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Doctrine - Page 99

  • Quand le pape est accusé d'hypocrisie

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    D' sur Smart Reading Press :

    REFUS DE LA BÉNÉDICTION DES UNIONS HOMOSEXUELLES : FRANÇOIS SERAIT-IL «HYPOCRITE» ?

    «La décision du pape, du 15 mars dernier venant de la Congrégation vaticane pour la Doctrine de la foi, faisant obligation aux prêtres catholiques de ne pas bénir les couples homosexuels fait jaillir un mot amer dans notre gorge : hypocrite». Ce commentaire d’un journaliste sur la récente note de la CDF sur la bénédiction des unions homosexuelles, relié à deux allocutions de François, montre l’ambiguïté de deux interprétations, celle du pape et celle des médias. Aline Lizotte essaie de faire le point.

    Est-ce juste ? La réponse de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) au dubium1 sur la possibilité de bénir un mariage homosexuel a enflammé les médias et certains petits groupes, dont des évêques. Son refus net et clair était pourtant plus que probable. Devant la prolifération du «mariage pour tous», il était en quelque sorte inévitable que des groupes comme les LGBT incitent à demander à l’Église catholique de bénir les mariages entre personnes du même sexe. Déjà, en 2003, la CDF publiait un document intitulé Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles. Le document était signé du préfet de la CFD, le cardinal Joseph Ratzinger, et de son secrétaire, Mgr Angelo Amato, SDB, et il contenait et développait les raisons fondamentales pour lesquelles l’Église ne reviendra jamais sur son enseignement, considérant que l’union sexuelle de fait entre deux personnes du même sexe constitue un acte intrinsèquement désordonné, qu’aucune circonstance n’autorise.

    LA NAISSANCE DE LA RUMEUR

    La rumeur est venue du magazine américain America, dirigé par les Jésuites, et de son correspondant habituel, le vaticaniste Gerard O’Connell. Dans un article du 21 mars dernier, O’Connell écrit que l’allocution du Saint Père, prononcée à l’Angélus du dimanche 21 mars, est une façon de prendre ses distances par rapport au refus de la CDF d’accorder une bénédiction au mariage homosexuel. François développait le sens de l’évangile de ce dimanche, qui évoque le désir de plusieurs de voir Jésus : ces personnes «le demandent à Philippe, lequel le demande à André, qui le dit à Jésus» (cf. Jn 12, 20-33).


    Nous devons répondre par le témoignage de notre vie, qui nous est donnée pour servir, une vie qui emprunte le style de Dieu.


    La réponse de Jésus est déconcertante de prime abord, parce qu’il annonce sa passion, ce qui signifierait qu’un chrétien ne peut «voir» Jésus que dans le mystère de la Croix. Il utilise ensuite la parabole du grain de blé qui donne beaucoup de fruits. Fort de ces paroles du Christ, le pape François a enchaîné sur le fait que plusieurs veulent voir Jésus, le rencontrer, le connaître. C’est la grande responsabilité des chrétiens de faire voir Jésus. Nous devons répondre par le témoignage de notre vie, qui nous est donnée pour servir, une vie qui emprunte le style de Dieu : la grande compassion et la tendresse. Nous devons répondre en «semant l’amour, non par des paroles légères mais concrètes, par des exemples simples et courageux, non par des condamnations théoriques, mais avec des actes d’amour. Alors le Seigneur avec sa grâce nous fait porter de bons fruits, même quand le sol est sec en raison de nos maladresses, des difficultés de la persécution, des plaintes du légalisme ou du moralisme clérical». Ces dernières paroles, selon O’Connell, auraient été dites par le pape François, pour laisser entendre qu’il n’était pas d’accord avec le préfet de la CDF, accusé ainsi de «légalisme et de moralisme clérical».

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  • Allemagne : schisme en vue ?

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register

    Un schisme se profile : Le pape François et l'Église délibérément rebelle d'Allemagne

    COMMENTAIRE : Le pari allemand du Saint-Père a échoué. Il a mené avec une main ouverte et a obtenu un poing serré en retour.

    25 mars 2021

    En mars 2013, le pape François disait à quel point il aimerait une "Église pauvre pour les pauvres." À l'occasion de son huitième anniversaire, c'est la plus riche des Églises locales qui menace de dévorer tout son pontificat. 

    Le Saint-Père a commencé sa neuvième année par une nouvelle tentative de maîtriser l'Église rebelle d'Allemagne. Un document de la Congrégation pour la doctrine de la foi a déclaré que l'Église n'a pas le pouvoir de bénir les unions homosexuelles.

    Le cardinal Blase Cupich, principal interprète des priorités pastorales du Saint-Père dans l'épiscopat américain, a déclaré qu'il n'y avait "rien de nouveau" dans la déclaration de la CDF. Pourtant, cette déclaration a suscité un tollé en Allemagne, où des centaines de théologiens et quelques évêques ont exprimé leur désaccord. Aux États-Unis, la charge contre la CDF a été menée par le magazine jésuite America.

    En effet, le correspondant d'America à Rome, Gerard O'Connell, s'est donné beaucoup de mal pour suggérer que, d'une manière ou d'une autre, le pape François ne pensait pas vraiment ce que la CDF disait, malgré son "assentiment" public et officiel à sa publication. 

