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Actualité - Page 177

  • Un essai magistral et capital sur l’ère du métavers et des IA génératives

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    De gènéthique.org :

    La vie spectrale, Penser l’ère du métavers et des IA génératives – Eric Sadin

    1 décembre 2023

    Métavers, ChatGPT, dans un essai captivant, le philosophe Eric Sadin se livre à une critique intransigeante de ces nouvelles technologies, censément porteuses de progrès et de modernité.

    Or, « pour la première fois dans l’histoire, s’est formée la croyance selon laquelle l’humain – tel qu’il était considéré depuis toujours, fait de finitude et de défauts – relevait d’une erreur, voire d’une paresse, de vue », dénonce Eric Sadin.

    L’ère du transhumanisme est celle de « l’adieu annoncé au corps, l’adieu annoncé aux facultés de notre esprit ». L’autre n’est plus, l’individu réduit à un « isolement collectif ».

    « L’heure appelle à ne pas seulement nous focaliser sur la crise écologique – devenue la préoccupation assez exclusive du plus grand nombre –, pour ériger la question de la langue, la langue la plus vivante qui soit – celle que nous voulons parler en notre nom et dans un ensemble vraiment commun –, comme l’autre enjeu moral, politique et civilisationnel majeur de notre temps », interpelle le philosophe.

    Pour Eric Sadin, ce n’est pas l’éthique qui sera d’un grand secours. La prise de conscience doit être radicale. Le philosophe craint qu’elle n’arrive trop tard. Sera-t-il démenti ?

    Editeur : Grasset

    Date de parution : 18/10/2023

    Nombre de pages : 272

    Présentation de Babelio :

    Le métavers n’est pas une fantasmagorie, c’est une réalité qui déjà nous environne autant qu’un puissant mouvement, celui de la pixellisation croissante de nos existences. Travail, enseignement, médecine, achats, loisirs et interactions ont lieu en ligne – et derrière nos écrans. Un seuil a été franchi avec l’apparition de l’intelligence artificielle générative dont le rôle n’est plus de gérer nos tâches mais de produire du langage, des images, du son… Nos facultés fondamentales sont en passe d’être déléguées à des machines. Bientôt, c’est la voix de ces robots qui nous guidera dans nos cavernes de pixels, à chaque étape de nos vies vouées à être sans trêve analysées, marchandisées, désincarnées.

    Face à cette rupture sans précédent, une philosophie s’impose pour comprendre et agir. Mises en perspectives historiques, analyses des systèmes technologiques, décryptages des intérêts économiques et des conséquences civilisationnelles, La vie spectrale est autant une phénoménologie contemporaine que la pensée du monde qui vient. Un essai magistral et capital.

  • Quel est le rôle d'un évêque ? (Club des hommes en noir)

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    Du site de l'Homme Nouveau ("Club des hommes en noir") :

    Quel est le rôle d’un évêque, à quoi sert-il exactement et quel sens peut avoir sa mission en ce début du XXIe siècle ? Des questions qui se posent aujourd’hui après la destitution de Mgr Joseph Strickland, jusqu’ici évêque de Tyler aux États-Unis, et la nomination auprès de Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, d’un évêque coadjuteur avec pouvoirs spéciaux. 

    Deux événements forts et rares qui semblent entrer en collision avec la doctrine de Vatican II mettant en avant l’importance de l’épiscopat. L’évêque n’est-il au fond qu’un préfet du Pape ? C’est à cette question, entre doctrine et actualité, que les membres du Club des Hommes en noir tentent de répondre dans une discussion parfois très animée…

    Dans cette émission, vous retrouverez l’abbé Claude Barthe, directeur de la lettre Res novae, l’abbé Guillaume de Tanoüarn qui effectue son retour dans le Club des Hommes en noir, le Père Danziec et Anne Le Pape, également de retour pour cette nouvelle saison.

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  • Espagne : mieux vaut un chien qu'un enfant ?

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    1er décembre 2023

    En Espagne, on préfère les chiens aux enfants

    S'agit-il d'un fait d'Ibère ? L'Espagne compte plus de chiens que d'enfants : 9,3 millions contre 6,7 millions d'humains de moins de 14 ans. Ce chiffre a bondi de 40 % au cours des trois dernières années ! La presse espagnole fait le lien entre dénatalité, pandémie et compagnie canine.

    Ce ne sont pas les chiens d'un côté et les enfants de l'autre. Ce sont les chiens qui prennent la place des enfants. Notons que les identitaires de tout poil font peu de cas de ce grand remplacement qui ne dit pas son nom, alors qu'il est consenti par des populations européennes dont les croyances évoluent à toute vitesse, consciemment ou non. Mais, après tout, pourquoi le chien dont je partage la vie, de la niche au crottoir, ne serait-il pas aussi digne qu'un bébé voire davantage ? L'animal n'offre que bonheur et consolation, quand l'humain ne cesse de contrarier et de décevoir, surtout en grandissant.

    Cette mentalité n'épouse pas un antichristianisme visant à déchoir l'homme de son piédestal biblique. Pour preuve, la photo du Figaro met en scène une famille désireuse de faire bénir ses chiens à l'Église, comme elle le ferait d'un nourrisson promis au baptême… Ce phénomène montre qu'après le Covid et ses confinements, l'index de la cause animale a grimpé à la bourse des valeurs européennes. Le commerce explose, surtout en ville. Madrid compte aujourd'hui une douzaine de garderies canines ; il n'y en avait aucune en 2015. Pour 7 euros de l'heure, on y socialise les toutous.

    Cette réalité nouvelle fait écho à une récente loi sur le bien-être animal, adoptée fin septembre. Il s'agit de responsabiliser les propriétaires dont le nombre justifie qu'on les éduque. Toute personne souhaitant acquérir un chien doit désormais suivre une formation. On ne peut plus laisser un chien plus de vingt-quatre heures seul, sans surveillance, ni l'enfermer sur un balcon, une terrasse, une cave ou dans une voiture fermée.

    Ces interdits ont quelque chose de paradoxal. Pourquoi en formuler, alors que, selon le philosophe barcelonais Victor Gomez Pin, « on observe une tendance à l'humanisation des animaux de compagnie [et que] de nombreux propriétaires recherchent (…) comment stimuler des liens émotionnels avec leurs animaux » ? En clair, si les maîtres ne veulent à leur bête que du bien, pourquoi insister à ce point sur les situations de maltraitance ?

