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  • La bienheureuse famille Ulma et notre présent catholique

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    De George Weigel sur First Things :

    LA BIENHEUREUSE FAMILLE ULMA ET NOTRE MOMENT CATHOLIQUE

    20 septembre 2023

    Il est rare que le mot "sans précédent" puisse être utilisé pour une Église dont l'histoire s'étend sur plus de deux millénaires. Pourtant, un événement sans précédent s'est produit dans le village polonais de Markowa le 10 septembre, lorsqu'une famille entière, y compris son enfant à naître, a été béatifiée. Il n'est pas tout à fait juste de désigner les nouveaux bienheureux par la formule traditionnelle "Bienheureux Józef et Wiktoria Ulma et leurs compagnons", les "compagnons" en question étant les six enfants vivants des Ulma et leur enfant à naître. Pensons plutôt à la bienheureuse famille Ulma et à ce qu'elle peut signifier pour nous. 

    À partir de la fin de 1942, Józef et Wiktoria Ulma ont hébergé huit Juifs dans le grenier de leur ferme en bois : un crime capital pendant l'occupation allemande de la Pologne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Le 24 mars 1944, des gendarmes allemands sont venus à la maison, ont assassiné les Juifs, puis ont abattu Józef et Wiktoria, qui était en fin de grossesse. Les enfants terrifiés - Stanisława (8 ans), Barbara (6 ans), Władysław (5 ans), Franciszek (4 ans), Antoni (3 ans) et Maria (1½ ans) - ont ensuite été abattus. Les corps ont été jetés dans une fosse avant d'être enterrés dans le cimetière de l'église locale. 

    Lorsque j'ai visité le musée des Polonais sauvant les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, le 23 juillet dernier, et que j'ai prié sur la tombe de la famille Ulma, près de l'église paroissiale Sainte-Dorothée, des leçons pour le catholicisme du XXIe siècle me sont venues à l'esprit.

    La première concerne les sources de l'héroïsme chrétien. Si Józef et Wiktoria Ulma étaient tous deux bien éduqués selon les normes de la Pologne rurale du milieu du XXe siècle, ils n'étaient pas pour autant des théologiens avertis. Ils ont lu la parabole du bon Samaritain (Luc 10:25-37) non pas comme une injonction générale à l'amour du prochain pouvant être adaptée aux circonstances, mais comme une instruction spécifique du Christ Seigneur : si vous rencontrez des personnes en détresse, vous devez les aider, quelle que soit leur identité ethnique ou religieuse et quel qu'en soit le prix. 

    Certains dirigeants catholiques contemporains sont mal à l'aise face à une telle lecture littérale des paroles du Seigneur ; ils suggèrent que le code moral qui découle d'un tel "fondamentalisme" biblique est "rigide", "idéologique" et insuffisamment pastoral. Pourtant, le même sens "rigide" de l'obligation morale fondée sur la Bible qui animait le refuge héroïque des Ulmas pour les juifs persécutés a conduit Fr. Maximilien Kolbe à offrir sa vie dans le bunker d'Auschwitz en échange de celle d'un prisonnier condamné, tout comme il a conduit Mère Teresa à passer sa vie au service des plus pauvres des pauvres, qu'elle considérait comme "Jésus sous son déguisement le plus affligeant" ; tout comme il a conduit l'aumônier de la marine américaine, le père Vincent Capodanno, à sacrifier sa vie pour apporter du réconfort aux Marines blessés et mourants au Viêt-nam. 

    Ni les Ulmas, ni le père Kolbe, ni Mère Teresa, ni le père Capodanno ne se sont livrés à l'évaluation "proportionnaliste" des obligations morales qui est revenue en grâce sous l'actuel pontificat. Ils ont vécu la parabole du Bon Samaritain au pied de la lettre - ceux qui trouvent cela "rigide" et "idéologique" devraient y réfléchir à deux fois. 

    La deuxième leçon concerne la nature du martyre, que la mort de saint Maximilien Kolbe et le drame de la Sainte Famille Ulma invitent l'Église du XXIe siècle à reconsidérer. Traditionnellement, un "martyr" est une personne tuée in odium fidei (en haine de la foi). L'abnégation de Kolbe répondait-elle à cette définition, de sorte qu'il était à la fois un "martyr" et un confesseur de la foi ? Les assassins des Ulmas étaient-ils motivés par l'odium fidei ? La catégorie hybride de "martyr de la charité" est en vogue depuis quelques décennies, depuis que le pape Paul VI l'a utilisée pour Kolbe. Mais il semble que le sacrifice de Kolbe, et celui des Ulmas, satisfasse tout en se développant la définition traditionnelle. 

    Certaines théories politiques modernes enseignent un mépris radical de la dignité et de la valeur de la vie humaine, ou du moins de la dignité et de la valeur de certaines vies humaines. Ce fut certainement le cas du national-socialisme allemand : pour les nazis, les Juifs et les Polonais qui les abritaient étaient des formes de vie inférieures à exterminer. N'est-ce pas là de la haine à l'égard de la foi biblique qui, dans Genèse 1:26, enseigne que tout être humain est créé, comme Adam et Eve, à l'image et à la ressemblance de Dieu ? La haine de ceux qui sont créés à l'image et à la ressemblance de Dieu n'est-elle pas une haine de Dieu ? Et l'odium Dei n'est-il pas une forme d'odium fidei ?   

    Le Synode qui s'ouvre le mois prochain nous invite à être une Église de "communion, de participation et de mission". La Sainte Famille Ulma a vécu en communion avec les Juifs persécutés de la Pologne subcarpatique et a participé au Mystère de la Croix en vivant la mission du Bon Samaritain, à laquelle elle a été appelée par le baptême. Puisse leur exemple inspirer le Synode 2023 à embrasser aussi radicalement la foi catholique.

    La chronique de George Weigel intitulée "La différence catholique" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.

  • "Le publicain Matthieu qui, devenu Apôtre, continue à nous annoncer la miséricorde salvatrice de Dieu"

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    Saint Matthieu du Caravage... - Secret World

    Benoît XVI, lors de l'audience générale du mercredi 30 août 2006, a consacré sa catéchèse à l'apôtre et évangéliste Matthieu (source):

    Chers frères et soeurs,

    En poursuivant la série de portraits des douze Apôtres, que nous avons commencée il y a quelques semaines, nous nous arrêtons aujourd'hui sur Matthieu. En vérité, décrire entièrement sa figure est presque impossible, car les informations qui le concernent sont peu nombreuses et fragmentaires. Cependant, ce que nous pouvons faire n'est pas tant de retracer sa biographie, mais plutôt d'en établir le profil que l'Evangile nous transmet.

