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Ethique - Page 122

  • Le pape auprès des réfugiés du camp de Mytilène : "vos visages, vos yeux nous demandent de ne pas nous détourner"

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    De Kath.Net/News (traduction automatique depuis l'allemand):

    Avec des réfugiés à Lesbos

    5 décembre

    François : vos visages, vos yeux nous demandent de ne pas nous détourner, de ne pas nier l'humanité que nous partageons tous, de faire nôtres vos histoires et de ne pas oublier vos expériences dramatiques

    Rome (kath.net) Ce matin, après avoir quitté la Nonciature apostolique, le pape François a été conduit à l'aéroport international d'Athènes en voiture, d'où il est monté à bord d'un A320 Aegean à 9h33 (8h33 heure romaine) Mytilène (Lesbos) a décollé.

    A son arrivée à l'aéroport de Mytilène, le Pape a été reçu par la Présidente de la République Hellénique, SE Mme Katerina Sakellaropoulou, et l'Ordinaire du Diocèse Josif Printezis. Il s'est ensuite rendu au centre d'accueil et d'identification pour visiter les réfugiés.

    À 10 h 45 (9 h 45, heure romaine), le Pape est entré par la porte est du camp et s'est rendu à l'endroit où a lieu la rencontre avec les réfugiés, à laquelle assistent environ 200 personnes.

    Après le chant d'ouverture et le salut de l'évêque, un réfugié et un volontaire ont témoigné. Puis François donna son adresse. A la fin de l'exposé, les enfants offrent un cadeau au Saint-Père. Le Pape s'est ensuite entretenu avec certains des réfugiés et a visité leurs maisons.

    Visite de réfugiés dans un centre d'accueil à Mytilène

    Chers frères et sœurs,

    Merci pour vos mots. Je vous remercie, Madame la Présidente, de votre présence et de vos propos. Sœurs et frères, je suis revenu ici pour vous rencontrer. Je suis ici pour vous dire que je suis proche de vous. Je suis ici pour voir vos visages et vous regarder dans les yeux. Il y a des yeux pleins de peur et d'attente, des yeux qui ont vu la violence et la pauvreté, des yeux rougis par trop de larmes. Il y a cinq ans sur cette île, le patriarche œcuménique et cher frère Barthélemy a dit quelque chose qui m'a beaucoup impressionné : « Quiconque a peur de vous ne vous a pas regardé dans les yeux. Quiconque a peur de vous n'a pas vu vos visages. Quiconque a peur de vous ne voit pas vos enfants et oublie que la dignité et la liberté vont au-delà de la peur et de la séparation, oublie que la migration n'est pas un problème au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en Europe et en Grèce. C'est un problème mondial » (discours du patriarche Bartholomée dans le camp de réfugiés de Moria, Lesbos, 16 avril 2016).

    Oui, c'est un problème mondial, une crise humanitaire qui touche tout le monde. La pandémie nous a frappés à l'échelle mondiale; nous avons réalisé que nous étions tous dans le même bateau parce que nous vivions ce que c'est que d'avoir les mêmes peurs. Nous comprenons que nous devons faire face ensemble aux grandes questions car les solutions fragmentées sont insuffisantes dans le monde d'aujourd'hui. Cependant, alors que les vaccinations avancent, quoique laborieusement, au niveau mondial et que quelque chose semble bouger dans la lutte contre le changement climatique, quoiqu'avec de nombreux retards et incertitudes, tout dans le domaine des migrations ressemble à un terrible arrêt. Des personnes et des vies humaines sont en jeu ! L'enjeu est l'avenir de chacun, qui ne peut être harmonieux que s'il repose sur l'intégration. Seul un avenir réconcilié avec les faibles sera productif. Car quand les pauvres sont rejetés, la paix est rejetée.

    L'histoire enseigne que l'isolement et le nationalisme ont des résultats catastrophiques. Le Concile Vatican II nous rappelle : « La ferme volonté de respecter les autres personnes et peuples et leur dignité, couplée à une fraternité engagée et active - ce sont des conditions indispensables pour construire la paix » (Gaudium et Spes, 78). On se livre à une illusion si l'on pense qu'il suffit de se protéger et de se défendre contre les plus faibles qui frappent à la porte. L'avenir conduira à des contacts interpersonnels encore plus étroits. Un redressement pour le mieux ne nécessite pas une action unilatérale, mais une politique de grande envergure. Je le répète : l'histoire nous l'apprend, mais nous ne l'avons pas encore appris. On ne peut pas tourner le dos à la réalité.

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  • Valérie Pécresse et la politique familiale : un double jeu qui ne laisse présager rien de bon

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    Une tribune publiée sur le site de Valeurs Actuelles en septembre dernier :

    Politique familiale : le double jeu de Valérie Pécresse

    Un collectif d’élus et d'anciens élus de droite dénonce les allers et retours de Valérie Pécresse sur la question de la politique familiale.

    Par Un collectif d'élus et d'anciens élus de droite

    Il fut par exemple, un temps où Valérie Pécresse assistait aux Manifs Pour Tous et proposait de « démarier les couples homosexuels quand la droite reviendrait au pouvoir ». L’afflux de manifestants dans la rue avait convaincu à l’époque Madame Pécresse de s’emparer de ce sujet afin d’amadouer une bonne partie de l’électorat de droite, qui s’était fortement mobilisé contre le mariage pour tous. Elle a depuis changé totalement d’avis. « Si la droite revient au pouvoir, elle n’abrogera jamais le mariage pour tous, parce que c’est impensable humainement », a-t-elle ainsi affirmé en 2017. Pendant son premier mandat comme présidente de région, elle a largement soutenue les actions pro-LGBT en Île-de-France. C’est une politique assumée et revendiquée, qui va pourtant à l’encontre des valeurs familiales traditionnelles. En 2021, Valérie Pécresse a choisi de faire élire sur sa liste Catherine Michaud, présidente de Gaylib, « Rôle modèle LGBT 2020 », comme nouvelle conseillère régionale. Le positionnement de Valérie Pécresse a été parfaitement synthétisé par le porte-parole de son mouvement Libres au moment de la campagne pour les Régionales : « Qui peut croire aujourd’hui qu’elle est homophobe ou anti-avortement, alors que la région n’a jamais fait autant pour les associations LGBT ou le Planning familial ? »

    Valérie Pécresse a un discours attractif, mais des actes politiques qui viennent le contredire

    Malgré des inquiétudes légitimes soulevées sur la baisse de la natalité, elle ne remet pas en cause son soutien très actif à l’IVG et ses conséquences désastreuses en matière démographique, puisque nous enregistrons dans notre pays un avortement pour un peu plus de trois naissances.

