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Foi - Page 38

  • Mgr Rey : retour sur une éviction qui soulève l'indignation sur le web

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    De Franca Giansoldati sur le Messaggero :

    L'évêque Dominique Rey a été évincé
    Le pape François torpille un évêque conservateur dont les séminaires sont pleins, l'indignation sur le web ne faiblit pas.

    vendredi 10 janvier 2025

    Cette fois-ci, pas de scandales sexuels, pas de pédophilie et pas même l'ombre d'une corruption. Ce qui semble avoir déterminé l'éviction fracassante d'un évêque français, c'est seulement sa prédisposition flagrante à accueillir, sur le territoire de son diocèse de Fréjus-Toulon, trop de conservateurs et de prêtres amoureux de la messe en latin. Une tendance que le pape Bergoglio ne tolère plus, à l'instar de nombreux cardinaux de la curie qui se sont penchés sur ce dossier.

    Des religieuses renvoyées du couvent, le Vatican les expulse de l'Église pour insubordination : « Elles veulent la messe en latin

    La démission demandée et obtenue il y a quelques jours a soulevé une vague d'indignation chez de nombreux catholiques et la nouvelle continue d'alimenter la controverse à distance sur les médias sociaux. Le fait est que la guerre contre les traditionalistes (particulièrement dure en France) sous ce pontificat semble inévitable pour couper l'herbe sous le pied des poches de résistance et d'opposition interne opposées aux réformes et à la réalisation d'une Église moins rigide, plus ouverte et moderne.

    Evincé prématurément et contraint de démissionner avec trois ans d'avance, l'évêque Dominique Rey, dans une interview accordée à l'hebdomadaire Famille Chrétienne, a utilisé des mots clairs. Obéir. « On me reproche principalement l'accueil trop large de communautés ou de vocations sacerdotales et religieuses, notamment issues du monde traditionnel, ainsi que des dysfonctionnements dans la gestion économique et financière du diocèse ».

    Le sentiment d'injustice dans cette affaire est pourtant paradoxal, puisque c'est précisément sous la houlette de ce prélat que son diocèse s'est énormément enrichi de séminaristes et de fidèles, à un moment de l'histoire où les églises sont désertées et où les jeunes s'éloignent.

    De son côté, la Conférence des évêques de France a souhaité, dans un communiqué, « une belle et nouvelle étape pastorale au diocèse de Fréjus-Toulon et à ses fidèles ». Comme pour dire qu'une nouvelle page se tourne. Le diocèse avait également fait l'objet d'une récente visite du cardinal Aveline de Marseille, cardinal de confiance du souverain pontife, qui avait analysé tous les secteurs diocésains, toute la documentation et les archives, recueillant des témoignages. Les conclusions qu'Aveline a remises au Pape n'ont manifestement pas dû être très favorables à l'évêque, puisqu'il a été démis de ses fonctions peu de temps après. Le cas du diocèse de Toulon, depuis longtemps dans le collimateur de Rome en raison de sa forte concentration de conservateurs, n'est que le dernier acte d'une longue guerre souterraine visant à contrôler et à déresponsabiliser la minorité favorable à la célébration de la messe en latin. 

  • "L’Église de notre époque ne se comporte pas comme une épouse amoureuse de Jésus-Christ."

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    De Mgr Eleganti, docteur en théologie, sur Katholisches Info traduit sur "Benoît et moi" :

    10 Jan 2025

    Je commencerai par une remarque préliminaire : la synodalité au sens de la consultation et de l’écoute mutuelle et de la considération, au sens de la reconnaissance mutuelle de la position propre donnée par Dieu (ministère et charisme), est pour moi une évidence. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit dans ce qui suit, car cela ne souffre pas de discussion. Ce qui m’importe, c’est ce qui suit:

    L’Église de notre époque ne se comporte pas comme une épouse amoureuse de Jésus-Christ.

    Par « Église », je n’entends pas les croyants individuels, auxquels le reproche ne s’applique pas, mais ce qui est absent dans la proclamation officielle de l’Église d’aujourd’hui à tous les niveaux.

    L’Église veut être une Église ouverte au dialogue, inclusive, apprenante et, dans toutes ses positions, flexible et fluide, qui ne condamne personne ni rien, et encore moins une Église qui sait mieux ou qui connaît la vérité. La « fluidité » dans tous les domaines et positions est sa caractéristique. C’est pourquoi toutes les décisions prises en son sein doivent faire l’objet d’un processus permanent et être fondamentalement révisables. Rien n’est éternel. Le « processus » est un autre mot pour l’ « Esprit Saint ». La « nouvelle ouverture » promue en conséquence s’appelle « synodalité ».

    Encore une fois, il est frappant de constater que l’Église synodale parle très peu de Jésus-Christ, mais beaucoup de tout (autre chose) : Notamment de ses propres formes d’organisation et de communication, de ses outils spirituels et de ses structures, des questions sur son propre pouvoir de définition dans le fonctionnement de l’Eglise.

    Ici aussi, le mot magique est « synodalité », synonyme dans ce contexte d’une hiérarchie aplatie entre laïcs et ordonnés. L’accent est mis sur le sacerdoce universel des baptisés, comme cela a déjà été le cas pour les mêmes raisons à l’époque de la Réforme.

    Cette Église parle à tous, ce qui est à saluer, et veut inclure tout le monde sans condition. Elle considère de manière générale et sans distinction tous les hommes comme des enfants de Dieu, indépendamment de leur religion et de leur confession. Elle se montre inconditionnelle à leur égard en leur promettant le salut, quels que soient leur mode de vie et leurs croyances.

    Mais concrètement, selon l’Évangile et la tradition apostolique, il n’y a pas d’autre chemin vers le salut que celui de Jésus-Christ. Et nous devrions le proclamer, et non pas simplement nous reposer sur lui. JÉSUS-CHRIST lui-même connaît en tout cas des conditions d’admission au royaume de Dieu, à commencer par la foi en LUI, le FILS DE DIEU.

    L’Église ne parle plus aujourd’hui d’un danger pour le salut éternel, même lors des enterrements et dans le contexte interreligieux. Pourtant, en 2000 ans d’histoire de l’Église qui viennent de s’écouler, c’était la question de toutes les questions et l’axe principal de la prédication : « Mais le salut vient par JÉSUS-CHRIST ! ».

    [Aujourd’hui], on espère en toute confiance que le défunt ou tous les hommes entreront dans la paix de Dieu, peu importe comment ils ont vécu ou ce qu’ils ont cru ou non, aimé ou combattu, éventuellement par la violence. Le rejet explicite de JÉSUS-CHRIST n’apparaît pas comme un problème ou comme un problème qui sera tranché positivement post-mortem, même pour les personnes qui adhèrent à d’autres religions. Seuls les missionnaires comme Saint François Xavier voulaient encore sauver des âmes et baptiser ou sauver ainsi le plus de personnes possible.

    Cette église offre beaucoup de choses. Elle est ouverte sur le plan pastoral. Mais elle ne parle plus de JÉSUS-CHRIST comme réponse à tout, comme « DIEU de DIEU, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non créé, de même nature que le PÈRE » (Credo).
    .
    C’est là que l’esprit des membres de l’Église du présent et de l’avenir est violemment ébranlé. On n’entend pas cette profession de foi dans leur bouche (à mon humble avis). Au mieux, on y croit encore vaguement, plutôt pas, ou alors avec d’énormes réductions ou domestications de ce scandale. Ad extra, par exemple dans le dialogue interreligieux, on n’en entend pas parler. En revanche, on y apprend des choses faciles à digérer sur le plan social, psychologique, pastoral et interreligieux.

    Il est surtout question d’« être humain ».

    Pour cette sorte de chrétiens, JESUS-CHRIST est une solution parmi d’autres, au mieux l’option préférée, mais pas la seule valable, irréfutable, exclusive et indispensable pour aller vers Dieu, vers la vérité et dans (cette) vérité vers soi-même (Romano Guardini) ou mieux encore : pour être sauvé ! 

    Je doute souvent que ces baptisés et très souvent ceux qui sont au service de l’Église soient vraiment profondément convaincus de la divinité de JESUS-CHRIST et de son caractère absolu ou universel (je ne parle pas ici d’amour du prochain, mais de dures exigences de vérité). On ne le sent pas et on ne le lit pas.

