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Débats - Page 127

  • Une théologie fracturée dans une Eglise polarisée

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    Une interview de Peter John McGregor par Carl E. Olson sur The Catholic World Report :

    La fracture de la théologie dans une Église polarisée

    La "séparation entre la foi et la raison", déclare Peter John McGregor, co-éditeur de Healing Fractures in Contemporary Theology, "est une séparation du divin et de l'humain dans la théologie. C'est le Saint-Esprit qui peut ramener ces deux éléments à l'harmonie."

    4 novembre 2022 

    Peter John McGregor est maître de conférences en théologie dogmatique et spiritualité à l'Institut catholique de Sydney, en Australie. Lui et Tracey Rowland - qui est titulaire de la chaire de théologie Saint-Paul II à l'université de Notre Dame (Australie) et a reçu le prix Ratzinger en 2020 - sont coéditeurs de Healing Fractures in Contemporary Theology (Cascade Books, 2022).

    McGregor a récemment correspondu avec Carl E. Olson, rédacteur en chef de Catholic World Report, au sujet de la fracture de la théologie, de la polarisation dans l'Église, de l'importance et de la place de la pensée de Joseph Ratzinger/Benoît XVI, des tensions sur la liturgie et de sujets connexes.

    CWR : Dès le début, dans le titre du livre et dans l'introduction, vous soulignez la nature fracturée de la théologie aujourd'hui. Comment la théologie est-elle fracturée ? Est-ce qu'une partie du problème est une dispute, ou des désaccords, sur la nature de la théologie elle-même ?

    McGregor : La "fracture" est une métaphore. C'est l'image d'une certaine "désintégration" de la théologie, une désintégration qui, je pense, est en cours depuis au moins la fin du Moyen Âge, bien que l'on puisse peut-être identifier cette tendance tout au long de l'histoire de l'Église.

    En disant que la théologie est "fracturée", je ne veux pas dire qu'il existe différentes "écoles" théologiques. Le mystère de Dieu et de notre relation avec lui est si grand qu'il ne peut y avoir une seule école, un théologien parfait et complet. Les deux seuls qui peuvent prétendre être des "théologiens" parfaits sont Jésus et Marie. Jésus est le Theou Logos, le Verbe de Dieu, la théologie incarnée, et Marie est celle qui a parfaitement médité tout ce que Dieu lui a révélé. Tous les autres, même les grands saints érudits, sont des théologiens moins que parfaits.

    Cela dit, je pense que certaines "écoles" ont plus de problèmes que d'autres, et que certaines sont fatalement défectueuses. Je placerais dans cette dernière catégorie ce que j'appelle les écoles orthopratiques de personnes comme Edward Schillebeeckx. Sur ce point, je répéterais l'adage selon lequel "toutes les métaphores boitent". Je suis donc d'accord avec ce que le père Aidan Nichols a dit dans sa critique parue sur First Things, à savoir qu'il ne s'agit pas seulement de "guérir des fractures". Plutôt, si l'on changeait la métaphore pour reconstituer un puzzle, certaines pièces du puzzle sont irrémédiablement endommagées.

    Je pense que la question théologique fondamentale depuis Vatican II est : "Qu'est-ce que la théologie ?" Alors, oui, cette dispute fait partie du problème, c'est une exacerbation du problème. Mais le problème est bien plus ancien que Vatican II.

    Je considérerais ce que font certains théologiens récents et contemporains comme n'étant pas du tout de la théologie, mais autre chose. Par exemple, je travaille actuellement sur ce qui sera, je l'espère, un livre critiquant la théologie d'un certain théologien "postmoderne" et j'ai conclu que ce que cette personne fait n'est pas du tout de la théologie, mais une sorte de philosophie du langage. Les raisons en sont que, pour lui, tous les problèmes humains, y compris la relation entre l'homme et le divin, sont réduits à des problèmes linguistiques, mais, plus important encore, l'Esprit Saint ne joue absolument aucun rôle ni dans sa méthode ni dans son contenu, c'est-à-dire dans la manière dont il théologise et sur quoi il théologise.

    Mais comment peut-on théologiser sans que le Saint-Esprit y soit pour quelque chose ?

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  • RDC : Avec « L’Empire du silence », deux soirées pour dénoncer l’impunité autour du martyre du peuple congolais

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    Lu dans la « Libre Afrique » :

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    « Le dernier film du cinéaste belge Thierry Michel est au cœur de deux soirées spéciales : l’une ce mercredi à 20h25 sur La Une RTBF et l’autre, le 14 novembre à Bozar (Bruxelles).

    Ni repos, ni répit. Depuis près de 25 ans, des hordes de belligérants s’abattent par vagues successives sur le territoire congolais. Dans l’Est de la RDC particulièrement, la population est soumise à une insécurité permanente. Ce martyre silencieux est au cœur du dernier film de Thierry Michel.

    En trente ans de voyage au Congo, le cinéaste a accumulé une somme de témoignages, d’images d’archives et d’analyses sur le pays-continent dont le destin fut longtemps lié à la Belgique. Dans L’Empire du silence, le réalisateur belge dénonce le chaos en cours au Congo et l’insoutenable impunité de ses auteurs. Depuis plus de vingt ans, les effets dévastateurs de la guerre s’y sont étendus sans que jamais ses instigateurs nationaux et internationaux ne soient inquiétés. C’est contre cette impunité que s’érige le film relayant notamment la voix du prix Nobel de la paix congolais, le Dr Denis Mukwege.

