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Eglise - Page 95

  • Paglia remplacé à l'Institut Jean-Paul II

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    Du Pillar :

    Paglia remplacé à l'institut JPII

    L'archevêque controversé reste à la tête de l'Académie pontificale pour la vie

    Archevêque Vincenzo Paglia. Photo d'archives du Pillar.

    Cette annonce marque l'un des changements de personnel les plus importants des premières semaines du pontificat du pape Léon XIV.

    Avant que le pape François ne désigne Paglia à ce poste en 2016, le grand chancelier de l'Institut était le cardinal vicaire de Rome, car le vicaire est également le grand chancelier de l'Université du Latran, où l'Institut a été fondé à l'origine.

    Bien que le pape Léon n'ait pas annulé la réforme juridique de 2019 qui donnait au pape l'autorité directe de nommer le grand chancelier de l'institut, son choix de Reina rétablit effectivement la structure antérieure.

    Le grand chancelier ne supervise pas le fonctionnement quotidien de l'institut, mais son rôle n'est pas purement cérémoniel. Il propose le président, le vice-président et les professeurs de l'institut au Dicastère pour l'Éducation catholique et accorde et révoque la mission canonique des professeurs, à savoir leur autorisation d'enseigner dans une faculté catholique.

    Paglia, 80 ans, reste à la tête de l'Académie pontificale pour la vie.


    Le mandat de Paglia à l’Institut JPII et à l’Académie pontificale pour la vie a été entaché de controverses.

    L'arrivée de l'archevêque à l'institut a conduit à sa restructuration, avec de nouveaux statuts promulgués en 2019, et de nombreux professeurs et administrateurs licenciés tandis que le programme était réorienté autour de ce que Paglia et ses alliés décrivaient comme une « nouvelle théologie pastorale » - un cadre qui, selon les critiques, s'appuyait davantage sur la sociologie et l'anthropologie laïque que sur la théologie morale.

    L’un des principaux changements apportés aux statuts a concentré l’embauche des professeurs au sein du bureau du chancelier, écartant ainsi les professeurs titulaires du processus.

    Ces changements ont profondément réorienté l'institution. Autrefois institution théologique catholique phare étudiant la théologie du corps de Jean-Paul II, elle s'est vue conférer une identité moins claire, hormis son orientation apparente vers la sociologie. Selon plusieurs sources, les inscriptions ont stagné après sa restructuration.

    Paglia a embauché des professeurs controversés à l'institut, dont le père Maurizio Chiodi, qui a déclaré en 2018 que le recours à la contraception artificielle pourrait, dans certains cas, « être reconnu comme un acte de responsabilité qui est accompli, non pas pour rejeter radicalement le don d'un enfant, mais parce que dans ces situations, la responsabilité appelle le couple et la famille à d'autres formes d'accueil et d'hospitalité ».

    En avril 2023, Paglia s'est adressé au Festival international du journalisme de Pérouse, prononçant un bref discours dans le cadre d'un débat sur le thème « Le dernier voyage — Vers la fin de la vie ».

    Paglia a expliqué que « personnellement, [il] ne pratiquerait pas le suicide assisté, mais [il pourrait] comprendre que la médiation juridique peut constituer le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons. »

    En août 2022, Paglia a provoqué une tempête médiatique similaire lorsqu'il a déclaré à un journaliste italien qu'une loi de 1978 dépénalisant l'avortement est un « pilier » de la « vie sociale » italienne et n'est « absolument pas » sujette à discussion dans le pays.

    Paglia a fait l'objet d'une enquête en 2022 à la suite d'informations selon lesquelles il aurait détourné des centaines de milliers d'euros de dons reçus par le Conseil pontifical pour la famille sous sa direction .

    Des responsables du Vatican ont déclaré à The Pillar que, dans une note de mai 2015, Paglia affirmait avoir remplacé l'argent détourné de ses œuvres caritatives. Mais des sources ont indiqué que si 600 000 euros avaient été transférés sur le compte concerné, ils provenaient de nouveaux dons collectés par le Conseil pontifical, et non de Paglia.

    Après avoir initialement refusé de commenter, Paglia a ensuite nié avoir utilisé des fonds caritatifs pour des dépenses personnelles.

    Son assistant personnel a finalement déclaré à The Pillar par courriel que l'archevêque « a chargé un avocat basé aux États-Unis d'engager des poursuites contre votre journal pour la grave diffamation représentée par une partie de vos écrits ». Aucune plainte n'a été déposée.


    Alors que la controverse semble suivre Paglia — et ses déclarations sur des sujets brûlants pendant son mandat à l’Institut et à l’Académie pontificale pour la vie — le cardinal Reina est resté discret tout au long de son ascension rapide à Rome.

    Reina est passé du poste de recteur du séminaire de l'archidiocèse sicilien d'Agrigente à celui de cardinal vicaire de Rome en un peu moins de trois ans.

    Il a rejoint le personnel du Dicastère pour le clergé début 2022, pour être nommé évêque auxiliaire de Rome en mai 2022.

    Sa promotion suivante eut lieu en janvier 2023, lorsqu'il fut nommé vice-régent du diocèse de Rome. Après l'éviction du cardinal Angelo De Donatis en avril 2024, Reina assuma temporairement cette fonction ; il fut ensuite nommé vicaire général en octobre 2024 et créé cardinal en décembre 2024.

    Reina a rarement donné des interviews et s'est tenu à l'écart des projecteurs, à l'instar du pape Léon XIV à la curie et au Pérou, mais Reina est largement considéré comme un choix moins controversé sur le plan théologique que Paglia.

    Dans une interview accordée à The Pillar lors du consistoire de 2024, Reina a déclaré que l'antidote à la sécularisation était « une nouvelle évangélisation, comme Jean-Paul II l'avait déjà appelé il y a plus de deux décennies maintenant ».

    Interrogé sur la nécessité pour l'Église d'adapter son enseignement à son époque, Reina a répondu : « L'Église est toujours à l'écoute de la vie humaine. Pourtant, les enseignements moraux reposent sur un fondement solide : les enseignements de l'Écriture Sainte et ce que Dieu a toujours révélé. »

    « L’Église n’a donc pas besoin de s’adapter aux temps, mais doit agir de telle manière que les temps s’adaptent à la logique de l’Évangile », a-t-il ajouté.

  • Apprenons à chanter avec le pape !

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    De Clément LALOYAUX sur Cathobel :

    Une chouette initiative du Vatican : chantez avec Léon XIV lors des messes papales !

    Une chouette initiative du Vatican : chantez avec Léon XIV lors des messes papales !
    Léon XIV entonne le Regina Caeli face à 100 000 fidèles, le 11 mai 2025. © Vatican Media

    Vous l'aurez sûrement remarqué : le nouveau pape entonne lui-même les prières en latin. Une série de vidéos veut permettre aux fidèles de comprendre les bases de grégorien, afin d’accompagner Léon XIV lors de ses prochaines messes.

    Le pape Léon XIV est un chanteur. Dès son élection, une archive vidéo de celui qui était alors évêque au Pérou avait ressurgi sur les réseaux sociaux. On le voyait interpréter Feliz Nevidad ("Joyeux Noël") aux côtés d'un groupe péruvien. Un buzz qui avait ensuite suscité son lot de rumeurs et fake news.

