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Bioéthique

  • « La bioéthique a oublié l’éthique », déclare le président de la Fondation Lejeune

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    D'Edgar Beltran sur The Pillar :

    « La bioéthique a oublié l’éthique », déclare le président de la Fondation Lejeune

    « Nous avons des comités de bioéthique pour lesquels la seule question est : la loi le permettra-t-elle ? »

    Jean-Marie Le Mene à la troisième Conférence internationale de bioéthique, le 31 mai 2025. Crédit : Iván W. Jaques/Fondation Jérôme Lejeune.

    Le pape a appelé les participants à « privilégier des approches de la science toujours authentiquement plus humaines et respectueuses de l’intégrité de la personne » et à « persévérer dans l’étude et l’application des connaissances scientifiques au service de la vérité et du bien commun ».

    Après la conférence, Le Pillar s'est entretenu avec le président de la Fondation Jérôme Lejeune, Jean-Marie Le Méné, sur la bioéthique, le Vénérable Jérôme Lejeune et l'Académie Pontificale pour la Vie.

    Le Méné est président de la Fondation Jérôme Lejeune depuis 1996 et est devenu membre de l'Académie pontificale pour la vie en 2009.

    Pensez-vous que la bioéthique contemporaine reflète les vérités les plus profondes de l'existence humaine ? Quel devrait être le fondement anthropologique de la bioéthique 

    La bioéthique est née après la Seconde Guerre mondiale d’une intuition juste à l’époque, visant à voir comment la morale pouvait s’appliquer à des situations découlant de nouvelles technologies, comme la bombe atomique.

    Mais aujourd'hui la bioéthique a oublié que dans la bioéthique il y a « bio » et « éthique », on a surtout oublié l'éthique.

    Au moins dans les pays développés, nous avons des comités de bioéthique où la seule question est : la loi le permettra-t-elle ou non ? Mais à aucun moment nous ne nous demandons vraiment si c’est bien ou mal. La bioéthique ne répond plus à cette question.

    Il existe des comités d'éthique dans les hôpitaux, par exemple, pour évaluer si un traitement, un protocole ou une intervention chirurgicale est bénéfique ou néfaste pour le patient. C'est bien, mais au niveau macro, nous appliquons la loi et constatons simplement qu'une majorité de personnes souhaitent la procréation médicalement assistée ou l'euthanasie. Nous votons donc pour, et le comité d'éthique donne son accord.

    Et en 1984, lorsque ces comités sont devenus à la mode, le docteur Lejeune a joué sur les mots en parlant d’« éthique étatique », signifiant que l’éthique était conduite par l’État et non par la conscience.

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  • GPA : qu’en est-il des enfants nés grâce à cette technique ? Quelles traces en gardent-ils ? Et les femmes enceintes ?

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    De

    Où es-tu, Maman?

    2 juin 2025

    Dans les nouvelles sur les naissances par GPA (Gestation Pour Autrui), le discours se centre souvent sur le désir d’enfant, surtout s’il s’agit de célébrités (…). Mais qu’en est-il des enfants nés grâce à cette technique ? Quelles traces en gardent-ils ? Et les femmes enceintes ?

    La militante et avocate française Olivia Maurel vient de publier « Où es-tu, Maman ? » (Editions du Rocher), un livre dans lequel elle raconte son histoire à la première personne (…). Il y a trois ans, grâce à un test génétique, Olivia a découvert ce qu’elle soupçonnait depuis longtemps : sa mère n’était pas sa mère biologique, car elle était née par GPA traditionnelle. Cette révélation lui a permis de connaître son identité et de se réconcilier avec son passé. Aujourd’hui, elle n’hésite pas à parler du syndrome d’abandon et d’autres troubles qui l’ont toujours accompagnée.

    Olivia est désormais porte-parole de la Déclaration de Casablanca, une initiative internationale qui rassemble un groupe d’experts plaidant pour l’abolition universelle de la GPA. Le 8 avril, elle a rencontré le Bureau permanent de la Conférence de La Haye. Son message est clair : tant que la GPA existera, des milliers d’enfants se retrouveront dans une situation de vulnérabilité.

    – La publication de votre livre a fait la une en France. Qu’est-ce que l’écriture de ce livre a représenté pour vous : rouvrir des blessures ou les guérir ?

    Écrire ce livre a été un processus intense, mélange de catharsis et de confrontation. D’une part, cela a signifié rouvrir certaines blessures, revisiter des souvenirs parfois douloureux. Mais en même temps, mettre des mots sur ces expériences m’a permis de leur donner un sens, de les apprivoiser et, d’une certaine manière, de les surmonter. Ce fut à la fois un acte de vulnérabilité et de résilience.

    – Je ne sais pas si vous vous doutiez que votre histoire personnelle allait devenir une cause mondiale : pourquoi avoir décidé de la rendre publique ?

    Honnêtement, je ne pensais pas que mon histoire prendrait une telle ampleur. Au départ, mon approche était avant tout personnelle : j’avais besoin de mettre des mots sur ce que j’avais vécu, de donner un sens à mon parcours. Mais très vite, j’ai réalisé que mon histoire trouvait un écho bien au-delà de ma propre expérience. J’ai reçu des témoignages de personnes qui se reconnaissaient en moi, qui trouvaient du courage dans mon histoire. Cela m’a convaincue que la rendre publique n’était pas seulement un acte personnel, mais aussi un moyen de changer les mentalités et d’ouvrir un dialogue nécessaire.

    – Depuis lors, vous êtes devenue la porte-parole de la Déclaration de Casablanca, vous avez écrit un livre, vous avez rencontré une partie de votre famille biologique, vous avez voyagé dans de nombreux pays ; mais vous avez également rompu toute relation avec vos parents et vous avez été critiquée pour vos déclarations contre ce marché qui brasse des milliards chaque année. Cela valait-il la peine de vous engager dans la voie du militantisme ?

    C’est une question que je me suis souvent posée. Le militantisme est un chemin exigeant et souvent douloureux, et les conséquences personnelles ne sont pas négligeables. Perdre ses liens familiaux et s’exposer aux critiques et aux attaques est un prix très élevé à payer. Mais quand je vois l’impact de mon engagement, les débats qu’il a suscités, les personnes qui se sentent enfin écoutées et soutenues, je sais que cela en vaut la peine. Si je devais recommencer, oui, je prendrais la même décision. Car le silence ne protège personne, et dénoncer une injustice, aussi puissante soit-elle, est une nécessité. Ce combat va au-delà de ma propre histoire. Il s’agit de donner la parole à ceux qui n’en ont pas.

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  • Cardinal Eijk : « Voici les trois vérités sur l'homme qui permettent de vaincre la culture de la mort ».

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    D'Andrea Gagliarducci sur ACIStampa :

    Cardinal Eijk : « Voici les trois vérités sur l'homme qui permettent de vaincre la culture de la mort ».

    L'archevêque d'Utrecht, médecin et expert en bioéthique, explique comment le catholicisme peut venir à bout de la culture de la mort.

    2 juin 2025

    Il existe trois lignes directrices pour que la métaphysique et la philosophie chrétiennes puissent vaincre la vision séculière du monde, en particulier en termes de bioéthique. La première est une forte opposition au scientisme actuel et établit que l'homme peut être capable de définir et de penser la métaphysique même si cela n'est pas empiriquement démontrable. C'est ce qu'a souligné le cardinal Wilhelm Jacobus Eijk, archevêque d'Utrecht, dans un discours dense prononcé lors de la conférence « The Splendour of Truth in Science and Bioethics » organisée par la Fondation Jérôme Lejeune. Il s'agit de la troisième conférence internationale de bioéthique organisée par la Chaire Lejeune.

    Lejeune est le brillant scientifique français qui a isolé la trisomie 21, ami de Jean-Paul II, qui lui a d'ailleurs rendu visite le jour de la tentative d'assassinat de 1981, et dont la fondation poursuit la recherche sur la trisomie 21. Mais la conférence a aussi voulu rappeler, dès le titre, Veritatis Splendor, l'encyclique de 1993 voulue par Jean-Paul II et qui a aussi des conséquences dans le domaine de la bioéthique, même si l'on célèbre aussi le 30e anniversaire d'Evangelium Vitae, une autre encyclique de Jean-Paul II consacrée à la bioéthique.

    Pour comprendre l'importance de la conférence, il suffit de dire que le Pape Léon XIV a envoyé un message par l'intermédiaire de la Secrétairerie d'Etat du Vatican pour exprimer sa proximité avec les participants.

    Le cardinal Eijk a pointé du doigt la culture séculière actuelle qui a émergé dans le monde occidental depuis les années 1950. Celle-ci, a-t-il dit, « non seulement ne facilite pas le travail de la science et de la bioéthique au service de la vérité », mais elle progresse rapidement dans le monde entier, et pas seulement dans l'hémisphère occidental, notamment par le biais d'Internet et des médias sociaux.

    Trente ans après la publication d'Evangelium Vitae, déclare le cardinal Eijk, la description par Jean-Paul II de la culture d'aujourd'hui comme une culture de la mort « est encore poignante ».

