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Foi - Page 126

  • Le Nigeria a connu en 2023 l'année la plus sanglante en matière d'attaques islamistes contre les chrétiens

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    De Ngala Killian Chimtom sur le Catholic Herald :

    Rapport : 8000 chrétiens nigérians assassinés au cours de la pire année en matière d'attaques islamistes

    Le 16 février 2024 à 8h55

    YAOUNDÉ, Cameroun - Le Nigeria a connu l'année dernière l'année la plus sanglante en matière d'attaques islamistes contre les chrétiens, selon un nouveau rapport.

    Plus de 8 000 chrétiens ont été tués en 2023, a déclaré la Société internationale pour les libertés civiles et l'état de droit (Intersociety).

    Le rapport publié le mercredi des Cendres donne des détails poignants sur les meurtres, les enlèvements et les disparitions forcées de populations majoritairement chrétiennes dans plusieurs régions du Nigeria.

    "Les forces combinées des djihadistes islamiques protégés par le gouvernement et des forces de sécurité du pays (NSFc) sont directement et indirectement responsables de l'assassinat à la hache en 2023 de pas moins de 8 222 chrétiens sans défense - couvrant une période de 13 mois ou de janvier (2023) à janvier (2024)", indique le rapport, signé entre autres par le directeur d'Intersociety, Emeka Umeaglalasi.

    Les meurtres ont été perpétrés par diverses factions, notamment les bergers peuls djihadistes responsables d'au moins 5 100 décès de chrétiens, Boko Haram et ses alliés avec 500 décès, les bandits peuls djihadistes avec 1 600 décès et les forces de sécurité "inspirées par l'islam" avec 1 000 décès de chrétiens.

    Le rapport indique que les tueries de janvier 2023 à janvier 2024 ont été "les plus meurtrières de ces dernières années" et accuse le gouvernement nigérian et les forces de sécurité d'avoir échoué à "se montrer à la hauteur de la situation".

    Mais les meurtres perpétrés au cours de l'année écoulée s'inscrivent dans le cadre d'une guerre de longue date contre les chrétiens, qui remonte à 2009, lorsque Boko Haram a entamé sa campagne meurtrière dans le pays le plus peuplé d'Afrique.

    "Le Nigeria est devenu le deuxième pays génocidaire le plus meurtrier au monde, avec plus de 150 000 civils sans défense tués pour des motifs religieux depuis 2009", indique le rapport.

    Il indique qu'environ 100 000 chrétiens figurent parmi les 150 000 personnes tuées, tandis que les musulmans modérés représentent environ 46 000 personnes et les membres d'autres religions représentent les 4 000 civils sans défense restants.

    Le rapport indique que le nombre de morts au Nigéria n'est surpassé que par celui de la Syrie, qui est plongée dans une guerre civile dévastatrice depuis 2011, avec 306 000 civils tués sur environ 21,5 millions de citoyens.

    Selon le rapport, le meurtre systématique des chrétiens au Nigéria s'apparente à un "génocide silencieux", soulignant l'absence de couverture médiatique et l'indifférence de la communauté internationale.

    Le rapport indique également que les meurtres et les actes de violence horribles et atroces commis à l'encontre de personnes ou de groupes et de leurs biens sur la base de facteurs ethniques et religieux ont entraîné la destruction de dizaines de milliers de maisons de civils, de plus de 18 500 lieux de culte chrétiens, de 1 000 sanctuaires religieux et de 2 500 centres d'éducation chrétienne/traditionnelle. Au cours de la même période, plus de 59 000 kilomètres carrés de terres appartenant à des chrétiens et à des non-musulmans ont été accaparés et leurs habitants déplacés et expulsés.

    Le rapport cite des sources nationales et internationales pour affirmer que le groupe Boko Haram et ses affiliés sont responsables de l'enlèvement et de la disparition d'au moins 22 500 chrétiens, pour la plupart non armés, entre 2009 et 2014, période au cours de laquelle ils ont également démoli ou incendié 13 000 églises et 1 500 écoles chrétiennes, et contraint plus de 1,3 million d'autres à partir pour éviter d'être tués ou contraints de se convertir à l'islam.

    "Entre 2016 et 2023, soit sur une période de huit ans, plus de 30 000 civils sans défense ont été enlevés par des djihadistes islamiques et, selon certains, par des forces de sécurité "d'inspiration islamique" au Nigéria", indique le rapport.

    Selon l'Alliance internationale contre le génocide, le Nigeria figure sur la liste des quatorze génocides en cours dans le monde.

    Umeagbalasi a déclaré à Crux que le gouvernement de Muhammadu Buhari (2015-2023) et même le gouvernement de Bola Tinubu - qui est entré en fonction en 2023 - ainsi que les forces de sécurité nigérianes ont été complices de l'assassinat de chrétiens au Nigéria.

    "Ce gouvernement n'est pas différent du gouvernement Buhari", a-t-il déclaré.

    Le rapport insiste sur ce point avec encore plus de force.

    Le plus choquant dans tout cela, c'est que les bergers fulanis djihadistes opèrent librement et sans contestation, en toute impunité et avec un abandon insouciant ; les forces de sécurité nigérianes (NSF), largement accusées d'être "d'inspiration islamique", ferment les yeux ou regardent de l'autre côté, sauf lorsqu'il s'agit de protéger les vaches peules et leurs bergers ; ou d'arrêter les membres des communautés victimes et leurs dirigeants, en les qualifiant de "bandits"", indique le rapport.

    Selon M. Emeka, un "génocide silencieux" est en cours au Nigeria.

    "Si l'on examine la définition du génocide, on s'aperçoit qu'un génocide est déjà en cours au Nigeria : Un génocide anti-chrétien", a-t-il déclaré à Crux.