    Le service de fact-checking de l'AFP a d'ailleurs consacré un article entier pour certifier, témoignage de son frère à l'appui, que, non, Robert Prevost n'a jamais été un musicien de jazz appelé "Bobby Prev". Une image générée par IA, montrant l'américain soufflant dans un trombone, étant à la source de cette intox.

     

    Apprenez le grégorien !

    Cet engouement musical n’a pas échappé au Vatican. L'Institut pontifical de musique sacrée lance une nouvelle initiative : « Chantons avec le pape ». Le concept ? Une série de vidéos de vulgarisation diffusée sur les réseaux sociaux afin de rendre le chant grégorien accessible au grand public. De cette façon, les fidèles pourront accompagner le pape Léon XIV lorsqu'il entonnera les prières en latin lors des prochaines célébrations liturgiques.

    Sur leur page Instagram, l'institut de musique, fondé par saint Pie X en 1910, explique que leur objectif est de rendre le riche héritage du chant grégorien - "ce langage musical et spirituel universel" - accessible à tous et de " promouvoir une participation active et consciente à la liturgie".

    Dans la première vidéo de la série, le père Robert Mehlhart o.p., recteur de l'institut pontifical, décortique le premier chant qu'on peut entendre lors d'une messe papale : le Signe de Croix. Le succès est au rendez-vous. Rien que sur Instagram, cette vidéo a déjà récolté pas moins de… 27.000 likes !

     

  • Saint Bernardin de Sienne (20 mai)

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    D'Evangile au Quotidien :

    Bernardino Albizeschi naît le 8 septembre 1380, jour de la Nativité de Marie, à Massa Maritima, près de Sienne (en Toscane, Italie). Tout jeune, il fut privé, de ses nobles et pieux parents ; mais il trouva dans une de ses tantes une véritable mère. Voyant un jour cette femme refuser de donner à un pauvre, il lui dit : « Pour l'amour de Dieu, donnez à ce pauvre ; autrement je ne prendrai rien aujourd'hui. »

    Sa pureté était si grande, que le moindre mot inconvenant l'affligeait profondément : « Silence, disaient les étudiants quand ils le voyaient apparaître au milieu de leurs conversations trop libres, silence, voici Bernardin ! »

    À dix-sept ans, il entra dans une confrérie de garde-malades, et soigna pendant quatre ans, dans un hôpital, avec un dévouement et une douceur rares, toutes les infirmités humaines. Se traitant lui-même avec la dernière dureté, il ne songeait qu'aux besoins des autres ; il parut surtout héroïque dans une peste affreuse, où il s'imposa mille fatigues et brava mille fois la mort.

    En 1402 l'inspiration du Ciel le conduisit dans l'Ordre des Frères Mineurs où il commença très tôt sa mission de prédicateur à travers toute l’Italie ; il la poursuivra jusqu'à la fin de sa vie malgré une santé fragile. Grâce à la bonté de sa Mère céleste, sa voix, faible et presque éteinte, devint inopinément claire et sonore ; Bernardin fut un apôtre aussi brillant par son éloquence que par sa science, et opéra en Italie de merveilleux fruits de salut.

    Le principal caractère de la vie de ce grand saint, c'est son amour extraordinaire pour la très Sainte Vierge. Faisant un jour l'éloge de la Sainte Vierge, il lui appliqua cette parole de l'Apocalypse : « Un grand signe est apparu au Ciel. » Au même instant, une étoile brillante parut au-dessus de sa tête. Une autre fois, parlant en italien, il fut parfaitement compris par des auditeurs grecs qui ne connaissaient que leur langue maternelle.

    Un jour, un pauvre lépreux lui demanda l'aumône ; Bernardin, qui ne portait jamais d'argent, lui donna ses souliers ; mais à peine le malheureux les eut-il chaussés, qu'il se senti soulagé et vit disparaître toute trace de lèpre.

    Bernardin, allant prêcher, devait traverser une rivière et ne pouvait obtenir le passage de la part d'un batelier cupide auquel il n'avait rien à donner. Confiant en Dieu il étendit son manteau sur les eaux, et, montant sur ce frêle esquif, passa la rivière.

    C'est à Bernardin de Sienne que remonte la dévotion au saint Nom de Jésus : il ne pouvait prononcer ce nom sans éprouver des transports extraordinaires.

    Il invitait les édiles à inscrire le nom de Jésus sur les murs des édifices, au moins les 3 lettres « IHS » (I : esus – H : umani – S : alvator » = Jésus sauveur des hommes). Il prêchait en montrant aux foules un panneau portant le monogramme du Christ « IHS » peint en lettres (gothiques) d’or dans un soleil symbolique. En effet sa prédication était centrée sur le nom de Jésus dont il recommandait la dévotion. (source : http://ecole-franciscaine-de-paris.fr)

    Il a été aussi un des apôtres les plus zélés du culte de saint Joseph.

    II est mort à Aquila au cours d'une dernière course apostolique le 20 mai 1444. Moins d'un an après sa mort, le procès de canonisation fut ouvert et aboutit en 1450.

    Bernardino (Albizeschi) de Sienne, en effet, fut canonisé le 24 mai 1450, par le pape Nicolas V (Tomaso Parentucelli, 1447-1455), soit à peine 6 ans après sa mort.

    Lire : Les prodigieux sermons de Bernardin de Sienne

  • Léon XIV, le retour de la thématique de la vérité

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    D' sur Monday Vatican :

    Léon XIV, le retour du thème de la vérité

    Paix, justice et vérité. C'est par ces trois mots que Léon XIV a indiqué les lignes directrices de l'activité diplomatique lors de la réunion des ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, vendredi dernier. Elles constitueront également les lignes directrices de la doctrine diplomatique de ce pontificat.

    Il est trop tôt pour porter un jugement sur Léon XIV, ses œuvres et l’orientation qu’il veut donner à l’Église.

    Il n'est cependant pas trop tôt pour observer un changement substantiel de direction, qui s'est produit depuis que le pape est apparu de la loggia de bénédiction en soutane blanche et mozette rouge, comme tous les papes avant lui, à l'exception du pape François.

    C'était un signe de discontinuité assez évident, qui fut suivi d'autres signes de discontinuité. De l'utilisation des croix pectorales – la simple en argent pour les événements privés et la plus précieuse, ornée des reliques des saints augustins, pour les événements publics – à celle de la férule ayant appartenu à Benoît XVI lors de la première messe avec les cardinaux à la chapelle Sixtine, tout chez Léon XIV indique qu'il cherche à reconnecter l'Église à son histoire.

    Jamais auparavant le pontificat de François n'avait autant ressemblé à une histoire interrompue, à une parenthèse (belle pour certains, moins pour d'autres) dans l'histoire de l'Église, qui ne rompait peut-être pas avec la doctrine, mais avec la manière d'être du Vatican. Celui du pape François ne fut pas une révolution. Il fut plutôt l'irruption d'un nouveau point de vue, aimé par certains, mal toléré par d'autres, en tout cas perturbateur au sein de l'Église catholique.

