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Publié sur le site web « aleteia » par J-P Mauro :
Enregistré il y a quelques jours par deux jeunes chrétiens orthodoxes de Lettonie, ce “Kyrie” ukrainien date du XVe siècle. Écoutez cette prière qui élève les âmes, en ces temps de détresse et de guerre.
Dans une vidéo postée sur Facebook, la soliste Aleksandra Špicberga interprète avec un ami une magnifique version ukrainienne d’un “Kyrie eleison” datant du XVe siècle. Une façon de rendre hommage à tout un peuple qui souffre et de prier pour lui.
L’Ukraine combat mais, pour François, il n’y a pas de guerre juste
Jour après jour le Pape François n’a de cesse de condamner la « guerre d’agression » déclenchée par la Russie contre l’Ukraine comme étant « inacceptable » et « sacrilège » avec une indignation allant crescendo, sans cependant jamais nommer l’État agresseur ni son monarque.
François a également tacitement consenti à ce que son Secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, reconnaisse que « le droit à défendre sa propre vie, son propre peuple et son propre pays inclut parfois également le triste recours aux armes » et que donc « les aides militaires à l’Ukraine peuvent être compréhensibles ».
Mais dans le même temps, le Pape continue à proférer des invectives contre la fabrication et la distribution des armes par « le pouvoir économico-technocratico-militaire », qu’il juge être une « folie », « un scandale qui tache l’âme, salit le cœur, salit l’humanité », la véritable origine de toutes les guerres, pour l’amour de l’argent. Il a été jusqu’à dire qu’il a été « honteux » de lire qu’« un groupe d’États s’était engagé à dépenser 2% de leur PIB pour acheter des armes ».
Donc, à en croire le Pape François, si les Ukrainiens, qui sont les agressés, voulaient continuer à se défendre, ils devraient le faire à mains nues. Tout comme les États libres d’Europe et de l’Atlantique Nord.
Cette contradiction irrésolue sur la paix et la guerre n’est pas la seule qui caractérise le pontificat actuel. Mais c’est sans doute celle qui est la plus lourde de conséquences politiques, sans parler de l’insignifiance croissante du Saint-Siège sur l’échiquier mondial.
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C’est au XXe siècle que la doctrine catholique sur la paix et la guerre ont trouvé leur formulation la plus aboutie. On peut la lire dans le « Catéchisme de l’Église catholique » de 1997, dans le « Compendium de la doctrine sociale de l’Église catholique » de 2006 ainsi que, anticipée avec lucidité, dans un classique de la pensée chrétienne du XXe siècle tel que « Les Chrétiens devant le problème de la paix » d’Emmanuel Mounier, un ouvrage de 1939, republié en Italie ces derniers jours par Castelvecchi sous le titre « I cristiani e la pace » avec une introduction de Giancarlo Galeazzi, professeur à l’Université pontificale du Latran et spécialiste du « personnalisme », la philosophie élaborée par Mounier lui-même et par Jacques Maritain.
Il s’agit d’une doctrine qui, dans des conditions précises et rigoureuses, légitime l’usage de la force. Jusqu’à finir par admettre, dans le discours inaugural de 1993 du Pape Jean-Paul II au corps diplomatique, « l’ingérence humanitaire » armée pour défendre un État qui se retrouve « sous les coups d’un agresseur injuste ».
L’Église de France, la persécution des juifs et le Vatican (1940-1944)
22 mars 2022
La grande majorité de l’Église de France, surtout la hiérarchie épiscopale, accueillit avec enthousiasme et espoir les propositions de « rénovation nationale » énoncées par le maréchal Pétain, chef du gouvernement de Vichy. Dès le lendemain de sa constitution, le nouveau régime édicta quelques décrets qui laissaient clairement présager ses intentions concernant les juifs. La hiérarchie catholique, à quelques exceptions près, n’a pas encouragé l’antisémitisme officiel du régime de Vichy. Par tradition, l’Église affirme que l’obéissance à l’autorité est pour les fidèles une obligation de conscience. Si la majorité des évêques ont été concrètement fidèles à Pétain, certains ont distingué entre la légitimité de l’État et la validité de sa législation, et encouragé leurs fidèles, en particulier les religieuses et les prêtres de leurs diocèses, à agir pour secourir des juifs, et ceci bien avant l’été 1942. Face aux rafles des juifs en été 1942, six évêques ont riposté publiquement, chacun avec un style différent.
