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Foi - Page 572

  • Fêter Paul VI ?

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    De "Metablog" (Abbé Guillaume de Tanoüarn)

    Bienheureux Paul VI ?

    Faut-il fêter Paul VI, ce 26 septembre, date anniversaire de sa naissance? Faut-il célébrer l'anniversaire de sa béatification le 19 octobre? La question est particulièrement difficile pour un traditionaliste. Grand ami de Jacques Maritain auquel il proposa même le chapeau de cardinal que l'intéressé refusa, Jean-Baptiste Montini est assurément un grand ami de la France et il se mêle à la bagarre entre "intégristes" et partisans du pape Pie XI, celui qui condamna, sans motifs affichés, l'Action Française en 1926. Sur ce point, Montini a dû approuver de tout coeur son ami Maritain, proche de Maurras, écrivant dans la Revue universelle d'Henri Massis, et théorisant en 1936, face au "nationalisme intégral" de Maurras, ce qu'il appela l'humanisme intégral. J'ai lu de près très récemment cet ouvrage. S'il y a un livre qui a influencé le pontificat de Paul VI, c'est celui-là. L'idée est devenu banale aujourd'hui. A l'époque elle fit l'effet d'un coup de tonnerre : l'Eglise, critiquant les humanismes purement modain, s'empare pourtant de ce thème philosophique et, s'inspirant de Jacques Maritain, les hommes d'Eglise revendiqueront désormais pour l'Eglise la charge d'un humanisme que l'on appela intégral, non seulement en souvenir vengeur du nationalisme intégral de Maurras, mais pour signifier que l'homme sans Dieu n'était pas l'homme intégral. Méditant sur le livre de Maritain, le futur cardinal de Lubac écrira à la fin de la guerre, le Drame de l'humanisme athée (1944), qui envisageait trois grands protagoniste de la "querelle de l'athéisme", Nietzsche, Auguste Comte et Dostoïevski, dont on connaît le fameux "Si Dieu n'existe pas tout est permis".

    Le pape Paul VI devait reprendre ces deux théologiens. Son discours de clôture au Concile est clair, mais faible hélas: "Le culte du Dieu qui s'est fait homme est allé à la rencontre du culte de l'homme qui se fait Dieu. Qu'est-il arrivé? Une lutte? Non !Un immense mouvement d'admiration a débordé du concile sur le monde". C'était le 8 décembre 1965. L'Eglise avait fait son aggiornamento! Et pourtant tout restait à faire, c'est le drame du pontificat de Paul VI. Au lieu de faire comme Jean XXIII le sentait, un concile bref et identitaire, soucieux de rappeler les fondamentaux de la foi chrétienne à un monde qui les oubliait, Paul VI, ce grand intellectuel, a essayé de faire droit à toutes les questions sur lesquelles se dégageait un consensus suffisant (c'était sa grande préoccupation, le consensus!). Résultat? Le concile n'en finit plus de finir. De grandes questions comme le dialogue interreligieux ou l'oecuménisme ont été abordé en quelques lignes, parsemées de formules vachardes... Je pense au début de Nostra aetate : "Chercher plutôt ce qui nous unit que ce qui nous divise". Cela veut tout dire et rien dire... On en discute encore aujourd'hui. Il était important de permettre le dialogue interreligieux, mais comment et dans quel but ? Aucune précision à ce sujet, pour des textes adoptés à la va vite en 1965, parce que l'Eglise ne voulait pas se payer une année conciliaire supplémentaire (malgré l'enthousiasme d'un Roger Schutz, qui au nom de sa communauté protestante de Taizé, envisageait un "concile permanent").

    Paul VI va devoir gérer le bricolage du Concile. Le concile de Trente s'était étendu sur quelque trente ans. Vatican II a duré quatre ans. C'était trop peu. Le pontificat de Paul VI fut une sorte de continuation du concile par d'autres moyens, envisageant d'une part une réforme de la liturgie qui n'était pas dans la lettre de Sacrosanctum concilium et d'autre part un enseignement sur l'avortement et la pilule, produit en urgence : le pape François essaie encore de trouver une interprétation à Humanae vitae. C'est une encyclique inachevée, comme la liturgie dite de Paul VI est une liturgie qui ne cesse pas de connaître des mises à jour.

    Concrètement, le pontificat de Paul VI se partagea entre une lutte contre les déviances trop marquées de l'épiscopat hollandais d'une part. A cette occasion, le pape lui même déclara l'Eglise "en état de schisme", car il n'arrivait pas à se faire obéir du cardinal Alfrink (grande personnalité du concile) et de ses héritiers bataves. Heureusement, en 1975, commence l'affaire Lefebvre. C'est providentiel ! Une unité provisoire de l'Eglise peut se manifester... au moins contre... oui contre les "intégristes". Paul VI n'hésita pas à consacrer un consistoire à l'ancien archevêque de Dakar. L'affaire Lefebvre commençait.

    Alors Paul VI ? Il a tenté de rester sur une ligne de crête, condamnant l'avortement et la pilule d'une part, méditant aussi sur le célibat des prêtre auquel il consacre un document en 1971, mais imposant d'autre part par la force de son autorité un changement liturgique sans précédent, qui épousait largement les aspirations de son époque, en mettant de l'ordre dans les initiatives intempestives de tel ou tel "révolutionnaire". Il lui arriva ce qui arrive souvent aux conservateurs. Il voulut épouser son temps, sans pour autant rien changer au message de l'Eglise et, ainsi, ne satisfit personne, ni à droite ni à gauche. Un peu comme le premier pape, Pierre, qui ne condamna jamais saint Paul, tout en demeurant fidèle aux observances judaïques. Est-ce là l'ADN de l'Eglise romaine ? Serait-ce sa force ?

  • « Amoris laetitia » : une exhortation toujours controversée

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     Dans la conférence  «La famille à la lumière de la miséricorde selon le pape François », qu’il a consacrée, voici plus d’un an,  à l’exhortation apostolique « amoris laetitia », l’évêque de Liège, Mgr Delville déclarait en préambule :

    «  Chers Amis,

    Vous le savez sans doute, le thème de la famille est très important dans notre foi puisque c’est dans la famille qu’on donne la vie et qu’on développe l’amour : un enfant naît dans une famille et il y trouve l’amour qui va lui permettre de se développer plus tard. Ces deux dimensions sont unies dans le mariage : celui-ci est à la fois don de la vie et amour échangé.