    Ejik déplore que « les individus, ainsi que la société entière et le monde politique, soient impliqués dans cette conspiration contre la vie des êtres humains qui sont malades, handicapés ou incapables de se défendre. Il s'agit d'une culture de la mort, car la valeur intrinsèque de la vie humaine n'est pas reconnue et respectée ».

    Selon le cardinal, « trois facteurs » ont conduit à l'émergence de cette culture de la mort : « l'idée que la connaissance vraie, fiable et utile ne peut être obtenue que par des moyens empiriques et selon une mesure technico-scientifique » ; le fait que la culture actuelle est imprégnée de ce que l'on appelle « l'individualisme expressif » ; et « la vision dualiste de l'homme ».

    Ces trois facteurs sont « étroitement liés » et s'interpénètrent dans un monde où « la valeur de la vie humaine est comparée à d'autres valeurs et peut être plus lourde en fonction des circonstances ».

    En particulier, Eijk note que « l'individu qui se referme sur lui-même est moins susceptible de faire preuve de solidarité avec d'autres êtres humains qui sont faibles ou souffrent de handicaps et d'autres conditions. L'individu met l'accent sur son autonomie et considère non seulement comme un droit, mais aussi comme un devoir, de désigner sa propre religion et sa propre philosophie de vie et de choisir ses propres valeurs éthiques afin de se distinguer des autres et de s'exprimer - c'est pourquoi on parle d'individualisme expressif ».

    Ensuite, le cardinal Eijk note que l'homme, dans la culture actuelle, est perçu de manière dualiste, mais qu'il « ne reconnaît pas l'existence d'une âme immatérielle, mais identifie l'homme à son esprit, à sa conscience humaine, c'est-à-dire à la capacité de penser, de prendre des décisions autonomes et d'établir des relations sociales ».

    En ce sens, « le corps n'a qu'une valeur instrumentale et l'homme a largement le droit d'en disposer. Cela signifie qu'elle peut adapter son corps à ses goûts par la chirurgie esthétique ou par des traitements transgenres, et faire adapter son sexe biologique à l'identité génétique qu'elle a choisie ».

    Comment y remédier ? Le cardinal Eijk propose trois antidotes : considérer qu'il est essentiel de reconnaître que la raison humaine peut connaître des vérités métaphysiques ; que les êtres humains n'ont qu'une domination participative sur la vie ; que la vie humaine est une valeur intrinsèque.

    Le cardinal Eijk explique que « le corps est une fin en soi, et jamais un simple moyen, c'est-à-dire une valeur purement instrumentale. C'est pourquoi l'homme n'a qu'un droit très limité de disposer de son propre corps : il ne peut intervenir sur le corps que dans le but nécessaire de maintenir la vie de la personne dans son intégralité, conformément au principe thérapeutique, qui est le principe fondamental de l'éthique médicale ». Par conséquent, ajoute le cardinal, « l'homme n'a certainement pas le droit radical de disposer de sa vie et de sa mort, et encore moins de celles d'autres êtres humains ».

    En bref, ces trois prémisses sont les antidotes nécessaires. Mais ce sont des antidotes qui doivent à leur tour être nourris par la raison, en dépassant l'empirisme et en allant au-delà de la pensée scientifique actuelle.

    Par ailleurs, le cardinal Eijk, qui avait déjà demandé une encyclique sur le genre dans le passé, a souligné qu'il serait important que l'Académie pontificale pour la vie établisse aujourd'hui des études spécifiques précisément sur le thème du genre et du traitement des transsexuels, un sujet qui est devenu très populaire dans les médias.

  • Le pape nomme le bras droit de l'archevêque Paglia à la présidence de l'Académie pontificale pour la vie

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Le pape nomme le bras droit de l'archevêque Paglia à la présidence de l'Académie pontificale pour la vie

    La nomination du chancelier de longue date, Mgr Renzo Pegoraro, semble être un signe de continuité avec le président sortant, dont le mandat turbulent a suscité de vives critiques de la part des défenseurs du droit à la vie.

    CITÉ DU VATICAN — Le pape Léon XIV a nommé à la tête du groupe de réflexion sur la bioéthique du Vatican Mgr Renzo Pegoraro, adjoint de longue date de son président sortant, l'archevêque Vincenzo Paglia, signalant ainsi sa volonté de poursuivre la voie tracée sous le pape François.

    Jusqu'à sa nomination mardi, Mgr Pegoraro, 65 ans, était chancelier de l'Académie pontificale pour la vie depuis 2011, nommé par Benoît XVI. Il a conservé ce poste tout au long du mandat mouvementé de Mgr Paglia, marqué par la nomination de membres pro-avortement et des déclarations controversées concernant le suicide assisté et la contraception. 

    L'archevêque Paglia prend sa retraite après avoir fêté ses 80 ans.

    Le Dr Thomas Ward, fondateur de l'Association nationale des familles catholiques du Royaume-Uni, a exprimé son inquiétude quant à cette nomination, affirmant qu'il ne se souvenait pas que Mgr Pegoraro « se soit dissocié des positions et commentaires flagrants de l'archevêque Paglia ».

    Il a poursuivi : « Des millions de parents catholiques à travers le monde, dont les enfants sont menacés par les mensonges de la culture de mort, ont un besoin urgent d’entendre la défense sans équivoque de la vérité catholique sur la sexualité et la vie humaines. »

    Fondée par le pape Jean-Paul II et le professeur Jérôme Lejeune en 1994 pour promouvoir et défendre la vie humaine et la dignité de la personne, l'Académie pontificale pour la vie a toujours eu pour objectif de favoriser le dialogue et la recherche interdisciplinaires sur des questions bioéthiques complexes telles que l'avortement, l'euthanasie, la procréation et la thérapie génique. L'objectif était de garantir que ces sujets soient abordés à la lumière de la théologie morale catholique.

    En tant que chancelier, Mgr Pegoraro était le principal dirigeant de l'académie, organisme autonome au sein du Saint-Siège. Il en partageait la direction, collaborait étroitement avec le président et veillait au bon déroulement de ses activités. Il a d'abord servi sous la direction de l'évêque espagnol de l'Opus Dei, Ignacio Carrasco de Paula, qui a présidé l'académie de 2010 à 2016, puis sous celle de l'archevêque Paglia.

    Originaire de Padoue, en Italie, Renzo Pegoraro a obtenu son diplôme de médecine et de chirurgie à l'université de la ville en 1985 et a été ordonné prêtre en 1989. Il a ensuite obtenu une licence en théologie morale et un diplôme en bioéthique avancée. Il a enseigné la bioéthique et l'éthique des soins infirmiers, a été membre de centres de philosophie et d'éthique médicales et a présidé l'Association européenne des centres d'éthique médicale de 2010 à 2013.

    De 2016 à aujourd'hui, il a été le principal collaborateur de l'archevêque Paglia à une époque où l'académie pontificale était accusée de s'éloigner de la mission originelle de Jean-Paul II de défendre le caractère sacré de la vie et de s'adapter plutôt à des arguments éthiques hétérodoxes et laïcs, de modifier ses statuts et de saper sa crédibilité en tant qu'institution pro-vie.

    À au moins deux reprises, en tant que chancelier, Mgr Pegoraro a ajouté sa voix à cette dérive perçue par rapport à la mission de l'académie en soutenant publiquement des positions dissidentes qui avaient gagné la sympathie pendant le pontificat du pape François.

    En 2022, il a déclaré au Wall Street Journal qu'il pensait que la contraception pourrait être autorisée « en cas de conflit entre la nécessité d'éviter une grossesse pour des raisons médicales et la préservation de la vie sexuelle d'un couple ».

    L’Église a toujours interdit toute forme de contrôle artificiel des naissances (à l’exception des traitements médicalement nécessaires qui ne visent pas directement à provoquer l’infertilité), enseignant que la contraception viole le lien intrinsèque entre les aspects unitifs et procréatifs de l’acte conjugal.

    Dans un deuxième incident, également cette année-là, Mgr Pegoraro a semblé soutenir deux membres de l'académie qui étaient publiquement en faveur du suicide assisté comme tactique pour empêcher la légalisation de l'euthanasie volontaire en Italie.

    « Nous sommes dans un contexte particulier, avec un choix à faire entre deux options, dont aucune – le suicide assisté ou l’euthanasie – ne représente la position catholique », a déclaré Mgr Pegoraro au journal catholique français Le Croix .

    Mais affirmant qu'il croyait qu'une sorte de loi était une conclusion inévitable, il a déclaré que des deux possibilités, « le suicide assisté est celle qui restreint le plus les abus car il serait accompagné de quatre conditions strictes : la personne qui demande de l'aide doit être consciente et capable de l'exprimer librement, avoir une maladie irréversible, éprouver des souffrances insupportables et dépendre d'un traitement de maintien en vie comme un respirateur. »

    Le cardinal Willem Eijk, également médecin qualifié et membre de l'académie, a fermement rejeté une telle argumentation, affirmant qu'il n'y avait « aucune différence morale significative » entre le suicide médicalement assisté et l'euthanasie volontaire, « ni du côté du patient ni du côté du médecin », car les deux portent « la même responsabilité morale » dans la mise en œuvre de l'interruption de la vie.