    Le Congo face à l’appétit du Rwanda et de l’Ouganda

    La première vertu de L’Empire du silence*** est sa formidable clarté. Même un public néophyte, qui ne connaîtrait rien des méandres de l’histoire congolaise, y retrouvera son chemin. De 1990 à nos jours, le cinéaste retrace le tragique destin d’une population soumise aux exactions sans fin des innombrables factions rebelles et troupes en présence depuis plus de vingt ans sur son territoire. Singulièrement depuis 1994 et le déclenchement du génocide des Tutsis dans le Rwanda voisin, entraînant l’exode de centaines de milliers de Hutus rwandais sur les terres congolaises.

    Le cinéaste croise les témoignages d’officiels de nationalités multiples ayant œuvré au sein des Nations Unies et du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), mais aussi de civils et témoins (journalistes et responsables de la Croix Rouge congolais) pris en étau dans les territoires de l’Est du Congo convoités pour leur incroyable richesse géologique. Il met ainsi en lumière les mécanismes prédateurs qui maintiennent la population dans la terreur et ont permis à d’anciens chefs de guerre de se frayer un chemin jusqu’aux postes les plus élevés de l’armée régulière congolaise. Car si les troupes étrangères, principalement rwandaises et ougandaises, sont responsables d’attaques, pillages et actes de barbarie par milliers sur le territoire de la RDC, les troupes gouvernementales et groupes armés congolais ont également commis d’innombrables crimes de guerre en Ituri, dans le Kivu et au Kasaï.

    Le film cite souvent le rapport Mapping, réalisé en 2010, documentant plus de 600 violations, les plus graves, des droits de l’Homme et du droit international commises en RDC entre mars 1993 et juin 2003. Un rapport qui, à ce jour, est toujours « resté enfoui dans un tiroir » de l’Onu.

    Parcours de cinéma, de Charleroi à Kinshasa

    Thierry Michel connaît bien le pays pour l’avoir arpenté en long et en large depuis Le Cycle du serpent (1992) en passant par Mobutu Roi du Zaïre (1999) jusqu’à son avant-dernier film sur le Docteur Denis Mukwege rebaptisé L’homme qui répare les femmes (2015). C’est dans le sillage du combat du célèbre médecin et prix Nobel de la paix 2018 que s’inscrit L’Empire du Silence***.

    Ce onzième film, réalisé au Congo par Thierry Michel, prend la forme d’un plaidoyer en faveur de la justice transitionnelle afin que soient jugés les responsables de crimes de guerre et reconnu le droit des victimes. Il pointe le silence international, l’inaction des autorités congolaises et la complicité de nombreuses compagnies étrangères exploitant les précieux minerais congolais. Après sa présentation dans divers festivals et au cours d’une tournée au Congo organisée fin août – début septembre à Kinshasa, Bukavu, Goma et Kisangani, le film sera visible ce mercredi à 20h25 sur La Une. Sa diffusion sera suivie d’un débat à 22h15. Dans la foulée (23h25), on pourra également revoir un autre film de Thierry Michel, Enfants du hasard, tourné dans sa région natale.

    Cette soirée préfigure la participation du cinéaste aux Grandes conférences catholiques le 14 novembre à Bozar. Soirée au cours de laquelle sera retracé son parcours, de Charleroi à Kinshasa, en passant par le Brésil et l’Iran.

    Karin Tshidimba »

    Ref. RDC : Avec « L’Empire du silence », deux soirées pour dénoncer l’impunité autour du martyre du peuple congolais

    ...Dans une éternelle série na balokuta, de poker menteurs : nationale, transfrontalière et internationale, entretenant  un imbroglio dont on n’aperçoit hélàs pas la fin (JPSC).

  • Le président Biden, l'archevêque Paglia et la mortification de l'Église

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    De George Weigel sur The Catholic World Report :

    Le président Biden, l'archevêque Paglia et la mortification de l'Église

    Allons-nous maintenant avoir des hérétiques qui nient la divinité du Christ nommés comme membres du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, au nom du "dialogue" ?

    2 novembre 2022

    Aucune personne qui a travaillé à Washington pendant plus de quatre décennies, comme moi, ne peut imaginer Joseph Robinette Biden, Jr, comme l'un des couteaux les plus tranchants du tiroir. Même avec le recul de 31 ans, sa tentative d'enseigner la théorie du droit naturel au futur juge Clarence Thomas lors des auditions de confirmation de ce dernier est toujours aussi répugnante. Il s'est autodétruit lors de plusieurs campagnes présidentielles à cause de gaffes verbales (et de plagiats). Tout récit honnête de son succès dans l'obtention de la nomination démocrate de 2020 concédera qu'il a été plus ou moins consacré par la crainte que Bernie Sanders, le socialiste du Vermont qui a passé sa lune de miel dans le Moscou de la guerre froide, ne conduise le parti au bord du précipice.

