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  • L'avortement libre et à la demande partout en Europe ?

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    De Gregor Puppinck sur gènéthique.org :

    L’avortement est-il vraiment libre et à la demande en Europe ?

    23 Sep, 2021

    L’adoption récente de la Résolution Matić au Parlement européen continue d’alimenter de fausses affirmations sur le statut légal de l’avortement. Une de ces fausses affirmations les plus répandues serait que l’avortement soit un droit de l’homme au titre du droit à la santé. Cela est faux et les lois des pays européens reflètent bien que l’avortement n’est pas un droit de l’homme, mais bien une exception circonscrite en principe à certaines situations définies.

    L’étude précise des législations actuellement en vigueur dans les 47 États membres du Conseil de l’Europe montre que 13 États interdisent l’avortement à la demande[1], n’autorisant l’avortement que dans de très rares cas exceptionnels (par exemple, viol de la mère, risque pour la vie de la mère, etc.).

    Parmi les États où l’avortement à la demande est légal, huit ne l’autorisent que pendant les dix premières semaines de la grossesse[2], l’Estonie jusqu’à onze semaines[3] et vingt autres États jusqu’à douze semaines[4]. Ainsi, sur les trente-quatre États membres du Conseil de l’Europe qui autorisent l’avortement sur demande, vingt-neuf (85 % d’entre eux) ne l’autorisent que dans les douze premières semaines de la grossesse.

    Cinq autres pays autorisent l’avortement à la demande plus tard. Il est autorisé pendant les quatorze premières semaines en Espagne et en Roumanie[5], jusqu’à dix-huit semaines en Suède, jusqu’à vingt-deux semaines en Islande et jusqu’à vingt-quatre semaines aux Pays-Bas[6].

    Dans la plupart de ces pays, les avortements peuvent encore être pratiqués après l’expiration du délai légal, mais ils ne sont autorisés que dans des circonstances particulières. Les principales de ces exceptions sont les suivantes : malformation grave du fœtus, grossesse résultant d’un viol et grossesse mettant en danger la santé physique et psychologique de la femme enceinte. Cependant, même dans ces conditions, dix pays européens interdisent toujours ces procédures d’avortement exceptionnelles après vingt-quatre semaines de grossesse[7].

    Ainsi, dans 29 États membres du Conseil de l’Europe, l’avortement n’est légal qu’en dessous de 12 semaines de grossesse. D’après une étude publiée par l’Institut Européen de Bioéthique[8], cette limite se fonde sur des raisons techniques et médicales, tant physiques que psychologiques. Selon un collectif de plus de 2 600 gynécologues, psychologues, médecins généralistes, et autres professionnels de la santé s’exprimant en juillet 2019 : « au-delà de 3 mois de grossesse, l’avortement est un geste bien plus lourd pour la femme, son entourage, mais aussi pour les soignants qui y participent de près ou de loin[9] ». L’avortement après 12 semaines implique le plus souvent le morcellement du fœtus et cet acte est psychologiquement difficile pour le praticien.

    Des méthodes d’avortements différentes en fonction de l’avancé de la grossesse

    Au cours du premier trimestre de grossesse, deux méthodes existent pour effectuer un avortement. Avant 7 semaines, c’est la pilule abortive qui est le plus souvent prescrite. Au-delà de 7 semaines de grossesse et jusqu’à la 12e semaine, c’est la méthode d’aspiration de l’embryon ou du fœtus[10] à l’aide d’une canule introduite dans l’utérus qui est en principe employée.

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  • Etats-Unis : de nombreux Etats adoptent des législations restrictives en matière d’avortement

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Les lois limitant l’avortement se multiplient aux Etats-Unis

    23 Sep, 2021

    Aux Etats-Unis, de nombreux Etats adoptent des législations restrictives en matière d’avortement.

    Une nouvelle loi au Texas

    Une nouvelle loi votée par l’Etat du Texas lors d’une session extraordinaire se terminant le 2 septembre dernier, a été signée par le Gouverneur Greg Abbott. Elle interdit la prescription de produits provoquant l’avortement, plus de sept semaines après le début de la grossesse. Cette loi, appelée SB4, entrera en vigueur le 2 décembre 2021 (Cf. Avortement au Texas : la Cour suprême laisse la loi en vigueur).

    Selon Will Metcalf, un représentant de l’Etat du Texas, la finalité de cette loi est de « réprimer les avortements par correspondance » qui sont dangereux. Elle aura aussi pour effet « d’augmenter les exigences de signalement des complications médicales ». Ceux qui violeront « intentionnellement, sciemment ou imprudemment » la loi en fournissant des substances chimiques par la poste, s’exposeront à des sanctions pénales. Les peines encourues pourront aller jusqu’à 10 000 dollars d’amendes et deux ans de prison. Les fournisseurs à l’extérieur du Texas sont aussi visés.

    Actuellement, au Texas, ces substances chimiques peuvent être prescrites durant les dix premières semaines de la grossesse.

    Un projet de loi déposé en Floride

    En Floride, un projet de loi a été déposé qui vise à interdire les avortements après six à huit semaines et à permettre à toute personne de poursuivre les médecins pour interruption de grossesse.

    Un juge examine la demande de blocage de la loi sur l’avortement en Arizona

    Un avocat a demandé mercredi, à un juge fédéral de bloquer une nouvelle loi de l’Etat d’Arizona. Selon le demandeur, elle « permettrait aux procureurs d’inculper les médecins qui interrompent sciemment une grossesse uniquement parce que le fœtus présente une anomalie génétique telle que la trisomie 21 ».