    Pour commencer, il est toujours présent dans les listes des Douze choisis par Jésus (cf. Mt 10, 3; Mc 3, 18; Lc 6, 15; Ac 1, 13). Son nom juif signifie "don de Dieu". Le premier Evangile canonique, qui porte son nom, nous le présente dans la liste des Douze avec une qualification bien précise:  "le publicain" (Mt 10, 3). De cette façon, il est identifié avec l'homme assis à son bureau de publicain, que Jésus appelle à sa suite:  "Jésus, sortant de Capharnaüm, vit un homme, du nom de Matthieu, assis à son bureau de publicain. Il lui dit:  "Suis-moi". L'homme se leva et le suivit" (Mt 9, 9). Marc (cf. 2, 13-17) et Luc (cf. 5, 27-30) racontent eux aussi l'appel de l'homme assis à son bureau de publicain, mais ils l'appellent "Levi". Pour imaginer la scène décrite dans Mt 9, 9, il suffit de se rappeler le magnifique tableau du Caravage, conservé ici, à Rome, dans l'église Saint-Louis-des-Français. Dans les Evangiles, un détail biographique supplémentaire apparaît:  dans le passage qui précède immédiatement le récit de l'appel, nous est rapporté un miracle accompli par Jésus à Capharnaüm (cf. Mt 9, 1-8; Mc 2, 1-12) et l'on mentionne la proximité de la mer de Galilée, c'est-à-dire du Lac de Tibériade (cf. Mc 2, 13-14). On peut déduire de cela que Matthieu exerçait la fonction de percepteur à Capharnaüm, ville située précisément "au bord du lac" (Mt 4, 13), où Jésus était un hôte permanent dans la maison de Pierre.

    Sur la base de ces simples constatations, qui apparaissent dans l'Evangile, nous pouvons effectuer deux réflexions. La première est que Jésus accueille dans le groupe de ses proches un homme qui, selon les conceptions en vigueur à l'époque en Israël, était considéré comme un pécheur public. En effet, Matthieu manipulait non seulement de l'argent considéré impur en raison de sa provenance de personnes étrangères au peuple de Dieu, mais il collaborait également avec une autorité étrangère odieusement avide, dont les impôts pouvaient également être déterminés de manière arbitraire. C'est pour ces motifs que, plus d'une fois, les Evangiles parlent à la fois de "publicains et pécheurs" (Mt 9, 10; Lc 15, 1), de "publicains et de prostituées" (Mt 21, 31). En outre, ils voient chez les publicains un exemple de mesquinerie (cf. Mt 5, 46:  ils aiment seulement ceux qui les aiment) et ils mentionnent l'un d'eux, Zachée, comme le "chef des collecteurs d'impôts et [...] quelqu'un de riche" (Lc 19, 2), alors que l'opinion populaire les associait aux "voleurs, injustes, adultères" (Lc 18, 11). Sur la base de ces éléments, un premier fait saute aux yeux:  Jésus n'exclut personne de son amitié. Au contraire, alors qu'il se trouve à table dans la maison de Matthieu-Levi, en réponse à ceux qui trouvaient scandaleux le fait qu'il fréquentât des compagnies peu recommandables, il prononce cette déclaration importante:  "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs" (Mc 2, 17).

    La bonne annonce de l'Evangile consiste précisément en cela:  dans l'offrande de la grâce de Dieu au pécheur! Ailleurs, dans la célèbre parabole du pharisien et du publicain montés au Temple pour prier, Jésus indique même un publicain anonyme comme exemple appréciable d'humble confiance dans la miséricorde divine:  alors que le pharisien se vante de sa propre perfection morale, "le publicain... n'osait même pas lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine en disant:  "Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis!"". Et Jésus commente:  "Quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste. Qui s'élève sera abaissé; qui s'abaisse sera élevé" (Lc 18, 13-14). Dans la figure de Matthieu, les Evangiles nous proposent donc un véritable paradoxe:  celui qui est apparemment le plus éloigné de la sainteté peut même devenir un modèle d'accueil de la miséricorde de Dieu et en laisser entrevoir les merveilleux effets dans sa propre existence. A ce propos, saint Jean Chrysostome formule une remarque significative:  il observe que c'est seulement dans le récit de certains appels qu'est mentionné le travail que les appelés effectuaient. Pierre, André, Jacques et Jean sont appelés alors qu'ils pêchent, Matthieu précisément alors qu'il lève l'impôt. Il s'agit de fonctions peu importantes - commente Jean Chrysostome - "car il n'y a rien de plus détestable que le percepteur d'impôt et rien de plus commun que la pêche" (In Matth. Hom.:  PL 57, 363). L'appel de Jésus parvient donc également à des personnes de basse extraction sociale, alors qu'elles effectuent un travail ordinaire.

    Une autre réflexion, qui apparaît dans le récit évangélique, est que Matthieu répond immédiatement à l'appel de Jésus:  "il se leva et le suivit". La concision de la phrase met clairement en évidence la rapidité de Matthieu à répondre à l'appel. Cela signifiait pour lui l'abandon de toute chose, en particulier de ce qui lui garantissait une source de revenus sûrs, même si souvent injuste et peu honorable. De toute évidence, Matthieu comprit qu'être proche de Jésus ne lui permettait pas de poursuivre des activités désapprouvées par Dieu. On peut facilement appliquer cela au présent:  aujourd'hui aussi, il n'est pas admissible de rester attachés à des choses incompatibles avec la "sequela" de Jésus, comme c'est le cas des richesses malhonnêtes. A un moment, Il dit sans détour:  "Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi" (Mt 19, 21). C'est précisément ce que fit Matthieu:  il se leva et le suivit! Dans cette action de "se lever", il est légitime de lire le détachement d'une situation de péché et, en même temps, l'adhésion consciente à une nouvelle existence, honnête, dans la communion avec Jésus.

    Rappelons enfin que la tradition de l'Eglise antique s'accorde de façon unanime à attribuer à Matthieu la paternité du premier Evangile. Cela est déjà le cas à partir de Papia, Evêque de Hiérapolis en Phrygie, autour de l'an 130. Il écrit:  "Matthieu recueillit les paroles (du Seigneur) en langue hébraïque, et chacun les interpréta comme il le pouvait" (in Eusèbe de Césarée, Hist. eccl. III, 39, 16). L'historien Eusèbe ajoute cette information:  "Matthieu, qui avait tout  d'abord prêché parmi les juifs, lorsqu'il décida de se rendre également auprès d'autres peuples, écrivit dans sa langue maternelle l'Evangile qu'il avait annoncé; il chercha ainsi à remplacer par un écrit, auprès de ceux dont il se séparait, ce que ces derniers perdaient avec son départ" (Ibid., III, 24, 6). Nous ne possédons plus l'Evangile écrit par Matthieu en hébreu ou en araméen, mais, dans l'Evangile grec que nous possédons, nous continuons à entendre encore, d'une certaine façon, la voix persuasive du publicain Matthieu qui, devenu Apôtre, continue à nous annoncer la miséricorde salvatrice de Dieu et écoutons ce message de saint Matthieu, méditons-le toujours à nouveau pour apprendre nous aussi à nous lever et à suivre Jésus de façon décidée.

  • Hakuna, le mouvement ecclésial et de jeunesse catholique en plein essor qui a commencé en Espagne

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    Just talk about Christ' - Meet Hakuna, Spain's 'pringado' Catholic youth  movement

    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    Hakuna, le mouvement de jeunes catholiques espagnols "pringado".

    19 septembre 2023

    Si vous êtes un jeune catholique hispanophone, vous avez probablement entendu parler de "Hakuna" - pas la célèbre phrase du "Roi Lion", mais le mouvement ecclésial et de jeunesse catholique en plein essor qui a commencé en Espagne, s'est répandu dans toute l'Europe et a commencé à apparaître dans certaines paroisses des États-Unis également. 

    Et si vous n'avez jamais entendu parler de Hakuna, il y a de fortes chances que vous ayez déjà entendu l'une des chansons du groupe, même sans le savoir.