    Les efforts de O'Connell sont devenus légèrement hilarants lorsqu'il a affirmé que l'interdiction des messes dans la basilique Saint-Pierre du 12 mars reflétait certainement ce que le pape François désirait pieusement, bien qu'elle ne fasse aucune référence à lui, alors que la déclaration de la CDF du 15 mars devrait être mise en doute, bien que le Saint-Père l'ait explicitement approuvée. O'Connell est le sténographe de facto de la cour papale, transmettant de manière fiable le consensus de ceux qui entourent le pape François.

    Les explications mutuellement contradictoires proposées indiquent le niveau d'anxiété dans ces cercles. L'anxiété est due au fait que le grand pari progressiste du pontificat du pape François semble avoir échoué.

    Alors qu'il avait initialement exprimé le désir d'une "Église pauvre pour les pauvres", le Saint-Père a poursuivi l'agenda longtemps désiré par les Églises riches. 

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  • A son tour, le cardinal Schönborn dit son opposition à la position romaine sur les unions homosexuelles

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    De Jeanne Smits, sur son blog :

    Le cardinal Schönborn déclare que l'Eglise ne peut refuser de bénir les couples homosexuels

    Selon International-La Croix, le média anglophone publié par le quotidien officieux des évêques de France, le cardinal Christoph Schönborn a déclaré que l'Eglise ne doit pas refuser les demandes sincères de bénédiction de la part de couples homosexuelles.

    Le cardinal autrichien vient ainsi de contredire le récent « responsum » de la Congrégation pour la Doctrine de la foi rappelant que l’Eglise ne peut bénir un comportement peccamineux.?

    Selon le média, Schönborn a souligné que le Vatican a « profondément blessé de nombreuses personnes » à travers ce document.

    « Si la demande de bénédiction n’ est pas un ‘show’… si la demande est honnête et constitue vraiment une demande de la bénédiction divine pour une manière de vivre dans laquelle deux personnes veulent embarquer ensemble, alors une telle bénédiction ne sera pas refusée », a-t-il déclaré dans la dernière livraison de l'hebdomadaire de son diocèse, Der Sonntag.

    Il a ajouté qu’il était « mécontent » du document de la CDF, d’autant que selon lui, de nombreux homosexuals veulent considérer l’Eglise comme leur « mère », elle qui aujourd'hui semble les « rejeter ». La bénédiction n’est pas un « bon point » pour bonne conduite, a-t-il précisé.

    Sur les dix évêques actuellement en à la tête des diocèses autrichiens, pas moins de sept se sont déjà exprimés dans le même sens que le cardinal Schönborn ; leur position est ainsi confortée.

    L’un d’eux, récemment nommé par le pape François et réputé « franciscain » a tenu un langage encore plus fort, assurant que les couples homosexuelles peuvent faire preuve de fidélité et de dévouement mutuel: « Nous, en tant qu’Eglise, aimerions accueillir tous les gays et lesbiennes et leur offrir un foyer spirituel au sein de l’Eglise – et nous le faisons qu’ils vivent chastement ou non », a déclaré Mgr Hermann Glettler, évêque d’Innsbruck.

    International-La Croix souligne que le cardinal Schönborn, membre de la CDF, est le second cardinal ayant toujours un ministère actif par ordre de rang, et que sa prise de position est donc d’une grande importance.

    Arrêtons-nous un instant sur ce qui se passe : des évêques (leur liste dépasse largement l’Autriche), et aujourd'hui un cardinal de l’Eglise appellent les uns après les autres à « bénir » des couples, et donc des rapports homosexuels revendiqués.

    Sandro Magister rappelle : « Dans le célèbre Grand Catéchisme de saint Pie X édité en 1905, dans la réponse à la question 966, l'homosexualité est le deuxième des quatre “péchés qui crient vengeance devant la face de Dieu” : l’“homicide volontaire” ; le “péché impur contre l’ordre de la nature” ; l’“oppression des pauvres” ; le “refus du salaire aux ouvriers”. Et le nouveau Catéchisme de l’Église catholique publié en 1992 et en édition typique en 1997 en dit autant. »

    A quand une réaction du pape ? A quand une condamnation claire de propos qui contredisent directement la loi de Dieu ? A quand un début de ménage de la part de – par exemple – la Congrégation des Evêques ? 

  • Veut-on faire taire le cardinal Woelki ?

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    De Laure-Marie de Synthe sur Smart Reading Press :

    VOIE SYNODALE ALLEMANDE : FAUT-IL FAIRE TAIRE LE CARDINAL WOELKI ?

    Le cardinal Woelki

    Alors que certains documents montrent à quel point les dirigeants de l’Église allemande sont déterminés à pousser leur chemin synodal, l’un des critiques les plus éminents de cette initiative, le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, est violemment attaqué en raison de ses manquements présumés concernant la gestion des abus sexuels dans son diocèse.

