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Débats - Page 217

  • Summorum Pontificum : et si on laissait l’œuvre liturgique de Benoît XVI poursuivre son chemin sans tracasseries cléricales ?

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    Un appel sans ambigüité du Cardinal Sarah sur sa page facebook :

    Sarah images (6).jpg« Dans l'histoire, on se souviendra de Benoît XVI, non seulement comme d’un grand théologien mais aussi comme du Pape de Summorum Pontificum, le Pape de la paix liturgique, celui qui aura construit un pont œcuménique avec l'Orient chrétien à travers la liturgie latino-grégorienne.

    Il restera comme le Pape qui aura eu à cœur la volonté de retrouver les racines chrétiennes et l'unité de l'Europe et se sera opposé au laïcisme vide de sens et à la déstructuration de la culture européenne.

    À partir du Motu Proprio Summorum Pontificum, malgré les difficultés et les résistances, l'Église a entamé un chemin de réforme liturgique et spirituelle qui, bien que lente, est irréversible.

    En dépit des attitudes cléricales intransigeantes d’opposition à la vénérable liturgie latino-grégorienne, attitudes typiques de ce cléricalisme que le Pape François a dénoncé à plusieurs reprises, une nouvelle génération de jeunes a émergé au coeur de l'Église.

    Cette génération est celle des jeunes familles, qui montrent que cette liturgie a un avenir parce qu’ elle a un passé, une histoire de sainteté et de beauté qui ne peut être effacée ou abolie du jour au lendemain.

    L'Église n'est pas un champ de bataille où l'on joue pour gagner en essayant de nuire aux autres et à la sensibilité spirituelle de ses frères et sœurs dans la foi.

    Comme Benoît XVI l'a dit aux évêques français : « Dans l'Église il y a de la place pour tout le monde », parce que nous savons nous traiter avec respect et vivre ensemble en louant le Seigneur dans son Église et en restant dans l'unique vraie foi.

    La crise liturgique a conduit à la crise de la foi. De la même manière, le respect des deux formes ordinaire et extraordinaire de la liturgie latine, nous conduira à un élan missionnaire d'évangélisation, et nous pourrons enfin sortir du tunnel de la crise. »

    https://twitter.com/Card_R_Sarah/status/1413090720097910784?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet

    JPSC

  • Il y a 80 ans : les trois sermons courageux de Mgr von Galen, le cardinal antinazi

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    D'Elisabeth Caillemer sur le site de Famille Chrétienne :

    Les trois sermons courageux de Mgr von Galen, l'évêque antinazi

    Les trois sermons courageux de Mgr von Galen, l'évêque antinazi
    U.BILD-AKG IMAGES

    C’est une idée tenace, propagée par une pièce de théâtre, Le Vicaire, sortie en 1963, puis adaptée quarante ans plus tard au cinéma par Costa Gavras (1). L’Église catholique aurait dit « amen » au régime nazi. Parmi d’autres, le parcours du cardinal allemand Clemens August von Galen témoigne pourtant du contraire. Le New York Times ne lui décernait-il pas d’ailleurs, en 1942, le titre d’« opposant le plus obstiné au programme national-socialiste antichrétien » ? Et c’est pour cette même raison que celui qu’on surnommait le « Lion de Münster » fut mis au rang des bienheureux le 9 octobre 2005 par le pape Benoît XVI saluant un défenseur « des droits de Dieu, de l’Église et de l’homme, que le régime nazi violait de façon grave et systématique, au nom d’une aberrante idéologie néopaïenne ». Une vie édifiante qui, si elle contribue quand même à rétablir l’honneur de l’Allemagne et de l’Église catholique, nous offre également un « modèle de foi profonde et intrépide », pour reprendre les termes de Benoît XVI. Un exemple rattaché aux trois sermons mémorables prononcés par le prélat à l'été 1941.

    Premiers écrits contre le néopaganisme

    Clemens August von Galen naît en 1878 au sein d’une famille aristocrate westphalienne catholique pour qui « la noblesse n’a d’existence et de justification que par sa vocation au service du Bien Public, comme clef de voûte d’une société cohérente et tournée vers Dieu ». Il est le onzième de treize enfants. Son père est député du Zentrum (le parti catholique) au Parlement impérial allemand, et son arbre généalogique est parsemé d’hommes d’Église. La foi catholique constitue l’ADN des von Galen. « Les premières années de Clemens August furent le moment de sa vie où se fixa la vision de son existence, avec un point de fuite unique, irremplaçable, évident : le Ciel et son Christ », écrit Jérôme Fehrenbach. Entouré de parents très pieux, pensionnaire chez les Jésuites, il décide de consacrer sa vie à Dieu et est ordonné prêtre en 1904.

    Après avoir exercé son ministère à Berlin il est nommé à Münster en 1929. « Il sait que dans cette Allemagne secouée par la Grande Guerre, l’identité chrétienne est en jeu », écrit Fehrenbach. Dans un opuscule paru en 1932, Le Fléau du laïcisme, le curé de Münster dénonce la déchristianisation de la société, terreau d’un néopaganisme qu’il voit poindre. Il est l’un des premiers à dénoncer la politique du parti nazi qui commence à séduire l’Allemagne, catholiques compris, attirés par l’anticommunisme d’Hitler« Je crains, écrit-il, que des catholiques égarés par l’apparence du bien et du bon, contaminés par une opinion publique fondamentalement antichrétienne, et plus encore non-catholique, ne soient victimes d’erreurs fatales. »

    Il s’oppose à l’extermination des personnes handicapées

    En 1933, Clemens August est sacré évêque. Sa devise, « Nec laudibus, nic timore » (« Ne se laisser influencer ni par la peur, ni par la flatterie ») sera sa ligne de conduite. Sa voix contestataire s’élève à proportion de la progression de l’idéologie nazie. En 1934, il signe courageusement la préface d’un livre attaquant Le mythe du XXIe siècled’Alfred Rosenberg, un des théoriciens du IIIe Reich. Un condensé de cette préface est lu dans toutes les églises du diocèse. Von Galen se pose publiquement en combattant du nazisme. Face à sa détermination, le ministre des Cultes renoncera même à supprimer les croix dans les établissements scolaires. Convoqué à Rome par le pape Pie XI, il participe à la rédaction de l’encyclique Mit Brennender Sorge destinée à « éveiller les réflexions de ceux qui ont déjà commencé à se laisser prendre aux appâts et aux menaces des adversaires du Christ et de son Évangile ». À son retour, il reprend son apostolat devant une foule de plus en plus nombreuse à venir l’écouter prêcher et parmi laquelle, il le sait pertinemment, se mêlent des membres de la Gestapo qu’il n’hésite pas qualifier d’« ennemis du peuple ».

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  • Que faire de nos églises désertées ?