    De l'extérieur, Hakuna semble être un autre groupe de jeunes catholiques - un parmi tant d'autres.

    Le groupe dit être un mouvement de catholiques dans la vingtaine et la trentaine, qui utilisent la musique pour montrer la beauté de la vie et la beauté du Christ. Ils organisent des heures d'adoration, des conférences de formation, des activités caritatives, des retraites et des activités missionnaires. 

    Ils écrivent également de la musique pop catholique, qui, disent-ils, montre leur "joie radicale". Leurs chansons ont pris de l'ampleur sur Instagram, où le groupe compte près de 100 000 adeptes, et sur YouTube, où leurs chansons sont visionnées des millions de fois. 

    Alors que de nombreux groupes catholiques affirment aujourd'hui ne pas savoir comment attirer les jeunes vers les activités religieuses, Hakuna est en pleine expansion. Rapidement. 

    Moins de dix ans après sa fondation par le père José Pedro Manglano, Hakuna s'est répandu dans près de 40 villes espagnoles, 10 autres pays européens, six pays d'Amérique latine, plus la Corée du Sud et Boston - et le groupe dit qu'il prévoit de commencer bientôt dans d'autres villes américaines.

    Hakuna a vu le jour à Madrid, capitale très sécularisée de l'Espagne, autrefois épicentre catholique de l'Europe, où sont nés d'autres apostolats contemporains avec une spiritualité centrée sur les laïcs, parmi lesquels l'Opus Dei et le Chemin Néocatéchuménal. 

    Le groupe a vu le jour à l'époque où le père Manglano - que les étudiants appellent "Don Josepe" - a emmené une centaine d'étudiants aux Journées mondiales de la jeunesse de Rio de Janeiro en 2013.

    "J'ai rencontré Don Josepe quand j'avais 16 ans, il y a environ 10 ans", a déclaré à The Pillar Victoria González, l'un des premiers membres de Hakuna. 

    "Nous étions un groupe d'amis qui cherchaient à améliorer notre formation spirituelle au-delà de ce que nous recevions à l'école, alors nous lui avons demandé et il a commencé à donner ces conférences dans une église d'Aravaca, dans la banlieue de Madrid. Nous étions 15 ou 20 dans cette petite paroisse de banlieue, la plupart d'entre nous dans les dernières années du lycée ou les premières années de l'université. Don Josepe distribuait des feuilles avec des points sur le sujet qu'il allait aborder et utilisait un tableau noir pour l'expliquer. Ensuite, nous avions une heure d'adoration devant le Saint-Sacrement et c'était à peu près tout", a-t-elle ajouté.

    Après les Journées Mondiales de la Jeunesse de 2013, Manglano, alors prêtre de l'Opus Dei, a emmené son groupe d'étudiants servir pendant un mois à Nova Friburgo, une ville du sud-est du Brésil qui avait été touchée par des catastrophes naturelles.  

    Lors de réunions en Espagne, certains participants se sont demandés ce que cela signifierait de prendre au sérieux un encouragement papal unique, lancé par le pape François à Rio : " Hagan Lío " - ce qui se traduit en gros par " faire du désordre ". 

    "Je n'ai pas pu aller à Rio parce que j'avais commencé à travailler, mais voir comment mes amis sont revenus était incroyable. Quelque chose a changé en eux", a déclaré Mme González. 

    Elle se souvient de conversations enthousiastes sur la manière de vivre apostoliquement en tant que jeunes laïcs catholiques.

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  • L'Azerbaïdjan lance des frappes militaires contre les chrétiens arméniens du Haut-Karabakh

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    De Peter Pinedo sur Catholic News Agency :

    L'Azerbaïdjan lance des frappes militaires contre les chrétiens arméniens du Haut-Karabakh

    19 sept. 2023

    L'Azerbaïdjan a déclenché mardi des frappes militaires contre une enclave d'environ 120 000 chrétiens arméniens dans la région contestée du Haut-Karabakh, en bombardant des bâtiments et en tirant sur des positions militaires et civiles arméniennes. 

    Le gouvernement azerbaïdjanais a qualifié mardi ses frappes de "mesures antiterroristes" contre des "formations militaires arméniennes illégales". L'Azerbaïdjan a déclaré que les attaques ne cesseraient pas tant que les Arméniens de souche ne se seraient pas totalement rendus. 

    L'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent le Haut-Karabakh depuis 1988. Aujourd'hui, la région est internationalement reconnue comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, bien qu'elle soit presque entièrement composée d'Arméniens chrétiens. Les Arméniens du Haut-Karabakh refusent le contrôle de la région par l'Azerbaïdjan et revendiquent leur souveraineté sous les auspices de la "République d'Artsakh". 

    Les "forces de défense de l'Artsakh" de l'État sécessionniste signalent depuis des mois des attaques azéries à l'arme légère contre des militaires et des civils arméniens.  

    Les attaques ont semblé s'intensifier mardi, l'armée azérie déclenchant des tirs d'artillerie et de mortier sur des positions militaires et civiles. 

    Les bombardements se sont poursuivis tout au long de la journée de mardi, faisant 23 blessés parmi les civils et deux morts, dont un enfant, selon les forces de défense de l'Artsakh. 

    "La situation est horrible", a déclaré Ruben Vardenyan, ancien ministre d'État de l'Artsakh, dans un message vidéo à EWTN. "Beaucoup de civils ont été tués par l'armée azérie. Il y a beaucoup de blessés. L'opération a commencé le matin et ne s'est pas encore arrêtée". 

    M. Vardenyan a ensuite exhorté la communauté internationale à exiger une action pour défendre les chrétiens arméniens du Haut-Karabakh. 

    "Le monde chrétien doit comprendre que cette situation est inacceptable", a déclaré M. Vardenyan. "Je crois que ce n'est qu'ensemble que nous pourrons mettre fin à cette guerre. 

    Le ministre des affaires étrangères de l'Artsakh, Sergey Ghazaryan, a décrié les avancées de l'Azerbaïdjan, déclarant dans un communiqué mardi X : "Nous sommes témoins de la façon dont l'Azerbaïdjan, afin de mettre en œuvre sa politique de génocide, se dirige vers la destruction physique de la population civile et la destruction des objets civils de l'Artsakh.

    La source d'information d'Europe de l'Est Visegrád 24 a rapporté mardi que "des combats à grande échelle viennent de commencer dans le Haut-Karabakh" et que "l'artillerie et les drones suicides sont en action dans les deux camps". 

    Selon Visegrád 24, il est "possible qu'une nouvelle guerre entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie commence sous nos yeux". 

    Pourquoi se battent-ils ? 
    Bien que certains considèrent que le conflit porte strictement sur les frontières, des experts ont souligné que la religion joue également un rôle central dans la guerre entre l'Arménie chrétienne et l'Azerbaïdjan musulman.

    Selon Sam Brownback, ancien ambassadeur itinérant des États-Unis pour la liberté religieuse internationale, l'Arménie souhaite conserver son influence dans l'Artsakh, tandis que l'Azerbaïdjan veut expulser la population arménienne chrétienne pour renforcer son emprise sur la région. 

    En 2020, avec le soutien de la Turquie, l'Azerbaïdjan a ravivé le conflit qui couvait depuis longtemps en envahissant le Haut-Karabakh. Au terme d'un conflit de six semaines, l'Azerbaïdjan a pris le contrôle du Haut-Karabakh. 