    Crise de la famille aujourd’hui

    Mais dans notre culture ces deux dimensions subissent de grandes mutations, au point qu’on peut parler d’une crise de la famille : tout ce qui tourne autour de la naissance de l’enfant est lié au développement de la technique, qui permet de contrôler les naissances, entre autres par médicaments, ou même d’avorter sous opération ou de donner la vie en laboratoire (in vitro). Et tout ce qui tourne autour de l’amour est sujet à des grands changements de mentalités : on a tendance de plus en plus à vivre l’amour du couple en-dehors du mariage, on divorce plus souvent et plus facilement qu’autrefois, on conteste aussi la fidélité pour la vie, on découvre aussi la spécificité des personnes homosexuelles et des couples qu’elles peuvent former entre elles. Un autre aspect du changement de mentalité, c’est la condition de la femme : la femme devient enfin l’égale de l’homme ; et dans le couple, elle n’est plus soumise au bon vouloir de son mari en matière de fécondité, par exemple. Il y a une beaucoup plus grande autonomie des partenaires dans la vie de couple et la vie de famille. Cette évolution sur ces deux points : le don de la vie et l’amour vécu, aboutit aussi au fait qu’on dissocie ces deux éléments du mariage l’un de l’autre : on dissocie la fécondité de l’amour. L’amour, dira-t-on, peut se vivre indépendamment de la fécondité, indépendamment des enfants et de la famille ; et la fécondité peut se vivre indépendamment de l’amour : il y a ainsi des mères porteuses, qui acceptent de vivre une grossesse pour d’autres personnes. Ainsi, on peut parler à juste titre de crise de la famille ou de mutations dans la famille.

    Réactions contradictoires dans l’Église

    Face à ces évolutions, il y a deux attitudes opposées dans l’Église : une attitude conservatrice et une attitude libérale. La première attitude a tendance à dire : nous avons une doctrine qui remonte à Jésus concernant le mariage et la famille ; on doit donc y rester fidèle intégralement. L’attitude libérale dira : on doit évoluer avec son temps, d’ailleurs Jésus lui-même s’opposait aux lois tatillonnes des pharisiens de son époque et il a tout résumé dans le commandement de l’amour.

    Ces deux attitudes opposées créent des tensions dans l’Église et des oppositions, qui risquent de déboucher sur des blocages, des contradictions et des exclusions mutuelles. Cela pose aussi beaucoup de problèmes concrets : les personnes divorcées remariées, par exemple, quelle place auront-elles dans l’Église et dans ses institutions ? ou les couples non mariés ? Cette situation engendre aussi une tension entre la théorie et la pratique, entre la réalité vécue et la doctrine. En plus de tout cela, il ne faudrait pas oublier le vécu quotidien des familles et des couples. Même dans des situations régulières, la vie familiale cause des tas de problèmes, en même temps qu’elle est source de grandes joies et de grand bonheur.

    Chaque famille, même la plus classique, est un peu une « histoire sacrée », parfois même un roman, avec la croissance des enfants, les aventures des adolescents, les hauts et les bas des parents, la présence des grands-parents, etc. Comment accompagner cette réalité quotidienne fondamentale pour tous ? Ce sont les problèmes classiques de la vie de famille, qui s’ajoutent aux nouveaux problèmes.

    A propos du chapitre 8 de cette Exhortation, qui suscite aujourd’hui encore d’âpres controverses, Mgr Delville rappelle qu’un jugement négatif sur une situation objective donnée n’infère pas a priori le même sur la culpabilité de la personne. Un double regard est évidemment légitime. A condition de ne pas tomber dans les travers casuistiques dénoncés par Pascal. D’où l’importance  d’une formation adéquate des pasteurs, des confesseurs ou des juges ecclésiastiques dans les sociétés post ou anti chrétiennes :

    « Le chapitre 8, qui est le plus original, s’intitule Accompagner, discerner et intégrer la fragilité (291-312). Le pape y parle en “je” régulièrement. Il s’agit dans ce chapitre de mettre en valeur une morale en situation, sur le terrain concret, une morale ancrée dans l’histoire humaine. Cette capacité de cerner les cas de conscience, qu’on appelle aussi la casuistique, est une spécialité des jésuites et manifestement, un terrain favori du pape. Il insiste sur la gradualité en pastorale, qui est une notion déjà développée par Jean-Paul II (295). Il montre que beaucoup de situations pratiques sont loin de l’idéal. Il insiste donc sur le discernement dans les situations appelées irrégulières. C’est le lieu de la pédagogie divine, dont parlait le synode (297). Les divorcés qui vivent une nouvelle union, par exemple, peuvent se trouver dans des situations très diverses, qui ne doivent pas être cataloguées ou renfermées dans des affirmations trop rigides (298). La logique de l’intégration est la clé de leur accompagnement pastoral (299).

    Un double langage ?

    Grâce à la rencontre pastorale concrète entre une personne et un pasteur, on évite le risque qu’un certain discernement porte à penser que l’Église soutiendrait une double morale (300) : le pape introduit donc ici la réponse à une objection et il valorise un élément qui lui est cher : la conversation et le dialogue comme base du comportement.

    Les circonstances atténuantes

    L’Église possède une solide réflexion sur les conditionnements et les circonstances atténuantes (301). Un sujet, tout en connaissant bien la norme, peut se trouver dans des conditions concrètes qui ne lui permettent pas d’agir autrement ou de prendre d’autres décisions sans commettre une nouvelle faute (301). C’est pourquoi un jugement négatif sur une situation objective n’implique pas un jugement sur l’imputabilité ou sur la culpabilité de la personne impliquée (302). Le pape se base sur saint Thomas d’Aquin, qui montre que, quand on passe du général au particulier, il règne toujours une certaine indétermination (304). Il est possible que, dans une situation objective de péché, qui n’est pas subjectivement coupable ou pas totalement, on puisse vivre dans la grâce de Dieu, on puisse aimer et on puisse grandir dans la vie de grâce et de charité (305).

    Le blanc et le noir, ou ne pas juger

    Le pape insiste sur la nécessité de dépasser une analyse manichéenne. En croyant que tout est blanc ou noir, parfois nous enfermons le chemin de la grâce et de la croissance et nous décourageons des parcours de sanctification (305). Dans n’importe quelle circonstance, face à ceux qui ont de la difficulté à vivre pleinement la loi divine, doit résonner l’invitation à parcourir la via caritatis. La charité fraternelle est la première loi des chrétiens (306).