    Le Register a demandé à Mgr Pegoraro s'il maintenait toujours de telles positions sur ces questions et pourquoi il ne s'était pas exprimé pendant les controverses du mandat de l'archevêque Paglia, mais il n'avait pas répondu au moment de la publication.

    Changements radicaux

    L'Académie pontificale pour la vie était généralement admirée par les groupes pro-vie du monde entier pour son inspiration et ses conseils pendant les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI jusqu'à ce qu'elle soit frappée par de multiples scandales, d'abord en 2009 pendant la brève présidence de l'archevêque Rino Fisichella et ce qui était connu sous le nom de « l' affaire Recife », impliquant une affaire d'avortement contestée en 2009 au Brésil, mais ensuite plus fréquemment lorsque l'archevêque Paglia et Mgr Pegoraro étaient à la barre.

    En novembre 2016, peu après sa prise de fonction à la présidence, l'archevêque Paglia a modifié les statuts de l'académie, ce qui a entraîné non seulement le licenciement soudain de 172 membres (certains étant susceptibles d'être renouvelés) et de nombreux membres affichant un engagement pro-vie irréprochable, mais aussi la suppression de l'obligation pour les membres de signer une déclaration s'engageant à défendre la vie conformément au magistère de l'Église. Les nouveaux membres pouvaient également appartenir à n'importe quelle religion, à condition de promouvoir et de défendre la vie « conformément au magistère de l'Église ».

    L'archevêque Paglia a déclaré que les décisions ont été prises « dans le contexte de la réorganisation générale de la Curie romaine par le Saint-Père » et qu'il a dû apporter des ajustements logistiques à l'académie pour coopérer étroitement avec les organismes de la Curie, en particulier le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, alors nouvellement créé.

    Mais en 2017 et 2022, Paglia et Pegoraro ont nommé de nouveaux membres à l'académie, dont certains soutenaient publiquement l'avortement ou se déclaraient athées. Parmi eux, le Dr John Nkengasong, citoyen américain d'origine camerounaise, qui, lorsqu'il a été nommé à la tête du Plan d'urgence de lutte contre le sida (PEPFAR) du président Biden en 2021, a été félicité par le PDG de Planned Parenthood pour ses efforts en faveur du développement des services d'avortement.

    Une autre nomination de Paglia et Pegoraro était celle de Sheila Dinotshe Tlou, ancienne ministre de la Santé du Botswana, qui a siégé au comité de surveillance d'un groupe qui offrait « des fournitures pour l'avortement sans risque et les soins post-avortement ».

    Le Dr Ward, ancien membre de l'académie, a déclaré après les nominations de 2022 que la direction de l'académie poursuivait « l'application d'un changement de paradigme sur la moralité sexuelle au Vatican ».

    Judie Brown, également ancienne membre de l'Académie et actuelle présidente de l'American Life League, a qualifié ces nominations d'« outrageantes », « d'autant plus graves que l'Académie a été créée pour lutter contre l'avortement ». Les principes défendus par les premiers membres de l'Académie « constituaient autrefois le fondement sur lequel nous nous appuyions tous », a-t-elle déclaré, mais ils ont aujourd'hui « disparu de la circulation ».

    D'autres problèmes sont également survenus sous la direction de l'archevêque Paglia et de Mgr Pegoraro. En 2022, l'académie a publié un ouvrage intitulé « Éthique théologique de la vie », vivement critiqué par les experts en bioéthique pour avoir diffusé des informations théologiques et médicales « trompeuses et confuses », en contradiction avec les enseignements établis de l'Église sur la contraception et les techniques de procréation assistée.

    La même année, l'archevêque Paglia a suscité une nouvelle controverse en affirmant que la loi italienne sur l'avortement était un « pilier de la société », ce qui a conduit l'académie à publier un communiqué affirmant que ses propos avaient été « sortis de leur contexte ». L'archevêque italien s'est de nouveau retrouvé dans une situation délicate lorsqu'il a prononcé un discours en 2023, dans lequel il a semblé déclarer que la dépénalisation du suicide assisté était « le plus grand bien commun » possible dans le contexte politique actuel de l'Italie. L'académie a de nouveau dû clarifier ses propos, affirmant qu'il restait opposé à l'euthanasie.

    Pendant la crise de la COVID-19, l’archevêque Paglia a été de nouveau critiqué pour avoir ignoré les préoccupations éthiques concernant les vaccins et pour avoir promu avec zèle, malgré les préoccupations de sécurité, la vaccination des enfants même s’ils ne présentaient aucun symptôme et le fait que les risques que les enfants tombent gravement malades à cause de la maladie étaient « extrêmement faibles ».

    Pragmatisme politique

    Dans l’ensemble, l’archevêque Paglia a été critiqué pour avoir privilégié le pragmatisme politique au témoignage prophétique, ses détracteurs affirmant qu’il partait souvent de la situation politique et cherchait ensuite à y intégrer l’Évangile et la tradition catholique, plutôt que l’inverse.

    Dans une interview accordée au Register en 2020, l'archevêque Paglia s'est défendu en déclarant que sa vision de l'Académie était de traiter un « large éventail de questions qui affectent aujourd'hui la vie à son niveau le plus élémentaire » et de « libérer nos discussions des hypothèses simplistes ».

    Suite aux changements radicaux apportés à l’académie, certains de ses anciens membres ont formé en 2017 l’ Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille comme alternative à l’académie pontificale, dans le but de poursuivre le travail qu’elle semblait abandonner.

    Qualifiant d'« inspirée » la vision de saint Jean-Paul II pour l'Académie pontificale pour la vie, Christine de Marcellus Vollmer, ancienne membre et aujourd'hui présidente de l'organisation vénézuélienne pro-vie PROVIVE, a déclaré : « Nous prions pour que notre Saint-Père charge Mgr Pegoraro de restituer à l'Académie pontificale pour la vie son mandat initial, interrompu lors de sa fermeture et de sa réorganisation en 2016. » Elle espérait également que Mgr Pegoraro avait « approfondi ses recherches depuis ses années d'écart avec la prophétique Humanae Vitae et son approbation apparente du suicide assisté. »

    On ne sait pas dans quelle mesure Mgr Pegoraro poursuivra la lignée de l'archevêque Paglia, même s'il semble qu'il conservera de nombreux changements mis en place par son prédécesseur.

    Dans une déclaration du 27 mai, il a déclaré qu'il avait l'intention de « travailler en continuité avec les thèmes et la méthodologie des dernières années, en tirant le meilleur parti des compétences spécifiques de notre vaste groupe international et interreligieux d'universitaires qualifiés ».

    Il a ajouté qu'il souhaitait souligner en particulier les questions de « bioéthique globale », le dialogue avec diverses disciplines scientifiques, l'intelligence artificielle et la biotechnologie, et « la promotion du respect et de la dignité de la vie humaine à toutes ses étapes ».

  • L'ère Paglia prend fin mais les références morales restent sous les décombres

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    De Tommaso Scandroglio sur la NBQ :

    L'ère Paglia prend fin, la moralité reste sous les décombres

    À 80 ans, le prélat et ami de Pannella dit au revoir à l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II et à l'Académie pontificale pour la vie, après les avoir renversés tous les deux. Une gestion désastreuse qui a évincé Dieu des désirs et des besoins de l’homme pour marcher bras dessus bras dessous avec le monde.

    28_05_2025
    GIULIANO DEL GATTO - IMAGOÉCONOMIQUE

    La raison invoquée par le Vatican est formelle : avoir atteint la limite d'âge. Et c'est ainsi que Mgr. Vincenzo Paglia a quitté la direction de l'Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille et le cardinal Baldassare Reina a été nommé Grand Chancelier à sa place. Paglia quitte également la présidence de l'Académie pontificale pour la vie (APV) en faveur de Mgr Renzo Pegoraro.

    Quel est l’héritage que Mgr. Paglia nous a laissé ? Rappelons en résumé l’œuvre de destruction que Paglia a menée au détriment de la doctrine morale catholique sous le pontificat de François. Nous sommes en 2017 et l'APV organise une conférence avec l’Association médicale mondiale. La conférence a réuni des intervenants qui se sont prononcés ouvertement en faveur de l'avortement, comme Yvonne Gilli, représentante de la branche suisse du géant de l'avortement Planned Parenthood, et de l'euthanasie, comme René Héman, alors président de l'Association médicale allemande, Volker Lipp, professeur de droit civil à l'Université Georg-August de Göttingen, Heidi Stensmyren, ancienne présidente de l'Association médicale suédoise, Anne de la Tour, ancienne présidente de la Société française de soins palliatifs, et Ralf Jox, professeur à l'Université de Munich.