    La guerre a tué 6 800 combattants, déplacé 90 000 personnes et coupé environ 120 000 chrétiens arméniens du reste de l'Arménie. Une route étroite de moins de quatre miles de long, appelée le corridor de Lachin, relie l'Arménie et le Haut-Karabakh et constitue le seul moyen d'acheminer de la nourriture et des fournitures aux Arméniens qui y vivent.

    En décembre 2022, des Azerbaïdjanais pro-gouvernementaux, protestant ostensiblement contre les violations de l'environnement commises par l'Arménie, ont commencé à bloquer le corridor de Lachin, coupant ainsi tout accès à l'aide. En avril, les manifestations ont pris fin après que les troupes azerbaïdjanaises, défiant les avertissements de la communauté internationale, ont établi un point de contrôle militaire sur la route, poursuivant ainsi le blocus.

    Depuis décembre, les Arméniens chrétiens sont pris au piège, sans nourriture ni médicaments, derrière le blocus du corridor de Lachin. 

    Selon de multiples sources sur le terrain, y compris le ministère des affaires étrangères de la République d'Artsakh, la capitale du Haut-Karabakh, Stepanekert, a été lourdement bombardée. 

    Le ministère des affaires étrangères de l'Artsakh a rapporté mardi : "L'Azerbaïdjan a lancé une offensive militaire de grande envergure contre la République d'Artsakh. À l'heure actuelle, la capitale Stepanakert et d'autres villes et villages sont soumis à des tirs d'artillerie nourris." 

    Robert Nicholson, président du groupe de défense des droits de l'homme Philos Project, a déclaré mardi que "l'Azerbaïdjan a finalement lancé la guerre destinée à effacer les Arméniens du #NagornoKarabakh - et avec la permission de la Russie et de la Turquie." 

    Brownback a déclaré : "Je dénonce avec la plus grande fermeté cette attaque non provoquée de l'Azerbaïdjan contre les chrétiens arméniens pacifiques du Haut-Karabakh (Artsakh) ! C'est une erreur. Il s'agit d'une attaque contre des civils qui doit cesser immédiatement. 

    L'Azerbaïdjan justifie ses actions en les qualifiant d'"opérations antiterroristes". 
    Pour sa part, l'Azerbaïdjan a nié avoir pris des civils pour cible et a qualifié ses activités dans le Haut-Karabakh d'"opérations antiterroristes". 

    Dans un communiqué de presse publié mardi, le ministère azerbaïdjanais de la défense a déclaré : "Les activités antiterroristes locales menées par les forces armées de l'Azerbaïdjan dans la région du Karabakh se poursuivent.

    "Dans le cadre de ces activités, poursuit le communiqué, seules les installations et infrastructures militaires légitimes sont visées et neutralisées à l'aide d'armes de haute précision. 

    L'Azerbaïdjan a accusé l'Arménie de déployer des forces armées pour aider les Arméniens du Haut-Karabakh et a mis en garde les civils contre toute ingérence.

    "Compte tenu du déploiement de la puissance de feu des formations des forces armées arméniennes à proximité des zones résidentielles, nous demandons instamment à la population civile de rester à l'écart des installations militaires et de ne pas soutenir les formations des forces armées arméniennes", indique le communiqué azéri.

    Le ministère de la défense azéri a également déclaré qu'il encourageait les habitants du Haut-Karabakh à évacuer les zones dangereuses et à se rendre dans les "stations d'accueil" qu'il a établies dans le corridor de Lachin. 

    "Des corridors humanitaires et des stations d'accueil ont été créés sur la route de Lachin et dans d'autres directions afin d'assurer l'évacuation de la population de la zone dangereuse", indique le communiqué. 

    Christian Solidarity International (CSI), un groupe d'aide humanitaire, a déclaré qu'il s'agissait d'une tactique visant à nettoyer le Haut-Karabakh des chrétiens arméniens. 

    "Alors qu'il bombarde des zones civiles, l'Azerbaïdjan envoie des SMS aux habitants du Haut-Karabakh pour leur dire de partir par le corridor de Lachin. La même route qu'ils ont bloquée pendant neuf mois pour affamer la population, ils l'ont maintenant ouverte pour que les gens puissent la quitter. L'objectif est le même : vider le Karabakh des Arméniens".

    Comment l'Arménie a-t-elle réagi ? 
    Le premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, a nié toute implication militaire de l'Arménie et, malgré les attaques azéries en cours, a refusé de répondre militairement. 

    Open Caucasus Media (OC Media), a rapporté les propos tenus par M. Pashinyan mardi : "Je tiens à préciser que la République d'Arménie n'est pas impliquée dans des opérations militaires, et je tiens à préciser une fois de plus que la République d'Arménie n'a pas d'armée dans le Haut-Karabakh". 

    "En ce moment, nous ne devrions pas mener d'action imprévue, drastique ou aventureuse", a ajouté M. Pashinyan, selon OC Media. 

    Le refus du premier ministre arménien de s'impliquer a provoqué une forte agitation au sein de la population arménienne. 

    Une vidéo prise à l'extérieur du capitole arménien montre des citoyens arméniens indignés tentant de prendre d'assaut le bâtiment. 

    M. Pashinyan aurait eu une conversation téléphonique avec le président français Emmanuel Macron et le secrétaire d'État américain Antony Blinken mardi. 

    Selon OC Media, M. Macron a informé M. Pashinyan que la France avait demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter de l'escalade militaire au Haut-Karabagh. 

    La commission des affaires étrangères du Sénat américain a publié une déclaration le X qui dit : "L'assaut effronté de l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh prouve une fois de plus l'intention malveillante du président azéri Ilham Aliyev d'anéantir la population arménienne de la région. Les États-Unis et la communauté internationale doivent agir".

    Peter Pinedo est correspondant de CNA à Washington. Diplômé de l'université Franciscan, Peter a travaillé auparavant pour Texas Right to Life. Il est premier lieutenant dans la réserve de l'armée américaine.

  • Gand : quand une église devient un supermarché

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    Nog één attest en ze kunnen beginnen: Delhaize wil dit najaar kerk in Gent  ombouwen tot buurtmarkt, wijnbar en restaurant (Gent) | Het Nieuwsblad  Mobile

    Lu sur Moustique :

    Delhaize se lance dans un nouveau projet fou... dans une église

  • Clôture du jubilé des 1200 ans de la collégiale Saint-Ursmer de Lobbes

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    Collégiale de Lobbes 1200 ans | Unité Pastorale Sambre et Heure

    De Marina Droujinina sur zenit.org :

    Belgique : Messe de clôture du jubilé des 1200 ans de la collégiale Saint-Ursmer de Lobbes

    Présidée par le cardinal Hollerich, envoyé spécial du pape

    Le pape François a nommé le cardinal Jean-Claude Hollerich, sj., archevêque de Luxembourg, en tant qu’envoyé spécial pour les célébrations du 1200e anniversaire de la collégiale Saint-Ursmer de Lobbes (la plus ancienne église de Belgique), indique un communiqué du Saint-Siège publié ce mardi 19 septembre 2023. Le cardinal légat présidera la célébration eucharistique le dimanche 24 septembre à 10h en la collégiale Saint-Ursmer.

    « Cette attention du Saint-Père est  un immense honneur pour notre diocèse de Tournai et certainement pour notre Unité pastorale et notre clocher de Lobbes », lit-on sur la page Facebook du Jubilé. Le nonce apostolique Franco Coppola sera également présent à la messe de clôture.