    Au-delà des maux, il y a les mots. Les militants de la cause animaliste s'attachent à supprimer le rapport de propriété chosifiant l'animal. Le Figaro relève : « On entend parler en Espagne de "guide", voire d'humain, car si l'on parle du chien de Tartempion, on doit pouvoir se référer à l'humain de Rocky. Quant à l'animal, il n'est plus toujours "de compagnie" mais commence à être qualifié de "compagnon animal", plus égalitaire. » Quel sens donner à cette quête d'égalité inter-espèces ? La question ne peut que laisser perplexe, « l'homme [étant] la seule espèce susceptible de revendiquer l'égalité », souligne Victor Gomez Pin. De la même manière, peut-on octroyer des droits aux animaux ? Au sens strict, la chose est compliquée vu qu'il n'y a pas de droits sans devoirs, et qu'en la matière, on ne peut rien attendre ni exiger des animaux.

    Quoi qu'il en soit, ce débat renvoie à un problème plus profond« presque religieux par lequel l'homme rejette sa propre singularité dans un élan nihiliste », ajoute le philosophe interrogé par Le Figaro. Cette thèse est contestable. Humaniser les animaux peut aussi s'entendre comme une manière pour l'homme de se grandir lui-même ou, à tout le moins, de ne pas s'avilir. En 1597, le pape Pie V avait interdit les corridas dans toute la chrétienté, sous peine d'excommunication. L'Église y voyait alors de « sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes », indiquait la bulle De salute gregis que l'on peut traduire par Soucieux du salut de son troupeau, ce dernier mot étant, pour un chrétien, chargé d'un sens commun avec le règne animal.

    Depuis 2021, le code civil reconnaît Outre-Pyrénées « le caractère sensible des animaux ». Maintenant que le chien prend plus d'importance que les enfants, que la loi sur le bien-être animal conditionne davantage les esprits, la cause animaliste peut envisager encore plus sereinement l'étape suivante : la chasse et la corrida, lesquelles sont les principales cibles de son combat.

    Louis Daufresne

    Pour aller plus loin :

    En Espagne, quand les chiens prennent la place des enfants

    >>> Lire l'article sur Le Figaro

  • Les évêques canadiens s’opposent à l’euthanasie et au suicide assisté

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    D'Anne van Merris sur zenit.org :

    Les évêques canadiens s’opposent à l’euthanasie et au suicide assisté

    Déclaration de la Conférence des évêques du Canada ce jeudi 30 novembre (texte intégral)

    La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a fait une déclaration jeudi 30 novembre 2023 sur l’interdiction de pratiquer l’euthanasie et le suicide assisté dans les organismes de santé d’allégeance catholique au Canada.

    Voici en intégralité la déclaration des évêques canadiens :

    « Depuis des générations, les diocèses et les ordres religieux catholiques au Canada apportent une contribution majeure au développement et à la prestation des services de soins de santé dans tout le pays. Le premier hôpital du Canada, l’Hôtel-Dieu de Québec, a été fondé en 1639 par trois religieuses des Augustines de la Miséricorde de Jésus pour offrir des soins médicaux aux colons français et aux populations autochtones de l’époque. Cet hôpital était le tout premier en Amérique du Nord et il fonctionne encore aujourd’hui.

    À l’heure actuelle, il existe 129 fournisseurs catholiques de soins de santé au Canada, qui totalisent près de 20 000 lits de soins de santé. Ces établissements sont soutenus par 19 diocèses et 14 autres organismes catholiques. Ils se trouvent dans 6 provinces et 27 autorités régionales de la santé. Ces établissements catholiques de soins de santé sont de solides partenaires dans un système intégré de soins de santé et sont profondément engagés à honorer la dignité de la personne humaine en fournissant aux patients et patientes qu’ils servent des soins de santé de haute qualité, compatissants et intégrés.

    Malgré la pression exercée sur les établissements de santé catholiques par certains organismes et individus canadiens pour qu’ils pratiquent, ou fournissent par l’intermédiaire d’un tiers, l’Aide médicale à mourir (AMM), c’est-à-dire l’euthanasie ou le suicide assisté, l’Église catholique, qui considère la vie comme sacrée et inviolable, demeure ferme dans son opposition à l’AMM. L’euthanasie et le suicide assisté ont toujours été et seront toujours moralement inacceptables parce qu’ils sont des affronts à la dignité humaine et des violations de la loi naturelle et divine. Assurer des soins de santé catholiques signifie que chaque personne, créée à l’image de Dieu (voir Genèse 1, 26), a une valeur intrinsèque, peu importe ses capacités ou sa santé.

    Pour ces raisons, nous, membres de la Conférence des évêques catholiques du Canada, nous opposons unanimement et sans équivoque à la pratique de l’euthanasie ou du suicide assisté dans les organismes de santé d’allégeance catholique. Nous nous opposons à tout effort déployé par des gouvernements ou d’autres qui vise à forcer ces établissements à pratiquer l’AMM en violation des enseignements catholiques. Toute action contraire trahirait profondément l’identité catholique de ces établissements et ne serait pas conforme aux enseignements moraux de l’Église sur le caractère sacré de la vie et la dignité de la personne humaine.

    Nous continuons de féliciter et de soutenir la position morale adoptée par les établissements catholiques de soins de santé de tout le Canada, qui, conformément aux lignes directrices du Guide d’éthique de la santé de l’Alliance catholique canadienne de la santé ainsi qu’à la liberté de conscience et de religion, ne permet ni l’euthanasie ni le suicide assisté dans leurs établissements. Lorsqu’un patient ou une patiente choisit une option qui ne peut pas être offerte dans l’établissement catholique de soins de santé, ces personnes sont assurées de recevoir leur congé et un transfert de soins sécuritaire et en temps opportun.

    La position catholique sur cette question insiste sur l’offre de soins compatissants et de haute qualité pour tous. Cela signifie que les personnes dont la maladie est incurable devraient avoir un accès facile et immédiat à des soins palliatifs complets. Lorsque les soins palliatifs sont offerts plus souvent et aux premiers stades d’une maladie grave, ils soulagent non seulement la douleur, mais ils répondent également aux besoins existentiels, psychologiques et spirituels des patients et patientes, ainsi qu’à ceux de leurs familles et de leurs soignants et soignantes. Afin de faire connaître les avantages des soins palliatifs, la CECC a élaboré une trousse d’outils en ligne intitulée Horizons d’espérance. Cet outil, composé de quatre modules, peut être utilisé par des individus, des paroisses, des établissements de soins de santé et d’autres institutions, comme une source de formation sur la question.

    Avec la menace que l’AMM devienne accessible aux Canadiens et Canadiennes dont le seul problème de santé est la maladie mentale, nous ne saurions trop insister sur l’importance pour les soins de santé publics d’investir davantage dans les ressources en santé mentale. Cet investissement est absolument essentiel, non seulement en raison de la crise actuelle en santé mentale dont les besoins dépassent largement les ressources, mais parce que cette rareté de soutien accessible, fiable et solide peut également mener au découragement et au désespoir.