    Ce procès a pour but de contester la loi signée en avril dernier par le gouverneur républicain Doug Ducey. Celle-ci permet d’attaquer les médecins pour « crime », s’ils pratiquent des avortements en sachant que « c’est uniquement en raison d’une anomalie génétique du fœtus ».

    La Cour fédérale du Missouri examine la loi de 2019

    En 2019, le gouverneur du Missouri, Mike Parson, a signé une loi interdisant l’avortement après huit semaines de grossesse. Elle prévoit une peine allant jusqu’à 15 ans de prison pour les contrevenants. De plus, « toute personne participant à un avortement demandé uniquement en raison d’un diagnostic prénatal de trisomie 21 serait passible de sanctions civiles, y compris la perte de licences professionnelles ».

    Pour le moment, cette loi n’est pas appliquée, car « elle a été contestée par le Planned Parenthood basé à Saint Louis, qui exploite l’unique clinique d’avortements de l’Etat ».

    Sources : The Guardian, Melody Schreiber (22/09/2021) ; Reuters, Sharon Bernstein (22/09/2021) ; US News, Jonathan J. Cooper (22/09/2021) ; AP News, Jim Salter (21/09/2021).

  • RDC : des prêtres ligotés et torturés lors de l'attaque d'une église à Bukavu

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    De sur Benin Web TV :

    RDC : une paroisse catholique attaquée à Bukavu, des prêtres ligotés et torturés

    22 Sep 2021

    En République démocratique du Congo (RDC), une église catholique a été attaquée dans la nuit du lundi à mardi à Bukavu par des hommes armés cagoulés. Les assaillants ont torturé des prêtes et pillé l’enceinte de la paroisse avant de disparaître dans la nature.

     
     

    L’église catholique Saint François Xavier dans la commune de Kadutu, dans la ville de Bukavu dans le Sud-Kivu en RDC a été attaquée dans la nuit du lundi à mardi par des hommes armés cagoulés. Selon les sources paroissiales, les assaillants dont certains étaient vêtus en tenue policière, ont pris d’assaut la paroisse au petit matin. « Ils étaient munis de l’échelle. Ils ont escaladé le portail. Je crois qu’ils étaient avec des personnes qui maîtrisent bien les chambres des prêtres parce qu’un confrère a entendu quand ils sont arrivés, quelqu’un qui disait, voilà leurs chambres sont ici », a confié aux médias locaux, l’abbé Boniface Kanosire, vicaire de la paroisse Saint François Xavier.

    Selon l’abbé Boniface Kanosire, plusieurs prêtres ont été torturés, violentés de manière à les empêcher de faire appel à un secours. « Ils sont entrés dans la chambre de l’abbé Emmanuel, ils l’ont ligoté. Ils étaient d’abord eux-mêmes masqués, ils ont masqué le prêtre, ils ont pris sa chemise, ils ont mis une partie de la chemise dans sa bouche pour qu’il ne puisse pas crier en prenant les soins aussi de pouvoir le maîtriser pour qu’il ne voit même pas ce qui se passe », raconte-t-il.

    Plusieurs biens matériels dont des ordinateurs et des portables ont été emportés par les bandits qui ont aussi pris une importante somme d’argent. « Ils demandaient l’argent, le dollar (congolais, ndlr), les ordinateurs, les téléphones. Ils ont eu le temps de prendre tout ce qu’ils voulaient prendre et puis ils ont même chargé leurs armes pour dire que tu dois tout donner sinon on va te tuer. Ils ont pris tout ce qu’ils pouvaient prendre et même avant de partir, l’un a dit qu’on va te tuer, l’autre a dit nous avons déjà eu l’argent, nous pouvons partir. Ils ont dévalisé trois confrères, l’abbé Julien, l’abbé Colombe, l’abbé Matabaro », ajoute le vicaire.

    Ce n’est pas la première fois qu’une église catholique est attaquée par des hommes armés dans cette région du Sud-Kivu, en proie à l’insécurité et à des combats entre groupes rebelles et les forces gouvernementales. Il y a quelques mois, une paroisse a été attaquée à Buholo, dans la commune de Kadutu. Un autre incident similaire s’était produit il y a peu chez le Père René à Bukavu, et un prêtre a été blessé.

  • L’Église devrait se montrer plus humble devant le mystère de la famille selon Mgr Bordeyne, nouveau président de l’Institut pontifical théologique Jean-Paul-II pour les sciences du mariage et de la famille

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    "L’ancien recteur de l’Institut catholique de Paris, qui vient de prendre la tête de l’Institut Jean-Paul-II, est interrogé dans La Croix. Un mélange d’ambiguïté, de relativisme et de gloubi–boulga" (Riposte catholique) :

    Mgr Philippe Bordeyne : « L’Église doit être plus humble devant le mystère de la famille »

    Ancien recteur de l’Institut catholique de Paris, Mgr Philippe Bordeyne est depuis le 1er septembre le président de l’Institut pontifical théologique Jean-Paul-II pour les sciences du mariage et de la famille. Deux ans après la refonte complète de l’Institut, qui avait ouvert une grave crise interne, Mgr Bordeyne livre à « La Croix » les grandes lignes de son projet.