    La prise en compte de la fragilité

    Le pape réfléchit sur la notion de fragilité : Je crois sincèrement que Jésus veut une Église attentive au bien que l’Esprit répand au milieu de la fragilité (308). Les pasteurs qui proposent l’idéal de l’évangile et la doctrine de l’Église aux fidèles doivent aussi les aider à assumer la logique de la compassion envers les personnes fragiles et éviter les persécutions ou les jugements trop durs et impatients. L’évangile lui-même nous demande de ne pas juger et de ne pas condamner (cf. Mt 7,1) (308). Nous sommes appelés à vivre de miséricorde (…). Ce n’est pas une proposition romantique ou une réponse faible face à l’amour de Dieu, qui toujours veut promouvoir les personnes, parce que la poutre qui soutient la vie de l’Église est la miséricorde (310).

    Pas une réflexion en chambre, mais une morale en conversation

    Le pape fournit la clé herméneutique de son approche en écrivant : Ceci fournit un cadre et un climat qui nous empêchent de développer une morale froide de bureau quand nous traitons les thèmes les plus délicats ; c’est un cadre qui nous place plutôt dans un contexte de discernement pastoral chargé d’amour miséricordieux, toujours disposé à comprendre, à pardonner, à accompagner, à espérer et surtout à intégrer (312). J’invite les fidèles qui vivent des situations complexes à s’approcher avec confiance dans une conversation avec leurs pasteurs ou avec des laïcs qui vivent dédiés au Seigneur (…). Et j’invite les pasteurs à écouter avec attention et sérénité, avec le désir sincère d’entrer dans le cœur du drame des personnes et de comprendre leur point de vue, pour les aider à vivre mieux et à reconnaître leur place dans l’Église (312). ».

    Ref. Liège à Lourdes

    JPSC

  • La conversion à laquelle nous sommes invités

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    Le dimanche 24 septemebre, lors de la messe pour le 10e anniversaire de la mort du cardinal Jean-Marie Lustiger, le cardinal André Vingt-Trois a prononcé l'homélie suivante :

    Homélie du cardinal André Vingt-Trois

    - Is 55,6-9 ; Ps 144, 2-3.8-9.17-18 ; Ph 1,20-24.27 ; Mt 20,1-16

    Frères et Sœurs,

    Tout au long de ces semaines, nous entendons le dimanche des paraboles sur le règne de Dieu. Elles sont comme une pédagogie pour nous aider à déplacer nos critères, pour nous aider à comprendre que le règne de Dieu n’est pas un règne humain qui se régit selon les règles habituelles des sociétés humaines, que la justice de Dieu ne se réduit pas à l’équité que les hommes ont tant de mal à établir entre eux, que la surabondance de l’amour et de la miséricorde de Dieu déborde de toute manière l’image que nous nous faisons de la rétribution morale qui voudrait que, ce que nous estimons être les bons comportements soient bien récompensés, et que les moins bons comportements soient bien pénalisés.

    Et voici que Dieu met en œuvre une justice tout à fait différente, où il donne autant au dernier venu qu’au premier venu, sans considération pour la différence de travail fourni, où il invite à pardonner indéfiniment, soixante-dix fois sept fois entendait-on la semaine dernière, où il appelle les disciples du Christ à vivre dans une fraternité miséricordieuse. En entendant ces paraboles, -ou ces admonestations du Christ-, nous comprenons mieux la parole du prophète Isaïe, « mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, - oracle du Seigneur » (Is 55,8), « …le Seigneur qui montrera sa miséricorde, notre Dieu qui est riche en pardon » (Is 55,7).

    Nous mesurons combien nos réflexes – pas simplement nos réflexes personnels car nous serions moins bienveillants que d’autres, mais nos réflexes sociaux, nos réflexes collectifs, les réflexes qui s’établissent dans une société – sont différents des chemins que Dieu nous propose, combien ces réflexes sont différents de la richesse de la miséricorde de Dieu. Nous aimons juger. Nous aimons mesurer. Nous aimons comparer. Et nous voudrions que Dieu ait le même réflexe, nous voudrions que Dieu ait la même attitude à l’égard des hommes. Nous le voyons tout au long de l’évangile, et nous voyons comment les réactions du Christ s’inscrivent en faux contre cette comptabilité désuète. Ceux qui entourent le Christ et lui contestent d’exercer la miséricorde voudraient que la loi permette de punir, car la punition des autres fait encore mieux ressortir la justice supposée que nous vivons. Ce que Dieu veut nous faire découvrir, c’est que même celui qui est entré le dernier au travail, celui qui s’est converti dans la dernière ligne droite, celui qui a été appelé en dernier, a autant de mérite que ceux qui ont été appelés les premiers. Il veut nous faire découvrir que l’antériorité ne constitue pas un droit, que la fidélité ne constitue pas un droit, que la rigueur morale ne constitue pas un droit. Ce qui constitue un droit, c’est la miséricorde que Dieu veut exercer à l’égard de tous les hommes, en commençant par les plus faibles. Et à mesure que nous énumérons cet antagonisme entre notre conception des relations humaines et la manière selon laquelle Dieu veut pratiquer avec les hommes, au fur et à mesure que nous énumérons les éléments de cet antagonisme, nous mesurons combien notre cœur est étroit, comparé à la miséricorde de Dieu, – pour reprendre la formule de l’évangile de saint Matthieu – « comment notre regard est mauvais parce que Dieu est bon ».

    C’est une véritable conversion à laquelle nous sommes invités. Il s’agit d’apprécier nos relations avec les autres hommes, non pas simplement à l’aune du mérite, mais à l’aune de l’amour et du pardon. D’abord dans nos communautés chrétiennes, dans nos relations avec nos frères et nos sœurs, dans le regard que nous portons les uns sur les autres. Si la liturgie nous invite heureusement à échanger un signe de paix avant la communion, cela n’est pas simplement un formalisme insignifiant, c’est une façon pour nous de nous tourner vers quelqu’un que nous n’avons pas choisi en général, que nous ne connaissons probablement pas, et de nous présenter à lui désarmé. C’est une façon de nous inviter à nous regarder d’un regard de miséricorde et non pas d’un regard de jugement. Si nous n’entrons pas dans ce regard de miséricorde, comment pourrions-nous accueillir la surabondance de la miséricorde de Dieu dans la communion eucharistique ? Comment pourrions-nous recevoir le corps du Christ si nous ne pouvons pas le recevoir dans le corps de nos frères ?