    Enfin, notre engagement, en tant que chrétiens et chrétiennes, d’accompagner les malades avec dévouement et amour jusqu’à la mort naturelle est une réponse directe au commandement de Dieu et à l’exemple de Notre-Seigneur : Ne me rejette pas maintenant que j’ai vieilli ; alors que décline ma vigueur, ne m’abandonne pas (Ps 71, 9) ; j’étais malade et vous avez pris soin de moi (Mt 25, 36). Nous continuons de prier pour les malades, pour tous les soignants et soignantes, ainsi que pour les législateurs dont le rôle est de contribuer à façonner une société qui ne nuit ni ne met en danger la vie de ses citoyens et citoyennes. »

  • Le célibat, cœur de l'identité du prêtre selon François

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    De Vatican News :

    Vocation, pastorale, figure du prêtre: les conseils du Pape aux séminaristes français

    Le cardinal Pietro Parolin a transmis le message du Pape aux plus de 700 séminaristes et formateurs de séminaires en France, rassemblés pour la première fois depuis près de dix ans à Paris du 1er au 3 décembre. Le Souverain pontife les exhorte à adopter «un nouveau style pastoral» pour affronter le contexte culturel du pays, où «la figure du prêtre a perdu prestige et autorité». Le Pape les conforte également dans le célibat, «exigence mystique» selon lui.

    «Le Pape rend grâce pour l’appel singulier que le Seigneur vous a adressé, vous ayant choisis parmi tant d’autres, aimés d’un amour privilégié et mis à part ; et il rend grâce aussi pour la réponse courageuse que vous souhaitez donner à cet appel», a d’emblée souligné le Secrétaire d’État du Saint-Siège au nom du Souverain pontife. «C’est en effet un motif d’action de grâce, d’espérance et de joie que de constater que nombre de jeunes –et de moins jeunes– osent encore, avec la générosité et l’audace de la foi, et malgré les temps difficiles que traversent nos Églises et nos sociétés occidentales sécularisées, s’engager à la suite du Seigneur pour son service et celui de leurs frères et sœurs», a-t-il relevé, les remerciant chaleureusement.

    «Merci de donner de la joie et de l’espérance à l’Église de France qui vous attend et qui a besoin de vous». L’Église de France a besoin des séminaristes pour qu’ils soient ce que le prêtre doit être: «Participer à l’autorité par laquelle le Christ édifie, sanctifie et gouverne son Corps» (Presbyterorum ordinis, n. 2).

    Le célibat, cœur de l'identité du prêtre

    Le successeur de Pierre invite les séminaristes français «à enraciner» en leurs âmes «les vérités fondamentales» de la vocation: «Au plus haut point, source et sommet de la vie de l’Église et de sa vie personnelle, le prêtre célèbre la messe où, rendant présent le sacrifice du Christ, il s’offre en union avec Lui sur l’autel et y dépose l’offrande du Peuple de Dieu tout entier et de chacun des fidèles.»

    Au cœur de cette identité se trouve le célibat, rappelle François. «Le prêtre est célibataire -et il veut l’être- parce que Jésus l’était, tout simplement. L’exigence du célibat n’est pas d’abord théologique, mais mystique: comprenne qui pourra!», écrit-il (cf. Mt 19, 12).

    «On entend beaucoup de choses sur les prêtres aujourd’hui, la figure sacerdotale est bien souvent déformée dans certains milieux, relativisée, parfois considérée comme subalterne. Ne vous en effrayez pas trop: personne n’a le pouvoir de changer la nature du sacerdoce et personne ne la changera jamais, même si les modalités de son exercice doivent nécessairement prendre en compte les évolutions de la société actuelle et la condition de grave crise vocationnelle que nous connaissons», poursuit le Saint-Père dans cette missive, constant que l’institution ecclésiale, et avec elle la figure du prêtre, n’est plus reconnue en France.

    Simplicité, douceur, pauvreté comme style pastoral

    «Elle a perdu au yeux du plus grand nombre tout prestige, toute autorité naturelle, et se trouve même malheureusement salie. Il ne faut donc plus compter dessus pour trouver audience auprès des personnes que nous rencontrons», observe le Pape, plaidant ainsi pour «l’adoption d’un style pastoral de proximité, de compassion, d’humilité, de gratuité, de patience, de douceur, de don radical de soi aux autres, de simplicité et de pauvreté». C’est selon lui la seule manière possible de procéder à la nouvelle évangélisation, afin que chacun fasse une rencontre personnelle avec le Christ. En somme, un prêtre qui connaisse l’«odeur de ses brebis» (Messe chrismale, 28 mars 2013) et qui marche avec elles, à leur rythme.

    «De cette manière, le prêtre touchera le cœur de ses fidèles, gagnera leur confiance et leur fera rencontrer le Christ. Cela n’est pas nouveau, bien entendu; d’innombrables saints prêtres ont adopté ce style dans le passé, mais il est devenu aujourd’hui une nécessité sous peine de ne pas être crédible ni entendu», soutient encore le Secrétaire d’État du Saint-Siège au nom du Pape.

    Nourrir une relation personnelle forte avec Jésus

    «Afin de vivre cette exigeante, et parfois rude, perfection sacerdotale, et faire face aux défis et aux tentations que vous rencontrerez sur votre route, il n’y a, chers séminaristes, qu’une solution: nourrir une relation personnelle, forte, vivante et authentique avec Jésus», continue le message. Le Pape rappelle aux séminaristes que seul l’amour du Christ les fera sortir victorieux de toute crise et difficulté.

    «Car si Jésus me suffit je n’ai pas besoin de grandes consolations dans le ministère, ni de grands succès pastoraux, ni de me sentir au centre de réseaux relationnels étendus; si Jésus me suffit je n’ai pas besoin d’affections désordonnées, ni de notoriété, ni d’avoir de grandes responsabilités, ni de faire carrière, ni de briller aux yeux du monde, ni d’être meilleur que les autres; si Jésus me suffit je n’ai pas besoin de grands biens matériels, ni de jouir des séductions du monde, ni de sécurités pour mon avenir. Si au contraire je succombe à l’une de ces tentations ou faiblesses, c’est que Jésus ne me suffit pas et que je manque à l’amour.» 

    Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus comme guide de confiance

    Enfin, l’évêque de Rome recommande aux séminaristes sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, en ce 150ème anniversaire de sa naissance. Elle, docteur en scientia amoris -en science de l'amour- dont ils ont «le privilège de pouvoir lire l’admirable doctrine dans sa langue d’origine». «Elle qui “respira” sans cesse le Nom de Jésus, son “seul amour” (cf. Exhortation apostolique C’est la confiance, n. 8), elle vous guidera sur la voie de la confiance qui vous soutiendra chaque jour et vous fera tenir debout sous le regard du Seigneur lorsqu’Il vous appellera à Lui».