    22/09/2021

    La Croix : Depuis le 1er septembre, vous êtes à la tête de l’Institut Jean-Paul-II pour la famille, à Rome. Quel est votre projet ?

    Mgr Philippe Bordeyne : Je deviens président de l’Institut Jean-Paul-II alors que la pandémie vient tout juste de nous faire prendre conscience d’un certain nombre de changements qui affectent profondément les familles. Pour le pire, d’abord : les familles les plus touchées ont été les plus précaires, et plus largement celles vivant dans les pays du Sud. Mais aussi pour le meilleur : elles ont fait preuve d’un surcroît de générosité.

    À mes yeux, il s’agit d’un moment très particulier : il y a quelques années, le pape avait affirmé aux théologiens de l’université pontificale d’Argentine qu’ils se devaient d’être sur les frontières ; pour moi, la famille est l’une de ces nouvelles frontières.

    Nous sommes un peu dans ce moment qu’a connu Kennedy en 1960, lorsqu’il a remporté l’investiture démocrate. À cette époque-là, il considère qu’il n’y a pas d’autre choix que de prendre en compte un monde qui a changé à grande vitesse. De même, je pense que nous sommes aujourd’hui dans un changement d’époque comparable. Et c’est parce que notre époque change à toute vitesse que l’Église doit être plus humble devant le mystère de la famille.

    Elle ne l’est pas assez aujourd’hui ?

    Mgr P. B. : L’Église n’a pas toujours été suffisamment humble pour reconnaître qu’il existe des changements importants dans la manière de fonder une famille. C’est ce que ne cesse de répéter le pape François, notamment dans l’exhortation Amoris laetitia, qui a suivi le Synode sur la famille.

    Ce manque d’humilité se traduit selon moi par la tentation de trop simplifier les questions qui touchent à la famille, et de donner des réponses toutes faites. Nous, les théologiens, nous ne pouvons pas continuer à asséner des certitudes sur la famille, lorsque l’on voit les transformations qu’elle subit aujourd’hui. Les théologiens sont des chercheurs, et donc ils puisent dans les lumières de la tradition, mais également dans la force du kérygme, qui est l’annonce du Christ vivant aujourd’hui auprès des familles.

    En résumé, vous appelez à sortir d’une vision en noir et blanc de la famille ?

    Mgr P. B. : Oui. Je pense qu’il faut prendre à bras-le-corps les transformations culturelles et économiques, et continuer à approfondir la manière dont Jésus regarderait les situations complexes, ou la lenteur des jeunes à choisir le mariage. Comment pouvons-nous regarder tout cela avec espérance ? Autrement dit, comment pouvons-nous être plus humble et plus ambitieux à la fois ?

    L’Église doit être ambitieuse pour ces générations, mais cela doit être une ambition fondée, cela veut dire qu’elle ne peut pas se cacher les yeux devant les transformations sociétales auxquelles on assiste. Si l’on ne fait pas ça, on manquera une chance de proposer le mariage et la famille à la société d’aujourd’hui.

    L’Institut Jean-Paul-II s’appellera-t-il un jour l’Institut Amoris laetitia ?

    Mgr P. B. : Certainement pas. Certains, issus d’un tout petit cercle, m’ont prêté cette intention lorsque ma nomination a été connue. Ce n’est pas du tout le cas. Comme théologien et historien, je redis toute l’importance de se référer à Jean-Paul II. L’enseignement de François ne se réduit pas à Amoris laetitia, celui de Jean-Paul II ne se résume pas à Familiaris consortio. Chacun est bien dans son temps, mais il n’y a aucune contradiction entre les deux. Prétendre le contraire, c’est réduire l’enseignement de ces papes.

    La crise d’identité au sein de l’institut est-elle terminée ?

    Mgr P. B. : Il y a en tout cas une grande attente pour qu’elle le soit. Je ne peux pas vous dire précisément où l’on en est de la crise, mais aujourd’hui, il me semble que tous les professeurs et les étudiants ont la volonté de travailler ensemble. Sur dix professeurs permanents, six sont nouveaux, quatre sont restés. Il nous faut désormais affronter la crise financière : à Rome, nous avons perdu une quarantaine de bourses venant notamment des États-Unis. Cette année sera encore difficile, mais cela ne nous empêchera pas d’accueillir 2 800 étudiants dans le monde entier, dont 150 à Rome.

  • L'homélie du pape pour le 50e anniversaire du Conseil des Conférences Episcopales d'Europe

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    Homélie du pape François pour le 50e anniversaire du CCEE

    Il y a trois verbes que la Parole de Dieu nous offre aujourd’hui et qui nous interpellent en tant que chrétiens et pasteurs en Europe : réfléchir, reconstruire, voir.

    Réfléchir c’est ce que le Seigneur nous invite tout d’abord à faire par la parole du prophète Aggée : Réfléchissez bien sur votre comportement. Il le dit deux fois au peuple (cf. Ag 1, 5.7). Sur quels aspects de son comportement le peuple de Dieu devait-il réfléchir ? Ecoutons ce que nous dit le Seigneur : « Et pour vous, est-ce bien le temps d’être installés dans vos maisons luxueuses, alors que ma Maison est en ruine ? » (v. 4). Le peuple, revenu d’exil, s’était préoccupé de reconstruire ses habitations. Et maintenant il se contente de rester confortable et tranquille à la maison, alors que le temple de Dieu est en ruines et que personne ne le réédifie. Cette invitation à réfléchir nous interpelle : en effet, aujourd’hui aussi en Europe, nous chrétiens avons la tentation de nous contenter de rester tranquillement dans nos structures, dans nos maisons et nos églises, dans nos sécurités données par les traditions, dans l’établissement d’un certain consensus, tandis que tout autour les églises se vident et que Jésus est de plus en plus oublié.