    Cette conversion, ce retournement de nos perspectives, cette invitation permanente depuis la première heure de notre vie jusqu’à la dernière, c’est vraiment le signe de la miséricorde de Dieu. C’est l’affirmation que nous ne sommes pas abandonnés à la fatalité. C’est l’annonce que tout homme et toute femme, pourvu qu’il accepte de recevoir la main qui se tend vers lui, peut changer de vie. C’est la certitude qu’aucun être humain n’est enfermé irrémédiablement dans ses faiblesses, dans ses fautes et dans son péché. C’est à cause de cette certitude que nous pouvons résister à la tentation du désespoir et nous avancer vers Dieu avec confiance.

    Nous venons recevoir le salaire de la journée quand même nous n’aurions travaillé qu’une heure. Nous venons recevoir la plénitude de la grâce quand même nous nous serions convertis très tard. Nous venons répondre à l’appel du maître qui cherche des ouvriers quand même nous aurions méconnu cet appel ou nous serions restés sourds à ce qu’il nous dit. Ainsi, comme saint Paul y invite les Philippiens, nous sommes invités à avoir un comportement digne de l’Évangile du Christ, c’est-à-dire le comportement d’un pécheur pardonné, porteur du pardon pour ses frères.

    Amen.

    + André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

  • Asia Bibi a été nominée au Prix Sakharov 2017

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    De l'Agence Fides :

    ASIE/PAKISTAN - Nomination au Prix Sakharov 2017 pour Asia Bibi et nouveaux coups de réflecteurs sur la loi sur le blasphème

    Lahore (Agence Fides) – Asia Bibi, la chrétienne condamnée à mort pour blasphème et incarcérée depuis 2009, a été nominée dans le cadre de l’édition 2017 du prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de pensée, conféré par l’Union européenne. Le Prix constitue une initiative du Parlement européen et est remis à des individus ou à des groupes s’étant distingués dans le domaine de la défense des droits fondamentaux et des libertés fondamentales. Parmi les candidats de cette année, outre Asia Bibi, se trouvent Aura Lolita Chavez Ixcaquic, défenseur des droits fondamentaux provenant du Guatemala, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, Coprésidents du Parti démocrate populaire pro kurde (HDP) en Turquie, des groupes et des personnes représentant l’opposition démocratique au Venezuela, Dawit Isaak, dramaturge suédois et érythréen, arrêté en 2001 par les autorités érythréennes, et Pierre Claver Mbonospa, activiste des droits fondamentaux au Burundi.

    Peter Van Dalen, membre du groupe des Conservateurs et réformistes européens au sein du Parlement européen, qui a proposé la candidature d’Asia Bibi, a expliqué que « le cas d’Asia Bibi comporte une importance symbolique pour d’autres qui ont souffert ou souffrent pour la liberté de religion ou d’expression ».

    « En elle, peut être vue la situation de toute la communauté chrétienne. Son cas est tragiquement indicatif de l’insécurité pesant sur toutes les minorités lorsqu’il s’agit du respect de leurs droits fondamentaux » remarque dans un commentaire envoyé à Fides Kaleem Dean, intellectuel et analyste pakistanais. « Si elle obtenait le Prix Sakharov, Asia Bibi recevrait 50.000 €uros. Pourtant, ce qui est en jeu ici est quelque chose qui vaut plus que cette somme – même si elle est utile à titre de dédommagement du préjudice subi : ce qui est en jeu est la reconnaissance de la liberté religieuse au Pakistan » poursuit-il.

    « Le gouvernement – déclare-t-il – met actuellement la tête sous le sable pour ne pas entendre les cris angoissés provenant des communautés religieuses minoritaires ». Son cas particulier est également lié à la très connue loi sur le blasphème. « Les accusations de blasphème constituent un instrument de ce qui est devenue une oppression d’Etat contre les minorités. Les gouvernants devraient avoir le courage et la clairvoyance de réformer la loi sur le blasphème » conclut Kaleem Dean.

    « Le Premier Ministre pakistanais, Shahid Khaqan Abbasi, qui participait ces jours-ci à la 72ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, s’est refusé de parler de la loi sur le blasphème au Pakistan, se contentant d’affirmer que le Parlement pakistanais constitue l’organe responsable de la modification des lois » remarque pour Fides Nasir Saeed, Directeur de l’ONG CLAAS (Centre for Legal Aid, Assistance and Settlement), engagée dans la défense des minorités religieuses au Pakistan. « Depuis des années – poursuit Nasir Saeed – cette question es tabou et même le Premier Ministre du Pakistan a peur de faire des commentaires. Le rôle du Premier Ministre est également de garantir le fait que les lois ne soient pas manipulées mais malheureusement, ces lois sur le blasphème sont régulièrement exploitées comme instrument de vengeance permettant de poursuivre des personnes innocentes. Au cours de ces dernières années, les abus d’usage de la loi sur le blasphème ont augmenté. Elle est désormais considérée comme une manière simple, rapide et peu coûteuse de résoudre des controverses privées et de punir ses adversaires ».

    « La loi sur le blasphème – conclut Nasir Saeed – n’est pas conforme aux standards internationaux en matière de droits fondamentaux. Les abus d’usage commis génèrent par ailleurs d’autres violations du droit international. Le gouvernement du Pakistan n’affronte pas un problème si important bien qu’il s’agisse d’une question de vie ou de mort ».

