama a déclaré que la communauté internationale devait montrer plus de détermination pour freiner la progression du groupe au Nigeria.
Les dirigeants du monde entier doivent selon lui faire preuve du même esprit d'unité et d’engagement observé après les récents attentats en France.
Le secrétaire des Nations Unies, Ban Ki-Moon, a également condamné des violences qualifiées de "perverses” qui ont cours au Nigeria. Il s’est dit consterné par les informations faisant état de centaines de morts dans l’Etat de Borno.
Cet avertissement intervient deux jours après des attaques à la bombe dans lesquels plus de 20 personnes ont trouvé la mort.
Multiplication des attaques
Deux femmes kamikazes ont tué quatre personnes et blessé plus de 40 autres dimanche, dans un marché de la ville de Potiskum, capitale économique de l'Etat de Yobe, dans le nord-est du pays. Cette ville avait déjà été touchée samedi par un attentat à la voiture piégée.
A une centaine de kilomètres à l'est, dans la ville de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, une autre attaque a également eu lieu samedi, tuant cette fois au moins 19 personnes.
Boko Haram a lancé la semaine dernière une vaste offensive contre la ville de Baga, dans l'Etat de Borno, au cours de laquelle des centaines de personnes ont été tuées.
Selon l'archevêque, ces massacres ne font que mettre en lumière l’inefficacité de l'armée nigériane face au groupe islamiste armé.
Boko Haram, qui ravage la région depuis 2009 pour imposer un Etat islamique, a recours à des femmes pour mener ces attentats.
Voir également : pendant-ce-temps-la-boko-haram-massacre-au-nigeria
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Le Coran justifie-t-il la violence des islamistes ?
Lu sur le site de l'Homme Nouveau, ce billet du Père Louis-Marie de Blignières
La violence des islamistes a-t-elle un fondement dans le Coran?
Notons que l’interprétation donnée par certains dignitaires musulmans sur le caractère historique et circonstanciel des versets violents ne résout pas le problème. D’une part, cette interprétation n’est pas soutenue par les textes de la tradition musulmane, les hadiths. D’autre part, d’autres responsables soutiennent (et parfois imposent violemment) une autre lecture (Citons un exemple. L’homme politique et théologien réformateur soudanais Mahmoud Mohamed Taha, qui voulait donner une portée relative, valable uniquement pour l’époque du Prophète, aux versets violents de la période médinoise, a été condamné à mort par un tribunal religieux, sous l’influence des Frères musulmans et exécuté au titre d’apostat en janvier 1985), et comme il n’y a pas, en islam, de magistère pour les départager, le problème reste entier.
Les crimes atroces des djihadistes en Irak et tout récemment en France révoltent une grande partie des musulmans en Occident. On ne peut que se réjouir que beaucoup de musulmans, notamment des imams, dénoncent l’horreur de ce terrorisme. Ces événements abominables peuvent aussi être pour eux l’occasion de s’interroger sur la caution que les textes canoniques de l’islam apportent ou non à de telles violences. Un très grand nombre de musulmans sont des hommes de bon sens, réellement pacifiques, et ils sont sincères lorsqu’ils désavouent ces horreurs. Mais l’islam lui-même, tel que le donnent à connaître ses textes normatifs, le Coran et les hadiths (paroles attribuées au Prophète), est-il bien une « religion de paix et d’amour » ? Cela vaut la peine de se poser la question.
Parallèlement, la presse française, en son immense majorité, tient aujourd’hui à dissocier devant l’opinion publique l’islam des crimes djihadistes. « Surtout pas d’amalgame ! » Pourtant ces mêmes crimes étaient perpétrés depuis longtemps ailleurs (notamment au Pakistan, en Inde, au Nigéria, en Syrie, en Centre-Afrique, etc.) sans susciter de réactions proportionnées dans la presse occidentale. On n’a pas non plus alors observé de vives réactions chez les musulmans, ni de claire condamnation par les instances islamiques, malgré les appels répétés du Vatican, par exemple auprès de l’Université Al-Azhar et de l’Arabie Saoudite.
Les atrocités des djihadistes sont-elles clairement contraires à l’islam ? Qu’enseigne donc le Coran ?
Lire la suite sur le site de l'Homme Nouveau
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Charlie Hebdo : "Nous vomissons sur tous ces gens qui, subitement, disent être nos amis"
Lu sur le site de FranceTVInfo :
Des dessinateurs de "Charlie Hebdo" dénoncent les récupérations
Willem pourfend les "nouveaux amis" de l'hebdomadaire satirique. Luz leur reproche de faire peser sur leurs dessins un poids symbolique.