  • Invocabit me, et ego exáudiam eum

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    Introitus Introït
    Ps. 90, 15 et 16 Ps. 90, 15 et 16
    INVOCÁBIT me, et ego exáudiam eum: erípiam eum, et glorificábo eum: longitúdine diérum adimplébo eum. Ps. ibid., 1 Qui hábitat in adiutório Altíssimi, in protectióne Dei caeli commorábitur. Il m’invoquera et je l’exaucerai ; je le sauverai et je le glorifierai, je le comblerai de jours. Ps. ibid., 1. Celui qui habite sous l’assistance du Très-Haut demeurera sous la protection du Dieu du ciel.
  • Jésus tenté au désert (1er dimanche de carême)

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    Le 26 février 2012, le pape Benoît XVI s'exprimait ainsi avant l’angélus :

    Chers frères et sœurs,

    En ce premier dimanche de carême, nous rencontrons Jésus qui, après avoir reçu de Jean-Baptiste le baptême au fleuve Jourdain,  (cf. Mc 1, 9), subit la tentation au désert (cf. Mc 1, 12-13). Le récit de saint Marc est concis, dépourvu des détails que nous lisons dans les deux autres évangiles de Matthieu et Luc. Le désert dont on parle a différentes significations. Il peut indiquer l’état d’abandon et de solitude, le « lieu » de la faiblesse de l’homme où il n’y a ni soutiens ni sécurités, où la tentation se fait plus forte. Mais il peut aussi indiquer un lieu de refuge et un abri - comme il l’a été pour le peuple d’Israël qui avait échappé à l’esclavage d’Egypte -, et où l’on peut faire l’expérience de la présence de Dieu d’une façon particulière. Jésus « resta quarante jours au désert, tenté par Satan » (Mc 1, 13). Saint Léon le Grand commente : « Le Seigneur a voulu subir l’attaque du tentateur pour nous défendre par son aide et pour nous instruire par son exemple » (Tractatus XXXIX, 3 De ieiunio quadragesimae:CCL 138/A, Turnholti 1973, 214-215).

    Qu’est-ce que cet épisode peut nous enseigner ? Comme nous le lisons dans l’Imitation du Christ, « l'homme, tant qu'il vit, n'est jamais entièrement à l'abri des tentations (…) mais la patience et la véritable humilité nous rendent plus fort que tous nos ennemis» (Liber I, c. XIII), la patience et l’humilité de suivre chaque jour le Seigneur en apprenant à construire notre vie non pas en dehors de lui, ou comme s’il n’existait pas, mais en lui et avec lui, parce qu’il est la source de la vie véritable. La tentation de supprimer Dieu, de mettre tout seuls de l’ordre en nous-mêmes et dans le monde, en comptant sur nos seules capacités, est toujours présente dans l’histoire de l’homme.

    Jésus proclame que « les temps sont accomplis et le règne de Dieu est proche » (Mc 1, 15), il annonce qu’en lui il se passe quelque chose de nouveau : Dieu s’adresse à l’homme de façon inattendue, dans une proximité concrète, pleine d’amour ; Dieu s’incarne et entre dans le monde de l’homme pour prendre sur lui le péché, pour vaincre le mal et ramener l’homme dans le monde de Dieu. Mais cette annonce est accompagnée de la demande de correspondre à un don aussi grand. En effet, Jésus annonce : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15);  c’est une invitation à avoir foi en Dieu et à convertir chaque jour notre vie à sa volonté, en orientant toute notre action et notre pensée vers le bien. Le temps du carême est le moment propice pour renouveler et rendre plus solide notre rapport avec Dieu, grâce à la prière quotidienne, des gestes de pénitence, des actes de fraternité.

    Supplions avec ferveur la Très sainte Vierge Marie afin qu’elle accompagne notre chemin de carême de sa protection et qu’elle nous aide à imprimer les paroles de Jésus Christ dans notre cœur et dans notre vie, pour nous convertir à lui. Je confie en outre à votre prière la semaine de retraite que je commence ce soir avec mes collaborateurs de la curie romaine.

  • L'archevêque de Milan participera à un séminaire historique à huis clos avec les francs-maçons italiens

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    L'archevêque de Milan participera à un séminaire historique à huis clos avec les francs-maçons italiens

    Depuis près de 300 ans, il est interdit aux catholiques d'adhérer à la franc-maçonnerie, et le Vatican a émis près de 600 déclarations négatives à l'encontre de cette société secrète au cours de cette période.

    15 février 2024

    MILAN - L'archevêque de Milan a surpris de nombreux catholiques en annonçant son intention de participer vendredi à un séminaire dans cette ville du nord de l'Italie avec les grands maîtres des trois loges maçonniques italiennes, malgré la censure de longue date de l'Église à l'égard de la franc-maçonnerie.

    L'archevêque Mario Delpini, le cardinal Francesco Coccopalmerio, président émérite du Dicastère pour les textes législatifs, et Mgr Antonio Staglianò, président de l'Académie pontificale de théologie, seront parmi les représentants de l'Église qui participeront à cet événement à huis clos pour discuter de l'Église catholique et de la franc-maçonnerie.

    Les francs-maçons seront représentés par Stefano Bisi, grand maître du Grand Orient d'Italie, la plus grande loge maçonnique du pays, et par les dirigeants de deux autres loges nationales : la Grande Loge d'Italie et la Grande Loge régulière d'Italie. 

    Bisi a qualifié cette rencontre d'"historique".  

    La participation du cardinal Coccopalmerio est intéressante car il était évêque auxiliaire de Milan lorsque le cardinal Carlo Maria Martini était archevêque du diocèse. Le défunt cardinal jésuite était connu pour être proche des francs-maçons, qui lui ont rendu un hommage chaleureux en tant qu'"homme de dialogue" lorsqu'il est décédé en 2012.  

    Dans le quotidien catholique italien La Nuova Bussola Quotidiana, le rédacteur en chef Riccardo Cascioli a noté que depuis que le cardinal Gianfranco Ravasi a écrit une lettre conciliante aux francs-maçons en 2016, "les occasions de rencontres, promues par la franc-maçonnerie ou par certains diocèses, se sont multipliées et ne cessent de prendre de l'ampleur, comme en témoigne l'initiative de Milan." 

    Depuis la bulle papale In Eminenti Apostolatus Specula de Clément XII en 1738, il est interdit aux catholiques d'adhérer à la franc-maçonnerie, et le Vatican a émis de nombreuses déclarations négatives à l'encontre de la société secrète - près de 600 documents magistériels au total. 

    L'Église catholique considère la franc-maçonnerie, entre autres problèmes graves, comme une corruption du christianisme, comme pratiquant des rituels hostiles au catholicisme, comme ayant des principes inconciliables avec la foi catholique et comme manifestant une forte tendance à l'anticatholicisme. 

    Dans une déclaration de 1983 approuvée par le pape saint Jean-Paul II, le cardinal Joseph Ratzinger a réaffirmé que le "jugement négatif" de l'Église sur la maçonnerie restait "inchangé" puisque les principes maçonniques "ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Église et que, par conséquent, l'adhésion à ces principes reste interdite". 

