De La Lettre de Paix liturgique n°456 du 9 Septembre 2014 :
POURQUOI LE LATIN EST-IL INDISPENSABLE DANS LA LITURGIE ?
Un certain nombre de nos lecteurs attachés à la liturgie "en latin" nous demandent régulièrement de les aider à faire comprendre à leur curé et à leurs amis paroissiens l’intérêt de l'usage de la langue latine dans la liturgie (non seulement traditionnelle, mais aussi nouvelle, puisque le n. 36 de la Constitution de Vatican II sur la liturgie rappelle que « l’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins »).
Tout le monde sait que le latin, langue de Rome, a été la langue de l’unité de la prière officielle pour une bonne part des catholiques du monde, en même temps que la langue des formules intangibles de la foi romaine.
En outre, pour préciser davantage les raisons qui expliquent que le latin est devenu et qu’il est resté une langue liturgique, nous avons pensé qu’il était intéressant de publier de larges extraits d’un chapitre du livre de l’abbé Claude Barthe, Le ciel sur la terre. Essai sur l’essence de la liturgie (éditions François-Xavier de Guibert, 2003) : « Une langue pour le sacré » (pp. 47-59).
UNE LANGUE POUR LE SACRÉ
La commotion culturelle produite par la réforme liturgique d’après Vatican II, conjuguée avec la quasi-disparition de l’enseignement des humanités, a torpillé le vaisseau déjà fragile dans les années soixante du latin liturgique. Aujourd’hui, dans les séminaires qui se veulent d’un bon niveau intellectuel, on étudie le grec et l’hébreu, mais pas le latin, en faisant donc l’impasse sur toute la tradition patristique et médiévale : pédagogie aberrante, qui pourra être inversée sans mal.
Comment une langue devient langue liturgique
Certes, tout climat idéologique peut toujours être renversé. Il reste que toute restauration liturgique va être confrontée à ce redoutable problème cultuel et culturel qu’est la perte d’habitude de la langue liturgique latine par les fidèles et même par les prêtres de quarante ans et moins, lesquels avec la meilleure volonté « restauratrice » du monde n’ont plus aucun usage de la célébration latine et du plain-chant. Mais on doit bien comprendre que l’usage d’une langue comme langue liturgique tient à bien autre chose qu’à la décision bureaucratique d’une conférence épiscopale « compétente ».