    «Le Pape François vous confie à son intercession et à la protection de Notre Dame de l’Assomption, Patronne de la France, ainsi que tous les membres de vos communautés de séminaires. Il vous accorde de grand cœur la Bénédiction apostolique», a conclu le cardinal Parolin.

  • Gouvernance de l’Église : une subsidiarité hautement sélective ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    Le pape François et la subsidiarité de l’État de droit

    30 novembre 2023

    Il n’y a pas de processus ou de critères établis pour discipliner ou congédier un évêque, a déclaré mardi l’un des plus grands chanoines du Vatican, tout en insistant sur le fait que la décentralisation reste au cœur de l’ecclésiologie de l’Église.

    S’adressant à la presse le 28 novembre, Mgr Juan Ignacio Arrieta, secrétaire du Dicastère des textes législatifs, a également déclaré que la « grande décentralisation » post-conciliaire de l’Église est restée intacte et alignée sur le synode sur la synodalité.

    Mgr Arrieta a cité Vatican II et le droit canonique, alors qu’il répondait à des questions sur les récentes mesures disciplinaires du pape contre un évêque américain, ainsi que sur les tentatives du Vatican de régner à la manière synodale allemande.

    Mais pour de nombreux observateurs de l’Église, il semble y avoir peu de cohérence dans la façon dont le pape François répond aux différentes situations impliquant les évêques.

    Les arguments d’Arrieta seront-ils considérés comme un moyen de répondre aux critiques croissantes des évêques qui, en ignorant ses propres réformes juridiques, considèrent que le style de gouvernance du pape est de plus en plus arbitraire et autocratique ?

    Lors d’une conférence de presse tenue le 28 novembre, Mgr Arrieta a répondu aux questions concernant le congédiement récent de Mgr Joseph Strickland du siège de Tyler, au Texas, et a déclaré qu’il n’y avait « aucun mécanisme officiel pour le congédiement des évêques ».

    Bien qu’il existe un processus canonique formel pour destituer les évêques, a déclaré l’évêque, il n’était nécessaire que dans les cas d’actions criminelles canoniques graves et spécifiques.

    Selon Arrieta, la plupart des cas, y compris sans doute celui de Mgr Strickland, étaient moins clairs : « Parfois, il s’agit d’un acte unique, d’autres, d’une question de conduite » ou d’une « évaluation de la communion ».

    La destitution de Strickland a été annoncée par le Vatican le 11 novembre. Bien qu’aucune raison n’ait été donnée pour la décision, il est venu deux mois, jour pour jour, Le Pilier a rapporté que des cardinaux de haut rang avaient recommandé au pape François que Strickland soit contraint de démissionner de la direction de son siège après une visite apostolique dans le diocèse de Tyler plus tôt cette année.

    Alors que des sources proches de l’enquête ont noté des questions sur l’administration du diocèse par Strickland, l’évêque avait également fait une série de déclarations publiques semblant contester l’orthodoxie du pape.

    Dans un billet de mai, l’évêque a déclaré qu’il croyait « qu’il était temps pour moi de dire que je rejetais le programme [du pape François] de saper le Dépôt de la foi ».

    Pour de nombreux canonistes, les déclarations publiques de Strickland semblaient présenter une possible affaire pénale canonique, puisque le Code de droit canonique criminalise « une personne qui incite publiquement à la haine ou à l’animosité contre le Siège apostolique… à cause d’un acte de fonction ou de devoir ecclésiastique, ou qui provoque la désobéissance contre eux. »

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  • Synode sur la synodalité : nouveau printemps ou boîte de Pandore ? L'analyse d'Edward Pentin

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    D'Edward Pentin sur son blog :

    Synode sur la synodalité : Un nouveau printemps ou la boîte de Pandore ?

    27 novembre 2023

    Société de la messe latine d'Arlington

    8 novembre 2023

    Edward Pentin

    Par où commencer ? Une fois de plus, nous avons eu un mois à Rome avec beaucoup d'acrimonie et de contestation, beaucoup de chaleur et, selon la personne à qui vous parlez, pas beaucoup de lumière.

    Attendue avec impatience par certains, redoutée par d'autres, la première assemblée du Synode sur la synodalité sur le thème "Pour une Église synodale : Communion, Participation, Mission", est terminée.

    Elle s'est déroulée du 4 au 29 octobre à huis clos, selon les règles de Chatham House, et donc effectivement en secret, avec des parties soigneusement sélectionnées partagées avec les médias. Elle s'est achevée par un long rapport de synthèse de 42 pages, rédigé comme par magie en l'espace de trois jours, dans lequel chaque paragraphe, après amendements, a été adopté à la majorité des deux tiers ou plus.

    L'assemblée a été marquée par la controverse avant même d'avoir commencé. On s'interrogeait sur sa légitimité en tant que synode d'évêques - questions qui n'ont pas encore trouvé de réponse adéquate - étant donné que près d'un cinquième des votes provenaient, pour la première fois, de laïcs, dont beaucoup avaient des perspectives nettement modernistes et hétérodoxes.

    L'instrumentum laboris du synode, ou document de travail, a donné une idée assez précise de ce que les responsables avaient à l'esprit en matière de synodalité. Le synode lui-même, qui a débuté en 2021 et s'achèvera en octobre prochain, a été présenté comme une occasion pour l'Église catholique de réfléchir à sa propre vie et à sa mission à la suite de consultations avec le "peuple de Dieu" au niveau diocésain, national et continental.

    L'objectif général de la synodalité, nous a-t-on dit, est de favoriser une Église plus inclusive, participative et missionnaire, une chance d'écouter, de marcher ensemble en tant que peuple de Dieu et d'accueillir les voix qui se sont historiquement senties marginalisées par l'Église et, en fait, rejetées par l'enseignement de l'Église.

    Mais pour ses détracteurs, le processus synodal est apparu comme une simple couverture pour introduire l'hétérodoxie dans l'Église, qu'il s'agisse de la normalisation de l'homosexualité, des femmes diacres, d'un changement radical dans la gouvernance de l'Église et d'autres questions qui ont longtemps été privilégiées par les dissidents mais toujours bloquées par les pontificats précédents. Le défunt cardinal George Pell a qualifié l'instrumentum laboris d'"effusion de bonne volonté du Nouvel Âge", assortie de déclarations bienveillantes qui plaisent au monde entier.