    "Les fidèles qui s'inscrivent dans des associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent recevoir la Sainte Communion", a ajouté le cardinal Ratzinger. Toutefois, ni cette déclaration ni le code de droit canonique de 1983 n'ont imposé la peine d'excommunication aux catholiques appartenant à des associations maçonniques - une mesure qui était en vigueur depuis la bulle papale de Clément XII.

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  • Le cardinal Zen publie une nouvelle critique du Synode sur la synodalité

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    De Matthew Santucci sur le Catholic World Report :

    Le cardinal Zen publie une nouvelle critique du Synode sur la synodalité

    16 février 2024

    Le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite de Hong Kong, a publié une nouvelle critique du Synode sur la synodalité, affirmant que le processus de discussion et de discernement en cours offre "deux visions opposées" de la nature, de l'organisation et du rôle de l'Église.

    "D'une part, l'Église est présentée comme fondée par Jésus sur les apôtres et leurs successeurs, avec une hiérarchie de ministres ordonnés qui guident les fidèles sur le chemin de la Jérusalem céleste", observe le cardinal de 92 ans dans un commentaire de près de 3 600 mots posté le 15 février et intitulé "Comment le Synode va-t-il se poursuivre et se terminer ?"

    D'autre part, on parle d'une synodalité indéfinie, d'une "démocratie des baptisés", poursuit-il, ajoutant : "Quels baptisés ? Est-ce qu'ils vont au moins régulièrement à l'église ? Puisent-ils leur foi dans la Bible et leur force dans les sacrements ?

    "Cette autre vision, si elle est légitimée, prévient-il, peut tout changer, la doctrine de la foi et la discipline de la vie morale.

    Se livrant à un examen plus approfondi de ces visions de l'ecclésiologie, le cardinal écrit que "pour ne pas y voir une contradiction, nous devons comprendre cette invitation à la synodalité non pas comme devant faire quelque chose de complètement nouveau, mais comme donnant une nouvelle impulsion à quelque chose qui a toujours existé dans l'Église".

    Zen reconnaît que les synodes ont été une "réalité historique" de l'Église. Cependant, alors que les synodes précédents se déroulaient dans le cadre de la tradition apostolique et étaient guidés par la "hiérarchie des ministres ordonnés qui guident les fidèles sur le chemin de la Jérusalem céleste", le synode actuel se caractérise par une "synodalité indéfinie" et une "démocratie des baptisés", affirme-t-il.

    "On nous dit que la synodalité est un élément constitutif fondamental de la vie de l'Église, mais en même temps on souligne que la synodalité est ce que le Seigneur attend de nous aujourd'hui. La participation et la communion sont évidemment des caractéristiques permanentes de l'Église une, sainte, catholique et apostolique. Mais dire que la synodalité est 'la chose que le Seigneur attend de nous aujourd'hui' ne signifie-t-il pas qu'il s'agit de quelque chose de nouveau ?

    "Pour ne pas y voir une contradiction, nous devons comprendre cette invitation à la synodalité non pas comme devant faire quelque chose de complètement nouveau, mais comme donnant une nouvelle impulsion à quelque chose qui a toujours existé dans l'Église".

    L'une des principales préoccupations du cardinal est la manière dont le Synode sur la synodalité est mené au niveau universel, en commençant par l'assemblée initiale au Vatican en octobre 2023 et en culminant plus tard dans l'année avec une assemblée finale en octobre.

    Se référant à l'appel du Synode sur la synodalité à "marcher ensemble", il pose la question suivante : "Quel est le but de ce voyage ? Existe-t-il un guide qui garantisse la bonne direction ?

    Dans son essai, le cardinal s'oppose également à l'intégration par le synode de la "conversation dans l'Esprit", un processus dialogique qui, selon lui, a été lancé par les Jésuites au Canada. "Imposer cette méthode aux travaux du synode est une manipulation visant à éviter les discussions", affirme-t-il. "C'est de la psychologie et de la sociologie, pas de foi ni de théologie.

    Le cardinal a déjà exprimé son inquiétude quant à la trajectoire du synode sur la synodalité dans une lettre adressée aux évêques quelques jours avant le début de la première session du synode en octobre.

  • Cardinal Simoni : J'ai célébré dans des cellules et des égouts, Dieu m'a sauvé de la mort

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    De Salvatore Cernuzio sur Vatican News (it) :

    Cardinal Simoni : J'ai célébré dans des cellules et des égouts, Dieu m'a sauvé de la mort

    Entretien avec le cardinal albanais que François a cité mercredi dernier à l'audience générale comme un "martyr vivant", le remerciant pour son témoignage et son service à l'Église : "L'hommage du Saint-Père est une fleur pour toute l'Église". À 95 ans, il parcourt le monde pour célébrer des messes, visiter des sanctuaires et pratiquer des exorcismes : "On m'appelle même 50 fois par jour". Aux croyants persécutés d'aujourd'hui, il assure : "La souffrance deviendra joie. Nous sommes des voyageurs, de passage".

    Alors qu'il parle aux médias du Vatican dans une pièce de la Casa Santa Marta où il est invité, le téléphone du cardinal Ernest Simoni - le cardinal albanais qui a survécu aux persécutions du régime communiste et qui est aujourd'hui cité par le Pape lors de l'audience générale comme un "martyr vivant" - sonne au moins une douzaine de fois. "J'ai deux téléphones portables, explique-t-il, un pour l'Europe, un pour l'Amérique. On m'appelle du monde entier... Près de 120 appels par jour". Une cinquantaine sont des demandes d'exorcisme ou des prières de délivrance. Il les prononce en latin, la même langue qu'il utilisait pour célébrer la messe clandestinement depuis la cellule où il avait été enfermé parce qu'il était un "ennemi" de ce que le président de l'époque, Enver Hoxha, avait déclaré être le "premier État athée du monde".