    Il semblerait que cette baisse de la natalité ait été nettement moins préoccupante lorsqu’elle doublait quasiment les budgets facilitant l’accès à l’avortement, ou que sa colistière élue aux régionales, Marie-Ève Perru, défendait la dénatalité en juin dernier : « Il faudrait inverser les dispositifs fiscaux et les aides diverses, pour cesser de pénaliser les couples qui n’ont pas d’enfant et, inversement, ne plus avantager ceux qui en ont plus de deux. »

    Dans sa tribune, Valérie Pécresse s’inquiète également de l’accompagnement des adolescents et de leurs problèmes de santé physique ou mentale. Elle oublie les expositions Happy Sex et Sex in the City, de nature pornographique, qui sont des phares du festival de musique Solidays, généreusement financé par la région Île-de-France. Cela favorise des comportements à risque et la fragilisation d’une partie de notre jeunesse avec l’encouragement à des pratiques sexuelles libertaires. Il eut été au contraire courageux de promouvoir un discours et des actes sur une éducation affective et sexuelle responsable et une écologie intégrale à laquelle beaucoup aspirent, à la prévention de l’avortement auxquelles les jeunes filles sont poussées par la culture dominante.

    Valérie Pécresse a donc un discours attractif, mais des actes politiques qui viennent le contredire. Si les Français rejettent le « en-même-temps » macronien, gageons qu’ils ne pourront pas non plus accorder de crédit aux politiques n’assurant pas une cohérence et une constance entre leurs paroles et leurs actes.


    Signataires du texte :
    Catherine Bolze (Auvergne- Rhône-Alpes)
    Aude Etcheberry (Auvergne-Rhône-Alpes)
    Blandine Krysmann (Nantes)
    François Martin (Yvelines)
    Olivier Pirra (Lyon)
    Nicolas Tardy-Joubert (Ile de France)

  • L'optimisme prudent des pro-vie américains

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    D'Ermes Dovico sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    La Cour suprême maintient les espoirs des pro-vie

    4-12-2021

    Les neuf juges de la Cour suprême des États-Unis ont entendu les arguments des parties dans l'affaire Dobbs. À la lumière des questions des juges, la possibilité de renverser Roe ou, à tout le moins, d'approuver la loi du Mississippi interdisant l'avortement après 15 semaines reste ouverte. Dans ce dernier cas, le vote du juge Roberts pourrait être le vote décisif.

    L'arrêt Roe v. Wade sera-t-il annulé ou restera-t-il en vigueur ? Depuis quelques jours, cette question, qui divise les Américains depuis près d'un demi-siècle, est plus pressante que jamais, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières des États-Unis. Mercredi 1er décembre, la Cour suprême a entendu les arguments des parties impliquées dans l'affaire Dobbs contre Jackson Women's Health Organization, qui oppose l'État du Mississippi aux organisations pratiquant l'avortement. L'administration Biden est du côté de ces derniers. L'objet du litige est le HB 1510, une loi qui interdit les avortements après 15 semaines de gestation, sauf en cas d'urgence médicale et d'anomalie grave du fœtus. La principale question qui se pose à la Cour est de savoir si toutes les interdictions d'avorter avant la viabilité, c'est-à-dire avant que la conception puisse survivre en dehors de l'utérus, sont inconstitutionnelles.

    L'affaire Dobbs est considérée par les experts comme la plus importante depuis l'arrêt Casey v Planned Parenthood de 1992, qui a confirmé le droit à l'avortement introduit par Roe en 1973, mais qui, en ce qui concerne la possibilité pour les États d'introduire des restrictions, a remplacé la norme des trois trimestres (aucune restriction à introduire au cours du premier trimestre, certaines au cours du deuxième, interdiction possible au cours du troisième sauf pour des raisons de "vie ou de santé" de la mère) par une évaluation de la probabilité de survie de l'enfant.

    Eh bien, après le débat général qui s'est déroulé le 1er décembre au matin, les parties ayant présenté leurs arguments dans le respect des délais impartis et répondu aux questions des neuf juges suprêmes, les commentateurs pro-vie conservent généralement, avec quelques distinctions, un optimisme prudent quant à la possibilité de renverser Roe ou du moins de le limiter, avec des effets en cascade sur l'ensemble du système d'avortement. Un scénario également considéré comme réaliste par l'autre camp, étant donné l'inquiétude exprimée par plusieurs médias libéraux après l'audience de la Cour suprême.

    Cet optimisme prudent repose sur les questions et le raisonnement des juges nommés par les Républicains (6), qui ont les moyens, s'ils le souhaitent, de réécrire l'histoire judiciaire américaine en faveur de la vie. Du côté des conservateurs, le vote du juge Clarence Thomas, qui, bien avant Dobbs, avait souligné que rien dans la Constitution américaine n'empêche un État fédéral d'interdire l'avortement, semble acquis. À ses côtés, l'avocat le plus fiable du banc était Samuel Alito, qui, dans son interrogatoire, a pressé Julie Rikelman, représentante légale de la Jackson Women's Health Organization et d'autres avorteurs, sur un point précis : l'incohérence et l'arbitraire de la loi dans l'établissement de la ligne avant et après laquelle il est légal ou non de prendre la vie d'un enfant à naître. Alito a également mis Elizabeth Prelogar, procureur général du gouvernement fédéral, en grande difficulté sur le principe du stare decisis (s'en tenir à ce qui a été décidé précédemment), lui faisant valoir qu'une décision "manifestement erronée" devrait être annulée à tout moment, sans autre considération. Le juge conservateur a rappelé le tristement célèbre arrêt Plessy contre Ferguson, un jugement de 1896 qui a confirmé la légitimité de la ségrégation raciale et qui, 58 ans plus tard seulement, a commencé à être démantelé (par l'affaire Brown et les suivantes).