    Aujourd'hui, il est évident pour toute personne ayant la moindre connaissance de la médecine gériatrique que M. Biden est atteint de troubles cognitifs. Le fardeau de l'âge s'est donc superposé à l'incapacité intellectuelle, et l'habituelle fanfaronnade de M. Biden n'est plus qu'une mince couverture pour le dysfonctionnement, l'indiscrétion et une malpropreté après l'autre. Compte tenu de ces réalités, les éthiciens peuvent débattre du degré de culpabilité morale de M. Biden pour sa politique incessante en faveur de l'avortement, qui s'est intensifiée depuis que la Cour suprême a, à juste titre, jeté Roe v. Wade à la poubelle de l'histoire jurisprudentielle en juin dernier. Objectivement parlant, cependant, M. Biden est devenu non seulement un embarras pour l'Église, mais un contre-témoin de l'Évangile que l'Église proclame.

    Sentant, avec d'autres démocrates, que les vents politiques soufflaient dans une direction défavorable alors que les élections de mi-mandat de 2022 entraient dans la dernière ligne droite, l'homme qui claironne effrontément qu'il enfoncera son chapelet dans la gorge de quiconque mettra en doute sa bonne foi catholique a annoncé que sa première action, si les démocrates contrôlaient à la fois la Chambre et le Sénat en janvier 2023, serait de "codifier" Roe v. Wade par voie législative.

    En fait, ce que M. Biden et ses partisans proposent est l'attaque la plus draconienne que l'on puisse imaginer contre le droit à la vie : une licence d'avortement à l'échelle nationale qui, au nom de menaces non spécifiées pour la "santé" maternelle, légaliserait le démembrement d'un enfant à naître jusqu'à la naissance. Le projet de loi proposé par Biden et les démocrates laisse la définition de la "santé" si vague qu'elle autorise les avortements tardifs, en cas de problèmes de "santé mentale" qui peuvent être pratiquement tout et n'importe quoi.

    En promouvant un permis de tuer pratiquement sans restriction, M. Biden s'est déclaré en dehors de la pleine communion de l'Église. Les prêtres et autres personnes qui ont dit à cet homme superficiel et mal catéchisé que sa position sur l'avortement pouvait être conciliée avec la pleine communion avec l'Église catholique portent le plus lourd fardeau de la responsabilité morale - tout comme les évêques appelés à exercer un soin pastoral pour M. Biden. Mais il ne fait aucun doute que, objectivement, le président Biden s'est mis dans une position de communion diminuée, défectueuse, avec l'Église qu'il aime. Ce qui est dommage, c'est que ce qu'il aime, il ne le connaît pas. Et l'amour sans la connaissance est un simple sentiment.

    Il y a aussi Mgr Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie. Nous étions, j'imagine, amis autrefois. Au milieu des années 1990, nous avons travaillé avec le regretté cardinal William Keeler pour faire ériger un mémorial au cardinal James Gibbons de Baltimore dans la basilique de Santa Maria in Trastevere, dont Mgr Paglia était alors le recteur. En 1887, le cardinal Gibbons a prononcé dans cette vénérable basilique, qui venait de devenir son église romaine "titulaire", un sermon qui anticipait l'enseignement du Concile Vatican II sur l'Église et l'État. Keeler et moi avons pensé que ce moment devait être commémoré, et Paglia n'aurait pas pu être plus utile pour faire aboutir le projet, suggérant même que le mémorial Gibbons soit mis en parallèle dans le sanctuaire de la basilique avec un mémorial à un autre grand défenseur de la liberté religieuse, le cardinal polonais Stefan Wyszyński, aujourd'hui béatifié.

    Mais c'était à l'époque, et nous sommes aujourd'hui. Et l'archevêque, qui a présidé à la déconstruction de l'Académie Pontificale de la Vie telle que le Pape Saint Jean Paul II l'avait créée, n'est plus l'homme que j'ai connu il y a trois décennies. Ainsi, Mgr Paglia a récemment accepté la nomination du professeur Mariana Mazzucato, une économiste pro-avortement, comme membre de l'académie pontificale, au nom d'un "dialogue interdisciplinaire, interculturel et interreligieux fructueux."

    Il s'agit là d'une absurdité des plus superficielles, voire d'une duplicité. Devons-nous maintenant avoir des hérétiques qui nient la divinité du Christ nommés comme membres du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, au nom du "dialogue" ? Ou des antisémites appelés à des postes officiels au Vatican au nom d'un "dialogue" sur le judaïsme ?

    La mortification de l'Église se poursuit. Elle nous renforcera dans la vérité, en fin de compte. Mais c'est tout de même une mortification.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques. Il est l'auteur de plus de vingt livres, dont Witness to Hope : The Biography of Pope John Paul II (1999), The End and the Beginning : Le pape Jean-Paul II - La victoire de la liberté, les dernières années, l'héritage (2010), et L'ironie de l'histoire catholique moderne : How the Church Rediscovered Itself and Challenged the Modern World to Reform (2010). Ses livres les plus récents sont The Next Pope : The Office of Peter and a Church in Mission (2020), et Not Forgotten : Elegies for, and Reminiscences of, a Diverse Cast of Characters, Most of Them Admirable (Ignatius, 2021).

  • Koekelberg : une pétition demande le maintien du Père Marc Leroy

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    Une nouvelle pétition contre une décision de Mgr Kockerols à Bruxelles mobilise des centaines de fidèles :

    "Un curé qui rassemble, un curé qui se bat contre les injustices, un curé qui parle aux jeunes.

    Pourquoi nous en priver ?

