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International - Page 121

  • "Cette guerre a quelque chose de démoniaque" (le nonce apostolique en Ukraine)

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    De Vatican News :

    Le nonce apostolique en Ukraine: «cette guerre a quelque chose de démoniaque»

    Dans une interview à l'Aide à l'Église en Détresse, Mgr Visvaldas Kulbokas revient sur la situation à Kiev, la solidarité de la population et le drame de la guerre. En voici des extraits.

    D'origine lituanienne, Mgr Visvaldas Kulbokas est nonce apostolique en Ukraine depuis 2021. Il répond aux questions de Maria Lozano, responsable du service de presse de l'Aide à l'Église en Détresse (AED).

    Quelle est la situation actuelle à Kiev ?

    Depuis le 24 février, tous les jours, toutes les nuits, il y a des attaques de missiles dans diverses parties de la ville. À la nonciature, nous ne sommes pas dans une zone très centrale et jusqu’à présent, nous n’avons pas vu les bombardements de très près. Des combats corps à corps oui, nous les avons vus de plus près, pas dernièrement, mais il y a quelques jours. Mais il est très probable que tout va empirer dans les heures à venir. Dans d’autres villes comme Kharkiv, même les quartiers résidentiels ont été gravement touchés... Aujourd’hui, personne en Ukraine ne peut se sentir en sécurité. À quoi ressembleront les prochaines heures, les prochains jours ? Personne ne le sait.

    À certains égards, Kiev connaît encore une certaine tranquillité par rapport à d’autres villes : Irpin, qui est dans la banlieue de Kiev, ou Kharkiv, Tchernihiv ou Marioupol... Kiev a toujours un lien avec le monde extérieur, mais la crise humanitaire est très forte ici et dans d’autres villes d’Ukraine. Je porte cette préoccupation dans mon cœur et il n’est pas toujours possible d’apporter de l’aide. Parfois, même des agences comme Caritas ou la Croix-Rouge, ou même celles du gouvernement, ne sont pas en mesure de faire quoi que ce soit.

    Quelque chose a-t-il changé à Kiev depuis les premiers jours du conflit ?

    Quand la guerre a commencé, nous avions moins de capacité organisationnelle. Je parle non seulement pour moi-même, mais aussi pour ces organisations. Maintenant, il y a une bien meilleure préparation. Il semble que les forces militaires russes s’approchent du centre-ville, de sorte que ces derniers jours, les organisations humanitaires ont été encore plus actives. Caritas, la Croix-Rouge, les organisations paroissiales – non seulement les catholiques, mais aussi les orthodoxes et les musulmans font de même – essaient de voir qui sont les personnes les plus en difficulté et redistribuent de la nourriture, essaient d’évacuer ceux et celles qui sont dans les situations les plus difficiles, peut-être d’endroits où ils n’ont pas d’électricité ou de chauffage.

    Comment est l’approvisionnement ? Avez-vous de la nourriture et des boissons, de l’eau ? Y a-t-il des problèmes d’approvisionnement partout ou seulement dans certains secteurs ?

    À la nonciature, nous avons préparé des provisions avant le début de la guerre parce qu’on la percevait comme très probable. Je sais personnellement que certaines familles n’y croyaient pas et la guerre les a surpris sans provisions suffisantes pour plus de deux ou trois jours. Dieu merci, ces derniers jours, une certaine aide a réussi à atteindre Kiev. En outre, il existe des organisations telles que Caritas ou des groupes de volontaires qui apportent de la nourriture des villes voisines, sachant que Kiev est soumise à une attaque militaire plus soutenue. C’est toujours gratuit. La solidarité est totale. Il est difficile de savoir dans quelle situation se trouvent toutes les familles et combien de jours elles peuvent endurer, mais il est certain que la crise humanitaire est très intense.

    Comment décririez-vous l’état d’esprit des gens, leurs sentiments ? Les gens qui sont restés à Kiev ont-ils très peur ?

    Bien sûr. Je ne peux pas parler au nom de toute la population, mais je peux parler des gens que je vois personnellement : les prêtres, les bénévoles ou les collaborateurs de la nonciature. Il y a beaucoup d’inquiétude, mais vous pourriez décrire l’état d’esprit comme «vaillant». Nous sentons que nous devons faire face à cette tragédie ensemble, nous entraider et prier beaucoup. Je vois beaucoup d’optimisme. Malgré les grandes tragédies, je vois de l’optimisme chez beaucoup de gens, en particulier chez les prêtres et les religieux. Cependant, je ne pense pas que l’on trouvera le même optimisme chez les patients qui ont besoin d’un traitement ou chez les femmes qui accouchent ou avec des nouveau-nés.

    Diriez-vous que ce conflit a un aspect religieux ?

    Cette guerre a plusieurs motivations et certains prétendent y voir un certain élément religieux. Pour moi c’est complètement incorrect. Si nous regardons les Ukrainiens, par exemple, nous avons le Conseil des Églises et des organisations religieuses d’Ukraine, qui est très uni en ce moment, qui est proche du peuple et dont les membres se soutiennent mutuellement. Cela ne veut pas dire que toutes les difficultés ont disparu, car il est très clair que certains malentendus interreligieux ont joué un rôle dans le passé. Seulement, je considère qu’il est impossible d’utiliser cet argument pour motiver une guerre, car lorsqu’il y a des difficultés dans les relations interreligieuses, elles doivent être résolues d’une autre manière. Je remarque, surpris, que les difficultés que j’avais vues auparavant en Ukraine ont été considérablement réduites à l’heure actuelle. Le moment de la tragédie a donc uni le peuple ukrainien. Cela ne veut pas dire qu’il restera uni par la suite, mais c’est déjà un signe très positif.