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  • Peut-on questionner le rapport Sauvé ?

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    L'Homme Nouveau publie dans son numéro 1748 du 4 décembre huit pages exceptionnelles sur les décisions prises par les évêques de France lors de leur assemblée à Lourdes. Pour analyser ces décisions il était nécessaire de revenir sur le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Eglise (CIASE) qui est à l'origine d'une grande partie des décisions sus-mentionnées. En parallèle de la sortie de ce numéro, huit membres de l'Académie catholique de France ont rédigé une note divulguée dans la presse et mettant en doute la méthodologie du rapport Sauvé. Face à ce travail de fonds Mgr Emmanuel de Moulin-Beaufort a annoncer démissionner de cette instance, sans répondre sur le bien-fondé de cette note. Est-ce à dire qu'il n'est plus possible de dialoguer dans et avec l'Eglise ? Philippe Maxence recevait pour parler de ce sujet : le Père Michel Viot, l'abbé Celier, l'abbé Guelfucci et Guillaume de Thieulloy.

  • Chili : rejet d'une proposition de loi visant à dépénaliser l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Chili : les députés rejettent la dépénalisation de l’avortement

    2 Déc, 2021
     

    Mardi, les députés chiliens ont rejeté une proposition de loi qui visait à dépénaliser l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse[1]. Elle avait été déposée en 2018 par l’opposition de gauche (cf. Des députées chiliennes déposent un projet de loi en vue de légaliser l’avortement jusqu’à 14 semaines). Les mêmes députés l’avaient approuvée en septembre (cf. Chili : la Chambre basse du Parlement vote l’avortement jusqu’à 14 semaines), mais ils ont rejeté la version modifiée adoptée par la Commission[2]. Le texte est ainsi « gelé » et ne pourra revenir devant le Parlement avant un délai d’un an.

    Au Chili, l’avortement est légal depuis 2017 en cas de danger pour la vie de la mère, de non viabilité du fœtus ou encore en cas de viol (cf. Le Chili dépénalise l’avortement dans certains cas).

    Par ailleurs dans ce pays, une proposition de loi visant à « légaliser le mariage entre personnes de même sexe » doit être examinée lundi prochain par une commission mixte paritaire, avec des conséquences sur l’adoption et la filiation des enfants. Plusieurs points ont « suscité des désaccords », notamment « l’élimination de motifs de divorce en cas de changement de sexe » ou l’ouverture à la GPA. Si le Parlement vote ce texte, le président devra encore le ratifier.

    [1] 65 votes contre, 62 votes pour et une abstention

    [2] La Commission avait « adapté [le texte] à la loi existante sur l’identité de genre ».

    Sources : AFP (30/11/2021) ; France 24 (2/12/2021)

  • Etats-Unis : la politique d'avortement rendue au peuple ?

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Etats-Unis : « L’annulation de « Roe » rendra la politique d’avortement au peuple »

    2 Déc, 2021

    Les 1er et  2 décembre 2021, la Cour suprême examinait la plainte de Lynn Fitch, Procureur Général du Mississippi qui défend la loi de l’État sur l’avortement. Le Gestational Age Act interdit l’avortement après 15 semaines de grossesse (cf. Etats-Unis : L’avortement devant la Cour suprême). Lynn Fitch a porté plainte devant la Cour suprême des Etats-Unis, afin d’invalider son arrêt « Roe vs. Wade » qui autorise l’avortement aux Etats-Unis « tant que le foetus n’est pas “viable”, soit vers 22 à 24 semaines de grossesse ».

    Pour Scott Stewart, représentant de l’Etat, « mettre un terme à “Roe v. Wade” permettra, comme avant 1973, à chaque Etat de décider d’autoriser ou non les avortements et de rendre “la décision au peuple” ». Car lorsque la Cour suprême a rendu son arrêt Roe contre Wade, « elle a créé une série de règles spéciales qui ont confisqué la politique de l’avortement en la maintenant derrière les tribunaux, où des juges non élus décident le sort des lois du peuple », estime Lynn Fitch.

    Une Cour divisée

    Les positions des magistrats sont partagées. « Une interdiction après 15 semaines ne me semble pas un changement énorme par rapport à la viabilité, c’est la règle adoptée par une majorité de pays », estime John Roberts, le chef de la Cour.

    De son côté le juge Brett Kavanaugh estime que la Cour devrait « être scrupuleusement neutre », et donc « laisser cette décision aux élus ». « Si les gens pensent que tout est politique, comment la Cour pourrait-elle survivre ?”, estime quant à elle Sonia Sotomayor. Le président Biden a confirmé son soutien au maintien de l’arrêt.

    Des lois annulées en justice

    Depuis l’arrêt « Roe vs. Wade », les Etats ont tenté d’élaborer de nouvelles lois promouvant notamment « la défense du caractère sacré de la vie et la protection de la santé des femmes », affirme Lynn Fitch. Mais, elles ont été annulées par le pouvoir judiciaire. (Cf. Avortement au Texas : la Cour suprême laisse la loi en vigueur ; Texas : la loi interdisant les avortements après 6 semaines bloquée temporairement par un juge).

    Les évolutions du droit, des politiques publiques et de la société ont offert aux femmes la possibilité de concilier vie professionnelle et vie de famille, indique le procureur. De même, les lois « Safe Haven » existent désormais dans tous les Etats. Elles permettent aux femmes de confier leur nouveau-né à un établissement.