    Depuis plusieurs mois, l’archevêque de Cologne – le plus grand diocèse d’Allemagne et probablement le plus riche–, Mgr Woelki, fait l’objet d’attaques violentes sous la forme de campagnes de presse de la part d’associations, de groupes de pressions, de conseils de paroisse, de prêtres et, plus récemment, de son conseil diocésain, au sujet de sa mauvaise gestion présumée de problèmes d’abus sexuels dans son diocèse. Mgr Woelki n’a pas trouvé de soutien auprès du chef de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, évêque du Limbourg, qui a déclaré en décembre que la «crise» n’avait «pas été bien gérée».

    Plusieurs accusations ont été lancées contre Mgr Woelki. Résumons-les :

    • 1 – La plus importante est que le cardinal n’a pas rendu publics les résultats d’une enquête archidiocésaine sur les abus sexuels sous les dirigeants actuels et leurs prédécesseurs.
    • 2 – On lui reproche également de ne pas avoir enquêté sur les graves allégations concernant un prêtre de Düsseldorf qui aurait abusé d’un tout jeune garçon à la fin des années 1970. Après avoir été nommé archevêque de Cologne en 2014, le cardinal Woelki avait décidé de ne pas prendre de mesures supplémentaires ni d’avertir Rome, car le prêtre était «incapable d’être interrogé» en raison d’une démence avancée. Il est depuis décédé de causes naturelles. La victime aurait également refusé de témoigner (mais cela est contesté).

    L’ENQUÊTE ARCHIDIOCÉSAINE SUR LES ABUS SEXUELS

    En décembre 2018, les autorités de l’évêché de Cologne avaient chargé le cabinet d’avocats Westphal-Spilker-Wastl (WSW) de Münich de réaliser une enquête sur la manière dont les autorités diocésaines avaient traité des cas d’abus sexuels du diocèse pendant la période 1975-2018. À la demande expresse du cardinal Woelki, le rapport devait inclure les noms des personnes ayant dissimulé des incidents d’abus sexuels ou ne les ayant pas punis systématiquement. Le rapport devait être présenté à la presse en mars 2020.

  • Saluer l'intrépidité de nos évêques

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    Vous avez trouvé vos évêques timides et timorés dans la défense de leurs ouailles privées de célébrations eucharistiques et de vie sacramentelle ? Peut-être espériez-vous les voir intervenir avec détermination auprès des autorités politiques afin que soient reconnus les droits des citoyens croyants ? Vous avez été déçus par leur attitude soumise et résignée à l'égard des mesures sanitaires même les plus absurdes comme celle de cette stupide jauge des 15 personnes ? Mais vous avez tout faux ! N’aviez-vous pas compris qu’ils devaient réserver leur réactivité et leur pugnacité pour d’autres causes ? Qu’il y avait un autre combat à mener, prioritaire celui-là : combattre l’infâme Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dénoncer la doctrine constante de l’Eglise en matière d’union matrimoniale, remplacer nos vieilles bannières par le drapeau arc-en-ciel de la cause homosexuelle. Et cet héroïsme épiscopal « que l’histoire retiendra » a été salué par l’ensemble du monde médiatique qui n’en espérait pas tant. Perspicace et enthousiaste, le nouveau rédacteur en chef de cathobel (la pravda de l'Eglise francophone de Belgique) consacre à l’évènement une vraie page d'anthologie intitulée "Quand ils sortirent de l'ombre..." :

    "Certains avaient été durs avec eux. Les accusant d’être en retrait, prudents. Pire: absents. On avait reproché leur silence, leur manque d’audace, leur conformisme. On les avait soupçonnés d’avoir peur – en vrac: de faire des vagues, de perdre les financements publics ou de s’attirer les foudres du CD&V. On avait donc regretté que les évêques belges ne s’opposent pas plus fermement aux restrictions relatives à l’exercice du culte. On avait prétendu que Jésus aurait fait autrement. Sans doute. Mais bon…"

    et, roulez tambours, sonnez trompettes :

    "L’histoire retiendra que le 17 mars, ils sortirent de l’ombre. L’évêque d’Anvers surtout. L’évêque de Liège aussi. Ainsi que leurs collègues, flamands et francophones. On les vit dans la grande presse et aux journaux télévisés. Avec des paroles fortes. Et un puissant impact sur l’opinion publique."

    ta da dam

    "Ils furent largement salués. Notamment par les personnes homosexuelles qui croient en Dieu et cherchent à trouver leur place dans l’Eglise. Mais aussi par d’innombrables (!) chrétiens, heureux de voir leur hiérarchie offrir un message d’ouverture. Ainsi que par de nombreux éditorialistes et autres membres de la société civile."

    Mais il y a toujours des esprits chagrins :

    "Mais pas par tous. Et les moins nombreux ne furent sans doute pas les moins bruyants. Car ceux-là même qui, quelques semaines plus tôt, ne manquaient pas de regretter l’invisibilité des évêques sur la place publique condamnèrent soudainement la visibilité des évêques sur la place publique. Ils déplorèrent que ces prélats parussent plus prompts à s’éloigner de Rome qu’à s’opposer aux autorités civiles. (effectivement!) Leur reprochèrent de semer la confusion et la désunion. (…)"

    Amusant, non ?