    Le cardinal, franciscain conventuel, se souvient parfaitement de cette époque : messes à 2 heures du matin ou derrière des barreaux, avec du pain cuit sur la cuisinière et du vin pressé à partir de grappes de raisin, liturgies dans les égouts et "amis" musulmans qui pleuraient parce qu'ils étaient "attirés par l'Esprit Saint". Aujourd'hui, à l'âge de 95 ans, Simoni "continue à travailler pour l'Église", comme l'a dit le pape. Il le fait en priant - continuellement -, en pratiquant des exorcismes, en se rendant dans des sanctuaires (hier la messe avec les gardes suisses, demain il sera à Arezzo pour la Madonna del Conforto) en Italie, en Europe, aux Etats-Unis. Il n'est pas fatigué et ne s'attribue aucun mérite : "Tout est grâce et protection divine". Il aime parler et raconter, en gesticulant ou en serrant ses doigts noueux comme pour prier. Parfois, il semble parler avec difficulté, ne terminant jamais une phrase qui ne contienne pas une action de grâce à Jésus et à la Vierge ou une citation littérale de la Bible.

    Éminence, aujourd'hui, le pape vous a salué et remercié devant tous les fidèles dans la salle Paul VI, en vous qualifiant de "martyr vivant". Quel effet ces mots ont-ils sur vous ?

    Avec le Saint-Père, nous nous sommes retrouvés hier soir pour dîner, ici, pour nous saluer, et nous avons discuté de questions de foi. Aujourd'hui, sous une forme à laquelle je ne croyais pas, cet hommage... Mais c'était une fleur pour l'Église, le peuple et Jésus qui est le père de tous les hommes. C'est lui qui m'a sauvé de la mort d'une manière particulière. Je suis vivant grâce à Dieu. Même quand j'étais curé dans les montagnes d'Albanie, très loin, j'ai risqué quatre fois de basculer à mille mètres de l'abîme à cause de la glace. Et j'ai été sauvé... Tout est providence divine, tout est grâce divine.

    Vous avez connu l'horreur de l'emprisonnement, de l'isolement, de la persécution et de la torture. Quel souvenir gardez-vous de cette époque, de cette longue période ?

    Je ne veux pas m'éterniser, mais beaucoup de choses... Deux fois avant mon arrestation, nous avons célébré la messe à deux heures du matin, par exemple, et les deux fois, de nombreux fidèles ont vu une statue de saint Antoine en train de pleurer. Ensuite, toujours grâce au Seigneur qui m'a gardé et protégé, j'ai pu célébrer la messe clandestinement en prison, de mémoire, en latin. Je connais le latin comme la langue albanaise, nous avions une méthode à l'allemande pour apprendre les langues classiques. À la messe, il y avait des musulmans qui pleuraient : des amis, de très bons amis, avec de grosses larmes parce que l'Esprit Saint les attirait. Un très gentil professeur musulman et sa femme prenaient des raisins dans le réfrigérateur. Nous les pressions pour faire du vin.

    Et le pain ?

    Nous avions des petits réchauds pour manger en prison et avec le pain qu'on nous donnait, nous faisions des hosties. Nous célébrions dans les conditions possibles... J'ai aussi célébré des messes dans les égouts, devant 200 personnes. Si on m'avait accusé, on m'aurait pendu. C'était la protection divine sous toutes ses formes. Aucun mérite de ma part.

    Vous avez immédiatement pardonné à vos bourreaux. Pourquoi ?

    La foi catholique ! Jésus avec un amour infini a aimé et aime tous les hommes et dit que la plus grande joie au ciel sera pour un seul pécheur qui se convertit et est sauvé et non pour des milliards d'anges et de saints. "Je suis venu pour les pécheurs...". Celui qui a un cerveau pur doit faire passer Jésus en premier.

    À ceux qui, comme vous, souffrent aujourd'hui de la persécution - le pape a parlé ce matin de tant de martyrs -, quel encouragement voudriez-vous donner ?

    Jésus a dit : "Comme ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi. Mais attention, votre souffrance se transformera en joie. Cette joie, personne ne pourra vous l'enlever. Tout est là, parce que nous sommes des voyageurs, des passagers....

    Au contraire, en ce moment historique du monde meurtri par les guerres, qu'avez-vous envie de dire ?

    Fraternité, fraternité, amour fraternel. Prêchez l'amour ultime pour l'humanité. Le paradis nous attend tous. Je parle de l'amour infini de Dieu et de Jésus pour tous les hommes, de toutes les confessions, de tous les peuples du monde. Il est le père de tous, il a versé son sang pour tous.  

    Vous avez 95 ans et vous continuez à servir l'Eglise, comme l'a dit le Pape...

    C'est toujours par la grâce de Dieu que je peux aller en Italie, en Europe, en Amérique. Je suis allé 25 fois en Amérique, j'ai célébré de nombreuses messes, 700 000 catholiques albanais y vivent. J'ai été ordonné pendant 55 ans, je n'ai jamais pensé que je serais cardinal, je remercie le Seigneur parce qu'il m'a donné la grâce spéciale d'être proche des âmes, de les réconcilier spirituellement. Je remercie aussi toujours la Vierge, Padre Pio et Jean-Paul II qui m'aide dans les exorcismes : certains m'ont dit qu'ils l'avaient vu... Comme le dit saint Augustin, il ne se passe pas un jour sans qu'il y ait un trait, un doigt, pour la vie éternelle. Pour la santé ? L'âge se compte avec les années mais la santé est entre les mains du Seigneur. On pleure la mort de quelqu'un mais la matière meurt, l'esprit est immortel.

  • Fiducia Supplicans affirme-t-elle l'hérésie ?

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    Du cardinal Müller sur First Things :

    Fiducia Supplicans affirme-t-elle l'hérésie ?

    16 février 2024

    Les conclusions sont : sans contenir une hérésie explicite ça engage des positions hérétiques. Les justifications données par Fernandez ou par le pape sont erronées ; on ne peut les approuver et un prêtre ne peut pratiquer ces bénédictions ; se n'est pas manquer à ses devoir envers le pape qu'être en désaccord, mais au contraire honorer sa charge.

    "La récente déclaration du Vatican Fiducia Supplicans contient-elle des enseignements contraires à la foi divine et catholique ? … Le communiqué de presse de la DDF du 4 janvier défend l'orthodoxie de Fiducia Supplicans en la citant, arguant que la déclaration ne change pas l'enseignement de l'Église catholique sur le mariage et la sexualité et ne dit rien d'hérétique. Il soutient que Fiducia Supplicans ne concerne pas la doctrine, mais des questions pratiques, et qu'il doit simplement être adapté à différents contextes et sensibilités.

