L'homélie du 19ème dimanche du temps ordinaire (année C), sur le site de l'abbé Christophe Cossement :
Aujourd’hui, nous voilà invités à prier sans se décourager. C’est le dimanche de la persévérance ; garder le cap coûte que coûte, parce que nous avons un jour pressenti que la lumière était dans la direction de Dieu, même si pour le moment nous ne le voyons plus. Il s’agit de revêtir une douce obstination en faveur de Dieu.
D’où l’invitation à demander avec constance, non pas parce que Dieu serait dur de la feuille, mais parce que notre cœur doit mûrir et que ses duretés doivent craquer. La relation avec Dieu doit passer par une supplication constante parce que notre cœur doit s’assouplir pour entrer dans l’alliance. Quelles sont les duretés de notre cœur ? D’abord celle de ne compter que sur soi-même et sur ses propres projets, si bien que c’est seulement quand rien ne va plus qu’on se tourne vers le Seigneur. Une autre dureté de cœur est celle de se poster comme le juge de Dieu plutôt que d’entrer dans une confiance inconditionnelle. Juger Dieu le fait regarder avec suspicion, sans se mettre de son côté, restant prêt à reprendre ses billes quand la situation ne nous plaît pas. Cela conduit à la dernière dureté de cœur : celle de préférer croire que nous sommes orphelins, que le monde est mauvais, que nous ne sommes pas aimés, que le dépit ou le cynisme sont une bonne solution pour se situer devant les défis de la vie.
Ce n’est pas facile de braver tous ces réflexes intérieurs qui nous poussent au découragement envers Dieu, à laisser tomber la foi, à nous replier sur nous-mêmes. Jadis, les mains de Moïse s’alourdissaient. Où trouvait-il de l’aide ? Auprès des autres qui lui soutenaient les mains. Nous aussi, il nous faut parfois pouvoir dire : « prie pour moi, afin que je persévère ! » Prie avec moi ! C’est pourquoi se développe la « prière des frères » que l’on voit dans certains rassemblements de prière, quand nous allons demander à un petit groupe de priants de prier pour nous à tel ou tel sujet.
Les lectures aujourd’hui ne nous parlent pas de persévérance dans la prière seulement, mais aussi dans l’enseignement de la foi. Saint Paul explique à Timothée qu’il lui faut demeurer ferme dans ce qu’il a appris et retourner sans cesse à la Parole inspirée par Dieu. Si souvent aujourd’hui on réfléchit à partir des modes, des affirmations approximatives répétées sans cesse dans les médias. Il nous faut repartir de l’Écriture, du Père qui crée l’homme et la femme, de leur salut dans le Christ, de la promesse du Saint-Esprit, de la présence de Marie au Cénacle, de l’annonce du ciel nouveau et de la terre nouvelle. « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. » (2 Tm 4)
Garder le cap en faisant avant tout confiance à l’Écriture, c’est un exercice difficile en notre temps où la désaffection de nombreux compatriotes qui se disent catholiques crée un vent d’inquiétude chez tous ceux qui ont des responsabilités dans l’Église. Que devons-nous changer ? Comment devons-nous nous adapter pour que ceux qui ne nous comprennent plus restent quand même ? Mais est-ce un service que l’on rend à l’humanité quand on cherche à adapter non pas la façon de dire la Parole, mais le contenu de la Parole elle-même. Tant de fois je constate qu’on fait dire à l’Écriture le contraire de ce qu’elle dit, parce que cela nous dérange trop. Et on se trouve devant des nouveautés dont on se demande sur quoi elles reposent.
Pas étonnant que le Seigneur Jésus ait dit : « le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Maintenant que nous voyons tant de croyants abandonner la foi ou errer dans des idées à la mode, cette question de Jésus prend une actualité énorme. Seigneur, qui prend ton parti inconditionnellement aujourd’hui ? Donne-nous le courage ! Garde-nous d’adapter ton enseignement à nos faiblesses ! Fais-nous plutôt adapter nos aspirations à ton enseignement, afin que nous courrions toujours plus loin, sans jamais choisir une voie de garage, un état très peu saint où nous voudrions être déjà contents de nous, nous arrêtant avec la bénédiction de ton Église fatiguée… Par la force de ton Esprit, fais-nous nous lever à nouveau, pour marcher joyeusement toujours plus loin sur le chemin de la sainteté !