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Patrimoine religieux - Page 53

  • Chili : les attaques contre les églises se multiplient

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    Du site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    CHILI : Nouvelle chapelle incendiée

    13/03/2023

    Vers minuit le samedi 4 mars, huit inconnus armés et cagoulés se sont approchés de la chapelle Nuestra Señora de los Rayos, située dans la localité rurale de California, dans la région d’Araucanie, au centre du Chili, et y ont mis le feu.

    crédit Mons. Fernando Chomali

    « Les voisins ont été choqués de voir comment, en quelques instants, le bâtiment a été réduit en cendres. Leur douleur est grande et ils ne comprennent pas la raison de cette attaque », explique Magdalena Lira, directrice nationale du bureau chilien de l’AED.

    Les assaillants ont laissé des tracts et une banderole revendiquant leur crime et annonçant des actions plus violentes. « Chaque balle qui sera tirée sera rendue. Temucuicui résiste. RMM », peut-on lire sur la banderole. L’acronyme RMM signifie « Résistance Mapuche Malleco », un groupe de guérilleros qui prétend défendre les droits du peuple autochtone mapuche et qui a déjà été responsable d’autres attaques dans le passé.

    « Les flammes ont consumé le bâtiment en quelques minutes, laissant la communauté, principalement composée de familles mapuches, sans église pour ses activités. La petite chapelle avait été construite par les voisins eux-mêmes en 1952, d’où la douleur qu’ils ont exprimée en voyant tout brûler et finir en cendres. La police n’a retrouvé que les restes de la toiture métallique et une poutre qui a résisté au feu, rendant méconnaissable ce qui était un lieu de foi », explique Lira.

    « Comme un petit miracle, une petite statue en plâtre de la Vierge Marie qui était restée longtemps dans une grotte voisine a été sauvée », ajoute la directrice de l’AED en Chili.

    Les attaques contre les églises au Chili se multiplient

    Malheureusement, l’attaque de cette chapelle n’est qu’un exemple parmi d’autres. Des dizaines de lieux sacrés chrétiens ont été attaqués au Chili. Selon le Rapport mondial sur la liberté religieuse de 2021, rédigé par l’AED , rien qu’entre octobre 2019 et octobre 2020, des actes de vandalisme et des dommages ont été commis au Chili, dans 59 églises à travers le pays, dont 53 catholiques et 6 évangéliques. Bien qu’il n’y ait pas de décompte officiel actuel, il existe un consensus sur le fait que ce nombre a considérablement augmenté depuis lors.

    « Beaucoup de ces attaques ont eu lieu en octobre 2019, à la suite de l’explosion sociale qui s’est produite au Chili, mais avant cela, il y avait eu plusieurs attaques dans la région de l’Araucanie, imputables à des groupes subversifs prétendant défendre la cause des Mapuches, le peuple autochtone de cette région. Il s’agit de groupes minoritaires violents qui ne représentent pas la majorité du peuple mapuche », explique Magdalena Lira.

    « Pour certains de ces petits groupes, qui utilisent la violence comme un moyen d’exiger la restitution des terres, le christianisme est un symbole de colonisation, ce qui est inexact. Plusieurs études montrent que la grande majorité du peuple mapuche est et se sent chrétien. De nombreuses chapelles ont été construites au prix de grands efforts par l’ensemble de la communauté, comme celle qui vient d’être incendiée. Pouvez-vous imaginer la douleur et l’impuissance de la communauté quand elle a vu le feu consumer ce qu’elle avait construit et entretenu avec tant de soin ? L’église ne se résume pas à ses murs, elle renferme la mémoire de toute une communauté qui a développé sa vie de foi autour d’elle », ajoute-t-elle.

  • RDC : l’Eglise catholique et les églises protestantes réclament plus d’attention de la part de l’UE et spécialement de la Belgique

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    Lu sur le site web de « La Libre Afrique » :

    EVEQUE-1.jpgLes deux principales confessions religieuses congolaises, la catholique et les protestantes, ont demandé jeudi à l’Union européenne et à ses États membres – et en particulier à la Belgique – une « implication sincère » à l’égard de la République démocratique du Congo (RDC), un pays en proie à des décennies de violences et qui doit organiser des élections générales à la fin de l’année. Une délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), principale fédération protestante du pays, a mené durant quatre jours une « mission de plaidoyer » à Bruxelles, auprès de responsables belges et européens, rencontrant notamment l’archevêque de Malines-Bruxelles, cardinal Jozef De Kesel, et le nonce apostolique auprès de l’Union européenne, Mgr Noel Treanor.

    Les délégués des deux églises ont ensuite, lors d’une conférence de presse, dénoncé une « grave détérioration » de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et surtout dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, avec une ‘multiplication » des groupes armés, locaux et étrangers.

    Avec de « graves conséquences », a souligné le secrétaire exécutif de la commission justice et paix de la Cenco, le père Clément Makiobo.

    Selon les deux églises, depuis 2021, au moins 10.100 personnes ont été massacrées et plus de quatre millions d’autres ont été déplacées, alors que de graves violations des droits humains ont été enregistrées.

    « À cause de cette insécurité, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ne peut organiser les opérations électorales en cours (l’enregistrement des électeurs qui se déroule dans l’ensemble du pays, ndlr) dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyaragongo » dans le Nord-Kivu, ont souligné la Cenco et l’ECC dans une déclaration conjointe.

    Elles déplorent que la paix ne soit pas encore rétablie dans cette région en dépit des nombreuses initiatives militaires – comme le déploiement d’une force régionale de la communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) – et diplomatiques, comme des médiations menées par le Kenya et l’Angola entre les présidents congolais et rwandais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et Paul Kagame.

    RDC : l’Eglise catholique et les églises protestantes réclament plus d’attention de la part de l’UE et spécialement de la Belgique

  • Qu'est-ce que la sagesse bénédictine aurait à dire à notre monde d'aujourd'hui?