    En réalité, l’Église ne devrait parler au monde que de JÉSUS-CHRIST. Elle n’a en effet rien d’autre, de meilleur, à proposer. On en lit peu dans ses derniers documents. Au lieu de Le présenter à chaque cœur humain comme la vie par excellence ; comme la lumière qui éclaire et met en lumière tout ce qui se trouve dans sa vie ; comme l’onguent qui soulage et guérit toute douleur ; comme la vérité qui concerne tout le monde ; comme le Dieu concret à côté duquel il n’y en a pas d’autre ; comme Dieu visible qui s’adresse à tout homme et lui demande d’entrer dans sa vie et dans son cœur ; comme accomplissement par excellence ; comme unique voie de salut ; comme rédempteur et pardon de nos péchés – la liste est longue – elle proclame la « synodalité », définitivement hors sujet pour ceux dont il s’agit en premier lieu dans leur mission auprès des peuples.

    L’Église contemporaine ne joue plus l’atout qui empoche toutes les cartes [Die Kirche der Gegenwart spielt die Karte, die alle auf dem Tisch liegenden sticht und einstreicht, nicht mehr aus – traduction peu sûre, ndt] qui sont sur la table. Elle jette dans le jeu toutes sortes de cartes nouvellement créées pour inclure des coéquipiers ou des personnes qui souhaitent en faire partie ou qui ont quitté le jeu parce qu’elles estiment avoir de mauvaises cartes. Mais elle ne gagne pas un seul tour. D’autres raflent la mise. Le christianisme – et c’est JÉSUS-CHRIST (Romano Guardini) – se dilue et n’est majoritairement plus transmis, du moins chez nous.

    Pourquoi ? Parce que les joueurs ne sont ni amoureux de Jésus-Christ, ni convaincus de lui au sens exclusif du terme. Parce qu’ils ne considèrent plus JESUS-CHRIST comme la carte maîtresse qui bat toutes les autres. De toute façon, elle n’est plus jouée aujourd’hui sur le plan interreligieux.

    Les joueurs discutent d’autres choses. L’essentiel est d’être ensemble, fraternellement, et d’essayer de rester dans le jeu ou le dialogue. Chacun peut participer. Les règles sont en train d’être renégociées au sein de l’Église, afin de ne pas faire preuve d’un esprit de vainqueur ou de rejet vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas la même foi et qui pensent différemment ou qui sont « autrement catholiques » (un néologisme créé par Mgr Bätzing [pour mémoire, président de la conférence des évêques allemands, principal promoteur de la « Voie synodale », ndt]).

    Mais la partie est perdue pour les raisons décrites. C’est la carte maîtresse qui n’est pas jouée, quelle qu’en soit la raison. L’essentiel est de rester dans le jeu, mais au détriment des participants. Des règles (ou des vérités) exclusives qui signifieraient l’exclusion des joueurs et des co-joueurs ne sont pas respectées par toutes les parties et sont considérées comme dépassées. Cela ne s’est jamais produit jusqu’à présent ; mais cela se passe sous nos yeux.

    « Apocalypse now ! » Un coup d’œil au Catéchisme de l’Église catholique (11 oct. 1992) aiderait tout le monde.

    « Nul ne vient au PÈRE que par MOI ! » est toujours valable.

    *Mgr Marian Eleganti OSB, docteur en théologie, a été de 1999 à 2009 abbé de l’abbaye bénédictine de St. Otmarsberg dans le canton de Saint-Gall, puis évêque auxiliaire du diocèse de Coire de 2009 à 2021. Mgr Eleganti tient un blog personnel.

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    Les contributions de Mgr Eleganti jusqu’à présent :

  • Qui était vraiment George Pell ?

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Une nouvelle biographie du cardinal Pell publiée deux ans après sa mort subite

    Tess Livingstone souligne dans son livre la résilience du cardinal Pell face à l'adversité et comment sa foi inébranlable lui a servi de source de force tout au long de ses épreuves.

    L'auteur Tess Livingstone (à droite) et la couverture de sa biographie du cardinal George Pell
    L'auteure Tess Livingstone (à droite) et la couverture de sa biographie du cardinal George Pell (photo : avec l'aimable autorisation de Carmel Communications et d'Ignatius Press)

    Deux ans après la mort inattendue du cardinal George Pell, une nouvelle biographie du chef de l'Église australienne plus grand que nature a été publiée, promettant de servir de document historique définitif sur la vie et les réalisations du cardinal. 

    Intitulée Cardinal George Pell : Pax Invictus (« Paix aux invaincus »), une amie de longue date du défunt prélat et correspondante du journal The Australian, Tess Livingstone, a écrit une biographie complète et faisant autorité en 38 chapitres, incluant les nombreux défis auxquels le cardinal Pell a été confronté au cours de ses dernières décennies.

    S'appuyant sur la biographie beaucoup plus courte de Livingstone publiée en 2002 avant qu'il ne soit nommé cardinal, Pax Invictus - des mots tirés d'une inscription sur un mémorial de guerre de Melbourne que le cardinal Pell admirait depuis longtemps - comprend ses premières années dans le sud de l'Australie en tant que fils d'un propriétaire de pub alors qu'il aspirait à devenir joueur professionnel de football australien, ainsi que sa période de formation à l'Université d'Oxford et à l'Université pontificale urbanienne de Rome. 

    Mais cette version très développée d'Ignatius Press couvre désormais les nombreux événements importants qui ont eu lieu au cours des 20 dernières années, y compris ce que Livingstone décrit comme son travail « énorme » pour le comité Vox Clara qui a aidé à guider la nouvelle traduction anglaise du Missel romain et sa création de la chapelle et de la maison d'hôtes Domus Australia à Rome qui est devenue l'un de ses « endroits préférés » dans la Ville éternelle.

    Livingstone décrit en détail le rôle bien connu et essentiel joué par le cardinal dans la réforme des finances du Vatican, notamment les nombreux défis auxquels il a été confronté au cours du processus, et les souffrances qu’il a endurées en raison d’une erreur judiciaire très médiatisée en Australie qui l’a vu passer 404 jours en prison en 2019 et 2020 sur de fausses accusations d’abus sexuels sur des enfants. « Avec le recul, c’était tellement illogique », dit Livingstone au Register. « C’était tellement ridicule. »

    Dans une interview accordée au Register dans le hall d’un hôtel situé à quelques rues de l’oratoire de Brompton, dans le centre de Londres, Livingstone a confié que la mise à jour du livre avait été lancée par un appel téléphonique du père jésuite Joseph Fessio, directeur d’Ignatius Press, qui lui avait demandé de développer sa première édition. La notoriété du cardinal Pell avait « explosé » depuis lors, a-t-elle déclaré, « donc beaucoup de choses ont été ajoutées à ces chapitres ».

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  • Notre-Dame et l'avenir de l'Église aux Pays-Bas

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    De Mgr Rob Mutsaerts évêque auxiliaire de 's-Hertogenbosch :

    Notre-Dame et l'avenir de l'Église aux Pays-Bas

    Notre-Dame a été ressuscitée dans toute sa splendeur et sa gloire. Dieu merci, car au départ, il y avait des plans très différents. Bon, il y a quelques ratés : un autel minimaliste en bronze au design étrange qui détonne avec la grandeur de la cathédrale, des sièges en métal, des fonts baptismaux qui ne ressemblent pas à des fonts baptismaux, une chape qui semble empruntée à un clown et des calices bizarres. - mais l'ensemble montre une grande beauté. Les cérémonies liturgiques entourant la réouverture de Notre-Dame ont également été dignes. Cela amène les croyants à s’élever au-dessus du banal et à entrer dans le surnaturel. C’est cette dernière qui fait cruellement défaut à notre époque, à l’époque où tout doit être compréhensible. Le latin serait incompréhensible et ennuyeux. Le sacré a laissé la place au relationnel.