    Pourquoi ne nous a-t-on pas demandé notre avis ? Pourquoi ne nous a-t-on pas consulté alors même que l'Eglise nous invite, en plein chemin synodal, à davantage de coresponsabilité dans les paroisses... ?

    Pourquoi une telle décision de nous retirer celui grâce à qui notre Unité pastorale est ce qu'elle est ? Une UP vivante, joyeuse, pleine de projets... Une UP qui rassemble les uns et les autres au-delà des différences. Un pôle spirituel au coeur de la Ville.

    Nous souhaitons que le Père Marc reste notre berger !"

  • Euthanasie : quand le Père Abbé de Fontgombault monte au créneau

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    L'homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU, Abbé de Notre-Dame de Fontgombault, pour la Toussaint (source) :

    (Fontgombault, le 1er novembre 2022)

    Venite benedicti patris mei
    Venez les bénis de mon Père
    (Mt 25,34)

    Chers Frères et Sœurs,
    Mes très chers Fils,

    Deux foules peuplent les horizons de la liturgie de ce matin de Toussaint. L’épître nous associe à la joie du voyant de l’Apocalypse devant la cité céleste. La voix puissante d’un ange énumère le nombre des élus parmi les douze tribus d’Israël. Puis voici, une foule innombrable de toutes races, peuples, nations et langues qui se tiennent devant le trône de Dieu. L’évangile nous fait entendre une autre voix, celle du Seigneur, plus douce, qui invite ses contemporains, et qui nous invite, à la mise en œuvre des béatitudes comme la porte ouvrant vers une grande récompense dans les cieux.

    Comment ne pas rappeler cet autre enseignement du Seigneur évoquant le jugement de la fin des temps, et dont saint Matthieu s’est souvenu à la fin de son évangile :

    Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire… toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. » (25,31-34)

    Et quel sera le critère du discernement ?

    J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! (ib. 35-36)

    La pratique des œuvres de miséricorde attire la bénédiction de Dieu : ce que vous « avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (v.40) Heureux donc les pauvres de cœur, les doux, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix. Heureux ceux qui offrent à manger et à boire à l’indigent, qui accueillent l’étranger, qui soignent et visitent le malade et le prisonnier. En mettant en œuvre sans relâche, jour après jour, l’enseignement du Seigneur, ils indiquent à leurs frères le chemin qui, de la vie dans l’éphémère temps présent, conduit à la Jérusalem céleste.

    L’accompagnement du malade, l’accès aux soins palliatifs est devenu une question importante alors que de nombreux États ont autorisé ou se préparent à rendre légale l’euthanasie. Ce faisant, l’État providence, en offrant à ses citoyens une « mort heureuse », prétend se substituer à la Providence divine qui dispose toute chose, et en particulier le moment de la mort, avec justice et amour.

    Il y a un peu plus de deux ans, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié un document intitulé Samaritatus bonus (1) , « Le Bon Samaritain », consacré au soin des personnes en phases critiques et terminales de vie. Je vous invite vivement à le relire intégralement et à le faire connaître. Je crois de mon devoir aussi de le citer un peu longuement ce matin dans le cadre de cette homélie.

    Ce document rappelle que :

    L’Église considère... comme un enseignement définitif que l'euthanasie est un crime contre la vie humaine parce que, par un tel acte, l'homme choisit de causer directement la mort d'un autre être humain innocent. Ceux qui adoptent des lois sur l'euthanasie et le suicide assisté sont donc complices du grave péché que d'autres commettront. Ils sont également coupables de scandale car ces lois contribuent à déformer la conscience, même des fidèles. (Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2286.) « les supplications de très grands malades demandant parfois la mort ne doivent pas être comprises comme l’expression d’une vraie volonté d’euthanasie ; elles sont en effet presque toujours des demandes angoissées d’aide et d’affection... » (Cong. pour la Doctrine de la Foi, Décl. Iura et bona (5 mai 1980))

    Les lois qui approuvent l'euthanasie « non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience...“il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes” (Ac 5, 29) ». (Jean-Paul II, Evangelium vitae (25 mars 1995), n. 73)

    La Congrégation veut aussi répondre à l’objection que l’opposition à une telle loi tiendrait aux convictions religieuses de l’individu. Il n’en est rien :

    Le droit à l'objection de conscience ne doit pas nous faire oublier que les chrétiens ne rejettent pas ces lois en vertu d'une conviction religieuse privée, mais en vertu d'un droit fondamental et inviolable de chaque personne, essentiel au bien commun de toute la société. Il s'agit en effet de lois contraires au droit naturel, dans la mesure où elles sapent les fondements mêmes de la dignité humaine et d'une vie en commun fondée sur la justice.

    Enfin, le document précise que pour conférer le sacrement de réconciliation, le confesseur doit veiller à ce que le pénitent ait une contrition. Aussi, une personne inscrite auprès d'une association pour recevoir l'euthanasie ou le suicide assisté doit montrer son intention d'annuler cette inscription avant de recevoir les sacrements. Dans le cas où le patient serait inconscient, le prêtre pourrait administrer les sacrements sous condition et seulement si le repentir peut être présumé à partir d'un signe donné précédemment par la personne malade. Ceux qui assistent spirituellement les malades ne pourraient en aucun cas rester présents au moment de l’acte, ce qui ne pourrait être interprété que comme une complicité au mal.