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    De KTO Télévision :

    Qu'est-ce que la Sagesse Bénédictine aurait à dire à notre monde d'aujourd'hui?

    7 mars 2023

  • L’Union européenne doit accepter de voir en face la montée des actes antichrétiens !

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    Du site du Figaro (via :

    Tribune collective. “L’Union européenne doit accepter de voir en face la montée des actes antichrétiens!”

    6 mars 2023

    TRIBUNE COLLECTIVE – Deux religieuses du quartier Bouffay, à Nantes, vont quitter la ville, épuisées par l’insécurité. Si la montée inquiétante de la violence contre les religions touche l’ensemble des croyants, le christianisme demeure la première cible des actes antireligieux en France comme en Europe. Dans une tribune collective, une vingtaine de personnalités appellent l’Union européenne à réagir et rappellent que tous les actes antireligieux doivent être combattus avec la même force.

    L’actualité récente avec les religieuses contraintes de quitter leur quartier à Nantes en raison del’insécurité tout comme la lecture du dernier rapport parlementaire des députés Isabelle Florennes etLudovic Mendes sur les actes antireligieux et antichrétiens dans notre pays nous rappellent que la haine ne connaît pas de trêve.

    Si la montée inquiétante de la violence contre les religions touche l’ensemble des croyants, lechristianisme demeure la première cible des actes antireligieux en France comme en Europe,selon le ministère de l’Intérieur et l’OSCE.

    L’évaluation précise de ces derniers, tant quantitative que qualitative, est certes complexe, mais il esten revanche une certitude: ce phénomène gagne en amplitude, en gravité et en visibilité.

    Ainsi, ce début d’année assombri par la fusillade dans une église londonienne, les dégradations descalvaires, les actes de vandalisme et les tentatives d’incendie des églises à Champagne- au-Mont-d’Or et à Paris n’est, hélas, que le reflet d’une violence persistante.

    Protéger la liberté de conscience

    Face à cette résurgence de la haine, qui demeure toutefois sans commune mesure avec les crimes et les persécutions commis ailleurs dans le monde, l’heure n’est plus aux demi-mesures et aux effets d’annonce convenus et répétitifs. Tous les actes antireligieux doivent être combattus avec la même force, car ils menacent non seulement l’ensemble des croyants, mais également lesprincipes fondateurs de notre civilisation, au premier rang desquels la liberté de conscience.

    Endiguer ce fléau des violences antireligieuses qui ont quitté le terrain du droit légitime à la critique pour rejoindre celui des délits et des crimes implique une action coordonnée à l’échelle européenne. Dans la mise en œuvre de sa stratégie contre le racisme et les actes de haine, l’Union européenne a adopté la décision-cadre du Conseil du 28 novembre 2008 et, dans le prolongement, a créé des fonctions de coordinateurs en charge de la lutte contre l’antisémitisme et la haine antimusulmane.

    Si un tel combat s’avère indispensable, ce que nul ne conteste, ne serait-il pas juste de l’étendre à la lutte contre ce qu’il faut bien appeler l’antichristianisme

    Un “deux poids, deux mesures” injustifié

    Pourquoi, dans un courrier du 11 novembre 2022 en réponse à une demande formulée à ce propospar l’association La France en partage, la Commission européenne a-t- elle explicitement confirmé son refus de désigner un coordinateur en charge de la lutte contre les actes antichrétiens?

    Pourquoi refuse-t-elle ainsi d’ouvrir les yeux sur une réalité certes déplaisante, mais dont attestent les statistiques et l’expérience quotidienne de nombreux Français?

    Que justifie ce “deux poids, deux mesures” dont on doit bien reconnaître qu’il constitue une discrimination à l’égard de la communauté chrétienne? L’Union européenne ne doit pas oublier que les valeurs communes qui la fondent sont l’égale protection des individus.

    L’Europe serait-elle à ce point mal à l’aise avec la protection de l’identité héritée de son histoire qu’elle refuserait de voir en face la montée des actes antichrétiens?

    Ce qui se joue ici, c’est l’égale garantie des libertés fondamentales de pensée et de croyance en Europe. Mais c’est aussi, dans l’indifférence coupable des pouvoirs publics, le maintien du lien avec ce qui a fondé la culture européenne elle-même, du monachisme des origines aux douze étoiles de son drapeau. Et, avec elle, la pérennité d’un élément essentiel de notre civilisation.

    Si nous voulons vivre en harmonie, il faut lutter de façon égale contre toutes les idéologies de destruction. C’est pourquoi nous prions avec insistance la Commission européenne de reconsidérer sa réponse et de nommer un coordinateur en charge de la lutte contre les actes antichrétiens, visant les personnes et les biens.

    La Commission doit faire ce pas pour confirmer son attachement à l’égale liberté de conscience pour tous. Nous ne pouvons plus nous payer de mots et nous contenter de répéter sans y croire que l’ensemble des croyants bénéficie de la même protection européenne.

    Pour qu’une telle protection existe, elle doit être instituée. Si les instances européennes devaient persister dans leur refus de prendre en compte cette demande, il sera alors impératif de mobiliser l’ensemble des voies politiques et juridiques pour la faire aboutir.