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    De Mélanie Geelkens sur le site du Vif :

    Coût des cultes: les Eglises sont vides et peinent à ressusciter

    11 juillet 2021

    Chaque année, quelques dizaines d'églises sont désaffectées, et certaines mises en vente, les communes refusant d'investir de trop importants montants dans leur rénovation. Déjà que les cultes leur coûtent pas mal d'argent... Mais que faire des édifices désacralisés? La piste des logements est à l'étude.

    Neuf cents mètres carrés, belle hauteur sous plafond, vaste crypte aménageable, vitraux simple vitrage: faire offre à partir de 790 000 euros. Depuis sa mise en vente en 2019, des amateurs se sont manifestés, imaginant y ouvrir tantôt un restaurant, tantôt une maison de repos, voire une mosquée. L'agent immobilier imaginait même de l'escalade sur la tour. L'église Notre-Dame de Lourdes au Bouhay, à Bressoux (Liège), a finalement été vendue en 2020 et son affectation reste à déterminer. Peut-être du logement.

    D'autres se sont transformées en hôtel (à Malines), en restaurants (à Anvers, Gand et Marche-en-Famenne), en discothèque (à Bruxelles)... Les projets de reconversion ne peuvent devenir que de plus en plus nombreux. En Belgique, on recense pas moins de 4 296 églises, selon le décompte officiel effectué en 2018. Mais quelques dizaines sont désaffectées chaque année (31 en 2018, 26 en 2019). Elles sont, dans de rares cas, attribuées à d'autres cultes chrétiens. Sinon laissées vides.

    Et, même lorsqu'elles ne sont plus fréquentées, elles engendrent des frais. De réparations urgentes, de sécurisation... Ce sont alors les communes qui déboursent, toutes historiquement obligées qu'elles sont de devoir assumer les déficits des fabriques d'église depuis un décret datant de... 1809 (mais aussi ceux des cultes protestant, israélite et anglican, tandis que les provinces se chargent de ceux des cultes orthodoxe et musulman). En moyenne, le financement annuel global des cultes au niveau des communes wallonnes représente 40,1 millions d'euros au budget ordinaire et 51,2 millions à l'extraordinaire. Soit environ 1% du budget communal. Ou, plus concrètement, quasi 26 euros par habitant.

    Pour des pouvoirs locaux souvent en déficit structurel, ça pèse lourd. D'autant que les églises sont souvent vides, ou en tout cas trop nombreuses sur un territoire communal par rapport aux besoins des habitants. A Nivelles, il y en a dix (huit catholiques et deux protestantes). Dont coût annuel en 2021 de 3,4 millions d'euros (budgets ordinaire et extraordinaires confondus). L'un de ces édifices, Saint-Sépulcre, est fermé au public depuis 2019. Trop délabré, trop risqué. "Le coût d'une rénovation serait de 2,2 millions au minimum minimorum, détaille Colette Delmotte, présidente du CPAS en charge des cultes et du patrimoine (MR). La commune a dit non, et la fabrique d'église pense à la vendre depuis un petit temps, étant donné aussi qu'il y a de moins en moins de paroissiens." Cette année, bien que fermée, Saint-Sépulcre a continué à coûter plus de 31 000 euros. Si elle est un jour vendue, les caisses communales ne toucheront pas un centime.

    Même si un bien devait être vendu pour l'euro symbolique, il est peu probable qu'un investisseur privé assume les rénovations et y trouve une rentabilité.

    Mais dès l'annonce d'une possible mise en vente, un comité de soutien s'est organisé, "Les amis du Spluc". Même désertée, une église ne disparaît que rarement sans protestation, sans doute en raison des liens affectifs qu'elle suscite. Le lieu d'un mariage, d'une communion, d'un baptême, pour plusieurs générations. "Ces riverains s'imaginaient qu'avec des goûters, des soupers, ils pourraient sauver les lieux, constate Colette Delmotte. Mais il faut rester réaliste, il y a des normes à respecter, et la Ville a d'autres priorités."

    A Liège, c'est la basilique de Cointe qui est à vendre depuis des temps immémoriaux. Plusieurs investisseurs privés s'étaient manifestés, aucun projet n'a réussi à se concrétiser. "C'est difficile, car nous ne sommes pas propriétaires fonciers, explique l'échevine en charge des cultes Christine Defraigne (MR). La Ville ne peut que souhaiter lui donner un avenir." Le territoire liégeois compte pas moins de 57 édifices, dont 48 catholiques. Qui nécessitent un budget annuel de 545 000 euros. "Nous respectons bien sûr nos obligations. Mais vu notre état d'impécuniosité, et étant donné la chute évidemment drastique de la fréquentation, nous avons demandé aux représentants de réfléchir à des formules de rationalisation."

    Lire aussi: Coût des cultes: l'impôt qui fait vivre les Eglises en Allemagne

    Des fidèles aux locataires?

    Rationaliser, c'est aussi ce que propose aux communes l'intercommunale immobilière Ecetia. Et si aucune église n'était déjà construite, combien seraient érigées pour répondre aux besoins? "On pourrait alors envisager une nouvelle affectation, totale ou partielle, aux autres", expose son directeur, Bertrand Demonceau, qui raconte avoir été régulièrement consulté par des bourgmestres en quête de solutions de reconversion. "Souvent, on imagine de les transformer en bibliothèques et centres culturels. Mais quand bien même, les communes ont-elles besoin de cinq de chaque sur leur territoire? Ce qui leur manque, le plus souvent, ce sont des logements, surtout des appartements. On pourrait imaginer soit l'intervention d'agences immobilières sociales, soit des promotions immobilières classiques." Les communes tiennent parfois à proposer une emphytéose plutôt qu'une vente réelle. On ne sait jamais, qu'un jour les fidèles reviennent en masse...

    Ecetia est en contact avec plusieurs communes, et deux dossiers sont plus particulièrement avancés (une étude économique a été réalisée): concernant les églises de Tignée et du Heusay, toutes deux en périphérie liégeoise. Mais ce genre de reconversion ne peut être que complexe, d'abord car les pouvoirs publics ne sont pas toujours eux-mêmes propriétaires et ne peuvent que suggérer les choses. "Le constat que l'on a tiré, poursuit Bertrand Demonceau, c'est qu'il devrait de toute façon y avoir un coût public, pour certains frais de réparation ou de rénovation. Même si un bien devait être vendu pour l'euro symbolique, il est peu probable qu'un investisseur privé assume les rénovations et y trouve une rentabilité." Peut-être certains subsides régionaux pourraient-ils aider mais, à nouveau, l'investissement public sera difficilement épargné.

    "Le sujet est complexe,conclut- il. Et parfois émouvant car le fait même que cette question de l'avenir des églises se pose, à une aussi grande échelle et sans doute pour la première fois depuis la christianisation de l'Europe au Haut Moyen Age, témoigne d'un changement de paradigme. Du passage d'une époque à une autre."