    Le Directeur de CLAAS rappelle qu’existent des rapports concernant un grand nombre de cas de blasphème basés sur de fausses accusations et sur l’absence d’enquêtes judiciaires. « C’est pourquoi nous invitons le Premier Ministre pakistanais à inscrire la question à l’agenda de son gouvernement et à la porter devant le Parlement » conclut-il. (PA) (Agence Fides 26/09/2017)

  • Le rite latin traditionnel rend la vérité "sensible"

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    Du Père de Blignières sur le site "Paix Liturgique" :

    RP de Blignières : LE RITE REND "SENSIBLE" LA VÉRITÉ

    Dimanche 17 septembre 2017 c'est dans une église de la Trinité des Pèlerins bondée que le RP de Blignières, fondateur des dominicains de Chéméré (et de nouveau Prieur depuis le 20 septembre 2017), a prononcé le sermon de clôture du pèlerinage romain ayant marqué le dixième anniversaire du motu proprio Summorum Pontificum. Nous sommes heureux, avec sa permission et celle du RP de Saint-Laumer, qui célébrait cette belle messe pontificale selon le rite dominicain, de vous faire partager cette réflexion qui souligne avec force le lien irrépressible entre liturgie et théologie. Car la liturgie, comme le soulignait le cardinal Müller, lors du colloque du 14 septembre à l’Université angélique, est un « lieu théologique ». Et par le fait, un « lieu » artistique. On appréciera en ce sens la conclusion du P. de Blignières, qui évoquant implicitement l’adage platonicien, « le beau est la splendeur du vrai », l’applique aux rites sacrés polis par la tradition : « La vérité qui devient sensible, qu’est-ce que c’est, sinon la beauté ? »

    SERMON DU RP DE BLIGNIÈRES (FSVF) POUR LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE DU MOTU PROPRIO SUMMORUM PONTIFICUM

    Rome, église de la Trinité des Pèlerins, 17 septembre 2017

    Le Concile de Trente, pour rendre raison des cérémonies du Saint Sacrifice de la Messe, rappelle que la nature de l’homme a besoin d’aides extérieures et de signes visibles afin de s’élever à la contemplation des choses divines (1). On peut en tirer une définition du rite : « un rite, c’est ce qui rend sensible une vérité ». Le rite du sacrifice de la messe, c’est ce qui met à la portée de la nature humaine la vérité sur Dieu, la vérité sur l’homme, et la vérité sur le Christ. En sa forme latine traditionnelle, il rend tangibles, avec une efficacité insurpassable, ses trois aspects.

    La vérité sur Dieu : Dieu est Trinité

    Celui qui assiste pour la première fois à la messe dans le rite traditionnel est tout de suite frappé par l’ambiance sacrée qui s’en dégage. L’architecture majestueuse, la disposition de l’espace avec un lieu réservé aux ministres et un autre aux fidèles, l’orientation de la célébration, l’attitude recueillie et hiératique du célébrant, les vêtements particuliers qu’il revêt, la langue inaccoutumée qu’il emploie, les gestes de révérence qu’il fait en direction du tabernacle et des oblats consacrés, notamment les nombreuses génuflexions, enfin le mystérieux silence du canon : tout porte à sortir du monde profane et à se mettre en présence de Quelqu’un qui dépasse le monde.

    Mais si cet assistant prend la peine de suivre dans un missel ce que dit le prêtre, il est alors touché par un aspect étonnant de la prière. Certes, on y supplie avec grand respect celui que toutes les traditions de l’humanité appellent « Dieu », mais on le fait avec la certitude confiante d’un enfant s’adressant à son père. L’onction inimitable des très anciennes prières latines nous met en rapport, non avec un grand architecte impassible de l’Univers, mais avec une réalité mystérieuse et fascinante : la Trinité. On s’adresse à elle, étonnamment, comme si on était de la famille ! On lui parle avec une audace inouïe, on se présente à elle dans le voisinage de toute une nuée de saints personnages qui ont un grand crédit auprès d’elle. On ne cesse surtout de parler de son Fils, et chaque fois que l’on évoque son nom, on incline la tête.

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  • Le dialogue entre Dominique Wolton et le pape François : impressions de lecture

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    Lu sur "Le temps d'y penser" :

    Les IMPRESSIONS DE LECTURE de 

    Avez-vous déjà fait l’expérience lors d’une soirée de suivre un dialogue intéressant entre deux personnes qui ne s’adressaient pas particulièrement à vous et qui ne cherchaient pas à vous convaincre mais dont les échanges vous semblaient suffisamment intéressants pour les écouter et pour y réfléchir après coup ?

    C’est l’expérience que j’ai faite à la lecture d’un dialogue entre Dominique Wolton et le pape François intitulé Politique et société. Ce n’est pas à proprement parler un livre d’entretiens au sens où il s’agirait d’une longue interview sur le modèle du Choix de Dieu réalisé par le même Dominique Wolton et Jean-Louis Missika avec Jean-Marie Lustiger en 1989.

    C’est d’abord une conversation à bâtons rompus entre deux individus qui échangent dans un climat de confiance et de bienveillance. D’où quelques redites, une discussion part parfois dans toutes les directions et un Dominique Wolton qui s’exprime autant que le pape François voire plus par endroits. Ce n’est donc pas un travail de journaliste : Dominique Wolton n’a jamais été journaliste et n’a jamais prétendu l’être.

    Une fois admis ces prémisses je pense qu’on peut se plonger avec profit dans la lecture de ce dialogue. Je livre ci-dessous mes impressions de lecture dans l’espoir que cela incitera les lecteurs de cet article à devenir des lecteurs de Politique et société.

    1/ Mettre l’accent sur la pédagogie et le discernement

    Toutes les personnes qui ont eu la chance de s’entretenir en privé avec le pape émérite Benoît XVI s’accordaient à dire que, lorsqu’on avait une discussion avec lui on en ressortait plus intelligent… et donc plus libre.

    Le cardinal Ratzinger, dont la culture théologique et l’intelligence dépassaient largement celle de la plupart de ses interlocuteurs même les plus brillants, se mettait toujours à l’écoute et au niveau de celui ou de celle qui lui parlait. Il reformulait positivement l’objection qui lui était faite ou la question qui lui était posée, puis complétait, élargissait et, le cas échéant, corrigeait parfois ce qui devait l’être mais toujours avec délicatesse et en explicitant. Il amenait ainsi son interlocuteur à un niveau supérieur de compréhension (à moins que ce ne soit à un niveau plus profond ?).

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  • Les Chrétiens d’Orient : pluralité des rites et des communautés

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    Est-ce un modèle pour l’Eglise latine où le rite romain s’est largement émietté depuis la réforme de Paul VI (1969) ? Comparaison n’est pas raison. Les diverses traditions orientales puisent  leur stabilité dans l’attachement à des racines historiques profondes alors que la mentalité liturgique de l’Eglise latine postconciliaire est influencée par le libéralisme des cultes protestants. Dans « La Croix », Nicolas Senèze dresse un panorama des principaux rites orientaux . JPSC.