    Comment est-il arrivé que nous voyons aujourd'hui dans les cercles religieux : des drapeaux arc-en-ciel, des militants LGTB dansant autour de l'autel, des groupes de second ordre jouant des airs pop, des sermons qui sont plutôt des expressions du politiquement correct. Pourquoi le beau et le vrai ont-ils laissé la place à la laideur et aux opinions ? Bâtiments laids, murs blanchis à la chaux, iconoclasme et spectacles mal joués qui passent pour de la liturgie. Les bancs à genoux et les rampes de communion ont été supprimés. Le mystère, le sacré, le surnaturel ont dû céder la place à la planéité horizontale.

    À Notre-Dame, j'ai vu le respect de la Tradition, j'ai entendu les chants célestes des enfants, j'ai senti une faim de transcendant. Le Christ était une fois de plus central. Je vois un tel désir parmi les soi-disant nouveaux catholiques, dont nous parlerons plus loin. Mais cela n’a pas encore pénétré Rome. Là, ils s'intéressent au nouveau mot à la mode, Synodalité. Si seulement nous devenons synodaux, l'Église redeviendra attractive et l'Église aura à nouveau un avenir, telle est l'opinion ferme. Si nous écoutons simplement, tout sera différent. Les gens donnent l’impression que les pasteurs n’ont jamais écouté depuis 2 000 ans. Je ne pense pas qu'ils fassent quelque chose de différent chaque jour. On donne l’impression que le Saint-Esprit est endormi depuis 2 000 ans. Je vois quelque chose de différent. C’est précisément l’esprit de l’ère laïque moderne qui a séduit les gens. La direction de l’Église ressemble à Démas, que Paul a abandonné par amour pour le monde laïc. Et à Judas qui croyait que l’argent dépensé pour Jésus aurait été mieux dépensé pour les pauvres. Ceci est bien accueilli par les plus libéraux. Ils sont comme ceux qui réclament Barabbas, le militant qui recherchait une utopie mondaine. Ils disent : nous prendrons les choses en main. Jésus, quant à lui, a fait la volonté du Père et a choisi la croix. Cela semblait être un échec, mais c’est la croix qui a apporté le salut.

    Pourquoi les gens ont-ils quitté l’Église au cours des soixante dernières années ? Parce que l’Église les a laissés tomber. L’Église a égaré les gens de l’Église. Oui, dit l’Église, nous défendons l’environnement, le changement climatique, la diversité, les pauvres et des choses de ce genre. Et cela est plus important que la liturgie digne, la sacralité, l’appel à la conversion et la priorité au salut des âmes. Les gens oublient que c’est précisément cela qui nourrit les gens pour qu’ils accomplissent réellement les œuvres de miséricorde. Mère Teresa, Peerke Donders, Saint François, le Père Damien n'auraient jamais fait ce qu'ils ont fait s'ils ne s'étaient pas nourris des sacrements, de la prière, de l'adoration eucharistique et du chapelet. Non, ils ne s’en sont pas remis à la politique ou aux institutions. Mère Teresa a été très claire à ce sujet : « Si les gens ne changent pas, les structures ne changeront pas non plus. » Depuis les années 1960, l’Église a simplifié la religion, n’en a plus identifié l’essence et n’a corrigé aucun déraillement. Regardez les abus liturgiques qui sont monnaie courante. À Vormselmissen, je suis régulièrement terrorisé par des chœurs qui ne chantent que les 2000 meilleures chansons. J'ai déjà fait l'expérience que la chorale, accompagnée d'un groupe assourdissant, ne chantait que des chansons de Bruce Springsteen. « Parce que la nuit appartient aux amoureux » était la chanson d'offrande. A la fin de la messe, j'en étais sûr : nous ne reverrons plus jamais ces confirmations à l'église. Lors d'une autre messe de confirmation (Nimègue), le curé refuse la communion à une confirmation qui voulait communier sur la langue. C'est en réalité très clérical : ce prêtre fait ses propres règles et les impose aux fidèles.

    C'est le problème de l'Église depuis Vatican II : l'Église n'enseigne pas ce qu'enseigne l'Évangile. Nous avons peur d’exprimer des opinions catholiques. Quel pasteur parle encore du salut des âmes, des quatre extrêmes, du pardon des péchés ? Nous avons tendance à nous en éloigner. Nous nous excusons pour le collègue occasionnel qui regarde et prie dans une clinique d'avortement. Nous soutenons la décision du conseil d'administration d'une école catholique romaine (Limbourg) qui refuse l'accès à l'école aux sœurs parce que ces sœurs n'ont mentionné qu'une seule variante lorsqu'elles discutent du sacrement de mariage : homme/femme. Pas étonnant que l’Église soit en train de mourir. Que défendons-nous réellement ? Le Pape qui interdit la messe traditionnelle latine à Chartres et à Notre-Dame et met un pèlerinage LGTB au programme de l'Année Sainte la même semaine. Nous aspirons tant à la « Liberté et au Bonheur », mais dans la pratique, cela tend à aboutir à la débauche et à l'insatisfaction. Ce qu’il faut, ce sont des normes et des valeurs que nous avons en commun. D'où est-ce qu'on tient ça ? Des normes et des valeurs qui s'appliquent à tous et à tout moment. Oui, il existe une vérité qui s’applique à tout le monde. Et oui, nous pouvons les connaître. Socrate, Platon et Aristote le savaient déjà. Cette loi naturelle a une origine surnaturelle que le monde profane ignore.

    Que s'est-il passé après Vatican II ? Les gens sont entrés en dialogue avec le monde. Ce n'est pas déraisonnable. Mais qu’ont-ils fait ? Ils ont temporairement mis entre parenthèses la vérité de la foi catholique pour entrer en conversation avec la modernité. Cela a finalement conduit à une adhésion totale au monde laïc. L’Église était si désireuse de démontrer sa pertinence pour le monde qu’elle a complètement perdu son identité. Il a été conclu que le Saint-Esprit était autant, voire plus, à l’œuvre dans le monde séculier que dans l’Église elle-même. On est même allé jusqu’à relativiser, voire nier, les vérités intemporelles de l’Église. Ils ne seraient que le produit de l’imagination des thomistes et autres théologiens dépassés. Cela s’est traduit par une traduction complètement horizontale de l’Évangile. La métaphysique a été jetée par-dessus bord, l’accent a été mis sur la communauté. La conséquence est une liturgie plate, dans laquelle il n’y a plus de place pour le péché et le pardon. La faute est tombée sur les autres. Ce sont les structures qui devaient simplement changer. Le mea culpa est devenu tua culpa, parce que je vais bien, ce n'est pas ma faute. Le caractère sacré était devenu méconnaissable. On ne croyait plus à la réalité présente. C'était devenu un symbole, rien de plus. La présence de Jésus est en nous, pas dans le pain et le vin. L'Eucharistie était reléguée à un repas. C'est pourquoi Jan et Alleman sont invités à recevoir l'hôte, présenté par Flip et Loulou en jeans assortis. Évidemment pas à genoux et sur la langue. C'est juste un symbole. Jésus ne s'est-il pas également assis à table avec les pécheurs ? (Eh bien, non. Lors de la Dernière Cène, seuls les apôtres étaient présents. Jésus a explicitement lié cette Dernière Cène au sacrifice sur la croix le lendemain). Pourquoi célébrer uniquement les messes alors que nous pouvons également proposer des services de toilettes ? Flip et Loulou savent très bien faire ça.

    Il doit s’agir de justice sociale, de soupes populaires et d’action. Oui, surtout de l'action. Nous nous dressons contre la discrimination et le racisme, nous participons au débat social sur le changement climatique. Nous sommes bien sûr inclusifs et diversifiés et arborons le drapeau arc-en-ciel. On ne parle évidemment pas d’avortement, d’euthanasie et de mutilation des personnes transgenres. La distinction entre le sacré et le profane a complètement disparu.