    Léon XIV est appelé à instaurer l'harmonie, et il y est parvenu jusqu'à présent en suivant deux axes. D'une part, il a tenté de préserver tout ce qu'il y avait de bon dans le pontificat de son prédécesseur. Il a relancé la synodalité, cité François sur le thème de la Troisième Guerre mondiale en morceaux et sur le changement d'ère, et n'a pas manqué de lancer ses appels à la paix dans le monde, en recentrant son attention sur l'Ukraine et la Terre Sainte.

    En même temps, il a montré sa direction. Il n'y a pas eu d'appels improvisés ni de sailles personnelles. Léon XIV prépare ses discours, étudie les dossiers, demande conseil et (jusqu'à présent) les écoute. Un exemple clair en a été l'appel à une paix juste et durable en Ukraine lors du Regina Coeli du 11 mai dernier.

    Léon se rendit également, à l'improviste, au sanctuaire de la Madonna del Buon Consiglio à Genazzano. Il alla ensuite déjeuner à la Curie des Augustins, comme il le faisait déjà en tant que cardinal. Cependant, il ne le fit pas de manière impromptue ; il le fit dans une voiture de représentation, sans trop d'hystérie ni de désir d'être vu.

    Tout le monde remarque que Léon XIV refuse de prendre des selfies – un seul a été publié lors de son premier retour au Palais Sant'Uffizio après les élections – et qu'il tient plutôt à maintenir une distance institutionnelle appropriée. Il plaisante et se fait connaître, mais il n'exagère pas et ne recherche pas les applaudissements faciles. Ce n'est pas un adepte du culte de la personnalité.

    Parmi tous les signes de discontinuité, le retour du thème de la vérité dans les discours est cependant particulièrement marquant. Benoît XVI avait centré sa doctrine diplomatique sur la vérité, à tel point que son premier message pour la Journée mondiale de la paix était « Dans la vérité, la paix ». Le pape François avait opéré un changement de perspective. François demandait de se concentrer sur des situations concrètes plutôt que sur de grands concepts. Il utilisait une méthode inductive plutôt que déductive, et il s'intéressait aux questions pratiques plutôt qu'aux questions théoriques.

    Laudato si', la première grande encyclique sociale du pape François, est consacrée à un thème spécifique, l'écologie, et regorge de données sur la pollution qui n'auraient jamais figuré dans une encyclique, car il s'agit de données variables. Le pape a ensuite dû actualiser cette encyclique, et il l'a fait avec une exhortation, Laudate Deum. Laudato si' a été rédigée pour la COP21 à Paris. Le Laudate Deum a été prononcé lors de la COP28 à Dubaï. Ces deux documents ont un objectif précis et ressemblent davantage à des documents de travail pour les institutions internationales, malgré leurs connotations claires de doctrine sociale catholique.

    Il est peu probable que cela se produise avec Léon XIV.

    Non seulement il a relancé le thème de la diplomatie de la vérité, mais il a aussi opéré un renversement copernicien par rapport à ce qui était jusqu'ici le précepte général. Le pape a affirmé que cette vérité est celle de la foi des chrétiens en l'homme et que l'Église ne se lassera jamais de dire la vérité sur Dieu et sur l'homme, même si cette franchise peut être mal interprétée.

    Il s’agit d’un changement de paradigme substantiel, qui fait suite à la tentative de changement de paradigme sous le pape François et sous sa direction, telle qu’elle a été.

    Le pape François a demandé de parler aux hommes de son temps, avec le langage de son temps. La réforme de l'Académie pontificale de théologie ou des programmes des universités catholiques s'appuyait également sur ce principe. Un langage transdisciplinaire était demandé, ce qui impliquait avant tout d'abandonner le langage de l'identité, mais de s'ouvrir au monde pour être compris par lui.

    Léon XIV demande de prêcher la vérité et d'accepter que le monde puisse ne pas la comprendre. En bref, il dessine un monde dans lequel la présence chrétienne doit se profiler à partir de l'annonce de la vérité. Il ne s'agit pas de trouver un langage pour parler à tous. Il s'agit de s'expliquer à tous afin que chacun puisse comprendre ce langage.

    Cela semble abstrait, mais ce n’est pas le cas.

    Ce changement de paradigme modifiera également la manière dont les discours sont rédigés au Vatican, qui est encore très liée au style du pape François et à sa philosophie du « voir, juger et agir » qui s’est matérialisée en Amérique latine.

    Léon XIV est le premier pape à ne pas s'être formé lors des débats du Concile Vatican II, mais après. Il est le pape d'une nouvelle génération. Le langage doit changer, et les anciennes catégories ne permettront plus de comprendre le pontificat. En bref, nous sommes confrontés à un changement d'époque qui reste à déchiffrer.

  • Léon XIV, dix jours plus tard. Les mots-clés du nouveau successeur de Pierre

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Léon XIV, dix jours plus tard. Les mots-clés du nouveau successeur de Pierre

    (s.m.) Au cours des dix jours entre son élection comme pape et la messe d’inauguration de son ministère pétrinien, Léon XIV a déjà exprimé avec clarté les lignes maîtresses du nouveau pontificat.

    « Disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour que Lui soit connu et glorifié » : tel est en synthèse le service qu’il veut offrir à l’Église et à l’humanité entière. Et ceci depuis sa première salutation depuis la loggia de la basilique de Saint-Pierre, qu’il a prononcée non pas avec ses propres mots, mais avec ceux de Jésus ressuscité.

    Le pontificat de Léon s’annonce sous le signe du service de l’annonce de la foi au Christ dans un monde qui menace de s’éteindre, avec les drames qui s’en suivront, un monde dans lequel l’Église doit savoir se faire le phare du salut qui vient de Dieu.

    Mais laissons la parole au pape Léon, dans cette anthologie de ses premiers actes de services à l’Église et à l’humanité.

    *

    “Telle est la salutation du Christ ressuscité”

    De la première salutation « urbi et orbi » aux fidèles, le 8 mai 2025

    Que la paix soit avec vous tous ! Très chers frères et sœurs, telle est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. […] C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous inconditionnellement. […]

    Je suis un fils de saint Augustin, augustinien, qui a dit : « Avec vous, je suis chrétien, et pour vous, je suis évêque ». En ce sens, nous pouvons tous marcher ensemble vers la patrie que Dieu nous a préparée.

    *

    “Disparaître pour que le Christ demeure”

    De l’homélie de la messe « pro Ecclesia » avec les cardinaux, le 9 mai 2025

    « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Par ces paroles, Pierre, interrogé avec les autres disciples par le Maître sur la foi qu’il a en Lui, exprime en synthèse le patrimoine que l’Église, à travers la succession apostolique, garde, approfondit et transmet depuis deux mille ans. Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c’est-à-dire l’unique Sauveur et le révélateur du visage du Père. […]

    Cependant, en amont de la conversation où Pierre fait sa profession de foi, il y a aussi une autre question : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13). […]

    Il y a tout d’abord la réponse du monde, […] qui considère Jésus comme une personne totalement insignifiante, tout au plus un personnage curieux, qui peut susciter l’émerveillement par sa manière inhabituelle de parler et d’agir. Ainsi, lorsque sa présence deviendra gênante en raison de son exigence d’honnêteté et de moralité, ce « monde » n’hésitera pas à le rejeter et à l’éliminer.