    Monseigneur Paglia congédie la vieille garde de l'APV et de l'Institut Jean-Paul II, trop attachée aux absolus moraux, et engage des personnalités plus enclines à une morale vouée au situationnisme, à la phénoménologie éthique et au proportionnalisme. Et ainsi, en 2017, Paglia a nommé comme membres du PAV Nigel Biggar – professeur de théologie morale et pastorale à l’Université d’Oxford – avorteur et pro-euthanasie, le professeur Katarina Le Blanc, professeure à l’Institut Karolinska, qui a utilisé des cellules souches embryonnaires dans son travail, et Don Maurizio Chiodi, professeur de bioéthique à la Faculté de théologie de l’Italie du Nord et favorable à l’insémination artificielleà la contraception et à l’homosexualité. En 2022, l'économiste Mariana Mazzucatoathée, militante pro-avortement et membre du Forum économique de Davos, a également rejoint l'APV en tant que membre. D'autres événements ont marqué la vie de l'APV au cours de ces années. En 2017, un séminaire international pour le trentième anniversaire de  Donum Vitae a été annulé : ce document de l’ancienne Congrégation pour la Doctrine de la Foi était clairement en contraste avec le nouveau cours. En février de la même année, Mgr. Paglia fait l'éloge du leader radical Marco Pannella, récemment décédé : « c'est une grande perte pour notre pays », « une histoire pour la défense de la dignité de tous », « un trésor précieux à préserver », « inspirateur d'une vie plus belle pour le monde qui a besoin d'hommes qui sachent parler comme lui ».

    Passons à 2018 : Paglia intervient dans le cas du petit Alfie Evans, vivant grâce au soutien d'une machine spéciale puis condamné à mort par la justice anglaise, et considère le maintien en vie de cet enfant comme une obstination thérapeutique, soutenant ainsi la thèse de l'euthanasie des juges de la Haute Cour de Londres.

    Nous sommes en août 2020 : le gouvernement a publié des directives pour accroître l’accès à l’avortement chimique au milieu de l’urgence Covid. L'APV publie une note critiquant ces directives, mais il manque une critique explicite de la loi 194 et du fait que le temps de prise de ces pilules a été prolongé, prolongeant ainsi également leur efficacité abortive.

    En octobre 2021, Mgr. Paglia est l'invité de  Rebus un talk-show sur Rai 3. A cette occasion, parmi d'autres « bévues », le président de l'époque de l'APV avait exprimé son soutien, bien qu'à contrecœur, à une loi sur le suicide assisté. En novembre de la même année, il intervient lors de la conférence Technologies et fin de vie : la primauté de l’accompagnement, où il se heurte à plusieurs difficultés sur des questions telles que le consentement, le DAT et l’indisponibilité de la vie. En avril 2023, lors d'un festival de journalisme, il revient sur le thème de la « légitimation du suicide assisté » et cette fois son soutien à une règle légitimante est clair, malgré une correction qui n'en est pas une car elle confirme le jugement initial.

    Nous arrivons en juin 2022. La Corsera interviewe Paglia sur le thème de l'avortement et sur la loi 194 (qui autorise le recours à l'IVG) : l'ancien président de l'APV ne profite pas de l'occasion en or pour affirmer que l'Église espère son abrogation, il semble en effet que Paglia ne veuille pas la remettre en question. Les doutes ont disparu après deux mois, lorsque Paglia a déclaré sur Rai 3 que la loi 194 est « un pilier de la société », ajoutant qu'elle n'est « absolument pas sujette à discussion ». En novembre de la même année, il a donné une interview à The Tablet dans laquelle, concernant la légalité de la contraception, le monseigneur s'est exprimé ainsi : « Je crois que le jour viendra où le pape François ou le prochain pape le fera. Mais que puis-je dire ? Bien sûr, nous devons en tenir compte. "

    Également en 2022, le volume de l'APV est publié (Éthique théologique de la vie. L'Écriture, une tradition) qui soutient la bonté de la contraception, pour surmonter les limites imposées par Humanae Vitae, la fécondation extracorporelle et l'euthanasie. Puis en 2024 a été publié le Petit lexique de la belle vie, dans lequel il est clair que l'APV est en faveur de l'euthanasie, la déguisant en refus de l'obstination thérapeutique et du suicide assisté. Le livre suscite une certaine désapprobation et Paglia tente alors de le rafistoler en donnant quelques interviews, mais le rafistolage s'avère pire que le trou.

    En ce qui concerne l’Institut Jean-Paul II, un motu proprio de 2017 du pape François bouleverse son identité, telle qu’elle a été conçue par Jean-Paul II, car le document de référence devient Amoris laetitia : la pastorale supplante la doctrine, les références morales sont données par des cas particuliers, le discernement personnel, la pratique, l’intention subjective, les circonstances, etc. Paglia, bien sûr, embrasse pleinement ce changement de paradigme. Une preuve parmi tant d'autres : la même année, il donne une interview dans laquelle il approuve la communion pour les divorcés remariés. En 2019, Paglia a publié les statuts de l'Institut : la Théologie morale a été supprimée, ce qui revient à supprimer l'examen de droit privé à la faculté de droit, et deux professeurs qui étaient des symboles de JPII et de l'orthodoxie doctrinale ont été torpillés : Monseigneur Livio Melina et le Père José Noriega. D'autres purges suivront, tandis que seront appelés à enseigner des professeurs qui soutiennent une orientation contraire aux enseignements de Jean-Paul II, comme le susmentionné Don Maurizio Chiodi, Don Pier Davide Guenzi, favorable aux comportements homosexuels, et Monseigneur Pierangelo Sequeri, le directeur de l'Institut. La meilleure synthèse de la nouvelle nature qui imprègne l'Institut Jean-Paul II se trouve peut-être dans un article, publié en janvier 2021 sur la page Facebook de l'Institut, qui disait : « défendre le droit à l'avortement ne signifie pas défendre l'avortement ».

    Venons-en à la morale de l'histoire, qui est que plus une histoire apparaît comme un drame, plus elle est complexe. L'APV et l'IJPII dirigés par Paglia sont passés d’une théologie morale fondée sur la Révélation et sur la métaphysique de l’être et de la personne, à une théologie historiciste et subjectiviste. Ce qui est mal en soi est devenu ce qui est mal à mon avis, l'intention subjective a effacé le sens moral objectif des actes, les circonstances se sont transformées en causes légitimant le mal, les phénomènes sociaux sont devenus des paradigmes éthiques de référence, la nature humaine a été supplantée par les coutumes, les conditionnements, les habitudes, les traits psychologiques individuels. En fin de compte, Dieu et ses exigences ont été évincés de tous les simples désirs et besoins de l’homme.

  • Académie pontificale pour la vie et Institut Jean-Paul II : pas d'enthousiasme intempestif

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    De Riccardo Cascioli sur la NBQ :

    Académie pontificale pour la vie et Institut Jean-Paul II

    Satisfaction mais pas enthousiasme, l'après-Paglia est une inconnue

    Le départ de Mgr Paglia est certainement un motif de satisfaction, mais les hommes appelés à le remplacer ne garantissent pas qu'il y ait la volonté de ramener l'Académie pontificale pour la vie et l'Institut Jean-Paul II à leurs origines.

    28_05_2025

    Avec le remplacement de la présidence de l'Académie pontificale pour la vie (PAV), annoncé hier, le rideau est définitivement tombé sur Mgr Vincenzo Paglia, le « tueur à gages » choisi par le pape François pour renverser l'enseignement de saint Jean-Paul II sur la vie et la famille. Une œuvre à laquelle Paglia s'est consacré avec une grande efficacité au cours de ces neuf années où il a occupé, en plus de son rôle au sein du PAV, celui de Grand Chancelier de l'Institut Jean-Paul II sur le Mariage et la Famille, après avoir été président du Conseil Pontifical pour la Famille pendant quatre ans.

    Comme le montre l'article de Tommaso Scandroglio, l'Académie pontificale pour la Vie et l'Institut Jean-Paul II sont aujourd'hui des parents éloignés des institutions qui ont été à leur origine, créées par Jean-Paul II dans la conviction que le plus grand défi que le monde lançait à l'Église se jouait sur la vie et la famille. Le fait que Monseigneur Paglia s’en aille enfin ne peut donc être qu’un motif de satisfaction.

    Mais il ne faut pas céder à un enthousiasme facile, car sa sortie de la scène n’indique pas en soi une révolution à rebours, un retour aux origines, un tournant clair. Tout d'abord parce que c'était nécessaire et attendu : Monseigneur Paglia a eu 80 ans le 21 avril dernier, le jour de la mort de François, et il aurait donc quitté la scène même si le pape Bergoglio était encore en vie. La mort du pape et toutes les formalités évidentes pour le début du nouveau pontificat ont, au contraire, retardé cette étape. En effet, il faut croire que la succession de Paglia avait déjà été préparée auparavant.

    Il convient plutôt de noter que la décision de l'APV est intervenue une semaine après celle de l'Institut Jean-Paul II, ce qui pourrait indiquer que le pape Léon XIV avait des doutes sur la solution proposée par son prédécesseur, ou du moins voulait y réfléchir davantage.