    Les jeunes, en particulier, l'ont parfaitement compris et ont voté avec leurs pieds. Si la liturgie est un désordre incohérent, si vous n’êtes pas mis au défi d’organiser votre vie différemment, où le pardon et le péché sont des mots interdits, alors à quoi bon ? La bonne liturgie, la clarté et la cordialité font la différence. Les jeunes cherchent des réponses aux questions. Et nous avons ça. Des réponses raisonnables. Fides quaerens intellectum, on s'en souvient ? Ce que l’Église doit faire, c’est mettre à nouveau l’accent sur le sacré, comme étant d’un ordre différent et supérieur. C'est pourquoi nous avons des lieux saints, des liturgies sacrées, des édifices consacrés destinés uniquement au culte et à la dévotion. C’est pourquoi il faut distinguer le langage sacré de la liturgie du langage courant. D’ailleurs, si l’on ignore le surnaturel, cela se fait également au détriment du naturel, qui est réduit à un contenu plat et dénué de sens. La disparition de la religion de la société se fait également aux dépens du laïc. Qui s’intéresse à une religion dépouillée du sacré ? Personne. C'est juste ennuyeux. La liturgie plate n'est qu'une mauvaise pièce avec un scénario bizarre interprété par des acteurs de second ordre. Il n’est pas étonnant que les jeunes avides de sens, avides de pardon, avides de vérité ne s’intéressent pas du tout à Laudato Si, à Fiducia Supplicans et à la Synodalité. Les paroisses et les diocèses qui croient s'y engager n'attirent pas les jeunes. Où les trouve-t-on : dans des paroisses où les choses sont simplement traditionnelles, où la Sainte Messe reste la Sainte Messe, où le sacré est souligné, où la liturgie se distingue clairement du mondain. C'est là que vous découvrez quelque chose que vous ne saviez pas auparavant. C'est un mouvement vers la beauté, la vérité, la sacralité, vers la dévotion, vers les lieux où l'on offre le sacrement de la confession, où l'on prie le chapelet. Là je vois des familles, là je vois des jeunes, là je vois l'avenir de l'Église. Celui-là a l'air bien.

    +Rob Mutsaerts

  • La « Conversation dans l’Esprit » : un instrument de manipulation

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    De George Weigel sur First Things :

    La « Conversation dans l’Esprit » et l’avenir catholique

    Différentes cultures – anglaise, turque, chinoise – prétendent avoir inventé la maxime « Le poisson pourrit par la tête » (une maxime favorite dans la capitale de votre pays pendant les années malheureuses où les Redskins/Commanders appartenaient à Daniel Snyder). Appliqué à l’Église, cet idiome suggère que lorsque la théologie est décadente, de mauvaises choses s’ensuivront dans la vie de la foi. Ou, pour le dire plus rigoureusement, un catholicisme intellectuellement décadent (le catholicisme allégé) mène inévitablement à un catholicisme mort (le catholicisme zéro).

    Ce qui nous amène à la conférence sur « L’avenir de la théologie », parrainée par le Dicastère pour la culture et l’éducation du Vatican et qui s’est tenue à l’Université pontificale du Latran les 9 et 10 décembre derniers. 

    Parmi les intervenants vedettes de la conférence figuraient le père James Keenan, SJ, du Boston College, et le Dr Nancy Pineda-Madrid de l'université Loyola Marymount de Los Angeles. 

    Le père Keenan s’est fait connaître du grand public en 2003, lorsque, lors d’un témoignage devant le Comité judiciaire de l’Assemblée législative de l’État du Massachusetts, il s’est opposé à un projet de loi définissant le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme, le qualifiant de « contraire à l’enseignement catholique sur la justice sociale », car une telle loi constituerait une « discrimination active et injuste contre les droits sociaux fondamentaux des homosexuels et des lesbiennes ». Lors de la conférence du Latran en décembre dernier, Keenan aurait consacré une partie considérable de son temps à fustiger Donald Trump, dont le lien avec « l’avenir de la théologie » n’est pas immédiatement évident.

    La page de la faculté du Dr Pineda-Madrid sur le site Web de la LMU la décrit comme « une théologienne féministe qui étudie l'expérience de la foi latino/x » et l'auteur d'un livre « plaidant pour une nouvelle interprétation théologique du salut où la vie des femmes compte ». En juin 2024, elle a été élue présidente de la Catholic Theological Society of America. Mais les théologiens de la CTSA représentent-ils « l'avenir de la théologie » ?

    Les preuves de ce phénomène ne sont pas abondantes dans l’université de Pineda-Madrid. En effet, alors que Loyola Marymount compte actuellement 7 094 étudiants de premier cycle, le site Internet « Institutional Research and Decision Support » de la LMU indique que l’université a décerné  une  licence en théologie au cours de l’année universitaire 2023-2024. Ce manque marqué d’intérêt des étudiants pourrait s’expliquer en partie par la page de la faculté de la collègue du Dr Pineda-Madrid au département de théologie de la LMU, le Dr Layla Karst, qui propose un séminaire intitulé « Bad Catholics ». Les étudiants y apprennent des « voix » de « théologiens féministes, de théologiens noirs et féministes, de théologiens queer et d’éco-théologiens » sur la « lutte pour la croyance orthodoxe et la bonne pratique qui se déroule dans le cadre de relations de pouvoir asymétriques ».

    Le fait que plusieurs des participants à la conférence du Latran aient refusé de discuter en détail de ce qui s’y était dit en dit long sur l’atmosphère d’intimidation ecclésiastique qui règne actuellement à Rome, même si une âme courageuse a qualifié la conférence de « fade ». Indépendamment de la théologie qui a encadré le contenu de la conférence, l’imposition aux participants de la méthode de discussion en petits groupes de la « Conversation dans l’Esprit » garantissait qu’il n’y aurait pas d’échange de vues vigoureux du type de ceux qui caractérisaient autrefois les universités catholiques médiévales, où même les professeurs les plus éminents étaient censés défendre publiquement leurs positions, longuement et en profondeur, contre tous les interlocuteurs. 

    En effet, malgré le battage médiatique qui a été fait autour de son utilisation lors des deux derniers synodes – et qui s’appuie sur cette expérience –, la « Conversation dans l’Esprit » est un instrument de manipulation, et non un processus qui donne lieu à une conversation ou à un débat sérieux. Les participants (dont certains étaient brillants et érudits) ont eu deux minutes au cours du « Moment One » pour partager leurs idées ou leurs réactions à ce que les principaux orateurs ont dit à l’ensemble de la conférence ; une minute de silence a suivi ; les participants ont eu deux minutes supplémentaires pour dire « ce qui les a le plus touchés parmi les contributions partagées par les autres au cours du Moment One » (note : pas ce qu’ils auraient pu penser être une absurdité totale) ; une autre minute de silence a suivi ; et enfin, le « secrétaire et l’animateur » du groupe ont concocté « un résumé concis à présenter à l’assemblée ».

    Si vous pouvez imaginer une délibération sérieuse sur  n’importe quel sujet  émergeant d’un processus dans lequel un minuteur humain contrôle le flux de la discussion, eh bien, votre imagination est plus fertile que la mienne.

    Il est absurde de suggérer qu’un « avenir de la théologie » créatif et évangélique sera défini par un jeu de cartes truqué de grands intervenants et un processus infantilisant. Pire encore, cependant, est-ce que, dans certains milieux, cette méthodologie de « Conversation dans l’Esprit » semble être considérée comme un modèle pour tous les organes délibératifs catholiques. Cela pourrait-il inclure, dans certains esprits, les congrégations générales de cardinaux qui précèdent un conclave ? Certains pourraient-ils même oser suggérer que le conclave lui-même devrait être conduit selon la méthode de la « Conversation dans l’Esprit » ?

    Ces inquiétudes ont été exprimées discrètement à Rome le mois dernier. Et c'est tout à fait normal.

    La chronique de George Weigel « La différence catholique » est syndiquée par le  Denver Catholic , la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

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    George Weigel  est membre éminent du Centre d'éthique et de politique publique de Washington, DC, où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.

  • Il y a tellement de choses que nous pouvons savoir – et que nous devons savoir – sur Jésus, Marie et les miracles

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    Il y a tellement de choses que nous pouvons savoir – et que nous devons savoir – sur Jésus, Marie et les miracles

    L' ouvrage Christ, Science, and Reason du Père Robert Spitzer offre une richesse d'arguments et de documentation tout en offrant un contraste utile entre le christianisme et le libéralisme moderne.