  • Unions homosexuelles : le pape approuve-t-il le "responsum" ?

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    24 mars 2021

    Bénédictions homosexuelles. Le Pape revient sur son interdiction, et pourtant, en l’an 2000…

    Le halte-là intimé le 15 mars aux bénédictions des couples de même sexe par la Congrégation pour la doctrine de la foi aux bénédictions des couples de même sexe a déchaîné dans l’Église un vent de rébellion général, avec un épicentre situé en Allemagne et en Belgique, où même des évêques de premier plan ont publiquement rejeté et conspué la décision de Rome.

    Mais dimanche 21 mars, l’inconnue principale est toute autre.  Elle concerne le Pape.

    François partage-t-il ou non ce « Responsum » de la Congrégation qui veille sur l’application correcte de la doctrine de l’Église ?

    Le document porte la signature du cardinal Luis F. Ladaria, préfet du dicastère, et de l’archevêque Giacomo Morandi, Secrétaire de ce même dicastère.

    Mais le document précise également que : « le Souverain Pontife François, au cours d’une audience accordée au Secrétaire de cette Congrégation, a été informé du ‘Responsum ad dubium’ susmentionné, avec la ‘Note explicative’ annexe, et a consenti à leur publication ».

    Cette formulation laisse déjà des indices qui laissent penser à une implication moindre de François par rapport aux autres « Responsa » de cette congrégation.

    Précédemment, le Pape avait reçu en audience préalable non pas le secrétaire mais le cardinal préfet du dicastère, et non pas pour être simplement « informé » et pour « donner son consentement à la publication » comme dans le cas présent, mais pour quelque chose de plus important : pour « approuver », c’est-à-dire pour faire sienne la décision, et pour « ordonner » qu’elle soit publiée.

    Il ressort du bulletin officiel des audiences que le secrétaire de la Congrégation, Mgr Morandi, a été reçu par François le 28 janvier, tandis que le cardinal-préfet Ladaria a été reçu la dernière fois le 18 mars, trois jours après la publication du « Responsum », quand la rébellion contre l’interdiction avait déjà éclaté.

    En réalité, les rebelles ne prenaient pas tant pour cible François en personne. Ils ont plutôt concentré leurs attaques contre la Congrégation pour la doctrine de la foi, le Vatican et l’institution ecclésiastique. Implicitement, comme cela s’est déjà produit par le passé, ils ont eu tendance à dissocier le Pape de la Curie et à le disculper de toute responsabilité directe.

    Et lui ? Il joue le jeu. À l’Angélus du dimanche 21 mars, il a ajouté un commentaire personnel au texte qu’il avait sous les yeux, pour se distancier lui aussi ce cette rigidité et de cette aridité cléricales, élitistes, qui constituent ses cibles favorites, en tant que Pape qui se trouve dans le camp du peuple contre l’institution.

    Voici le passage en question avec les commentaires que François a ajouté de son propre chef, soulignées :

    « Il s’agit de semer des graines d’amour non par des mots, qui s’envolent, mais par des exemples concrets, simples et courageux ; non pas par des condamnations théoriques, mais par des gestes d’amour. Alors le Seigneur, par sa grâce, nous fait porter du fruit, même quand la terre est aride à cause d’incompréhensions, de difficultés ou de persécutions, ou de prétentions de légalismes ou de moralismes cléricaux. Voilà ce qu’est une terre aride. »

    Quelques heures plus tard, la double confirmation est tombée pour confirmer qu’il s’agissait bien d’une allusion du Pape, tout sauf bienveillante, au « Responsum » contre les bénédictions des couples homosexuels.

    Cette double confirmation nous est parvenue – avec la référence habituelle à « des sources vaticanes fiables qui souhaitent rester anonymes » – via deux vaticanistes renommés, catalogués parmis les plus proches de Jorge Mario Bergoglio : l’irlandais Gerard O’Connell et son épouse, l’argentine Elisabetta Piqué, respectivement dans la revue des jésuites de New York « America » et dans le quotidien de Buenos Aires « La Nación ».

    Le résultat de cette prise de distance allusive du Pape est que désormais, le « Responsum » contre les bénédictions des couples homosexuels sera considéré par beaucoup comme une simple « opinion », exactement comme l’avait immédiatement définit le président de la Conférence épiscopale allemande, l’évêque du Limbourg Georg Bätzing, dans le diocèse duquel, comme dans beaucoup d’autres dans le monde entier – ces bénédictions sont pratiquées depuis longtemps.

    Et ce n’est pas près de s’arrêter, avec un Pape François qui souffle le chaud et le froid sans jamais dire clairement ce qu’il pense vraiment.  Comme cela s’est déjà passé pour la communion eucharistique partagée entre catholiques et protestants, après son mémorable « oui, non, je ne sais pas, faites comme vous voulez » qui a saboté toutes les tentatives de correction ultérieures de la Congrégation pour la doctrine de la foi ou du Conseil pour l’unité des chrétiens.

    *

    Voilà ce qui se passe aujourd’hui.  Mais il y a un précédent, fort semblable, mais qui s’est terminé très différemment, qu’il est instructif de rappeler.

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  • Que dit Amoris Laetitia au sujet de l’homosexualité ?