  • L'Eglise en procès; des historiens répondent

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    De Jean-Pierre Bédéï sur Hérodote.net :

    L’Église en procès

    La réponse des historiens

    7 juillet 2021

    L'Histoire bimillénaire de l'Église est régulièrement l'objet de controverses et de polémiques sans grand rapport avec les faits. Sous la direction de Jean Sévillia, des historiens se sont attachés à rétablir un certain nombre de vérités dans un ouvrage, L'Église en procès (Texto Tallandier), qui face à une « persistante légende noire » n'entend pas pour autant légitimer « la bienveillante légende dorée qui dissimule les faiblesses, les fautes et parfois, malheureusement, les crimes commis par les hommes d'Église. »

    En dix-huit chapitres, autant d'historiens tentent de relever ce pari d'une vision équilibrée, depuis les preuves de l'existence de Jésus jusqu'au scandale des prêtres pédophiles. Les croisades, l'Inquisition, les guerres de religion, l’épopée des Conquistadors, la colonisation, l'antisémitisme, l'argent du Vatican, les confrontations entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux, tels sont les autres principaux thèmes abordés.

    De ce kaléidoscope à travers les siècles, on retiendra l'excellent chapitre d'Olivier Hanne intitulé « une papauté avide de pouvoir ? » L'auteur y retrace de manière fort instructive les relations conflictuelles entre la papauté et les différents souverains. Si Pépin le Bref se montra "un auxiliaire zélé de l'Église", en revanche, sous le règne de Charlemagne « la mise sous tutelle de l'Église fut sans précédent, et la soumission du clergé totale, jusqu'à pousser le roi à définir la mission du pape sur terre. »

    L'Église réagit grâce à un vaste mouvement rénovateur, la « réforme grégorienne » dont Grégoire VII (1073-1085) fut le grand artisan qui s'opposa à ce que les évêques tiennent leur autorité du pouvoir monarchique. « Ainsi bien avant la séparation de 1905, le principe de l'autonomie des pouvoirs séculier et spirituel était acquis, et ce en raison de l'insistance de la papauté », observe l'auteur.

    Et quand le pape Boniface VIII (1294-1303) crut qu'en tant que seul représentant du Christ, il pouvait juger les rois, Philippe le Bel « le fit déclarer hérétique et schismatique par une assemblée de prélats français. » Ainsi, déjà au Moyen-Age, émergeaient les prémisses de la laïcité.

    Dans le chapitre sur les Croisades, Martin Aurell, rappelle à juste titre que « la croisade est un pèlerinage pénitentiel vers la Terre sainte, mais en armes. » et « qu’il n’est pas tant une guerre sainte » qu’une « guerre sanctifiante » puisque le pape Urbain II assurait aux expéditionnaires qu’ils seraient lavés de leurs péchés et qu’ils gagneraient la vie éternelle.

    Avec la croisade -cette appellation n’existait pas à l’époque-, « l’idée puis la notion même d’indulgence plénière apparaît en Occident », observe l’auteur. La croisade devait même accélérer la Parousie (le retour du Christ), grâce à la libération des Lieux saints appelés à revenir sous domination chrétienne après leur occupation « par la seule violence d’un islam conquérant ».

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  • Le cas hongrois : idéologie et arguments

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    De Simon-Pál Schümmer sur le site de La Libre via didoc.be :

    Le cas hongrois : idéologie et arguments

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    La loi hongroise votée au parlement hongrois sur la pédophilie et la sexualité a fait couler beaucoup d’encre. Mais au fait, que dit-elle ? Une opinion de Simon-Pál Schümmer, 30 ans, marié et père de trois enfants, citoyen belge francophone, diplômé de sciences politiques et particulièrement passionné par l’analyse de la politique belge, hongroise et américaine. Magyarophone grâce à une mère hongroise, il maîtrise aussi l’anglais et le néerlandais. Ce texte a été publié dans « La Libre Belgique » du 8-7-21.

    La loi hongroise votée à l’Országház (Parlement hongrois monocaméral) sur la pédophilie et la sexualité a fait couler beaucoup d’encre et a été l’objet de polémiques enflammées. On ne compte plus les réactions venant de membres du parlement européen, de chefs et membres de gouvernements, d’associations sportives ou encore de personnalités. Aussi incroyable que cela puisse paraître, alors même qu’une lettre cosignée par 17 chefs d’Etat déclare la honte d’une telle loi, personne ne semble avoir pris la peine de s’interroger sur le contenu du texte en lui-même, et encore même sur son esprit.

    Or, ce qui fait une loi, c’est d’abord l’esprit qui la guide.

    L’esprit de la loi

    Le législateur, dans le cadre de ses compétences et de sa souveraineté démocratique, a voulu clarifier dans son ensemble le principe du rôle de l’Etat en matière de sexualité des mineurs : l’Etat doit être responsable et actif quand il s’agit de protéger un mineur de la violence sexuelle (la plus grande partie du texte développe d’ailleurs un arsenal anti-pédophilie) ; l’Etat doit être garant et protecteur de la liberté parentale en ce qui concerne l’éducation sexuelle, et plus particulièrement la manière d’aborder les thématiques sexuelles plus sensibles que sont l’homosexualité, le genre ou la pornographie, pour ne citer que ces exemples.

    Ainsi, cette loi n’aborde pas les homosexuels en tant que personnes, ni leur droit (défendus dans la Loi Fondamentale Hongroise), mais plutôt l’homosexualité comme thématique sexuelle dont la compréhension, de l’avis des législateurs élus par le peuple, doit rester une prérogative (principalement) des parents et non pas de la société civile ou de l’État.

    Il s’agit finalement d’une déclaration de responsabilité concernant un sujet sensible. « Sensible », car aucune étude scientifique ne permet de dire avec certitude ni l’âge ni l’approche avec laquelle il convient d’aborder ces sujets. Progressistes et conservateurs peuvent trouver des arguments défendables, mais étant donnée la délicatesse de ces sujets, c’est la liberté parentale qui est ici défendue. Le texte a pour objectif de protéger ce concept dans un contexte où cette liberté est perçue comme mise en danger. Pensons par exemple aux associations intervenant dans les écoles, à la télévision, dans la sphère publique, pour sensibiliser des enfants au fait qu’il est possible de « choisir son sexe ». Le problème réside surtout dans le fait que ceci soit fait sans le consentement parental et donc potentiellement contre la manière dont ces derniers auraient voulu aborder la question.

    Le décalage intellectuel des critiques

    La loi hongroise fait un choix de société dont l’axe de la disputatio n’est pas le droit de telle ou telle minorité mais plutôt la responsabilité d’éducation.

