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Les cardinaux ne se connaissent pas et sont souvent mal informés par des médias pas ou peu au fait des subtilités ecclésiales.
C’est pourquoi les princes de l’Eglise doivent être bien informés par un journal fidèle au Magister et qui leur permettra de se connaître mutuellement afin de prendre les bonnes décisions durant les moments importants de la vie de l’Eglise. En effet, « les Cardinaux assistent également le Pontife Romain (…) par les divers offices qu’ils remplissent en apportant leur concours au Pontife Romain surtout dans le soin quotidien de l’Église tout entière. » (Can. 349).
C’est le rôle du magazine Cardinalis qui est traduit en anglais, italien, français et espagnol afin que chaque cardinal puisse le lire sans difficulté. Il est ensuite envoyé directement à l’adresse personnelle de tous les cardinaux.
Le magazine Cardinalis est envoyé en quatre langues à tous les cardinaux du monde et rédigé par les meilleurs vaticanistes du moment. Le but : offrir une information véritable sur l’Eglise aux cardinaux pour qu’ils puissent prendre les bonnes décisions dans les moments importants de la vie de l’Eglise.
Aujourd’hui l’Eglise est en crise. Les fidèles sont souvent perdus. Certains évêques, remettent parfois directement en cause le Magister de l’Eglise. L’abrogation récente du motu proprio de Benoît XVI Summorum Pontificum a suscité également de nombreuses incompréhensions chez une grande partie des fidèles. Cardinalis se propose de décrypter en profondeur cette actualité en réunissant les meilleurs vaticanistes de la planète afin d’offrir aux cardinaux une information claire et de qualité. En effet, ce sont les cardinaux qui sont les principaux conseillers du Pape durant son pontificat et qui élisent son successeur. Il est donc vital qu’ils puissent avoir accès à une information de qualité.
Les "catholiques réformateurs" et les médias locaux vont-ils faire tomber l'archevêque de Cologne ?
Le "Kölner Stadt-Anzeiger", qui est toujours en première ligne lorsqu'il s'agit de s'en prendre à l'archevêque dans la ville de la cathédrale, a annoncé aujourd'hui que le conseil consultatif le plus proche du cardinal Rainer Maria Woelki s'était prononcé à la quasi-unanimité contre son retour à la tête du plus grand archevêché d'Allemagne. Le conseil de l'archevêque comprend entre autres l'actuel administrateur de l'archevêché, Rolf Steinhäuser, les évêques auxiliaires Ansgar Puff et Dominikus Schwaderlapp et le vicaire général Markus Hofmann.
Mgr Woelki est actuellement en congé sabbatique pour une durée de cinq mois, mais il compte reprendre ses fonctions le 2 mars. Des sources ecclésiastiques ont déclaré à propos de l'article du "Kölner Stadt-Anzeiger" qu'aucun vote sur le retour de Woelki n'avait eu lieu au sein du conseil de l'archevêché. Mais on en a parlé, et l'opinion était majoritairement sceptique. Ce qui, à proprement parler, est une différence considérable.
Nous ne pouvons bien sûr que spéculer sur ce qui se cache réellement derrière ce sentiment. Il est bien possible qu'une majorité du Conseil n'ait rien contre la personne de l'archevêque de Cologne en soi, mais qu'elle doive simplement constater à quel point l'ambiance dans la ville et dans les instances ecclésiastiques est devenue mauvaise à l'égard de Woelki. Mais cela peut-il vraiment être une raison décisive pour renvoyer le cardinal fidèle à la Rome et à la foi ? Jusqu'à ce qu'un libéral prenne enfin place sur le siège épiscopal et veuille marier les couples homosexuels ? Cela serait certainement applaudi par le "Kölner Stadt-Anzeiger" et par les milieux roses à Cologne, où l'on sait que c'est le carnaval.
Le directeur de la communication de Woelki, Christoph Hardt, l'a laissé entendre aujourd'hui en déclarant que "le conseil de l'archevêque a travaillé dans une atmosphère constructive sur des scénarios pour la période après le 2 mars". Des inquiétudes ont été exprimées quant à l'avenir de l'Eglise de Cologne. Des voix se sont également élevées pour exprimer leur scepticisme quant à la réussite d'un avenir avec le cardinal Woelki à sa tête. Et c'est là que nous entrons dans le vif du sujet. Si le cardinal ose effectivement simplement revenir et commencer son travail, alors - il n'y a aucun doute - les soi-disant "comités de laïcs", la presse monopolistique de gauche et hostile à l'Eglise dans la ville, l'Eglise de la base et tous ceux que l'on appelle ainsi, feront tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre à mal un Woelki en difficulté. Je veux dire que le feu de la critique contre Woelki dure depuis longtemps, alimenté par les mêmes "théologiens réformateurs" autoproclamés et toujours par les mêmes journaux et la chaîne publique WDR.
Le cardinal Woelki a-t-il tout fait correctement ? Certainement pas, la querelle autour de l'expertise sur les abus sexuels, qui n'a ensuite pas été publiée, n'était pas un chef-d'œuvre stratégique si l'on veut prouver la transparence. Et sa façon de se présenter ? Beaucoup l'aiment, d'autres ne l'aiment pas. Et alors ? Et son numéro de relations publiques embarrassant avec un bateau de réfugiés en bois en guise d'autel lors de la sainte messe - il aurait vraiment pu se passer de cet accommodement avec l'esprit politique du moment. Mais il ne s'agit pas de cela - les mêmes personnes qui ont chassé son prédécesseur, le cardinal Joachim Meisner, parce qu'il était fermement attaché à la doctrine catholique et ne voulait pas bénir les couples homosexuels parce qu'il était convaincu de ne pas pouvoir le faire en raison de l'attitude de son Eglise, veulent aujourd'hui faire tomber Woelki définitivement.
Mais le seul point décisif est négligé : l'archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki, s'est-il rendu coupable d'erreurs dans l'élucidation de cas d'abus sexuels, a-t-il commis des fautes ? Pour le savoir, le pape François a spécialement envoyé de Rome deux visiteurs apostoliques sur les bords du Rhin afin de répondre à cette question. Il en est ressorti que Woelki n'avait pas commis de faute en la matière - pas dans ses relations publiques - même si - selon le pape - il avait commis de "grandes erreurs". Depuis, Woelki a pris un congé sabbatique de cinq mois, qu'il a passé entre autres aux Pays-Bas. Il prévoit de revenir le mercredi des Cendres et de célébrer une messe solennelle dans la cathédrale de Cologne.