    Réfléchissons : combien de personnes n’ont plus faim et soif de Dieu ! Ce n’est pas parce que nous sommes mauvais, non, mais parce que personne ne leur donne l’appétit de la foi ni ne ravive cette soif qui est dans le cœur de l’homme : cette « soif inhérente et perpétuelle » dont parle Dante (Paradis, II, 19) et que la dictature du consumérisme, une dictature légère mais suffocante, essaye d’éteindre. Beaucoup sont portés à satisfaire uniquement les besoins matériels, mais pas le manque de Dieu. Et nous nous en soucions certainement, mais à quel point nous en soucions-nous vraiment ? Il est facile de juger celui qui ne croit pas, il est commode de lister les raisons de la sécularisation, du relativisme et de tant d’autres –ismes. Mais, dans le fond, c’est stérile. La Parole de Dieu nous invite à réfléchir sur nous-mêmes : ressentons-nous de l’affection et de la compassion pour ceux qui n’ont pas eu la joie de rencontrer Jésus ou qui l’ont perdue ? Sommes-nous tranquilles parce que dans le fond il ne nous manque rien pour vivre ou bien sommes-nous préoccupés de voir tant de frères et sœurs loin de la joie de Jésus ?

    Le Seigneur, par le prophète Aggée, demande à son peuple de réfléchir sur un autre sujet. Il dit : « vous mangez, mais sans être rassasiés ; vous buvez, mais sans être désaltérés ; vous vous habillez, mais sans vous réchauffer » (v. 6). En somme, le peuple avait ce qu’il voulait et n’était pas heureux. Qu’est-ce qui lui manquait ? Jésus nous le suggère, avec des mots qui semblent reprendre ceux d’Aggée : « J’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire […] j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé » (Mt 25, 42-43). Le manque de charité cause le malheur, parce que seul l’amour rassasie le cœur. Seul l’amour rassasie le cœur. Enfermés dans l’intérêt pour leurs propres affaires, les habitants de Jérusalem avaient perdu la saveur de la gratuité. C’est peut-être aussi notre problème : se concentrer sur les différentes positions dans l’Église, sur les débats, les agendas et les stratégies, et perdre de vue le véritable programme, celui de l’Évangile : l’élan de la charité, l’ardeur de la gratuité. La voie de sortie des problèmes et des fermetures est toujours celle d’un don gratuit. Il n’y en a pas d’autre. Réfléchissons-y.

    Et après avoir réfléchi, il y a le second passage : reconstruire. « Reconstruisez ma maison », demande Dieu par le prophète (Ag 1, 8). Et le peuple reconstruit le temple. Il arrête de se contenter d’un présent tranquille et travaille pour l’avenir. Et puisqu’il y avait des gens qui étaient contre, le Livre des Chroniques nous dit qu’ils travaillaient avec une main sur les pierres, pour construire, et l’autre main sur l’épée, pour défendre ce processus de reconstruction. Ça n’a pas été facile de reconstruire le temple. C’est ce dont a besoin la construction de la maison commune européenne : quitter les facilités de l’immédiat pour revenir à la vision clairvoyante des pères fondateurs, une vision – je dirais – prophétique et d’ensemble, parce que eux n’ont pas cherché le consensus du moment mais rêvaient le futur de tous. C’est ainsi qu’ont été construits les murs de la maison européenne et c’est seulement ainsi que l’on pourra les renforcer. Cela vaut aussi pour l’Eglise, la maison de Dieu. Pour la rendre belle et accueillante, il faut regarder ensemble l’avenir, non pas restaurer le passé. Malheureusement le “restaurationnisme” du passé qui nous tue, nous tue tous, est à la mode. Il est certain que nous devons repartir des fondations, des racines – ça oui, c’est vrai –, car c’est de là que l’on reconstruit : de la tradition vivante de l’Eglise qui se fonde sur l’essentiel, sur la bonne nouvelle, sur la proximité et sur le témoignage. C’est de là que l’on reconstruit, à partir des fondations de l’Eglise des origines et de toujours, par l’adoration de Dieu et par l’amour du prochain, pas par ses goûts particuliers, pas par les pactes et les négociations que nous pouvons faire maintenant, disons, pour défendre l’Église ou défendre la chrétienté.

    Chers frères, je voudrais vous remercier pour ce travail de reconstruction qui n’est pas facile, et que vous poursuivez avec la grâce de Dieu. Merci pour ces 50 premières années au service de l’Eglise et de l’Europe. Continuons, sans jamais céder au découragement et à la résignation : nous sommes appelés par le Seigneur à une œuvre splendide, à travailler pour que sa maison soit toujours plus accueillante, pour que chacun puisse y entrer et y habiter, pour que l’Eglise ait ses portes ouvertes à tous et que personne n’ait la tentation de se concentrer uniquement sur la surveillance et le changement des serrures. Les petites choses délicieuses… Et on se laisse tenter. Non, le changement va ailleurs, il vient des racines. La reconstruction va ailleurs.