    Le Père Robert Spitzer, SJ, observe dans Christ, Science et Raison que la réfutation de ceux qui ont nié l'existence de Jésus en tant que personnage historique peut se résumer en un seul mot : Tacite. Cet historien romain du premier siècle est l'une des pierres de touche des études classiques et, depuis des générations, les étudiants en latin sont censés analyser des extraits de ses Annales , comme celui qui confirme les persécutions brutales des premiers chrétiens par l'empereur fou Néron.

    Selon Tacite, lorsque de terribles incendies éclatèrent à Rome, ils semèrent la mort et la désolation dans toute la ville. Inévitablement, les soupçons se tournèrent vers l'empereur fou, qui avait exprimé le désir de démolir puis de reconstruire plusieurs secteurs de la capitale. Personne n'osa porter d'accusations ouvertes, mais les critiques de l'empereur furent même assez audacieux pour faire circuler un prétendu témoignage oculaire selon lequel Néron aurait accueilli la vue de l'énorme incendie avec joie et chants :

    Aussi, pour faire taire la rumeur, Néron rendit-il la justice et infligea-t-il les tortures les plus exquises à une classe de gens haïs pour leurs abominations, que le peuple appelait chrétiens. Christus, de qui ce nom tire son origine, fut puni de la plus grande peine sous le règne de Tibère par un de nos procurateurs, Ponce Pilate, et une superstition des plus funestes, ainsi réprimée pour un moment, éclata de nouveau non seulement en Judée, première source du mal, mais même à Rome, où toutes les choses hideuses et honteuses de toutes les parties du monde trouvent leur centre et deviennent populaires.

    Ici, les préjugés évidents de Tacite contre le christianisme ne font que renforcer son témoignage selon lequel, oui, un personnage extraordinaire en Judée avait fondé une nouvelle forme de culte avant d'être exécuté sous l'autorité de Ponce Pilate. Du point de vue de l'apologiste chrétien, les Annales de Tacite peuvent être mises en parallèle avec le fait que certains des athées militants les plus éminents d'autrefois niaient avec enthousiasme l'existence même de Jésus de Nazareth en tant que personnage historique.

    Tout comme le Talmud babylonien et l'historien juif hellénisé Flavius ​​Josèphe, l'ouvrage de Tacite révèle que ce déni est une erreur flagrante de la part du mouvement athée, erreur qui a été commodément oubliée par ceux qui aiment se moquer du créationnisme. Les athées n'ont pas toujours été aussi rigoureux intellectuellement que certains d'entre eux voudraient le croire.

    Quant au nouveau livre du Père Spitzer, il peut être considéré comme une suite naturelle à La science aux portes de Dieu . Des « Cinq voies » de Thomas d’Aquin au Pari de Pascal, les arguments fondamentaux en faveur de la croyance en Dieu sont familiers à la plupart des catholiques catéchisés. Moins connus, peut-être, sont les arguments et les preuves qui pointent vers une compréhension spécifiquement chrétienne de Dieu. « Oui », pourrait répondre le païen moderne honnête et perspicace, « il existe une sorte de Premier Moteur, une force spirituelle, un Être suprême par lequel nous vivons, nous mouvons et avons notre être. Mais pourquoi supposer que cet Eternel s’intéresse personnellement à nous, et encore moins que nous devrions l’identifier – ou L’identifier – à un prédicateur messianique d’il y a quelques millénaires ? »

    C'est une bonne question. La réponse du Père Spitzer commence par le témoignage du comportement humain. D'une part, la doctrine selon laquelle le Christ diffère non seulement en degré mais en nature de tout autre être humain n'a pas été inventée au Moyen-Âge, mais remonte à ses premiers disciples. Quoi que nous puissions dire, croire en la deuxième personne de la Trinité n'était clairement pas la solution de facilité :

    L’Église primitive aurait pu proclamer Jésus « prophète martyr », ce qui aurait permis aux convertis de l’adorer sur sa tombe et de prier par son intercession. Cette affirmation plus modeste l’aurait rendu acceptable aux yeux du public juif qui l’aurait alors classé parmi les « saints ». Pourquoi alors les dirigeants de l’Église apostolique ont-ils proclamé sans complexe et dangereusement que « Jésus est Seigneur » ? Pourquoi ont-ils subi des pertes sociales et financières, une aliénation religieuse et même des persécutions et la mort, alors que tout cela aurait pu être évité en renonçant simplement à l’implication de sa divinité ? La réponse la plus probable est qu’ils croyaient vraiment qu’il était divin.

    Ce fil conducteur nous conduit à des apôtres comme saint Paul, qui est passé du mépris du christianisme comme blasphème à la volonté de mourir pour lui. Il semble peu plausible qu’il ait simplement inventé l’histoire de sa rencontre sur la route de Damas, étant donné la sévérité avec laquelle un Juif pieux comme Saul aurait considéré le sacrilège et l’impiété. L’autre possibilité – l’hallucination – ne peut être logiquement exclue, mais l’affirmer simplement comme un fait est une pirouette commode. En supposant que nous n’excluons pas simplement l’expérience directe de l’au-delà, nous devons au moins admettre la possibilité que Paul ait eu une véritable rencontre.

    Les remarques du Père Spitzer nous offrent également un contraste intéressant entre le christianisme et le libéralisme moderne. Alors que les premiers chrétiens acceptaient volontiers le martyre pour avoir proclamé des vérités indésirables aux Juifs comme aux Romains, le libéralisme s’est imposé en Occident en grande partie grâce à un mélange de dissimulation, de manipulation et de violence révolutionnaire. Voltaire, par exemple, prétendait respecter la foi ou s’en moquait, selon le moment. Avant les années 1990, aucun libéral n’aurait osé prêcher ouvertement le « mariage gay » ou l’ouverture des frontières, et encore moins le transgendérisme, car peu de libéraux, voire aucun, ont eu le courage de reconnaître les implications à long terme de leur propre enseignement – ​​et encore moins de subir l’équivalent politique du martyre pour cela. (Combien de libéraux éminents aujourd’hui sont assez francs pour reconnaître que leurs doctrines impliquent en fin de compte un système post-humain, un système qui pourrait bien se révéler tout à fait répugnant pour nous tous, libéraux inclus ?)

    Quoi qu’il en soit, si l’on revient au livre du Père Spitzer, on constate qu’il consacre une grande partie de son texte à des miracles modernes tels que celui de Fatima. Comme peu de lecteurs auront besoin d’un compte rendu détaillé du miracle du Soleil, où des dizaines de milliers d’observateurs ibériques ont vu le Soleil danser dans le ciel, il suffit de résumer brièvement le commentaire du Père Spitzer. Cet événement a été vu par un très grand nombre de personnes, observe-t-il, ce qui rend difficile le rejet pur et simple de l’événement de Fatima – ce qui a à son tour forcé les négateurs à adopter un récit d’hypnose de masse ou d’illusion de la part des religieux et des crédules.

    Pourtant, comme le répond le père Spitzer, parmi les témoins oculaires se trouvaient des sceptiques qui s’étaient rendus sur les lieux « spécialement pour réfuter le « miracle », mais qui [plus tard] ont rapporté les mêmes événements que ceux qui s’attendaient à un miracle ». De plus, certains phénomènes objectifs seraient particulièrement difficiles à expliquer par des hallucinations : le séchage soudain et inquiétant du sol et des vêtements des spectateurs après des pluies torrentielles, par exemple. En tout cas, prononcer allègrement « hallucination collective » ressemble une fois de plus à une gesticulation.

    Bien que la foi ne repose sur aucun événement particulier évoqué dans les chapitres trois à six – Lourdes, les miracles eucharistiques, le Suaire de Turin – il est certainement utile d’être ouvert d’esprit aux manifestations divines. En effet, à la lumière de l’effort évident des médias pour exciter le public au sujet des OVNI, il est ironique de constater que les autorités sont si satisfaites de leur hypothèse a priori selon laquelle il est impossible que les récits traditionnels d’intervention de puissances supérieures dans l’histoire humaine soient fondés sur des faits.

    La vérité existe-t-elle ou non ?