    Saint Ursmer (v.644-713) était un moine, évangélisateur, missionnaire en Fagne et en Thiérache et évêque-abbé de l’abbaye de Lobbes.

    Le 26 mars 823, sous l’égide de l’évêque de Cambrai Halitgaire, a eu lieu l’élévation des reliques de saint Ursmer. C’est également de cette époque que date l’actuelle collégiale Saint-Ursmer de Lobbes.

    Né à Fontenelle (Nord de la France), Ursmer est ordonné évêque et choisi dans les années 687-689 pour diriger l’abbaye Saint-Pierre de Lobbes. Fondée vers 665, cette abbaye connaît sous son abbatiat une véritable expansion.

    L’abbaye comprend plus de 150 domaines à la fin du IXe siècle. La liste des biens de l’abbaye rédigée en 889 mentionne les noms de plusieurs villages de Flandre tels que Tielrode, Baasrode ou Zegelsem ainsi que ceux de Jumet, Gilly, Leernes, Ragnies et d’autres localités de Thudinie.

    L’abbaye jouit également d’une réputation prestigieuse grâce à son scriptorium de renom et son école monastique « qui a accueilli d’éminentes figures de l’histoire littéraire du XIe siècle parmi lesquelles Wazon, évêque de Liège, Olbert, abbé de Gembloux et de Saint-Jacques à Liège, Hugues, abbé de Lobbes, Thierry, abbé de Saint-Hubert ou encore Adelbold, évêque d’Utrecht ».

    L’année jubilaire

    Plusieurs événements ont marqué cette année jubilaire 2023. Le 22 janvier a eu lieu une messe inaugurale, présidée par Mgr Vincent Dollmann, archevêque de Cambrai.

    Une autre messe – en l’honneur de saint Ursmer – a eu lieu le dimanche 23 avril, présidée par Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai. Les délégations des églises Saint Ursmer de Wallonie, de Flandre et de France étaient invitées. À l’issue de la messe, une procession avec les différents groupes des villes et villages invités a eu lieu.

    Une grande exposition d’œuvres (bustes, reliques, statues, tableaux) concernant saint Ursmer et prêtées par toutes les églises et chapelle Saint Ursmer de Belgique et de France s’est tenue dans la collégiale du 29 avril au 7 mai.

  • Violence ethnique contre les Amharas en Ethiopie : l'ECLJ écrit au conseiller spécial de l'ONU pour la prévention du génocide

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    Du site de l'ECLJ (European Centre for Law & Justice) (Christophe Foltzenlogel) :

    Violence ethnique contre les Amharas : l'ECLJ écrit au conseiller spécial de l'ONU pour la prévention du génocide

    19 juin 2023

    Comme nous l'écrivions il y a peu ici, le peuple Amhara, qui est une communauté majoritairement chrétienne orthodoxe en Éthiopie, est soumis à une persécution violente et systématique depuis des décennies. Alors que la situation s'aggrave et que l'état d'urgence a été déclaré, l'ECLJ a écrit à la Conseillère spéciale des Nations unies pour la prévention du génocide afin qu'elle lance une mission d'enquête.

    Illustration : Mme Alice Wairimu Nderitu, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la prévention du génocide, Compte X- Twitter @UNOSAPG

    Il y a trois semaines, le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) a soumis une déclaration écrite (en anglais uniquement) au Conseil des droits de l'homme des Nations unies pour dénoncer les violations graves des droits de l'homme commises à l'encontre du peuple Amhara. Les principaux persécuteurs sont les Omoros et les Tigréens (Front de libération du peuple tigréenArmée de libération oromo et le Parti de la prospérité) et la principale cause de cette persécution réside dans le fait que les structures de gouvernance éthiopiennes ont été dominées par les Amharas. L'association historique des Amharas avec la monarchie éthiopienne et l'Église chrétienne orthodoxe a souvent été perçue comme une forme d'hégémonie culturelle et politique sur les autres ethnies, en particulier les Oromos et les Tigréens.

    Les griefs entre les groupes ethniques Oromo, Tigré et Amhara se sont manifestés de manière inquiétante, avec une escalade de la violence, jusqu'à des nettoyages ethniques et des atrocités de grande échelle. La situation est devenue très difficile avec l'arrivée au pouvoir, en 2018, d'un Premier ministre d'origine oromo.

    Rien qu'en mai 2023, le gouvernement aurait détenu plus de 4 500 personnes de l'ethnie amhara. Ce nombre a grimpé après la déclaration de l'état d'urgence par le Gouvernement le 4 août 2023, jusqu'à environ 14.000 Amharas appréhendés depuis, selon des affirmations concordantes.

    C'est pourquoi l'ECLJ a envoyé une lettre urgente (en anglais ici) au conseiller spécial pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu. Les rapports qui nous parviennent font état d'une série de graves violations des droits de l'homme commises à l'encontre du peuple Amhara, y compris des violences ethniques de tendance génocidaires.

    Comme nous l'avons indiqué, la situation requiert sans le moindre doute son attention :

    Les rapports d'incidents sont profondément troublants. La nature de ces actes couvre un large éventail d'atrocités, allant de l'éviscération de femmes enceintes à la consommation cannibale des personnes tuées. Ces actes vont au-delà de la simple expression d'un mécontentement ou d'une dissidence politique ; ils témoignent d'une haine profondément enracinée qui a été manipulée et mobilisée pour justifier des crimes odieux. Ce niveau d'animosité est alimenté par une combinaison de griefs historiques, de manipulations politiques, de conditionnement social et de discours de haine largement répandus qui, ensemble, créent un environnement toxique propice à la perpétration de violences de masse.

    Nous avons également mis l'accent sur les auteurs identifiés qui nous ont été décrits dans de nombreux rapports et souligné les motivations ethniques et religieuses des atrocités perpétrées contre le peuple Amhara :

    Ces attaques visent la communauté amhara et les chrétiens orthodoxes auxquels elle est associée. Les auteurs semblent être le Qeerroo (qui se traduit littéralement par Jeunesse en langue oromo), l'armée de libération oromo (OLA), les miliciens gumuz, le Front de libération du peuple du Tigré et le Parti de la prospérité, actuellement au pouvoir. Le caractère ciblé et systématique de ces attaques contre les Amharas et les chrétiens orthodoxes révèle une intention non seulement d'intimider, mais aussi d'éliminer, physiquement ou culturellement, une communauté spécifique. Il s'agit là de la marque d'un nettoyage ethnique, voire d'un génocide, qui constituent tous deux des crimes contre l'humanité au regard du droit international.

    C'est pourquoi nous avons attiré l'attention de la Conseillère spéciale et demandé une mission d'enquête pour établir la vérité sur les atrocités signalées contre les Amharas et les chrétiens orthodoxes en Éthiopie, depuis le 13 septembre 2018. Nous lui avons également demandé de mettre en garde le Secrétaire général et le Conseil de sécurité contre l'escalade des violences en Éthiopie. La perpétration d'un génocide contre les Amharas est peut-être en train de devenir une réalité.

    Nous vous encourageons à signer notre pétition et à nous suivre sur Twitter (X), car l'ECLJ prononcera une déclaration orale lors d'un Dialogue interactif avec la Commission internationale d'experts en droits de l'homme sur l'Éthiopie le 21 septembre 2023. Ce débat officiel aura lieu lors de la 54e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme à Genève, en Suisse.