    Signataires:

    Carine Chaix, avocate à la cour, présidente de l’association La France en partage

    Alban du Rostu, directeur général du Fonds du bien commun

    Jérôme Bascher, sénateur, vice-président du groupe France Saint-Siège au Sénat

    Henri de Beauregard, avocat à la cour

    Jérôme Besnard, juriste et essayiste

    Olivier Bonassies, auteur, directeur de l’association Marie de Nazareth

    Loris Chavanette, historien

    Typhanie Degois, ancienne députée LREM

    Denis Duverne, président de l’association Saint-Jean de Passy

    Maxime Bonassies, responsable de l’association M de Marie

    Michel Degoffe, professeur de droit public

    Thomas Delenda, directeur de l’association Hozana

    Jean- Michel Fauvergue, romancier, ancien député LREM

    Julien Le Page, président de SOSCalvaires

    Charles Prats, vice-président de l’Association professionnelle des magistrats

    Gregor Puppinck, juriste, directeur du think-tank ECLJ

    Jean-Bernard Prim, délégué général de l’Alliance Siméon

    Thierry Rambaud, professeur de droit public, avocat à la cour

    Frédéric Rouvillois, professeur de droit public, délégué général de la Fondation du Pont-Neuf

    Joseph Macé-scaron, écrivain

    Nicola Speranza, secrétaire général de la FAFCE

  • Vouloir une Église sans prêtres est-ce encore appartenir à celle de Pierre ?

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    Une opinion signée par un ensemble de catholiques (voir ci-dessous) publiée sur le site de La Libre :

    4 mars 2023

    Non, nous ne voulons pas une Église sans prêtres

    Nous tenons à réagir et à nous opposer au contenu d'une brochure publiée par neuf liégeois qui plaident pour l'abolition du clergé. Le vieillissement du clergé était prévisible. Les chrétiens se préparent à y remédier. Afin de soulager les clercs toujours moins nombreux, ils prennent prioritairement en charge les services juridiques, administratifs, financiers et surtout sociaux.

    Concernant ces derniers, il faut souligner d’emblée (en plagiant à peine la réplique de Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand) que “les chrétiens n’ont pas le monopole du cœur” !

    Autrement dit, la générosité et le partage ne suffisent pas à distinguer le disciple du Christ. L’axe horizontal de la croix symbolise certes l’amour du prochain, mais il est supporté par la poutre verticale qui, plantée dans la réalité du sol, s’élève vers Dieu. Ce qui différencie vraiment le disciple de Jésus du philanthrope, c’est la conviction que l’amour humain (fait de compassion et d’entraide mais aussi de don et de pardon) n’est pas d’origine humaine mais qu’il vient du Père, celui que Jésus a fait connaître au monde (Jn 4, 7).

    C’est donc fort opportunément qu’un média pose régulièrement la question : “Et Dieu dans tout cela ? ”. Une manière de répondre aujourd’hui serait de la formuler autrement : “Et le prêtre dans tout cela ? ”.

    De plus en plus souvent, des chrétiens dits “engagés” (soit autant d’apôtres dévoués au prochain que de théologiens pointus) n’hésitent pas à contester, non tant la place du prêtre dans la société, que son véritable rôle au sein de nos communautés. Ambitionnant de rendre l’Église au Peuple de Dieu (selon le titre d'une brochure de 60 pages publiée par neuf catholiques liégeois NdlR1), ils en viennent à contester la plupart des sacrements et, plus spécifiquement, celui de l’ordre qui confère le pouvoir de les administrer. À leurs yeux, lesdits sacrements ne sont que des rencontres privilégiées avec le Seigneur et des signes de fraternité ; selon eux, ils subsisteraient dans l’avenir mais pourraient être conférés par des laïcs (hommes et femmes) spécialement formés, lesquels exerceraient leurs fonctions pendant un mandat temporaire.

    Envisageant de la sorte des communautés “sans prêtres”, ces audacieux promeuvent “un modèle de célébration (eucharistique) indépendant du sacrement de l’ordre”, une messe qui, selon eux, devrait d’ailleurs occuper une place moins importante qu’aujourd’hui dans la pratique religieuse. Comme pour nos frères protestants, seul le baptême est, à leurs yeux, fondamental et, de ce fait, peu sujet à discussion. Considéré civilement comme une institution juridique obsolète, le mariage religieux semble leur apparaître, quant à lui, de moindre intérêt ; fondateur de la famille, il est pourtant le gage de la qualité, de la pérennité et de la fécondité de l’union conjugale.

    Paraissant confondre l’aveu de la faute et le repentir, comme la demande de pardon et son obtention, les mêmes théologiens préconisent de remplacer la confession faite au prêtre par un entretien avec un simple confident. Ils perdent ainsi de vue que le pardon ne peut être accordé que par l’offensé et non par un tiers (à moins qu’il ne soit préalablement investi d’un tel pouvoir). Dans notre monde égoïste, beaucoup en sont d’ailleurs venus à reconnaître leurs torts, bien plus pour retrouver “la paix intérieure” que pour faire “la paix avec autrui” ; c’est dire qu’il importe de garder au sacrement toute sa signification, soit sa valeur de signe visible d’une miséricorde divine invisible !

    Minimisant de la sorte la grâce sacramentelle et craignant que le cléricalisme conduise l’Église à la dérive, ces penseurs suggèrent une solution radicale : supprimer le clergé et confier la responsabilité de la communauté aux chrétiens eux-mêmes. Ils donnent en exemple les premières communautés chrétiennes et rappellent que Jésus n’a expressément ni nommé ni expliqué chacun des sept sacrements aujourd’hui reconnus. Il reste que les apôtres et leurs successeurs en ont affiné la perception et que ce serait certainement une erreur – ici comme en d’autres matières – de faire fi des acquis de vingt siècles d’études, de réflexions et d’expériences. Nos prêtres d’aujourd’hui sont les auxiliaires des évêques, lesquels assurent la succession apostolique. Voici ce qui en fait davantage les gardiens des sacrements que les “pasteurs” du “petit troupeau”. S’ils sont en nombre insuffisant pour absoudre, les visiteurs de prison, d’hôpital et de maison de repos, doivent rappeler autour d’eux qu’à côté de la “communion de désir”, la possibilité existe d’être pardonné lorsque le pécheur exprime un repentir sincère ainsi que l’intention de se confesser dès que possible à un prêtre.