    Rites orientaux LC-20170705-Proche-Orient-Chretiens-V3_0_728_491.jpg

    « Parmi les Églises d’Orient, on peut distinguer cinq différents rites qui concernent les chrétiens orthodoxes et catholiques.

    Comme l’explique le code des canons des Églises orientales, « le rite est le patrimoine liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire qui se distingue par la culture et les circonstances historiques des peuples et qui s’exprime par la manière propre à chaque Église » (canon 28).

    Rite alexandrin

    La principale Église orientale de rite alexandrin est l’Église copte-orthodoxe (10 millions de fidèles), dont le siège est à Alexandrie. En sont issues l’Église éthiopienne-orthodoxe (née en 1959) et l’Église érythréenne-orthodoxe (1993). Une Église copte-catholique a vu le jour en 1741 (250 000 fidèles), une Église éthiopienne-catholique en 1622 (1 million de fidèles) et, en 2015, une Église érythréenne-catholique.

    Rite arménien

    Séparée en 451, l’Église arménienne apostolique (dite aussi grégorienne) compte actuellement 6 millions de fidèles. Elle est dirigée par deux catholicos, l’un d’Etchmiadzin (Arménie), l’autre de Cilicie siégeant à Antélias (Liban). Une Église arménienne-catholique (600 000 fidèles) a vu le jour en 1742, dont le patriarche siège à Beyrouth (Liban).

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    Rite byzantin

    Le rite byzantin est commun à une quinzaine d’Églises orthodoxes qui toutes reconnaissent une primauté d’honneur au patriarche œcuménique deConstantinople. Parmi elles, trois ont leur patriarcat dans le monde arabe (Alexandrie, Antioche, Jérusalem). Il y a aujourd’hui entre 125 et 180 millions d’orthodoxes dans le monde.

    Il existe plusieurs Églises catholiques de rite byzantin, dites « uniates », dont les plus importantes sont l’Église grecque-catholique d’Ukraine (7 millions de fidèles, siège à Kiev), l’Église grecque-catholique de Roumanie (1,7 million de fidèles, siège à Blaj) et l’Église melkite (1,3 million de fidèles, siège à Damas).

    Rite syrien-occidental (antiochien)

    La principale Église de rite syrien-occidental est l’Église syrienne-orthodoxe (dite jacobite) qui compte 250 000 fidèles et dont le siège est à Damas.

    En 1665, des fidèles de l’Église malabare-catholique, refusant la latinisation forcée de leur Église, sont entrés dans la communion de l’Église syrienne pour former l’Église malankare-orthodoxe (1,7 million de fidèles). Une partie de ses fidèles est revenue à Rome en 1930 pour former l’Église malankare-catholique (270 000 fidèles).

    Il existe également une Église syrienne-catholique, forte de 100 000 fidèles, unie à Rome en 1797 (siège à Damas). L’Église maronite (4 millions de fidèles), qui n’a jamais été formellement coupée de Rome, relève, elle aussi, du rite antiochien.

    Rite syrien-oriental (chaldéen)

    Séparée aujourd’hui en deux juridictions (Bagdad et Chicago), l’Église assyrienne d’Orient rassemble entre 100 000 et 200 000 fidèles. La plus importante Église de cette famille demeure l’Église chaldéenne, unie à Rome en 1552 (un million de fidèles, notamment en Irak).

    La tradition chaldéenne est présente en Inde avec l’Église malabare-catholique (6 millions de fidèles), unie à Rome en 1599, mais dont une partie des fidèles est revenue en 1907 dans la juridiction de l’Église assyrienne.

    ______________

    Lexique

    Araméen

    Selon la Bible, la Mésopotamie aurait été peuplée par les descendants d’Aram, cinquième fils de Sem, qui donnera son nom au territoire du centre de l’actuelle Syrie. La langue araméenne, qui appartient à la branche sémitique, apparaît au Ier millénaire av. J.-C. et devient, jusqu’au VIIe siècle apr. J.-C., la principale langue du Proche-Orient, avant d’être supplantée par l’arabe.

    Diaspora

    Mot grec signifiant « dissémination » (de speiro, semer). La diaspora a d’abord désigné la dispersion des juifs autour du bassin méditerranéen puis à travers le monde. Par analogie, il s’applique, surtout depuis le XXe siècle, à tous les groupes ethniques dispersés par l’histoire.

    Rite

    Comme l’explique le code des canons des Églises orientales, « le rite est le patrimoine liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire qui se distingue par la culture et les circonstances historiques des peuples et qui s’exprime par la manière propre à chaque Église » (canon 28).

    Syriaque

    Dérivé de l’araméen, le syriaque apparaît à Édesse (aujourd’hui Sanliurfa, en Turquie) à la fin du Ier millénaire av. J.-C. et devient la langue des chrétiens qui lui donnent un véritable statut littéraire. Il est aujourd’hui l’héritage de tous les chrétiens syriaques, du Proche-Orient au sud de l’Inde : syriens-orthodoxes et syriens-catholiques, assyriens et chaldéens, maronites, malabars et malankars. Le syriaque est aujourd’hui parlé à travers plusieurs dialectes en Syrie (syriaque occidental), au sud de la Turquie (turoyo) et en Irak et Iran (syriaque oriental ou soureth).

    Nicolas Senèze »

    Ref. Les cinq principaux rites des Églises orientales

  • Premier dimanche du Mois en l’église du Saint-Sacrement à Liège : 1er octobre 2017 à 10h (Bd d’Avroy, 132).

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    Propre de la Messe grégorienne « Justice et Miséricorde »

    L’église du Saint-Sacrement à Liège offre chaque premier dimanche du mois à 10h00 une messe particulièrement soignée sur le plan musical.

    Le dimanche 1er octobre prochain, l’organiste Patrick Wilwerth, professeur au conservatoire de Verviers, et l’Ensemble instrumental Darius ont choisi de privilégier la musique anglaise de la Renaissance et de l’âge baroque.

    Le propre grégorien de la messe est chanté par la Schola du Saint-Sacrement. Il commence par la mélodie de l’introït extrait de psaume 118 qui évoque le lien entre la justice et la miséricorde divines.