    Sur une note plus positive, il est intéressant de penser à la façon dont nous pourrions apprendre et grandir en contemplant le miraculeux. Dans certains cas, des sceptiques se sont convertis, ce qui nous donne plus de raisons d’espérer pour l’homme. Dans d’autres cas, des croyants ont acquis une appréciation plus profonde des doctrines de la Trinité, de Notre-Dame et de la Création. Comme l’histoire récente en témoigne, le monde est toujours plus surprenant que tout ce que les planificateurs, les experts et les prétendus contrôleurs auraient pu prédire.

    Christ, Science, and Reason: What We Can Know about Jesus, Mary, and Miracles
    By Fr. Robert Spitzer, S.J
    Ignatius Press, 2024
    Paperback, 370 pages

  • Mgr Rey (Fréjus-Toulon) démissionne : François n’admet pas que des évêques puissent se montrer trop proches du milieu traditionaliste

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    De sur le Figaro (extraits, l'intégralité de l'article étant réservée aux abonnés) :

    Mgr Dominique Rey démissionne : «Je n’ai pas voulu être un technicien de l’administration»

    EXCLUSIF - L’évêque du diocèse de Fréjus-Toulon explique les tenants et aboutissants de sa démission, demandée par le pape François.

    À la demande du pape, l’évêque du diocèse de Fréjus-Toulon a présenté sa lettre de démission. Elle devrait être acceptée tout prochainement par François. En novembre 2023, le pontife romain avait déjà nommé un successeur en la personne de Mgr François Touvet, évêque coadjuteur qui va devenir, de droit, le nouvel évêque de ce diocèse. Le départ de Mgr Rey, trois ans avant ses 75 ans, limite d’âge pour être évêque diocésain, est symptomatique des crises traversées par l’Église de France sous ce pontificat. François n’admet pas que des évêques puissent se montrer trop proches du milieu traditionaliste. 

    Le pape a aussi repris le contrôle des expériences des « communautés nouvelles », souvent charismatiques - très accueillies à Toulon –, à qui il reproche un fonctionnement trop privatisé, ayant souvent échappé aux régulations ecclésiales. En un quart de siècle, Mgr Rey aura pourtant fait de son diocèse, aussi ouvert aux traditionalistes qu’aux charismatiques, un laboratoire d’évangélisation. Dans un paysage ecclésial national moribond, ce diocèse pilote, avec ses réussites et ses excès, demeure l’une des entités les plus dynamiques de l’Église de France. (...)

    Qu’est-ce que l’Église vous reproche au fond ?

    Depuis le blocage des ordinations en juin 2022 – 9 des 10 jeunes ont finalement été ordonnés diacres ou prêtres -, les griefs visent l’accueil trop large de groupes, de prêtres, de vocations, de communautés, avec un manque de prudence particulièrement dans l’accueil du monde dit « tradi ». Par ailleurs, on m’a fait grief de dysfonctionnements dans la gestion économique et financière du diocèse. J’ai répondu à ces reproches point par point, de façon factuelle et documentée, sur la base d’expertise et d’audits. (...)

    Lire le communiqué de Mgr Rey sur le site du diocèse de Fréjus-Toulon

  • Saint Raymond de Peñafort (7 janvier)

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    Du site "Nouvelle Evangélisation" :

    Né près de Barcelone, dans le château familial de Villafranca de Penades, probablement vers 1175, Raymond de Penafort était apparenté aux comtes de Barcelone et aux rois d'Aragon. Il étudia à l'école cathédrale de Barcelone où, à peine âgé de vingt ans, il enseigna la rhétorique et la logique. En 1210, il partit étudier le droit civil et le droit canonique à Bologne. En compagnie de Pierre Ruber, il fit la route à pied, par Arles et Turin ; il s’arrêtèrent quelques jours à Briançon pour constater un miracle que venait d’opérer Notre-Dame de Delbeza qui rendit les yeux et les mains à un jeune homme mutilé par des brigands. Après avoir été reçu docteur (1216), il resta à Bologne où, pendant trois ans, il enseigna le droit canonique avec tant de succès que les Bolonais lui offrirent des appointements prélevés sur les ressources de la ville ; après avoir donné le dixième de son salaire au clergé de sa paroisse, il distribuait le reste aux pauvres, ne gardant pour lui que le strict nécessaire.

    L'évêque de Barcelone, Bérenguer de Palou[1], qui passait par Bologne, au retour d’un pèlerinage à Rome, entendit si fort chanter les louanges de Raymond de Penafort qu'il le recruta pour le séminaire qu'il voulait fonder dans son diocèse, et l'emmena avec lui (1219). A Viterbe où résidait le pape Honorius III, ils rencontrèrent saint Dominique qui leur donna quelques uns de ses frères. Raymond de Penafort fut nommé chanoine de la cathédrale de Barcelone, puis prévôt du chapitre, archidiacre, grand vicaire et official (1220) ; outre qu'il fit donner une grande solennité à l'Ascension, il travailla fort au soin des pauvres qu'il nommait ses créanciers.

    Le Vendredi Saint 1222, il quittait le clergé séculier pour les Dominicains, sans perdre pour autant son influence sur l'évêque et le diocèse de Barcelone. Voyant que ses supérieurs ne le traitaient pas comme les autres novices, le frère Raymond de Penafort demanda qu’on lui imposât une pénitence particulière pour les fautes commises pendant sa vie séculière ; c’est pour répondre à sa demande que le provincial lui ordonna d’écrire la « Summa de pænitentia », premier ouvrage du genre, qui rassemble les cas de conscience à l'usage des confesseurs.

    Lorsque Pierre Nolasque[2], ancien marchand, fonda l'Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie de la Merci pour la rédemption des captifs (1223)[3], pour le rachat des prisonniers faits par les Musulmans, c'est Raymond de Penafort qui, dans la cathédrale de Barcelone, en présence de l'évêque et du roi Jacques I° d'Aragon[4], donna l'habit et le scapulaire aux premiers mercédaires ; il rédigera aussi la règle de ce nouvel ordre pour laquelle il obtiendra l'approbation du pape Grégoire IX (1235).

    Quelques années plus tard (1229), le cardinal de Sainte-Sabine, Jean d'Abbeville[5], fut envoyé comme légat en Espagne pour prêcher la Croisade[6] contre les Maures, et mettre en application les décrets du quatrième concile du Latran ; [7] il devait aussi déclarer nul le mariage de Jacques I° d’Aragon avec Eléonore de Castille. Le légat s'adjoignit Raymond de Penafort qui le précéda dans toutes ses visites canoniques et prit part à tous les actes importants de la légation. Le cardinal de Sainte-Sabine en rendant compte de sa mission au Pape (Pérouse le 25 novembre 1229), mit en avant la coopération efficace de Raymond de Penafort qui, le 28 novembre, fut chargé par Grégoire IX[8] de prêcher dans les provinces d'Arles et de Narbonne la Croisade dirigée par Jacques I° d’Aragon pour chasser les Maures de Majorque.

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  • «Comme les Mages, n'éteignons pas le désir de chercher Dieu pour l'adorer»

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    Du + Cardinal Caffarra via la NBQ :

    Épiphanie du Seigneur

    «Comme les Mages, n'éteignons pas le désir de chercher Dieu pour l'adorer»

    « Les trois mages se mirent en route, ils n'éteignirent pas en eux-mêmes leur désir. L'homme est appelé par son désir de devenir chercheur de Dieu. Mais il peut rencontrer Hérode, les faux enseignants qui tentent d'empêcher l'homme d'accéder à la Présence de Dieu et de réduire Jésus-Christ au grand maître de la solidarité où il est expulsé de l'histoire. la présence de Dieu". Extrait d'une homélie du cardinal Caffarra.

    06_01_2025

    A l'occasion de la Solennité de l'Epiphanie de Notre Seigneur Jésus Christ, nous publions une homélie prononcée par le Cardinal Carlo Caffarra en 1996.

    ***

    1. « Quand Jésus est né... des mages sont venus de l'est à Jérusalem» . Ainsi commence aujourd'hui la Parole qui nous révèle le mystère que nous célébrons. En effet, le Pape saint Léon le Grand nous dit: «Nous reconnaissons... dans les sages qui ont adoré le Christ, les prémices de notre vocation et de notre foi, et avec des âmes exultantes nous célébrons les débuts d'une bienheureuse espérance». Oui : aujourd'hui nous célébrons le début, la naissance de notre espérance.