    Il y a ensuite une autre réponse possible à la question de Jésus : celle du peuple. Pour lui, le Nazaréen n’est pas un « charlatan » : c’est un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses justes, comme d’autres grands prophètes de l’histoire d’Israël. C’est pourquoi il le suit, du moins tant qu’il peut le faire sans trop de risques ni d’inconvénients. Mais ce n’est qu’un homme, et donc, au moment du danger, lors de la Passion, il l’abandonne et s’en va, déçu.

    Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c’est leur actualité. Elles incarnent en effet des idées que l’on pourrait facilement retrouver – peut-être exprimées dans un langage différent, mais identiques dans leur substance – dans la bouche de nombreux hommes et femmes de notre temps. Aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.

    Il s’agit d’environnements où il n’est pas facile de témoigner et d’annoncer l’Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c’est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement.

    Aujourd’hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien qu’apprécié en tant qu’homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait.

    Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l’a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Christ Sauveur. C’est pourquoi, pour nous aussi, il est essentiel de répéter : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). […]

    Ignace d’Antioche, […] conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, écrivait aux chrétiens qui s’y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps ». Il faisait référence au fait d’être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c’est ce qui arriva –, mais ses paroles renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d’autorité dans l’Église : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer.

    *

    Pour une liturgie qui ouvre au mystère

    Du discours aux Églises d’Orient, le 14 mai 2025

    Le Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité ! Je vous salue avec les paroles que, dans de nombreuses régions, l’Orient chrétien ne se lasse pas de répéter en ce temps pascal, professant ainsi le noyau central de la foi et de l’espérance.

    L’Église a besoin de vous. Quelle contribution importante peut nous apporter aujourd’hui l’Orient chrétien ! Combien nous avons besoin de retrouver le sens du mystère, si vivant dans vos liturgies qui impliquent la personne humaine dans sa totalité, chantent la beauté du salut et suscitent l’émerveillement devant la grandeur divine qui embrasse la petitesse humaine ! Et combien il est important de redécouvrir, même dans l’Occident chrétien, le sens de la primauté de Dieu, la valeur de la mystagogie, de l’intercession incessante, de la pénitence, du jeûne, des larmes pour ses propres péchés et pour ceux de toute l’humanité (penthos), si typiques des spiritualités orientales ! […]

    Qui donc, plus que vous, pourrait chanter des paroles d’espérance dans l’abîme de la violence ? Qui plus que vous, qui connaissez de près les horreurs de la guerre. […] Et sur toute cette horreur […] se détache un appel : non pas tant celui du Pape, mais celui du Christ, qui répète : « La paix soit avec vous ! » (Jn 20, 19.21.26). Et il précise : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). La paix du Christ n’est pas le silence de mort après le conflit, elle n’est pas le résultat de l’oppression, mais un don qui concerne les personnes et réactive leur vie.

    *

    Pour une paix qui soit juste et durable

    Du discours au corps diplomatique, le 16 mai 2025

    Je considère que la contribution que les religions et le dialogue interreligieux peuvent apporter pour favoriser des contextes de paix est fondamentale. Cela exige naturellement le plein respect de la liberté religieuse dans chaque pays, car l’expérience religieuse est une dimension fondamentale de la personne humaine, sans laquelle il est difficile, voire impossible, d’accomplir cette purification du cœur nécessaire pour construire des relations de paix. […]

    Il incombe à ceux qui ont des responsabilités gouvernementales de s’efforcer à construire des sociétés civiles harmonieuses et pacifiées. Cela peut être accompli avant tout en misant sur la famille fondée sur l’union stable entre un homme et une femme, « une société très petite sans doute, mais réelle et antérieure à toute société civile » (Léon XIII, “Rerum novarum”, 9). En outre, personne ne peut se dispenser de promouvoir des contextes où la dignité de chaque personne soit protégée, en particulier celle des plus fragiles et des plus vulnérables, du nouveau-né à la personne âgée, du malade au chômeur, que celui-ci soit citoyen ou immigrant. […]

    On ne peut construire des relations véritablement pacifiques, même au sein de la Communauté internationale, sans vérité… Pour sa part, l’Église ne peut jamais se soustraire à son devoir de dire la vérité sur l’homme et sur le monde, en recourant si nécessaire à un langage franc qui peut au début susciter une certaine incompréhension. Mais la vérité n’est jamais séparée de la charité qui, à la racine, a toujours le souci de la vie et du bien de tout homme et de toute femme. D’ailleurs, dans la perspective chrétienne, la vérité n’est pas l’affirmation de principes abstraits et désincarnés, mais la rencontre avec la personne même du Christ qui vit dans la communauté des croyants.

    *

    “Dans l’unique Christ, nous sommes un: c’est la route à parcourir ensemble”

    De l’homélie de la messe d’inauguration du pontificat, le 18 mai 2025

    Amour et unité : ce sont les deux dimensions de la mission confiée à Pierre par Jésus.  […] Comment Pierre peut-il s’acquitter de cette tâche ? L’Évangile nous dit que cela n’est possible que parce qu’il a expérimenté dans sa propre vie l’amour infini et inconditionnel de Dieu, y compris à l’heure de l’échec et du reniement. C’est pourquoi, lorsque Jésus s’adresse à Pierre, l’Évangile utilise le verbe grec « agapao », qui se réfère à l’amour que Dieu a pour nous, à son offrande sans réserve et sans calcul, différent de celui utilisé pour la réponse de Pierre, qui décrit plutôt l’amour de l’amitié, que nous avons entre nous. […]

    À Pierre est donc confiée la tâche « d’aimer davantage » et de donner sa vie pour le troupeau. Le ministère de Pierre est précisément marqué par cet amour oblatif, car l’Église de Rome préside à la charité et sa véritable autorité est la charité du Christ. Il ne s’agit jamais d’emprisonner les autres par la domination, la propagande religieuse ou les moyens du pouvoir, mais il s’agit toujours et uniquement l’aimer comme Jésus l’a fait.

    Lui — affirme l’apôtre Pierre lui-même — « est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle » (Ac 4, 11). Et si la pierre est le Christ, Pierre doit paître le troupeau sans jamais céder à la tentation d’être un meneur solitaire ou un chef placé au-dessus des autres, se faisant maître des personnes qui lui sont confiées (cf. 1 P 5, 3). Au contraire, il lui est demandé de servir la foi de ses frères, en marchant avec eux : en effet, nous sommes tous constitués « pierres vivantes » (1 P 2, 5), appelés par notre baptême à construire l’édifice de Dieu dans la communion fraternelle, dans l’harmonie de l’Esprit, dans la coexistence des diversités. Comme l’affirme saint Augustin : « L’Église est constituée de tous ceux qui sont en accord avec leurs frères et qui aiment leur prochain » (Discours 359, 9).

    Cela frères et sœurs, je voudrais que ce soit notre premier grand désir : une Église unie, signe d’unité et de communion, qui devienne ferment pour un monde réconcilié.