    Un autre élément à considérer pour l'avenir est le profil bas des deux appelés à remplacer Mgr Paglia : le cardinal Baldassare Reina (vicaire général du diocèse de Rome, photo LaPresse ) à l'Institut Jean-Paul II et Mgr Renzo Pegoraro à l'APV. Dans le premier cas, il s’agit plutôt d’un retour à la normalité administrative, s’il est vrai qu’avant Paglia, le rôle de Grand Chancelier de l’Institut appartenait au vicaire de Rome. De plus, aucune activité significative ni position importante prise par le cardinal Reina sur les questions qui sont au cœur de l’Institut Jean-Paul II n’est connue. Au contraire, un rôle fondamental est joué par le directeur, Monseigneur Philippe Bordeyne, dont la nomination en mars 2021 a achevé la transformation de l'institut sous la bannière d'Amoris Laetitia et le renversement de la morale catholique. Il est donc difficile d’imaginer que quelque chose ici puisse changer pour le mieux sans remplacer le principal et reprendre les Statuts de 2017, avec lesquels l’institut entendait être reconstruit sur les cendres de celui fondé en 1982 par saint Jean-Paul II.

    La prudence est également de mise concernant le changement à l'APV, où la solution interne a prévalu : Mgr Pegoraro était déjà chancelier de l'Académie depuis septembre 2011, nommé à ce poste par Benoît XVI. Et cela donne déjà une idée d'un trait caractéristique du nouveau président : compte tenu de la révolution qui s'est produite avec l'arrivée de Monseigneur Paglia, il doit être une personne capable de s'adapter à des directions « politiques » très différentes. Ces dernières années, il s'est distingué de Paglia uniquement par sa plus grande compétence (il est diplômé en médecine et a été professeur de bioéthique), mais il a en fait soutenu sa ligne. Il ne faut certainement pas assister aux débordements et aux déclarations grossièrement imprudentes, juste pour sauver les apparences, typiques de ses prédécesseurs. Mais comme il n'a aucune autorité en la matière (rien à voir avec le premier président Jérôme Lejeune ou Elio Sgreccia, soyons clairs), il est facile d'imaginer qu'il suivra la direction qui lui est demandée d'en haut.

    L’avenir de l’Institut pontifical Jean-Paul II et de l’Académie pontificale pour la vie reste donc à écrire ; les hommes choisis pour remplacer Monseigneur Paglia indiquent pour l'instant seulement la volonté du pape Léon XIV de ne pas provoquer de ruptures traumatiques et d'avancer à petits pas. On verra avec le temps s’il y aura de réels changements.

  • 30 ans après l'encyclique : Evangelium vitae, un défi encore à relever

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    D'Oreilles de Marisa sur la NBQ :

    30 ans après l'encyclique

    Evangelium vitae, un défi encore à relever

    Malgré les exhortations de saint Jean-Paul II, 30 ans après sa splendide encyclique, la bataille pour la défense de la vie n’a pas influencé le comportement des chrétiens dans le monde. Tout est laissé à l’initiative de quelques groupes et personnes de bonne volonté. Un changement culturel est nécessaire.

    12_03_2025

    Evangelium vitae fête ses trente ans. Beaucoup de choses se sont passées depuis le 25 mars 1995, lorsque saint Jean-Paul II a remis à l’Église et à tous les hommes de bonne volonté cette grande encyclique sur la valeur et l’inviolabilité de la vie humaine.

    Une encyclique pour dénoncer et endiguer ce que le pape polonais a appelé la « culture de mort » et qui prend la forme de multiples attaques contre la vie humaine, soutenues et mises en œuvre également par de forts courants culturels, économiques et politiques, véritables « structures de péché ». Une guerre contre les faibles, quand l’homme est le plus sans défense, à l’aube et au crépuscule de la vie, menée avec une grande disponibilité de moyens et un grand déploiement de forces : ces années-là ont vu se dérouler les Conférences internationales sur la population et le développement, parrainées par l’ONU, dont en premier lieu celle du Caire qui a lié le développement juste et durable de la planète à l’accès aux services de santé reproductive et sexuelle (lire : contraception et avortement) afin de parvenir à une maîtrise démographique. Thèses et projets réaffirmés par la Conférence internationale sur les femmes de Pékin.

    La vie humaine est sacrée et inviolable : elle naît du sein de la Trinité, elle a été rachetée par la Croix du Christ, elle est destinée à la vision béatifique de Dieu – réitère à plusieurs reprises Jean-Paul II – et pour cette raison « les lois qui autorisent l’avortement et l’euthanasie se placent radicalement non seulement contre le bien de l’individu, mais aussi contre le bien commun et, par conséquent, sont complètement dépourvues de validité juridique authentique » (n. 72 Ev). Il est essentiel que la culture de la mort soit confrontée à une nouvelle culture de la vie humaine. Pour Jean-Paul II, l'annonce incessante de l'Évangile de la vie à tous les hommes et « une grande prière pour la vie qui traverse le monde entier » (n. 100 Ev) sont fondamentales et urgentes.

    Aujourd’hui , trente ans plus tard, nous nous demandons dans quelle mesure les paroles sincères et les recommandations de Jean-Paul II ont guidé l’action des hommes de bonne volonté, des croyants et des hommes d’Église. Malheureusement, on a l’impression que la bataille pour défendre la vie a été menée comme une bataille d’arrière-garde, avec un manque de ressources et de munitions et dans le seul but de contenir les dégâts. Une bataille confiée à quelques groupes pro-vie qui travaillent avec engagement et bonne volonté, mais qui sont laissés seuls. Nous pouvons affirmer que la bataille pour la défense de la vie n’a pas imprégné ni informé le comportement des chrétiens dans le monde et dans la société. Il n’a pas innervé les ganglions de la culture, du droit et de la coutume. Cela n’est pas devenu une bataille partagée.

    Au contraire, au cours de ces trente années, la culture de la mort a fait des pas de géant et l’avortement s’est consolidé comme la première cause de décès dans le monde, commençant à être reconnu, comme cela s’est déjà produit en France, comme un droit dans une loi constitutionnelle « qui a également une valeur symbolique éminente, destinée à influencer la formation des générations futures, visant à dégrader, presque jusqu’à l’annuler, la valeur de la famille ainsi qu’à déprimer toujours plus la solidarité sociale et la continuité de la communauté politique et humaine elle-même » (M. Ronco, Seizième rapport sur la doctrine sociale de l’Église dans le monde , Cantagalli, Sienne 2024, p. 125).

    Le vide éducatif et la solitude dans lesquels les jeunes sont abandonnés aujourd'hui sur les questions relatives à la valeur de la vie sont décourageants, malgré l'appel vigoureux de Jean-Paul II à la nécessité d'une éducation sur des questions éthiquement sensibles, car « c'est une illusion de penser que nous pouvons construire une véritable culture de la vie humaine si nous n'aidons pas les jeunes à saisir et à vivre la sexualité, l'amour et toute l'existence selon leur véritable sens et dans leur intime corrélation » (n. 27 Ev).

    Commentant les résultats d'une enquête réalisée à travers un questionnaire proposé aux jeunes sur des questions éthiquement sensibles comme l'avortement, l'euthanasie, la contraception, les relations sexuelles avant le mariage, et dans laquelle les jeunes croyants et pratiquants ont donné des réponses presque identiques à celles de ceux qui se disent athées ou agnostiques, Mario Palmaro a dénoncé le renoncement substantiel de l'Église à contrer la culture dominante omniprésente. En effet, écrit Palmaro : « L’urgence éducative n’est pas seulement dans le monde, mais dans l’Église. Chaque aspect formateur requiert son propre langage et ses propres compétences : la morale ne peut pas être enseignée en utilisant des schémas vagues et fumeux et en abandonnant cette rigueur définitionnelle et cette clarté de jugement qui permettent l’exercice critique de la conscience droite, c’est-à-dire, littéralement, la « distinction » entre ce qui est conforme à la nature de l’homme et ce qui ne l’est pas, entre le bien et le mal ». ( Les enfants d'une éthique mineure , édité par Mario Palmaro et Tommaso Scandroglio, Editori Riuniti University Press, Rome 2014, pp. 53-54).

    L'appel fort de l'encyclique aux femmes « pour un 'nouveau féminisme' qui, sans tomber dans la tentation de courir après des modèles 'macho-chiens', sache reconnaître et exprimer le véritable génie féminin dans toutes les manifestations de la coexistence civile » (n. 99 Ev) a également été ignoré. Jamais auparavant les femmes, à cause du féminisme radical et des modèles inlassablement proposés et véhiculés par tout le système médiatique, n’en sont venues à se nier elles-mêmes, à nier leur nature même, leur être de celle qui prend soin, qui possède cette capacité de protection, d’acceptation, de don, niée précisément par le féminisme. Elle pourra se retrouver si elle accepte l’exhortation de Jean-Paul II : « Réconcilier les hommes avec la vie. Vous êtes appelés à témoigner du sens de l'amour authentique, de ce don de soi et de cette acceptation de l'autre qui se réalisent spécifiquement dans la relation conjugale, mais qui doivent être l'âme de toute autre relation interpersonnelle" (n. 99 Ev).