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  • Comment la Cour européenne des droits de l’homme est en train de construire un droit à mourir

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    De Gregor Puppinck sur gènéthique.org :

    « Comment la Cour européenne des droits de l’homme est en train de construire un droit à mourir »

    28 novembre 2023

    Alors que la Cour européenne des droits de l’homme s’apprête à juger, le 28 novembre, une affaire concernant l’euthanasie, Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), estime que l’institution européenne cherche à affirmer de nouveaux droits, aux dépens du bien commun.

    Oserais-je l’écrire ? Il y a dix ans, un ancien juriste de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) m’a montré une feuille de papier présentant les étapes passées de la jurisprudence de cette Cour en matière d’euthanasie. Figuraient aussi sur cette feuille des étapes futures conduisant à la reconnaissance progressive, jugement après jugement, d’un droit de l’homme à la mort volontaire, c’est-à-dire au suicide assisté et à l’euthanasie. Chaque étape, passée et future, de la construction de ce « droit » était clairement indiquée sur une « timeline ». Bien sûr, seules les étapes passées étaient associées à des références jurisprudentielles. Il s’agissait visiblement d’un document juridique stratégique. Bien que présenté comme authentique, je ne peux aucunement l’affirmer, ni le prouver, et mon informateur ne m’a pas permis d’en faire une copie.

    Quoi qu’il en soit, ce document m’a stupéfié, si bien que j’entrepris d’en vérifier l’exactitude. Cela aboutit à la publication d’une étude qui constatait effectivement, et exposait, comment la CEDH construit pas à pas un droit à la mort volontaire. Cette étude décrivait une construction jurisprudentielle ingénieuse, qui, à coups de citations ambiguës, érige sur le vide un « droit » non seulement absent de la Convention européenne des droits de l’homme, mais aussi contraire à sa lettre et à l’intention de ses rédacteurs. En effet, adoptée peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, la Convention européenne des droits de l’homme pose clairement, en son article 2, le principe suivant lequel « la mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement ». Elle ne prévoit aucune exception en cas de consentement de la personne tuée (cf. « Exception d’euthanasie » : « un concept virtuel » pour « entrouvrir la porte »).

    Pourtant, ce principe fondamental n’a pas empêché la Cour de construire un tel droit à recevoir la mort, par glissements successifs. Pour ce faire, elle a déplacé la question de la mort volontaire du terrain de l’article 2 sur celui du fameux article 8 de la Convention. Celui-ci, initialement conçu pour protéger la vie privée et familiale, est interprété de façon extensive par la Cour pour affirmer de nouveaux droits ou pour empêcher l’expulsion d’étrangers. La méthode est simple : il suffit à la Cour de faire entrer une situation ou une pratique dans le champ d’application de la vie privée ou familiale pour obliger les Etats à justifier leurs législations et décisions restrictives en la matière. Dénonçant cette attitude de la Cour, l’ancien juge Küris en vint à écrire que l’article 8 s’était transformé en « article ∞ », tant sa portée est devenue infinie.

    Une conception individuelle et relative de la dignité

    Dans un premier temps, la Cour européenne s’est prononcée sur une série de requêtes introduites par des personnes demandant le droit de mourir. Dans ces affaires Pretty, Haas, Koch, Gross jugées entre 2002 et 2013, les requérants étaient malades, handicapés ou simplement lassés de vivre. La Cour a alors jugé que cette demande de mourir trouvait un fondement dans l’article 8 de la Convention, et que les Etats devaient justifier au cas par cas leurs refus de fournir des poisons aux requérants ; l’article 2 les obligeant seulement à limiter les risques d’abus, afin d’empêcher un individu « de mettre fin à ses jours si sa décision n’intervient pas librement et en toute connaissance de cause ».

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  • Lorsque les médecins s'imaginent être des divinités

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    De George Weigel sur First Things :

    QUAND LES DOCTEURS JOUENT LES DIVINITÉS

    29 novembre 23

    Le Dieu de la Bible ayant largement disparu de la conscience publique en Grande-Bretagne, ce qui se rapproche le plus d'une divinité de remplacement est le Service national de santé britannique. Créé après la Seconde Guerre mondiale, le NHS a fait l'objet d'une affection intense pendant des décennies et, pas plus tard que cette année, 72 % des Britanniques interrogés ont déclaré que le NHS était "crucial" pour leur société. Cette dévotion obsessionnelle et souvent mièvre à un faux dieu a rendu une réforme globale du NHS - ou mieux, son remplacement - pratiquement impossible. Or, le NHS a désespérément besoin d'être réformé ou remplacé. 

    À quel point ? Un article paru le 13 juillet dans le New England Journal of Medicine raconte la triste histoire : 

    Pendant une bonne partie des mois de décembre 2022 et janvier 2023, les médias ont montré des ambulances faisant la queue devant les hôpitaux, incapables de remettre leurs patients ; des patients allongés chez eux avec des hanches fracturées, non pris en charge par les ambulances ; des temps d'attente de plus de 12 heures dans les services d'urgence ; et des couloirs d'hôpitaux bondés de patients incapables d'être admis. Le Collège royal de médecine d'urgence a estimé en décembre que 300 à 500 personnes mouraient chaque semaine à cause de ces retards. Les ambulanciers et les infirmières ont organisé leurs premières grèves en 30 ans pour réclamer des salaires et des conditions de travail. À la mi-mars, à la mi-avril et à la mi-juin, les médecins débutants ont organisé des grèves de trois ou quatre jours, et les médecins confirmés ont prévu des actions similaires. Des centaines de milliers d'opérations et de rendez-vous ont été annulés. 
    Dans le contexte de cette crise aiguë, les listes d'attente pour les consultations de spécialistes se sont allongées et dépassent aujourd'hui les 7 millions de patients (dans un pays de 66 millions d'habitants)....  

    Et comme si ce dysfonctionnement flagrant ne suffisait pas, le fait d'être l'objet d'un culte déplacé de la part du public britannique semble avoir convaincu les médecins du NHS qu'ils sont, en fait, Dieu.  

    Indi Gregory est née le 24 février mais a rapidement éprouvé des difficultés à respirer ; elle a ensuite commencé à souffrir de crises d'épilepsie prolongées. Le bébé est né avec un trou dans le cœur et a dû subir des interventions chirurgicales pour drainer le liquide de ses intestins et de son crâne. Deux mois plus tard, un test génétique a révélé que l'enfant souffrait d'une maladie mitochondriale rare et dégénérative, et on lui a posé un tube respiratoire. Ses parents ont déclaré que leur fille leur répondait même dans ces conditions sévères et que "dans ses bons jours, elle babille, fait des bruits, bouge tous ses membres". 