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    D'Aleteia.org (archive du 8 avril 2016) :

    Que dit Amoris Laetitia au sujet de l’homosexualité ?

    La réponse se trouve au chapitre des "situations complexes".

    La question des couples homosexuels est abordée au chapitre 6 esquissant « Quelques perspectives pastorales », sous le titre « Certaines situations complexes » (n°248 et suivants) :

    250. L’Église fait sienne l’attitude du Seigneur Jésus qui, dans un amour sans limite, s’est offert pour chaque personne sans exceptions.

    En note de bas de page, l’exhortation apostolique du Saint-Père vise ici la Bulle Misericordiae Vultus, à son numéro 12 : « L’Église a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battant de l’Évangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous. L’Épouse du Christ adopte l’attitude du Fils de Dieu qui va à la rencontre de tous, sans exclure personne. De nos jours où L’Église est engagée dans la nouvelle évangélisation, le thème de la miséricorde doit être proposé avec un enthousiasme nouveau et à travers une pastorale renouvelée. Il est déterminant pour L’Église et pour la crédibilité de son annonce de vivre et de témoigner elle-même de la miséricorde. Son langage et ses gestes doivent transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des personnes et les inciter à retrouver le chemin du retour au Père. »

    250 (suite). Avec les Pères synodaux, j’ai pris en considération la situation des familles qui vivent l’expérience d’avoir en leur sein des personnes manifestant une tendance homosexuelle, une expérience loin d’être facile tant pour les parents que pour les enfants. C’est pourquoi, nous désirons d’abord et avant tout réaffirmer que chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect, avec le soin d’éviter “toute marque de discrimination injuste”…

    C’est au n. 2358 du Catéchisme de l’Église catholique que le document fait alors référence : « La personne chaste maintient l’intégrité des forces de vie et d’amour déposées en elle. Cette intégrité assure l’unité de la personne, elle s’oppose à tout comportement qui la blesserait. Elle ne tolère ni la double vie, ni le double langage » (cf. Mt 5, 37 « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »).

    …et particulièrement toute forme d’agression et de violence. Il s’agit, au contraire, d’assurer un accompagnement respectueux des familles, afin que leurs membres qui manifestent une tendance homosexuelle puissent bénéficier de l’aide nécessaire pour comprendre et réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie.

    Là, c’est au n. 76 de la Relatio finalisde 2015, ce document concluant les travaux du dernier synode des évêques sur la famille, qu’Amoris Laetitia se réfère : « L’Église calque son attitude sur celle du Seigneur Jésus qui, dans un amour sans limite, s’est offert pour chaque personne sans exceptions (cf. MV, 12). À l’égard des familles qui vivent l’expérience d’avoir en leur sein des personnes présentant une tendance homosexuelle, l’Église réaffirme que chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect, avec le soin d’éviter « toute marque de discrimination injuste » (voir un peu plus bas, Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Considérations à propos des projets de reconnaissance légale des unions entre personnes homosexuelles, n. 4). Il faut aussi réserver une attention spécifique à l’accompagnement des familles dans lesquelles vivent des personnes ayant une tendance homosexuelle. »

    251. Au cours des débats sur la dignité et la mission de la famille, les Pères synodaux ont fait remarquer qu’en ce qui concerne le « projet d’assimiler au mariage les unions entre personnes homosexuelles, il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille ». Il est inacceptable que « les Églises locales subissent des pressions en ce domaine et que les organismes internationaux conditionnent les aides financières aux pays pauvres à l’introduction de lois qui instituent le “mariage” entre des personnes de même sexe ».

    Ici, l’exhortation s’appuie une fois de plus sur le n. 76 de laRelatio finalis, à l’appui des Considérations à propos des projets de reconnaissance légale des unions entre personnes homosexuelles de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, datées du 3 juin 2003 (n. 4) :

    « Il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille. Le mariage est saint, alors que les relations homosexuelles contrastent avec la loi morale naturelle. Les actes homosexuels, en effet, « ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas ».

    Dans l’Écriture Sainte, les relations homosexuelles «sont condamnées comme des dépravations graves… (cf. Rm 1, 24-271 Cor 6, 101 Tm 1, 10). Ce jugement de l’Écriture ne permet pas de conclure que tous ceux qui souffrent de cette anomalie en sont personnellement responsables, mais il confirme que les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés». Le même jugement moral se retrouve chez beaucoup d’écrivains ecclésiastiques des premiers siècles (par exemple S. Polycarpe, Epître aux Philippiens, V, 3; S. Justin, Première Apologie, 27, 1-4 ; Athénagoras, Supplique pour les chrétiens, 34) et a unanimement été accepté par la Tradition catholique (voir point du Catéchisme de l’Église catholique, cité plus haut et suivants).

    Néanmoins, selon l’enseignement de l’Église, les hommes et les femmes ayant des tendances homosexuelles « doivent être accueillis avec respect, compassion, délicatesse. À leur égard, on évitera toute marque de discrimination injuste ». Ces personnes sont en outre appelées comme les autres chrétiens à vivre la chasteté. Mais l’inclination homosexuelle est «objectivement désordonnée» et les pratiques homosexuelles sont des «péchés gravement contraires à la chasteté».