    Pour la défense des Chrétiens persécutés
     
    Lire le texte complet de la pétition

    14,465 SIGNATURES

    Pour signer la pétition, aller sur le site de l'ECLJ

     

    L’ECLJ interviendra également cette semaine pour défendre les chrétiens persécutés au Pakistan. 

    L’action du Pakistan au Conseil des droits de l’homme est d’une hypocrisie à peine croyable. Lors de la précédente session du mois de juillet, ce pays avait demandé et obtenu un débat d’urgence pour condamner un autodafé d’un coran par un ex-musulman suédois. Tous les pays musulmans se sont alors ligués pour adopter une résolution protégeant la religion musulmane contre la liberté de conscience et d’expression des personnes afin d’interdire toute critique de l’islam. L’Occident libéral y fut mis en minorité et la résolution adoptée au Conseil des droits de l’homme sera désormais systématiquement utilisée pour empêcher toute critique de l’islam, aussi rationnelle et historique soit-elle. 

    Or, quelques semaines plus tard, l’ambassade de Suède fut brûlée en Irak, ce qui ne déclencha pas de débat d’urgence, mais surtout, le mois dernier, au Pakistan, des accusations malveillantes d’autodafés du coran ont provoqué de véritables émeutes dirigées contre la petite minorité chrétienne. Près d’une vingtaine d’églises ont été saccagées et des dizaines de maisons de chrétiens ont été envahies par une foule de musulmans excités par des prêcheurs violents. Des dizaines de chrétiens ont été roués de coups de bâton, devant des forces de l’ordre peu pressées d’intervenir. 

    L’ECLJ dénoncera l’attitude du Pakistan qui fait mine de croire qu’il y a un problème systémique de corans brûlés en Europe alors qu’au Pakistan des dizaines de chrétiens sont dans le couloir de la mort pour des accusations de blasphème et que les personnes qui ont détruit des églises et frappé des hommes et des femmes innocents ont été rapidement relâchés sans faire l’objet de poursuites.

    Soutenez notre action à l’ONU pour faire entendre la voix des chrétiens persécutés
  • La Croix : quand le scandale devient salut

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    Lu sur le site web de « L’Homme Nouveau »

    images (25).jpg« À l’heure où la laïcité, fût-elle positive, tend à faire disparaître la croix (elle serait un signe ostentatoire…) de l’espace public, la fête de l’Exaltation de la sainte Croix (14 septembre) vient nous rappeler que la Rédemption ne peut passer que par elle.

    Quand le scandale a du sens

    Pour le chrétien, la Croix est tout un emblème : le symbole de sa Rédemption, l’instrument par lequel le Fils de Dieu, Jésus-Christ, offrit librement sa vie comme rançon du genre humain que le péché originel avait séparé de Dieu. Mais aux temps anciens, la Croix avait une toute autre signification : elle était le terrible outil de la justice romaine, le supplice le plus ignominieux réservé aux condamnés de la pire espèce.

    Et c’est justement ce supplice que dut endurer Jésus, malgré son innocence. Alors l’impensable se produit : la croix, cet objet de scandale, devient l’instrument de la sagesse de Dieu… Et à travers elle, c’est toute souffrance qui cesse d’être un coup aveugle du destin pour devenir une clef, cette fameuse clef de la Maison de David que le Seigneur place sur l’épaule de son Grand-Prêtre dans la vision du prophète Isaïe (Is XXII, 22) ; clef ouvrant l’accès à de nouveaux horizons, souvent insoupçonnés, dans les contours de notre vie spirituelle.

    Je suis la porte…

    « Je suis la porte de la bergerie ; celui qui ne passe pas par moi est un voleur. » (Jn X, 1) Cet avertissement de Jésus s’applique aussi à la Croix, puisqu’elle est la clef nous ouvrant la porte de son Cœur.

    Aussi vouloir profiter de la Rédemption sans Croix n’est guère possible ; et même le bon larron, duquel on dit qu’il a tout volé dans sa vie, jusqu’à son ciel, a dû y passer. « On ira tous au Paradis », chantait Polnareff, mais il oubliait d’ajouter la condition indispensable que Jésus nous a donnée pourtant : « celui qui veut venir après moi, qu’il se renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt XVI, 24)

    C’est là toute la difficulté du combat spirituel : oser ce pari fou d’accepter la Croix pour y trouver le bonheur. Notre rationalisme nous hurle la vanité d’un tel espoir, notre sensiblerie y répugne… Et pourtant quelque part, dans les profondeurs de notre âme, nous croyons entrevoir une vague lueur de foi mêlée d’un peu d’espérance : « Et si c’était vrai ? Et si c’était réellement par cette Croix que j’obtenais l’objet de mes désirs ? » C’est le pari de Constantin sur le pont Milvius, de Clovis à Tolbiac et d’Héraclius contre Chosroès (cette dernière victoire permit le retour de la Vraie Croix, volée par les Perses, à Jérusalem; et c’est elle que nous commémorons aujourd’hui), le pari grâce auquel ont été écrites les plus belles pages de l’histoire de la christianisation du monde…

    Tu me refuses, je t’écrase ; tu m’embrasses, je t’élève.

    Le paradoxe de la Croix – on ne le comprend souvent que trop tard – se trouve dans son obstination à entrer dans notre vie. Personne n’échappe à sa Croix, pas même le Christ. Sa prière à Gethsémani allait pourtant dans ce sens : « Père, s’il est possible, que ce calice (ou cette Croix) s’éloigne de moi. » (Mt

    XXVI, 39) Mais aussitôt sa volonté reprend la maîtrise de sa sensibilité épouvantée, et il s’empresse d’ajouter : « Cependant, non pas ma volonté mais la vôtre. »

    Nous ne sommes pas plus forts que lui. Dans la plupart des situations, la Croix nous fait peur. Si ce n’est pas le cas, c’est souvent parce que nous n’avons pas bien estimé sa taille et son poids… Mais quoique nous y fassions, pas moyen d’y échapper : cette Croix sera la nôtre, et il ne peut y avoir devant elle que deux attitudes : la refuser ou l’embrasser.

    Refuser sa Croix, c’est finalement l’attitude du jeune homme riche qui refuse de suivre le Christ, retenu captif par l’abondance de ses biens. Mais il ignore que cet appel qu’il ressentait à l’intime de son coeur ne le quittera jamais, comme un reproche lancinant adressé par sa conscience. Toute sa vie, il portera le poids de ce regret : « Si je le croisais à nouveau, pensera-t-il, combien ma réponse serait différente ! » Toute Croix, qu’elle soit physique comme une jambe qu’on se casse ou morale comme enfant qui s’éloigne, est définitive ; celui qui la refuserait en subirait brutalement, frontalement, toute la douleur. Comme si cette Croix voulait à  toute force l’écraser pour le punir de l’avoir refusée. Le seul moyen de faire cesser sa Croix, c’est de la traverser, ou plutôt de s’en servir comme d’une passerelle pour nous rendre sur l’autre rive : cette nouvelle étape de notre vie spirituelle, à laquelle Dieu nous appelle. Et ce n’est que lorsque nous y sommes parvenus que cette Croix prend tout son sens : parce nous l’avons embrassée, elle nous a élevés…

    « Et moi, disait Jésus à la foule des Juifs, quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi. » (Jn XII, 32) S’il nous appelle à le rejoindre, par la sainteté, c’est par la Croix qu’il nous en donne les moyens.