    Néanmoins, lorsqu'Indi a eu six mois, ses médecins ont décidé qu'ils devaient s'abstenir de tout traitement "invasif" supplémentaire. Les parents d'Indi n'étant pas d'accord, l'hôpital a saisi les tribunaux, où les médecins ont ensuite modifié leur requête et demandé l'autorisation de supprimer les soins intensifs, affirmant qu'il serait plus gentil de la laisser mourir. Les parents ont poursuivi leur bataille juridique ; l'hôpital pédiatrique Bambino Gesù de Rome a proposé d'accepter Indi comme patiente, tandis que le gouvernement italien lui a donné la nationalité italienne et a déclaré qu'il couvrirait tous les frais ; mais le juge a décidé qu'un déménagement à Rome n'était pas dans l'intérêt supérieur de l'enfant. Les parents ont alors demandé qu'Indi soit autorisée à mourir à la maison, mais, probablement sur les conseils des médecins, le juge n'a pas voulu en entendre parler non plus. Le 13 novembre, Indi est donc décédée dans un hospice, dans les bras de sa mère, après que le maintien en vie lui a été retiré.  

    Indi avait été baptisée le 22 septembre et, à travers cette histoire tragique, la foi chrétienne est entrée dans sa famille. Nous pouvons lui en être reconnaissants. Mais pas pour les médecins autoritaires ni pour les tribunaux qui ont pris le parti des médecins plutôt que celui des parents.  

    Il y a sans doute des circonstances où des parents épuisés et désemparés ne peuvent pas faire face à la réalité d'une situation médicale en phase terminale, mais il ne semble pas que ce soit le cas ici. La Grande-Bretagne n'a pas (encore) adopté l'euthanasie ou le suicide médicalement assisté. Mais le personnel du Service national de santé semble croire que certains de ses patients ont le devoir de mourir et que, si leurs proches refusent de coopérer, les médecins et la loi prendront le contrôle de la situation et veilleront à ce que le devoir de mourir soit respecté. C'est ainsi que le statut divin du NHS s'exprime à travers son personnel médical. 

    Je suis l'intrus dans une famille de médecins : mon grand-père maternel était médecin, ma mère était technicienne médicale, mon frère est médecin, ma fille est médecin, mon défunt gendre était médecin et j'ai aujourd'hui un gendre médecin. Ne remettez donc pas en cause l'estime que je porte à la profession médicale. Mais lorsque les médecins s'imaginent être des divinités qui savent de facto "ce qui est le mieux" dans ces cas néo-natals difficiles, l'éthique de l'ancien serment d'Hippocrate semble s'effondrer, car les médecins divinisés revendiquent une autorité qui appartient normalement aux parents - et le font au nom d'une compassion pseudo-divine.   

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État, vrai candidat de la gauche bergoglienne ?

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    Le cardinal Parolin en embuscade

    29 novembre 2023

    Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État, vrai candidat de la gauche bergoglienne[1] ? Il faut se souvenir qu’en 2013, les cardinaux qui s’auto-désignaient sous l’appellation de « Groupe de Saint-Gall » et qui ont porté au pouvoir Jorge Bergoglio, usèrent d’une manœuvre consistant à mettre en avant le nom du cardinal Scherer, archevêque de São Paulo, pour faire avancer plus efficacement leur véritable papable, l’archevêque de Buenos Aires. De même aujourd’hui, derrière le cardinal Tagle, philippin, 66 ans, préfet du Dicastère pour l’Évangélisation, mais dépressif et assez insignifiant, ou encore derrière le cardinal Hollerich, 65 ans, jésuite, archevêque de Luxembourg, rapporteur du Synode des Évêques pour une Église synodale, mais trop bruyamment hétérodoxe, serait en réalité le cardinal Parolin.

    L’héritier du cardinal Silvestrini

    Ordonné en 1980 pour le diocèse de Vicence, en Vénétie, il entra dès 1986 dans les services diplomatiques du Saint-Siège alors que le cardinal Casaroli était Secrétaire d’État, Achille Silvestrini, Secrétaire des relations avec les États (l’équivalent d’un ministre des Affaires Étrangères), et chef de file, durant des décennies, de la Rome libérale. Grand travailleur, Pietro Parolin a acquis d’emblée, sous la direction de son mentor Silvestrini, une grande connaissance de la Curie au plus haut niveau, en même temps que des chancelleries du monde. Il servit dans diverses nonciatures, puis revint à Rome en 1992, le cardinal Sodano étant devenu Secrétaire d’État. Il fut nommé Sous-Secrétaire pour les relations avec les États, sous Jean-Louis Tauran, qui avait succédé à son patron Silvestrini, et se signala par son savoir-faire dans des tractations délicates (Mexique, Vietnam). Mais le cardinal Bertone devenu Secrétaire d’État de Benoît XVI le disgracia et le remplaça par l’un de ses fidèles, Ettore Balestero. Il fut expédié dans la plus difficile des nonciatures, celle du Venezuela d’Hugo Chavez. C’est d’ailleurs un prélat vénézuélien très discuté, Mgr Edgar Peña Parra, devenu très proche du pape, qui deviendra son premier collaborateur comme Substitut pour les Affaires générales, en 2018, en remplacement de Giovanni Becciu devenu cardinal et Préfet pour la Cause des Saints.

    On dit que l’attitude habile de Pietro Parolin à Caracas, face à Hugo Chavez, fut très appréciée par le cardinal Bergoglio, archevêque de Buenos Aires. Devenu pape, il se laissa facilement convaincre par les cardinaux Silvestrini et Tauran d’appeler, en août 2013, ce diplomate chevronné et de sensibilité libérale, pour remplacer celui qui l’avait exilé, le cardinal Bertone. L’expérience de Parolin en Amérique latine semblait précieuse au pape dont la bête noire – péronisme oblige – était les États-Unis et leur Église largement conservatrice. Cruelle fut pour le pape et son Secrétaire d’État l’élection de Trump en 2016, et plus cruelle encore l’élection récente du Trump argentin, Javier Milei, auquel il est arrivé de traiter François de « démon ».

    Car si l’élection de Jorge Bergoglio au souverain pontificat était apparue comme ouvrant une ère nouvelle, elle représentait en fait le retour d’un monde ancien après une longue période de « restauration » wojtylo-ratzinguérienne. Pietro Parolin, fils spirituel du cardinal Silvestrini, admirateur de l’Ostpolitik du cardinal Casaroli, était l’homme de ce retour aux vieilles lunes.