Ce qui est intéressant, c’est que d’autres prélats restés silencieux ne sont pas restés passifs dans leur diocèse. « Les évêques avaient su maintenir intactes les exigences de la conscience chrétienne sur les enjeux fondamentaux concernant la personne humaine et notamment la persécution antisémite », a précisé le cardinal Lustiger[1].
L’avenir de l’âme Russe selon Alexandre Soljenitsyne
27/03/22
La guerre russe en Ukraine met en lumière le conflit séculaire entre la nation et l’empire. L’avenir de l’âme russe est-il national ou impérial ? Ce choix a été éclairé de manière prophétique il y a trente ans par Alexandre Soljenitsyne.
Depuis le début des années 2000, le retour progressif de la Russie parmi les grandes puissances — après une dizaine d’années d’effacement consécutif à la chute de l’Empire soviétique — a engendré une nouvelle guerre froide. L’invasion de l’Ukraine par la Russie survient dans ce contexte de concurrence des puissances entre l’Otan et la Russie, peu après que la guerre en Syrie eut manifesté une certaine perte de poids géopolitique de l’axe euro-atlantique (États-Unis, Union européenne, Otan).
L’analyse du conflit ne peut cependant se réduire à cette dimension. En effet, nous assistons également à une répétition de l’histoire longue et profonde : la constante tentative d’émancipation des nations d’Europe centrale et de l’Est vis-à-vis des empires, qu’il s’agisse de l’Empire austro-hongrois, de l’Empire ottoman ou bien sûr de l’Empire russe. L’histoire de ces nations est bien souvent celle de la lutte pour leur souveraineté face aux empires, entre domination et émancipation parfois bien éphémère. Dans la guerre actuelle menée par la Russie contre l’Ukraine, nous voyons s’affronter un nationalisme contre un impérialisme. Le mot nationalisme est ici employé au sens propre et non au sens idéologique : il désigne la volonté pour l’Ukraine de constituer une nation et un peuple souverains. C’est un nationalisme d’émancipation qui peut nous permettre de redécouvrir qu’avant d’être désignée — probablement trop vite — comme facteur de guerre, la nation a longtemps constitué, dans l’histoire, un facteur de liberté face aux prétentions impériales ; et peut encore le constituer aujourd’hui.
Quels sont les « principes éthiques » que les chrétiens doivent respecter en politique ?
25/03/22
À l’approche de l’élection présidentielle 2022, découvrez la liste de "points non négociables" concernant "l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique", formalisé en 2002 par Benoît XVI.
« En deux mille ans d’histoire, l’engagement des chrétiens dans le monde s’est réalisé sous des formes diverses. L’une d’entre elles a été la participation à l’action politique ». En 2002 le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a formalisé dans une note doctrinale les « points non négociables » concernant « l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique ».
« Quand l’action politique est confrontée à des principes moraux qui n’admettent ni dérogation, ni exception, ni aucun compromis, l’engagement des catholiques devient plus évident et se fait lourd de responsabilités, prévient-il. Face à ces exigences éthiques fondamentales auxquelles on ne peut renoncer, les chrétiens doivent en effet savoir qu’est en jeu l’essence de l’ordre moral, qui concerne le bien intégral de la personne ». Retrouvez ci-dessous les principales thématiques sur lesquelles les chrétiens sont appelés à agir.
1. LES LOIS CIVILES EN MATIÈRE D’AVORTEMENT ET D’EUTHANASIE
À ne pas confondre avec le renoncement à l’acharnement thérapeutique qui, même du point de vue moral, est légitime. Elles doivent « protéger le droit primordial à la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle »
2. LE RESPECT ET LA PROTECTION DES DROITS DE L’EMBRYON HUMAIN
3. LA PROTECTION ET LA PROMOTION DE LA FAMILLE
Cette dernière est « fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexe différent ». Elle doit être « protégée dans son unité et sa stabilité, face aux lois modernes sur le divorce ». « Aucune autre forme de vie commune ne peut en aucune manière lui être juridiquement assimilable, ni ne peut recevoir, en tant que telle, une reconnaissance légale », affirme le cardinal Joseph Ratzinger.
4. LA LIBERTÉ D’ÉDUCATION DES ENFANTS, UN DROIT INALIÉNABLE DES PARENTS.
Elle est reconnue entre autre par les déclarations internationales des droits humains.