    À notre époque, nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l’autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres. Et nous voulons être, au cœur de cette pâte, un petit levain d’unité, de communion, de fraternité. Nous voulons dire au monde, avec humilité et joie : regardez le Christ ! Approchez-vous de Lui ! Accueillez sa Parole qui illumine et console ! Écoutez sa proposition d’amour pour devenir son unique famille : « dans l’unique Christ, nous sommes un ». Et c’est la route à parcourir ensemble, entre nous, mais aussi avec les Églises chrétiennes sœurs, avec ceux qui suivent d’autres chemins religieux, avec ceux qui cultivent l’inquiétude de la recherche de Dieu, avec toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, pour construire un monde nouveau où règne la paix!

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.
    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Messe d'inauguration de Léon XIV - Texte intégral du sermon : « Pierre doit paître le troupeau sans jamais céder à la tentation d'être un autocrate. »

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    Du blog "Rorate Caeli" :

    Messe d'inauguration de Léon XIV - Texte intégral du sermon : « Pierre doit paître le troupeau sans jamais céder à la tentation d'être un autocrate. »

    Messe d'inauguration du ministère pétrinien du Souverain Pontife

    Place Saint-Pierre, 18 mai 2025

    Chers frères cardinaux, frères évêques et prêtres, distinguées autorités et membres du corps diplomatique, et vous qui êtes venus ici pour le Jubilé des Confréries, frères et sœurs :

    Je vous salue tous, le cœur rempli de gratitude, au début du ministère qui m'a été confié. Saint Augustin écrivait : « Seigneur, tu nous as faits pour toi, et notre cœur est sans repos tant qu'il ne repose pas en toi » (Confessions, I, 1,1).

    Ces jours-ci, nous avons vécu une émotion intense. La mort du pape François a rempli nos cœurs de tristesse. En ces heures difficiles, nous nous sommes sentis comme ces foules que l'Évangile décrit comme « des brebis sans berger » (Mt 9, 36). Pourtant, le dimanche de Pâques, nous avons reçu sa bénédiction finale et, à la lumière de la résurrection, nous avons vécu les jours qui ont suivi avec la certitude que le Seigneur n'abandonne jamais son peuple, mais le rassemble lorsqu'il est dispersé et le garde « comme un berger garde son troupeau » (Jr 31, 10).

    C'est dans cet esprit de foi que le Collège des cardinaux s'est réuni en conclave. Issus d'horizons et d'expériences divers, nous avons confié à Dieu notre désir d'élire le nouveau Successeur de Pierre, l'évêque de Rome, un pasteur capable de préserver le riche héritage de la foi chrétienne tout en étant tourné vers l'avenir, afin d'affronter les questions, les préoccupations et les défis du monde d'aujourd'hui.

    Accompagnés par vos prières, nous avons pu ressentir l'action de l'Esprit Saint, capable de nous mettre en harmonie, tels des instruments de musique, pour que nos cœurs vibrent en une seule mélodie. J'ai été choisi, sans aucun mérite personnel, et maintenant, avec crainte et tremblement, je viens à vous comme un frère qui désire être le serviteur de votre foi et de votre joie, marchant avec vous sur le chemin de l'amour de Dieu, car il veut que nous soyons tous unis en une seule famille.

    Amour et unité : telles sont les deux dimensions de la mission confiée à Pierre par Jésus. Nous le voyons dans l'Évangile d'aujourd'hui, qui nous conduit au bord de la mer de Galilée, où Jésus a commencé la mission reçue du Père : être « pêcheur » d'humanité pour la tirer des eaux du mal et de la mort. Marchant sur le rivage, il avait appelé Pierre et les autres premiers disciples à être, comme lui, « pêcheurs d'hommes ».

    Maintenant, après la résurrection, c'est à eux de poursuivre cette mission, de jeter leurs filets encore et encore, d'apporter l'espérance de l'Évangile dans les « eaux » du monde, de naviguer sur les mers de la vie pour que tous puissent faire l'expérience de l'étreinte de Dieu.

    Comment Pierre peut-il accomplir cette tâche ? L'Évangile nous dit que cela n'est possible que parce que sa vie a été touchée par l'amour infini et inconditionnel de Dieu, même à l'heure de son échec et de son reniement. C'est pourquoi, lorsque Jésus s'adresse à Pierre, l'Évangile utilise le verbe grec agapáo , qui désigne l'amour que Dieu a pour nous, l'offrande de lui-même sans réserve ni calcul. Le verbe utilisé dans la réponse de Pierre décrit quant à lui l'amour et l'amitié que nous avons les uns pour les autres.

    Par conséquent, lorsque Jésus demande à Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ne m'aiment ceux-ci ? » (Jn 21,16), il fait référence à l'amour du Père. C'est comme si Jésus lui disait : « Ce n'est qu'en connaissant et en expérimentant cet amour indéfectible de Dieu que tu pourras paître mes agneaux. Ce n'est que dans l'amour de Dieu le Père que tu pourras aimer tes frères de ce même « plus », c'est-à-dire en offrant ta vie pour eux. »

    Pierre se voit ainsi confier la tâche d'« aimer davantage » et de donner sa vie pour le troupeau. Le ministère de Pierre se distingue précisément par cet amour sacrificiel, car l'Église de Rome préside à la charité et sa véritable autorité est la charité du Christ. Il ne s'agit jamais de conquérir les autres par la force, la propagande religieuse ou le pouvoir. Au contraire, il s'agit toujours et uniquement d'aimer comme Jésus l'a fait.

    L'apôtre Pierre lui-même nous dit que Jésus « est la pierre rejetée par vous, les bâtisseurs, et devenue la pierre angulaire » (Ac 4, 11). De plus, si le roc est le Christ, Pierre doit paître le troupeau sans jamais céder à la tentation d'être un autocrate, de dominer ceux qui lui sont confiés (cf. 1 P 5, 3). Au contraire, il est appelé à servir la foi de ses frères et sœurs, et à marcher à leurs côtés, car nous sommes tous des « pierres vivantes » (1 P 2, 5), appelés par notre baptême à construire la maison de Dieu dans la communion fraternelle, dans l'harmonie de l'Esprit, dans la coexistence de la diversité. Selon saint Augustin : « L'Église est composée de tous ceux qui vivent en harmonie avec leurs frères et sœurs et qui aiment leur prochain » (Serm. 359, 9).

    Frères et sœurs, je voudrais que notre premier grand désir soit une Église unie, signe d'unité et de communion, qui devienne le ferment d'un monde réconcilié. À notre époque, nous constatons encore trop de discordes, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de la différence et un modèle économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres.

    Pour notre part, nous voulons être un petit ferment d'unité, de communion et de fraternité dans le monde. Nous voulons dire au monde, avec humilité et joie : Regardez le Christ ! Approchez-vous de lui ! Accueillez sa parole qui éclaire et console ! Écoutez son offre d'amour et devenez son unique famille : dans l'unique Christ, nous sommes un. C'est le chemin à parcourir ensemble, entre nous, mais aussi avec nos Églises chrétiennes sœurs, avec ceux qui suivent d'autres chemins religieux, avec ceux qui cherchent Dieu, avec toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, pour construire un monde nouveau où règne la paix !