    Le peuple d’Israël a reconstruit le temple de ses propres mains. Les grands reconstructeurs de la foi du continent ont fait de même – pensons aux Patrons. Ils ont mis en jeu leur petitesse, en se fiant à Dieu. Je pense aux saints comme Martin, François, Dominique, Pio dont nous nous souvenons aujourd’hui ; aux patrons comme Benoit, Cyrille et Méthode, Brigitte, Thérèse Bénédicte de la Croix. Ils ont commencé par changer leur propre vie en accueillant la grâce de Dieu. Ils ne se sont pas préoccupé des temps difficiles, de l’adversité ni des divisions, il y en a toujours eues. Ils n’ont pas perdu leur temps à critiquer ni à culpabiliser. Ils ont vécu l’Evangile, sans se préoccuper d’efficacité et de politique. Avec la force venue de l’amour de Dieu, ils ont incarné son style de proximité, de compassion et de tendresse – le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse – ; et ils ont construit des monastères, fait fructifier la terre, redonné une âme aux personnes et aux pays. Aucun programme “social” entre parenthèses, seulement l’Evangile. Et avec l’Evangile ils ont continué.

    Reconstruisez ma maison. Le verbe est conjugué au pluriel. Toute reconstruction se fait ensemble, dans l’unité. Avec les autres. Il peut exister des visions différentes, mais l’unité doit toujours être gardée. Parce que si nous conservons la grâce de l’ensemble, le Seigneur construit même là où nous ne réussissons pas. La grâce de l’ensemble. C’est notre appel : être Eglise, un seul corps composé de tous. C’est notre vocation, en tant que Pasteur, de rassembler le troupeau, non pas de le disperser ou de le conserver dans de beaux enclos fermés. C’est le tuer. Reconstruire, c’est devenir artisans de communion, tisseurs d’unité à tous les niveaux : non par stratégie, mais pour l’Evangile.

    Si nous reconstruisons ainsi, nous donnerons la possibilité à nos frères et sœurs de voir. C’est le troisième verbe, par lequel se conclut l’Evangile d’aujourd’hui, avec Hérode qui cherchait à « voir Jésus » (cf. Lc 9, 9). Aujourd’hui comme à l’époque on parle beaucoup de Jésus. On disait alors : « Jean le Baptiste est ressuscité d’entre les morts. […]  C’est le prophète Élie qui est apparu […] C’est un prophète d’autrefois qui est ressuscité » (Lc 9, 7-8). Tous ont apprécié Jésus, mais n’ont pas compris sa nouveauté et l’ont enfermé dans des schémas déjà vus : Jean, Elie, les prophètes… Cependant Jésus ne peut être enfermés dans les schémas de l’« ouï-dire » ou du « déjà-vu ». Jésus est toujours une nouveauté, toujours. La rencontre avec Jésus t’émerveille, et si tu ne ressens pas d’émerveillement dans la rencontre avec Jésus, tu n’as pas rencontré Jésus.

    Beaucoup en Europe pensent que la foi est une chose déjà vue, qui appartiendrait au passé. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas vu Jésus à l’œuvre dans leurs vies. Et souvent ils ne l’ont pas vu parce que nous ne l’avons pas assez manifesté dans nos vies. Parce que Dieu se voit dans les visages et dans les gestes des hommes et des femmes transformés par sa présence. Et si les chrétiens, au lieu de rayonner la joie contagieuse de l’Évangile, proposent à nouveau des schémas religieux éculés, intellectualistes et moralistes, le peuple ne voit pas le Bon Pasteur. Il ne reconnaît pas Celui qui, amoureux de chacune de ses brebis, l’appelle par son nom et la cherche pour la mettre sur les épaules. Il ne voit pas Celui dont nous prêchons l’incroyable Passion, précisément parce qu’il n’a qu’une passion : l’homme. Cet amour divin, miséricordieux et bouleversant, est la nouveauté éternelle de l’Évangile. Et il nous demande, chers frères, des choix sages et audacieux faits au nom de la folle tendresse avec laquelle le Christ nous a sauvés. Il ne nous demande pas de démontrer, il nous demande de montrer Dieu, comme l’ont fait les saints : non pas en paroles mais avec la vie. Il demande prière et pauvreté, il demande créativité et gratuité. Aidons l’Europe d’aujourd’hui, malade de fatigue – c’est la maladie de l’Europe d’aujourd’hui –, à retrouver le visage toujours jeune de Jésus et de son épouse. On ne peut que se donner tout entier pour que cette beauté intemporelle se voie.

    Copyright © Librairie éditrice du Vatican

  • Un suicide assisté au cinéma ("Tout s'est bien passé")

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    De Louis Daufresne sur Aleteia.org :

    « Tout s’est bien passé », un suicide assisté au cinéma

    22/09/21

    Le nouveau film de François Ozon, "Tout s'est bien passé", en salle le 22 septembre, met en scène le suicide d’un père assisté par sa fille. Pour notre chroniqueur Louis Daufresne, cette œuvre ambiguë, qui se veut une « ode à la vie », annonce une nouvelle campagne en faveur de l’euthanasie.

    Le suicide assisté est-il une preuve d’amour ? François Ozon le pense et son film, sorti en salle ce mercredi 22 septembre, vise à poser cette question et surtout à en suggérer la réponse. Le grand retour à l’écran de Sophie Marceau, l’une des actrices préférées des Français, sert de « suppositoire idéologique » à cette intention militante. Tout s’est bien passé se présente comme une ode à la vie, alors qu’il s’agit d’en précipiter le terme, ce que la loi interdit. Mais pour combien de temps ?