Malgré l'acquittement, l'exécution publique aura-t-elle lieu ? Ceux qui connaissent l'Eglise catholique allemande de l'intérieur se doutent de l'issue de cette affaire.
Les doyens de la ville et des districts du diocèse ont entre-temps signé une "lettre d'avertissement" adressée au Vatican. Il y a quelques semaines, le conseil pastoral diocésain a organisé un vote secret sur Woelki. A cette occasion, 70 à 80 pour cent se seraient prononcés contre un retour de Woelki.
Comment l'archevêque pourrait-t-il encore tenir ? Et si tout ne semble pas fixé, le "Kölner Stadt-Anzeiger" fera le reste.
DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANCOIS AUX PARTICIPANTS DU SYMPOSIUM "POUR UNE THÉOLOGIE FONDAMENTALE DU SACERDOCE" PROMU PAR LA CONGRÉGATION POUR LES ÉVÊQUES
Je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est donnée de partager avec vous cette réflexion, qui découle de ce que le Seigneur m'a fait connaître progressivement au cours de ces plus de 50 ans de sacerdoce. Je ne veux pas exclure de ce souvenir reconnaissant les prêtres qui, par leur vie et leur témoignage, m'ont montré depuis mon enfance ce que représente le visage du Bon Pasteur. J'ai médité sur ce que je pouvais partager sur la vie d'un prêtre aujourd'hui et je suis arrivé à la conclusion que le meilleur mot vient du témoignage que j'ai reçu de tant de prêtres au fil des ans. Ce que je vous propose est le fruit de l'exercice de réflexion sur eux, de reconnaissance et de contemplation des caractéristiques qui les ont distingués et leur ont donné une force, une joie et une espérance singulières dans leur mission pastorale.
En même temps, je dois dire la même chose de ces frères prêtres que j'ai dû accompagner parce qu'ils avaient perdu le feu du premier amour et que leur ministère était devenu stérile, répétitif et presque vide de sens. Le prêtre, dans sa vie, passe par différentes conditions et différents moments ; personnellement, j'ai traversé différentes conditions et différents moments, et en "ruminant" les mouvements de l'Esprit, j'ai constaté que dans certaines situations, y compris les moments d'épreuve, de difficulté et de désolation, lorsque je vivais et partageais la vie d'une certaine manière, la paix demeurait. Je suis conscient qu'il y a beaucoup de choses à dire et à théoriser sur le sacerdoce ; aujourd'hui, je souhaite partager avec vous cette "petite récolte" afin que le prêtre d'aujourd'hui, quel que soit le moment qu'il vit, puisse faire l'expérience de la paix et de la fécondité que l'Esprit veut lui donner. Je ne sais pas si ces réflexions sont le "chant du cygne" de ma vie de prêtre, mais je peux certainement vous assurer qu'elles proviennent de mon expérience. Il n'y a pas de théorie ici, je parle de ce que j'ai vécu.
L'époque que nous vivons est une époque qui nous demande non seulement d'intercepter le changement, mais de l'accueillir avec la conscience que nous sommes face à un changement d'époque - je l'ai déjà dit plusieurs fois. Si nous avions des doutes à ce sujet, Covid l'a rendu plus qu'évident : en fait, son irruption est bien plus qu'un problème de santé, bien plus qu'un rhume.
Le changement nous confronte toujours à différentes façons d'y faire face. Le problème est que de nombreuses actions et attitudes peuvent être utiles et bonnes, mais qu'elles n'ont pas toutes la saveur de l'Évangile. Et c'est là que réside le nœud du problème, le changement et l'action qui ont ou n'ont pas la saveur de l'Évangile, c'est de discerner cela. Par exemple, la recherche de formes codifiées, très souvent ancrées dans le passé et qui nous "garantissent" une sorte de protection contre les risques, en se réfugiant dans un monde ou une société qui n'existe plus (si elle a jamais existé), comme si cet ordre particulier était capable de mettre fin aux conflits que l'histoire nous présente. C'est la crise du retour en arrière pour se réfugier.
Une autre attitude peut être celle d'un optimisme exagéré - " tout ira bien " - ; aller trop loin sans discernement et sans prendre les décisions nécessaires. Cet optimisme finit par ignorer les blessures de cette transformation, n'accepte pas les tensions, les complexités et les ambiguïtés du temps présent, et "consacre" la dernière nouveauté comme ce qui est vraiment réel, méprisant ainsi la sagesse des années. (Il s'agit de deux types de fuite ; ce sont les attitudes du mercenaire qui voit arriver le loup et qui fuit : il fuit vers le passé ou il fuit vers l'avenir). Aucune de ces attitudes ne conduit à des solutions mûres. C'est là que nous devons nous arrêter, le caractère concret d'aujourd'hui.
Au contraire, j'aime l'attitude qui découle d'une prise en charge confiante de la réalité, ancrée dans la Tradition sage et vivante de l'Église, qui peut se permettre d'aller au large sans crainte. J'ai le sentiment que Jésus, en ce moment de l'histoire, nous invite une fois de plus à " avancer au large " (cf. Lc 5, 4) avec la confiance qu'il est le Seigneur de l'histoire et que, guidés par lui, nous saurons discerner l'horizon à parcourir. Notre salut n'est pas un salut aseptisé, de laboratoire, non, ou de spiritualismes désincarnés - il y a toujours la tentation du gnosticisme, qui est moderne, il est actuel - ; Discerner la volonté de Dieu signifie apprendre à interpréter la réalité avec les yeux du Seigneur, sans avoir besoin d'éluder ce qui arrive à notre peuple là où il vit, sans l'anxiété qui nous pousse à chercher une issue rapide et rassurante guidée par l'idéologie du moment ou par une réponse préfabriquée, toutes deux incapables d'assumer les moments les plus difficiles et même obscurs de notre histoire. Ces deux voies nous conduiraient à nier "notre histoire d'Église, qui est glorieuse dans la mesure où elle est une histoire de sacrifice, d'espérance, de lutte quotidienne, de vie consumée dans le service, de constance dans le travail" (Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, 96).
Au quotidien n°343 : un synode non dit sur la prêtrise ?
Ils veulent changer le sacerdoce, sa signification, sa portée. Après la France, avec le Rapport Sauvé qui met indirectement en cause le rôle traditionnel du prêtre, c’est autours de Rome de se pencher sur ce sujet à travers un symposium organisé par le cardinal Ouellet. La Croix (16 février 2022) en présente l’objectif. Un synode non déclaré sur le sacerdoce ?