    Ce rapide survol de la contestation met en évidence qu’elle conduit, non à une adaptation de l’eucharistie et de la réconciliation, mais à une sorte de révolution touchant les sacrements essentiels et le rôle du prêtre catholique.

    Vouloir une Église sans prêtre est-ce encore appartenir à celle de Pierre ?

    “Il est plus d’une demeure dans la maison du Père”. C’est parole d’évangile (Jn 14, 2) et c’est une réalité ! Ce qui fait la richesse des familles, des groupes et associations de toute nature, c’est la complémentarité de leurs différences, leur cohésion fondamentale autour d’un même objectif. Comme toujours, la contradiction loyale favorise la compréhension et le progrès. Du respect à la confiance, puis de celle-ci à l’amour, tous tendent – au sein du groupe – à pacifier, parce que seule la paix conduit à l’unité. Comme sa dénomination l’indique, l’Église catholique est universelle, autrement dit “ouverte à tous” ; quels qu’ils soient, Dieu les y invite.

    La révolution annoncée quant au rôle du prêtre se veut à ce point progressiste qu’elle en heurte plus d’un et risque de ne pas convaincre. Dans le prolongement de ce qui vient d’être rappelé du pluralisme des opinions, une réflexion paraît alors s’imposer. Une Église qui confisquerait aux prêtres leur mission apostolique serait-elle toujours cette “maison du Père” ? Pour formuler autrement la question : vouloir une Église sans prêtre – et, partant, sans sacrements – est-ce encore appartenir à celle de Pierre ? L’œcuménisme est un superbe mouvement, mais il ne pourrait écarter les catholiques de leur “Credo”. Il s’impose que les responsables de la catéchèse et de la pastorale soient conscients du danger que présente un tel projet, surtout lorsqu’il s’agit d’évangéliser, comme nous avons tous reçu mission de le faire (Mat. 28, 18-19).

    Si Jésus n’est pas Dieu et si son incarnation cesse de se prolonger de nos jours – grâce aux prêtres – dans l’eucharistie, le christianisme n’est plus une religion. En ce cas, il ne “relie” plus l’être humain à la divinité et le disciple de Jésus est pareil à celui de tout autre leader ou gourou ; ce chrétien veut vivre et s’accomplir le mieux possible, mais il ne le fait pas consciemment “à l’image et à la ressemblance” de celui dont il provient et auquel il retourne.

    À supposer qu’il soit possible “sans prêtre” de se comporter en enfant de Dieu et frère (ou sœur) des humains, n’est-il pas à craindre surtout que la soif de pouvoirs des laïcs s’avère plus grande demain que ne l’est aujourd’hui celle des clercs ?

    Signataires :

    Réginald de Changy; Frédéric Close; Jean de Codt; Jacques Galloy; Bernadette Glidden-Huybrechts; Evelyne Guillemare; Philippe Jeanfils; Etienne Jehoulet; Pierre de Macar; Renier Nijskens; Philippe Olivier; Yves d’Oultremont; Philippe Prévinaire; Pierre Reginster; Charles Roberti; Alick Sytor; Louis Thonon; Anne-Victoire d’Ursel; Dominique Verpoorten

    (1) Romain Blondiaux, Roger Franssen, Gaby Hansenne, Jean-Philippe Kaefer, Xavier Lambrecht, Sébastien Louis, Bérengère Noel, Rosalie Speciale et Caroline Werbrouck, Rendons l’Église au peuple de Dieu ! – Pour en finir avec le cléricalisme, Liège 2023, justice.633@hotmail.compp. 60.

  • Académie de Chant Grégorien à Liège : "Du plain chant aux instruments musicaux". Huit activités au choix. Activités cumulables. Une découverte de mars à juin 2023

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  • Liège, église du Saint-Sacrement: conférence de Carême le samedi 11 mars 2023 à 15h00

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  • Liturgie : quand le légalisme autoritaire du pape François tourne le dos à la sagesse du pape Benoît XVI

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    De sur l'Incorrect :

    LE LÉGALISME LITURGIQUE OU LE CRÉPUSCULE DE LA SAGESSE

    Alors que le pape François continue de taper sur les tradis, et tandis que tant de clercs s’arc-boutent à une forme d’intégrisme liturgique ou néo-liturgique, il nous faut retourner à la sagesse du pape Benoît XVI, qui a pressenti à raison que les formes ordinaires et extraordinaires du rite pouvaient influer positivement l’une sur l’autre.

    Ce que le pape Benoît XVI avait imaginé d’appeler la « forme ordinaire » du rite latin, a été conçu, dès l’origine, pour se substituer à ce qu’il avait qualifié de « forme extraordinaire ». Le pape Paul VI y avait insisté : « Le nouvel Ordo Missae a été promulgué pour prendre la place de l’ancien, après mûre délibération et afin d’exécuter les décisions du Concile »(Discours du consistoire, 24 mars 1976).

    Que l’on puisse se dire dès lors, intellectuellement, que cette substitution doive devenir effective, c’est une chose normale et compréhensible puisqu’elle entre dans ce projet de réforme initial, ainsi énoncé sans aucune ambiguïté.

    Cependant, entre l’intention de cette substitution et sa réalisation, trois faits se sont historiquement interposés, dont il n’est pas possible de faire abstraction :

    Premier fait : une application abusive quasi généralisée et normalisée de la nouvelle « forme ordinaire », accompagnée d’une perte entretenue de transcendance qui, en vidant souvent le mystère eucharistique et l’enseignement doctrinal de leur substance, ont exercé une influence majeure sur l’ouverture des catholiques, clercs et laïques, au naturalisme et au relativisme, c’est-à-dire, en définitive, à la dénaturation du catholicisme.