    L’aiguille dans la chair de Parolin : l’accord avec la Chine

    Précisément, le gros handicap de Parolin est le désastreux accord du Saint-Siège avec la Chine. Bien plus professionnel que son prédécesseur Bertone, Parolin a cependant stupéfié le monde par l’irénisme de l’accord qu’il a passé avec la République populaire de Chine, le 22 septembre 2018, et dont les termes sont secrets.

    Il faut dire que la situation du catholicisme chinois est suprêmement complexe : opposition farouche de l’héroïque Église clandestine vis-à-vis de l’Église contrôlée par le pouvoir ; mais au sein de cette dernière, les lignes sont souvent brouillées. Déjà sous Jean-Paul II, bien que nommés par l’Association patriotique, un certain nombre d’évêques, demandaient en secret leur reconnaissance par Rome.

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  • Italie / Enzo Bianchi : « Le pape François est isolé. Sur les réseaux sociaux, l'aile traditionaliste de l'Église est beaucoup plus vivante"

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    Une interview (Giampiero Rossi, Corriere della Sera) d’Enzo Bianchi (fondateur agité de la communauté monastique œcuménique marginale remarquée de Bose, dans le nord de l’Italie) au « Corriere della Sera », reproduite par le site web « Sismografo »:

    Le moine et théologien : « Il y a un hiatus entre le pontife prophétique et son peuple. Je ne crois pas que nous nous dirigeons vers un schisme, mais je crains que l'Église ne glisse vers une perte dangereuse"

    « Le pape François est isolé, l'Église ne risque pas un schisme mais une perte dangereuse». Enzo Bianchi - moine de quatre-vingts ans, théologien, érudit de l'Église, fondateur de la communauté de Bose - ne cherche pas de tournures pompeuses pour dire ce qu'il pense. Il ne se réfugie pas dans les équilibristes, même lorsqu'il parle du pontife avec lequel il a eu un conflit ouvert dans un passé récent : il le critique et le défend sans réserve. Mais sa pensée principale, explique-t-il, est l’Église, son avenir dans un monde en rapide évolution.Son dernier livre, « Où va l’Église ? » est dédié à cela. (éditions San Paolo) qui sera présenté le jeudi 30 novembre à 18h au Centre Ambrosianeum (via delle Ore 3) en compagnie de Ferruccio de Bortoli et Don Antonio Rizzolo.

    Enzo Bianchi, la question est obligatoire. Où va l’Église ?

    « L'Église marche vers Jésus-Christ, vers le Royaume. Ou du moins c'est sa vocation, sa mission."

    Toutefois…?

    "Mais ces dernières décennies, elle s'est mise au centre, on parle trop de l'Église et moins de Jésus-Christ et de l'Évangile."

    Quand cette attitude a-t-elle commencé, à votre avis ?

    « Avec le Concile Vatican II, nous sommes arrivés à une réforme de l'Église pour apporter l'Évangile au monde, mais nous nous sommes ensuite fortement concentrés sur les activités mêmes de l'Église, qui s'est toujours positionnée comme maîtresse de l'histoire, estimant que tout dépendait sur elle-même, oubliant le choix de spoliation que le Christ lui-même a fait de sa condition de fils de Dieu. Ici, plutôt que d'avoir la prétention de devoir et de pouvoir tout dire sur tout et sur tout, d'être maître et guide des hommes, la L'Église devrait recommencer à se déshabiller et à marcher aux côtés des hommes, avec compassion et humilité, pour offrir à chacun le grand espoir de la résurrection. »

    Ne pensez-vous pas que depuis le pape Luciani, de nombreux gestes et pas ont été faits dans ce sens ?

    « Je les ai tous connus de près et je peux dire que oui, Jean-Paul Ier a commis des gestes de spoliation, qui étaient alors complètement absents dans le pontificat ultérieur et aussi dans celui de Ratzinger, qui n'avait pas suffisamment de force ni au sein de l'Église ni envers le peuple de Dieu, donc François a eu du courage et de la détermination, mais il faut dire une vérité que personne ne veut dire ouvertement...".

    Qui est?

    « François est isolé, mis à part ses plus proches, il n'est pas suivi par les cardinaux, les évêques, les prêtres et le peuple de Dieu lui-même semble sourd à sa proposition synodale, ils laissent tout passer presque dans l'indifférence. Et donc nous nous trouvons dans cette sorte de hiatus, entre un Pontife prophétique et son peuple, et cela m'inquiète beaucoup car dans la communication via les réseaux sociaux, l'aile traditionaliste est beaucoup plus vivante.

    Vous défendez donc la route tracée par le pape Bergoglio, même si vous avez eu des désaccords assez ouverts et durs avec lui ?

    « J'ai critiqué tout le monde, je n'ai jamais été enclin à idolâtrer un quelconque pape, mais maintenant je vois une situation très difficile. Je ne crois pas que nous nous dirigeons vers un schisme, mais je crains que l'Église ne glisse vers une perte dangereuse. »

    Mais n’existe-t-il pas déjà un conclave construit pour donner une continuité future au chemin indiqué par ce pape ?

    « Mais non, ce n'est pas du tout vrai que François a créé un conclave à son image, il a aussi nommé des cardinaux ennuyeux et traditionalistes, donc le risque pour l'avenir est justement que pour maintenir l'équilibre entre les différentes âmes, le conclave finit par choisir un père ennuyeux. On a vu d'ailleurs comment, à la même époque, il a été choisi de béatifier en même temps Jean XXII et Pie IX : un coup au cercle et un coup au tonneau."

    En parlant de cardinaux, ici à Milan, quelqu'un soulève cycliquement la question de l'échec de la nomination de l'archevêque Mario Delpini. Qu'en penses-tu?

    « Francis ne choisit pas les grandes villes, les grands personnages, mais suit plutôt une logique suburbaine. Il suffit de penser à la nomination de l'évêque de Mongolie, à l'extrême périphérie du monde et qui compte plus ou moins trois mille fidèles. Parce qu’il veut dire que même le petit, même le petit, compte. Et ce n’est pas un choix politique, mais évangélique. Autrement, il aurait fait de tout son peuple des cardinaux. » 

    Un autre sujet très sensible dans le diocèse ambrosien et dans toute l’Église est le déclin des vocations. Dans le livre, il en parle également, mais inverse le point de départ.