  • Unions homosexuelles : la note de la Congrégation pour la Doctrine de la foi et le pape François

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    De Jeanne Smits, sur son blog :

    La note de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur les unions homosexuelles, et le pape François

    Stupeur. Les grands médias dans les pays où le politiquement correct est le plus avancé ont crié à la « douche froide » après la parution d’un Responsum – une réponse à une question posée – sur la possibilité ou non pour l’Eglise de proposer une bénédiction des paires homosexuelles. Sans véritable surprise, la Congrégation pour la Doctrine de la foi a dit « non », étendant d’ailleurs sa réponse à toutes les unions qui impliquent une « pratique sexuelle hors mariage », seul cadre légitime pour l’union qu’en d’autres temps on appelait encore pudiquement « conjugale ».

    La « surprise » du Courrier international dont je tire l’expression rapportée ci-dessus n’est pas une nouveauté qui démontrerait à elle seule la gravité des glissements doctrinaux que l’on impute au pape François. Chaque fois que Jean-Paul II rappelait solennellement que l’avortement est un crime qui tue un enfant à naître on avait droit, il y a déjà plusieurs décennies, à ce type de cris d’orfraie journalistiques ; comme si c’était une nouveauté, comme si c’était inattendu. Il faut comprendre que cela leur est totalement étranger.

    Si la note a rassuré les milieux plus conservateurs ou traditionnels au sein de l’Eglise, tant ceux-ci s’attendent à tout dans le contexte actuel, et si elle se borne à rappeler l’enseignement pérenne de l’Eglise en matière de morale sexuelle, elle n’en est pas moins ouvertement contestée par des évêques et même, de manière plus subtile, par un cardinal : Kevin Farrell, préfet du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Et d’aucuns vont jusqu’à dire que le pape François a sans doute consenti de manière un peu hâtive à la publication du texte, voire sous pression, et s’attendent à quelque déclaration plus « ouverte » de sa part, si tant est qu’elle n’a pas déjà eu lieu.

    Lire la suite sur le blog de Jeanne Smits

  • Unions homosexuelles : un curé remet l'église au milieu du village

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    Dans son homélie pour le dimanche 21 mars, intitulée "Pourquoi aurais-je honte de l’Église ?"l'abbé Christophe Cossement, curé de deux unités pastorales au sud de Mons, revient sur le débat soulevé par le document romain relatif aux unions homosexuelles  (source) :

    (...) Je voudrais dire encore un mot au sujet du débat qui agite l’Église de Belgique au sujet des unions homosexuelles. Il y a eu un document venant de Rome qui disait à peu près ceci : Dieu aime toutes les personnes, et donc aussi bien sûr les personnes homosexuelles, et l’Église fait de même. C’est pourquoi l’Église veut aider chacun à réaliser la volonté de Dieu dans sa vie. Certains prêtres en ont conclu que l’on pouvait bénir des unions homosexuelles : pas seulement bénir les personnes, mais bénir leur union en tant que telle. Là, il ne suffit pas de regarder la bonne intention des personnes, qui peut être réelle. Il faut aussi regarder si quelque chose qui ressemble au mariage entre l’homme et la femme existe dans le plan de Dieu pour deux hommes ou pour deux femmes. Et là, comme l’a dit le pape François, il n’y a «aucun fondement pour établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille» (Amoris lætitia №251). À cause de cela, l’Église n’a pas le pouvoir de bénir les unions de personnes de même sexe.

    Je suis reconnaissant à l’Église d’aimer les personnes homosexuelles au point de leur indiquer un chemin exigeant à la suite du Christ. Non pas le chemin d’une imitation du mariage — comme l’a choisi notre société pour contenter tout le monde —, mais le chemin d’une autre forme d’intimité, du genre de l’intimité qu’offre l’amitié intime, une voie non sexuelle, une voie de proximité qui passe par la maîtrise de soi et l’élévation de l’être. Que l’Esprit donne à chacun de comprendre comment il peut se détacher de sa vie en ce monde pour la garder pour la vie éternelle.

    N.B. : Il y a quelques années j’ai écrit deux articles qui permettent de creuser la question : en 2015, évoquant déjà la position de Mgr Bonny, au sujet des unions. Et en 2017, plus largement sur le regard que la foi permet de poser sur l’homosexualité.

  • On ne transige pas avec le secret de la direction spirituelle et de la confession sacramentelle

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    De l'abbé sur Smart Reading Press :

    DIRECTION SPIRITUELLE, CONFESSION SACRAMENTELLE : ON NE TRANSIGE PAS AVEC LE SECRET !

    Dans deux livres d’une certaine actualité récente se répandent des confusions inadmissibles portant sur la direction spirituelle comme sur le secret de la confession. De nombreuses réactions d’indignation ont été relayées dans la presse à ce sujet. L’abbé Bernard du Puy-Montbrun souhaite rétablir la vérité du droit de l’Église en matière pastorale.