    Écoutons encore ce que nous dit l'apôtre en deuxième lecture : « Les païens... sont appelés, en Jésus-Christ, à partager le même héritage, à former un même corps, à participer à la promesse par l'Évangile. " . Et tout cela n’arrive pas par hasard. Il s'agit d'un "mystère", c'est-à-dire d'une décision, d'un projet conçu par Dieu lui-même, "non révélé aux hommes des générations précédentes comme il l'est aujourd'hui". Plan et décision divins qui trouvent leur première manifestation-réalisation dans le fait que "Jésus est né à Bethléem...". Il s'agit du fait que Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ». Il ne ferme son cœur à personne puisque « sa miséricorde s'étend de génération en génération ».

    Il s'est allié au peuple d'Israël et Israël a droit à l'héritage comme à son fils premier-né, puisque la promesse a été faite à Abraham et à ses descendants. Mais (et c'est précisément le Mystère de Miséricorde que nous célébrons aujourd'hui) nous aussi, chacun de nous aujourd'hui est appelé à posséder le même héritage que nos enfants, nous qui étions morts pour nos fautes et nos péchés. Chacun de nous aujourd’hui est également appelé à participer à la même promesse. De quel droit avions-nous ? De quel droit pourriez-vous vous vanter devant Dieu, de quel titre être appelé « à former un même corps » ? Personne : c'était juste sa miséricorde.

    Écoutez la voix de l'Apôtre : «Je dis... que le Christ s'est fait serviteur des circoncis en faveur de la véracité de Dieu, pour accomplir les promesses des pères; mais les nations païennes glorifient Dieu pour sa miséricorde" (Rm 15,8,9a). Autrement dit : Dieu sauve les enfants d'Israël à cause de sa fidélité à une promesse par laquelle il s'est lié à eux ; Dieu nous sauve à cause de sa seule miséricorde, car il n'a contracté aucune obligation de fidélité envers nous. C'est le Mystère qui a commencé aujourd'hui : le Mystère de la miséricorde de Dieu qui offre son salut à chacun, sans aucune discrimination. Il offre son pardon à tous ceux qui le recherchent d'un cœur sincère.

    2. «Là où est le roi des Juifs... nous sommes venus l'adorer». Ces paroles des Mages indiquent précisément le désir et la recherche de l'homme. Et en effet, la page de l'Évangile est une merveilleuse description de l'homme qui cherche et trouve le salut de Dieu. Si Dieu nous offre son salut par pure miséricorde, l'homme est appelé à s'ouvrir à ce don, à correspondre à cet Amour. Comme? L'Évangile d'aujourd'hui décrit précisément le chemin de l'homme vers la rencontre avec Dieu lui-même.

    Comment commence ce voyage ou cet appel de Dieu au salut ? Dieu appelle par des « signes », la lumière d'une « étoile ». Dans la personne humaine, en chaque personne humaine, il y a une lumière intérieure, une « étoile » qui signifie et indique une Présence, une Réalité qui transcende l'homme : « Seigneur, tu nous as faits pour toi, et notre cœur est inquiet jusqu'à ce que cela ne le fasse pas. repose en Toi." Il y a chez la personne un désir profond et inextinguible de vérité, de bonté, de beauté, en un mot, de béatitude, qu'aucune vérité créée, aucun bien limité, aucune beauté finie ne pourra satisfaire. Tout le bien qu’est l’univers créé est incapable de satisfaire le désir humain. C'est « l'étoile » qui signifie-indique le chemin : « Cherchez au-dessus de nous », nous dit chaque créature.

    Les trois mages se mirent en route : ils n'éteignirent pas en eux-mêmes leur désir. L'homme est appelé par son désir de devenir un chercheur de Dieu. Les Mages ont pris la décision de satisfaire leur recherche ; l'homme ne doit pas décapiter, limiter l'extension de son désir selon la mesure des créatures. Et c'est à ce moment-là que l'homme peut croiser Hérode « qui tente de tuer l'Enfant ». Il peut rencontrer de faux enseignants qui tentent d'empêcher l'homme d'atteindre la Présence de Dieu. Qui sont les faux enseignants aujourd'hui ? Ce sont eux qui réduisent Jésus-Christ au grand maître de la solidarité en niant qu’il soit Dieu venu dans la chair à la rencontre de l’homme. Ce sont eux qui réduisent la personne humaine à un ensemble impersonnel de besoins psycho-physiques à satisfaire. Dans cette situation, l'homme ne sait plus où chercher Dieu : il s'est limité à sa mesure infinie ; la présence de Dieu a été expulsée de l'histoire. Les mages peuvent encore continuer leur recherche ; l'homme qui cherche sincèrement la vérité, qui est fidèle à sa conscience ne pourra jamais être tué par notre culture de mort. Dieu lui-même protège toujours ceux qui le cherchent avec humilité.

    Où ont-ils trouvé Dieu ?   «Ils virent l'enfant avec Marie sa Mère». La présence de Dieu, c'est Jésus-Christ : Il est précisément Dieu fait chair pour pouvoir être trouvé par l'homme. En dehors de Lui, l’homme ne peut chercher Dieu que comme s’il tâtonnait dans l’obscurité. « La grâce de la vérité – écrit saint Jean – se produit par Jésus-Christ » (Jn 1, 17b). La grâce de la vérité, la rencontre avec Dieu est un événement qui se produit dans la vie de l'homme : elle n'est pas d'abord l'apprentissage d'une doctrine ou le résultat d'une ascétisme. C'est la rencontre avec Dieu fait homme.

    CONCLUSION
    Frères et sœurs, tout ce que j'ai dit, ou plutôt : ce que l'Esprit vous a fait comprendre, n'est que la description de ce qui va se passer maintenant et ici maintenant. La célébration des mystères divins est l'événement de la grâce de la vérité, qui se produit dans notre vie, puisque l'Eucharistie est la rencontre réelle avec le Christ et en Lui avec le Père qui aujourd'hui nous a appelés « dans le Christ Jésus à participer à sa promesse ». ".

  • L'étoile de Bethléem : entre science et vérité spirituelle

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    De Vatican News :

    4 janvier 2020

    L'étoile de Bethléem, entre science et vérité spirituelle

    On l’appelle étoile de Bethléem, ou étoile de Noël. Elle guida, dans l’évangile selon Saint Matthieu, les rois mages à Bethléem, jusqu’à l’étable où se trouvait l’enfant Jésus. Entre vérités scientifiques et vérité spirituelle, retour sur cette étoile avec le père Jean-Baptiste Kikwaya, astronome à l’observatoire du Vatican, à Castel Gandolfo près de Rome.

    Entretien réalisé par Marine Henriot - Cité du Vatican

    «Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vu à l’Orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.» L’Évangile selon Saint Matthieu est le seul qui rapporte l’épisode de l’Epiphanie, célébrée traditionnellement le 6 janvier, et qui parle de cette étoile. 

    2 000 ans plus tard, la nature et l’origine de l'étoile de Noël restent un sujet de spéculation. Trois explications scientifiques se détachent cependant : il pourrait s’agir d’une comète, un astre en orbite autour du soleil, d’une supernova, c’est à dire l’explosion d’une étoile lors de sa mort, un phénomène très brillant dans le ciel, ou selon l’astronome allemand Johannes Kepler, une conjonctions des planètes Jupiter et Saturne.

    Pas d'unanimité parmi les scientifiques 

    Au delà de l’acharnement scientifique se trouve la vérité spirituelle, nous explique le père Jean-Baptiste Kikwaya, jésuite et astronome, titulaire d’un DEA en astronomie à l’Observatoire de Paris et d’un doctorat en astronomie de l’Université de Western Ontario au Canada, il travaille depuis une vingtaine d’années à l’observatoire du Vatican.

    Interview du père Jean-Baptiste Kikwaya, SJ

  • "Dresse-toi! Et sème la force de ta foi! Que le Christ t'illumine sans cesse!"