    Alors que l’Église nous convie à méditer en ce jour sur la beauté du Corps mystique du Christ, elle nous rappelle que nous ne sommes pas seulement les profiteurs d’un admirable échange où la sainteté des uns profite aux autres. Les âmes au purgatoire, nos frères de la terre, et tout particulièrement ceux qui sont dans l’épreuve, implorent l’aumône de notre prière. Cheminant au cœur de l’Église militante, nous avons le devoir de nous entraîner les uns les autres vers la cité céleste, d’être comme un bon ange pour notre frère. Qui comprend la sainteté de la cité céleste, n’a de cesse d’y mener son prochain.

    Que Marie, Mère de Dieu, Reine des Anges et des Saints, Mère de miséricorde et Refuge des pécheurs, intercède pour nous. Amen.

    (1) https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20200714_samaritanus-bonus_fr.html

    CDF_Samaritanus_bonus.pdf

  • Le métagénisme ou la supercherie du genre

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    Du site de la librairie en ligne Via Romana :

    La supercherie du Genre

    La supercherie du Genre

    Abbé Renaud de Sainte Marie

    10,00 € TTC
     
    Vient de paraître, en librairie le 10 novembre.

    Disponible dès maintenant sur ce site.

    Beaucoup d’opposants au Mariage pour tous le savaient. L’adoption de la loi Taubira était l’arbre qui cachait la forêt. Depuis lors, dans ces domaines qui touchent à la définition des sexes, à leur place dans la société, à la définition de la famille s’accumulent les bouleversements, certains diront les déconstructions.

    Pour inquiétant qu’il soit, ce spectacle n’est pas sans cohérence. Ce petit livre a pour ambition de dévoiler l’arrière-fond philosophique du chaos général soutenu institutionnellement à grand renfort de lois et de propagande par les gouvernements successifs de notre pays et par les institutions internationales.

    L’attaque que subissent les nations humaines est générale, et sa malice en quelque sorte inédite. Les premières victimes de cette offensive sont les plus jeunes générations, celles qui à l’école sont devenues les souris de laboratoire de théoriciens promouvant une égalité pas encore atteinte malgré cent cinquante ans de démocratie. On découvrira par ce livre pourquoi les luttes contre les discriminations sont devenues intersectionnelles.

    Face au mal qui progresse, nous ne pouvons pas rester inactifs. Mais avant d’agir, il faut comprendre, nommer. Sous nos yeux inquiets se dévoile un courant de pensée qui ne disait pas son nom, nous lui en avons donné un : le métagénisme.

    Prêtre, l’abbé Renaud de Sainte Marie a été ordonné en 2006. Titulaire d’un doctorat en philosophie, il a déjà publié La sensibilité dans la vie morale (Clovis 2009) et Le désir du bien (Téqui 2021).

  • Quelle sortie de crise peut-on imaginer pour l'Eglise ?

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    De l'abbé Claude sur Res Novae :

    Imaginer une sortie de crise pour l’Église

    novembre 2022

    De grandes échéances approchent inéluctablement. La décomposition du catholicisme va s’accélérant, et pas seulement en Allemagne. De ce fait, la mise en évidence d’un schisme de fait s’accroît entre un catholicisme de conservation (au sens où Yann Raison Du Cleuziou parle de catholiques qui ont maintenu une sorte de « conservatoire ») et un catholicisme libéral-conciliaire. De grandes secousses peuvent donner l’occasion, aux évêques qui en auront la volonté, suscitée par la toute puissante Providence, d’amorcer le dur combat d’une renaissance. Se trouvera-t-il de tels Successeurs des Apôtres ?

    Un salut qui ne peut être que hiérarchique

    L’Église, du fait de l’événement Vatican II, est plongée dans une crise d’un type totalement atypique où le fonctionnement habituel du magistère est comme enrayé. Cela tient aux novations enseignées par ce concile et à cette sorte de démission que constitue la sortie du magistère infaillible, au moins comme référence, et son remplacement par l’enseignement pastoral. Le signe le plus visible de cette ère nouvelle étant une liturgie elle-même pastorale, affaiblie, parfois considérablement, du point de vue de sa signification théologique.

    La divine constitution de l’Église étant fondée sur le pape et les évêques, la sortie de crise, à terme, ne peut être qu’une reprise en main par le pape et les évêques unis à lui. Ils devront nécessairement se consacrer à un renversement ecclésiologique dans le cadre d’une société catholique, aujourd’hui minoritaire. L’Église retrouvera la conscience d’être la totalité surnaturelle de son Corps mystique sur la terre, dans la pauvreté des moyens que lui impose une situation de persécution idéologique du monde moderne[1].

    Tel est le terme. Auparavant les fidèles de l’Église (jadis, on aurait pu y ajouter les princes chrétiens), animés par le sensus fidelium, peuvent certes œuvrer grandement en cette direction, notamment par la conservation de la lex orandi traditionnelle. Mais la préparation adéquate au retournement dont nous parlons serait – ou est déjà, quoique bien faiblement encore – l’action réformatrice de Successeurs des Apôtres en communion prévenante avec le pape devenu restaurateur. 