    L’AED a annoncé une aide de 1,3 million d’euros pour les diocèses qui en ont le plus besoin, notamment pour soutenir le travail des prêtres et des religieux. À votre avis, quelle est l’importance de cette aide ?

    Toute aide qui vient sera grandement appréciée. À l’avenir, il est difficile de savoir exactement quels seront les besoins, mais de nombreuses structures sont endommagées. Donc, même au niveau structurel et organisationnel, il y aura beaucoup à faire parce que l’humilité, l’abandon total à Dieu, la solidarité et l’amour. Parce que dans tous les cas si nous sommes proches les uns des autres, si nous sommes proches de Dieu, si nous sommes fidèles, Lui-même prendra soin de nous. C’est pourquoi même dans cette guerre – qui n’est pas une invention purement humaine, mais qui a quelque chose du Malin, du diable, car toute violence en a – nous ne pouvons vaincre le mal que tous ensemble, le monde entier, avec le jeûne, avec la prière, avec beaucoup d’humilité et d’amour.

  • Biden contrarié dans sa politique pro-avortement

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    De Lisa Correnti sur C-Fam :

    Les républicains bloquent la nomination du juriste de Biden pour cause d'extrémisme en matière d'avortement.

    11 mars 2022

    WASHINGTON DC, 11 mars (C-Fam) Les républicains du Sénat ont bloqué à l'unanimité la confirmation de Sarah Cleveland, la candidate du Président Biden au poste de conseiller juridique au Département d'Etat, en raison de sa position selon laquelle les comités de l'ONU l'emportent sur le droit national en matière d'avortement. Cleveland est d'avis que l'avortement est un droit humain mondial.

    "Il s'agit de l'un des postes les plus importants du département", a déclaré le sénateur James Risch (R-ID), membre de la commission des affaires étrangères du Sénat.

    Avant le vote, M. Risch s'est dit "profondément préoccupé" par les avis juridiques rendus sur l'accès à l'avortement pendant son mandat de membre du Comité des droits de l'homme des Nations unies.

    Risch a fait référence à un avis quasi-juridique auquel Cleveland a "contribué et qu'elle a défendu", selon lequel "les lois nationales d'un pays violent les droits de l'homme internationaux de ses citoyens en ne fournissant pas et en ne payant pas pour un avortement".

    Risch a déclaré que cela était incompatible avec les restrictions américaines sur le financement des avortements à l'étranger et la défense de l'avortement au niveau international. "Pour cette raison, je ne suis pas en mesure de soutenir sa nomination", a-t-il déclaré.

    Le vote de la commission s'est terminé par une impasse, les onze sénateurs républicains s'opposant à Cleveland et les onze démocrates la soutenant.

    La confirmation de Mme Cleveland par le Sénat devient maintenant plus difficile, car il faut un "vote de décharge" de la part de l'ensemble du Sénat. Bien que le chef de la majorité du Sénat, Chuck Schumer, puisse faire avancer ce dossier à sa discrétion, cela nécessite d'utiliser le précieux temps de parole du Sénat et de surmonter toute retenue potentielle de la part des sénateurs républicains.

    Au cours de sa nomination de trois ans au Comité des droits de l'homme des Nations unies, Mme Cleveland et ses collègues ont rédigé et adopté un commentaire juridique, connu sous le nom de commentaire général 36, sur le droit à la vie en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Cleveland et ses collègues ont déclaré que le droit à la vie inclut le droit à l'avortement, même si le traité ne mentionne pas l'avortement.

    Les organisations conservatrices et pro-vie qui s'opposent à Cleveland ont envoyé une lettre aux membres républicains décrivant son activisme judiciaire sur l'avortement alors qu'elle était membre du Comité des droits de l'homme.

    "Le rôle de conseiller juridique du Département d'État ne doit pas être confié à une personne dont la compréhension du droit international des droits de l'homme est si mal informée", a déclaré March for Life Action. "La politique étrangère américaine doit rester axée sur la représentation des intérêts américains et des droits humains fondamentaux."

    En tant que militante de l'avortement et conseillère juridique principale au Département d'État, Mme Cleveland pourrait utiliser ses points de vue sur le droit international pour réinterpréter et appliquer les lois fédérales, notamment les restrictions sur le financement de l'avortement à l'étranger. Sa nomination intervient à un moment où les militants de l'avortement font pression sur l'administration Biden pour qu'elle vide de sa substance l'amendement Helms.

    L'amendement Helms, adopté en 1973, a été mis en œuvre comme une interdiction totale de tout avortement à l'étranger par les présidents démocrates et républicains. Cependant, l'administration Biden a signalé l'année dernière qu'elle était prête à réinterpréter l'amendement Helms et, pour la première fois en près de 50 ans, à autoriser l'aide étrangère américaine à financer l'avortement.

    Dans un récent article du TIME, des groupes internationaux de défense de l'avortement ont exprimé leur "frustration" à l'égard de l'administration Biden concernant ce retard. "Le silence sur cette question est vraiment remarquable", a déclaré Anu Kumar, président et directeur général d'Ipas. Ipas fournit un accès à l'avortement dans le monde entier par le biais d'équipements et de pilules abortives, y compris là où il est illégal.

    Selon le TIME, le personnel d'Ipas a eu "plus de 20 réunions et de fréquentes communications avec des membres du Conseil de la politique de genre de la Maison Blanche, du Département d'État, de l'USAID et du HHS au cours de l'année écoulée afin d'exhorter les responsables de l'administration à offrir des orientations claires sur les services que les bénéficiaires de l'aide américaine sont autorisés à fournir."