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    SOLENNITÉ DE L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

    HOMÉLIE DU PAPE JEAN-PAUL II

    6 janvier 1979

    source

    1. "Dresse-toi (Jérusalem), brille, car ta lumière survient et la gloire du Seigneur se lève sur toi" criait le Prophète Isaïe (60, 1) huit siècles avant le Christ; et aujourd'hui, au XXème siècle nous écoutons sa parole et nous admirons, nous admirons vraiment l'éclatante lumière qui en jaillit. A travers les siècles, Isaïe s'adresse à Jérusalem qui allait devenir la ville du Souverain Oint, du Messie: "Les nations marcheront à ta lumière, et les rois à la clarté de ton aurore... tes fils viennent de loin et tes filles sont portées sur le flanc... L'afflux des chameaux te submergera, les jeunes dromadaires de Madian et d'Eypha; tous ceux de Saba viendront, ils apporteront l'or et l'encens et publieront les louanges du Seigneur" (Is 60, 3-4, 60). Nous avons devant nous — comme le dit la tradition — ces trois Rois Mages qui, de loin, viennent en pèlerinage à dos de chameau et apportent avec eux non seulement de l'or et de l'encens mais aussi de la myrrhe: les dons symboliques avec lesquels ils sont allés à la rencontre du Seigneur qui était également attendu au-delà des frontières d'Israël. Ne nous étonnons donc pas si, dans son dialogue prophétique avec Jérusalem, mené à travers les siècles, Isaïe dit à un certain moment: "...ton cœur sera frémissant et s'épanouira " (60, 5). Il parle à la cité comme si elle était un homme vivant.

    Pèlerinage à Bethléem

    2. "Ton cœur sera frémissant et s'épanouira". La nuit de Noël me trouvant avec ceux qui participaient à la célébration de minuit en cette Basilique, je leur ai demandé, à tous, d'être, de la pensée et du cœur, là-bas plus qu'ici; plus à Bethléem, au lieu de la naissance du Christ, dans cette grotte-étable en laquelle "le Verbe s'est fait chair" (Jn 1, 14). Et, aujourd'hui, c'est à vous que je le demande, parce que c'est là, proprement là, proprement là, en ce lieu, au sud de Jérusalem, que sont venus de 1'Orient ces étranges pèlerins, les Rois Mages. Ils ont traversé Jérusalem. Ils étaient guidés par une étoile mystérieuse, l'étoile, une lumière extérieure qui se déplaçait au firmament. Mais plus encore ils étaient conduits par la foi, une lumière intérieure. Ils arrivèrent. Et ils ne furent nullement étonnés par ce qu'ils trouvèrent: ni la pauvreté, ni l'étable, ni le fait que l'Enfant était couché dans une mangeoire. Ils arrivèrent, se prosternèrent et "ils l'adorèrent". Puis ils ouvrirent les écrins et à l'Enfant-Jésus ils firent don de l'or et de l'encens dont Isaïe a précisément parlé, mais ils lui offrirent également de la myrrhe. Et après avoir accompli tout ceci, ils retournèrent chez eux.

    Par ce pèlerinage à Bethléem, les Rois Mages d'Orient sont devenus l'avant-garde et le symbole de tous ceux qui, par leur foi, rejoignent Jésus, l'Enfant enveloppé de langes et couché dans la crèche, le Sauveur cloué à la Croix, Celui qui, crucifié sous Ponce-Pilate, déposé de la Croix et enseveli dans un tombeau au pied du Calvaire, ressuscita le troisième jour. Ces hommes-là, les Trois Mages venus d'Orient — trois comme le veut la tradition — sont proprement l'avant-garde et la préfiguration de tous ceux qui, d'au-delà des frontières du Peuple élu de l'Ancienne Alliance ont, animés par la foi, rejoint et continuent à rejoindre le Christ.

    Le défi de Dieu

    3. "Tout cœur sera frémissant et s'épanouira", dit Isaïe à Jérusalem. En effet, il fallait que s'épanouisse le cœur du Peuple de Dieu pour qu'il puisse contenir de nouveaux hommes, de nouveaux peuples. Ce cri du Prophète est précisément le mot-clé de l'Epiphanie. Il fallait sans cesse ouvrir toujours plus grand le cœur de l'Eglise quand y entraient des hommes toujours nouveaux; quand, dans le sillage des bergers et des Rois Mages, à Bethléem arrivaient d'Orient d'autres peuples. Et aujourd'hui il faut continuer à ouvrir ce cœur toujours plus grand, à la mesure des hommes et des peuples, à la mesure des époques et des temps. L'Epiphanie est la fête de la vitalité de l'Eglise. L'Eglise vit avec conscience la mission de Dieu qui s'accomplit à travers elle. Le Concile Vatican II nous a aidé à mieux comprendre que la "mission" est proprement le nom de l'Eglise et que, d'une certaine façon, elle en constitue la définition. L'Eglise est elle-même quand les hommes — à l'exemple des bergers et des Rois Mages d'Orient — rejoignent Jésus, par leur foi. Quand, dans le Christ-Homme et par le Christ, ils retrouvent Dieu.

    L'Epiphanie est donc la grande fête de la foi. A cette fête participent autant ceux qui sont déjà parvenus à la foi, que ceux qui se trouvent en chemin pour venir à lui. Ils y participent en remerciant Dieu pour le don de la foi, tels les Rois Mages qui, au comble de la gratitude, se sont prosternés devant l'Enfant. A cette fête participe l'Eglise qui, chaque année, devient plus consciente de l'ampleur de sa mission. Combien nombreux sont les hommes à qui il faut encore porter la foi! Et combien nombreux sont également ceux qu'il faut ramener à la foi qu'ils ont perdue, et ceci est parfois bien plus difficile que la première conversion à la foi. Mais, consciente de ce grand don, le don de l'Incarnation de Dieu, l'Eglise ne peut jamais s'arrêter, jamais se lasser. Elle doit continuellement chercher l'accès à Bethléem pour chaque homme et pour chaque époque. L'Epiphanie est la fête du défi de Dieu.

    (...)

    Sous cette lumière

    5. Dresse-toi, Jérusalem! "Ton cœur sera frémissant et s'épanouira!" Là-bas, près de la crèche de Bethléem où nous sommes allés par la pensée et le cœur, nous nous sommes recueillis avec ceux qui sont venus d'Orient, avec les Rois Mages, témoins admirables de la foi en Dieu Incarné; et nous nous retrouvons dans cette basilique ici. Ici, où de manière particulière, la prophétie d'Isaïe s'est accomplie au cours des siècles. D'ici, la lumière de la foi s'est répandue sur tant d'hommes et sur tant de peuples! Ici, grâce à Pierre et à son Siège, une mutitude innombrable est entrée et entre toujours dans cette grande communauté du Peuple de Dieu, dans l'union de la Nouvelle Alliance, dans les tabernacles de la Nouvelle Jérusalem.

    Et aujourd'hui, le successeur de Pierre que peut-il souhaiter de mieux à cette Basilique, à sa nouvelle Chaire, sinon qu'elle serve à l'Epiphanie? qu'en elle et par elle, les hommes de notre temps et de tous les temps, les hommes provenant de l'Orient et de l'Occident, du Nord et du Sud, parviennent à Jérusalem, arrivent au Christ par la foi.

    Alors, une fois de plus donc, j'emprunte à Isaïe ses paroles pour formuler mes vœux "Urbi et Orbi" et dire: Dresse-toi ton cœur sera frémissant et s'épanouira!".

    Dresse-toi! Et sème la force de ta foi! Que le Christ t'illumine sans cesse! Que les hommes et les peuples marchent sous cette lumière!

    Amen!

  • Dum medium (Introit du dimanche de l'Epiphanie)

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    Dum médium siléntium tenérent ómnia, et nox in suo cursu médium iter habéret, omnípotens sermo tuus, Dómine, de cælis a regálibus sédibus venit. Ps. Dóminus regnávit, decórem indútus est: indútus est Dóminus fortitúdinem, et præcínxit se. v. Gloria Patri.

    Tandis que tout reposait dans le silence, et que la nuit, dans sa course, était au milieu de son chemin, Ta parole toute-puissante, Seigneur, vint des cieux du trône royal. Ps. Le Seigneur a régné et a été revêtu de gloire ; le Seigneur a été revêtu et S’est ceint de force. v. Gloire au Père.