    Il ne faut pas se cacher que si la confession intégrale de la foi catholique redevient un jour, comme il est de règle, le critère d’appartenance à l’Église, la brisure latente de l’unité qui existe depuis cinquante ans entre catholiques[2] va nécessairement se transformer en schisme ouvert. Et cela ne pourra intervenir que « dans le sang et dans les larmes » moralement parlant. Mais ce sera en même temps libérateur, la vérité étant par essence salvatrice, y compris pour les schismatiques appelés au choix et à la conversion. Car on ne peut malheureusement pas prévoir de solutions gentillettes à une crise de cette profondeur.

    Sortir d’un catholicisme « allégé », revenir à un catholicisme « entier »

    Quel programme peut-on imaginer pour la hiérarchie du futur, et dans un plus proche avenir pour ces évêques anticipant et préparant le relèvement de l’Église ? Nous évoquerons dans de prochaines livraisons un certain nombre de thèmes de réforme, et auparavant de prolégomènes à la réforme, comme la recomposition de la liturgie, le retour à la prédication sur les fins dernières, la restauration de la discipline de la communion, l’enseignement de ce qu’on pourrait appeler le catéchisme tout simplement, la morale et spécialement la morale conjugale, la formation des prêtres.

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  • Aucun synode ne peut changer la foi de l'Église

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    De kath.net/news (Joachim Heimerl) :

    Le synode mondial comme chapiteau de cirque. A propos du document actuel du secrétariat du synode du Vatican

    31 octobre 2022

    "Manifestement, on a perdu de vue le plus important : aucun synode ne peut changer la foi de l'Église et s'il tente de le faire, il n'est tout simplement plus catholique".

    Avec la publication actuelle du document de travail pour la prochaine phase du Synode des évêques 2023/24, son résultat est au fond déjà connu : il s'agit de réinventer une Eglise qui n'est plus consciente de sa propre tradition.

    "Élargis l'espace de ta tente" est le titre bien choisi du document : Ce n'est plus la révélation finale de Dieu qui est au centre, comme l'exprime par exemple la "tente de la révélation" biblique ; au contraire, il s'agit ici d'un chapiteau de cirque où tout doit pouvoir cohabiter et où des représentations absurdes sont admises dans l'espace sacré de l'Église : Le remariage des divorcés et même la polygamie, tous deux en contradiction flagrante avec le sacrement de mariage, y trouvent leur place, tout comme les unions homosexuelles, que les Saintes Écritures condamnent expressément : "Les hommes qui désirent des hommes (...) ne posséderont pas le royaume de Dieu" (1 Cor. 6,10).

    Il va de soi que cette ménagerie aborde également la "question des femmes" : dans l'esprit du document, une Eglise "synodale" est manifestement une "Eglise de femmes", qui n'a aucune compréhension pour le fait que le Christ, en tant que grand prêtre éternel, n'a appelé que des hommes au ministère ordonné.

    Mais ce n'est pas tout : un style "synodal" doit également être introduit dans la célébration de la sainte messe : Cela signifie tout simplement qu'à l'avenir, à la manière protestante, il sera surtout question des "co-célébrants". Il n'est plus question de l'actualisation du sacrifice de la croix, ni de Jésus-Christ comme unique chef de son Église. La "vieille messe" n'est connotée que comme une querelle ; on ne pense pas à un retour salutaire à la tradition liturgique.

    Dans l'ensemble, le document annonce un changement de paradigme : L'Église n'est plus une communauté hiérarchiquement liée au Christ, mais une société "ouverte" qui se donne elle-même ses lois contemporaines. Bien sûr, on formule cela de manière plus agréable : on parle d'une "Eglise capable d'une inclusion radicale" ; cela inclut manifestement, outre la rupture avec l'ancienne doctrine des sacrements, l'inclusion du péché dans le sens d'une morale sexuelle totalement libertine. - C'est effectivement "radical" : cela va au fond des choses pour la religion catholique.

    Bien sûr, on pourrait objecter ici que le document n'est qu'un résumé de différentes positions, et c'est bien sûr le cas. Mais on pourrait tout aussi bien dire qu'il ne s'agit que de bavardages qui se donnent le nimbe du "Saint-Esprit" afin d'infiltrer l'Eglise en son sein. Dans ce contexte, le cardinal Müller a parlé à juste titre d'une "prise de contrôle hostile" et d'une "destruction de l'Eglise" si cela devait effectivement réussir. C'est dans ce contexte que le président de la "conférence épiscopale allemande" parle désormais d'une "dynamique synodale" qui s'est emparée de toute l'Église : Il s'agit - comment pourrait-il en être autrement du point de vue allemand - de la dynamique de l'hérésie.

    Bien sûr, il y a dans l'Eglise des positions différentes et surtout une large ignorance de la foi catholique. Mais c'est justement là qu'un document du Vatican qui ne se donne même pas la peine de mettre en jeu l'enseignement définitif de l'Eglise pour faire passer les positions divergentes de la tête aux pieds n'aide pas.

    Manifestement, on a perdu de vue le plus important : aucun synode ne peut changer la foi de l'Eglise et s'il tente de le faire, il n'est tout simplement plus catholique. Il n'est alors plus qu'un chapiteau de cirque, tout comme ce document.