    Comme sur tout axe idéologique, il est possible d’être en désaccord. L’erreur faite par les critiques de cette loi est de ne pas débattre sur l’axe du sujet réel mais sur un autre.

    Le vrai débat aurait été de remettre en question le positionnement sur la responsabilité de l’État. Or, ce qui est observé est une dénonciation sur base d’un prétendu « non-respect des valeurs de l’Union Européenne ».

    Deux problèmes sont à relever :

    - Premièrement, nous l’avons dit, cet argument est hors cadre. La loi hongroise n’a pas pour objet les droits homosexuels, mais parle de sujets de sexualité, sans les discriminer ni les hiérarchiser.

    - Deuxièmement, dans aucune des prises de position critiques on ne mentionne les « valeurs » auxquelles cette loi s’opposerait, ni même en quoi elle s’y opposerait.

    L’article 14 de la Charte des Droits Fondamentaux de l’UE déclare : « La liberté de créer des établissements d’enseignement dans le respect des principes démocratiques, ainsi que le droit des parents d’assurer l’éducation et l’enseignement de leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses, philosophiques et pédagogiques, sont respectés selon les lois nationales qui en régissent l’exercice. » Deux éléments de cet article démontrent en quoi la loi hongroise s’aligne avec les valeurs précitées : le droit des parents d’assurer l’éducation et l’enseignement et le fait que cela se fasse respecter par les lois nationales. Une des valeurs de l’UE défendue ici est la souveraineté totale des États en la matière. Ceci semble contredire la démarche des 17 chefs d’Etat condamnant un objet relevant de la souveraineté reprise dans les Traités.

    Il y a donc un manque d’honnêteté tant dans le processus de jugement de la situation et que dans celui de la critique formulée.

    En effet, pas de traduction du texte de loi directement accessible. Le seul « résumé » de la situation correspond à une sonnette d’alarme caricaturale donnée par l’opposition ou par des lobbys. Il n’y a clairement pas eu de travail de compréhension (ou de lecture) de la loi en question, ni d’échange sur le fond avec les auteurs de la loi. La démarche de jugement a « omis » l’étape de prise de connaissance de l’objet.

    Et la critique, nous l’avons développé, se focalise sur un axe hors-sujet dont le but semble être, pour résumer une des thèse de Matthieu Bock-Côté dans « L’empire du politiquement correct – Essai sur la respectabilité politico-médiatique », (Éditions du Cerf, 2020), de disqualifier une prise de position en l’empêchant même d’entrer dans l’arène du débat, sans même avoir à en discuter, dès lors qu’elle ne rencontre pas l’agenda progressiste.

    Des préalables aux débats sur le futur de l’UE

    Cet épisode hongrois révèle des trous dans la palette de la réflexion sur le projet européen. En guise de conclusion, voici quelques pistes de solution à un déficit d’honnêteté intellectuelle qui empêche le débat argumenté et constructif. Abordons deux chantiers qui semblent prioritaires :

    D’abord, à la lumière des débats qui se font sur le futur de l’Union Européenne, intégrer en priorité une clarification sur ce qui, aujourd’hui, relève de la souveraineté des États membres. Plus que cela, il s’agirait même de définir ce qu’on entend par la souveraineté. Est-ce un concept qui qualifie le processus de prise de décision ou les réactions et les impacts de la décision ? Ou les deux ? Les universités, les groupes de réflexion, les centres d’étude politiques, les partis, les acteurs politiques pourraient engager un tel travail de définition, sans lutte idéologique. Sans aller — à ce stade — jusqu’au débat d’idées, le focus serait d’abord sur la clarification de ce qui est aujourd’hui dans les traités, puisque c’est ce sur quoi tout est construit.

    Ensuite, et dans la même lignée, proposer un exercice de cartographie des « valeurs » européennes, en partant de la liste objective de ce qui figure aujourd’hui dans les traités. On pourrait au maximum imaginer faire un travail de déclinaison en éléments plus concrets, mais sans aller plus loin dans un premier temps. Ceci permettrait de déclarer « hors scope » ou « dans le scope » toute une série de sujets et empêcher l’utilisation abusive du terme de « valeur ». Dans le cadre de cet exercice, dès qu’il y a un désaccord d’interprétation, on s’arrête sans jugement et reconnait qu’on tombe alors dans le débat politique. L’idée est de lister, pour se rendre compte du « fondamental » du plus petit commun dénominateur.

    Ces deux exercices de clarification sont un préalable pour découvrir sur quelle base l’avenir européen doit se construire, par le biais d’un retour vers une dialectique ouverte et construite sur des arguments, et non pas sur les émotions, les egos et les disqualifications idéologiques.

    Source : https://www.lalibre.be/debats/opinions/disqualification-ideologique-versus-debat-d-arguments-le-cas-hongrois-60e6b8297b50a6318d555c8f. Titre original : Disqualification idéologique versus débat d’arguments : le cas hongrois.

  • L'heure et le malheur de la post-vérité

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    De gènéthique.org :

    Le malheur de la post-vérité

    8 juillet 2021

    Pouvons-nous encore prendre des décisions ? Ne nous faut-il pas craindre que la post-vérité nous ait embarqués plus loin que dans la cancel culture, dans l’annulation pure et simple de la culture, laquelle nous permettait d’évaluer en toute chose ce qui est de bonne ou de mauvaise facture ?

    Des questions que pose Emmanuel Brochier, doyen et directeur de l’IPC. Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie.

    Le syntagme post-vérité est entré en 2016 dans le dictionnaire d’Oxford pour désigner « un ensemble de circonstances » parmi lesquelles il y a les réseaux sociaux qui nous conduisent à de promptes réactions plutôt qu’à une réflexion équilibrée. La vitesse vertigineuse avec laquelle nous aimons désormais communiquer implique que nous ne faisons que relayer des informations plus ou moins douteuses pour lesquelles nous ne prenons le temps d’aucune vérification avant de les utiliser dans le débat public. Avec la post-vérité, il ne s’agit plus d’éclairer l’intelligence, mais de constituer une force capable d’écarter un certain nombre de questions ou de positions. Dans l’ère de la post-vérité, les peurs et les désirs se substituent aux arguments soigneusement établis. Dans l’ère de la post-vérité, on parle beaucoup, on prend beaucoup de décisions, mais on parle pour ne rien dire, car il n’est plus possible de ne rien définir. On se contente de répéter ce qui plaît. Et nos décisions se réduisent alors à de simples expérimentations. On essaie ce qui marche. Il n’y a plus ni bien ni mal. En lieu et place, on trouve l’innovation. Il s’agit d’exercer un impact sociétal dont la seule limite est qu’il soit toléré par le plus grand nombre. Donnera-t-on ici des exemples ? Pouvons-nous parler de la pandémie, des lois de bioéthique, du nouveau bac, ou de notre rapport à l’histoire ? Est-il encore possible d’en débattre à la manière d’un Socrate ? Ne sommes-nous pas immédiatement rangés dans un camp ou dans un autre, qui fait de toute prise de position un acte de militance. Bergson aimait au contraire parler de la politesse supérieure de l’esprit, laquelle consistait selon lui à savoir trouver dans l’idée adverse des points communs, car l’idée, disait-il, est au fond amie de l’idée, même de l’idée opposée, à moins qu’elle ne passe devant le tribunal de nos passions. Pour Bergson, tout l’intérêt de l’étude de la philosophie était de nous apprendre à cultiver cette juste impartialité. Le problème est que dans l’ère de la post-vérité la philosophie elle-même est devenue la servante du paradigme technocratique.