    Et si cette fête de l’Exaltation de la Sainte Croix était justement l’occasion de cesser de voir nos Croix en noir, pour enfin comprendre, comme le montre Martin Steffens dans La Vie en bleu, qu’elles sont bleues, de cette couleur du Ciel vers lequel elles nous font monter ? »

    Ref. https://hommenouveau.fr/la-croix/

    à lire également : Quel avenir pour la messe traditionnelle ? Entretien avec Jean-Pierre Maugendre

  • Ukraine : une escalade prévisible du conflit qui ne serait pas sans risques...

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    Lu sur l'Indian Punchline :

    17 septembre 2023

    La "phase Biden" de la guerre en Ukraine commence

    La guerre terrestre en Ukraine a fait son temps, une nouvelle phase commence. Même les partisans inconditionnels de l'Ukraine dans les médias occidentaux et les groupes de réflexion admettent qu'une victoire militaire sur la Russie est impossible et qu'une libération du territoire sous contrôle russe est bien au-delà des capacités de Kiev.

    D'où l'ingéniosité de l'administration Biden qui a exploré le plan B en conseillant à Kiev d'être réaliste quant à la perte de territoires et de rechercher pragmatiquement le dialogue avec Moscou. Tel est le message amer que le secrétaire d'État américain Antony Blinken a récemment transmis en personne à Kiev. 

    Mais la réaction caustique du président Zelensky dans une interview accordée au magazine The Economist est révélatrice. Il a répliqué que les dirigeants occidentaux continuaient à tenir de beaux discours, s'engageant à soutenir l'Ukraine "aussi longtemps qu'il le faudra" (le mantra de Biden), mais lui, Zelensky, a détecté un changement d'humeur chez certains de ses partenaires : J'ai cette intuition, je lis, j'entends et je vois leurs yeux [lorsqu'ils disent] "nous serons toujours avec vous". Mais je vois qu'il ou elle n'est pas là, pas avec nous". Il est certain que M. Zelensky lit bien le langage corporel, car en l'absence d'un succès militaire écrasant sous peu, le soutien occidental à l'Ukraine est limité dans le temps.

    Zelensky sait qu'il sera difficile de maintenir le soutien occidental. Il espère cependant que l'Union européenne, à défaut des Américains, continuera au moins à fournir de l'aide et qu'elle ouvrira des négociations sur le processus d'adhésion de l'Ukraine, peut-être même lors de son sommet de décembre. Mais il a également brandi la menace voilée d'une menace terroriste pour l'Europe, avertissant que ce ne serait pas une "bonne histoire" pour l'Europe si elle devait "pousser ce peuple [d'Ukraine] dans ses derniers retranchements". Jusqu'à présent, ces menaces inquiétantes ont été atténuées, émanant d'activistes de bas rang de la frange fasciste de Bandera.

    Mais l'Europe a aussi ses limites. Les stocks d'armes occidentaux sont épuisés et l'Ukraine est un puits sans fond. Plus important encore, il n'est pas certain que la poursuite des livraisons fasse la moindre différence dans une guerre par procuration qui ne peut être gagnée. En outre, les économies européennes sont dans le marasme, la récession en Allemagne pourrait se transformer en dépression, avec les conséquences profondes de la "désindustrialisation". 

    Il suffit de dire que la visite de Zelensky à la Maison Blanche dans les prochains jours sera déterminante. L'administration Biden est d'humeur sombre, estimant que la guerre par procuration entrave la mise en œuvre d'une stratégie indo-pacifique à part entière contre la Chine. Pourtant, lors d'une apparition dans l'émission This Week sur ABC, M. Blinken a explicitement déclaré pour la première fois que les États-Unis ne s'opposeraient pas à ce que l'Ukraine utilise des missiles à plus longue portée fournis par les États-Unis pour attaquer en profondeur le territoire russe, une initiative que Moscou a précédemment qualifiée de "ligne rouge", ce qui ferait de Washington une partie directe du conflit. 

    Le célèbre historien militaire américain, penseur stratégique et vétéran du combat, le colonel (retraité) Douglas MacGregor (qui a servi de conseiller au Pentagone pendant l'administration Trump), est prémonitoire lorsqu'il dit qu'une nouvelle "phase de la guerre de Biden" est sur le point de commencer. En d'autres termes, les forces terrestres étant épuisées, l'accent sera désormais mis sur les armes de frappe à longue portée telles que le Storm Shadow, le Taurus, les missiles à longue portée ATACMS, etc. 

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  • Le synode du Pape François n’a rien appris des synodes des Églises orientales

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be) :

    Le synode du Pape François n’a rien appris des synodes des Églises orientales. Les objections d’un évêque grec catholique

    Le Pape François a déclaré à deux reprises, d’abord en conversant avec les jésuites du Portugal et ensuite dans le vol de retour de Mongolie, et pratiquement avec les mêmes mots que : « Ce n’est pas moi qui ai inventé le synode. C’est Paul VI, à la fin du Concile, qui s’est rendu compte que l’Église occidentale avait perdu la synodalité tandis que l’Église orientale l’a toujours eue ».

    Et le 11 septembre, en recevant Baselios Marthoma Mathews III, Catholicos de l’Église Orthodoxe syro-malankare, il a répété que « nous pouvons apprendre beaucoup de la séculaire expérience synodale de votre Église ».

    Mais est-ce bien le cas ? À en juger par l’échec en 2016 de la convocation d’un Concile de toutes les Églises orthodoxes, après soixante-dix ans de préparation, simplement parce qu’il n’y avait pas unanimité sur l’approbation d’un des documents préliminaires, le modèle oriental de synodalité ne semble pas vraiment le plus à même d’accélérer, en Occident, ce « processus » de changement de l’Église qui plaît tant au Pape et aux siens :

    > Ou tous ou aucun. La synodalité qui provoque le naufrage du Concile panorthodoxe

    « En effet, si l’Occident considère la synodalité comme un lieu ou un moment où tous, laïcs et clergé, agissent ensemble pour parvenir à une décision ecclésiastique, doctrinale, canonique, disciplinaire, quelle qu’elle soit, il est clair que cette synodalité n’existe pas en Orient ».

    La personne qui attire par ces mots l’attention sur cette colossale équivoque est un évêque bien connu en Orient.

    Son nom est Manuel Nin. Catalan, 67 ans, moine de l’abbaye bénédictine de Montserrat, professeur de théologie et spécialiste des Pères de l’Église puis recteur à Rome du Collège pontifical grec, il est depuis 2016 évêque titulaire de Carcabia et exarque apostolique pour les catholiques de rite byzantin en Grèce, siégeant à Athènes.

    Il participera, en octobre, à la prochaine session du synode sur la synodalité et il fait partie de ceux que le Pape a personnellement ajouté à la liste des participants. Mais il ne se prive pas de critiquer ouvertement le « malentendu » sur lequel François insiste tellement :

    « Quand on affirme que : « Vous en Orient, vous avez toujours eu la synodalité’, on confond tout simplement la synodalité avec le collège épiscopal ».

    Monseigneur Nin a condensé ses objections dans une note publiée en août sur le site de son exarchat.