    C'est cet esprit missionnaire qui doit nous animer : ne pas nous enfermer dans nos petits groupes, ni nous sentir supérieurs au monde. Nous sommes appelés à offrir l'amour de Dieu à tous, afin de réaliser cette unité qui n'efface pas les différences, mais qui valorise l'histoire personnelle de chacun et la culture sociale et religieuse de chaque peuple.

    Frères et sœurs, voici l'heure de l'amour ! Le cœur de l'Évangile est l'amour de Dieu qui fait de nous des frères et sœurs. Avec mon prédécesseur Léon XIII, nous pouvons nous demander aujourd'hui : si ce critère « prévalait dans le monde, tous les conflits ne cesseraient-ils pas et la paix ne reviendrait-elle pas ? » (Rerum Novarum, 21).

    Avec la lumière et la force de l'Esprit Saint, construisons une Église fondée sur l'amour de Dieu, signe d'unité, une Église missionnaire qui ouvre ses bras au monde, annonce la Parole, se laisse « agiter » par l'histoire et devient ferment d'harmonie pour l'humanité. Ensemble, comme un seul peuple, comme frères, marchons vers Dieu et aimons-nous les uns les autres.

    [Source : Saint-Siège]

  • Quand Jean-Paul II évoquait saint Yves (fêté le 19 mai)

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    Du MESSAGE DU PAPE JEAN-PAUL II À L'ÉVÊQUE DE SAINT-BRIEUC ET TRÉGUIER (FRANCE) À L'OCCASION DU VII CENTENAIRE DE LA NAISSANCE DE SAINT YVES (13 mai 2003) (source)

    (...) Le 19 mai 1347, le Pape Clément VI élevait Yves Hélory à la gloire des autels. Le témoignage du petit peuple des campagnes, recueilli lors de son procès de canonisation, est sans aucun doute le plus bel hommage qui puisse être rendu à celui qui consacra toute sa vie à servir le Christ en servant les pauvres, comme magistrat, comme avocat et comme prêtre. Saint Yves s’est engagé à défendre les principes de justice et d’équité, attentif à garantir les droits fondamentaux de la personne, le respect de sa dignité première et transcendante, et la sauvegarde que la loi doit lui assurer. Il demeure pour tous ceux qui exercent une profession juridique, et dont il est le saint patron, le chantre de la justice, qui est ordonnée à la réconciliation et à la paix, pour tisser des relations nouvelles entre les hommes et entre les communautés, et pour édifier une société plus équitable. Je rends grâce pour l’exemple lumineux qu’il donne aujourd’hui aux chrétiens et plus largement à tous les hommes de bonne volonté, les invitant à marcher sur les chemins de la justice, du respect du droit et de la solidarité envers les plus pauvres, dans le but de servir la vérité et de participer à «une nouvelle imagination de la charité» (Novo millennio ineunte, n. 50).

    Saint Yves choisit aussi de se dépouiller progressivement de tout pour être radicalement conformé au Christ, voulant le suivre dans la pauvreté, afin de contempler le visage du Seigneur dans celui des humbles auxquels il a cherché à s’identifier (cf. Mt 25). Serviteur de la Parole de Dieu, il la médita pour en faire découvrir les trésors à tous ceux qui cherchent l’eau vive (cf. Is 41, 17). Il parcourut inlassablement les campagnes pour secourir matériellement et spirituellement les pauvres, appelant ses contemporains à rendre témoignage au Christ Sauveur par une existence quotidienne de sainteté. Une telle perspective permit à «l’annonce du Christ d’atteindre les personnes, de modeler les communautés, d’agir en profondeur par le témoignage des valeurs évangéliques sur la société et sur la culture» (Novo millennio ineunte, n. 29).

    Les valeurs proposées par saint Yves conservent une étonnante actualité. Son souci de promouvoir une justice équitable et de défendre le droit des plus pauvres invite aujourd’hui les artisans de la construction européenne à ne négliger aucun effort pour que les droits de tous, notamment des plus faibles, soient reconnus et défendus. L’Europe des droits humains doit faire en sorte que les éléments objectifs de la loi naturelle demeurent la base des lois positives. En effet, saint Yves fondait sa démarche de juge sur les principes du droit naturel, que toute conscience formée, éclairée et attentive, peut découvrir au moyen de la raison (cf. S. Thomas d’Aquin, Somme théologique I-II, q. 91, a. 1-2), et sur le droit positif, qui puise dans le droit naturel ses principes fondamentaux grâce auxquelles on peut élaborer des normes juridiques équitables, évitant ainsi que ces dernières soient un pur arbitraire ou le simple fait du prince. Par sa façon de rendre la justice, saint Yves nous rappelle aussi que le droit est conçu pour le bien des personnes et des peuples, et qu’il a comme fonction primordiale de protéger la dignité inaliénable de l’individu dans toutes les phases de son existence, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle. De même, ce saint breton avait soin de défendre la famille, dans les personnes qui la composent et dans ses biens, montrant que le droit joue un rôle important dans les liens sociaux, et que le couple et la famille sont essentiels à la société et à son avenir.

    La figure et la vie de saint Yves peuvent donc aider nos contemporains à comprendre la valeur positive et humanisante du droit naturel. «Une conception authentique du droit naturel, entendu comme protection de la dignité éminente et inaliénable de tout être humain, est garante de l’égalité et donne un contenu véritable aux "Droits de l’homme"» (Discours aux participants de la VIIIeAssemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie, 27 février 2002, n. 6). Pour cela, il faut donc poursuivre les recherches intellectuelles afin de retrouver les racines, la signification anthropologique et le contenu éthique du droit naturel et de la loi naturelle, dans la perspective philosophique de grands penseurs de l’histoire, tels Aristote et saint Thomas d’Aquin. Il revient en particulier aux juristes, à tous les hommes de lois, aux historiens du droit et aux législateurs eux-mêmes d'avoir toujours, comme le demandait saint Léon le Grand, un profond «amour de la justice» (Sermon sur la Passion, 59) et de chercher à asseoir toujours leurs réflexions et leurs pratiques sur des principes anthropologiques et moraux qui mettent l’homme au centre de l’élaboration du droit et de la pratique juridique. Cela fera apparaître que toutes les branches du droit sont un service éminent des personnes et de la société. Dans cet esprit, je me réjouis que des juristes aient profité de l’anniversaire de saint Yves pour organiser successivement deux colloques sur la vie et le rayonnement de leur saint patron, et sur la déontologie des avocats européens, manifestant ainsi leur attachement à une recherche épistémologique et herméneutique de la science et de la pratique juridiques.

    «N’an neus ket en Breiz, n’an neus ket unan, n’an neus ket eur Zant evel Zan Erwan», «Il n’y a pas en Bretagne, il n’y en a pas un seul, il n’y a pas un saint pareil à saint Yves». Ces paroles, extraites du cantique à saint Yves, manifestent toute la ferveur et la vénération par lesquelles les foules de pèlerins, unis à leurs évêques et à leurs prêtres, mais aussi tous les magistrats, avocats, juristes, continuent à honorer aujourd’hui celui que la pitié populaire a surnommé «le père des pauvres». Puisse saint Yves les aider à réaliser pleinement leurs aspirations à pratiquer et à exercer la justice, à aimer la miséricorde et à marcher humblement avec leur Dieu (cf. Mi 6, 8) !