    Caractériser notre époque en termes de post-vérité, c’est en même temps faire l’aveu d’un changement profond et d’une incapacité à le nommer. Serait-il possible d’avoir un changement plus profond que celui d’une époque où le mensonge lui-même n’a plus sens, puisqu’il présuppose la vérité ? Cependant, plus qu’à un simple changement, l’avènement de la post-vérité ressemble à une révolution qui nous ramène au point de départ, et en l’occurrence à cette époque présocratique où, ainsi que l’a montré Platon dans ses dialogues de jeunesse, la sagesse n’était pas encore mesurée à l’aune de la vérité, mais consistait tout entière en l’excellence dans l’exercice d’une compétence technique, comme piloter un navire le long des côtes quand on réussit à éviter les écueils, ou écrire à la manière d’Homère un grand récit qui mêle à la tradition l’imagination poétique afin d’évoquer des origines dont personne n’a pu être le témoin, et ce, lorsqu’on est capable d’engendrer au sein d’une communauté politique un consensus et des pratiques communes que presque personne ne veut plus remettre en question. Dans ce cas, certes, nous restons encore des Homo Sapiens, mais dans un sens qui n’est plus le même. C’est dire la profondeur du changement auquel nous assistons, puisqu’il est anthropologique.

    En réalité, la post-vérité n’est que la version sociale de ce qu’on appelle depuis 1979, avec Jean-François Lyotard, la postmodernité. Le philosophe de Vincennes, comme on sait, fut l’auteur d’un rapport commandité par le gouvernement du Québec sur l’état du savoir, qu’il intitula La condition postmoderne. Il lui semblait alors qu’avec l’avènement de l’informatique était arrivée « la fin des grands récits », ceux des philosophes qui proposaient un sens à l’activité scientifique et universitaire, comme Hegel en Allemagne, ou les philosophes des Lumières en France. Dans cette perspective, Lyotard dressait un constat terrible qui a fini, hélas, par devenir une évidence : « on n’achète pas des savants, des techniciens et des appareils pour savoir la vérité, mais pour accroître la puissance ». L’ère de la post-vérité apparaît ainsi comme l’ère de la performance. C’est donc la victoire de Hobbes sur Descartes : dès l’aube des temps modernes, l’auteur du Léviathan était en effet convaincu que le désir de savoir comme celui de richesse ou d’honneur n’est que l’une des formes du désir de puissance. Or nous savons avec lui, qu’habité par un désir de cet ordre, l’homme ne peut être qu’un loup pour l’homme. Tel est sans doute le malheur de la post-vérité.

    Dès lors, pouvons-nous encore prendre de justes décisions ? La post-vérité désigne selon le dictionnaire d’Oxford les circonstances selon lesquelles les faits objectifs influencent moins l’opinion publique que l’émotion ou les croyances personnelles. Le risque en de pareilles circonstances est que nos choix ajoutent de la tragédie au malheur qui est le nôtre. Il nous faudrait pour en sortir recouvrer le sens de la vérité. Mais il nous faudrait la chercher sans en attendre aucun pouvoir. Est-ce seulement encore possible ?

  • Australie : le projet de loi visant à protéger les bébés nés vivants après un avortement bénéficie d'un soutien croissant

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    De Catholic News Agency :

    Le soutien au projet de loi sur l'avortement "né vivant" en Australie s'accroît

    7 juilet 2021

    Un projet de loi visant à protéger les bébés nés vivants après un avortement en Australie bénéficie d'un soutien croissant.

    Le projet de loi d'initiative parlementaire a été présenté à la Chambre des représentants australienne le 21 juin par George Christensen, membre du Parti national libéral du Queensland.

    M. Christensen, député fédéral de la division de Dawson dans le Queensland, au nord-est de l'Australie, a demandé au Premier ministre Scott Morrison de soutenir l'adoption du projet de loi ou d'autoriser un vote de conscience à son sujet.

    Le projet de loi, connu sous le nom de Human Rights (Children Born Alive Protection) Bill 2021, obligerait les médecins à sauver la vie des enfants qui survivent à un avortement.

    Selon un préambule au projet de loi sur le site Web de Christensen, "S'ils n'agissent pas pour sauver l'enfant, ils s'exposent à une pénalité financière importante et à une probable radiation en tant que praticien médical."

    Le préambule explique que le projet de loi vise à donner effet "aux accords internationaux dont l'Australie est signataire, en particulier la Convention relative aux droits de l'enfant et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques."

    L'article 6 de la Convention relative aux droits de l'enfant stipule que "les États parties reconnaissent que tout enfant a un droit inhérent à la vie".

    Le site web de Christensen indique que dans l'État de Victoria, en 2016, 33 des 310 bébés avortés après 20 semaines sont nés vivants. Dans l'État du Queensland, 204 bébés sont nés vivants après des avortements entre 2005 et 2015, mais aucun ne semble avoir reçu de soins médicaux vitaux.

    Le journal The Guardian a rapporté le 5 juillet que l'Association médicale catholique australienne avait demandé à ses membres de soutenir le projet de loi.

    L'association n'a pas répondu à l'heure de la presse à la demande de commentaires de l'ANC sur le projet de loi.

    Vincent Connelly, député du Parti libéral représentant la division de Stirling en Australie occidentale, fait partie des partisans du projet de loi.

    Connelly a déclaré qu'il était choqué d'entendre parler de la mort de centaines de bébés après avoir survécu à des avortements.

    "La Nouvelle-Galles du Sud est le seul État ou Territoire à avoir établi des directives pour la prise en charge des bébés nés après une tentative d'avortement. Les autres ne sont même pas tenus de conserver ou de communiquer des statistiques pertinentes", a-t-il écrit.

    "Cependant, le gouvernement fédéral pourrait bien légiférer à cet égard."

    Il a ajouté que le projet de loi avait peu de chances d'aboutir sans "un lobbying interne suffisant de la part du gouvernement et du public."

    Catherine Robinson, porte-parole de l'organisation caritative Right To Life UK, a déclaré en février que la résistance au projet de loi révélerait la vérité sur l'avortement.