    Ouvrir un véritable débat

    L’arrêt « Roe vs. Wade » a créé de fortes oppositions entre les Américains, déplore Lynn Fitch. Il a plongé la « société dans un chaos », en obligeant « les Américains à décider entre être pro-vie ou pro-choix ».

    « Confiante dans le peuple américain », elle se dit « certaine que lorsque la Cour renversera Roe, un débat honnête sur une politique juste s’ensuivra » Un débat « difficile » qui pourra aboutir à des conclusions variables d’un État à l’autre« Mais c’est le rôle que la Constitution nous a donné, à nous, le peuple, et c’est le rôle que la Cour doit nous rendre maintenant. »

     

    Sources : The Washington Post, Lynn Fitch (28/11/2021) ; AFP (01/12/2021)

  • France : toujours plus d'avortement...

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    De Gènéthique Magazine :

    Toujours plus d’avortement : un débat idéologique de plus à l’Assemblée

    1 Déc, 2021

    La deuxième lecture de la proposition de loi visant à « renforcer le droit à l’avortement » (PPL Gaillot) s’est achevée mardi 30 novembre, après 9 heures de débat, seulement. Elle a été votée par 79 voix contre 36.

    Au cours de cette 2ème journée de discussion, si la clause de conscience spécifique n’a finalement pas été supprimée (cf. La clause de conscience : seule rescapée de la « loi Gaillot »), le prétendu « droit à l’avortement » a été vivement défendu par la majorité face à la protection de la vie humaine soutenue par plusieurs députés.

    Le renforcement du « droit à l’avortement » acté : une victoire de l’idéologie féministe

    Aucun amendement n’a été adopté concernant l’article 1er, disposition phare du texte.

    L’allongement du délai à 14 semaines de grossesse a été voté, malgré l’opposition bien présente : le rejet de l’amendement proposant sa suppression a donné lieu à une égalité des voix.

    Le droit d’être informée et de choisir sa méthode d’IVG reflète l’idée que l’avortement est uniquement un « droit des femmes », laissant penser que le médecin n’est là que pour réaliser une prestation réclamée par sa patiente.

    L’extension de la compétence des sages-femmes en matière d’IVG a été renforcée à l’article 1bis par l’adoption de 4 amendements.

    Par 4 amendements de Cécile Muschotti (LREM), Annie Chapelier (LREM), et Marie-Noëlle Battistel (PS), les sages-femmes pourront désormais pratiquer une IVG chirurgicale jusqu’à 14 semaines dans un établissement de santé (amendements n° 432, 457, 438, 439).

    La suppression du délai de 48h suivant l’entretien psycho-social a été maintenue à l’article 1er Ter.

    Le seul délai restant de 48h après l’entretien psycho-social facultatif a été supprimé définitivement, malgré l’indignation de plusieurs députés : « Prendre le temps de réfléchir n’est pas un signe de faiblesse. La femme a le droit de douter, d’avoir cette liberté de choisir ! », s’exclame Nathalie Bassire (LR), quand Philippe Gosselin (LR) appelle à « cess[er] de mettre une pression sur les femmes ».

    La suppression de la clause de conscience a été amendée avec succès par 3 députés

    La clause de conscience spécifique est maintenue mais un répertoire des médecins et établissements pratiquant des avortements sera créé (cf. La clause de conscience : seule rescapée de la « loi Gaillot »).

    L’obligation de soigner a été étendue définitivement à la contraception d’urgence à l’article 2bis A

    Les articles 2bis et 2ter relatifs au délit d’entrave et l’« accès à l’IVG » n’ont pas été modifiés :

    Un rapport sur le délit d’entrave et l’accès à l’IVG est désormais prévu. Les efforts pour amender leur contenu sont restés lettre morte.

    Certains députés ont pourtant insisté sur le besoin de pluralité des sources, celui de faire également le bilan des actions de prévention, des conséquences physiques et psychologiques de l’avortement, un point de situation sur les aides pour les femmes qui veulent garder leur enfant, la réintroduction de ces informations dans les documents guides distribués aux femmes. En vain.

    Olivier Véran condescendant face à l’opposition

    Le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, s’est montré condescendant envers les opposants au texte, utilisant un ton dédaigneux à leur égard. Malgré ses avis de « sagesse » et l’absence d’engagement exprès du gouvernement, il n’a pas manqué une occasion de caricaturer ses opposants et d’apporter un soutien marqué dans son argumentation à la proposition de loi. En témoigne ce qu’il dit : « Que les parlementaires permettent aux sages-femmes de pratiquer des IVG chirurgicales, c’est une bonne nouvelle ».

    Tout ce qui était expérimental devient pérenne sans plus attendre.

    Deux dispositions ont été pérennisées alors qu’elles avaient été adoptées à titre expérimental : d’une part l’IVG chirurgicale par les sages-femmes, permise dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2021, à titre expérimental pour 3 ans. Avant même que l’expérimentation ne commence, comme l’a souligné Olivier Véran, les députés s’empressent de la pérenniser en allongeant son délai : les sages-femmes pourront désormais pratiquer l’IVG chirurgicale jusqu’à 14 semaines.

    D’autre part, l’IVG médicamenteuse avait été étendue jusqu’à 7 semaines à domicile pendant la crise sanitaire. De la même manière, les députés se sont empressés de pérenniser cette extension, alors même que la fin du confinement rend caducs les motifs invoqués pour la mise en place de cette mesure.