    Deuxième fait : une résistance, provoquée par cette situation, de fidèles n’admettant pas, au profit de cette application nouvelle, l’effacement d’une « forme extraordinaire » millénaire ayant toujours exprimé avec force et clarté l’unité des lois de la prière et de la foi, et continuant de porter et d’éduquer les personnes de notre époque moderne à l’adoration, au sens du sacré, du péché, de la grâce et du salut.

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  • Essaimage : Une abbaye à construire !

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    "Lu sur le site web du mensuel « La Nef » :

    « L’abbaye Sainte-Marie de la Garde, fille du Barroux, démarre un magnifique projet : ériger une abbaye au XXIe siècle. Pour soutenir ce projet enthousiasmant, nous avons organisé une campagne de dons en partenariat avec CredoFunding, ce qui nous fournit l’occasion de présenter ce projet et l’abbaye elle-même : soyez généreux en ce temps de carême !

    Entretien avec son Père Abbé, Dom Marc Guillot.

    La Nef – L’abbaye se lance dans d’importants travaux : pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit précisément ?

    Dom Marc Guillot – Dans trois semaines à peine, les pelleteuses s’activeront à Sainte-Marie de la Garde. Implantés depuis vingt ans en ce lieu, le moment est venu pour nous d’agrandir de façon conséquente nos bâtiments. Ces extensions s’imposent tant pour la cohérence du fonctionnement de notre vie conventuelle que pour pouvoir recevoir les fidèles désireux de se ressourcer à l’abbaye. Aujourd’hui, nous n’avons toujours pas de cloître, ni de lieu de culte et de bibliothèque suffisamment adaptés. De plus, le fait d’avoir été gratifiés par la Providence de quelques vocations ces dernières années exige de nouvelles cellules et des espaces pour le travail. Ajoutons qu’au fil des ans, nous sommes toujours plus connus dans la région, ce qui a pour conséquence une augmentation régulière du nombre de personnes souhaitant venir vivre leur messe dominicale à l’abbaye et bénéficier de l’aide spirituelle qu’ils peuvent y trouver : réalité dont il nous faut tenir compte maintenant.

    Quel style architectural avez-vous choisi et pourquoi ? Quels seront les acteurs de ce chantier ?

    Nous avons fait le choix de construire une abbaye bénédictine d’esprit roman. L’édifice se réinscrira dans une histoire millénaire, celle de l’architecture religieuse monastique européenne. Pensons seulement à ces abbayes parsemant notre terre de France et empreintes de simplicité et de noblesse, d’harmonie et de lumière. Tout cela dans l’unique dessein d’évoquer la beauté de Dieu et de Lui attirer les âmes. Par ailleurs, outre les architectes, les bureaux d’études, les entreprises locales et les frères qui suivront de près l’évolution des travaux, nous aurons un compagnonnage merveilleux : celui de la pierre. Oui ! nous avons dessein de bâtir en pierre pleine, laquelle aura une durée de vie minimale espérée de 500 ans ! Mais si nous optons pour ce mode constructif, c’est surtout parce que les maçonneries de pierre massive offrent un rendu d’une beauté incomparable, une isolation thermique pérenne, une résistance au temps particulièrement intéressante. C’est aussi une réponse aux attentes de notre époque contemporaine, si soucieuse de mettre à l’honneur les matériaux naturels.

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  • La clique de Sant'Anselmo qui mène la guerre contre le rite ancien

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    La clique de Sant'Anselmo en guerre contre le rite ancien

    27-02-2023

    Du secrétaire Viola aux sous-secrétaires García Macías et Marcjanowicz, jusqu'à Ravelli et Midili qui dirigent les célébrations pontificales : ils viennent tous de l'Athénée Sant'Anselmo et ne se déplacent qu'animés par un aveuglement idéologique face à la réalité. Ce sont les personnes qui font la guerre à l'ancienne Messe. 

    Toute personne, même si elle n'est pas très douée intellectuellement, est capable de comprendre que la croisade menée contre le rite ancien, depuis Traditionis Custodes jusqu'au récent Rescrit, n'est rien d'autre qu'un désir de vengeance, une fureur aveugle et morbide. Le constat est simple : l'Église catholique se retrouve presque exsangue, avec des évêques qui saluent l'homosexualité, des prêtres "choyés" qui abusent des religieuses et sont protégés par les plus hautes instances, des couvents fermés de force, des églises et des séminaires de plus en plus vides, des catholiques qui fuient l'Église.

    Si l'on exclut la Pologne, dans les pays occidentaux, la participation à la messe, au moins hebdomadaire, est nettement inférieure à 50 % : l'Italie se situe honteusement à 34 %, mais semble même faire bonne figure par rapport à l'Espagne (27 %), l'Autriche (17 %), l'Allemagne (14 %) et les deux derniers, la France et les Pays-Bas, où moins d'un catholique sur dix va à la messe dominicale.

    Avec ce scénario, le Dicastère du Culte Divin ne songe qu'à perdre du temps et des ressources pour accabler ceux qui vont à la Messe, mais selon un rite qui ne leur convient pas. Dans n'importe quelle entreprise, le préfet dudit dicastère, Mgr Arthur Roche, aurait été licencié sur le champ : non seulement incapable de revitaliser le marché, mais aussi suffisamment incompétent pour stériliser les quelques branches saines.

    A y regarder de plus près, le seul problème de Roche est qu'il est la mauvaise personne au mauvais endroit, ce qui n'est pas rien. Son impréparation liturgique radicale n'est pas un mystère ; mais à l'époque, la seule place vacante était le Culte divin, libéré par le cardinal Sarah ; et Roche a donc dû s'asseoir là, comme un batelier présidant le syndicat des guides de montagne.