    En réalité, la critique des évêques n'est pas que la déclaration nie explicitement l'enseignement de l'Église sur le mariage et la sexualité, c’est plutôt qu'en permettant la bénédiction des couples qui ont des relations sexuelles en dehors du mariage, en particulier les couples de même sexe, il nie l'enseignement catholique dans la pratique, sinon dans les mots. La critique est basée sur un principe traditionnel solide : lex orandi, lex credendi – le principe selon lequel la façon dont l'Église prie reflète ce que l'Église croit. Comme le dit le Catéchisme : « Quand l'Église célèbre les sacrements, elle confesse la foi reçue des apôtres ».

    Il y a, en effet, des pratiques catholiques qui ne peuvent être modifiées sans rejeter la doctrine catholique. … Par exemple, si quelqu'un affirmait en paroles l'enseignement catholique sur le baptême, mais qu'il admettait ensuite à l'Eucharistie ceux qui ne sont pas baptisés, il rejetterait l'enseignement catholique. Saint Thomas a dit que de telles contradictions créaient « le mensonge dans les signes sacramentels ».

    La question est donc de savoir si accepter les « bénédictions » « pastorales » et non liturgiques proposées par Fiducia Supplicans pour les couples en situation irrégulière, c'est nier la doctrine catholique – non pas dans une affirmation explicite, mais dans la pratique.

    Tout d'abord, nous devons considérer la distinction entre les bénédictions liturgiques et les bénédictions purement pastorales, car c'est sur cette distinction que s'appuie Fiducia Supplicans. Or, cette distinction entre les bénédictions est une nouveauté introduite par Fiducia Supplicans, qui n'a pas le moindre fondement dans l'Écriture, les Saints Pères ou le Magistère. Fiducia Supplicans affirme que les « bénédictions pastorales » ne sont pas liturgiques, pourtant, elles ont une structure liturgique, selon l'exemple donné dans le communiqué de presse de la DDF (une prière accompagnée du signe de la croix). Et de toute façon, … le fait que ce soit un prêtre, représentant le Christ, qui donne cette « bénédiction pastorale » en fait un acte liturgique dans lequel l'autorité du Christ et de l'Église est en jeu.

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  • Teilhard de Chardin : pour en finir avec le mythe

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    De Denis Sureau sur le site de La Nef :

    Teilhard de Chardin : en finir avec le mythe

    Denis Sureau nous présente un excellent essai qui peut nous aider à com­prendre les erreurs de Teilhard de Chardin : L’évolutionnisme théiste de Teilhard de Chardin, de Wolfgang Smith.

    Pasolini a écrit un jour que la théologie est l’une des branches de la littérature fantastique. On réservera cette assertion à la théologie-fiction de Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955). Malgré onze condamnations par l’Église, qui le réduisit au silence en raison des « graves atteintes à la doctrine catholique » développées dans ses livres, elle a connu un incroyable succès dans les années cinquante et surtout soixante, porté par la Compagnie de Jésus. Même de bons esprits furent alors séduits par une prose lyrique remplie de néologismes et des envolées poétiques attrayantes quoique bizarres. Son projet euphorique de réconcilier science moderne et foi était bien dans l’air d’un temps baigné d’optimisme sur fond d’avancées technologiques.

    Et pourtant, non seulement les thèses du jésuite sont dénuées de crédibilité scientifique, mais encore contraires aux vérités de foi les plus élémentaires. C’est ce que démontre longuement Wolfgang Smith dans un essai très riche. L’auteur est à la fois un philosophe inspiré et un scientifique de haut niveau, physicien et mathématicien, qui a notamment enseigné au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Teilhard était un paléontologue sans génie particulier, incompétent en biologie comme en physique, et les connaissances qu’il tenait de son métier (la découverte de fossiles) n’avaient pas de lien avec sa construction idéologique, comme il le reconnaissait dans sa correspondance. Ce qui explique pourquoi ses thèses ont été critiquées par des savants de renom.

    L’intention de Teilhard était de réintroduire Dieu à l’intérieur d’une vision scientifique dominée par l’évolution. Il ne cachait pas son intention de refonder le christianisme – un « christianisme amélioré », un « ultra-christianisme », un « métachristianisme », comme il disait – sur de nouvelles bases. L’univers était conçu sous un mode panthéiste : « Il n’y a au Monde ni Esprit ni Matière ; l’Étoffe de l’Univers est Esprit-Matière. » Selon une grande « loi de Complexité de la Conscience », « tout ce qui existe est Matière qui devient Esprit ». Pour lui, la doctrine de création ex nihilo est contredite par « l’énormité temporo-spatiale », les « immensités énergétiques », et les « insondables liaisons organiques du Monde phénoménal ». Pour Teilhard, « la grâce représente une sur-création physique. Autrement dit, elle est d’étoffe proprement biologique. »

    Il faut également abandonner notre conception d’un Dieu au-dessus du temps : « Autour de nous et en nous, par rencontre de son Attraction et de notre Pensée, Dieu est en train de “changer”… Par montée de la Quantité d’Union cosmique, son éclat, sa teinte s’enrichissent ! » Répugnant à la loi de l’entropie croissante de l’univers, Teilhard affirme que tout convergerait irrésistiblement vers un « Point Oméga » qui n’est autre que le Christ cosmique.

    L’une des pierres d’achoppement entre la vision de Teilhard et l’enseignement de l’Église est le dogme du péché originel. Dans un chapitre qui est peut-être le plus passionnant de son livre, Wolfgang Smith expose comment la Chute d’Adam s’insère dans une autre représentation des origines que celle du jésuite : « c’est cette catastrophe primordiale, et non la montée darwinienne, qui est responsable de la condition que nous connaissons aujourd’hui. » Au contraire, pour Teilhard, le mal est simplement assimilable au désordre causé par des processus naturels. Cette conception le conduit à une étonnante relativisation du péché de l’homme. Sa vision politique « néo-humaniste » s’appuie sur le phénomène de la « socialisation », l’agrégation par la collectivisation, qui le conduisit à une singulière complaisance pour les totalitarismes nazi et communiste. Il écrivait en 1938 : « Je ne sais où fixer mes sympathies, à l’heure présente : où y a-t-il plus d’espoir et d’idéal présentement ? En Russie, ou à Berlin ? »

    Toutes les vérités de foi sont finalement réinterprétées à sa façon, tant bien que mal, ou, pour les plus gênantes, abandonnées.

    On conseillera la lecture de ce livre à tous les teilhardiens, et en particulier aux jésuites, qui viennent d’ouvrir un Centre Pierre Teilhard de Chardin sur le plateau de Saclay, avec l’ambition d’en faire « un espace de dialogue entre sciences, philosophie et spiritualité ». Il eût été préférable de choisir un meilleur patronage.