    Philippe Gosselin conclut : « C’est bien la peine que le Parlement vote quelque chose, l’exécutif n’en fait qu’à sa tête ». En réalité, on constate que toute mesure prise à titre expérimental a vocation à être pérennisée, et parfois avant même toute expérimentation effective. La loi Veil avait été adoptée à titre expérimental pour 5 ans (cf. De la loi “Veil” à la loi “Gaillot”)…

    Des députés engagés qui osent, face à une majorité aveuglée par l’idéologie

    Quand les termes qui reflètent la réalité sont bannis (cf. Débat à l’Assemblée : Avorter sans jamais parler de la réalité) et que le droit des femmes est défendu comme le seul droit fondamental, des députés courageux ont marqué un souci de revenir à la réalité des faits et à l’intérêt général. Ils ont ainsi recentré le débat : Julien Aubert (LR) a rappelé qu’il fallait débattre sur « les droits fondamentaux de la femme, mais aussi sur le fœtus ». « Un enfant à naître n’est pas un droit mais un enfant », a ajouté Marie-France Lorho (NI).

    Ils n’ont cessé de dénoncer l’idéologie criante de la majorité : « Vous avez une vision unique » a dénoncé Patrick Hetzel (LR). Philippe Gosselin a souligné qu’il ne fallait « pas considérer que le recours à l’IVG est systématiquement la réponse qui doit être donné à [la] détresse » des femmes. De son côté, Anne-Laure Blin (LR) a questionné les députés sur leur approche idéologique du débat : « Vous voulez faire tout pour que les femmes n’aient plus qu’un seul choix : celui d’avorter ? De quoi avez-vous peur ? Faites-vous aussi peu confiance aux femmes ? »

    La proposition de loi visant à « renforcer le droit à l’avortement » a donc été adoptée à l’Assemblée Nationale, sans réticence du gouvernement. Au contraire. Le seul espoir de ne pas aggraver l’atteinte à la vie des enfants in utero repose désormais entre les mains des sénateurs. Ils n’ont que trois mois pour inscrire le texte à l’ordre du jour du Sénat. A ce stade, aucun groupe ne semble être décidé. Mais les temps à venir seront très politiques…

  • « Le prêtre, un être configuré au Christ »

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    Lu sur le site web du mensuel « La Nef », cet entretien de Christophe Geffroy avec le Cardinal Robert Sarah :

    Fayard FFTQCNbX0AM3W0A.jpgPréfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements de 2014 à février 2021, le cardinal Robert Sarah nous offre de magnifiques « méditations sur la figure du prêtre » dans un nouvel ouvrage intitulé Pour l’éternité (1). Entretien autour de ce livre et sur les affaires d’abus sexuels sur mineurs qui secouent l’Église de France.

    La Nef – Votre livre est un magnifique plaidoyer pour le prêtre et sa vocation : pourquoi un tel livre aujourd’hui ? Et est-ce une coïncidence qu’il sorte au moment où l’Église de France est ébranlée par le scandale des abus sexuels et le rapport de la CIASE demandé par la Conférence épiscopale ?

    Cardinal Robert Sarah – J’ai voulu ce livre pour que tous, laïcs et prêtres, puissent redécouvrir l’essence du sacerdoce. Depuis des années, je reçois beaucoup de prêtres ébranlés, découragés et isolés. Je voulais les conforter dans leur vocation. J’ai aussi remarqué que les fidèles ne savent plus ce qu’est un prêtre. Soit on le méprise ou on le soupçonne de monopoliser un prétendu pouvoir, soit on en fait une star en raison de son activisme. Mais on ne regarde plus le prêtre pour ce qu’il est, un être configuré au Christ, époux de l’Église. Apprécions les prêtres pour ce qu’ils sont avant de regarder ce qu’ils font ! Je n’avais pas prévu que la sortie de ce livre coïncide avec le rapport de la CIASE. Mais cela s’est révélé providentiel.

    À l’heure où certains sont tentés d’inventer un nouveau sacerdoce, j’ai voulu laisser la parole aux saints car ils nous transmettent l’Évangile vécu. Ils dessinent dans ce livre la figure du prêtre tel que Jésus lui-même nous l’a laissée pour l’éternité. N’ayons pas peur de la recevoir et de l’aimer sans vouloir la retoucher pour la rendre conforme aux goûts du monde contemporain qui seront très vite démodés.

    On peut dire que votre livre va fondamentalement à l’opposé du mouvement actuel – et notamment du rapport de la CIASE qui va jusqu’à fustiger le « système patriarcal » de l’Église – qui tend à « désacraliser » la figure du prêtre, pour en faire un homme ordinaire exactement comme les autres, et qui devrait donc pouvoir être marié : quelles sont l’origine et les causes de cet abaissement de la vision du prêtre et que pensez-vous de ce rapport de la CIASE et de ses préconisations ?

    Il était nécessaire de faire la lumière sur les crimes commis par des prêtres. Il était juste de mesurer l’ampleur du péché et l’indifférence à ce péché qui avait fini par s’infiltrer dans les mentalités des évêques. La perte du sens du péché est une marque de la barbarie de notre époque. La manière dont les crimes pédophiles ont été traités en est une illustration tragique. Le système qui a entraîné le silence devant ces crimes est avant tout une forme de relativisme moral pratique. On a renoncé à désigner le mal, à dénoncer le bourreau, à punir le criminel sous prétexte d’une miséricorde mal entendue qui n’était que la couverture d’une culture de l’excuse, de la complaisance subjective et de l’oubli de la gravité objective du péché.

    Mais certains voudraient instrumentaliser ces péchés d’une minorité de prêtres (3 %) pour rendre responsable l’Église en elle-même et le sacerdoce lui-même. Pourtant l’immense majorité des prêtres (96 %) s’est montrée fidèle. Parce que certains prêtres ont succombé à une pratique pathologique et perverse de la paternité, de la sacralité et de l’autorité, on voudrait faire du prêtre un homme comme les autres, lui dénier son être de père, son caractère sacré ? Il y a là une erreur de raisonnement. L’immense majorité des crimes sexuels est commise par des hommes mariés et pères de famille. Est-ce la faute du mariage et de la paternité ? Faudrait-il supprimer la famille ?
    Derrière ce sophisme, il y a une erreur que le Catéchisme de l’Église catholique dénonce clairement : le péché n’est pas que le fruit d’une structure sociale. Nos comportements demeurent libres. Nous en sommes responsables. Si donc des prêtres se sont montrés pécheurs, c’est qu’ils ont oublié qui ils sont. Ils sont, par le sacrement de l’Ordre, configurés au Christ, époux et serviteur de l’Église pour l’éternité. Leur âme est marquée pour toujours par ce sceau que l’on appelle le caractère sacramentel qui les consacre à jamais. Cette consécration n’est pas un isolement hors de la réalité qui ouvrirait la porte à une forme de toute-puissance psychologique, elle est une mise à part pour Dieu qui engage à suivre le Christ comme serviteur jusqu’en son sacrifice, jusqu’à la Croix.