Un symposium international sur les « vocations presbytérales, laïques et consacrées », doit s’ouvrir ce jeudi 17 février à Rome. Trois jours de réflexions théologiques devant 500 personnes, dont plusieurs dizaines d’évêques. Pour la France, une douzaine a fait le déplacement.
Depuis plusieurs jours, cette réunion de théologiens fait l’objet d’une attention croissante. D’abord en raison de ses protagonistes : inaugurée par le pape François, chaque demi-journée sera présidée par un préfet de la Curie romaine.
S’y succéderont ainsi le secrétaire d’État Pietro Parolin, mais aussi le préfet de la Congrégation pour le culte divin Arthur Roche, ou encore l’évêque chargé de la Congrégation pour le clergé, Mgr Lazarus You Heung-sik. Une concentration relativement rare de hauts responsables de l’Église au sein d’un même événement.
Ensuite, parce que cette conférence, voulue et organisée par le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation des évêques, se déroule dans un contexte particulier, alors que les responsables de l’Église catholique s’interrogent avec acuité, et dans le monde entier, sur la meilleure manière de porter leur message dans des sociétés de plus en plus sécularisées. Ainsi que sur la place des prêtres.
(…)
Faut-il voir dans ce colloque, qui s’ouvre ce jeudi 17, une manière de défendre une conception classique de la fonction du prêtre, contre la volonté de certains d’en redéfinir les contours ? « Il a d’abord été conçu pour recadrer les choses après le Synode sur l’Amazonie, pour défendre le célibat », témoigne l’un de ceux qui ont suivi de près la construction du programme. Les intervenants du colloque, financé notamment par les Chevaliers de Colomb et la revue française Communio, sont d’ailleurs pour la plupart très proches du thomisme, tenant d’une théologie classique.
(…)
« Notre propos n’est pas de répondre immédiatement aux questions les plus médiatiques, comme l’ordination des hommes mariés », souligne le père Vincent Siret, supérieur du séminaire français, à Rome, et membre du comité scientifique qui a préparé ce colloque. Il poursuit : « Il faut aujourd’hui réfléchir à frais nouveau sur la manière dont s’articulent le sacerdoce des prêtres et celui de tous les baptisés. » Un moyen, donc, de repenser les rapports entre prêtres et laïcs.
« Le pape lui-même est conscient que nous sommes dans une période où il faut mettre les choses à plat en ce qui concerne la place du prêtre dans l’Église et dans la société, ses rapports avec les laïcs, avec le pouvoir », poursuit ce prêtre français, qui souligne que les rapports entre la société et les institutions, quelles qu’elles soient, ont aussi changé.
Mais le pape François est aussi celui qui n’hésite pas, au fil de ses discours, à critiquer la rigidité et le cléricalisme de certains prêtres, voyant dans cette attitude le terrain propice à tous les abus. « Il critique une sorte d’autosuffisance, que je définirais comme une solitude à laquelle certains peuvent conférer une dimension sacrée, développe le père Siret. En fait, il insiste sur l’importance de la dimension de service. Pour lui, c’est là qu’est le sacré. »
Lire également :
Un symposium sur le sacerdoce dans un contexte de crise (source)
À l’initiative du cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, le Vatican organise un vaste symposium sur le sacerdoce, du 17 au 19 février. Annoncé près d’un an à l’avance, ce colloque, qui sera introduit par le pape François, veut revenir aux fondamentaux du sacerdoce dans un contexte de crise pour l’identité du prêtre et de remise en cause du célibat sacerdotal. C’est la première fois depuis le début de la pandémie qu’un colloque aussi important est organisé au Vatican. « Le cardinal Ouellet a obtenu que cela ait lieu à l’intérieur du Vatican, dans la grande salle Paul VI. C’est un signe », souffle un prêtre qui estime que Rome voit d’un bon œil la tenue de ce symposium qui devrait rassembler quelque 500 participants – principalement des prêtres et des évêques.
LE CATHOLICISME LIQUIDE ET LA VOIE SYNODALE ALLEMANDE
16 février 2022
Il y a vingt ans, pendant le Carême de 2002, j'ai commencé à utiliser le terme "Catholic Lite" (catholicisme allégé) pour décrire un projet qui détachait l'Église de ses fondements dans l'Écriture et la tradition : un catholicisme qui ne pouvait pas vous dire avec certitude ce qu'il croit ou ce qui fait une vie juste ; une Église aux frontières ouvertes, incapable ou non désireuse de définir les idées et les actions par lesquelles la pleine communion avec le Corps mystique du Christ est brisée. Le projet Lite catholique était typiquement promu comme une réponse pastorale aux défis culturels de la modernité tardive et de la postmodernité ; la modernité tardive et la postmodernité ont répondu, non pas avec un enthousiasme pour le dialogue, mais avec un bâillement à peine étouffé.
Je ne connais aucun cas où le projet Catholic Lite a conduit à un catholicisme dynamique, accomplissant le travail que le Pape Saint Jean XXIII et le Concile Vatican II ont confié à l'Église : la conversion et la sanctification du monde. Au contraire, le projet Catholic Lite a toujours conduit à une sclérose ecclésiastique. Le catholicisme qui est vivant et vital aujourd'hui est un catholicisme qui embrasse la symphonie de la vérité catholique comme la réponse à l'aspiration du monde à une véritable libération humaine et à une authentique communauté humaine : une Église de pécheurs qui s'efforce d'atteindre la perfection chrétienne. Le catholicisme qui se meurt, partout, c'est l'Église du catholic Lite.
J'ai appris à mes dépens, cependant, que l'expression "Catholic Lite" ne se traduit pas vraiment bien dans d'autres langues. Pendant des années, j'ai imaginé que l'omniprésence mondiale des produits Coca-Cola rendrait intelligible la phrase non traduite "Catholic Lite" ; idem pour l'image suivante que j'ai commencé à utiliser, "Catholic Zero", comme dans "Catholic Lite mène inévitablement à Catholic Zero". Je vous épargnerai les détails sanglants, mais certaines traductions récentes de mon travail ont été si dégoûtantes que j'ai changé d'image et que je parle maintenant de "catholicisme liquide" : une Église au contenu allégé qui s'inspire de la culture environnante et qui s'imagine qu'elle s'occupe principalement de faire de bonnes œuvres, au sens où le monde l'entend.