    Lire la suite sur Aleteia.org

    Lire aussi : https://amomama.fr/266313-andr-dussollier-souhaite-partir-de-la-m.html

  • Ce qui s'est vraiment passé au Congrés eucharistique international de Budapest

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    De Peter Heltai sur le National Catholic Register :

    Que s'est-il vraiment passé au Congrès eucharistique de Budapest ?

    COMMENTAIRE : Un événement merveilleux qui a donné de l'espoir à des centaines de milliers de pèlerins au cœur de l'Europe sécularisée a malheureusement été présenté par beaucoup comme une rencontre entre un pape " libéral " et un premier ministre " illibéral ".

    Pilgrims at the 52 International Eucharistic Congress participate in a candlelight procession and adoration Sep. 11 in Budapest, Hungary.
    Les pèlerins du 52e Congrès eucharistique international participent à une procession à la bougie et à une adoration le 11 septembre à Budapest, en Hongrie. (photo : Daniel Ibanez / Catholic News Agency)

    21 septembre 2021

    Cela fait une semaine que l'avion papal a atterri sur le sol hongrois et a amené le pape François à Budapest, où il a célébré la messe de clôture du 52e Congrès eucharistique international. 

    Cependant, si l'on regarde la couverture du Congrès, de nombreux yeux de la presse grand public étaient fixés sur la rencontre entre le pape François "libéral" et le Premier ministre hongrois "illibéral" Viktor Orbán. 

    Il en a résulté une politisation malheureuse d'un événement merveilleux qui a donné de l'espoir à des centaines de milliers de pèlerins au cœur d'un continent européen sécularisé. 

    Comme toujours, les grands médias anti-chrétiens et leurs promoteurs ont été très créatifs pour trouver des moyens de détourner l'attention de ce qui s'est réellement passé pendant le Congrès et entre le chef de l'Église catholique et le chef d'un nouveau "bloc politique chrétien européen." Ils avaient plusieurs raisons pour cette manipulation, car aucun des deux événements ne correspond à la narration qu'ils souhaitent. Voyons pourquoi.

    Le communisme goulash

    Cette année, c'était, en fait, la deuxième fois que la Hongrie accueillait un congrès eucharistique. Le premier s'était tenu à la veille de la Seconde Guerre mondiale, en 1938. Le 34e Congrès eucharistique de Budapest devait être l'une des dernières expressions publiques de la chrétienté européenne avant le début d'une ère très sombre de persécutions, de répression et de difficultés. Les organisateurs étaient loin de se douter que le souvenir de ces journées servirait d'espoir aux fidèles souffrant de l'occupation nazie ou de la brutale oppression communiste soviétique qui a suivi. 

    Des figures historiques comme le cardinal József Mindszenty, renforcées par l'expérience du Congrès de 1938, font depuis lors partie de la mémoire commune du pays. Ainsi, les organisateurs du dernier congrès, qui avait dû être reporté d'un an en raison de la pandémie, savaient qu'un héritage très sérieux était en jeu. Non seulement ce Congrès représentait une énorme opportunité de renforcer les fidèles, mais il pouvait également prouver que le catholicisme n'a pas seulement un passé brillant, mais aussi un avenir plein d'espoir en Hongrie. Ceux qui ont eu la chance d'assister à la procession aux chandelles du 11 septembre ou à la messe papale du lendemain n'ont eu aucun doute sur le fait que le Congrès, comme l'a fait remarquer un pèlerin américain, "était ainsi une déclaration sur la renaissance de la Hongrie et la persistance de la foi." 

    Cette "renaissance" est essentielle car, malgré la rhétorique politique actuelle, la religiosité en Hongrie n'est pas sensiblement meilleure qu'en Occident. Plusieurs raisons expliquent cette réalité. La première réside dans l'expérience de la Hongrie avec le "communisme goulash". 

    Après la révolte des combattants de la liberté hongrois contre le communisme en 1956, le régime hongrois a changé de tactique. Au lieu de l'oppression sévère qu'il utilisait auparavant, le régime "réformé" visait le compromis en échange d'avantages économiques.

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  • 51% des Français affirment ne pas être croyants, contre 44% dix ans plus tôt

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    Du site du Figaro :

    Les Français croient de moins en moins en Dieu

  • Le cardinal Sarah, ni traditionaliste, ni progressiste, mais intransigeant

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    «Je ne suis ni traditionaliste, ni progressiste. J’enseigne ce que les missionnaires m’ont enseigné. Je veux être fidèle, c’est tout.» Le cardinal Robert Sarah n’aime pas les étiquettes. Mais il admet celle d’intransigeant «parce que Dieu est exigeant, parce que l’amour est exigeant».

    A lire sur cath.ch

  • La pilule de Benoît XVI et la pilule de Houellebecq

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    Le diagnostic répété (93 ans) de Benoît XVI sur les effets sociaux de la pilule contraceptive étonne ou dérange, mais il rejoint aussi celui d’auteurs peu suspects de ringardise, comme Michel Houellebecq. Tous deux, relève Henri Quantin, y ont vu « un palier dans la montée historique de l’individualisme ». Une tribune publiée le 22/09/21 sur le site web « aleteia »:

    « Dans l’introduction ajoutée au recueil de ses textes sur l’Europe, le pape émérite Benoît XVI écrit que la pilule a « transformé les consciences des hommes, lentement d’abord, puis de plus en plus clairement ». La séparation entre la sexualité et la fécondité fût en effet « un bouleversement fondamental », menant peu à peu à l’idée que toutes les formes de sexualité étaient équivalentes. Avec la pilule, le monde est entré dans une nouvelle ère aux deux pans symétriques : une sexualité sans procréation ; une procréation sans sexualité.