    Il n’est pas impossible d’entendre ou de lire de la part de certaines personnes qu’il conviendrait de faire une distinction particulière entre la confession sacramentelle, où le secret est absolu, et la direction spirituelle, où ledit secret serait relatif dans la mesure où se colporte l’idée qu’il serait possible de signaler aux autorités judiciaires une personne venant lui confier avoir commis des agressions sexuelles. Nous ne savons pas sur quelle base de données canoniques ces types de propos se propagent, en ajoutant parfois que la notion de secret est mal comprise et peu documentée.

    Il faut oser le dire, alors que la littérature ne manque pas à ce sujet, diffusée dans le cadre des Facultés de Droit canonique, mais il est vrai trop méconnue par l’ensemble du clergé et du grand public2. Qui plus est, au regard de la jurisprudence française, le secret, qui concerne tous les ministres des cultes, est considéré comme un secret professionnel qui s’étend à tous les actes du ministère, à sa seule qualité de ministre du culte. Cela n’exclut pas, bien entendu, de prendre en compte la gravité des actes d’agression sexuelle, mais pas n’importe comment.

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  • Lettre ouverte à un "évêque en colère"

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    Notre ami Ivo Van Hemelryk du "Forum Catholicum" adresse cette lettre à l'évêque d'Anvers :

    Lettre ouverte à un évêque en colère, Johan Bonny
    18-03-2021

    Monseigneur,

    Dans un article d'opinion paru dans De Standaard et pour la VRT, vous étiez en colère contre les dirigeants de votre propre Église qui prennent des positions sur l'homosexualité qui, selon vous, n'atteignent même pas "le niveau de la troisième année du secondaire". En outre, ils manqueraient de "bases scientifiques", ainsi que de "nuances théologiques" et de "rigueur éthique". Vous contestez également un passage qui dit que "dans le plan de Dieu, il n'y a aucune ressemblance ou même d'analogie possible entre le mariage hétérosexuel et le mariage homosexuel."

    Votre argument est étayé par le fait que vous connaissez des couples homosexuels, même avec des enfants, qui "forment une famille chaleureuse et stable et participent activement à la vie paroissiale." Apparemment, certains d'entre eux, avec votre permission, sont des travailleurs d'Eglise actifs à plein temps.

    Vous avez bien sûr le droit d'exprimer votre opinion, mais de la part d'un dignitaire de l'Église catholique, on devrait s'attendre au moins à un haut degré de loyauté prudente envers ses dirigeants. Si, dans certains cas, vous n'êtes pas d'accord avec eux, vous pouvez en discuter respectueusement avec eux. Si, en revanche, vous faites appel à la presse pour mettre en valeur votre image et vos points de vue "progressistes", vous vous rabaissez au niveau populiste de ceux qui veulent faire un procès dans les médias plutôt que devant un tribunal. Néanmoins, si une telle chose était souhaitable, il faudrait aussi donner la parole aux personnes qui ont un avis différent sur la question, dans un contexte démocratique.

    Bien sûr, vous vous sentirez soutenu par la soi-disant "Eglise de base", avant-gardiste et moderniste, avec laquelle vous vous sentez plus en phase qu'avec les dirigeants de votre propre Église. Mais vous devez aussi réaliser qu'il y a encore des gens dans notre Province ecclésiastique belge qui ne partagent pas votre opinion. Malheureusement, ils n'ont pas la même chance d'être pris en considération dans les médias, car leurs points de vue sont généralement rejetés à l'avance ou ignorés sans vergogne. Après tout, ils ne correspondent pas à l'esprit du temps et au politiquement correct, dont vous vous êtes fait un protagoniste attitré.

    Tout d'abord, vous utilisez un discours discutable lorsque vous laissez entendre qu'il y a toujours eu des opinions différentes sur cette question au sein de l'Église catholique. Vous pouvez essayer de démontrer le contraire, mais les positions officielles du Magistère catholique sur cette question sont toujours restées inchangées.  Il fonde ces points de vue sur la Bible (Genèse 1:26-28, Genèse 19:1-29, Lévitique 18:22-25, Lévitique 20:13, Romains 1:24-27, 1 Corinthiens 6:9-10, 1 Timothée 1:10 et Jude 1:7), la tradition et certaines parties de la loi naturelle. (Source : https://nl.wikipedia.org/wiki/Christendom_en_homoseksualiteit ).

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  • Bénir des unions homosexuelles : les paroles d'un vrai pasteur

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    Le mercredi 28 janvier 2015, Mgr André-Joseph Léonard, alors archevêque de Malines-Bruxelles était l’invité d’un lunch-débat organisé à l’Université de Liège par l’Union des étudiants catholiques de Liège et le Groupe éthique sociale. Le thème de son exposé portait sur les enjeux du synode extraordinaire des évêques réunis à Rome du 5 au 19 octobre 2014. A la question : "Quelle est la position de l’Eglise vis-à-vis des homosexuels qui souhaitent voir leur union bénie par l’Eglise ?", voici ce qu'il a répondu :

    L’amitié est plus large que l’amour sous sa forme sexuelle et il y a un langage de la sexualité, non pas parce qu’on y parlerait nécessairement beaucoup mais parce que, par elle-même, elle dit l’union des époux et l’ouverture à la vie. J’ai peu parlé tout à l’heure de cette dimension de la sexualité : l’ouverture à la vie, la fécondité, l’importance des enfants. Je signale que le synode, dans son dernier paragraphe, a invité à une relecture positive, bienveillante et fructueuse de l’encyclique « Humanae vitae ». J’ai trouvé cela assez original et c’était proposé par des gens dont je ne me serais pas attendu à ce qu’ils fassent une publicité pour cette encyclique. Je ferme la parenthèse.