  • D'après Jean-François Colosimo, Vladimir Poutine serait en train de perdre

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    D'Europe1 :

    Jean-François Colosimo, théologien, éditeur et essayiste, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de la guerre en Ukraine, de la stratégie de Vladimir Poutine, des sanctions contre la Russie et de la résistance des Ukrainiens.

  • Comment interpréter l’offensive russe en Ukraine ? Le décryptage de Frédéric Pons

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    Guerre Ukraine-Russie

    « Une tragédie pour la civilisation chrétienne »

    des propos recueillis par Constantin de Vergennes sur France Catholique :

    11 mars 2022

    Comment interpréter l’offensive russe en Ukraine ? Le décryptage de Frédéric Pons, spécialiste des questions de défense et auteur de Poutine ( Calmann-Lévy, 2014).

    Comment deux peuples aux nombreux points communs, en viennent-ils à se faire la guerre ?

    Frédéric Pons : Avec la chute de l’URSS en décembre 1991, l’Ukraine a cherché à se rapprocher de l’Union européenne et de l’OTAN, au point de connaître une première révolution pro-européenne en 2004, avant d’être reprise en main par la Russie, qui y a installé un pouvoir favorable à ses intérêts. Lors de la grande révolution de la place Maïdan, en 2014, le pouvoir pro-russe est éjecté d’Ukraine et laisse place à un régime plus indépendant, qui veut intégrer à l’Union européenne et qui reprend la promesse d’intégration que lui a faite l’Otan en 2008. C’est à partir de ce moment que tout s’enchaîne et conduit à la guerre d’aujourd’hui : la Russie riposte la même année en annexant la Crimée, terre russophone, et soutient le séparatisme des russophones du Donbass, dans l’est du pays. Depuis 2014, les escarmouches et les bombardements par les uns et les autres sont constants, provoquant 10 000  et 15 000 victimes, des deux côtés. La guerre sévissait sur cette terre d’Europe mais cette guerre n’intéressait personne. Le Donbass est devenu une sorte d’abcès de fixation de la volonté russe, afin d’empêcher l’Ukraine d’intégrer l’OTAN. En effet, un pays ayant un conflit territorial intérieur ou extérieur ne peut intégrer l’Organisation. Pour les Russes, c’était là un moyen assez commode d’arrêter la marche à l’OTAN de l’Ukraine.

    Et pourtant, la guerre est arrivée…

    Les intérêts divergents de l’Ukraine et de la Russie sont arrivés à un point d’incandescence ultime. L’Ukraine faisant des demandes constantes pour rejoindre l’Union européenne et l’OTAN, dont elle n’a cessé de recevoir du matériel ainsi que des instructeurs militaires, la Russie de Vladimir Poutine s’est sans doute dit qu’il fallait agir avant qu’il ne soit trop tard, avant que l’armée ukrainienne ne soit trop forte. Pour Moscou, il était impératif, sur le plan stratégique, d’empêcher l’installation de bases américaines et le déploiement du bouclier antimissile américain, deux évolutions qui auraient pu singulièrement dégrader, un jour, la force de dissuasion russe. À cela s’est sans doute ajoutée la crainte de voir une Ukraine réarmée vouloir reconquérir la Crimée et le Donbass.

    Le souvenir de la guerre du Kosovo influence-t-il l’action russe ?

    Depuis 1999, les Russes parlent systématiquement du bombardement de la Serbie par les forces de l’OTAN contre leurs cousins slaves. Ils n’ont pas oublié les 78 jours de bombardement de la Serbie, ni l’intervention américaine de 2003 en Irak, au mépris des règles internationales. Il faut avoir tout cela en tête pour comprendre la perception russe de la situation. Les Russes estiment qu’il y a deux poids deux mesures : l’OTAN et les États-Unis seraient exonérés alors même que leurs actes ont été les mêmes que ceux pour lesquels la Russie est aujourd’hui condamnée.

    Cette guerre est-elle guidée par des intérêts géographiques, tactiques, ou y a-t-il aussi un affrontement de valeurs antagonistes ?

    Jusqu’à ces dernières années, les systèmes politiques et les valeurs sociétales russes et ukrainiens se ressemblaient beaucoup, avec la même tendance à un pouvoir fort et centralisateur, appuyé sur l’influence de l’Église orthodoxe. L’Ukraine a eu différentes tentations autoritaires. Elle a connu aussi les ravages de la corruption, au plus haut niveau. Jusqu’à cette guerre, qui a profondément changé son image, le président Volodymyr Zelensky était lui-même impopulaire, avec un entourage douteux, certains de ses soutiens étant accusés d’être des oligarques trempant dans des activités suspectes, un peu à l’image de tout ce qui est reproché à Vladimir Poutine. La guerre a changé les choses. Zelensky est maintenant perçu différemment, comme un patriote courageux, un chef de guerre, resté au côté de son peuple.

    Une partie de la société ukrainienne veut clairement se rapprocher du modèle occidental et des valeurs libérales portées par l’Europe, jusqu’à son matérialisme et son individualisme, qui exercent une séduction réelle dans le pays… Sur place, on rencontre beaucoup de gens, dans la classe moyenne et le monde intellectuel, qui n’imaginent leur avenir que dans le cadre de l’Union européenne, en épousant tout notre système, y compris ses plus mauvais côtés, dont l’américanisation de notre société ! Ce modèle est, pour eux, une fenêtre sur la liberté. Et, ce faisant, ils tournent le dos au monde russe et à ses valeurs traditionnelles. Le problème est qu’on évalue très mal la proportion de ces Ukrainiens tournés vers l’ouest, par rapport à ceux qui continuent de regarder vers le monde russe.

    Comment imaginez-vous la suite ?