    JPSC

  • Les "sept hérésies d’ « Amoris laetitia »"

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    De Sandro Magister via Diakonos.be :

    Si je me trompe vous me corrigerez. Les sept hérésies d’ « Amoris laetitia »

    « Très Saint-Père, C’est avec une profonde tristesse, mais poussés par la fidélité envers Notre Seigneur Jésus-Christ, par l’amour pour l’Eglise et pour la papauté, et par dévotion filiale envers votre personne nous sommes contraints d’adresser à Votre Sainteté une correction à cause de la propagation d’hérésies entraînée par l’exhortation apostolique ‘Amoris laetitia’ et par d’autres paroles, actions et omissions de Votre Sainteté. »

    C’est par ces mots que commence la lettre que 40 personnalités catholiques du monde entier ont adressée au Pape François le 11 août dernier et qu’ils rendent publique aujourd’hui, dimanche 24 septembre, sur le site www.correctiofilialis.org (publiée in extenso en français sur le blog de Jeanne Smits)

    Les 40 signataires sont entretemps devenus 62 et d’autres pourraient venir s’y ajouter. Mais jusqu’à présent, François n’a donné aucun signe d’avoir pris cette initiative en considération.

    Une démarche qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire moderne de l’Eglise. Il faut remonter à 1333 pour retrouver un épisode analogue, c’est-à-dire une « correction » publique adressée au pape pour des hérésies soutenues par lui et ensuite effectivement rejetées par le pape de l’époque, Jean XXII.

    Les hérésies dénoncées par les signataire de la lettre sont au nombre de sept. Et elles se trouvent toutes, selon eux, dans le chapitre huit de l’exhortation apostolique « Amoris laetitia », dont ils citent les passages incriminés.

    Mais ce n’est pas tout. La lettre énumère également une série de déclarations, d’actes et d’omissions par lesquels le Pape François aurait continué à propager ces mêmes hérésies.  Causant ainsi du « scandale à l’Eglise et au monde ».

    D’où la décision de non seulement dénoncer publiquement cette situation mais également d’adresser au Pape François la demande explicite de corriger les erreurs qu’il a « soutenues et propagées, causant ainsi un grand et imminent péril pour les âmes ».

    La « correction » à proprement parler, rédigée en latin, occupe un peu plus d’une page sur les 26 que compte la lettre et nous la reproduisons ci-dessous dans son intégralité, dans les traductions effectuées par les auteurs eux-mêmes.

    A propos de ces derniers, il convient de préciser que, dans la lettre adressée au pape, les signatures figurent non pas à la fin du texte mais au bas de la « Correction » et avant les longues « Elucidations » finales qui revêtent donc un caractère davantage accessoire que substantiel. Celles-ci insistent sur l’arrière-plan théologique des hérésies dénoncées qu’ils identifient d’une part au « modernisme » et d’autre part à la pensée de Martin Luther pour lequel le Pape François – lit-on – ferait preuve d’une sympathie « sans précédent ».

    Parmi les 62 signataires énumérés ci-dessous, les 40 qui ont signé la lettre adressée au pape sont indiqués en gras.

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  • Asia Bibi : plus de 3000 jours en prison

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    D'Isabelle Cousturié sur aleteia.org :

    Asia Bibi a dépassé les 3000 journées de prison

    Condamnée à mort pour outrage à l’islam, en 2009, la catholique pakistanaise attend toujours le verdict final de sa condamnation.

    Le 14 juin 2009, Asia Bibi est jetée en prison. Un an après elle est condamnée à mort pour blasphème, et depuis 2013, après deux transferts, elle croupit au fonds d’une des trois cellules, sans fenêtres, dans le couloir de la mort du pénitencier de Multan, dans le sud de la province du Pendjab. Un an après le report du procès en appel par la Cour suprême du Pakistan, et les menaces de mort de 150 muftis à l’égard de quiconque porterait assistance aux « blasphémateurs », l’affaire n’a pas progressé d’un iota. Le 30 août dernier, Asia Bibi a passé le cap des 3 000 journées d’incarcération.

    Sa famille vit dans la clandestinité. La seule chose que l’on sait vient de son avocat, le musulman Saif ul Malook, qui lui a rendu visite ces derniers mois. Il affirme qu’elle se porte bien et espère encore en sa libération. En revanche, la Cour suprême semble l’avoir oubliée, toujours pas décidé à trancher entre la confirmation de la peine capitale ou sa relaxe.

    Lire aussi : Pakistan : un adolescent chrétien refuse d’apostasier, ses camarades l’assassinent

    Pendant ces 3 000 jours Asia Bibi n’a jamais cessé de prier et de demander des prières. En hommage à cette chrétienne devenue une icône pour tous ceux qui luttent, au Pakistan et dans le monde, contre toutes les violences faites au nom des religions, voici la prière qu’elle a elle-même composée, l’année dernière, à l’occasion des fêtes de Pâques, et qui l’accompagne dans sa détention :

    « Seigneur ressuscité, permets que ta fille Asia ressuscite aussi avec toi. Brise mes chaînes, fais que mon cœur puisse se libérer et monte au delà de ces barreaux, et accompagne mon âme pour qu’elle soit proche de ceux qui me sont chers, et qu’elle reste toujours près de toi. Ne m’abandonne pas au jour de la détresse, ne me prive pas de ta présence. Toi qui as souffert la torture et la croix, allège ma souffrance. Tiens-moi près de toi Seigneur Jésus. Au jour de ta résurrection, Jésus, je veux te prier pour mes ennemis, pour ceux qui m’ont fait du mal. Je prie pour eux et je te prie de leur pardonner pour le mal qu’ils m’ont fait. Je te demande, Seigneur, de lever tous les obstacles afin que je puisse obtenir le bienfait de la liberté. Je te demande de me protéger et de protéger ma famille. J’adresse un appel particulier au Saint-Père François pour qu’il se souvienne de moi dans ses prières ».

    Après huit ans de souffrances, d’angoisse et d’espoirs déçus, tenons bon dans nos prières et nos actions de soutien à son égard, car à travers elle ce sont tous les chrétiens persécutés que nous soutenons dans leurs sacrifices.