  • Nos enfants ont le droit de bénéficier d'une parentalité ferme et bienveillante qui leur donne la possibilité de bien grandir

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    Une carte blanche publiée sur le site de la Libre :

    La parentalité exclusivement positive ne respecte pas le développement psychologique de l'enfant

    Quand va-t-on se rendre compte que cette parentalité qui veut faire l'économie de l’éducation, est un manquement grave aux droits des enfants? Ce sont des limites fermes et bienveillantes qui permettront aux enfants de sortir de leur toute-puissance infantile, de devenir des adultes autonomes.

    Contribution externe

    28-10-2022

    Une carte blanche signée par six spécialistes, belges et français, de la psychiatrie et de la psychologie de l'enfant et de l'adolescent (voir la liste des signataires ci-dessous)

    Récemment, une représentante du Conseil de l'Europe aurait exprimé, selon certaines sources, l'hypothèse de déconseiller le 'time-out' pour nos enfants (ou « temps mort » c’est-à-dire le fait de les isoler pour qu’ils se calment ou pour les punir), considérant cette technique d’éducation comme trop violente alors même qu’elle est recommandée par de nombreuses instances internationales (1). Cette expression en a choqué plus d'un. Elle incarne en effet les dérives d’une parentalité « exclusivement » positive.

    Tandis que la parentalité positive allie deux vecteurs essentiels au développement de l’enfant, à savoir la bienveillance ET la fermeté (Daly, 2006), la parentalité dite « exclusivement » positive qui voit dans toute fermeté, contrainte ou effort exigé, une forme de violence faite aux enfants, gagne du terrain. Si la parentalité positive doit agir comme point de repère-phare tant pour les professionnels que pour les parents, la dérive de la parentalité « exclusivement » positive (Larzelere et al., 2017), doit quant à elle être dénoncée et endiguée.

    Les premiers à souffrir de cette parentalité sont les enfants qui souffrent de ne pas être aidés à grandir, se sentant abandonnés par des adultes à l’attitude exclusivement empathique, à qui on fait croire qu’un enfant peut se contenir, se limiter, s'éduquer, s'élever tout seul. On parle de leur retirer les limites et le cadre dont ils ont besoin pour se construire. Cette parentalité-là menace les droits fondamentaux de l’enfant. Et pourtant, les adeptes de la parentalité exclusivement positive, tentent encore de reculer les limites du possible en matière d’éducation.

    Les enfants ne sont pas les seules victimes de cette parentalité. Les parents le sont également et nombreux sont ceux qui se sentent démunis face à la proposition de la représentante au conseil de l’Europe. Ils se trouvent menottés dans l’exercice de leur autorité, paralysés par la crainte de blesser leur enfant de façon irrémédiable en l’exposant à un cadre ferme. Il en est de même pour les professionnels de la santé mentale dont les consultations se remplissent de jeunes patients souffrant des conséquences de cette dérive, entre narcissisme, toute-puissance, intolérance à la frustration et émergence de pathologies psychiatriques graves.

    Les enseignants voient leur santé mentale et parfois physique affectée face à des enfants exprimant de plus en plus fort des « besoins » de plus en plus complexes. Les enseignants sont facilement critiqués pour ne pas être à la hauteur des besoins de l’enfant ou pour y répondre de manière inappropriée, voire violente. On leur en demande toujours plus et particulièrement, d’exercer leur métier de pédagogue et d’éducateur avec une bienveillance excluant toute contrainte et tout effort imposé aux enfants.

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  • Célébrer Vatican II ?

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    De l'Homme Nouveau sur youtube :

    60 ans après, que retenir du Concile Vatican II ? Pourquoi le pape François tient-il à célébrer cet anniversaire ? Les réponses du Club des Hommes en noir avec autour de Philippe Maxence, les abbés de Tanouärn et Célier, le père Danziec, Guillaume de Thieulloy et Laurent Dandrieu.

  • Bruxelles, 8 novembre et 12 décembre : Dieu existe-t-il ? avec Emmanuel Tourpe

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    8 NOVEMBRE | « DIEU EXISTE-T-IL ? » : LA QUESTION EST AU CENTRE DE DEUX CONFÉRENCES AU FSM

    Le Forum Saint-Michel organise deux conférences avec Emmanuel Tourpe les 8 novembre et 12 décembre à 20 h.
     
    Emmanuel Tourpe est né en 1970, un philosophe français qui enseigne la philosophie et la communication dans plusieurs universités belges et française. Il mène par ailleurs une carrière directoriale dans des médias de service public (RTBFARTE)1 et privés (IPM/LN24). Il est Chevalier des Arts et des Lettres (2021) de la République Française.

    Leur titre « Dieu existe-t-il ? » est aussi la question qui va guider le cheminement et essayer d’approcher une réponse qui, si elle s’appuie sur une tradition et des recherches fondamentales, n’en reste pas moins toujours personnelle et ancrée dans la réalité propre de chacun.

    Conférences « programmatiques« , ces temps de novembre et décembre seront suivis d’un cycle de conférences qui se répartiront sur 3 semestres à raison d’une conférence par mois. Elles permettront de parcourir un ensemble de philosophes qui tentent d’approcher la question.

    Les interpellations et perspectives ouvertes lors de ces deux soirées pourront être approfondies dans un parcours qui s’étendra sur 3 semestres ou une quinzaine de rencontres.