La mort susmentionnée du projet du Catholic Lite ou du Liquid Catholicism est maintenant pleinement exposée dans la "Voie synodale" allemande : un processus pluriannuel, dominé par les bureaucrates et les universitaires de l'Église, qui semble déterminé à réinventer l'Église catholique comme une forme de protestantisme libéral. Plus récemment, le Sentier synodal a décidé d'utiliser la crise des abus sexuels commis par des clercs de l'Église comme une justification pour une reddition totale à l'esprit du temps en matière d'idéologie du genre et d'éthique de l'amour humain. Il est important de comprendre, cependant, que l'échec prévisible du Sentier synodal sur ces questions "brûlantes" reflète une apostasie plus profonde qui s'exprime par deux notions évangéliques mortelles.
La première apostasie soutient, tacitement mais sans équivoque, que la révélation divine dans l'Écriture et la tradition n'est pas contraignante dans le temps. Le Seigneur Jésus dit que le mariage est éternel ; la voie synodale peut changer cela. Saint Paul et toute la tradition biblique enseignent que l'activité homosexuelle viole le plan divin pour l'amour humain inscrit dans notre création mâle et femelle ; la Voie synodale peut changer cela, parce que nous, les postmodernes, savons mieux. Deux mille ans de tradition catholique, confirmée définitivement par le pape Jean-Paul II en 1994, enseignent que l'Église n'est pas autorisée à ordonner des femmes au diaconat, à la prêtrise ou à l'épiscopat, car cela fausserait la relation sponsale du Christ Grand Prêtre avec son Épouse, l'Église ; l'esprit du temps dit que c'est absurde et la Voie synodale allemande est en accord avec l'esprit du temps. Ainsi, voilà la première apostasie : l'histoire juge la révélation ; il n'y a pas de points de référence stables pour l'auto-compréhension catholique ; c'est nous qui sommes responsables, pas le Christ Seigneur.
La deuxième apostasie enseigne une fausse notion de la liberté comme "autonomie". Pourtant, la liberté authentique n'est pas "l'autonomie". L'"autonomie" est un enfant de trois ans qui tape volontairement sur un piano, ce qui n'est pas de la musique, mais du bruit (à l'exception de Mozart). La liberté authentique, c'est un musicien qui a maîtrisé les disciplines du jeu au piano (souvent par la corvée d'exercices ennuyeux), de la lecture et de l'exécution d'une partition musicale (une autre forme de règles), créant ainsi une belle musique. Comme l'Église catholique l'entend, la liberté authentique consiste à faire la bonne chose pour la bonne raison, par habitude morale (aussi appelée "vertu"). La liberté authentique n'est pas le "choix", ou tout autre mantra stupide de l'époque. La liberté en tant que volonté est un esclavage auto-induit. La liberté authentique est la libération par la vérité morale pour la bonté et la beauté.
Le catholicisme liquide règne en maître dans les délibérations du chemin synodal allemand. Le résultat ne sera pas un renouveau évangélique mais un nouvel abandon de l'Evangile.
* George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.
Avec le nouveau Motu proprio "Assegnare alcune competenze", il semble qu'il sera difficile d'empêcher des dérives pastorales et doctrinales déjà d'actualité dans des pays comme l'Allemagne...
(...) Par un motu proprio, François a établi que les Ordinaires des Eglises locales pourront intervenir dans la gestion des séminaires, la formation des prêtres, la rédaction des catéchismes et dans d'autres secteurs sans demander l'approbation du Vatican mais une simple confirmation.
Ce n'est plus une "approbation" mais une "confirmation". La principale nouveauté du motu proprio par lequel le pape François a décidé de modifier l'attribution de certaines compétences prévues par le Code de droit canonique, tant de l'Église latine que des Églises orientales, repose sur le passage du témoin du premier au second mandat. Il s'agit notamment de la compétence des conférences épiscopales pour la publication des catéchismes. Une des premières nouveautés concerne le transfert du Saint-Siège à l'évêque diocésain du pouvoir d'établir un séminaire sur son territoire sans avoir à attendre l'approbation de Rome mais simplement sa confirmation. L'objectif, tel que défini dans l'introduction du motu proprio, est d'encourager une "saine décentralisation" qui rende plus dynamique la prise de décision dans le domaine ecclésial.
Les évêques disposent de possibilités similaires en ce qui concerne la formation des prêtres (les évêques peuvent l'adapter "aux besoins pastoraux de chaque région ou province") et l'incardination des prêtres, qui peuvent désormais être incardinés non seulement dans une Église particulière ou dans un Institut religieux, mais aussi dans une "association cléricale publique", reconnue par le Saint-Siège, afin d'éviter les "clercs acéphales et errants". Le critère de décentralisation, mais aussi de "proximité", se traduit également par l'allongement de 3 à 5 ans de la période d'"exclaustration", c'est-à-dire de la possibilité qui autorise un religieux à vivre hors de son Institut pour des raisons graves. Le motu proprio, ainsi que sur la compétence des Conférences épiscopales pour la publication des catéchismes, intervient en transférant du Saint-Siège à la responsabilité des Églises locales les décisions sur les éventuelles réductions du nombre de messes à célébrer en fonction des intentions reçues.
Mgr Marco Mellino, secrétaire du Conseil des cardinaux et membre du Conseil pontifical pour les textes législatifs, explique les principes généraux qui ont inspiré le motu proprio du pape.
Mgr Mellino, de manière générale, le motu proprio du pape François présente les changements avec la volonté de décentraliser de Rome vers les Églises particulières l'exercice de certaines compétences : qu'est-ce qui a inspiré ce choix ?
Rép. : Le motu proprio, avec lequel certaines normes des deux codes de l'Église catholique sont modifiées - le code de droit canonique pour l'Église latine et le code des canons des Églises orientales pour l'Église orientale - est une pièce qui rejoint le travail de réforme que le pape François a commencé depuis le début de son pontificat et qu'il poursuit.
Elle répond à l'esprit de "saine décentralisation" indiqué dans l'Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, n° 32, visant à favoriser et à valoriser la dynamique de proximité dans l'Église, sans pour autant compromettre la communion hiérarchique.
Congrégation pour la Doctrine de la Foi: deux secrétaires distincts
Dans le Motu proprio “Fidem servare” publié ce lundi 14 février, le Pape François modifie l’organigramme de l’ex Saint Office, en séparant les responsables des sections doctrinale et disciplinaire.