  • On fête aujourd’hui saint Yves

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    saint-yves.jpgExtrait d’une notice de Hervé Marie Catta :

    « Yves Hélori de Kermartin est né au Minihy de Tréguier en 1253, sous le règne de Saint Louis. Il est mort là, à deux kilomètres de Tréguier , le 19 mai 1303. Ses parents, petits nobles bretons comme il y en avait tant, l'envoyèrent faire ses études à l'Université de Paris, d'abord en lettres, puis en droit. (…).

    C'est l'époque où l'Eglise, par son droit appelé " canonique " - les " canons " sont les règles de droit - influe beaucoup sur le droit et la procédure en adoucissant les coutumes d'origines barbares et féodales. Aussi beaucoup de plaideurs préfèrent s'adresser à ses tribunaux. Il faut donc de nouveaux juges bien instruits dans le nouveau droit et Yves Hélori est appelé par l'Archidiacre de Rennes, un assistant de l'Evêque alors, à tenir les fonctions de Juge d'Eglise autrement dit " Official ".

    (…) Yves accepte à Tréguier d'être ordonné prêtre et on lui confie la paroisse de Tredrez, plus tard celle de Louannec. Yves a été un modèle de prêtre avant d'être un modèle d'avocat et de juge. Ce qu'on sait, par le procès de canonisation, ce sont les transformations et conversions qu'il opérait par ses sermons , ses visites et ses entretiens avec les personnes. Il lui est arrivé de prêcher cinq fois le même jour à des endroits différents : Tredrez, Saint Michel en Grève, Trédarzec et Pleumeur. Ce qui veut dire qu'on aimait venir de partout entendre ce saint prêtre humble et dont la piété faisait aimer la piété. Il ne ménageait pas sa peine pour aller dire l'espérance de Dieu aux pauvres gens de la campagne bretonne. Il faisait tout le chemin à pied, jamais à cheval.(…).

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  • Cinquième dimanche de Pâques : "Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres."

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    Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres; comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.

    (Jean 13,34. Commentaire d’Adrienne von Speyr, Jean, le discours d’adieu, I, Lethielleux, 1982, p. 85-89 - source)

    Ce commandement est nouveau. C’est le commandement personnel du Seigneur. Il l’émet au moment même où il est trahi, et où il annonce qu’ils le chercheront, mais ne le trouveront pas. Par là, il ne se soustrait pas à leur amour, mais leur donne la possibilité de vivre en lui, sans le voir. Il leur offre en quelque sorte une compensation. Mais c’est davantage qu’une compensation, parce que ce commandement est son don et qu’il vit dans ce don, parce que cet amour des uns pour les autres jaillit de l’amour mutuel entre le Père et le Fils.

    Pourquoi devons-nous nous aimer les uns les autres? Tout d’abord simplement du fait que le Fils de Dieu a séjourné parmi nous, comme un homme venu par amour et qui était l’amour. Parce que cela s’est passé une fois sur terre. Mais encore, parce que le Seigneur continue à vivre dans chaque individu. Si nous ne pouvions pas nous aimer les uns les autres à cause de nos péchés et parce que le péché de l’autre nous répugnait, maintenant il nous est possible de nous aimer quand même, grâce à la présence du Seigneur dans l’autre. Car il vit dans tout homme qu’il aime, et il les aime tous. Par son amour, il se fait place à lui-même dans chacun. Dans son amour, nous pouvons donc tous nous aimer les uns les autres. Il adresse ces paroles à ses disciples, à ce petit groupe déterminé et limité qu’il  aime. Mais le cercle des siens s’élargit à l’infini. Et pourtant cet élargissement ne doit pas rendre l’amour moins déterminé, mais plutôt en intensifier la détermination et la particularité, car l’exigence existe partout, de façon très concrète et immédiate.

    La mesure de cet amour est son amour : comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. Son amour pour nous a jailli de son amour pour le Père. Et c’est précisément de ce même amour qu’il nous faut, nous aussi, nous aimer les uns les autres. D’un amour donc tout à fait pur, qui nous vient de Dieu par le Fils. D’un amour qui possède les mêmes qualités que l’amour du Fils pour le Père: qui par conséquent est surabondant. L’amour que le Fils reçoit du Père et qu’il lui rend, est un amour absolument brûlant, livré, versé, consumé. C’est exactement la même forme que doit avoir l’amour entre les enfants du Christ. Même si cet amour est parfaitement chaste, il ne doit pas pour autant brûler moins ardemment. Et il ne doit pas être non plus moins universel que l’amour du Seigneur pour les hommes.

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  • Cantate Domino canticum novum (Introït du 5ème dimanche de Pâques)

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    Introït du 5ème dimanche de Pâques (NOM)

    Cantate Domino canticum novum Chantez au Seigneur un cantique nouveau

    Cantate Domino canticum novum,
    cantate et benedicite nomini ejus:
    Qui mirabilia fecit.
    Cantate et exultate
    et psallite in cythara
    et voce psalmi:
    Qui mirabilia fecit.

    Chantez au Seigneur un cantique nouveau,
    chantez et bénissez son nom,
    car il a accompli des merveilles.
    Chantez, exultez
    et jouez sur vos cythares,
    accompagnez vos hymnes.
    Car il a accompli des merveilles.
  • "Il y a une demande croissante de la Doctrine sociale de l'Église à laquelle nous devons répondre." (Léon XIV)

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    DISCOURS DU SAINT-PÈRE LEON XIV
    AUX MEMBRES DE LA FONDATION CENTESIMUS ANNUS PRO PONTIFICE

    Samedi 17 mai 2025

    Bonjour à tous ! Bonjour à tous !

    Chers frères et sœurs, soyez les bienvenus !

    Je remercie le Président et les membres de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice et je salue tous ceux d'entre vous qui participent à la Conférence internationale et à l'Assemblée générale annuelles.

    Le thème de votre conférence de cette année - « Surmonter les polarisations et reconstruire la gouvernance mondiale : les fondements éthiques » - touche au cœur de la signification et du rôle de la doctrine sociale de l'Église, un instrument de paix et de dialogue pour construire des ponts de fraternité universelle. En ce temps de Pâques, reconnaissons que le Seigneur ressuscité nous précède même là où l'injustice et la mort semblent avoir gagné. Aidons-nous les uns les autres, comme je l'ai demandé le soir de mon élection, « à construire des ponts, par le dialogue, par la rencontre, nous unissant tous pour être un seul peuple toujours en paix ». Cela ne s'improvise pas : c'est un entrelacement dynamique et continu de grâce et de liberté qui, aujourd'hui encore, alors que nous nous rencontrons, se renforce.

    Déjà le pape Léon XIII - qui a vécu une période historique de transformations radicales et perturbatrices - avait cherché à contribuer à la paix en stimulant le dialogue social entre le capital et le travail, entre les technologies et l'intelligence humaine, entre les différentes cultures politiques et entre les nations. Le pape François a utilisé le terme de « polycrise » pour évoquer la nature dramatique de la conjoncture historique que nous vivons, dans laquelle convergent les guerres, le changement climatique, les inégalités croissantes, les migrations forcées et contrariées, la pauvreté stigmatisée, les innovations technologiques perturbatrices et la précarité du travail et des droits [1]. Sur des questions aussi importantes, la Doctrine sociale de l'Église est appelée à fournir des clés d'interprétation qui mettent en dialogue la science et la conscience, apportant ainsi une contribution fondamentale à la connaissance, à l'espérance et à la paix.