  • PMA, GPA : un cas emblématique qui interroge

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    De gènéthique :

    PMA, GPA : Omerta sur le sort de l’enfant

    3 mars 2025

    Krystena Murray, une Américaine de 38 ans ayant eu recours à une fécondation in vitro, a donné naissance à un enfant noir alors que ni elle, ni le donneur de gamètes ne le sont. La clinique a reconnu son « erreur » : l’embryon d’un autre couple lui a été implanté (cf. « Mère porteuse contre son gré » : une Américaine perd la garde de l’enfant qu’elle a porté). Une histoire qui finalement met en avant la douleur de la femme qui s’est vue « transformée en mère porteuse contre son gré », là où nul n’évoque le drame subi par l’enfant dont la souffrance, l’intérêt supérieur, sont ignorés. Anne Schaub, psychothérapeute spécialisée depuis près de 25 ans dans l’analyse et le traitement des mémoires prénatales, analyse pour Gènéthique les enseignements de cette histoire. Décryptage.

    Ce qu’a vécu Krystena Murray est une véritable tragédie. On est bien entendu choqués face à l’histoire de cette mère trompée. Mais l’attention ne porte que sur elle. Qui, dans d’autres histoires, s’émeut de l’enfant que l’on trompe en l’implantant à dessein et sans rien lui demander dans le ventre d’une inconnue, pour ensuite, toujours sans son accord, le rendre, le vendre, aux parents commanditaires avec ou sans lien génétique, comme c’est le cas dans toute GPA ? Eu égard à ces enfants, qui ose parler d’« erreur »? Ces pratiques sont acceptées sans réflexion de fond. L’enfant est sans voix, sans parole pour contester. Il ne peut, comme cette mère le fait, réclamer justice.

    Une souffrance silencieuse

    Krystena Murray explique qu’elle ne pourra jamais se remettre de cet arrachement, et de toute évidence, on peut la comprendre. Que dire des enfants nés de GPA, comme Olivia Maurel qui, au prix de luttes psychiques obsédantes cherchent à s’en remettre ? (cf. Olivia Maurel née par GPA : « Il n’y a pas et il n’existera jamais de GPA dite “éthique” »)

    Les enjeux pour les enfants nés de PMA avec donneur, ne sont pas moindres (cf. « L’AMP avec tiers donneur n’est pas quelque chose d’anodin » ni pour les receveurs, ni pour le donneur). La vie qui commence en laboratoire, dans une boite de Petri, prive dès le départ l’enfant de l’enveloppe charnelle maternelle, riche d’une quantité de transmission d’affects. L’engendrement est une histoire souterraine, silencieuse, mais qui peut se révéler bruyante dans la vie. Combien souffrent en silence car embrigadés dans d’inextricables conflits de loyauté, doublés d’une dette d’existence ? (cf. PMA avec donneur : une « dette existentielle » ?). Olivia Maurel témoigne de la rencontre avec de nombreux enfants nés de GPA : ils se taisent en raison de la terreur qu’ils éprouvent à l’idée de perdre à nouveau leurs parents. Peu sont prêts à affronter une telle situation. Olivia Maurel l’a fait… elle endure la réaction de rupture avec ses parents. En dépit de cela, elle ne leur en veut pas, incriminant le système !

    Des pratiques contre-nature

    D’une part la société met en exergue la primauté du lien génétique, au point d’arracher un enfant à la mère qui l’a porté « par erreur » pour le rendre aux parents génétiques, mais trouve banal et consent, sans sourciller, aux procréations techniques avec donneurs.

    Le témoignage de Krystena Murray interpelle : bien qu’elle se rende compte que ce n’est pas son bébé génétiquement parlant, c’est la chair de sa chair qu’on lui arrache. Elle aurait voulu garder cet enfant.

    Cette mère, convaincue de porter son enfant, s’y est attachée. Est-ce à dire que tout dépendrait de la pensée ? Une mère porteuse, sachant que l’enfant porté n’est pas le sien, aurait-elle plus de facilités à ne pas s’attacher à l’enfant ? Notons que le « détachement » est l’injonction faite aux mères porteuses par les agences de GPA. Mais ces femmes se fourvoient elles-mêmes. Elles croient pouvoir le faire, sans réaliser que la nature humaine et ses principes fondateurs peuvent reprendre le dessus. La symphonie hormonale propre à toute grossesse met en effet tout en œuvre dans le corps de la mère pour que « ce » petit embryon devienne « son bébé », et s’y attache. Il serait d’ailleurs intéressant de mener des études relatives à la dépression du post-partum chez les mères porteuses. Qu’elle soit plus fréquente chez les mères porteuses étant donné ce facteur hormonal créant de facto biologiquement l’attachement réciproque, n’étonnerait personne. Quant au microchimérisme fœtal, il atteste de la conservation de cellules fœtales dans la moëlle sanguine des femmes jusqu’à 30 ans après chaque fœtus porté (cf. Microchimérisme : « Nous nous construisons d’emblée par et avec les autres »). Ainsi, il y a de fortes chances pour que l’enfant porté par une mère porteuse et dont elle s’est séparée, se rappelle à elle au long de sa vie.

    « Rien ne peut exprimer le choc et la violation que représente le fait d’apprendre que votre médecin a introduit dans votre corps l’embryon d’une inconnue », déclare Krystena Murray. Bien sûr ! La femme n’est pas faite pour porter l’embryon de quelqu’un d’autre. Aucun mammifère ne procède ainsi, contre-nature. Une femme qui accepte d’être mère porteuse s’oblige à éteindre certains « interrupteurs humains ». Elle s’oblige à un clivage, se coupant de son instinct de maternité afin de permettre un procédé parfaitement contre-nature, « anti-maternel ». Le monde s’affole au sujet de l’écologie de la nature, mais, qu’en est-il des folies réalisées dans le domaine de l’engendrement, témoignant d’une absence d’écologie de l’Homme à l’aube de la vie ? C’est l’objet de mon prochain livre.

    Une omerta sur le sort de l’enfant

    Induire une séparation psychique avec l’enfant porté, est un facteur traumatique qui s’inscrit dans les premiers plis de la vie de l’embryon. Le besoin primordial pour l’enfant étant précisément la qualité d’attachement maternel, source d’influence dans son devenir affectif et relationnel. Quoi qu’il se passe pour la femme enceinte, l’enfant, sous peine de se perdre, s’attachera.

    Cet enfant de cinq mois porté par Krystena Murray est arraché des bras de celle qui, pour lui, est bien sa mère, celle qui l’a bercé, nourri de son sang et à qui il est attaché de tous ses sens et de tout son être. C’est un drame innommable, une blessure d’abandon qui le marque à vie. Or on n’en parle pas. Si des voix s’élèvent, c’est essentiellement autour de la femme, les féministes s’opposant d’ailleurs – à juste titre – à l’utilisation de la femme, quasiment réduite en esclavage par la maternité de substitution. Mais qui se soucie du plus vulnérable, de celui qui n’a pas de voix : l’enfant ? Instrumentalisé, manipulé par la technique, il devient l’objet des désirs les plus fantasques, au détriment de sa dignité de sujet.

    Ce silence, cette omerta sur le sort de l’enfant interroge. Si l’infortune de cette mère scandalise, des choix adultes ont cependant été faits dès le départ. L’enfant quant à lui, n’a aucun choix, il ne peut que subir.

  • Mars 2025 : Université de la Vie en Belgique "Être humain et le rester demain"

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    Université de la vie en Belgique, mars 2025

    Université de la vie en Belgique, mars 2025

    Cette année, le cycle de formation bioéthique proposé par Alliance VITA et organisé en Belgique par l'Institut Européen de Bioéthique, explorera une question qui taraude nos sociétés post-modernes : Être humain et le rester demain.

    Au programme, des enseignements, des témoignages, des exercices pour examiner l’essence de notre humanité et son devenir :

    Comment les liens qui nous unissent nous font prendre conscience du caractère unique et irremplaçable de l’être humain ?

    En quoi se reconnaître vulnérable nous humanise et fait progresser la société ?

    Experts et témoins croiseront leurs regards et leurs analyses pour donner à chacun des participants des clés pour comprendre et agir dans la société. Aux côtés de Blanche Streb, Caroline Roux, Jeanne Bertin-Hugault, Jean André et Tugdual Derville, interviendront :

    • Nicole Quinsat, Présidente de « ETRE LA » Puy de Dôme, accompagnatrice en soins palliatifs ;
    • Sabine Blanchard, mère de deux enfants adoptés ;
    • Cécile Gandon, auteur de « Corps fragile, cœur vivant » (Emmanuel, 2022) ;
    • Blandine Humbert, philosophe et directrice de l’Ecole de Santé de l’ICP ;
    • Corine Rondel, cadre de santé dans un établissement public de santé mentale, formatrice Premiers secours en santé mentale et prévention du suicide ;
    • Florian Dosne, auteur de « Ma vie aux deux extrêmes » (Mame, 2022) ;
    • Christophe Bichet, conférencier.