Le Pape François a donc modifié la structure interne de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avec l’institution de deux sections distinctes qui ont désormais chacune un secrétaire, séparant nettement les compétences doctrinales et disciplinaires. Le cardinal préfet du dicastère a ainsi deux adjoints.
L’objectif de la réforme est de donner sa juste importance à la section doctrinale et à son rôle fondamental de promotion de la foi, sans diminuer toutefois l’activité disciplinaire alors que, pendant des décennies, beaucoup d'efforts et de ressources humaines ont été employés à l'examen des cas d'abus sexuels. De cette façon, chaque section, avec son secrétaire propre, aura plus de force et d'autonomie.
Protéger la foi
Le Motu proprio s’intitule "Fidem servare", protéger la foi, car c'est «la tâche principale, ainsi que le critère ultime à suivre dans la vie de l'Église», explique le Pape. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi assume «cette tâche importante», qui implique des compétences à la fois doctrinales et disciplinaires, ainsi que le lui ont attribué les Souverains Pontifes, en particulier Paul VI et Jean-Paul II. Le Pape François, au regard de l'expérience acquise au fil du temps par la Congrégation dans ses différents domaines de travail et afin de lui donner une approche plus adaptée à l'accomplissement de ses fonctions, établit que le dicastère comprendra deux sections, «Doctrinale et Disciplinaire, chacune coordonnée par un Secrétaire qui assiste le Préfet dans le domaine spécifique de sa compétence, avec la collaboration du Sous-Secrétaire et des Chefs de Bureau respectifs».
Section doctrinale
La section doctrinale «s’occupe des matières qui ont trait à la promotion et la protection de la doctrine de la foi et de la morale. Celle-ci favorise en outre les études visant à faire croître l’intelligence et la transmission de la foi au service de l’évangélisation, afin que sa lumière soit le critère permettant de comprendre la signification de l’existence, surtout face aux questions posées face au progrès des sciences et du développement de la société». Elle examine également les documents qui doivent être publiés par les autres dicastères et les écrits et opinions qui «semblent problématiques pour la foi correcte, en encourageant le dialogue avec leurs auteurs et en proposant des remèdes appropriés». Cette section est aussi chargée d'étudier les questions relatives aux ordinariats personnels des anciens anglicans. Elle gère enfin le Bureau des mariages, qui s’occupe du "privilegium fidei" et examine la dissolution des mariages entre deux non-baptisés ou entre un baptisé et un non-baptisé.
Section disciplinaire
La section disciplinaire prend en charge les crimes réservés à la Congrégation et gérés par le "Tribunal apostolique Suprême" qui y est établi. La section a «la tâche de préparer et d'élaborer les procédures prévues par les normes canoniques afin que la Congrégation, dans ses différentes instances (préfet, secrétaire, promoteur de justice, congrès, session ordinaire, collège pour l'examen des recours en matière de delicta graviora), puisse promouvoir une administration correcte de la justice». À cette fin, la section disciplinaire «promeut des initiatives de formation appropriées» offertes aux évêques et aux praticiens du droit, «pour favoriser une compréhension et une application correctes des normes canoniques relatives à sa propre sphère de compétence».
Il semblerait également que ce remaniement implique le départ du cardinal Ladaria et son remplacement par Mgr Scicluna... (source)
Cardinal Müller : Pour les catholiques fidèles, c'est un "temps de tribulation et de terreur psychologique".
Dans une interview exclusive accordée au Register, le préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi a fustigé l'état de l'Église en Allemagne et son processus de "voie synodale".
11 février 2022
VATICAN - Les catholiques fidèles sont aujourd'hui confrontés à une période de persécution, de tribulation et de "terreur psychologique" qui, de manière sans précédent, vient de l'intérieur de leurs propres pays qui ont d'anciennes traditions chrétiennes, a observé le cardinal Gerhard Müller.
Le cardinal allemand a fait cette observation lors d'une interview exclusive accordée le 5 février au Register, au cours de laquelle il a lancé une attaque cinglante contre l'état de l'Église en Allemagne et la "voie synodale", un processus de réforme pluriannuel controversé né de la crise des abus sexuels du clergé.
Le préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) a déclaré que ces attaques contre les fidèles de l'intérieur proviennent de parties "sécularisées" de l'Église et se produisent fréquemment sur le lieu de travail ou dans les écoles.
Nous vivons actuellement une "période de tribulation et de terreur psychologique", et les catholiques orthodoxes sont "persécutés ; et dans certains pays, cela aboutit au martyre", a noté le cardinal Müller. "Habituellement, cela venait de l'extérieur, mais maintenant c'est de l'intérieur, dans nos pays qui ont de vieilles traditions chrétiennes. C'est une situation nouvelle."
Les propos du cardinal sont intervenus alors qu'une réunion plénière du "Chemin synodal" s'achevait le week-end dernier. Lors de cette réunion, les participants ont voté en faveur d'une série de notions dissidentes, notamment la bénédiction des unions homosexuelles, la modification du catéchisme sur l'homosexualité, l'ordination des femmes prêtres, le caractère facultatif du célibat des prêtres dans l'Église latine et la participation des laïcs à l'élection des nouveaux évêques.
Ses commentaires font également suite à une série de déclarations controversées de prélats allemands et européens au cours des dernières semaines. Parmi celles-ci, citons le cardinal Reinhard Marx de Munich, qui a déclaré le 3 février que les prêtres devraient être autorisés à se marier "non seulement pour des raisons sexuelles", mais aussi pour qu'ils "ne se sentent pas si seuls", et le cardinal Jean-Claude Hollerich de Luxembourg, qui a affirmé que l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité était "faux" et devait être révisé.
Le mois dernier, plus de 120 employés homosexuels de l'Église en Allemagne ont demandé la bénédiction des unions homosexuelles et une modification des règles de travail de l'Église - une initiative saluée par la conférence épiscopale allemande.
Si le conclave souhaite un François bis, voici son nom et son programme
Dans la liste des cardinaux que le Pape François verrait d’un bon œil lui succéder, un nouveau nom vient d’être propulsé en tête du classement. Il s’agit de celui du cardinal Jean-Claude Hollerich, l’archevêque du Luxembourg.