    On peut penser que la séduction de ce modèle ouest-européen ne pourra que se renforcer à l’issue de cette malheureuse guerre et dans la perspective de l’intégration de l’Ukraine au sein de l’Union européenne, sans doute inévitable à terme. Cette évolution ne fera qu’aggraver «  le choc des valeurs  » avec la Russie. Sauf révolution politique à Moscou, elle devrait poursuivre encore quelques années sur la trajectoire du modèle poutinien actuel : la persistance d’un pouvoir nationaliste fort, incarné par Vladimir Poutine et son successeur, et la défense des valeurs traditionnelles, incarnées par l’autre «  main de fer  » du pays, le patriarche Cyrille, fort de la renaissance de l’Église orthodoxe russe et de son entente avec Poutine.

    Retrouvez l’intégralité de l’entretien et du Grand Angle dans le magazine.

  • Andreï Makine : cracher sur la Russie ne résoudra rien et n’aidera pas les Ukrainiens

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    Des propos recueillis par Alexandre Devecchio sur le Figaro Vox via Artofuss.blog :

    Andreï Makine: «Pour arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible»

    10 mars 2022

    FIGAROVOX/ENTRETIEN – L’académicien franco-russe, prix Goncourt 1995, s’afflige de voir l’Ukraine transformée en «chaudron guerrier». Il se défend d’être pro-Kremlin et regrette une vision «manichéenne» du conflit «qui empêche tout débat».

    Andreï Makine, né en Sibérie, a publié une douzaine de romans traduits dans plus de quarante langues, parmi lesquels Le Testament français(prix Goncourt et prix Médicis 1995), La Musique d’une vie (éd. Seuil, 2001), et, plus récemment, Une femme aimée (Seuil). Il a été élu à l’Académie française en 2016.


    FIGAROVOX. – En tant qu’écrivain d’origine russe, que vous inspire cette guerre ?

    Andreï MAKINE. – Pour moi, elle était impensable. J’ai en tête les visages de mes amis ukrainiens à Moscou, que je voyais avant tout comme des amis, pas comme des Ukrainiens. Le visage de leurs enfants et de leurs petits-enfants, qui sont dans ce chaudron guerrier. Je plains les Ukrainiens qui meurent sous les bombes, tout comme les jeunes soldats russes engagés dans cette guerre fratricide. Le sort du peuple qui souffre m’importe davantage que celui des élites. Comme le disait Paul Valéry«la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissant pas et qui se massacrent au profit d’hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas».

    Une partie de la presse vous qualifie d’écrivain pro-Poutine. L’êtes-vous ?

    C’est une journaliste de l’AFP qui m’a collé cette étiquette il y a une vingtaine d’années. C’était juste après le départ de Boris Eltsine dont le bilan était catastrophique pour la Russie. Je lui avais expliqué que Eltsine, dans un état d’ébriété permanent, avec la responsabilité du bouton atomique, représentait un vrai danger. Et que j’espérais que la Russie pourrait devenir un peu plus rationnelle et pragmatique à l’avenir. Mais elle a titré : «Makine défend le pragmatisme de Poutine». Comme c’était une dépêche de l’AFP, cela a été repris partout. Et lorsque je suis entré à l’Académie, un grand hebdo, dont par charité je tairai le nom, a, à son tour, titré : «Makine, un Poutinien à l’Académie»… Cela en dit long sur le monde de mensonge dans lequel nous vivons.

    Vous condamnez l’intervention russe…

    Mon opposition à cette guerre, à toutes les guerres, ne doit pas devenir une sorte de mantra, un certificat de civisme pour les intellectuels en mal de publicité, qui tous cherchent l’onction de la doxa moralisatrice. À force de répéter des évidences, on ne propose absolument rien et on en reste à une vision manichéenne qui empêche tout débat et toute compréhension de cette tragédie. On peut dénoncer la décision de Vladimir Poutine, cracher sur la Russie, mais cela ne résoudra rien, n’aidera pas les Ukrainiens.

    Pour pouvoir arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible. La guerre dans le Donbass dure depuis huit ans et a fait 13 000 morts, et autant de blessés, y compris des enfants. Je regrette le silence politique et médiatique qui l’entoure, l’indifférence à l’égard des morts dès lors qu’ils sont russophones. Dire cela, ne signifie pas justifier la politique de Vladimir Poutine. De même que s’interroger sur le rôle belliciste des États-Unis, présents à tous les étages de la gouvernance ukrainienne avant et pendant la «révolution du Maïdan», n’équivaut pas à dédouaner le maître du Kremlin. Enfin, il faut garder à l’esprit le précédent constitué par le bombardement de Belgrade et la destruction de la Serbie par l’Otan en 1999 sans avoir obtenu l’approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. Pour la Russie, cela a été vécu comme une humiliation et un exemple à retenir. La guerre du Kosovo a marqué la mémoire nationale russe et ses dirigeants.

    Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un « prétexte » : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés. Andreï Makine

    Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un «prétexte» : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés, et cela découle de cette histoire, ainsi que des interventions militaires en Afghanistan, en Irak et en Libye. Une conversation rapportée entre Poutine et le président du Kazakhstan résume tout. Ce dernier tente de convaincre Poutine que l’installation de bases américaines sur son territoire ne représenterait pas une menace pour la Russie, qui pourrait s’entendre avec les États-Unis. Avec un petit sourire triste, Poutine répond : «C’est exactement ce que disait Saddam Hussein !».

    Encore une fois, je ne légitime en aucune manière la guerre, mais l’important n’est pas ce que je pense, ni ce que nous pensons. En Europe, nous sommes tous contre cette guerre. Mais il faut comprendre ce que pense Poutine, et surtout ce que pensent les Russes, ou du moins une grande partie d’entre eux.

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  • Le patrimoine spirituel de l'Ukraine "détruit par les bombardements"

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    De Catholic News Agency :

    Un dirigeant catholique ukrainien : "Notre patrimoine spirituel est détruit par les bombardements".