    Pour en revenir au langage, je trouve que si l’on emploie celui de la sexualité, il faut en respecter la grammaire. Quand je parle français, j’essaie de respecter la grammaire française, pas toujours mais alors je reconnais que je fais une faute. Quand je parle néerlandais, j’essaie de respecter la grammaire du néerlandais. Je n’y arrive pas toujours et je reconnais que je fais une faute parce que je ne respecte pas la grammaire de ce langage. Or, la grammaire de la sexualité, dans l’espèce humaine comme dans toute la nature, c’est la différenciation et la polarité du masculin et du féminin. Si l’on veut avoir des petits veaux, il faut tout de même avoir une vache et un taureau…ou un vétérinaire, enfin vous me comprenez ! La sexualité c’est, comme le nom l’indique : secare (couper), section, secteur, sexe, sécante : elle repose sur la polarité du masculin et du féminin.

    Je vous dis en résumé ce que je dis en une heure ou deux quand je rencontre des personnes dans ce cas. Quand j’ai été professeur à Louvain, j’ai tout de même consacré un certain nombre de soirées à accompagner des étudiants dans cette situation et je les ai aidés à comprendre que, comme chrétiens en tout cas, ils étaient invités et je les invitais au nom du Seigneur à respecter, avec sa grâce, le langage de la sexualité. Et, s’ils aimaient une personne du même sexe, où il n’y a pas cette complémentarité que requiert la sexualité par sa définition même, je leur recommandais : eh bien, essaie de vivre dans la chasteté et si tu as un garçon, car c’était souvent des jeunes, que tu aimes beaucoup, vis avec lui une amitié, mais comme beaucoup de gens vivent une amitié. Moi, j’ai de l’amitié pour beaucoup de gens, hommes et femmes, je l’exprime affectivement mais pas sexuellement parce que ce n’est pas dans la manière dont je suis appelé à vivre la sexualité. Je la vis autrement, sur un autre registre. Donc, j’invitais ces personnes, avec patience, respect et délicatesse, à respecter le langage de la sexualité et à ne pas exprimer sexuellement leur amitié pour un autre homme, ou une autre femme dans le cas des filles, en découvrant que le langage affectif est plus large que le langage sexuel. Alors, quand on dit cela, tel que je viens de le résumer, cela fait un beau titre dans les journaux, mais quand on prend le temps, quand c’est dit avec respect, c’est autre chose.

    J’ai été touché, même si je ne l’ai pas entendu mais lu, par le témoignage d’un homosexuel chrétien, Philippe Ariño, si j’ai bon souvenir, qui au nom de son expérience –il a vécu dans l’homosexualité- dit non, ce n’était pas juste et, avec respect, il dit à tous ceux qui, sans l’avoir choisie, ont cette orientation : ne vous engagez pas dans cette voie-là.  Mais il faut une forte motivation pour cela, comme il faut aussi parfois une forte motivation chez un homme marié avec une femme pour résister aux attraits d’une autre femme, ou d’un autre homme. Il faut aussi savoir exprimer l’amitié sur un registre autre que le registre sexuel.

    C’est une erreur, sur le plan social et sur le plan chrétien, de vouloir instituer la relation homosexuelle comme si c’était un mariage. C’est, je pense, une erreur politique et sociale. Qu’on reconnaisse une forme de partenariat pour deux hommes qui vivent ensemble ou deux femmes qui vivent ensemble, comme une mère et sa fille ou une dame et sa gouvernante, dans le but d’assurer une sécurité  patrimoniale, économique ou de logement, cela je peux le comprendre mais nous ne devons pas, je pense, instituer sur le plan civil un mariage homosexuel et, au synode, je pense que tout le monde était d’accord là-dessus. Et nous ne devons pas non plus effectuer une sorte de reconnaissance ecclésiale de cet état de vie. Cela ne me parait pas correct. Maintenant, si l’Esprit-Saint pense autrement, eh bien, qu’il en convainque le synode prochain, mais je doute fort du succès de l’opération. A long terme, tout ce mouvement inspiré par la théorie du « genre » -qui dissocie totalement la culture sexuelle de la sexualité physique, corporelle- est pernicieux : c’est une nouvelle forme de dualisme, comme s’il y avait une identité sexuelle au niveau de la volonté qui soit déconnectée de ce que nous sommes par notre physique, notre incarnation.

    Je dis ceci avec beaucoup de respect des personnes, en excluant toutes les formes de moquerie, de discrimination injuste. Mais ce n’est pas une discrimination injuste de dire qu’on ne marie pas deux femmes ensemble ou deux hommes ensemble : ce n’est pas une discrimination injuste parce que les situations sont objectivement différentes.