    • Wolfgang Smith, L’évolutionnisme théiste de Teilhard de Chardin, L’Harmattan, 2023, 310 pages, 31€.
  • Acte d’offrande de soi-même au Sacré-Coeur de Jésus, composé par saint Claude La Colombière

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    Acte d’offrande de soi-même au Sacré-Coeur de Jésus, composé par Saint Claude La Colombière (source)

    Sacré Coeur de Jésus, apprenez-moi le parfait oubli de moi-même, puisque c’est la seule voie par où l’on peut entrer en Vous. Enseignez-moi ce que je dois faire pour parvenir à la pureté de votre amour, duquel Vous m’avez inspiré le désir. Je sens en moi une grande volonté de Vous plaire, et une grande impuissance d’en venir à bout sans une lumière et un secours très particuliers que je ne puis attendre que de Vous…

    Faites en moi votre volonté, Seigneur! Je m’y oppose, je le sens bien, mais je voudrais bien, ce me semble, ne pas m’y opposer. C’est à Vous à tout faire, divin Coeur de Jésus-Christ ; Vous seul aurez toute la gloire de ma sanctification, si je me fais saint : cela me paraît plus clair que le jour ; mais ce sera pour Vous une grande gloire et c’est pour cela seulement que je veux désirer la perfection. 

    Ainsi soit-il.

    * Jésuite, que Notre-Seigneur Lui-même qualifia de « fidèle serviteur et parfait ami » et qu’Il envoya à Paray-le-Monial afin qu’il y devienne le confesseur de Sainte Marguerite-Marie (cf. > ici) et que, par là, soit reconnue la vérité des voies mystiques de la religieuse jusque là soupçonnée d’être le jouet d’illusions diaboliques (voir sa biographie et son acte de confiance en Dieu > ici).

  • Saint Claude La Colombière (15 février)

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    St-Claude-Claude-Alliez.jpgClaude La Colombière, S.I. (1641-1682) (source)

    Claude La Colombière, troisième enfant du notaire Bertrand La Colombière et Marguerite Coindat, naquit le 2 février 1641 à St. Symphorien d'Ozon dans le Dauphiné.

    La famille s'étant déplacée à Vienne (France), Claude y fit ses premières études, qu'il compléta ensuite à Lyon jusqu'aux classes de Rhétorique et de Philosophie.

    C'est alors qu'il se sentit appelé à la vie religieuse dans la Compagnie de Jésus; mais nous ne connaissons pas les motifs de son choix et de sa décision. Par contre, dans ses écrits, il nous a livré cet aveu: "J'avais une horrible aversion pour la vie que je choisissais". Cette affirmation se comprend facilement pour qui connaît la vie de Claude, dont la nature, sensible au charme des relations familiales et aux amitiés, était portée vers l'art et la littérature et attirée par tout ce qu'il y avait de plus digne dans la vie de société. Mais il n'était pas homme à se laisser guider par le sentiment.

    A 17 ans, il entre au Noviciat de la Compagnie de Jésus, installé à Avignon. C'est là qu'en 1660 il passe du Noviciat au Collège pour terminer ses études de philosophie. Il y émet aussi ses premiers voeux de religion. A la fin des cours, il est nommé professeur de Grammaire et de Littérature; tâche qu'il assumera pendant cinq ans dans ce Collège.

    En 1666 il est envoyé à Paris pour étudier la Théologie au Collège de Clermont; il reçoit à la même époque une charge de haute responsabilité. Sa compétence notoire pour les études d'humanités, unie à des dons exquis de prudence et de finesse, amènent les Supérieurs à le choisir comme précepteur des fils de Colbert, Ministre des Finances de Louis XIV.

    Ses études terminées et ordonné prêtre, il retourne de nouveau à Lyon: il y est professeur pendant quelque temps, et ensuite se consacre entièrement à la prédication et à la direction de la Congrégation Mariale.

    La prédication de La Colombière se distingue surtout par sa solidité et sa profondeur; il ne se perdait pas en idées vagues, mais s'adressait avec à propos à un auditoire concret. Son inspiration évangélique avait le pouvoir de transmettre à tous sérénité et confiance en Dieu. La publication de ses sermons produisit dans les âmes, comme elle continue à le faire, de grands résultats spirituels; en effet, si l'on considère l'endroit où ils ont été prononcés et la brièveté de son ministère, ils semblent avoir moins vieilli que les textes d'orateurs plus célèbres.

    L'année 1674 est décisive dans la vie de Claude. Il fait son Troisième an de probation à la "Maison Saint-Joseph" de Lyon et au cours du mois traditionnel d'Exercices Spirituels, le Seigneur le prépare à la mission qu'il lui avait destinée. Les notes spirituelles de cette époque nous permettent de suivre pas à pas les luttes et les triomphes de son caractère, singulièrement sensible aux attraits humains, mais aussi généreux envers Dieu.

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  • Le message du pape pour le carême 2024

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    MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
    POUR LE CARÊME 2024

    À travers le désert Dieu nous guide vers la liberté

    Chers frères et sœurs !

    Lorsque notre Dieu se révèle, il communique la liberté : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage » (Ex 20, 2). C’est ainsi que s’ouvre le Décalogue donné à Moïse sur le mont Sinaï. Le peuple sait bien de quel exode Dieu parle : l’expérience de l’esclavage est encore gravée dans sa chair. Il reçoit les dix consignes dans le désert comme un chemin vers la liberté. Nous les appelons « commandements », pour souligner la force de l’amour avec lequel Dieu éduque son peuple. Il s’agit en effet d’un appel vigoureux à la liberté. Il ne se réduit pas à un seul événement, car il mûrit au cours d’un cheminement. De même qu’Israël dans le désert conserve encore en lui l’Égypte – en fait, il regrette souvent le passé et murmure contre le ciel et contre Moïse – de la même façon, aujourd’hui, le peuple de Dieu garde en lui des liens contraignants qu’il doit choisir d’abandonner. Nous nous en rendons compte lorsque nous manquons d’espérance et que nous errons dans la vie comme sur une lande désolée, sans terre promise vers laquelle tendre ensemble. Le Carême est le temps de la grâce durant lequel le désert redevient – comme l’annonce le prophète Osée – le lieu du premier amour (cf. Os 2, 16-17). Dieu éduque son peuple pour qu’il sorte de l’esclavage et expérimente le passage de la mort à la vie. Comme un époux, il nous ramène à lui et murmure à notre cœur des paroles d’amour.