    The ruined Church of the Nativity of the Blessed Virgin, built in 1862, in Ukraine’s Zhytomyr region
    L'église en ruines de la Nativité de la Sainte Vierge, construite en 1862, dans la région de Zhytomyr, en Ukraine. | FB Olga Rutkovskaya.

    9 mars 2022

    Le chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne a déclaré mercredi que le patrimoine spirituel de l'Ukraine est "détruit par les bombardements."

    Dans un message vidéo publié le 9 mars, l'archevêque majeur Sviatoslav Shevchuk a déclaré que "les prêtres sont tués" au milieu des combats dans le nord, le sud et l'est de l'Ukraine après l'invasion complète de la Russie le 24 février.

    "Notre patrimoine spirituel est détruit par les bombardements. Les églises, nos valeurs spirituelles, nos trésors culturels. Des prêtres sont tués, des volontaires, tous ceux qui tentent d'une manière ou d'une autre de soulager les souffrances de cette nation ukrainienne qui coule dans le sang", a-t-il déclaré.

    L'archevêque majeur, qui est basé dans la capitale assiégée de Kiev, a souligné l'unité entre les organismes religieux en Ukraine, un pays qui comptait 44 millions d'habitants avant la guerre.

    Il a noté que le Conseil ukrainien des églises et des organisations religieuses (UCCRO), un organisme regroupant "95 % de toutes les communautés religieuses d'Ukraine", a condamné le bombardement des civils.

    Dans une déclaration du 8 mars, le conseil a déclaré : "Depuis le début de l'invasion militaire à grande échelle du territoire souverain de l'Ukraine par la Russie, nous voyons de première main comment les envahisseurs russes ont recours aux méthodes de guerre les plus cyniques et interdites par le droit humanitaire international."

    Les membres de l'UCCRO comprennent des représentants des communautés orthodoxe, catholique, protestante, juive et musulmane.

    Shevchuk a déclaré : "Aujourd'hui, toutes nos communautés, toutes nos paroisses de l'Église grecque catholique ukrainienne, se transforment en centres de services sociaux."

    "Là où il y a la guerre, où les bombes tombent, à Kiev, Kharkiv, Tchernihiv, Sumy, à Mykolaiv, nous nous efforçons de tout faire - d'une part, pour secourir la population civile et, d'autre part, pour livrer des biens humanitaires, pour fournir à nos gens de la nourriture et des médicaments, pour les faire sortir de la zone de combat."

    "Dans d'autres parties de l'Ukraine, d'innombrables centres sont ouverts où nous accueillons les personnes déplacées à l'intérieur du pays, et leur fournissons l'assistance nécessaire."

    L'archevêque de 51 ans a noté que l'envoyé du pape, le cardinal Konrad Krajewski, visite actuellement des centres de secours pour les civils en Ukraine.

    Il a déclaré que la présence du cardinal polonais permettait de "ressentir cette proximité du Saint-Père avec la souffrance du peuple ukrainien."

    Mgr Shevchuk a conclu son message en récitant des vers de l'écrivain du XIXe siècle Taras Hryhorovych Shevchenko, qu'il a décrit comme un "grand prophète du peuple ukrainien".

    Il a déclaré que l'œuvre de Shevchenko, qui est né le 9 mars 1814, "nous a toujours aidés à retrouver notre force, et donc à réaliser le plan de Dieu pour notre peuple."

    Sa citation de Shevchenko a conclu : "Continuez à marcher : c'est là que se trouve la gloire ; / Marchez en avant - c'est mon testament".

    "Que ces mots sur la marche vers la gloire soient aujourd'hui une lumière d'espoir pour notre Ukraine", a déclaré l'archevêque majeur.

  • Ukraine : appel de la FAFCE (Fédération des associations familiales catholiques en Europe)

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    Bruxelles, le 10 mars 2022
     
    À la suite l’appel pour la paix en Ukraine de la FAFCE de la semaine dernière, les membres et associations partenaires de notre Fédération souhaitent s’engager concrètement en faveur des famille ukrainiennes fuyant la guerre. En tant qu’associations de familles, nous avons à cœur la responsabilité d’aider nos frères et sœurs dans le besoin.

    Pour cette raison, nous vous serions reconnaissants de nous aider en faisant un don à la FAFCE, don qui sera entièrement reversé à nos contacts en Ukraine, et à deux associations travaillant sur le terrain, qui ont demandé notre soutien et que nous allons vous présenter ci-dessous.

    Un partenaire de la FAFCE, la Fondation Madrina, a lancé un plan d’urgence pour aider directement les familles ukrainiennes, avec l’extension de son projet Pueblos Madrina. Ce programme avait initialement été lancé pour créer des projets de vie durables pour des familles espagnoles se trouvant en risque de pauvreté et d’exclusion sociale dans des grandes villes. La Fondation Madrina propose à ces familles de les relocaliser dans des zones rurales, et de faciliter leur insertion professionnelle dans ces lieux. Face à la situation en Ukraine, la Fondation Madrina souhaite utiliser son expérience de soutien aux familles espagnoles, cette fois-ci au profit des familles ukrainiennes. La Fondation leur apportera tout d'abord des denrées alimentaires et des vêtements, principalement pour les enfants (aliments pour bébés, produits d'hygiène, équipement médical, vêtements et manteaux). Le plan prévoit également un transport humanitaire des familles ukrainiennes vers l'Espagne, où elles seront accueillies, en coordination avec les autorités locales espagnoles.