5. LA LIBERTÉ RELIGIEUSE
6. LE DÉVELOPPEMENT DANS LE SENS D’UNE ÉCONOMIE QUI SOIT AU SERVICE DE LA PERSONNE ET DU BIEN COMMUN
Il doit avoir lieu « dans le respect de la justice sociale, du principe de solidarité humaine et de la subsidiarité, qui veut que les droits de toutes les personnes, de toutes les familles et de tous les groupes, et que l’exercice de ces droits, soient reconnus ».
7. LA PAIX
« Une vision irénique et idéologique tend parfois à donner un sens profane à la valeur de la paix, tandis que, dans d’autres cas, on se limite à un jugement éthique sommaire, oubliant la complexité des raisons en question. La paix est toujours « œuvre de la justice et effet de la charité » ; elle exige le refus radical et absolu de la violence et du terrorisme, et elle requiert un engagement constant et vigilant de la part de ceux qui ont une responsabilité politique ».
Plus globalement, à chacun de se souvenir, en son âme et conscience, que « la structure démocratique sur laquelle entend se construire un État moderne aurait une certaine fragilité si elle ne prenait pas comme fondement le caractère central de la personne. C’est d’ailleurs le respect de la personne qui rend possible la participation démocratique ».
L’Esprit des Lettres mars 2022 : Yves Chiron, Denis Moreau et Fabrice Hadjadj
25/03/2022
Que nous réserve Jean-Marie Guénois en cette fin mars ? Deuils, dépressions, naufrages éthiques, ruptures amoureuses, krachs existentiels... Comment un chrétien peut-il commuer les épisodes dramatiques de son existence en situations résurrectionnelles ? Presque au terme du Carême, Denis Moreau répond, mêlant réflexions philosophiques et témoignages personnels (« Résurrections - traverser les nuits de nos vies » au Seuil). Avec autant de sérieux que d’art, Yves Chiron raconte l’histoire des « traditionalistes », catholiques attachés à la liturgie traditionnelle et soucieux d’une défense de l’orthodoxie de la foi, dont certains rejettent le Concile Vatican II « Histoire des traditionnalistes », chez Tallandier). Fabrice Hadjadj, philosophe profond et facétieux, accepte la question très actuelle des pessimistes de tout poil : faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? A votre avis, que répond-il (« Encore un enfant », chez Mame).
Une émission mensuelle de KTO en partenariat avec La Procure et Le Jour du Seigneur.
Voici le podcast de l’interview faite par Jacques Galloy sur RCF, "cordialement mais sans complaisance", avec Maxime Prevot.
Engagez-vous qu’ils disaient. Grand interview de Maxime Prévot, président des engagés
Comment régénérer les héritiers de l’ancien parti catholique qui fut un acteur incontournable de la vie politique belge ? Quelles sources d’inspiration et quelles nouvelles priorités ? Quels changements par rapport à la ligne du CdH ? Pourquoi un seul réseau d’enseignement ? Pourquoi une rupture avec le personnalisme chrétien ? Maxime Prévot, tête de file des Engagés, n’esquive aucune question sur ce grand défi de repositionnement du mouvement dont il remet bientôt la présidence en jeu et en tant que candidat à sa propre succession.
Le secret de la confession vaut « du début à la fin », réaffirme le pape
Alors que le secret de la confession est parfois remis en question dans les affaires d’abus sexuels, le pape François a réaffirmé le 25 mars 2022 l’obligation de ce secret sans exception. Définissant le pardon comme « un droit humain », il a livré nombre de conseils et d’anecdotes aux confesseurs.
Lors d’une rencontre le 25 mars 2022 avec les participants à une formation sur le “For interne” organisée par la Pénitencerie apostolique, au fil de son long discours de près d’une demi-heure, le pontife n’a pas fait référence aux préconisations de commissions d’enquêtes sur les abus sexuels remettant en question le secret de la confession pour les criminels. Le chef de l’Église catholique a plutôt dénoncé « une relativisation du sceau sacramentel », qui s’immisce « dans quelques groupes, quelques associations » religieux.
Selon eux, a-t-il expliqué en sortant de ses notes, « le secret porte sur le péché mais ensuite tout ce qui est dit après ou avant, tu peux le dire ». « Non », a répondu fermement le pontife, en décrétant : « Au moins sous ce pontificat, la doctrine commune est que le secret est du début à la fin » de la confession, sans entrer dans des « nuances ».