    Le résultat est que d'autres personnes sont en charge du Culte Divin ; et ces autres personnes ont toutes une caractéristique commune : elles viennent de l'Athénée Pontifical Sant'Anselmo. À commencer par le secrétaire, Monseigneur Vittorio Viola, qui y enseigne la liturgie depuis 2000 et y occupe toujours la chaire de professeur de liturgie sacramentelle. Viola, en tant que professeur chargé de cours, a le droit de participer au Conseil de l'Institut, un droit qui soulève une question de conflit d'intérêts. Il y a ensuite les deux sous-secrétaires, Mgr Aurelio García Macías et Mgr Krzysztof Marcjanowicz, tous deux docteurs en liturgie de Sant'Anselmo ; Macías est également toujours professeur. Une situation tout à fait inhabituelle dans un dicastère de la Curie romaine, où les différentes écoles théologiques, philosophiques et liturgiques devraient être représentées, et qui se trouve au contraire blindé au sommet par la clique de Sant'Anselmo. Par l'intermédiaire de ses anciens élèves et de ses professeurs occupant des postes à responsabilité au sein du Culte divin, Sant'Anselmo exerce une influence unilatérale sur la liturgie mondiale et tisse des liens bien trop étroits avec la Curie, terrain fertile pour les escalades personnelles au nom des "services" rendus à la Sainte Église.

    Mais l'invasion de Sant'Anselmo est encore plus vaste. Pour remplacer Monseigneur Guido Marini, ordonné évêque et nommé à la tête du diocèse de Tortona, on trouve Monseigneur Diego Giovanni Ravelli, originaire de la Brianza, lui aussi licencié et docteur de Sant'Anselmo. Et puis, l'Office liturgique du Vicariat de Rome ne pouvait pas manquer. Servant comme directeur, depuis 2011, et responsable des célébrations liturgiques du diocèse (à partir de 2019), le père carme Giuseppe Midili, grand ami du père Marko Ivan Rupnik, également titulaire d'une licence et d'un doctorat à l'Athénée, où il est professeur ordinaire de pastorale liturgique.

    Le cas de Midili soulève également des questions sur le respect des Statuts de Saint Anselme eux-mêmes, qui, à la suite de Veritatis Gaudium, 29, affirment que, "pour être "stables" [...] les professeurs doivent être libres de tâches incompatibles avec leurs devoirs de recherche et d'enseignement". Il y a, à vrai dire, d'autres personnes dont on peut difficilement dire qu'elles respectent ce principe : le père Francesco De Feo, abbé du monastère de Grottaferrata, le père Stefano Visentin, abbé de Praglia, et S.E. Monseigneur Manuel Nin, exarque apostolique de Grèce et évêque de Carcabia.

    Pour ces messieurs de Sant'Anselmo, la liturgie a dû être quelque chose de très théorique, puisqu'ils ne peuvent pas faire face à la réalité qui afflige nos églises ; et aussi de très idéologique, étant donné la rage aveugle contre les jeunes, les enfants, les familles, qui dans leur esprit se retrouvent tous sous l'étiquette d'"opposants au Concile", juste parce qu'ils aiment l'Ancien Rite.

    Christophe Dickès, historien et journaliste français, frère du poète Damien, tente de ramener ces liturgistes de bureau à la réalité avec un splendide article paru dans rien moins que les colonnes du Figaro. Dickès souligne que le problème de ce pontificat semble être le petit monde traditionaliste qui, en France, où il est particulièrement répandu, représente environ 4% des catholiques ; donc "une minorité dans une minorité". Une minorité évidemment considérée comme subversive, puisque dangereusement ceux qui en font partie enseignent "le catéchisme à leurs enfants, leur faisant apprendre les dix commandements et les prières que les catholiques doivent connaître", et avec des sacrifices considérables essaient de préserver leurs enfants de la "culture du cachet", en les envoyant dans des écoles privées ou parentales, qu'ils doivent autofinancer.

    Ces familles aiment aller à la messe traditionnelle. Tous snobs ? Tous anti-conciliaires ? Tous lefebvristes ? En vérité, après leur ordination sacerdotale en 1988, ces personnes " ont voulu montrer leur fidélité au Saint-Siège en manifestant leurs besoins spirituels, comme le permet le droit canonique (can. 212 § 2) ". Fidélité qui aujourd'hui est payée par des claques retentissantes.

    Mais que trouvent-ils dans la messe en rite ancien ? Il y a là, reconnaît Dickès, "une verticalité et une sacralité" qui sont moins évidentes dans le rite approuvé par Paul VI. De plus, c'est décidément " un rite moins clérical ", un rite dans lequel tout " personnalisme est banni : les fidèles prient dans un face-à-face avec Dieu ", sans que le prêtre ne prétende être leur interface.

    Il est en effet curieux que, précisément au cours du pontificat qui a fait de la synodalité son pivot - sous la devise "Elargis l'espace de ta tente" !  - et de l'anticléricalisme son uniforme, ce sont précisément eux qui sont frappés. Et sans aucune pitié. Personne n'a pensé à recevoir une délégation d'entre eux, à écouter leurs demandes, à répondre à leurs besoins, comme c'est le devoir précis des pasteurs de le faire. Rien. Seuls deux représentants de la Fraternité Saint-Pierre ont été reçus. "Quant aux laïcs, les mères de prêtres, âgées de 50 à 65 ans, qui ont marché 1500 kilomètres de Paris à Rome pour déposer une pétition aux pieds du Vicaire du Christ, ont été reçues pendant à peine trois minutes. 1500 kilomètres pour une poignée de secondes".

    Ce comportement révèle la fausse rhétorique qui est maintenant devenue la règle à Rome : on dit que tout le monde doit trouver une place dans l'Église, mais pas le "Tridentin" ; on parle de valoriser les laïcs, mais pas ceux qui vont à l'ancienne Messe ; on se démène pour montrer combien les familles et les enfants sont appréciés et aimés, mais seulement ceux qui vont à la "nouvelle Messe" ou qui ne mettent même pas les pieds à l'église. Pas d'accueil, pas de pitié, pas d'écoute de ceux qui sont traités d'"indiétristes" chaque semaine ; envers ceux de la messe latine, il semble n'y avoir qu'un seul commandement : "rééduquez-les. Par la force des choses ou par la ruse. La synodalité semble être à la mode, mais "ils" n'ont qu'un seul droit : celui de souffrir en silence", conclut Dickès.