    La Doctrine sociale, en effet, nous éduque à reconnaître que plus que les problèmes ou leurs réponses, c'est la manière dont nous les abordons qui est importante, avec des critères d'évaluation et des principes éthiques, et avec l'ouverture à la grâce de Dieu.

    Vous avez l'occasion de montrer que la Doctrine sociale de l'Église, avec sa propre vision anthropologique, entend promouvoir un véritable accès aux questions sociales : elle ne veut pas brandir l'étendard de la possession de la vérité, que ce soit dans l'analyse des problèmes ou dans leur résolution. Face à ces questions, il est plus important de savoir comment les aborder que de donner une réponse hâtive sur le pourquoi d'un événement ou sur la manière de le surmonter. Il s'agit d'apprendre à faire face aux problèmes, qui sont toujours différents, car chaque génération est nouvelle, avec de nouveaux défis, de nouveaux rêves, de nouvelles questions.

    Il s'agit là d'un aspect fondamental de la construction d'une « culture de la rencontre » à travers le dialogue et l'amitié sociale. Pour la sensibilité de beaucoup de nos contemporains, le mot « dialogue » et le mot « doctrine » sont opposés, incompatibles. Peut-être que lorsque nous entendons le mot « doctrine », la définition classique nous vient à l'esprit : un ensemble d'idées appartenant à une religion. Et avec cette définition, nous nous sentons peu libres de réfléchir, de questionner ou de chercher de nouvelles alternatives.

    Il devient donc urgent de montrer, à travers la Doctrine sociale de l'Église, qu'il existe un autre sens, prometteur, de l'expression « doctrine », sans lequel le dialogue devient lui aussi vide. Ses synonymes peuvent être « science », « discipline » ou « connaissance ». Ainsi comprise, toute doctrine est reconnue comme le résultat d'une recherche et donc d'hypothèses, de rumeurs, d'avancées et d'échecs, par lesquels elle cherche à transmettre une connaissance fiable, ordonnée et systématique sur une question donnée. Ainsi, une doctrine n'est pas une opinion, mais un cheminement commun, choral et même pluridisciplinaire vers la vérité.

    L'endoctrinement est immoral, il empêche le jugement critique, il porte atteinte à la liberté sacrée de respecter sa conscience - même si elle est erronée - et il est fermé à la pensée nouvelle parce qu'il refuse le mouvement, le changement ou l'évolution des idées face à de nouveaux problèmes. Au contraire, la doctrine en tant que réflexion sérieuse, sereine et rigoureuse a pour but de nous apprendre, avant tout, à savoir comment aborder les situations et, avant cela, les personnes. En outre, elle nous aide à formuler un jugement prudentiel. C'est le sérieux, la rigueur et la sérénité que nous devons apprendre de toute doctrine, y compris de la Doctrine sociale.

    Dans le contexte de la révolution numérique en cours, le mandat d'éduquer au sens critique doit être redécouvert, explicité et cultivé, en contrant les tentations opposées, qui peuvent également traverser le corps ecclésial. Il y a peu de dialogue autour de nous, et ce sont les mots criés qui prévalent, souvent des fake news et les thèses irrationnelles de quelques tyrans. L'approfondissement et l'étude sont donc fondamentaux, tout comme la rencontre et l'écoute des pauvres, trésors de l'Église et de l'humanité, porteurs de points de vue rejetés, mais indispensables pour voir le monde avec les yeux de Dieu. Ceux qui naissent et grandissent loin des centres de pouvoir ne doivent pas seulement être instruits de la Doctrine sociale de l'Église, mais reconnus comme ses continuateurs et ses actualisateurs : les témoins de l'engagement social, les mouvements populaires et les diverses organisations catholiques de travailleurs sont l'expression des périphéries existentielles où l'espérance résiste et germe toujours. Je vous exhorte à donner la parole aux pauvres.

    Chers amis, comme l'affirme le Concile Vatican II, « l'Église a le devoir permanent de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile, afin de répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux interrogations permanentes des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs rapports mutuels » (Constitution pastorale Gaudium et spes, n. 4).

    Je vous invite donc à participer de manière active et créative à cet exercice de discernement, en aidant à développer la Doctrine sociale de l'Église avec le Peuple de Dieu, en cette période historique de grands bouleversements sociaux, en écoutant et en dialoguant avec tous. Il existe aujourd'hui un besoin généralisé de justice, une demande de paternité et de maternité, un profond désir de spiritualité, en particulier de la part des jeunes et des marginaux, qui ne trouvent pas toujours de canaux efficaces pour s'exprimer. Il y a une demande croissante de la Doctrine sociale de l'Église à laquelle nous devons répondre.

    Je vous remercie de votre engagement et de vos prières pour mon ministère, et je vous bénis de tout cœur, vous, vos familles et votre travail. Je vous remercie !

     

    [1] Message aux participants à l'Assemblée générale de l'Académie pontificale pour la vie, 3 mars 2025.

  • Cette gloire du Christ à laquelle nous sommes appelés à participer (5e dimanche de Pâques)

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    Evangile selon saint Jean, chapitre 13, vv. 31-33a.34-35

    Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu en retour lui donnera sa propre gloire ; et il la lui donnera bientôt.

    « Mes petits enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps. Je vous donne un commandement nouveau : c'est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c'est l'amour que vous aurez les uns pour les autres. »

    Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (Homelies.fr - Archive 2007)

    Ce passage d’évangile a quelque chose de déconcertant, de provoquant même, qui devrait nous ébranler radicalement dans notre « bonne conscience ».

    Jésus sait que son sort est décidé : Judas, un des Douze à qui il a donné toute sa confiance - qu’il a aimé plus que les autres en raison de sa faiblesse - Judas vient de sortir pour trahir son Maître ; pour le vendre comme un vulgaire objet évalué à trente pièces d’argent.

    Paradoxalement - et c’est notre première surprise - Jésus déclare à ce moment précis : « Maintenant, le Fils de l’homme est glorifié ». Le « maintenant » ne peut porter que sur la trahison et sur tout ce qui s’en suivra : l’arrestation, les interrogatoires, la flagellation, la couronne d’épines, les humiliations de la soldatesque, le portement de croix, la crucifixion, la longue agonie et enfin la mort dans un grand cri. Est-ce donc dans ces événements, où semblent triompher le mal, la haine, la violence, que le Christ est glorifié ? Qui donc voudrait participer à une telle gloire ? Nous aurions sans aucun doute ajouté : « et quel est donc ce Dieu qui réserve un tel sort à son Envoyé », si Jésus n’avait pas poursuivi en disant : « et Dieu est glorifié en lui ». Comment Dieu peut-il être glorifié en cet homme meurtri, humilié, anéanti ? Qu’est-ce que tout cela peut bien vouloir dire ?

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