    Un autre partenaire de la FAFCE, Ai.Bi. Amici dei Bambini, a immédiatement pris des mesures pour aider les enfants et les familles en Ukraine, pays au sein duquel il opère depuis 1999, par le biais de la Fondation Friends of Children Ukraine, basée à Kiev. Si la guerre est toujours une tragédie, l’expérience des enfants sans famille est d’autant plus difficile qu’ils ne peuvent avoir le réconfort de l'étreinte de leur parent. #CHILDREN4PEACE est une campagne de solidarité d'urgence d'Ai.Bi., qui vient en aide aux enfants accueillis dans les orphelinats en Ukraine et aux familles en fuite, trouvant refuge en Moldavie ou arrivant en Italie.

    Comme vous le savez, notre Fédération compte sur vos dons pour poursuivre sa mission quotidienne. En voyant l'urgence actuelle, nous avons décidé de faire cet appel extraordinaire pour demander votre aide : comme nous l'avons dit plus haut, tous ces dons faits à la FAFCE soutiendront directement les projets de solidarité de ses partenaires et aideront les familles ukrainiennes dans le besoin.

    Pour conclure, nous restons unis dans la prière pour la paix en Ukraine et pour la conversion de nos cœurs. Nous nous confions tout particulièrement, avec toutes les parties concernées - tant en Ukraine qu'en Russie - au Cœur Immaculé de Marie.

    En vous remerciant d’avance,
    Vincenzo Bassi
    Président de la FAFCE
  • Ukraine : appel de Caritas International après deux semaines de guerre

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    logo.svgUkraine 12-12 : Appel de solidarité du Consortium 12-12 dont Caritas International participe

    Il y a maintenant deux semaines, notre partenaire local en Ukraine lançait un cri d'alarme. Aujourd'hui, l'impensable est arrivé. « Au début je ne pouvais pas croire qu’il y avait une guerre », témoigne Inna depuis Przemyśl dans le sud-est de la Pologne où elle a trouvé refuge. « Mais ensuite, j’ai ouvert Instagram et j’ai réalisé que les bombes pleuvaient sur mon pays. » Après le choc vient l'action : fuir pour survivre.

    Afin de répondre à la détresse des personnes qui comme Inna sont prises au piège de la violence, le réseau mondial Caritas tourne à plein régime, en Ukraine ainsi que dans les pays limitrophes. En Belgique, Caritas International s'associe à l'appel de solidarité du Consortium 12–12. Abris, eau, nourriture, soins de santé, protection et soutien psychosocial, avec et grâce à vous, voici ce sur quoi peuvent compter les victimes de cette crise majeure.

    Découvrez ci-dessous les témoignages de personnes d'Ukraine, collègues de Caritas et volontaires venus porter mains fortes.

    DEUX SEMAINES DE GUERRE

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    Ukraine : réponse humanitaire de Caritas

    Avec l’escalade dramatique de la situation en Ukraine, la vie de milliers de personnes bascule.…

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  • Bruxelles (cathédrale), 13 mars : messe pour la paix

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    De Catho-Bruxelles :

    13 MARS | MESSE POUR LA PAIX TRILINGUE À LA CATHÉDRALE STS-MICHEL-ET-GUDULE

    FR: Une messe pour la paix aura lieu dimanche 13 mars à 17h à la cathédrale Sts-Michel-et-Gudule. Le Cardinal De Kesel présidéra la Messe pour la Paix en concélébration avec Mgr Hlib Lonchyna, Vicaire Général de Éparchie de Saint-Vladimir-le-Grand pour les Ukrainiens de rite byzantin de France, et Mgr Coppola, nonce apostolique et mgr Kockerols. Cette eucharistie sera en rite latin, trilingue (français, néerlandais et ukrainien). Les deux chœurs de la communauté ukrainienne gréco-catholique animeront la célébration de leurs chants. 

    NL: Op zondag 13 maart om 17 uur zal in de Sint-Michiels- en Sint-Goedelekathedraal een mis voor de vrede worden opgedragen. Kardinaal De Kesel gaat de viering voor, in concelebratie met Mgr. Hlib Lonchyna, vicaris-generaal van de Eparchie van Sint-Vladimir-de-Grote voor de OekraÏners van de byzantijnse ritus in Frankrijk, en Mgr Coppola, apostolische nuntius,en mgr Kockerols. Deze eucharistie zal gevierd worden volgens de Latijnse ritus, in drie talen (Frans, Nederlands en Oekraïens). De twee koren van de Grieks-katholieke Oekraïense gemeenschap zullen de viering opluisteren.

  • Pourquoi le patriarche de Moscou soutient la guerre de Poutine

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Ukraine : Pourquoi le patriarche de Moscou soutient la guerre de Poutine

    03/10/2022

    Le "terrible sermon" de Kirill du 6 mars, où il justifie l'invasion en disant qu'il s'agit d'empêcher les "Gay Prides", relève d'une dangereuse théologie apocalyptique.

    Le terrible sermon prononcé par le patriarche Kirill, la plus haute autorité de l'Église orthodoxe russe, dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou le 6 mars, qui est pour les orthodoxes le dimanche du pardon, a fait scandale pour beaucoup. Le patriarche a béni l'agression de Poutine, la présentant comme une "guerre métaphysique" contre un Occident vendu à l'hédonisme et à l'immoralité, dont le symbole, a-t-il dit, est la Gay Pride.

    J'ai personnellement rencontré le patriarche Kirill à deux reprises, lorsque j'étais représentant de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre le racisme, la xénophobie et l'intolérance religieuse et peu après. J'ai rencontré plus souvent son second, le métropolite Hilarion, qui a un rôle comparable à celui du secrétaire d'État au Vatican.