    Inscrivez-vous dans l'une des sept villes belges :

    (clic sur la ville souhaitée)

    • TOURNAI : Lundis 10, 17, 24 mars
    • MONS : Lundis 10, 17, 24 mars
    • BRUXELLES : Lundis 10, 17, 24 mars
    • NAMUR : 10, 17, 24 mars
    • HANNUT : Dimanches 16, 23, 30 mars 
    • LIEGE : Lundis 10, 17, 24 mars (A Liège, la formation a lieu au Sanctuaire Sainte Julienne de Cornillon, 2 rue de Robermont.)
    • LOUVAIN-LA-NEUVE : Lundis 10, 17, 24 mars

  • Marche pour la vie à Washington : le nouveau président s'engage à défendre hardiment la vie et la famille

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    De Kate Scanlon sur Catholic Standard :

    Marche pour la vie

    Le président Trump annonce par vidéo au rassemblement de la Marche pour la vie qu'il défendra hardiment la vie et la famille

    24 janvier 2025

    WASHINGTON (OSV News) - Le président Donald Trump s'est engagé à « défendre fièrement les familles et la vie » dans un message vidéo à l'occasion de la 52e Marche annuelle pour la vie, le 24 janvier.

    M. Trump, qui a pris ses fonctions quelques jours auparavant, a délivré le message à la foule lors du rassemblement qui a précédé l'événement, tandis que le vice-président JD Vance s'est adressé aux marcheurs en personne.

    S'appuyant sur un message anti-avortement après avoir tenté d'adopter un ton modéré sur la question pendant sa campagne, M. Trump a déclaré qu'il était « si fier de participer » au processus visant à renverser l'arrêt Roe v. Wade rendu en 1973 par la Cour suprême des États-Unis.

    Lors de sa troisième candidature républicaine à la Maison-Blanche, M. Trump a affirmé que l'avortement devait relever de la compétence des États et non du Congrès, et a déclaré qu'il opposerait son veto à une interdiction fédérale de l'avortement si celle-ci parvenait sur son bureau. À plusieurs reprises, M. Trump a attribué à la question de l'avortement et aux électeurs pro-vie la responsabilité de la contre-performance du parti républicain lors des élections de mi-mandat de 2022.

    Mais M. Trump a déclaré aux manifestants : « À toutes les personnes très spéciales qui défilent aujourd'hui dans ce froid glacial, je sais que vos cœurs sont chauds et que vos esprits sont forts parce que votre vision est très, très pure : forger une société qui accueille et protège chaque enfant comme un beau cadeau de la main de notre Créateur ».

    Parmi les premières mesures de son second mandat, M. Trump a gracié 23 personnes qui, selon lui, avaient été indûment poursuivies par l'administration Biden en vertu de la loi sur l'accès aux cliniques (Federal Access to Clinic Entrances Act, ou FACE Act), qui interdit notamment d'obstruer l'entrée d'une clinique pratiquant l'avortement.

    M. Trump a évoqué ces grâces dans ses commentaires, déclarant que ces personnes avaient été « persécutées par le régime de M. Biden ».

    Dans les remarques qu'il a faites aux journalistes à la Maison Blanche avant de partir enquêter sur les catastrophes en Caroline du Nord et en Californie, M. Trump a été interrogé sur la manifestation en faveur de l'avortement.

    « Nous avons hâte de le voir », a-t-il répondu. « JD Vance, notre vice-président, sera présent et nous représentera très bien. La manifestation aura lieu dans peu de temps et, à part un peu de froid, c'est une belle journée.

    Dans un discours prononcé en personne lors du rassemblement, M. Vance a déclaré que le second mandat de M. Trump serait le « retour du président américain le plus pro-famille et le plus pro-vie de notre vie ».

    Lors de sa candidature au Sénat américain en 2022 dans l'Ohio, M. Vance, un catholique, a déclaré qu'il soutenait l'interdiction fédérale de l'avortement après 15 semaines. Mais deux ans plus tard, dans les jours qui ont précédé sa sélection comme candidat républicain à la vice-présidence, M. Vance a modéré sa position sur l'avortement, s'alignant sur M. Trump pour dire que la politique de l'avortement devrait être laissée aux États, confirmant la position déclarée de M. Trump selon laquelle il s'opposerait à une interdiction fédérale de l'avortement si le Congrès adoptait une telle loi.

    Dans une interview accordée en juillet, M. Vance a également déclaré qu'il était favorable à ce que la mifépristone, une pilule couramment utilisée pour les avortements du premier trimestre, soit « accessible ». Bien que la mifépristone puisse être utilisée dans les protocoles de soins pour les fausses couches précoces, M. Vance n'a pas nuancé sa déclaration. Près de neuf avortements sur dix ont lieu au cours du premier trimestre, et plus de six avortements sur dix sont pratiqués à l'aide de la mifépristone.

    Dans son discours lors du rassemblement de la Marche pour la vie, M. Vance a déclaré : « Je veux plus de bébés aux États-Unis d'Amérique » et a affirmé que la prise en compte des problèmes liés au coût de la vie ferait partie de cette approche.

    « Nous avons besoin d'une culture qui célèbre la vie à tous les stades, d'une culture qui reconnaît et croit vraiment que le critère de réussite nationale n'est pas notre PIB ou notre marché boursier, mais le fait que les gens sentent qu'ils peuvent élever des familles prospères et en bonne santé dans notre pays », a déclaré M. Vance.

    M. Vance a également souvent évoqué une approche politique plus agressive pour lutter contre les causes profondes de la pauvreté, en plaidant par exemple pour un salaire minimum plus élevé et en proposant un crédit d'impôt de 5 000 dollars par enfant. Certains chercheurs pro-famille ont fait état de résultats indiquant que l'octroi de solides allocations familiales aux parents pourrait avoir des effets à la fois anti-pauvreté et pro-vie en permettant aux ménages avec enfants de sortir de la pauvreté. Aux États-Unis, l'avortement est fortement corrélé aux faibles revenus, sept femmes sur dix ayant déclaré à des chercheurs de l'Institut Guttmacher qu'elles n'avaient pas les moyens d'avoir un bébé, ce qui a été un facteur important dans la décision d'avorter.

    Dans leurs discours respectifs, ni M. Trump ni M. Vance n'ont mentionné leur intention de rétablir la politique de Mexico, qui interdirait aux contribuables de financer des organisations non gouvernementales à l'étranger qui pratiquent des avortements.

    Le gouverneur Ron DeSantis, R-Fla, le président de la Chambre des représentants Mike Johnson, R-La, le chef de la majorité au Sénat John Thune, R-S.D., et le représentant Chris Smith, R-N.J., figuraient parmi les orateurs du rassemblement.

    M. DeSantis a déclaré dans son discours qu'il soutenait le décret de M. Trump visant à modifier l'interprétation du 14e amendement afin de mettre un terme à la citoyenneté de naissance, mais il a ensuite affirmé que cette décision avait suscité une couverture médiatique des préoccupations des mères d'« enfants à naître ».

    L'archevêque de Kansas City, Mgr Joseph F. Naumann, a prononcé une prière d'ouverture et a remercié la présidente sortante de la Marche pour la vie, Jeanne Mancini, pour son leadership.

    Bethany Hamilton, surfeuse professionnelle, auteur et conférencière, a raconté que lorsqu'elle a perdu son bras à la suite d'une attaque de requin, « quelqu'un est venu à mes côtés et m'a donné de l'espoir ».

    « Ils m'ont rappelé l'amour de Dieu », a déclaré Mme Hamilton, exhortant les personnes présentes à être une voix d'espoir pour celles qui sont confrontées à des grossesses dans des circonstances difficiles.

    (Kate Scanlon est reporter national pour OSV News et couvre Washington).

    Discours intégral : Le vice-président catholique JD Vance s'exprime lors de la Marche pour la vie 2025

    Texte intégral : Le président Trump s'adresse à la Marche pour la vie 2025

  • Diagnostic prénatal : l'ONU met en garde la Belgique contre les taux élevés d'avortement chez les enfants atteints de trisomie

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    De kath.net/news :

    Diagnostic prénatal : l'ONU met en garde la Belgique contre les taux élevés d'avortement chez les enfants atteints de trisomie

    24 janvier 2025

    L'image négative des personnes handicapées contribue à un nombre plus élevé d'avortements sélectifs - En raison de la facilité d'accès aux tests NIP (peu fiables), la pression augmente pour que les parents avortent leurs enfants handicapés.

    Vienne (kath.net/IMABÉ) Le nombre d'enfants nés avec une trisomie est en forte baisse. Cette évolution est également liée à l’introduction de diagnostics prénatals non invasifs tels que les analyses de sang. En Belgique, pratiquement aucun enfant ne naît avec le syndrome de Down. L'ONU dénonce les attitudes sociales discriminatoires à l'égard des personnes handicapées.

    Diagnostic prénatal avortement handicap trisomie discrimination inclusion

    Le Comité des Droits des Personnes Handicapées de l'ONU (CRPD) a publié un rapport sur la situation des droits humains des personnes handicapées en Belgique conformément à la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CRPD/C/BEL/CO/2- 3, 30 septembre 2024). Outre divers points de critique, la commission note au point 16 "avec inquiétude [...] que la perception sociale selon laquelle les personnes atteintes du syndrome de Down et d'autres handicaps ont moins de valeur que les autres contribue au nombre élevé d'avortements sélectifs après prénatal diagnostic Syndrome de Down ou autres handicaps.»