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  • L'extension du délai de l'IVG : une mauvaise nouvelle pour la santé des femmes

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    D' sur le site du Figaro Vox :

    Israël Nisand: «L'extension du délai de l'IVG est une mauvaise nouvelle pour la santé des femmes»

     

    FIGAROVOX. - L'allongement du délai d'IVG a été adopté en deuxième lecture par l'Assemblée nationale. Êtes-vous favorable à cet allongement de deux semaines ?

    Israël NISAN. - Plus une IVG est tardive, plus elle est dangereuse et plus elle est difficile psychologiquement pour les femmes qui y recourent. Il faut dilater le col de manière plus importante, ce qui peut causer un risque de perforation et d'infection postopératoires.

    Depuis 25 ans à Strasbourg, je n'ai jamais envoyé personne à l'étranger pour pratiquer une IVG tardive parce que le délai aurait été dépassé. Dans mon établissement, l'on a pratiqué 2200 IVG l'an passé, dont une vingtaine qui arrive au-delà du délai, qui sont soit des adolescentes mal informées ou mal accompagnées, soit des dénis de grossesse. Dans les deux cas, nous les prenons en charge, et nous les accompagnons de manière complètement différente, en nous adaptant à chaque cas individuel.

    À 16 semaines d'aménorrhée, soit à 14 semaines de grossesse, le fœtus mesure environ 120 millimètres, sa tête est ossifiée. Pour le sortir, il faut démembrer le fœtus et écraser sa tête. C'est insoutenable pour beaucoup de professionnels.

    Israël Nisand

    Affirmer, comme le fait la proposition de loi, que l'on envoie 3000 femmes à l'étranger n'est absolument pas étayé. Et, en tout état de cause, les gens qui envoient des femmes se faire avorter à l'étranger ne connaissent pas la loi française qui autorise à faire une IVG sans aucune clause de délai, appelée interruption médicale de grossesse (IMG), durant laquelle la femme est entourée et encadrée par le personnel. [La loi Veil autorise une IMG jusqu'à 9 mois, à titre exceptionnel, si une poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme ou en cas d'une affection grave de l'enfant à naître, NDLR].

    N'oublions pas que l'allongement du délai d'IVG est un calvaire pour les médecins qui doivent pratiquer une IVG. À 16 semaines d'aménorrhée, soit à 14 semaines de grossesse, le fœtus mesure environ 120 millimètres, sa tête est ossifiée. Pour le sortir, il faut démembrer le fœtus et écraser sa tête. C'est insoutenable pour beaucoup de professionnels. (...)

  • France : mobilisation contre l'allongement de l'avortement légal jusqu'à 14 semaines

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    PETITION NATIONALE
    Stop à l’avortement à 14 semaines

    Il y a tout juste un an, en octobre 2020, la député Albane Gaillot présentait à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant, au lendemain de la crise sanitaire, à allonger le délai de l’avortement de 12 à 14 semaines.

    « J’ai été alertée par de nombreuses femmes ainsi que par le Planning familial sur les difficiles conditions d’accès à l’IVG pendant l’épidémie de Covid-19 expliquait-elle à l’époque, nous nous sommes rendues compte que le problème n’était pas conjoncturel mais structurel ».

    Validée par l’Assemblée, cette proposition de loi avait ensuite été présentée par la socialiste Laurence Rossignol au Sénat avant d’être rejetée.

    Comme un train peut en cacher un autre, il en est de même pour les génies ou les barbares. L’ancien Ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, désormais chef de file de la majorité LREM à l’Assemblée nationale, encouragé par le Ministre de la Santé, Olivier Véran, vient d’annoncer l’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale dans le cadre d’une niche parlementaire, d’une nouvelle proposition de loi pour allonger le délai de l’IVG.

    « En France, l’avortement n’est pas menacé en droit, mais il l’est dans la pratique », affirme t-il. Pourtant 222.000 avortements ont été réalisés en France en 2020 soit plus de 600 par jour ! Faut-il encore et toujours ajouter de la souffrance à la souffrance, de la mort à la mort ? N’y a-t-il pas meilleure idée pour protéger les femmes que les encourager à avorter de plus en en plus tard, quitte à ressentir dans leurs chairs la dissection d’un petit être vivant ?

    Nous rappelons que l’avortement à 14 semaines implique une dissection afin de faire sortir le bébé du ventre. L’enfant a un cœur qui bat dès six semaines ; à 14 semaines son visage est déjà bien dessiné, il a ses empreintes digitales… Il commence même à sucer son pouce !

    Le Syndicat national des gynécologues-obstrétriciens de France (Syngof), affirme pour justifier son opposition à cette proposition, que l’ossification de l’embryon à ce stade de la grossesse impose une dilacération des chairs.

    Ne les laissons pas faire !

    Signez, diffusez, faites tourner cette pétition pour ordonner le retrait (sans délai) de cette proposition de loi.

    Halte à la barbarie !

     

    Lire : Analyse : Proposition de loi n° 3879 relative au renforcement du droit à l’avortement

  • Les faiblesses qui fragilisent le rapport Sauvé

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    Le père Jean-Robert Armogathe, historien et théologien, est l’un des huit signataires d’un texte de membres de l’Académie catholique critiquant le rapport Sauvé. Il explique dans cette tribune pourquoi il est « nécessaire » de consacrer au rapport Sauvé « une lecture attentive, équitable et critique ».