    Il semble y avoir à Rome une version particulière de la parabole du fils prodigue, où le père chasse le fils aîné parce qu'il en a assez de l'avoir toujours avec lui.

  • L’Église dans tous ses états

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    Lu dans le mensuel « La Nef » n° 356 Mars 2023 :

    « Mgr André Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, nous offre des mémoires passionnants brossant 50 ans de débats dans l’Église.

    La Nef – Vous évoquez à propos du concile Vatican II un « agenda caché » et un « méta-concile » : que voulez-vous dire ? Le concile est-il une des causes de la crise que connaît l’Église ?

    Mgr André Léonard – Tous les textes du concile sont doctrinalement corrects, sans quoi ils n’eussent pu être adoptés à une large majorité. Mais le contact avec certains experts et journalistes me donna à penser que certains textes seraient interprétés ensuite de manière tendancieuse. Ce que me confirma plus tard mon évêque, secrétaire de la Commission doctrinale. Il avait contribué, judicieusement, à ce que la Constitution sur l’Église parle de l’ensemble du Peuple de Dieu et, seulement après, de la hiérarchie. Il comprit après le concile que l’agenda caché de certains théologiens était d’en conclure que l’autorité des évêques découlait démocratiquement du peuple et non du Christ lui-même. Ce fut le début de ce que certains appelèrent le « méta-concile », à savoir le concile revu et corrigé « par après » (« méta », en grec).

    Que retenez-vous de plus marquant de votre formation philosophique ? Où en sont les études de philosophie dans les séminaires et que faire pour rendre ces derniers plus « attractifs » pour les futures vocations ?

    Le plus important pour moi fut de confronter la pensée de Thomas d’Aquin avec la philosophie moderne (Descartes, Kant, Hegel) et la philosophie contemporaine (Sartre, Husserl, Heidegger). Je le fis dans un ouvrage intitulé : Foi et philosophies. Guide pour un discernement chrétien (Bruxelles, Culture et Vérité/Lessius). Pas mal de séminaires en Europe se servent encore de ce livre pour confronter la pensée chrétienne avec la culture contemporaine.

    Quant aux Séminaires, ils doivent posséder trois qualités pour attirer les jeunes d’aujourd’hui : une vie liturgique et spirituelle intense, une doctrine irréprochable et une initiation pratique au contact pastoral avec les croyants et les incroyants.

    Vous expliquez l’importance d’Humanae vitae (1968) : en quoi cette encyclique fut-elle un tournant ? En quoi la contraception « artificielle » a-t-elle été une révolution sous-estimée ?

    L’enjeu essentiel était, pour Paul VI, de protéger le lien étroit entre l’amour conjugal et le don de la vie. Il eut le tort d’avoir raison trop tôt. Aujour­d’hui, nous constatons le grand danger d’une dissociation entre les deux aspects : d’une part, une vie sexuelle qui tourne en rond sur elle-même et, d’autre part, une procréation sans lien avec une union conjugale concrète.

    Paul VI et Jean-Paul II n’ont pas réprouvé la contraception parce qu’elle est « artificielle ». Les méthodes non contraceptives, très fiables aujourd’hui, pour pratiquer une parenté responsable, sont aussi « artificielles » à leur manière, en exigeant quelques observations. Mais elles ont le grand mérite de mettre l’homme et la femme sur pied d’égalité, par la concertation, tandis que la contraception hormonale est toujours à charge de la femme seule…

    Comment analysez-vous la réforme liturgique de Paul VI et la situation présente, avec un mouvement traditionaliste fermement attaché à la messe dite de saint Pie V ?

    Les Églises d’Orient connaissent plusieurs rites. L’Église latine d’Occident en connaît deux formes, celle qui dérive de Vatican II et celle qui fut fixée par saint Pie V. Ce fut sagesse de la part de Benoît XVI de conserver l’une et l’autre. On ne peut pas proscrire un rite qui a nourri tant de saintes vies et attire toujours aujourd’hui des catholiques épris de recueillement, de silence et de chant grégorien. Le nouveau missel est parfaitement correct. Il a même l’avantage d’avoir une très riche liturgie de la Parole. Célébré le plus souvent par un prêtre faisant face à l’assemblée (ce qui n’a pas été voulu par le concile et n’avait jamais existé auparavant et n’existe toujours pas en Orient), il comporte le danger du « cléricalisme », l’individualité du prêtre risquant d’être trop importante. L’idéal serait que, de part et d’autre, un certain nombre de prêtres soient disposés à célébrer dans les deux formes du rite romain selon les nécessités pastorales. Un peu de souplesse…

    Que retenez-vous de votre expérience d’évêque ? Comment être évêque dans notre Europe déchristianisée avec des diocèses dont le nombre de fidèles et de prêtres ne cesse de baisser ?

    Je n’ai pas de leçons à donner. Mais je fus bien inspiré de pratiquer ce que le concile de Trente demandait aux évêques : la visite régulière de toutes les paroisses. Durant mes 25 années d’épiscopat (19 à Namur et 6 à Bruxelles), j’ai passé près de 5 ans, hors de l’évêché, visitant, en habitant sur place, tous les doyennés et presque toutes les paroisses des deux diocèses. Ce furent des occasions splendides de connaître les gens, croyants ou incroyants, d’apprendre beaucoup, d’enseigner et d’évangéliser.