    Hilarion a - ou avait, avec la guerre beaucoup de choses changent - une attitude plus ouverte et dialogique envers la culture occidentale, ce qui lui vaut d'être l'objet d'attaques en Russie par les milieux les plus conservateurs. Mais Kirill n'est pas non plus un ignorant - il est un ancien professeur de théologie dogmatique - et pendant longtemps, il n'a pas été perçu comme un fanatique. Au contraire, il a également été critiqué par une frange ultra-conservatrice pour ses rencontres cordiales avec les papes Benoît XVI et François, qui, aux yeux des orthodoxes les plus radicaux, représentent une église qu'ils considèrent comme hérétique.

    Même après mon mandat à l'OSCE, Kirill et Hilarion m'ont invité à plusieurs reprises à Moscou pour discuter d'un problème qui leur tient à cœur et qui explique aussi leurs prises de position de ces jours-ci, à savoir l'éloignement progressif de nombreux Russes, surtout dans les jeunes générations, de l'Église orthodoxe. Certes, dans les sondages, un peu moins de quatre-vingts pour cent des Russes continuent de se déclarer orthodoxes, mais le nombre de ceux qui maintiennent un certain contact avec l'Église diminue de jour en jour.

    Deux solutions sont proposées à ce problème, y compris au sein de l'Église orthodoxe russe. La première repose sur l'idée que le modèle de "l'Eglise d'Etat", qui soutient par définition celui qui est au pouvoir, c'est-à-dire aujourd'hui Poutine, n'est plus attractif pour de nombreux Russes. L'Église doit moderniser ses structures, en reprenant également un dialogue avec les grands courants théologiques occidentaux, interrompu à l'époque soviétique en raison de la difficulté des contacts internationaux.

    La deuxième réponse explique les problèmes de l'Église orthodoxe russe par une agression de l'Occident qui, dans une tentative de détruire la Russie, répand l'hédonisme et l'immoralité et organise l'expansion dans la Fédération de Russie des religions "étrangères", des pentecôtistes aux témoins de Jéhovah.

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  • Liturgie : Des mères de prêtres en route vers Rome pour le maintien du rite tridentin

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    Rassemblées au sein de l’association « La Voie Romaine », des mères de prêtres sont parties en pèlerinage à Rome le 6 mars pour obtenir du Pape François la libéralisation de la messe Saint Pie V. Lu sur le site web de l’hebdomadaire « Famille chrétienne » :

    voie_romaine_1.jpg« Elles ont pris leur bâton de pèlerin, direction le Vatican. Dimanche 6 mars, des mères de prêtres sont parties à pied de Paris afin de demander au pape François le plein rétablissement du rite tridentin dont il a récemment restreint l’usage par le motu proprio Traditionis custodes. Une démarche filiale effectuée à la fois pour leurs fils prêtres et pour tous les catholiques attachés à ce rite, fidèles habituels ou épisodiques de la messe dite de Saint Pie V, dont elles acheminent plus de 1500 suppliques adressées au Saint Père. Une marche « porteuse d’unité et de foi » dont l’étendard rappelle que « tous les chemins mènent à Rome ».

    2000 kilomètres et de nombreux rosaires

    A l’issue d’une messe célébrée dans l’église Saint Roch à Paris, le chapitre de marcheuses a rejoint l’église Saint Symphorien de Versailles où les attendaient, au milieu d’une foule nombreuses, trois de leurs fils prêtres venus les encourager et leur offrir leur bénédiction. Un moment très émouvant. « Ma mère est dotée d’une formidable énergie. Je pense qu’au-delà de la messe traditionnelle qu’elle affectionne beaucoup et dans laquelle elle nous a élevés, il y a une volonté de défendre le choix d’un de ses enfants. C’est très touchant », confie l’abbé Jérôme Sévillia, prêtre de la Fraternité Saint Pierre. Sa mère, Diane Sévillia, est avec Stéphanie du Bouetiez, à l’origine de cette initiative baptisée « La Voie Romaine » qui rassemble des mères de prêtres de divers horizons : prêtres diocésains célébrant occasionnellement la messe dans le rite ancien et membres de communautés tradis « Ecclesia Dei ». « Cela offre une belle image d’unité dans l’Eglise », commente Stéphanie du Bouetiez.

    À lire aussi :Le motu proprio ne s’applique pas à la Fraternité Saint Pierre, annonce le pape

    Parmi la cinquantaine de marcheuses, un noyau de six femmes va suivre l’intégralité de l’itinéraire, les autres effectueront à tour de rôle des tronçons d’une semaine. Sur les 2000 kilomètres quvoiture afin d’arriver à Rome le 30 avril. Après Vézelay où elles ont fait halte le 7 mars, elles se dirigent actuellement vers Paray-le-Monial. Autres étapes emblématiques : Ars-sur-Formans, l’abbaye Notre Dame de Triors, celle du Barroux, Saint Maximin la Sainte Baume, Cotignac, Nice, où elles resteront quelques jours pour le Triduum Pascal avant de traverser la frontière franco-italienne. Les pèlerines sont escortées par deux « anges gardiens », proches ou amis chargés, pendant une semaine à tour de rôle, de leur ravitaillement et du transport de leurs sacs à dos.

    Une rencontre avec le pape espérée

    « L’ambiance est excellente et le temps idéal, se réjouit Diane Sévillia depuis les routes ensoleillées de la Bourgogne. Nous récitons un rosaire par jour. Un chapelet est dédié à la Voie Romaine et au Pape François, un autre à la paix dans le monde et le dernier pour les intentions particulières qui nous ont été confiées ».