    En Orient, écrit-il, c’est vrai qu’on appelle « Synode » le collège des évêques dirigé par un patriarche, un archevêque ou un métropolite, quand il se réunit pour exercer l’autorité sur son Église respective (comme par exemple celui de l’Église grecque catholique qui s’est tenu à Rome du 3 au 13 septembre).

    Mais cette synodalité n’a rien à voir avec le modèle d’une « république parlementaire moderne, où tous peuvent dire ce qu’ils veulent et parler de tout. La vie des Églises chrétiennes n’a jamais été une forme de démocratie dans laquelle tous décident de tout sur base de la règle de la majorité ».

    Bien sûr, le Pape François a insisté à plusieurs reprises pour dire que « le Synode n’est pas un parlement », ou encore moins « un programme télévisé où on parle de tout ».

    Mais en même temps, il a étendu la participation au synode non seulement à ceux qui sont revêtus de l’autorité épiscopale mais aussi à des prêtres, des religieux et à des laïcs, hommes et femmes, conformément à une interprétation principalement horizontale du mot grec « Synode », compris comme « cheminer ensemble ».

    Mais ensemble avec qui ? Avec les autres, avec tous. Même avec l’avertissement de laisser le rôle principal à l’Esprit Saint.

    Alors que – écrit Mgr Nin, et c’est là sa plus grande objection – le véritable sens de la parole « Synode » n’est pas « cheminer ensemble avec tous », mais « cheminer tous ensemble avec le Christ ».

    Mgr Nin cite le père du monachisme : « À un certain moment, Antoine réalise que les empreintes dans le sable du désert qu’il pensait être les siennes, n’appartiennent pas à lui mais à celui qui chemine à ses côtés et qui le soutient dans les moments de faiblesse. À celui qui est toujours à côté de nous, le Seigneur ressuscité et vivant qui est au milieu de nous. La vocation monastique peut nous aider à comprendre une réalité fondamentale de la vie chrétienne ».

    Il est intéressant de remarquer combien cette objection de Mgr Nin concorde avec celle publiée en juillet sur Settimo Cielo par le théologien new-yorkais Robert P. Imbelli, qui pointait lui aussi du doigt que dans l’ « Instrumentum laboris » du prochain synode, on assigne à l’Esprit Saint un rôle aussi démesuré que vague et fumeux et qu’on ne fait que très peu référence au Christ, à la Croix, au mystère pascal, c’est-à-dire au seul guide fiable pour pouvoir véritablement « converser dans l’Esprit ».

    « Je propose donc de considérer la synodalité – écrit encore Mgr Nin – comme le chemin de nous tous qui avons été baptisés en Christ, écoutant son Évangile, célébrant notre foi, recevant sa grâce dans les sacrements. Un chemin à parcourir certainement ensemble, accompagnés et conduits par la main, ou même portés sur les épaules, par nos pasteurs, mais en suivant les traces de Celui qui est le chemin, la vérité et la vie ».

    Vers la conclusion de sa note, Nin fait une référence inattendue à un personnage de l’Église mort il y a une vingtaine d’années, auquel il s’associe :

    « Je me souviens de la belle réflexion du cardinal Giacomo Biffi, archevêque de Bologne entre 1987 et 2003, publiée pendant les années du grand jubilé de l’an 2000 sous le titre : ‘Identikit del Festeggiato’. Déjà à l’époque, ce grand cardinal italien mettait en garde contre le danger de reléguer au second plan ou même d’oublier Celui qui était l’unique motif du Jubilé, la cause principale, l’unique destinataire, celui qui est Célébré ».

    Hier le Jubilé, aujourd’hui le synode. Avec le même oubli ?

    *

    Edward Pentin également a relayé les observations critiques de l’évêque Manuel Nin dans le « National Catholic Register » :

    > Greek Catholic Bishop: Synod on Synodality Is Not Like Eastern Synods

  • Le pape François, le secret et le débat sur le Synode

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican (traduction de "Benoît et moi") :

    Le Pape François, le secret et le débat sur le Synode

    18 septembre 2023

    La nouvelle selon laquelle le pape François pourrait instaurer le secret pontifical dans le débat synodal a créé quelques remous. Pour l’instant, le règlement du Synode n’a pas encore été publié, et il pourrait y avoir quelques changements de procédure, notamment en ce qui concerne les modalités de participation au débat et au vote. Cependant, le fait que les premières communications officielles du Synode établissent que toute interview des pères synodaux doit d’abord être demandée par courriel au responsable de la communication du Secrétariat général du Synode a déclenché le débat sur la transparence du processus synodal. Les indiscrétions concernant le secret papal ont ajouté de l’agitation à l’agitation.

    Levons toute ambiguïté : le secret pontifical sur les opinions et les débats des autres gens était déjà prévu dans le règlement antérieur du Synode. Paul VI voulait permettre un débat aussi large que possible, et cette décision n’a été modifiée ni par Jean-Paul II ni par Benoît XVI. Les votes sur le texte final du Synode en donnaient un exemple. Le vote se faisait paragraphe par paragraphe, et si l’un des paragraphes n’atteignait pas le consensus synodal (c’est-à-dire les deux tiers des voix), il n’était ni publié ni partagé.

    Supposons qu’on ait parlé de la question du secret dès le début. Dans ce cas, il faut préciser que la machine de communication du Synode des évêques, définitivement développée sous la direction du Bureau de presse par Joaquin Navarro-Valls, a déblayé le terrain de toute inférence possible.

    Fidèle au principe du cardinal Schotte [prélat belge, 1928-2005, créé cardinal en 1994, ndt] – « Il n’y a rien qui mérite de rester secret au Synode » – tous les débats étaient rapportés en publiant les résumés des interventions en six langues différentes, avec un système précis de codes et de couleurs qui permettait de connaître immédiatement la langue d’origine, le moment où le texte a été publié, et le traducteur.

    Chaque jour, il y avait donc un briefing informel divisé en groupes linguistiques, ce qui permettait à tous les journalistes d’être informés de l’avancement du processus. Les pères synodaux étaient souvent invités à ces briefings et traitaient les journalistes avec une grande ouverture.

    Le pape François a centralisé la communication du synode, en réduisant tout à un seul briefing, plus formel, et en ne distribuant ni textes ni résumés des textes. Cependant, lors des premiers synodes du pape François, le cardinal Lorenzo Baldisseri, alors secrétaire général du synode, a justifié la décision de ne pas distribuer formellement les textes par le fait que les pères synodaux étaient libres de parler avec qui ils voulaient et aussi éventuellement de donner les brouillons de leurs discours.

    Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui ? Le climat a radicalement changé. Le problème n’est plus la question formelle de savoir si le secret pontifical s’applique ou non au débat synodal. Il s’agit plutôt du fait que, ces dernières années, des mots ont été utilisés en les privant de leur pleine signification ou en les interprétant différemment. Le problème est d’abord sémantique. Toutefois, il devient un problème pratique.

    J’ai déjà souligné que le pape François décontextualise souvent des expressions et des phrases, en les extrapolant d’un discours et en leur donnant des interprétations uniques. Le problème s’applique également au concept de synodalité. Le pape François a toujours déclaré que l’exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi [publiée en 1975 à la suite des travaux du synode sur ce thème, ndt] de Paul VI était sa référence. Dans cette exhortation, Paul VI nous invite à nous inspirer de la synodalité des Églises orientales.

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  • A ne pas manquer, en accès libre sur le site de La Nef

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