    Inscriptions souhaitées forumsaintmichel.be, accueil@forumsaintmichel.be ou tél. 02/739 04 51

    Participation aux frais : libre

    Pour plus d’infos visiter le site Forum Saint-Michel

  • Synode : une "grande tente" ou une maison sur le sable ?

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    Du National Catholic Register :

    Logo for the Synod on Synodality.

    Le Synode construit-il une grande tente - ou une maison sur le sable ?

    EDITORIAL : En ne fondant pas la "diversité d'opinions" qu'il présente sur un socle de saine doctrine, le processus risque de se désolidariser du Christ et de son Église.

    28 octobre 2022

    Le Synode sur la synodalité a publié un "document de travail" pour l'étape continentale du processus pluriannuel de l'Église. Pour le thème du document, une synthèse des textes produits lors de l'étape régionale, les organisateurs du synode ont choisi une image tirée du livre du prophète Isaïe : "Elargis l'espace de ta tente".

    Le texte poursuit en interprétant ce verset comme un guide pour l'Église "sur son chemin synodal". Comme la toile de la tente d'Isaïe, l'Église est appelée "à s'étendre... mais aussi à se déplacer" lorsqu'elle voyage avec le peuple de Dieu. Les chevilles qui assurent la tenue de la tente, les fondements de la foi, ne changent pas, mais "peuvent être déplacées et plantées dans un terrain toujours nouveau, de sorte que la tente puisse accompagner le peuple dans sa marche à travers l'histoire". Enfin, comme les cordes d'une tente, les structures de l'Église doivent être ajustées pour éviter de s'affaisser, en équilibrant "les différentes forces et tensions" en son sein.

    "Élargir la tente exige d'accueillir d'autres personnes en son sein, de faire de la place à la diversité", peut-on lire dans le document de travail. 

    Interpréter la tente d'Isaïe comme une image de l'Église n'a rien de nouveau. Après tout, le passage est intégré dans un texte prophétique plus large qui parle de la restauration et de l'expansion d'Israël par Dieu à toutes les nations, ce qu'il fait, bien sûr, par Jésus-Christ et l'établissement de son Église, le Nouvel Israël. 

    Mais à bien des égards, ce que le Synode sur la synodalité propose pour l'Église ressemble moins à la tente en expansion d'Isaïe qu'à une autre image structurelle tirée de l'Écriture : la maison construite sur le sable.

    Comme cette maison, décrite dans l'Évangile selon Matthieu, l'ecclésiologie du synode continue à montrer des signes d'être construite sur une fondation défectueuse. En effet, bien que le document de travail du synode fasse référence aux "fondements de la foi", il ne montre guère de compréhension claire de ce que sont ces fondements et de la manière dont ils devraient guider le discernement en cours sur la façon dont l'Église peut devenir plus authentiquement synodale.

    Cela apparaît clairement dans la présentation que fait le document des diverses "tensions" qui sont apparues aux niveaux diocésain et régional. Par exemple, le document parle d'une grande "diversité d'opinions" qui "a été exprimée sur le sujet de l'ordination sacerdotale des femmes, que certains rapports appellent de leurs vœux, tandis que d'autres considèrent comme une question fermée". Aucune indication supplémentaire - comme le fait que saint Jean-Paul II a enseigné de manière définitive dans Ordinatio Sacerdotalis que l'Église "n'a aucune autorité pour conférer l'ordination sacerdotale aux femmes", un enseignement que le pape François a clairement indiqué comme étant définitif - n'est fournie. 

    C'est comme si l'enseignement établi de l'Église n'était pas pertinent ou était supplanté par le processus synodal et son affirmation éhontée du sensus fidei (sens de la foi), où qu'il puisse mener. 

    Bien sûr, un tel processus de discernement et de détermination de l'enseignement et de la pratique de l'Église est absurde. Il est déconnecté de la Tradition de l'Église, telle qu'elle est interprétée et enseignée par le magistère de l'Église, le rocher sur lequel le Christ a construit sa Maison. Elle troque la "terre ferme" dont parle Jésus pour les sables mouvants des opinions changeantes et de l'esprit du monde. 

    Ce n'est pas une coïncidence si l'image finale utilisée par le document pour transmettre son concept de catholicisme "à grande échelle" met l'évêque à l'écart. Alors que l'égale dignité de tous les baptisés est, bien sûr, primordiale pour toute compréhension correcte de l'Église, lorsqu'il s'agit de discerner et d'enseigner ce qui est cohérent avec la doctrine catholique, on ne peut tout simplement pas contourner le fait que les successeurs des apôtres, en unité avec le Pape, jouent un rôle irremplaçable et central. Marginaliser la fonction d'enseignement de l'épiscopat, c'est proposer tout autre chose que l'Église de Jésus-Christ.

    Le désir d'étendre l'Église comme la tente d'Isaïe est louable, mais, bien sûr, c'est déjà fait. L'Eglise est déjà pour tous les hommes - parce que le Christ a vécu, est mort et est ressuscité à une vie nouvelle pour tous. L'Eglise a échoué et continue d'échouer à inviter de manière adéquate ceux qui sont à l'extérieur dans cette communion, mais la solution n'est pas d'échanger un terrain solide contre du sable mouvant. Il s'agit de nous engager à nouveau dans l'Église que le Christ nous a donnée, en faisant confiance à sa grâce et à sa vie - et non à nos propres idées et plans - pour renouveler la face de la terre.