    "Il ne s'agit pas du droit 'de ne pas être enceinte'. Si c'était le cas, alors, après un avortement où le bébé naît vivant, des soins pourraient être apportés à l'enfant", a-t-elle commenté.

    "Le fait même que des soins médicaux ne soient pas prodigués et que ces enfants soient laissés à l'abandon révèle que tout l'objectif de l'avortement est de mettre fin à la vie de l'enfant, et pas simplement que la mère de l'enfant ne soit pas enceinte."

    "M. Christensen a bien résumé la situation lorsqu'il a dit : 'De jeunes bébés meurent dans tout le pays et il faut que cela cesse'."

  • Royaume-Uni : des députés tentent de légaliser l’avortement jusqu’à la naissance

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Des députés britanniques tentent de légaliser l’avortement jusqu’à la naissance

    8 juillet 2021

    Des députés ont tenté de rendre l’avortement possible jusqu’à la naissance, pour quelque raison que ce soit, en Angleterre et au Pays de Galles. (Cf. De plus en plus d’avortements tardifs au Royaume-Uni : une banalisation de l’IVG). En effet, la député Diana Johnson avait déposé un amendement au projet de loi “Police, Crime, Sentencing and Courts Bill” dans ce sens, demandant « la suppression de deux articles de la loi sur les délits contre la personne : le 58 sur “l’administration de drogues ou l’utilisation d’instruments pour provoquer un avortement” et le 59 “sur la fourniture de substances pour provoquer un avortement” ».

    Le nouvel article 55 de la loi de 1861 aurait abrogé toutes les encadrements juridiques concernant l’avortement. Avec comme conséquence « l’ouverture de l’avortement à la demande pour n’importe quelle raison, y compris les avortements sélectifs en fonction du sexe » (cf. Douze pays ont un sex-ratio déséquilibré pour cause d’avortement des petites filles)La limite actuelle de 24 semaines de grossesse et la clause de conscience pour les médecins auraient également été supprimées. La députée a finalement retiré son amendement. De même, un autre amendement, « le nouvel article 42, qui aurait introduit des peines de prison pour les manifestations devant les cliniques d’avortement », a également été retiré.

    L’évêque John Sherrington a appelé à « rester vigilants face aux tentatives d’élargir l’accès à l’avortement en détournant d’autres projets de loi » (cf. L’IVG, un droit ?)Il y a un mois, la question était revenue animer le débat public, suite aux propositions visant à rendre permanentes les mesures adoptées pendant la pandémie au sujet des avortements dits “à domicile” (cf. Royaume-Uni : 600 médecins demandent la fin de l’avortement médicamenteux à domicile).

    Sources : Vatican News (06/07/2021), Lisa Zengarini (08/07/2021)

  • "Il n’est pas dans la mission du médecin de donner la mort"

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    De Gènéthique magazine :

    (France) « Il n’est pas dans la mission du médecin de donner la mort » : l’Académie nationale de médecine prend position sur la fin de vie

    8 Juil, 2021

    « L’Académie Nationale de Médecine (ANM), de longue date très impliquée dans la réflexion sur la fin de vie, a toujours affirmé qu’il n’est pas dans la mission du médecin de donner la mort. » Alors que le Comité consultatif national d’éthique a annoncé il y a 15 jours la création d’un groupe de travail sur la fin de vie (cf. Le CCNE annonce la création d’un groupe de travail sur la fin de vie), l’ANM prend position dans un communiqué.

    Le retour du serment d’Hippocrate ?

    « On ne peut occulter la réelle souffrance des soignants de passer du soin à l’aide active à mourir », souligne l’Académie qui rappelle que deux propositions de loi relatives à « l’aide active à mourir » ont été récemment discutées par les parlementaires (cf. La PPL Falorni tombe en désuétude – le spectacle exagéré des promoteurs de l’euthanasie ; Le Sénat rejette l’euthanasie, le gouvernement fait des annonces). Des propositions qui prétextaient un soutien populaire. Pourtant l’institution estime que les citoyens méconnaissent les mesures en place, « ce qui, selon l’orientation des questions posées, biaise les sondages sur un sujet aussi sensible que le suicide assisté ou l’euthanasie ». Par ailleurs, il existe « une grande inégalité dans l’accès aux soins palliatifs de fin de vie », estime la société savante.

    En conséquence, avant d’envisager l’adoption de nouvelles dispositions législatives, l’Académie nationale de médecine recommande « une application enfin effective du dispositif existant » qui passe, selon elle, par « une formation approfondie sur la fin de vie » pour les professionnels de santé, « une information objective et détaillée du public sur la législation en vigueur », et « une évaluation rigoureuse de l’application des dispositions en place ». Un travail auquel l’ANM se dit prête à contribuer.

    Appliquer le « dispositif existant ». Avec quelles conséquences ?

    Mais que signifie l’application du « dispositif existant » ? Selon la loi Claeys-Leonetti rappelle l’ANM, « toute personne a le droit d’avoir une fin de vie digne et accompagnée du meilleur apaisement possible de la souffrance ». Une « fin de vie digne et apaisée » qui « est assurée par la qualité de la prise en charge, par des soins palliatifs adaptés, et si besoin par une sédation proportionnée, voire dans certains cas profonde et continue “provoquant une altération de la conscience maintenue jusqu’au décès, associée à une analgésie et à l’arrêt de l’ensemble des traitements de maintien en vie », explicite l’Académie.

    « Cette sédation est possible pour le patient atteint d’une affection grave et incurable, dont le pronostic vital est engagé à court terme », précise l’institution. Mais l’application « effective » du « dispositif existant » a pourtant rendu possible qu’un homme, Vincent Lambert, soit « condamné, légalement, à mort, bien que non malade, ni en fin de vie, et alors que sa nutrition, certes artificielle, mais peu contraignante, ne posait aucun problème », rappelait le professeur Xavier Ducrocq, chef du Service de Neurologie du CHR de Metz-Thionville à l’occasion de son audition dans le cadre de l’examen de la proposition de loi d’Olivier Falorni le 24 mars (cf. Fin de vie : Olivier Falorni auditionne des experts avant l’examen de son texte [2/3]). Un homme qui « était sévèrement handicapé, d’un handicap stable », et qui, « bien que professionnel de santé », « n’avait pas exprimé de directives anticipées ».

    Alors que les patients atteints « de maladies neurovégétatives à évolution lente » sont clairement visés par le CCNE, les membres de l’Académie nationale de médecine ont aujourd’hui gardé le silence à leur sujet.