    29/11/2021

    Toute violence commise sur un enfant est abominable. Elle l’est encore plus lorsqu’elle a pour auteur une personne en qui l’enfant a confiance : « Si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi… » (Matthieu 18,6). C’est pourquoi les évêques de France ont eu raison de demander à une commission indépendante un rapport sur les abus sexuels dans l’Église catholique. Ce volumineux rapport a engagé beaucoup de ressources, humaines et financières. Il s’ouvre sur des préconisations qui exigent de l’Église catholique des changements pastoraux et doctrinaux majeurs. La mise en œuvre de ces préconisations suppose une crédibilité sans faille du document et par conséquent une analyse approfondie des données recueillies et de leur interprétation.

    Un certain nombre de faiblesses

    Il est d’autant plus regrettable que cette enquête, si nécessaire, ait été fragilisée par un certain nombre de faiblesses. Elles sont de trois ordres : statistique, doctrinal et juridique. Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans le détail : une première analyse détaillée, qui doit être poursuivie, a été établie par un groupe pluridisciplinaire de l’Académie catholique de France. Elle a été soumise aux autorités ecclésiastiques.

    Bornons-nous à le relever : il est fâcheux que sur les deux enquêtes menées (Inserm-EHESS et EPHE), une seule, la première, plus spectaculaire, ait été largement exploitée. Il aurait fallu alors insister sur la marge d’approximation induite par de très faibles pourcentages (ce qui donne une fourchette de 1 à 6) et le recours à une méthode d’access panel autorecruté (« un défi pour les statistiques officielles », comme la définit le spécialiste suédois Jörgen Svensson).La marge d’erreur qui subsiste dans ce type de sondage (liée à la représentativité, au choix de l’échantillon, à la formulation et à la séquence des questions) est supérieure aux résultats obtenus. Or ceci n’est pas un détail : c’est le chiffre de 330 000 victimes retenu et diffusé qui fonde l’accusation du « caractère systémique » de la pédocriminalité dans l’Église.

    Une partie doctrinale insuffisante

    Faute de spécialistes, la partie doctrinale reste insuffisante, en ecclésiologie, en exégèse (avec l’omission des Épîtres de Paul et de Pierre) et en théologie morale (la Commission n’a guère été mandatée pour ce domaine, et cependant c’est le « système », c’est-à-dire la « constitution » de l’Église qu’elle remet en cause dans plusieurs préconisations). Le soupçon répété sur « le choix d’englober l’ensemble de la sexualité humaine dans le seul sixième commandement du Décalogue » est une approche étrangère à l’anthropologie chrétienne. Le Catéchisme de l’Église catholique condamne « la corruption des jeunes » (§ 2 353) aussi bien que « le viol commis de la part d’éducateurs envers les enfants qui leur sont confiés » (§ 2 356). Surtout, le paragraphe 2389 condamne expressément « les abus sexuels perpétrés par des adultes sur des enfants ou des adolescents confiés à leur garde. La faute se double alors d’une atteinte scandaleuse portée à l’intégrité physique et morale des jeunes, qui en resteront marqués leur vie durant, et d’une violation de la responsabilité éducative ». On aurait aimé le rappel de ces textes.

    Enfin, la partie juridique n’est pas inattaquable, en particulier en matière de responsabilité civile. Comment s’assurer de la réalité des faits et de leur imputabilité à un clerc ? Le concept de responsabilité ne se confond pas avec celui de solidarité. S’il présuppose une personne qui l’assume, ce n’est pas seulement pour une raison de technique juridique ou de vocabulaire, c’est parce que la responsabilité ne saurait, sans perdre son sens, être anonyme et diluée dans un ensemble plus ou moins vaste, complètement indifférencié. Car dire que tous sont responsables de tout, cela revient en réalité à dire que personne n’est vraiment responsable de rien. Il y a lieu par conséquent de réfléchir à un principe d’attribution des réparations, qui reste fidèle aux faits et ne soit pas source de nouvelles injustices.

    De façon générale, et malgré quelques précautions, l’interprétation manque souvent d’objectivité scientifique, et les auteurs paraissent dépasser le champ de compétence que les évêques leur avaient confié. Ainsi tandis que la commission reconnaît qu’« il n’y a clairement pas de lien de causalité entre le célibat et les abus sexuels », elle consacre plusieurs paragraphes et une préconisation sur le célibat des prêtres.

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  • RDC : il faut maintenant récupérer l’argent détourné et les biens mal acquis

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    jean-claude-mputu_0.jpgJean-Claude Mputu (politologue congolais issu de l’Université de Liège et porte-parole de la campagne CNPAV : le Congo n’est pas à vendre) a été interviewé par Christophe Rigaud – Journaliste, directeur du site Afrikarabia consacré à l'actualité en République démocratique du Congo (RDC) et en Afrique centrale :

    Afrikarabia : La corruption endémique qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) n’est malheureusement pas un phénomène nouveau. Qu’apportent de plus les révélations de  « Congo Hold-up » ?

    Jean-Claude Mputu : Il y a tout d’abord l’étendue des révélations. Elles sont énormes. Et ensuite, il y a la précision dans les faits dénoncés. Les documents que révèlent « Congo Hold-up » montrent clairement l’importance d’un détournement organisé et systématisé par la famille de Joseph Kabila avec les moyens de l’Etat. Cela permet de retracer le circuit de certaines sommes d’argent qu’on soupçonnait avoir été détournées, mais pour lesquelles on n’avait pas tous les éléments et toutes les certitudes. Avec « Congo Hold-up » nous avons maintenant l’exactitude des faits. Nous pouvons maintenant dire qu’à telle date, telle somme a été retirée de tel compte et a été récupérée par telle personne dans telle banque. Cela nous permet de dire aujourd’hui aux autorités qu’elles n’ont plus d’autres choix que d’agir.