    Un crime de lèse-modernité

    benoit-xvi.jpgCertains s’offusqueront sans doute de cette nouvelle attaque contre la pilule, cachet plus adorable, y compris chez certains catholiques déclarés, que l’hostie consacrée. Dans leur certitude de « momies progressistes exsangues » (le terme est de Houellebecq), ils répéteront une fois de plus que l’encyclique Humanae vitae, qui mettait en garde contre la contraception artificielle dès 1968, a vidé les églises. Les historiens sérieux, comme Guillaume Cuchet, ont montré que la dégringolade de la pratique avait eu lieu quelques années plus tôt, mais il reste bien des militants aveugles qui savent, d’une science quasi divine, que l’Église a commis le péché sans rémission, le crime de lèse-modernité.

    Lire la suite sur Aleteia.org

  • Eglise romaine et Liturgie : pour une véritable réforme.

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    Lu dans l’ Éditorial du bimensuel « L’Homme nouveau rédigé par Philippe Maxence le 17 septembre 2021

    « Depuis la publication du motu proprio Traditionis custodes, l’inquiétude des catholiques vivant de la forme extraordinaire ne cesse de grandir. Est-elle fondée ? J’ai dit ici même que des informations convergentes laissaient entendre que les séminaires des instituts traditionnels seraient particulièrement visés. Leurs supérieurs ont de ce fait publié un communiqué commun (disponible sur notre site) faisant part de leur crainte et demandant un évêque comme médiateur. Comme le remarquait Jean-Marie Guénois dans Le Figaro (4 septembre 2021), ils n’ont, en effet, plus d’interlocuteur à Rome alors que certains membres de la Curie rêvent de prendre leur revanche sur une famille spirituelle riche en vocations et qui à leurs yeux incarne le pontificat de Benoît XVI.

    Le thermomètre de l’inquiétude grimpe

    À vrai dire, l’inquiétude commence à gagner également certaines communautés qui célèbrent la forme ordinaire en tentant de l’inscrire dans une herméneutique de la continuité. Craintes là aussi vaines ? L’avenir le dira concrètement, mais le passé récent parle. Il y a un an, la Congrégation pour le Clergé ordonnait la fermeture du séminaire diocésain de San Rafael en Argentine. Son crime ? Continuer à distribuer la communion de manière traditionnelle. On se souvient aussi de l’affaire des Franciscains de l’Immaculée, congrégation très florissante et dont les prêtres célébraient dans les deux formes. Elle a été anéantie. Faut-il rappeler aussi la triste affaire des Petites Sœurs de Marie Mère du Rédempteur, absolument pas traditionalistes, mais dont les usages ont été jugés trop conservateurs ? Cette congrégation, aussi, a été réduite à sa plus simple expression. En juillet dernier, au Costa Rica, la conférence épiscopale a non seulement interdit toute célébration de la forme extraordinaire mais aussi celle de la forme ordinaire en latin, tournée vers l’orient, ainsi que l’utilisation de vêtements liturgiques anciens. Un prêtre aurait été sanctionné dans ce sens. Forts de ces faits, des laïcs ont signé une Lettre aux catholiques du monde entier en demandant au Pape de revenir sur son motu proprio (texte sur notre site). Même demande de la part d’un prêtre, l’abbé Pellabeuf, au nom du respect e la constitution de Vatican II sur la liturgie? (ici).

    Prendre acte du réel

    Le constat est donc là : la paix liturgique installée par Benoît XVI semble brisée ; les discussions reprennent et les oppositions s’affirment. Au nom de quoi ? De la fidélité au concile dont nombre d’historiens affirment aujourd’hui qu’il a représenté dans les faits davantage l’étendard d’une remise en cause permanente qu’une règle certaine. Dans son dernier livre, L’Ivresse et le Vertige (1), l’historien Yvon Tranvouez, venu pourtant de l’extrême-gauche de Dieu et qui partage avec François une admiration pour Michel de Certeau, note ainsi que « Vatican II n’est plus qu’un mot de passe, un pavillon de complaisance ». Les mots sont forts. Ils traduisent au moins une certaine réalité trop souvent mise de côté par les clercs. Et pourtant, l’Église a besoin d’une véritable réforme pour faire face à un monde anti ou postchrétien pour que ses fidèles aillent au Ciel.

    Dans une telle situation, la première urgence, le premier pas d’une telle réforme serait de prendre acte de la réalité et de cesser de vivre comme si le monde ne reniait pas le christianisme. Voici des années que nous demandons une vraie réforme. Voici des années que nous l’attendons. Ecclesia semper reformanda : l’Église est toujours réformable. Encore faut-il la vouloir et la voulant, la réaliser.