    À lire aussi : Défenseurs et opposants au motu proprio Traditionis Custodes débattent sur KTO

    La récent décret du Pape François précisant que le motu proprio Traditionis custodes ne s’appliquait pas à la Fraternité Saint Pierre l’a beaucoup rassurée sans pour autant la démotiver. « Je suis très reconnaissante envers le Saint Père d’avoir reçu avec une bienveillance paternelle les deux prêtres de la Fraternité Saint Pierre le 4 février dernier. Il a compris leur douleur. Mais je souhaite que cette possibilité de célébrer selon le rite tridentin soit étendue à tous les prêtres qui le souhaitent », poursuit-elle. « Nous rendons grâce pour cette décision, mais l’incertitude demeure pour tous les autres prêtres », abonde Stéphanie du Bouetiez.

    Dopées par le soutien de leurs familles et de milliers de fidèles, les marcheuses ont bon espoir d’obtenir une audience avec le Saint Père à leur arrivée. « Notre demande est restée sans réponse pour le moment, indique Stéphanie du Bouetiez, mais je veux croire que le Saint Père sera touché par notre démarche et qu’il nous recevra ».

    À lire aussi : Dom Pateau : « Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l’Église »

    Elisabeth Caillemer

    Addendum : lire aussi cette information, lue sur le site « Riposte catholique » à propos des Mères de prêtres de La Voie romaine parties de Paris dimanche dernier :

    « Le groupe des Mères de prêtres a été béni et s’est élancé vers Rome avec plus de 2000 lettres de fidèles et de familles qui demandent au Saint-Père que la liturgie traditionnelle puisse continue à irriguer l’Eglise et les âmes.

    Après un déjeuner dans le parc de Saint-Cloud, le cortège est parti pour Versailles accompagné par de nombreuses familles avec enfants. D’autres fidèles les ont rejoint à l’église Saint Symphorien de Versailles pour un temps de prière : 3 prêtres dont les mères font l’ensemble de la marche étaient présents. Les Mères ont quitté ensuite la région parisienne pour la Bourgogne pour une grosse jonction en voiture. Elles vont marcher pendant 2 mois plus de 1000 km pour arriver à Rome le 1er mai.

    Il est toujours possible d’écrire des lettres au Pape François. (Les lettres seront ajoutées au fur et à mesure) »

    NdlR

  • RDC : Nsango nini na bango?

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    Nsango nini na bango (Quelle nouvelle de ceux-là) ? Lu sur le site de La Libre Afrique:

    Le président Félix Tshisekedi opéré du cœur à Bruxelles

    tshisekedi images (6).jpg« Le président congolais Félix Tshisekedi est invisible depuis son atterrissage lundi 7 mars à Bruxelles. Seule certitude, le voyage n’était pas programmé. A l’origine, le président devait être à Kinshasa pour accueillir la délégation royale belge qui aurait dû, sans un enième report de la visite dû cette fois à la situation en Ukraine, débarquer dans la capitale congolaise le dimanche 6 mars en soirée.

    Le voyage semblait précipité. L’aéroport avait été prévenu sur le coup de 16 heures pour un départ dans les deux heures.

    « La situation est gérée », nous dit un des proches de la présidence à Kinshasa qui confirme l’opération « à coeur ouvert qui s’est bien passée ».  Et qui nous confirme que le président de la République « a quitté le pays dans un état critique dimanche » .

    Les problèmes cardiaques de Félix Tshisekedi avaient été diagnostiqués bien avant la campagne électorale de 2018. Une intervention avait été conseillée mais les médecins ne pouvaient pas garantir sa réussite ce qui avait poussé celui qui était alors un opposant à repousser cette opération sans doute devenue inévitable cette fois.

    « Le silence ne pourra plus être maintenu très longtemps, mais ce sont des opérations délicates et même si tous les voyants sont au vert, il faut attendre le go des médecins pour communiquer, ajoute la source kinoise, qui poursuit : « le président devra rester quelques jours à l’hôpital et devrait mettre ensuite le cap sur Dubaï pour une semaine de repos complet. En tout cas, c’est le scénario qui prévaut actuellement. »

    RDC : Félix Tshisekedi opéré du coeur à Bruxelles

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    Olive Lembe, l’épouse de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, lorgne-t-elle la présidence  ?

    « Décidément, elle prend de plus en plus la lumière, s’amuse, volontiers persifleur, un ancien opposant au clan Kabila, devenu ministre dans l’actuel gouvernement congolais.

    Il faut être attentif aux gesticulations de la Kabilie, prévient un autre éternel opposant à l’ancien chef de l’État. Il faut s’attendre à ce que cette famille mette en avant une carte généralement acceptable dans la perspective de la prochaine présidentielle. Olive Lembe-Kabila coche pas mal de cases pour l’ancienne majorité. Premièrement, c’est la femme de l’autorité morale incontestée du PPRD et de sa plateforme politique le FCC. Ensuite, elle a une image assez positive dans la population. Elle est simple, va facilement vers les gens et n’a jamais été impliquée dans des affaires trop louches. Enfin, même dans les rangs des autres opposants, elle est plutôt acceptable, compatible, si je puis dire”, poursuit notre opposant qui siège à l’Assemblée nationale.

    Visite catholique

    L’ancienne Première dame a marqué les esprits en apparaissant le 7 février dernier au côté du cardinal Ambongo dans la ferme familiale de Kingakati, non loin de Kinshasa.

    Une visite largement mise en scène sur les réseaux sociaux congolais. On y entend le cardinal féliciter la dame et son mari pour le travail accompli. Une rencontre que certains jugeaient impensables en se remémorant les vives tensions qui étaient de mise entre l’institution catholique et le pouvoir d’un Joseph Kabila dont la fin prolongée du dernier mandat avait notamment débouché sur la répression mortelle de certaines manifestations de catholiques et même, sacrilège suprême et inconcevable, sur des scènes lors desquelles des militaires ont ouvert le feu sur des catholiques en plein cœur d’une église de Kinshasa le 31 décembre 2018.

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