    Afrikarabia : Qu’est-ce que nous apprend « Congo Hold-up » par rapport au système de détournement d’argent public mis en place dans le passé par Mobutu ?

    Jean-Claude Mputu : Cette question est importante parce que les partisans de Joseph Kabila disaient « Mobutu a volé, Mobutu a pillé, pourquoi cela devient un problème pour Kabila ? » Pour moi, Mobutu était « un voleur de caisse ». Il prenait directement l’argent dans les caisses de l’Etat. Joseph Kabila est allé au-delà : il a privatisé les moyens de l’Etat. Il s’est approprié nos terres, nos mines, nos entreprises, nos dividendes et les a partagés avec sa famille. L’exemple le plus parlant, c’est le dossier Gertler, sur lequel nous travaillons depuis plusieurs années. Les actifs de la Gécamines ont été cédés à Dan Gertler, qui est très proche de Joseph Kabila. Gertler touche plus de 200.000 dollars par jour, et cet argent aurait dû être touché pour la Gécamines, donc par l’Etat congolais.

    Afrikarabia : Pourquoi n’y a-t-il pas eu de contrôle des institutions congolaises, mais aussi des bailleurs internationaux, comme les Nations-unies ? On apprend dans « Congo Hold-up » que l’argent versé par l’ONU aux casques bleus congolais qui intervenait en Centrafrique a été détourné.

    Jean-Claude Mputu : Au niveau de la RDC, évidemment, toutes les institutions étaient contrôlées par Joseph Kabila. Les gens avaient peur. La répression était systématique et brutale. De ce côté-là, il y a des « excuses ». Au niveau international, ce n’est qu’à la fin du mandat de Joseph Kabila que les bailleurs ont commencé à s’intéresser à l’homme, alors qu’avant, il était complètement « accompagné » par cette même communauté internationale. A un moment donné, Joseph Kabila a dû rompre avec la communauté internationale pour pouvoir développer son système de prédation. Il a même fini par refuser tous les contrôles exigés par les bailleurs.

    Afrikarabia : Qu’attendez-vous de ces révélations ?

    Jean-Claude Mputu : Nous attendons d’abord que le gouvernement, comme il l’a annoncé, puisse ouvrir des enquêtes, identifier les coupables, les poursuivre et les punir. Nous attendons aussi la récupération des biens détournés. Il y a bien eu quelques procès par le passé, mais nous n’avons jamais récupéré les biens. « Congo Hold-up » nous permet d’identifier certains biens, comme des bateaux, des immeubles, ou des entreprises achetés avec de l’argent public. Ces biens doivent revenir à l’Etat congolais. Nous comptons mettre en place un collectif d’avocats, avec « Le Congo n’est pas à vendre », afin de poursuivre ces personnes en justice et demander la restitution des biens mal acquis. Enfin, nous espérons que ces révélations permettront à la population congolaise une prise de conscience et d’exiger de nos responsables une certaine redevabilité. Il faut une fois pour toute, briser la chaîne de l’impunité et de la corruption des dirigeants politiques.

    Afrikarabia : La BGFI, la banque au coeur du scandale, a promis de rendre 43 millions de dollars. C’est un premier pas significatif selon vous ?

    Jean-Claude Mputu : C’est un premier pas malheureusement très insuffisant. Il faut d’abord qu’elle le fasse effectivement. Mais le problème, c’est que les autres co-auteurs de ce détournement de 43 millions de dollars, la Banque centrale (BCC) ou la société Egal, sont, comme par magie, exemptées des conséquences de leurs actes. C’est une solution trop facile. On rend 43 millions et on oublie tout le reste. Des centaines de millions de dollars sont en jeu. On veut une vraie justice, car c’est de l’argent des Congolais dont il s’agit.

    Afrikarabia : Le parquet vient d’ouvrir une information judiciaire. Joseph Kabila peut-il être mis en cause, ou seulement ses proches ?

    Jean-Claude Mputu : Beaucoup de ses proches sont impliqués, mais certaines des sociétés qui apparaissent dans « Congo Hold-up » ont pour principal actionnaire Joseph Kabila et ses deux enfants, comme « Egal » ou « Port de Fisher ». Sa responsabilité directe est engagée. Mais un problème juridique se pose avec la loi sur les anciens chefs de l’Etat, que Joseph Kabila lui-même a fait adopter à la fin de son mandat. Nos avocats vont d’ailleurs travailler sur ce sujet, mais de nombreux acteurs de la société civile demandent au parlement de réviser cette loi. C’est un bon indice pour voir si le pouvoir actuel a la volonté de mettre véritablement fin à l’impunité.

    Afrikarabia : De nouvelles révélations peuvent-elles toucher le pouvoir actuel ?

    Jean-Claude Mputu : C’est notre plus grand espoir. Il faut que le cycle de l’impunité soit brisé. La corruption qui continue aujourd’hui est tout aussi injustifiable que celle d’hier. On espère qu’il y aura des éléments, des preuves, notamment sur le dossier des « 100 jours ». On a vu que la justice était « imparfaite » sur cette affaire. Le temps est notre meilleur allié, et le temps va devenir le cauchemar de tous les corrompus de la République.

    Afrikarabia : Au vu de l’étendue des révélations de « Congo Hold-up », la justice peut-elle reculer ?

    Jean-Claude Mputu : Non, mais il faut faire attention avec la justice congolaise si les actes ne suivent pas. Il y a eu l’affaire des 15 millions, il y a eu le dossier des « 100 jours », il y a eu le dossier Covid. On assiste pour l’instant à une justice qui semble manipulée pour endormir le peuple. On se rappelle que dans l’affaire des 15 millions, un activiste a été menacé d’arrestation parce qu’il demandait des comptes au procureur pour savoir où en était le dossier ! La justice congolaise ne devrait pas reculer, mais cela fait des années qu’on demande qu’elle se comporte normalement… sans résultats. »

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