    «Bien sûr, car avant de s'interroger sur la crise des vocations, il faut s'interroger sur la crise de la foi. Et je reviens au point de départ : l'Église, trop concentrée sur ses propres activités - toutes belles et précieuses, toujours aussi nombreuses en deux mille ans d'histoire - a perdu de vue son message fondamental et extraordinaire : l'espérance que la mort ne soit pas le dernier mot, car avec le Christ il y a la résurrection. Revenons en arrière et disons ceci à l'humanité. »

    Bref, selon l’adage bien connu, un « pur » trouve toujours un plus pur qui l’épure…

  • Les préoccupations immobilières du pape

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    Du Sismografo :

    30 novembre 2023

    François : un pape soucieux de l'immobilier

    (L.B., R.C., par la rédaction de "Il sismografo")

    La nouvelle de la sanction du pape à l'encontre du cardinal américain Raymond Leo Burke a été confirmée par le pontife lui-même dans une brève note adressée le 28 novembre à son biographe Austen Ivereigh. Désireux de corriger certains articles de presse, François a écrit : "J'ai simplement annoncé le fait lors de la réunion des chefs de dicastère [le 21 novembre] sans donner d'explications spécifiques". Le Saint-Père nie également avoir utilisé l'expression "mon ennemi" en référence au cardinal. D'autre part, il ne semble pas que François ait dit que Mgr Burke était un ecclésiastique "qui sème la discorde", comme l'a rapporté la presse. À ce stade, ce qui a été dit est essentiellement vrai et il n'y a pas grand-chose à nier : le souverain pontife va retirer au cardinal Raymond Leo Burke, qui a fêté ses 75 ans en juin dernier, son appartement de fonction dans la Via Rusticucci à Rome et son salaire, qui est d'ailleurs une pension.

    Une aversion réciproque

    Les relations entre Burke et Bergoglio ont toujours été tendues. Les raisons de cette aversion mutuelle sont inconnues. Certains observateurs font remonter cette aversion à une époque lointaine. Raymond Burke est cardinal depuis 2010 et Jorge Mario Bergoglio depuis 2001, ils se sont donc rencontrés à plusieurs reprises. Le pape, personnalité forte et susceptible, a contre-attaqué Burke à plusieurs reprises, au point de l'accuser d'être no-vax (ce qui est faux) et de sourire avec sarcasme lorsque le cardinal a été frappé par Covid19 : "Même dans le Collège des cardinaux, il y a des 'négationnistes' et l'un d'entre eux, le pauvre, est hospitalisé avec le virus. Bah, ironie de la vie..." a déclaré un pape sans pitié lors d'une conférence de presse à son retour d'un voyage en Hongrie. (15 septembre 2021)

    Icônes médiatiques : le progressiste réformateur contre l'indietriste conservateur

    On sait donc qu'il y a toujours eu une inimitié totale et sans limite entre les deux, et pas seulement pour des raisons doctrinales ou pastorales, comme nous l'avons vu ces dernières années sur différents sujets. Il s'agit également d'un différend de nature personnelle, d'un rejet mutuel. Il n'en fallait pas plus pour faire de l'un et de l'autre des icônes opposées : celle d'un pape progressiste et réformateur, et celle d'un prêtre américain conservateur, "indietriste", rigide et préconciliaire (le cardinal Burke).

    Le pape Bergoglio sait qu'il a de nombreux ennemis et, à cet égard, il ne se laisse pas distraire. Il répond coup par coup. C'est son style et sa méthode, depuis qu'il est jeune séminariste. La plupart des problèmes du pape Bergoglio au sein de la Compagnie de Jésus découlent de plusieurs controverses de ce type. Avec un style différent et des manières plus cossues, le cardinal Burke répond sans rien épargner, ce qu'il faisait déjà lorsqu'il était évêque de Saint Louis (Missouri-USA).
    Il est maintenant confirmé, selon les termes mêmes du Pontife, que le Saint-Père a décidé de retirer au cardinal Raymond Leo Burke son salaire et sa pension (5-6 000 euros au total, avec les avantages sociaux) ainsi que l'appartement du Vatican dans lequel il réside en tant qu'ancien cardinal collaborateur du Pontife, un "privilège" dont jouissent de nombreux autres cardinaux au sujet desquels le Pontife n'a pas annoncé de mesures similaires. 

    Pour la énième fois en plus de dix ans, nous en revenons au conflit entre le pape et Burke ou entre Burke et Bergoglio. Pourquoi ce conflit éclate-t-il après tant d'années ? Qu'y a-t-il de nouveau ?  

    Les parties - pape et cardinal - ont-elles la moindre conscience du moment délicat que vit l'Église dans le monde ? Cette conduite est-elle une manière d'évangéliser, de répandre le bien, de témoigner de la miséricorde et de la correction fraternelle ?

    Le patrimoine du Vatican

    Depuis le début de son pontificat, et en particulier depuis que François a découvert le patrimoine immobilier du Saint-Siège au Vatican, en Italie et à l'étranger, il a consacré beaucoup d'attention à cette question, notamment parce qu'il estimait que ce patrimoine avait été une gigantesque source de corruption pendant des décennies. Dans ce domaine, le Saint-Père a introduit plusieurs nouvelles lois et règles.

    L'attribution de logements au sein du Vatican devint une obsession pour le pape, et dans de nombreux cas de licenciement ou de cessation de service, il s'occupa toujours personnellement d'obtenir pour les désormais anciens employés - dont certains étaient très importants - l'injonction appropriée de libérer rapidement le logement.

    Le cas le plus connu, parce qu'il a été rendu public, est celui de Mgr Georg Gaenswein.

    La délicatesse immobilière du pontife

    L'"appartement" est l'un des éléments qui entrent dans les discussions sur les grandes nominations, un privilège que le Pape sait très bien manipuler. Le dernier cas en date est celui du Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, le Card. Manuel Fernández, qui a plus d'une fois parlé de son appartement dans les murs du Vatican comme d'un "cadeau" extraordinaire. Dans une note publiée sur Facebook après sa nomination, le préfet V.M. Fernández a écrit quelque chose de surprenant : "Ces jours-ci, alors que j'étais à Rome, le pape lui-même a pris soin de me chercher un endroit où vivre à l'intérieur du Vatican, avec des plantes et une vue sur la verdure, parce qu'il sait que je viens de la campagne et que j'ai besoin de cela. Regardez sa délicatesse. C'est pour cela que c'est un plaisir de travailler près de lui et de l'accompagner de plus près".

    Le cardinal Becciu

    Il convient de rappeler que le 23 septembre 2020, lorsque le pape a demandé au cardinal Angelo Becciu de présenter sa démission, il lui a dit - pour transmettre un geste miséricordieux de sa part - que la suspension des droits et des prérogatives n'incluait pas le logement et qu'il pouvait donc continuer à vivre dans le palais de l'ancien Saint-Office, où, au cours de ces trois années de procès, le pape s'est rendu avec une certaine fréquence inhabituelle pour rencontrer le cardinal qui connaîtra son sort dans deux ou trois semaines avec la sentence du procès douteux ; un procès voulu par le pape François lui-même qui, a-t-il dit, a personnellement signé la plainte contre le cardinal.