  • La virilité et la masculinité à l’aune d’une société marquée par un féminisme fort

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    Du site de l'Eglise catholique à Paris :

    Tu seras un homme de Martin Steffens - Les Editions du cerf

    « Le patriarcat est une mauvaise nouvelle pour l’homme lui-même »

    Philosophe, professeur, Martin Steffens a publié en mai dernier Tu seras un homme (éd. du Cerf). Tiré d’un ouvrage initialement écrit il y a sept ans avec la philosophe Chantal Delsol, il réinterroge la virilité et la masculinité à l’aune d’une société marquée par un féminisme fort. Ses explications alors que l’Année saint Joseph convoquée par le pape se poursuit jusqu’en décembre.

    Martin Steff ens est philosophe et professeur de philosophie.

    Martin Steffens est philosophe et professeur de philosophie.

    © Philippe Courqueux

    Paris Notre-Dame – En analysant une « crise de la masculinité », vous prenez un peu le contre-pied de notre société qui, actuellement, souligne beaucoup la difficulté d’être femme. Pourquoi ?

    Martin Steffens – Cela n’empêche pas que la femme est, de nos jours, confrontée à des difficultés, à de grands défis. Elle prend aussi sa revanche contre le patriarcat. Mais l’une des façons de s’opposer au patriarcat s’est traduite en termes de rapports de force. Nous pouvons ainsi observer chez certaines féministes quelque chose qui veut vaincre l’homme. Ce rapport de force en vient à s’exprimer en termes de droits, comme la PMA pour toutes. Dans ce contexte, la grande question pour un homme, à l’heure où celui-ci « ni ne chasse ni ne fait la guerre », est « à quoi je sers ? ». Il y a une perte de l’évidence du rôle de l’homme. Comme si, d’ailleurs, le surinvestissement sur l’homme depuis toujours, cachait, en fait, sa possible inutilité. Par ailleurs, si l’homme, par nature, est un dominateur comme l’écrivent certaines féministes, il devrait toujours s’excuser d’être homme. Un collègue me confiait récemment observer, dans sa classe, de plus en plus de garçons renoncer à être des garçons, même physiquement. Ils ont envie d’être des « gens biens ». Or, si être un garçon, c’est être de facto un dominateur historique, voire biologique, ils préfèrent envoyer un signe de paix et s’annuler comme hommes.

    P. N.-D. – Il y aussi cette tentation, vous l’écrivez, de se rigidifier. Certains hommes se rassureraient ainsi en se réfugiant dans des idées, des valeurs très rigides…

    M. S. – C’est une réaction naturelle. Quand vous recevez un coup, votre muscle se raidit. Je crois que l’effet est même pire que la cause. L’homme est un être profondément non suffisant. Comme le disait Chantal Delsol, le patriarcat est une mauvaise nouvelle pour les hommes eux-mêmes. C’est trop de pression. Les milieux 100% masculins où règnent la rivalité, sont très malsains, très durs. Par ailleurs, avec l’homme, comme avec la femme, il n’y a pas de beauté intrinsèque. C’est un peu comme dans la Trinité. Pour regarder le Père, il faut regarder le Fils, avec l’Esprit Saint. Quand on regarde l’homme, on est tout de suite invité à observer, y compris dans son corps, qu’il est une adresse à l’autre.

    P. N.-D. – Vous montrez aussi que l’émancipation féminine demande à l’homme d’être vraiment homme, à l’image de saint Joseph. Vous parlez d’un moment « passionnant », d’une chance. Pourquoi ?

    M. S. – La figure de saint Joseph est très belle parce qu’elle est une figure d’une force silencieuse, loin d’une force volcanique. Il y a finalement quelque chose qu’on ignore dans la virilité. Elle n’est pas tant quelque chose qui fait que quelque chose qui rend possible. Ce n’est pas la force flamboyante d’un éclat comme on peut l’attendre de l’exploit d’un héros, mais l’action discrète de rendre possible qu’une grossesse soit menée à terme par exemple. Être à la maison, s’occuper des enfants, sont aussi des lieux où il faut prendre des décisions très fortes, où il faut rassurer. Personnellement, j’apprends beaucoup en étant ce qu’on appelle « un nouveau papa », y compris dans la capacité à prendre des décisions, à défendre avec justice tel enfant humilié par son professeur. Cette « crise de la masculinité » est une opportunité pour l’homme de choisir la vie. Pour ne pas céder à la tentation de rester au seuil de la vie, de rester, dans ce que Kierkegaard appelle le stade esthétique – en menant par exemple des expériences amoureuses brèves mais intenses – mais d’entrer dans le stade éthique – en osant des expériences concrètes et constructives.

    Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab

  • Des groupes catholiques critiquent le rapport sur l'avortement soutenu par le Parlement européen

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    De Catholic News Agency :

    Des groupes catholiques critiquent le rapport sur l'avortement soutenu par le Parlement européen

    6 juillet 2021

    Une alliance internationale de groupes catholiques a critiqué un rapport adopté par le Parlement européen affirmant que l'avortement est un "droit humain".

    Dans une déclaration commune publiée avant le vote du mois dernier, 14 organisations ont déclaré qu'elles étaient unies dans la défense de la vie humaine, de la conception à la mort naturelle.

    "L'avortement élimine une vie humaine innocente et a de graves conséquences physiques et psychologiques pour les femmes qui le subissent, ainsi que des conséquences néfastes pour ceux qui se le procurent", indique la déclaration du 23 juin, publiée par les participants aux groupes d'experts thématiques sur la famille, la santé et les droits de l'homme du Forum des organisations d'inspiration catholique.

    "En outre, cette proposition porterait atteinte au droit à l'objection de conscience, qui est essentiel au véritable progrès et à l'égalité dans nos sociétés."

    La déclaration a été signée par des organismes tels que la Fédération mondiale des associations médicales catholiques (FIAMC), MaterCare International (MCI), un groupe d'obstétriciens et de gynécologues catholiques dont le siège est au Canada, la Communauté du pape Jean XXIII (APG23), basée à Rimini, en Italie, et Femina Europa, une ONG fondée à Paris, en France.

    Les membres du Parlement européen, l'organe législatif de l'UE, ont voté le 24 juin par 378 voix pour et 255 contre, avec 42 abstentions, pour adopter le texte connu sous le nom de rapport Matić.

    En plus de décrire l'avortement comme un service de santé "essentiel" et de redéfinir l'objection de conscience comme un "refus de soins médicaux", le rapport déclare que les violations de "la santé et des droits sexuels et reproductifs" sont "une forme de violence contre les femmes et les filles."

    Un certain nombre d'évêques européens ont déploré le résultat du vote, notamment l'archevêque Stanisław Gądecki, président de la conférence épiscopale polonaise, l'archevêque Franz Lackner, président de la conférence épiscopale autrichienne, et l'évêque irlandais Kevin Doran.

    "Je suis profondément attristé par la résolution du Parlement européen qui appelle à la possibilité de tuer les enfants à naître", a écrit Gądecki sur son compte Twitter le 24 juin.