Les seuls obstacles seraient à la rigueur son jeune âge relatif, 64 ans, et le fait qu’il soit jésuite. Mais rien ne dit que ces limites soient bloquantes. En ce qui concerne son âge, Hollerich n’a qu’un an d’écart avec un autre papabile cher à Jorge Mario Bergoglio, le cardinal philippin Luis Antonio Gokim Tagle, préfet de « Propaganda Fide », et de six, ce qui n’est pas énorme, avec le candidat alternatif le plus en vue, le cardinal hongrois Peter Erdö, l’archevêque d’Esztergom-Budapest. Et en ce qui concerne son appartenance à la Compagnie de Jésus, il en a jusqu’à présent fait la démonstration des aspects les meilleurs, les moins partisans et les plus fascinants, surtout grâce à ses vingt-sept années de mission au Japon, aux plus lointains confins de la foi, là où la recherche de Dieu et de formes nouvelles du christianisme constituent des impératifs absolus, des lignes de force pour le futur de l’Église dans un monde de plus en plus sécularisé.
Mgr Hollerich s’est toujours montré sensible à ce défi de notre époque et aujourd’hui encore, il en parle avec un sérieux et une profondeur qui le placent un cran au-dessus de la médiocrité d’une grande partie des cardinaux nommés par le Pape François. Il a étudié à Francfort et à Munich, il connaît et parle plusieurs langues y compris le japonais, il a longuement enseigné dans la prestigieuse université « Sophia » de Tokyo – rien à voir avec l’université homonyme des Focolari de Loppiano fondée en 2008 par Chiara Lubich, comme le mentionne avec une grossière erreur la biographie officielle de Hollerich sur le site du Vatican -, jusqu’à ce qu’en 2011, Benoît XVI le rappelle en Europe et le nomme archevêque de son pays, le Grand-Duché du Luxembourg.
Depuis lors, l’Europe en crise est devenue le domaine de prédilection de la mission de Mgr Hollerich, surtout depuis 2018, date à laquelle il a été élu président de la Commission des épiscopats de l’Union européenne, en abrégé COMECE, une charge qui lui donne une grande visibilité institutionnelle et qui le place en contact avec les représentants de l’Union, avec le rôle d’exprimer le point de vue de l’Église sur tous leurs actes, encore dernièrement avec ce jugement critique formulé par le cardinal le 8 février dernier contre la proposition du président français Emmanuel Macron d’inclure le droit à l’avortement dans la charte des droits fondamentaux de l’Union.
Le Cardinal Hollerich et la déstabilisation de la doctrine
Le cardinal luxembourgeois, qui est le rapporteur général du prochain synode sur la synodalité, a remis en question non seulement les enseignements fondamentaux de l'Église sur la sexualité, mais aussi l'intégrité de la doctrine elle-même.
9 février 2022
Le mois dernier, le cardinal Jean-Claude Hollerich du Luxembourg, rapporteur général du Synode en cours sur la synodalité, a déclaré que les réformes proposées dans la vie de l'Église "ont besoin d'une base stable". Mais à peine une semaine plus tard, le prélat a clairement indiqué que les catholiques devraient s'éloigner de lui lorsqu'ils cherchent une quelconque base doctrinale solide.
Au cours d'une interview accordée à l'agence de presse catholique allemande KNA, le cardinal Hollerich a déclaré que l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité "est faux", car "le fondement sociologique et scientifique de cet enseignement n'est plus correct".
Pour être clair, le cardinal répondait à une question posée de manière plutôt maladroite qui suggérait que l'Église considère l'homosexualité comme un péché - le sens exact du mot "homosexualité" restant quelque peu flou dans ce cas. Si l'Église soutient que les attirances envers le même sexe sont "intrinsèquement désordonnées", en ce sens qu'elles ne dirigent pas les facultés sexuelles vers leur finalité propre, l'Église est également très claire sur le fait que ressentir ces attirances n'est pas un péché en soi ; c'est plutôt le choix d'agir en fonction de ces attirances qui constitue un péché.
Mais le cardinal Hollerich n'a pas clarifié la question. Il a plongé dans le vif du sujet, profitant de l'occasion pour suggérer que l'enseignement de l'Église concernant les actes homosexuels - et, par extension, son enseignement selon lequel la sexualité humaine est ordonnée à l'amour conjugal entre mari et femme, image de la vie trinitaire - est fondamentalement défectueux.
La déclaration était choquante, constituant l'exemple d'un leader ecclésiastique éminent critiquant ouvertement une doctrine morale qui a été tenue par l'Église - toujours, partout, par tout le monde -, se rangeant du côté de la culture sécularisée sur le sujet litigieux en opposition à l'enseignement orthodoxe.
Mais ce qui est peut-être encore plus troublant que le contenu spécifique de l'opinion du cardinal Hollerich, c'est la logique sous-jacente liée à la doctrine et au développement de l'Église qui l'a suscitée, une préoccupation amplifiée par le rôle important que le prélat est appelé à jouer dans le synode.
Selon cette analyse, le cardinal Hollerich n'attaquait pas seulement un ensemble discret de doctrines morales et anthropologiques. Au contraire, il sapait la notion d'intégrité doctrinale elle-même, déstabilisant l'ensemble du corps des enseignements de l'Eglise et remettant en question la capacité de l'Eglise à enseigner quoi que ce soit avec autorité, à communiquer quoi que ce soit sur la Révélation divine avec exactitude.
Euthanasie, le pape s'oppose à la Civilta Cattolica
10-02-2022
Un non clair à l'euthanasie et au suicide assisté a été prononcé hier par le pape François lors de l'audience générale, au moment même où le processus parlementaire du projet de loi visant à légaliser le suicide assisté débute en Italie et où l'on attend la décision de la Cour constitutionnelle sur le référendum radical. L'intervention du Pape s'oppose à l'article très discuté de Civiltà Cattolica qui soutenait la nécessité d'approuver la loi sur le suicide assisté, au nom du moindre mal.
Le Vatican dit non au suicide assisté et donc à la loi sur le sujet, qui a repris hier sa procédure parlementaire à la Chambre des députés. Hier, le Pape a tenu son audience générale habituelle dans la salle Paul VI, consacrée au thème "Saint Joseph, patron de la bonne mort". Le Saint-Père a formulé une réflexion intéressante sur la mort. Nous souhaitons ici mettre en évidence les passages qui concernent le thème de l'euthanasie.