"Nous vomissons sur tous ces gens qui, subitement, disent être nos amis", s'emporte un des dessinateurs de Charlie Hebdo, Willem, après l'attentat contre l'hebdomadaire satirique. Dans un entretien au quotidien néerlandais Volkskrant, publié samedi 10 janvier, le dessinateur néerlandais ironise : "Nous avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine : ça me fait bien rire." Et il ajoute : "Marine Le Pen est ravie lorsque les islamistes se mettent à tirer un peu partout."
Les soutiens venus du monde entier "n'ont jamais vu Charlie Hebdo", accuse Willem, de son vrai nom Bernard Holtrop. "Il y a quelques années, des milliers de gens sont descendus dans les rues au Pakistan pour manifester contre Charlie Hebdo. Ils ne savaient pas ce que c'était", assure-t-il. Et il conclut : "Maintenant c'est le contraire, mais si les gens manifestent pour défendre la liberté d'expression, c'est naturellement une bonne chose."
"Que restera-t-il de ce grand élan ?"
Luz, lui, s'interroge dans un long entretien aux Inrocks, paru samedi : "Dans un an, que restera-t-il de ce grand élan plutôt progressiste sur la liberté d’expression ?" Mais surtout, il dénonce le "contre-sens" fait par tous ceux qui brandissent Charlie Hebdo et ses caricatures comme un symbole de la liberté d'expression.
"On fait porter sur nos épaules une charge symbolique qui n’existe pas dans nos dessins et qui nous dépasse un peu. Je fais partie des gens qui ont du mal avec ça", confie-t-il. "Au regard du monde on est un putain de fanzine, un petit fanzine de lycéen" , proteste le dessinateur. "Ce sont des gens qui ont été assassinés, pas la liberté d’expression ! Des gens qui faisaient des petits dessins dans leur coin."
Luz est inquiet pour l'avenir du journal
"Au final, la charge symbolique actuelle est tout ce contre quoi Charlie a toujours travaillé : détruire les symboles, faire tomber les tabous, mettre à plat les fantasmes, déplore-t-il. Le symbolisme au sens large, tout le monde peut en faire n’importe quoi. Même Poutine pourrait être d’accord avec une colombe de la paix."
Luz a participé, vendredi matin, à la première conférence de rédaction de Charlie Hebdo après l'attentat. Et il s'inquiète pour l'avenir de son journal, désormais privé de ses figures historiques dépositaires de l'esprit Charlie.
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Dans son discours au Corps diplomatique, le pape dénonce la mentalité du rejet et la culture de l'asservissement
Texte intégral du DISCOURS DU SAINT-PÈRE AU CORPS DIPLOMATIQUE (Lundi 12 janvier 2015 - source)
Excellences, Mesdames et Messieurs, Je vous remercie de votre présence à cette rencontre traditionnelle qui, au début de chaque année nouvelle, me permet de vous adresser ainsi qu’à vos familles et aux peuples que vous représentez, un cordial salut et mes vœux les meilleurs. Je veux exprimer ma reconnaissance particulière à votre Doyen, Son Excellence Monsieur Jean-Claude Michel, pour les aimables paroles qu’il m’a adressées au nom de tous, et aussi à chacun d’entre vous pour l’engagement constant que vous prodiguez pour favoriser et faire grandir, dans un esprit de collaboration réciproque, les relations entre vos pays et les Organisations internationales que vous représentez et le Saint-Siège. Au cours de l’année dernière, ces relations ont pu se consolider, soit par la présence accrue d’Ambassadeurs résidents à Rome, soit à travers la signature de nouveaux Accords bilatéraux à caractère général – comme celui signé en janvier dernier avec le Cameroun – ou d’accords spécifiques, comme ceux signés avec Malte et avec la Serbie.
Aujourd’hui je désire faire résonner avec force un mot qui nous est cher : la paix ! Elle nous parvient par la voix des troupes angéliques qui l’annoncent dans la nuit de Noël (cf. Lc 2, 14) comme un don précieux de Dieu, et en même temps, elles nous la montrent comme une responsabilité personnelle et sociale qui doit nous trouver pleins de zèle et actifs. Mais, à côté de la paix, la crèche dit aussi une autre réalité dramatique : celle du refus. Dans certaines représentations iconographiques, tant de l’Occident que de l’Orient – je pense par exemple à la splendide icône de la Nativité d’Andreï Rublev – l’Enfant Jésus ne semble pas être étendu dans un berceau, mais déposé dans un tombeau. L’image, qui veut relier les deux principales fêtes chrétiennes – Noël et Pâques – montre qu’à côté de l’accueil joyeux d’une nouvelle naissance, il y a tout le drame dont Jésus est l’objet, méprisé et rejeté jusqu’à la mort sur la croix.Lien permanent Catégories : Actualité, Culture, Eglise, International, Politique, Religions, Société 0 commentaire