    Difficile mais d’autant plus nécessaire

    Réforme encore, ou plutôt refondation, cette fois-ci. Le mot vient à l’esprit en observant le jeu des primaires en vue de l’élection présidentielle ainsi que les déclarations de candidature. Pas sûr que nous allions ainsi à l’essentiel. L’homme étant d’abord et par nature un être sociable et politique, il est urgent de dépasser les simples joutes électorales pour avancer vers une refondation d’une véritable polis. C’est le sens d’une tribune libre de notre ami Guilhem Golfin (2) dont nous faisons nôtre la conclusion : « il n’est d’autre voie que de procéder à une refondation politique afin de retrouver le sens de la communauté politique, du droit et de la justice, de la res publica authentique. L’avenir de la France passe par un tel changement, à fondement moral et spirituel. Y parvenir sera difficile, mais suppose pour commencer d’en percevoir la nécessité »…

    1. Yvon Tranvouez, L’Ivresse et le Vertige, DDB, 252 p., 20,30 €.
    2. Valeurs actuelles, 9 septembre 2021. Auteur notamment de Babylone ou l’effacement de César, Éditions de L’Homme Nouveau, 128 p., 12 €.

    Ref. Pour une véritable réforme !

    JPSC

  • Motu proprio « Traditionis custodes » du pape François : en route pour le réveil des divisions et des querelles liturgiques ?

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    Dans une tribune, le couple fondateur du chapitre missionnaire des « Pèlerins d’Emmaüs » au pèlerinage de Chartres, Stanislas et Maylis Choné, supplie l’Eglise de ne pas ressusciter le clivage entre « tradis » et « non tradis », au nom de la jeune génération de plus en plus adepte des deux formes du rite romain. Lu sur le site de l'hebdomadaire "Famille chrétienne":

    "Stanislas et Maylis Choné font partie de ces couples formés malgré des sensibilités liturgiques éloignées, l’un étant plutôt « tradi », et l’autre « charismatique ». Ils ont créé en 2019 le chapitre missionnaire des « Pèlerins d’Emmaüs » pour annoncer le Christ aux passants sur la route du célèbre pèlerinage de Chartres organisé par Notre-Dame de Chrétienté. Forts de cette diversité qui est pour eux l’une des caractéristiques de la jeune génération, souvent à l’aise avec les deux formes du rite romain, ils appellent l’Eglise à la voir comme une richesse et non comme une source de clivages, alors que le motu proprio Traditionis custodes risque de réveiller la guerre liturgique."

    À lire aussi

    En route avec le nouveau chapitre missionnaire du pèlerinage de Chartres

    Voici leur tribune :

    "Depuis la parution du motu proprio du pape François « traditionis custodes », et à l’approche de son application concrète dans les diocèses, les inquiétudes grandissent chez les prêtres et les fidèles attachés à la messe célébrée selon la forme extraordinaire du rite romain, dite aussi messe de Saint Pie V ou messe tridentine. Si de nombreux évêques Français ont annoncé qu’ils feraient tout pour garder la paix et l’unité au sein de leur diocèse, d’autres sembleraient plus prompts à réduire de manière drastique la voilure des communautés Ecclesia Dei de leur diocèse.

    Comment réagir ? Comment faire comprendre aux autorités religieuses que nous, les jeunes générations épargnées par les querelles qui ont suivi la mise en application des réformes liées au Concile Vatican II, nous sentons si loin des étiquettes que l’on voudrait coller sur le front des « tradis », ou des « non-tradis », des « diocésains », ou des « réacs » ? Comment leur dire que nous nous sentons catholiques avant tout, que nous sommes attachés de tout cœur au successeur de Pierre, à notre Eglise de Rome et ce, quel que soit le missel employé ? Comment leur dire que les jeunes d’aujourd’hui recherchent du sacré, de belles liturgies célébrées aussi bien au Pèlerinage de Pentecôte de Notre Dame de Chrétienté qu’aux sessions de Paray-le-Monial ?

    Car c’est bel et bien notre réalité de chrétien aujourd’hui. En minorité dans tous nos milieux de travail ou d’études, nous avons besoin d’une chose : rester un corps, unis derrière le Christ qui est la tête. Nous avons besoin, aussi peu que nous soyons aujourd’hui en France, non pas de nous écharper mais d’être rassemblés par nos pasteurs pour « mettre le feu au monde » qui ne connaît plus Dieu. Au sein même de notre couple le débat peut exister alors que nous n’avons pas reçu la même chose dans notre biberon : faut-il ainsi que l’on se sépare ? N’y a-t-il pas une voie qui permet d’exister dans nos différences qui font toute la richesse de l’Eglise ?

    Il y en a bien un, « comme un lion rugissant, rôdant autour de nous », qui se réjouirait de la division qui pourrait poindre dans l’Eglise… Alors si nous voulons faire la peau à la forme extraordinaire, rappelons-nous la grande vitalité des familles et des vocations sacerdotales et religieuses qu’elle entraîne au sein de l’Eglise. Si, au contraire, nous sommes tentés de tourner le dos au pape, souvenons-nous toujours que l’Esprit-Saint est aux commandes et que la Vierge veille sur la barque de Pierre « afin que tous soient un ; comme toi Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. »  (Jean 17, 20-23). Et encore : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’ils reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (jean, 13-35). Alors oui, que nous soyons laïcs, prêtres ou évêques, au cœur de nos faiblesses, de nos fragilités et de nos défauts, gardons en tête et dans nos cœurs, humblement, que notre pèlerinage sur la Terre doit faire jaillir sur nos frères l’Amour du Christ et l’annonce de son Evangile. C’est là notre essentiel. Engageons-nous à prier encore et encore pour notre Eglise, pour la paix et l’unité de son petit troupeau groupé derrière le Saint-Père. "

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    JPSC