Au début de son discours, le Saint-Père a prononcé une phrase très précieuse, peut-être la plus importante de tout son discours : "la foi chrétienne n'est pas un moyen d'exorciser la peur de la mort, mais elle nous aide plutôt à l'affronter". L'euthanasie peut également être interprétée comme un stratagème visant à éluder le moment de la mort, presque une tentative de le dominer en décidant du moment où l'on veut quitter la scène. C'est une manière trompeuse de se faire croire que l'on peut remettre au centre l'autonomie de la personne, qui se sent dépassée par les événements, en la tuant. Un moyen donc d'exorciser la mort.
La foi chrétienne, en revanche, n'exorcise pas, ce n'est pas une couche chaude, un mensonge élaboré pour tenter de rendre le passage du corps moins douloureux, une collection d'histoires sur l'au-delà qui sont censées nous rassurer. Au contraire, la foi donne un sens à notre vie, un sens tel qu'elle réussit à remplir de sens même le dernier moment de la vie, à éclairer les sombres recoins de la mort avec la lumière du Christ qui, en effet, dès sa mort, est allé aux Enfers. C'est pourquoi ceux qui croient ne croient pas à l'euthanasie, car ils savent que la mort, comme l'a écrit Jean-Paul II, est en définitive un passage : "de la vie à la vie". Dans cette perspective, la mort n'est servie que par les vivants, ceux qui restent, les survivants, et non par ceux qui la subissent. Le Pape nous rappelle implicitement tout cela.
Par la suite, François a réitéré sa juste condamnation de l'acharnement thérapeutique : "nous ne pouvons pas éviter la mort, et précisément pour cette raison, après avoir fait tout ce qui est humainement possible pour guérir le malade, l'acharnement thérapeutique est immoral". Le Pontife identifie ici correctement le moment où l'obstination clinique se déclenche, c'est-à-dire lorsque tout a été fait pour sauver la vie du patient.
Il y a ensuite l'éloge des soins palliatifs : "La deuxième considération concerne la qualité de la mort elle-même, la qualité de la douleur, de la souffrance. En fait, nous devons être reconnaissants pour toute l'aide que la médecine s'efforce d'apporter, afin que, grâce à ce qu'on appelle les "soins palliatifs", chaque personne qui s'apprête à vivre la dernière partie de sa vie puisse le faire de la manière la plus humaine possible". Toutefois, il a ensuite mis en garde contre l'utilisation abusive de ces traitements, qui peuvent être utilisés à des fins d'euthanasie. En fait, de fortes doses d'opioïdes peuvent entraîner la mort, ce qui peut être une fin directement recherchée, proche de l'euthanasie. Le pape a poursuivi en disant : "Nous devons toutefois veiller à ne pas confondre cette aide avec des dérives inacceptables qui conduisent au meurtre".
Ce passage permet au Souverain Pontife d'exprimer clairement la condamnation de l'Eglise à l'égard de toute forme d'euthanasie : "Nous devons accompagner les personnes jusqu'à la mort, mais pas provoquer la mort ou aider toute forme de suicide. La vie est un droit, pas la mort, qui doit être accueillie et non administrée. L'interdiction de l'euthanasie relève de la morale naturelle et concerne donc aussi bien les croyants que les non-croyants : "Et ce principe éthique concerne tout le monde, pas seulement les chrétiens ou les croyants". Il s'agit d'un avertissement à ceux qui pensent à confesser l'euthanasie comme s'il s'agissait d'un délit moral réservé aux croyants.
Le discours du Pape n'a pas été prononcé par hasard, mais, comme nous l'avons déjà dit, il s'agit d'un message implicite adressé, d'une part, aux parlementaires italiens qui examinent le texte d'un projet de loi visant à légitimer le suicide assisté et, d'autre part, à tous les fidèles et citoyens et à la Cour constitutionnelle appelée à se prononcer sur le référendum proposé par les radicaux, un référendum qui veut dépénaliser presque totalement le crime de meurtre consenti. Le pape a donc dit un double non : à la loi sur le suicide assisté et à la dépénalisation de l'homicide de personnes consentantes.
Ce discours contraste donc avec le récent article publié dans La Civiltà Cattolica par le père Carlo Casalone, intitulé "Le débat parlementaire sur le "suicide assisté"", dans lequel le jésuite soutenait l'adoption de cette loi comme un moindre mal, c'est-à-dire comme la meilleure solution pour éviter des dommages plus graves à l'avenir. Certains pourraient toutefois insinuer que le discours du pape n'est qu'une façade. En d'autres termes, on pourrait penser qu'au Vatican, il y a une condamnation claire de l'aide au suicide, mais pas une condamnation du projet de loi actuel sur le suicide assisté, qui permettrait d'éviter une loi bien pire. Mais si tel est le cas, pourquoi un tel discours devrait-il être prononcé au moment même de la reprise des travaux parlementaires sur la proposition de loi sur le suicide assisté ? Cela ne nous semble pas être un bon moyen de soutenir l'adoption d'une telle loi. De plus, la conclusion logique qui découle nécessairement des paroles très claires du Pape est la suivante : si le suicide assisté est un mal, il ne pourra jamais être légalisé.
Le Magistère de l'Église catholique sur l'euthanasie
Au cours de ses 2000 ans d'histoire, l'Église a toujours défendu la vie humaine, de la conception à la mort naturelle, avec une attention particulière aux phases les plus fragiles de l'existence. Le “non” à l'euthanasie et à l'acharnement thérapeutique est un “oui” à la dignité et aux droits de la personne: inguérissable ne veut pas dire incurable.
Dans son étymologie grecque, le mot euthanasie est lié au concept de “bonne mort” (εὐθάνατος). Dans l’Antiquité, ce terme était associé à une mort sans souffrance. L'objectif du médecin était de faire en sorte, dans la mesure du possible, que les derniers moments de la vie soient indolores. Cette forme d'euthanasie n'était pas en contradiction avec le serment d'Hippocrate: «Je ne donnerai à personne, même si on me le demande, un médicament mortel, ni ne suggérerai un tel conseil; de même, je ne donnerai à aucune femme un médicament abortif». Aujourd'hui, cependant, le terme “euthanasie” ne renvoie plus à cette signification initiale. Il s'agit plutôt d'une action visant à provoquer par avance la mort d'une personne malade afin d'alléger ses souffrances.
Non à l'euthanasie et à l'acharnement thérapeutique
L'Église catholique a toujours affirmé que la vie humaine doit être défendue de la conception à la mort naturelle. Ainsi, selon le Catéchisme de l'Église catholique, «l'euthanasie volontaire, quels qu’en soient les formes et les motifs, constitue un meurtre. Elle est gravement contraire à la dignité de la personne humaine et au respect du Dieu vivant, son Créateur». (2324).