  • « Nova et vetera ». Le sentier de la bonne musique liturgique

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    Lu sur « diakonos.be » la version française d’un article publié par Sandro Magister sur son site « Settimo Cielo » :   

    « Je publie un article qu’on m’a envoyé. L’auteur est un illustre compositeur et musicologue, expert en liturgie, directeur de la revue international « Altare Dei » éditée à Macao et à Hong Kong. On peut écouter un extrait de sa « Missa Summorum Pontificum » ici. Il est également l’auteur de la dramatique « déclaration » sur la situation actuelle de la musique sacrée que Settimo Cielo a publiée en mars dernier.

    *

    Vrais et faux amis de la tradition

    par Aurelio Porfiri

     Aurelio_Porfiri_300x300_preview.png« A la mi-septembre s’est déroulé à Rome le pèlerinage des fidèles liés à la forme extraordinaire du rite romain pour célébrer leur fidélité à l’Eglise – une, sainte, catholique, apostolique et romaine – et pour fêter le dixième anniversaire du motu proprio « Summorum Pontificum » qui autorisait une usage plus large du missel antérieur à Vatican II.

    A cette occasion, on m’a commandé une messe que j’ai baptisée « Missa Summorum Pontificum » qui a été exécutée dans la Basilique Saint-Pierre le 16 septembre au cours d’une messe pontificale solennelle célébrée par l’archevêque Guido Pozzo.

    Cette messe reprenait les parties du propre et celles de l’ordinaire. J’ai essayé d’innover dans la tradition « nova et vetera », en prenant le grégorien et la polyphonie comme modèle mais pour composer une musique qui sonne comme en 2017 et pas comme relique du passé.  J’ai d’abord pensé au rythme et ensuite à la musique, en cherchant à comprendre comment ma musique aurait servi au mieux ce moment rituel.  J’ai cherché à faire en sorte que mes morceaux n’alourdissent pas le rite et qu’ils prévoient l’intervention des fidèles là où c’est possible parce qu’il serait erroné de laisser à la réforme postconciliaire le monopole de la participation alors que cette dernière était également réclamée par tous les documents précédant le Concile.  Il est clair que cette idée de participation ne signifie pas qu’il faille se laisser aller à la banalisation, à la médiocrité ni au mauvais goût.  Car malheureusement notre réalité est celle-là.

    Au cours du pèlerinage, j’ai rencontré de véritables amis de la Tradition. Parmi eux, une majorité a approuvé les efforts entrepris pour chercher à montrer combien la Tradition ne consiste pas essentiellement à fixer le passé mais à regarder vers l’origine et à se projeter dans l’avenir.  La forme extraordinaire est toujours jeune quand elle s’habille de courage, elle ne se laisse pas impressionner par la minorité (parce que c’est une minorité mais qui sait faire du bruit) qui a peur du moindre changement.

    On peut ne pas être d’accord avec mon style, c’est parfaitement légitime. Mais on ne peut pas et on ne doit pas penser que la forme extraordinaire serait le culte du passé.  Le catholique (et non le traditionaliste comme l’a bien dit le cardinal Sarah) regarde Jésus qui vient et, sans la Tradition, il tombe dans les bras de l’esprit du monde, même en matière de liturgie.

    Il m’est arrivé, cette année et l’année dernière, d’avoir des conversations intéressantes avec des grandes personnalités ecclésiastiques du monde anglo-saxon en visite à Rome pour le pèlerinage. Quand ils me reprochaient le niveau médiocre de la musique que l’on entend dans les églises italiennes, je tentais de répliquer que la mauvaise influence venait également de chez eux.  Mais que le niveau soit médiocre, on n’a pas besoin de se l’entendre dire.  La recherche de la nouveauté pour la nouveauté nous a jeté dans le gouffre dans lequel nous nous trouvons.

    Moi, j’ai voulu essayer d’emprunter un autre chemin, le « nova et vetera ». Ce qui importe, c’est que la forme extraordinaire ne devienne pas le frigo où l’on conserve les choses pour ne pas qu’elles moisissent mais bien la serre d’où naissent de nouvelles fleurs aux côtés des anciennes.

    Au cours de ce pèlerinage, j’ai croisé de nombreuses personnes amoureuses de l’Eglise, de sa Tradition et de ses rites. Des jeunes et des moins jeunes, issus des quatre coins du monde.  Et ces gens n’avaient pas peur de la nouveauté, ils ne sont pas de ceux que le pape François a qualifiées de « rigides ».  Non, ce sont des personnes d’aujourd’hui qui ne veulent pas perdre la beauté de la liturgie mais qui veulent se perdre dans la beauté de la liturgie.  Je suis l’un d’entre eux.

    Il est clair qu’une partie de ce monde tombe sous le coup de cette définition du pape François. Ce sont ceux qui voudraient vivre dans le passé ou le faire revivre comme si nous étions encore aujourd’hui au XVIè siècle ou plus tard.  Ils n’ont pas le visage serein des pèlerins que j’ai croisés mais ils cultivent des rancœurs et les laissent éclater dans l’ombre.  Je voudrais vraiment les aider comme leur frère dans le Christ et leur dire qu’à chaque siècle, l’Eglise a été à l’avant-garde de l’excellence artistique parce qu’elle a donné lieu à de nouvelles créations.

    De nouvelles créations basées non pas sur le vide ou sur des esthétiques contraires ou opposées à l’esthétique catholique, mais qui prenaient pour modèle la grande Tradition et qui n’avaient rien à envier aux modèles des maîtres précédents qui, avec ces modèles, servaient bien le culte de Dieu.

    J’ai fait de mon mieux. J’ai suivi l’enseignement des papes, à commencer par Saint Pie X.  Je crois au moins avoir contribué à violer une sorte de tabou qui est l’antithèse de ce que l’Eglise catholique a toujours été, une mère toujours féconde de beauté et non, comme certains le pensent, une vieille dame rabougrie qui ne sort jamais de chez elle parce qu’elle est seule et impotente.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    Ref. « Nova et vetera ». Le sentier de la bonne musique liturgique

    On relira aussi avec profit le texte de cette homélie, extraite du site web du diocèse de Liège,  que nous avons publiée le 25 août dernier : Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège : le sens de la forme extraordinaire du rite romain

    JPSC

  • Les traditionalistes ont célébré à Rome le Xe anniversaire de l'entrée en vigueur du Motu Proprio de Benoît XVI réhabilitant l’ « usus antiquior » dans la liturgie

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    Quand les périphéries pèlerinent vers le centre ...

    JPSC