    Propos recueillis par Christophe Geffroy »

    Ref. L’Église dans tous ses états

     

  • Le Vatican se méfie des évêques sur la messe en latin. Mais le mécontentement grandit

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    Les nouvelles restrictions au rite tridentin voulues par le préfet Arthur Roche donnent plus de pouvoir à Rome, mais mécontentent fidèles et prêtres. Un article de Nivo Spunti ce 26 février, lu sur le site web « Il Sismografo »

    « La nouvelle était dans l'air depuis un certain temps, mais l'annonce officielle n'est arrivée que cette semaine. En effet, mardi dernier était le jour de la publication d'un Rescrit avec lequel le Pape a entériné la ligne dure de son préfet du Dicastère du Culte Divin et de la Discipline des Sacrements, le Cardinal Arthur Roche sur l'application de la controversée Traditionis custodes . C'est le motu proprio avec lequel, en juillet 2021, François a de facto abrogé la libéralisation de la messe dite latine accordée par son prédécesseur en 2007 avec le Summorum pontificum.

    Des fêtes plus difficiles

    Les custodes Traditionis, avec Benoît XVI vivant, avaient déjà été accueillies avec douleur par des prêtres et des fidèles amoureux de la forme extraordinaire de l'unique rite romain. Ce document confiait le contrôle de ce type de célébrations aux « gardiens de la tradition » ou aux évêques diocésains, définis comme les seuls à pouvoir autoriser les célébrations eucharistiques avec l'usage du missel promulgué par saint Jean XXIII en 1962. Il appartenait aussi d'autoriser les prêtres qui célébraient déjà la messe dite latine, tandis que pour ceux ordonnés après l'introduction du motu proprio une consultation avec Rome était nécessaire avant que le feu vert ne soit donné. Et les évêques devaient toujours surveiller les groupes stables, s'assurer de l'absence de contestations sur la validité de la réforme liturgique et du Concile Vatican II et permettre les célébrations en Vetus Ordo en dehors des églises paroissiales.

    Malgré le coup évident porté aux soi-disant traditionalistes par le renversement de ce qui était prévu dans le Summorum pontificum avec lequel Benoît XVI avait pris soin de rechercher l'harmonie entre cette sensibilité liturgique particulière des fidèles avec la pastorale ordinaire de la paroisse, en le Vatican il y en a eu qui en cette année et sept mois depuis la promulgation de la Traditionis custodes a jugé que son application n'était pas suffisamment exhaustive.

    Plus de pouvoir à Rome, moins aux évêques

    Le préfet du Dicastère pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, le cardinal britannique Arthur Roche, a dû être mécontent de la manière dont les évêques diocésains ont mis en pratique le motu proprio si déjà cinq mois plus tard, en décembre 2021, il a entendu le besoin faire publier la Responsa ad dubia avec des notes explicatives annexées dans lesquelles les évêques diocésains ont reçu l'ordre de refuser la célébration des sacrements autres que l'Eucharistie aux groupes stables. Vraisemblablement, les réponses de Roche n'étaient pas suffisantes pour s'assurer que les évêques diocésains appliquaient les custodes Traditionis dans le sens voulu par le Dicastère du Culte Divin et ainsi, suite à une audience accordée au cardinal britannique par François lundi dernier, une nouvelle douche froide est arrivée pour les fidèles qui aiment la messe dite latine : un Rescrit publié dans L'Osservatore Romano dans lequel on sent le besoin de rappeler que « l'octroi de la licence aux prêtres ordonnés après » le motu proprio traditionis custodes et « l'usage d'une église paroissiale ou l'érection d'une paroisse personnelle pour la célébration de l'Eucharistie à l'aide du Missale Romanum de 1962 » sont des dispenses réservées à Rome et sur lesquelles l'évêque diocésain ne peut décider lui-même, mais il doit demander au Dicastère dirigé par Roche.

    Un soulignement qui semble pourtant en contradiction avec l'esprit proclamé par le motu proprio originel et avec ce que François affirmait dans la lettre de présentation où il avait écrit qu'avec la Traditionis Custodes il avait voulu « affirmer qu'il appartient à l'évêque, comme  promoteur, gardien et modérateur de la vie liturgique dans l'Église, de régler les célébrations liturgiques ». Le fait que l'intervention de Roche intervienne si peu de temps après la promulgation du motu proprio et de sa Responsa ad dubia pourrait être interprété comme un rejet des manières dont les évêques se sont comportés jusqu'à présent, au point de ressentir le besoin de réitérer que presque toutes les décisions sur les célébrations sous forme extraordinaire appartiennent à Rome.

    Mécontentement

    Le rescrit a provoqué l'inévitable mécontentement des prêtres et des fidèles liés à la messe dite latine, mais pas seulement. En effet, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Église, beaucoup se sont interrogés sur l'opportunité de nouvelles mesures restrictives moins de deux ans après l'entrée en vigueur de la Traditionis custodes . De plus, certains ont évoqué des urgences beaucoup plus importantes auxquelles l'Église doit faire face.

    François lui-même s'est montré conscient des controverses soulevées par le rescrit. Lors d'une audience générale mercredi, le pape a déclaré que "tout dans l'Église doit se conformer aux exigences de l'annonce de l' Évangile , non pas aux opinions des conservateurs ou des progressistes, mais au fait que Jésus atteint la vie des gens" parce que "  L'Evangile n'est-il pas une idée, ce n'est pas une idéologie : c'est une annonce qui touche le cœur et vous fait changer d'avis ». En attendant, les nouvelles restrictions à la messe latine semblent loin d'avoir atteint cet objectif de « service de l'unité" que François s'est fixé : en témoigne, par exemple, la réaction critique de l'évêque de la Providence, Monseigneur Thomas Joseph Tobinqui a noté dans un tweet à quel point « la façon dont le Vatican traite la messe traditionnelle en latin ne me frappe pas comme 'le style de Dieu' ».

    Ref. Le Vatican se méfie des évêques sur la messe en latin. Mais le mécontentement grandit