Le progrès technologique a donné lieu à de nouvelles questions éthiques. Le développement de la médecine a permis d'améliorer la santé et de prolonger la vie d'une manière jamais vue ou même imaginée. À cet égard, il y a 65 ans, le 24 novembre 1957, Pie XII a prononça un discours devant un groupe d'anesthésistes et de réanimateurs que le Pape François a qualifié de «mémorable».
Réaffirmant que l'euthanasie n'est pas licite, le Pape Pacelli a néanmoins affirmé qu'il n'y a pas d'obligation de toujours utiliser tous les moyens thérapeutiques potentiellement disponibles et que, dans des cas bien définis, il est licite de s'en abstenir: c'est la première allusion au principe de ce que l'on appelle “l'acharnement thérapeutique”. Il est défini comme moralement acceptable de s'abstenir ou de suspendre l'utilisation de mesures thérapeutiques lorsque leur utilisation ne correspond pas au critère de “proportionnalité du traitement”.
Jean XXIII, Paul VI et le concile Vatican II
Dans l'encyclique Mater et Magistra, Jean XXIII soulignait que «la vie humaine est sacrée: dès son origine, elle requiert l'action créatrice de Dieu». Dans l'encyclique Pacem in Terris, le même Jean XXIII indiquait également parmi les droits «de tout être humain à l'existence», un droit «lié au devoir de préserver la vie».
La Constitution conciliaire Gaudium et Spes place l'euthanasie sur la liste des violations du respect de la personne humaine: «Comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques ; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable» (GS 27).
En 1974, Paul VI établit un lien entre la fin de vie et les questions raciales, s'adressant au Comité spécial des Nations unies sur l'apartheid, soulignant l'égalité de tous les êtres humains et la nécessité de protéger les droits des minorités ainsi que «les droits des malades incurables et de tous ceux qui vivent en marge de la société et sont sans voix».
Jean-Paul II: l'euthanasie et la culture de la mort
Dans son encyclique Evangelium Vitae de 1995, Jean-Paul II souligne que l'euthanasie, qu'elle soit «déguisée et rampante ou ouvertement pratiquée et même légalisée», est de plus en plus répandue. «Par compassion présumée pour la douleur du patient, elle est parfois justifiée par une raison utilitaire, visant à éviter des dépenses improductives trop lourdes pour la société». Il est ainsi proposé de «tuer les bébés malformés, les personnes gravement handicapées, les invalides, les personnes âgées, surtout si elles ne sont pas autonomes, et les malades en phase terminale». Le Souverain Pontife polonais a souligné que «la tentation de l'euthanasie, c'est-à-dire de prendre possession de la mort, de la procurer à l'avance et de mettre ainsi fin “en douceur” à sa propre vie ou à celle d'autrui, devient de plus en plus forte». En réalité, «ce qui peut sembler logique et humain, vu en profondeur, est absurde et inhumain. Nous sommes ici confrontés à l'un des symptômes les plus alarmants de la culture de la mort».
Benoît XVI: soins d'amour et accompagnement
L'existence d'un être humain dans une condition très précaire, parce qu'il est vieux et malade, a-t-elle encore un sens? Pourquoi, lorsque le défi de la maladie devient dramatique, devrions-nous continuer à défendre la vie, et ne pas plutôt accepter l'euthanasie comme une libération? «Ceux qui sont appelés à accompagner les personnes âgées malades doivent se mesurer (à ces questions) surtout lorsqu'elles semblent n'avoir aucune chance de guérison», affirmait Benoît XVI en 2007. La mentalité actuelle d'efficacité, ajoutait-il, tend souvent à marginaliser nos frères et sœurs qui souffrent, comme s'ils n'étaient qu'un «fardeau» et un «problème» pour la société.
«Ceux qui ont le sens de la dignité humaine savent qu'ils doivent être respectés et soutenus lorsqu’ils sont confrontés à de graves difficultés liées à leur état. Il est en effet juste de recourir, lorsque cela est nécessaire, aux soins palliatifs qui, s'ils ne peuvent pas guérir, sont en mesure d'atténuer la douleur causée par la maladie». Cependant, à côté des soins cliniques indispensables, disait Benoît XVI, il est toujours nécessaire de faire preuve d'une capacité concrète d'amour, car les malades ont besoin de compréhension, de réconfort et d'un encouragement et d'un accompagnement constants.
La pensée dominante, marquée par la «culture du déchet» propose parfois une «fausse compassion»: «Celle, soulignait le Pape François, s'adressant aux participants à la conférence de 2014 promue par l'Association médicale catholique italienne, qui considère comme une aide aux femmes d'encourager l'avortement, comme un acte de dignité de procurer l'euthanasie, comme une conquête scientifique de “produire” un enfant considéré comme un droit au lieu de l'accueillir comme un don; ou encore d'utiliser des vies humaines comme des cobayes de laboratoire pour prétendument en sauver d'autres». La compassion évangélique, en revanche, est celle qui nous accompagne dans nos besoins, celle du bon Samaritain, qui «voit», éprouve de la compassion, s'approche et offre une aide concrète.
Enfin, le Pape François assurait, dans un message de 2017 sur le thème de la fin de vie, que «ne pas activer des moyens disproportionnés, ou suspendre leur utilisation, équivaut à éviter l'acharnement thérapeutique, c'est-à-dire à réaliser une action qui a une signification éthique complètement différente de l'euthanasie». Et il rappelle ce qui est exprimé dans le Catéchisme de l'Église catholique: «L'interruption d'actes médicaux onéreux, dangereux, extraordinaires ou disproportionnés par rapport aux résultats attendus peut être légitime. Dans ce cas, il y a renonciation à l'acharnement thérapeutique». L'intention n'est pas de procurer la mort, mais d'accepter qu'elle ne peut être évitée.
Inguérissable n'est pas incurable
Dans la Lettre Samaritanus bonus sur l'assistance aux personnes en phase critique et terminale de la vie, approuvée par le Pape François et publiée le 22 septembre 2020, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi affirme que «inguérissable n'est jamais synonyme d'incurable»: ceux qui sont touchés par une maladie en phase terminale ainsi que ceux qui sont nés avec une espérance limitée de survie ont le droit d'être accueillis, soignés, entourés d'affection. L'Église s'oppose à l'acharnement thérapeutique, mais réaffirme comme «enseignement définitif» que «l'euthanasie est un crime contre la vie humaine».