    "La culture de la vie envisagée par les pères fondateurs de l'UE se transforme en une culture de la mort et de l'exclusion, l'idéologie prenant le pas sur la raison."

    Le Forum des organisations d'inspiration catholique, basé à Rome, en Italie, a été formé en 2007 par environ 90 ONG d'inspiration catholique ayant un statut consultatif auprès des institutions intergouvernementales. Aujourd'hui, il rassemble plus de 120 groupes.

    Dans la déclaration commune, les 14 organisations ont déclaré : "Nous appelons à la défense du droit à la vie des plus vulnérables de nos sociétés, de la santé intégrale de nos femmes et de nos familles, et des droits de conscience des professionnels de santé."

  • Slovénie, Hongrie, Pologne : Bruxelles veut la tête des gouvernements chrétiens

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    De Luca Volontè sur La Nuova Bussola Quotidiana :

    SLOVÉNIE, HONGRIE, POLOGNE
    Bruxelles veut la tête des gouvernements chrétiens

    8-7-2021

    Les nations chrétiennes dans le collimateur, les envies de guillotine explosent à Bruxelles. Le Premier ministre slovène propose-t-il de restaurer les valeurs originelles de l'UE et de préserver l'autonomie nationale ? Des accusations d'autoritarisme sont immédiatement lancées. La Hongrie d'Orban et la Pologne conservatrice sont attaquées, la première surtout à cause de la loi anti-pédophilie.

    Les nations chrétiennes dans le collimateur, les envies de guillotine explosent à Bruxelles. Le Premier ministre slovène a présenté, mardi 6 juillet, les priorités du semestre au cours duquel il dirigera l'Europe dans la matinée d'hier en déclarant : " pour nous, Slovènes, le retour à l'Europe a coïncidé avec un retour aux valeurs de la démocratie et de la liberté... aujourd'hui, l'UE est différente de celle dans laquelle nous sommes entrés... ". nous devons revenir à une vision à long terme, en revenant aux valeurs de nos pères fondateurs et en créant une Europe en paix avec elle-même ... les critères transparents et compréhensibles pour tous les citoyens de l'État de droit (protéger les droits de l'homme et la liberté d'expression) ... la dignité de chaque individu dont découlent les droits humains fondamentaux... nous devons comprendre que si nous parlons d'État de droit, ce sont les systèmes nationaux indépendants qui doivent décider de ce qui est bien et de ce qui est mal, et non les majorités politiques, l'indépendance du pouvoir judiciaire est nécessaire ainsi que la liberté des médias avec la lutte contre les " fake news "... Tout cela sera discuté le 23 août, lors de la Conférence sur la mémoire du totalitarisme en Europe.

    Les socialistes, les libéraux, les verts et les gauchistes, dont les partis frères slovènes sont dans l'opposition, n'ont pas manqué l'occasion d'accuser le Premier ministre Jansa et son gouvernement de vouloir conditionner la liberté des médias et du système judiciaire et l'ont appelé à aborder et à résoudre les questions et les critères relatifs à l'"État de droit". Lors de la conférence de presse qui a suivi le débat, le Premier ministre Jansa est revenu sur les valeurs et l'État de droit, rappelant qu'"il existe des valeurs très claires dans le traité de Lisbonne et des mécanismes tout aussi clairs de vérification et de sanction, par des organes indépendants, pour les pays qui violent ces valeurs". Enfin, la clarté et la fermeté, mais hier, lors des débats au Parlement sur le Conseil européen et celui qui a suivi sur l'État de droit en Hongrie et en Pologne, il y a eu un degré inquiétant d'animosité de la part de la Commission, de la présidence du Conseil et du Parlement. Lors du premier débat, au lieu de présenter les décisions et les évaluations de la réunion du Conseil sur l'immigration, la Russie, la Turquie et le marché unique, tant Mme Von der Leyen que M. Michel ont utilisé la plate-forme pour attaquer la Hongrie de M. Orban sur la loi anti-pédophilie sans aucun respect institutionnel. Les socialistes, les libéraux, les gauchistes et les verts étaient tous d'accord, le Parti populaire a parlé des relations avec la Russie, et seuls les groupes identitaires et les conservateurs ont dénoncé la honte d'un débat au Conseil qui ne portait au contraire que sur la loi anti-pédophilie de la Hongrie.

    Plus tard dans la journée, le débat qui a suivi sur "l'État de droit en Hongrie et en Pologne" a été une nouvelle occasion pour la commissaire Vera Jurova de montrer sa haine pour ces deux pays : "nous évaluons, mais nous n'hésiterons pas à intervenir". Ce que la Commission a dit toute la journée d'hier est faux : la violation de l'article 21 de la Charte de Nice n'existe pas. Dans l'ensemble de la Charte et dans cet article, la "non-discrimination" ne concerne que : "... le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, le handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle". L'orientation sexuelle est très différente des doctrines sur l'identité de genre et l'orientation sexuelle" énoncées par la Commission européenne.

    Ces derniers jours, Orban et la Hongrie ont été soumis non seulement à la fureur institutionnelle de Bruxelles, mais aussi aux attaques des médias et du Conseil de l'Europe. Lundi 5, les pages de nombreux journaux européens ont publié des extraits du dernier rapport de Journalistes sans frontières, qui place Orban, ainsi que les chefs d'État avec lesquels l'Europe entière fait des affaires depuis des décennies, parmi les "prédateurs" de la liberté de la presse. Dommage que les dirigeants de l'opération soient très clairs, parmi les bailleurs de fonds de l'organisation on trouve l'Agence suédoise des affaires étrangères (SIDA), le ministère des affaires étrangères et de nombreuses agences culturelles du gouvernement français, le département anglais du développement étranger, la fondation Ford et la fondation Open Society de George Soros qui soutient l'organisation des journalistes avec des centaines de milliers d'euros par an. Après la révélation du mystère par la ministre hongroise de la Justice Judit Varga, la presse hongroise a fait état, mardi 6 juillet, de l'"avis" de la Commission de Venise (organe international du Conseil de l'Europe qui garantit aux États un "soutien constitutionnel") sur les réformes constitutionnelles approuvées en décembre dernier, dont la plupart concernent "la famille, le mariage, les parents de sexe masculin et féminin et la sexualité biologique des personnes". Le texte de l'"avis" approuvé les 2 et 3 juillet derniers, tout en reconnaissant la compétence nationale dans les domaines de la famille, de l'éducation et de la protection de l'enfance, critique le fait qu'il n'y ait pas eu de consultations publiques, d'implication des oppositions et met en garde contre de possibles violations de la Convention européenne des droits de l'homme. L'intrigue est dévoilée : si les définitions constitutionnelles de la parentalité, du sexe biologique, etc. étaient contraires à la Charte européenne, la voie serait ouverte plus facilement à des sanctions européennes contre la Hongrie pour violation des valeurs et de la non-discrimination.

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