    L’exode de l’esclavage vers la liberté n’est pas un chemin abstrait. Pour que notre Carême soit aussi concret, la première démarche est de vouloir voir la réalité. Lorsque, dans le buisson ardent, le Seigneur attira Moïse et lui parla, il se révéla immédiatement comme un Dieu qui voit et surtout qui écoute : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel » (Ex 3, 7-8). Aujourd’hui encore, le cri de tant de frères et sœurs opprimés parvient au ciel. Posons-nous la question : est-ce qu’il nous parvient à nous aussi ? Nous ébranle-t-il ? Nous émeut-il ? De nombreux facteurs nous éloignent les uns des autres, en bafouant la fraternité qui, à l’origine, nous liait les uns aux autres.

    Lors de mon voyage à Lampedusa, j’ai opposé à la mondialisation de l’indifférence deux questions de plus en plus actuelles : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9) et « Où est ton frère ? » (Gn 4, 9). Le parcours de Carême sera concret si, en les écoutant à nouveau, nous reconnaissons que nous sommes encore sous la domination du Pharaon. Une domination qui nous épuise et nous rend insensibles. C’est un modèle de croissance qui nous divise et nous vole l’avenir. La terre, l’air et l’eau en sont pollués, mais les âmes sont elles aussi contaminées. En effet, bien que notre libération ait commencé avec le baptême, il subsiste en nous une inexplicable nostalgie de l’esclavage. C’est comme une attirance vers la sécurité du déjà vu, au détriment de la liberté.

    Je voudrais souligner, dans le récit de l’Exode, un détail qui n’est pas sans importance : c’est Dieu qui voit, qui s’émeut et qui libère, ce n’est pas Israël qui le demande. Le Pharaon, en effet, anéantit même les rêves, vole le ciel, fait apparaître comme immuable un monde où la dignité est bafouée et où les relations authentiques sont déniées. En un mot, il réussit à enchaîner à lui-même. Posons-nous la question : est-ce que je désire un monde nouveau ? Suis-je prêt à me libérer des compromis avec l’ancien ? Le témoignage de nombreux frères évêques et d’un grand nombre d’artisans de paix et de justice me convainc de plus en plus à devoir dénoncer un défaut d’espérance. Il s’agit d’un obstacle au rêve, d’un cri muet qui monte jusqu’au ciel et touche le cœur de Dieu et ressemble à ce regret de l’esclavage qui paralyse Israël dans le désert, en l’empêchant d’avancer. L’exode peut prendre fin : autrement, on ne pourrait pas expliquer pourquoi une humanité qui a atteint le seuil de la fraternité universelle et des niveaux de développement scientifique, technique, culturel et juridique capables d’assurer la dignité de tous, tâtonne dans l’obscurité des inégalités et des conflits.

    Dieu ne s’est pas lassé de nous. Accueillons le Carême comme le temps fort durant lequel sa Parole s’adresse de nouveau à nous : «  Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage » (Ex 20, 2). C’est un temps de conversion, un temps de liberté. Jésus lui-même, comme nous le rappelons chaque année à l’occasion du premier dimanche de Carême, a été conduit par l’Esprit au désert pour être éprouvé dans sa liberté. Pendant quarante jours, il sera devant nous et avec nous : il est le Fils incarné. Contrairement au Pharaon, Dieu ne veut pas des sujets, mais des fils. Le désert est l’espace dans lequel notre liberté peut mûrir en une décision personnelle de ne pas retomber dans l’esclavage. Pendant le Carême, nous trouvons de nouveaux critères de jugement et une communauté avec laquelle nous engager sur une route que nous n’avons jamais parcourue auparavant.

    Cela implique une lutte : le livre de l’Exode et les tentations de Jésus dans le désert nous le disent clairement. À la voix de Dieu, qui dit : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1, 11) et « Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi » (Ex 20, 3), s’opposent en effet les mensonges de l’ennemi. Les idoles sont plus redoutables que le Pharaon : nous pourrions les considérer comme sa voix en nous. Pouvoir tout faire, être reconnu par tous, avoir le dessus sur tout le monde : chaque être humain ressent en lui la séduction de ce mensonge. C’est une vieille habitude. Nous pouvons nous accrocher ainsi à l’argent, à certains projets, à des idées, à des objectifs, à notre position, à une tradition, voire à certaines personnes. Au lieu de nous faire avancer, elles nous paralyseront. Au lieu de nous rapprocher, elles nous opposeront. Mais il y a une nouvelle humanité, le peuple des petits et des humbles qui n’a pas succombé à l’attrait du mensonge. Alors que les idoles rendent muets, aveugles, sourds, ou immobiles ceux qui les servent (cf. Ps 114, 4), les pauvres en esprit sont immédiatement ouverts et prêts : une silencieuse force de bien qui guérit et soutient le monde.

    Il est temps d’agir, et durant le Carême, agir c’est aussi s’arrêter. S’arrêter en prière, pour accueillir la Parole de Dieu, et s’arrêter comme le Samaritain, en présence du frère blessé. L’amour de Dieu et du prochain est un unique amour. Ne pas avoir d’autres dieux, c’est s’arrêter en présence de Dieu, devant la chair de son prochain. C’est pourquoi la prière, l’aumône et le jeûne ne sont pas trois exercices indépendants, mais un seul mouvement d’ouverture, de libération : finies les idoles qui nous alourdissent, finis les attachements qui nous emprisonnent. C’est alors que le cœur atrophié et isolé s’éveillera. Alors, ralentir et s’arrêter. La dimension contemplative de la vie, que le Carême nous fera ainsi redécouvrir, mobilisera de nouvelles énergies. En présence de Dieu, nous devenons des frères et des sœurs, nous percevons les autres avec une intensité nouvelle : au lieu de menaces et d’ennemis, nous trouvons des compagnons et des compagnes de route. C’est le rêve de Dieu, la terre promise vers laquelle nous tendons une fois sortis de l’esclavage.