Improvisant largement durant l’audience, le pontife a demandé aux confesseurs de ne pas « torturer » le pénitent en forçant à donner les détails de ses péchés. « Et comment cela s’est passé ? Combien de fois ? […] Et si Jésus te traitait comme cela ? » a-t-il lancé, déclenchant les rires des participants. « La curiosité c’est le diable. […] Tu as compris, pardonne ce que tu as compris, point », a insisté le 266e pape.
Il a recommandé aux prêtres de « créer un climat de paix » et de « laisser parler », critiquant le confesseur « qui s’écoute lui-même », qui pense à « ce qu'[il] va dire pendant que l’autre parle ». Et le prêtre doit parler brièvement, a-t-il ajouté, ce ne doit pas être une « homélie dominicale », car « le pénitent veut s’en aller le plus vite possible ».
Le droit d’être pardonné
« Nous avons tous le droit d’être pardonnés, tous », a affirmé l’évêque de Rome, qui a aussi dénoncé la tentation de réduire la confession à un simple « dialogue », où l’on prodiguerait « deux ou trois conseils psychologiques pour avancer ».
Parlant de miséricorde, le pape a cité une comédie musicale “pop” – un style de musique « que je ne comprends pas mais dont on dit qu’elle est belle », a-t-il plaisanté – sur le Fils prodigue. Dans cette œuvre, ce dernier écrit à son père en lui demandant d’accrocher un mouchoir blanc à sa fenêtre pour signifier qu’il accepte de lui pardonner. « Au dernier acte, a alors raconté le pontife, quand le fils arrive, […] toute la maison est couverte de mouchoirs blancs. La miséricorde de Dieu n’a pas de limites, et la miséricorde d’un confesseur non plus. »
Le crucifix dérobé
L’ancien provincial de la Compagnie de Jésus a aussi évoqué l’histoire d’un prêtre qui confessait tout le clergé de Buenos Aires, y compris le Père Jorge Mario Bergoglio, a glissé le pape. Il voulait éviter d’« aller chez les jésuites ». Ce grand confesseur écoutait les pénitents en répétant : « C’est bon, courage, avance… ».
À sa mort, le pape François a confié avoir subtilisé dans son cercueil le crucifix de son chapelet – qu’il porte encore aujourd’hui avec lui – en le priant de lui accorder « la moitié de (sa) miséricorde ».
Pardonnez « avec un grand amour », a conclu le pontife en rappelant une légende du sud de l’Italie selon laquelle la Vierge Marie ouvre la fenêtre aux malandrins qui n’ont pu entrer par la porte du Paradis.
Laetare, Ierusalem: et conventum facite, omnes qui diligitis eam: gaudete cum laetitia, qui in tristitia fuistis: ut exsultetis, et satiemini ab uberibus consolationis vestrae. Ps. Laetatus sum in his, que dicta sunt mihi: in domum Domini ibimus.
Réjouis-toi, Jérusalem ; et rassemblez-vous, vous tous qui l'aimez : soyez dans le bonheur et la joie, vous qui étiez dans la tristesse ; soyez pleins d'allégresse et venez puiser auprès d'elle votre consolation.
Je me suis réjoui de ces paroles qui me furent dites : nous irons dans la maison du Seigneur
Denis Crouan indique : « Ce chapitre permet de mieux comprendre la « messe de toujours » et de voir que notre liturgie actuelle est éminemment « traditionnelle ».
On a peu de renseignements avant le IV° s. Le pape Damase (366-384) christianise des symboles de l’ancienne culture romaine (lieux et temps liturgiques, le style du canon de la messe et des oraisons). La prière liturgique respecte la règle des trois « officia » (tâches de la rhétorique classique). Elle doit :
- exprimer la foi (docere) ;
- former le sens esthétique des fidèles (delectare) ;
- pousser les fidèles à s’engager dans une vie vertueuse (movere).
Au début du Moyen âge, on compte une centaine de types de liturgies en Occident qui toutes se rattachent tous à la forme de la célébration eucharistique qui est née à Jérusalem et s’est développée à Rome. Le chant y joue un grand rôle (le chant dit « grégorien » tel que nous le connaissons aujourd’hui n’existe pas encore).