    95 pour cent de tous les enfants atteints de trisomie sont avortés en Belgique.

    Le taux élevé d'avortements chez les enfants trisomiques est étroitement lié à l'utilisation généralisée du test NIP (test prénatal non invasif), selon l'Institut européen de bioéthique (EIB). Ce test sanguin permet le diagnostic du syndrome de Down avant la naissance et est proposé systématiquement et gratuitement aux femmes enceintes en Belgique comme méthode de dépistage. Plus de 95 % des enfants suspectés de trisomie grâce au NIPT sont avortés en Belgique. (Institut européen de bioéthique, 25 septembre 2024).

    De nombreux autres pays occidentaux ont connu une baisse rapide et similaire des naissances d’enfants trisomiques depuis l’introduction du NIPT. En Espagne, au Danemark et en France, les statistiques montrent que parmi les parents qui ont découvert la trisomie de leur bébé grâce au NIPT, plus de 90 % ont choisi l'avortement. (Die Welt, 10 avril 2019)

    Un comité de l'ONU appelle à une clarification objective et complète

    Compte tenu du taux élevé d'avortements chez les enfants handicapés, le comité de l'ONU appelle la Belgique à fournir aux futurs parents qui décident de subir un examen prénatal des informations complètes et des conseils adéquats sur la vie avec la trisomie. Ces informations doivent être objectives et ne pas contenir de jugements stéréotypés sur les personnes handicapées qui encouragent des attitudes négatives à l'égard des enfants ayant des besoins spéciaux. En plus d'informations non discriminatoires sur la trisomie, les familles doivent être informées des options de soutien, indique le rapport.

    Les groupes vulnérables doivent être protégés

    Le rapport de l'ONU critique également la maigre offre de services d'accompagnement pour les personnes handicapées en Belgique. Cela montre à quel point il est important de les accepter et de les soutenir dans la société afin d’améliorer la situation des enfants et des parents concernés. Selon la BEI, en raison de la facilité d’accès aux tests NIP, les parents subissent une pression croissante pour « empêcher » la naissance d’enfants handicapés en temps opportun par le biais de l’avortement. Si les parents décident d’avoir l’enfant malgré la possibilité d’un diagnostic, c’est leur affaire personnelle et non celle de la communauté solidaire.

    Une telle évaluation est discriminatoire à l’égard des personnes handicapées. Cela implique que les enfants atteints du syndrome de Down représentent un fardeau déraisonnable pour la société, qui, idéalement - si l'anomalie chromosomique est connue à un stade précoce - peut être complètement évité par l'avortement.

    La responsabilité de la société au lieu de blâmer les parents

    Les observations et recommandations du comité de l'ONU contribuent à rejeter les reproches individuels envers les parents et appellent une société à assumer ses responsabilités de manière solidaire à l'égard des personnes atteintes du syndrome de Down et d'autres handicaps. Chaque vie humaine est précieuse et les groupes particulièrement vulnérables doivent être protégés. Les acteurs politiques, les travailleurs sociaux et le personnel médical doivent également être encouragés à promouvoir et protéger l'accueil positif et l'intégration des personnes trisomiques dès le début de leur vie, souligne la BEI (Institut européen de bioéthique, 25 septembre 2024).

    Le NIPT produit souvent des résultats incorrects

    Le test NIP est considéré d'un œil critique par les experts en raison de son manque de qualité et de signification. L'âge de la femme enceinte a une influence décisive sur la probabilité qu'un résultat positif au NIPT soit correct. Le risque de résultats faussement positifs (le test indique à tort une trisomie) est élevé si le test est utilisé de manière généralisée.

    L'information, l'éducation et l'échange sont essentiels pour les parents

    Après le NIPT, les conseils parentaux appropriés font souvent défaut en cas de résultats anormaux, ce qui crée une incertitude. Selon Inanna Reinsberger (AIHTA), dans la pratique, il y a un manque de temps et de conseils adéquats sur les trisomies 21, 18 et 13. Les parents se sentent obligés de prendre des décisions rapides, tandis que les préjugés négatifs et la peur d'un enfant handicapé mettent la situation à rude épreuve. . Les parents déclarent même se sentir poussés à avorter. (Bioethik aktuell, 5 décembre 2022) De bons conseils, des informations neutres, l'assurance d'un soutien et l'échange avec les parents d'enfants trisomiques sont essentiels dans de telles situations.

  • L’Université de la vie d’Alliance VITA : comprendre pour agir

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    L’Université de la vie d’Alliance VITA : comprendre pour agir

    Notre Université de la vie, avant de s’étendre à de nombreuses villes de France, est née du besoin d’alerter et de former des parisiens motivés en plus grand nombre pour réussir certaines de nos actions nationales, qui se tiennent dans la capitale. Nous savons, par expérience, que, pour agir dans la tempête anthropologique qui jette à bas de multiples repères d’humanité, il est indispensable de comprendre la situation. « Qu’est-ce qui se passe ? » précède le « Que puis-je faire ? ». D’où l’idée de lancer, en janvier 2006, un cycle de formation à Paris sur les enjeux du respect de la vie, sous le label ambitieux et attractif d’Université de la vie. A l’époque ce sont les permanents de l’association qui interviennent sur des formats longs, dans une salle du centre-ville : arguments, réflexion, mise en pratique. Le succès est immédiat : de tous âges, des centaines de franciliens se pressent. Les éditions annuelles se succèdent. Il se trouve qu’à chaque mois de janvier l’actualité politico-médiatique corrobore nos alertes, offrant aux participants l’opportunité d’agir : révisions successives des lois bioéthiques, évolution continue des dispositions législatives régissant l’avortement, offensive de l’euthanasie, appuyée sur l’exploitation de faits divers etc. Spécificité d’Alliance VITA, nos arguments s’enracinent dans l’expérience : celle de nos services d’écoute et des soignants VITA, à commencer par notre président d’alors, le cancérologue Xavier Mirabel, solidement formé à l’éthique. La formule « comprendre pour agir » fait ses preuves. Des étudiants rejoignent nos équipes ; des soignants nous disent à quel point ils se sentent solidifiés ; un professeur de réanimation nous encourage même à l’issue d’une des premières sessions : « L’université de la vie a renouvelé mon regard et révisé ma pratique médicale ».

    Au fil des ans, le succès de ces sessions exclusivement franciliennes incite nos équipes locales d’autres régions à les réclamer pour leur public. La technique aidant, nous nous lançons en 2014 dans un nouveau concept, celui d’une « émission » nationale. Réalisée depuis une salle parisienne, elle sera diffusée en direct dans une centaine d’autres. Chacune bénéficiera de la capacité de mobilisation, d’organisation et d’animation d’une équipe locale. Dès la première année, 6000 personnes s’inscrivent. La soif de comprendre reste la même depuis, même si le concept s’est modernisé : interventions plus brèves, élargissement des thèmes et multiplication des intervenants. La parole est donnée à des experts mais aussi à des témoins. La culture de vie peut s’étendre en tout temps, à toute personne, particulièrement dans les situations de fragilité. Des orateurs porteurs de handicaps ou responsables d’œuvres de terrain s’expriment comme des maitres en humanité. Les séquences courtes touchent ; leur qualité n’a rien à envier aux émissions de télévisions, mais la part d’interactivité n’est pas factice.

    Très vite, notre nouvelle Université de la vie a aussi pris une dimension internationale, dans les communautés francophones de Belgique, de Suisse puis d’une dizaine d’autres pays, parfois en décalé. Elle est traduite et diffusée au Portugal. L’initiative a traversé les années Covid en s’adaptant à ses contraintes. Mais sa formule résiste à l’individualisme et au « tout numérique » : les participants qui convergent vers des salles s’y rencontrent et découvrent la réalité de terrain de notre association, tandis que des témoins locaux sont invités par les équipes pour prolonger ces soirées. Ce panachage entre écrans et rencontres directes est une clé de la fécondité. Car le but n’est pas seulement d’informer : il faut aussi et surtout « mettre en mouvement ». Et pour agir, ne pas se sentir seul !

    Chaque année, le programme se renouvelle autour d’un thème qui permet d’ouvrir des angles de réflexion inédits. Les figures de l’association organisatrice croisent leurs regards avec celles d’autres mouvements, des soignants, des universitaires. Les philosophes font prendre de la hauteur. A chaque édition s’inscrivent autant d’anciens participants que de nouveaux. Chacun reçoit un livret qui l’aide à suivre ce qui est donné et de noter ce qu’il veut en garder. Au fil du temps, l’Université de la Vie a ainsi rejoint, éclairé, consolé, et aussi mobilisé des dizaines de milliers de personnes, bien au-delà de notre ambition originelle. Bienvenue à l’édition 2025 sur le thème : « Être humain et le rester demain ». En somme, à nous d’humaniser le futur !

    Tugdual Derville
    Porte-parole d’Alliance VITA

    Pour s’inscrire à l’Université de la Vie 2025 d’Alliance VITA, 3 soirées de formation bioéthique les lundis 20 janvier, 27 janvier et 3 février : https://www.alliancevita.org/