    La forme synodale de l’Église, que nous redécouvrons et cultivons ces dernières années, suggère que le Carême soit aussi un temps de décisions communautaires, de petits et de grands choix à contre-courant, capables de changer la vie quotidienne des personnes et la vie d’un quartier : les habitudes d’achat, le soin de la création, l’inclusion de celui qui n’est pas visible ou de celui qui est méprisé. J’invite chaque communauté chrétienne à faire cela : offrir à ses fidèles des moments pour repenser leur style de vie ; se donner du temps pour vérifier leur présence dans le quartier et leur contribution à le rendre meilleur. Quel malheur si la pénitence chrétienne ressemblait à celle qui attristait Jésus. À nous aussi, il dit : « Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent » (Mt 6, 16). Au contraire, que l’on voie la joie sur les visages, que l’on sente le parfum de la liberté, qu’on libère cet amour qui fait toutes choses nouvelles, en commençant par les plus petites et les plus proches. Cela peut se produire dans chaque communauté chrétienne.

    Dans la mesure où ce Carême sera un Carême de conversion, alors l’humanité égarée éprouvera un sursaut de créativité : l’aube d’une nouvelle espérance. Je voudrais vous dire, comme aux jeunes que j’ai rencontrés à Lisbonne l’été dernier : « Cherchez et risquez, cherchez et risquez. À ce tournant de l’histoire, les défis sont énormes, les gémissements douloureux. Nous assistons à une troisième guerre mondiale par morceaux. Prenons le risque de penser que nous ne sommes pas dans une agonie, mais au contraire dans un enfantement ; non pas à la fin, mais au début d’un grand spectacle. Il faut du courage pour penser cela » ( Rencontre avec les jeunes universitaires, 3 août 2023). C’est le courage de la conversion, de la délivrance de l’esclavage. La foi et la charité tiennent la main de cette « petite fille espérance ». Elles lui apprennent à marcher et elle, en même temps, les tire en avant [1].

    Je vous bénis tous ainsi que votre cheminement de Carême.

    Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 3 décembre 2023, 1er dimanche de l’Avent.

    FRANÇOIS


    [1] Cf. Ch. Péguy, Le porche du mystère de la deuxième vertu, in Œuvres poétiques et dramatiques, Gallimard, Paris, 2014, p. 613.

  • Des retraites en ligne pour le carême 2024

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    A chacun de discerner...

    De Guillaume Daudé sur le site du journal La Croix :

    Carême 2024 : 10 retraites en ligne pour se préparer à Pâques

    Alors que le Carême commence mercredi 14 février 2024, nous avons recensé les nombreuses propositions de Carême en ligne. Formation, méditation, prière… ces parcours permettent de bénéficier d’un accompagnement spirituel quotidien et de se préparer de différentes manières à Pâques.

    Prie en chemin :« Appelés à la liberté. » Pendant ce Carême, les jésuites proposent de « parcourir notre vie quotidienne pour y voir plus clair dans nos habitudes, et sentir les chaînes dont il serait bon de se libérer ». Forts de la tradition ignatienne des Exercices spirituels, ils invitent à méditer quotidiennement la parole de Dieu à l’aide d’un texte ou d’une prière. Prieenchemin.org

    Carême dans la ville : « Votre peine se changera en joie » (Jean 16, 20). Les dominicains de Lille proposent chaque jour de méditer la parole de Dieu et de prier les vêpres avec les moniales de Beaufort. Tous les samedis, dans une vidéo, un dominicain approfondit le thème de « La joie, un fruit, une promesse »Caremedanslaville.org

    Prions en Église : « Priez en tout temps… ou presque. » Pendant quarante jours, la revue de Bayard, l’éditeur de La Croix, veut faire découvrir des prières pour tous les moments de la journée. « Les activités ordinaires et banales du quotidien, ainsi sanctifiées, vous aideront à prendre conscience de la présence de Dieu à tout instant, même dans les aspects les plus simples de votre vie. » www.prionseneglise.fr/

    Carmes déchaux de Paris : « Par la Croix vers la Lumière. » Les frères carmes déchaux de la Province de Paris proposent de vivre le Carême sur les pas du père Jacques de Jésus, un carme éducateur et résistant arrêté par la Gestapo en mars 1944 et dont le procès en béatification est aujourd’hui en cours. Retraites.carmes-paris.org

    Chrétiens unis pour la Terre : « Entendre le cri de la Terre et le cri des pauvres. » Le Carême pour la Terre, un « Carême écologique » proposé chaque année depuis 2013, souhaite cette année porter une attention particulière à ceux qui sont touchés par la crise écologique. Lectio divina dans la Création, cercle de parole et d’écoute bienveillante, création d’affiches sur la justice climatique et sociale… Autant d’initiatives pour accompagner les chrétiens sur la transition écologique et leur faire vivre des moments de fraternité. Chretiensunispourlaterre.org

    Un Carême autour de la paix avec Prier aujourd’huiPorté par la communauté de l’Emmanuel, ce parcours propose un podcast chaque jour du Carême « pour accueillir la paix de Dieu en nous et autour de nous ». Chaque semaine est consacrée à un aspect de la paix : « la paix avec soi, dans les familles, la société, le monde, entre frères et avec Dieu »Prieraujourdhui.com

    MOOC « Suivre le Christ ». Ce parcours spirituel soutenu par Magnificat, Mame, Aleteia et Famille chrétienne consiste à recevoir un mail quotidien avec une vidéo, un texte d’un grand auteur chrétien ou du Catéchisme de l’Église catholique et une prière. Trois pistes de méditations sont enfin avancées pour « se mettre en route à la suite du Christ »formation-catholique.fr

    Prixm : une newsletter décalée. Le média en ligne porté par le Collège des Bernardins et l’École biblique de Jérusalem proposent chaque jour un « contenu drôle et intelligemment décalé » pour faire redécouvrir la Bible à la lumière de la culture contemporaine. Prixm.org

    Esprit de patronage : un Carême sur les pas de saint Philippe Neri. L’incubateur Esprit de patronage a élaboré un livret de Carême à l’attention des équipes éducatives des patronages et de tous ceux qui souhaitent découvrir cette pédagogie. L’objectif : faire « découvrir comment saint Philippe Neri a su trouver la joie dans la simplicité, l’humilité et le service des autres ». .bonconseil.org

    Mouvement Laudato si’ : « S’arrêter et écouter. » Ce mouvement propose une retraite de Carême européenne pour « s’arrêter et écouter la douleur de la Création », en se concentrant chaque semaine sur « un thème important du défi écologique auquel nous sommes confrontés »Laudatosilent.org

    Enfin, la plateforme Hozana recense de nombreux autres parcours thématiques pour le Carême : sainteté, mission, L’Imitation de Jésus-Christ, etc.