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International - Page 26

  • L’étrange Ostpolitik du Pape François

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, traduit par Diakonos.be :

    L’ours russe et le léopard papal. L’étrange Ostpolitik du Pape François

    La visite de Joe Biden à Kiev et ensuite à Varsovie, le double discours de guerre de Vladimir Poutine, le fantomatique plan de négociation de Xi Jinping : l’anniversaire de l’agression de la Russie contre l’Ukraine a vu les plus grandes puissances mondiales monter sur le devant de la scène. Et le Pape ?

    Le jour même où le président des États-Unis marchait aux côtés de Volodymir Zelensky dans les rues de la capitale ukrainienne, l’agence russe Tass publiait l’information selon laquelle le Pape François s’était déclaré désireux de faire étape, au retour de son prochain voyage apostolique en Mongolie, à Vladivostok, à l’Extrême-Orient de la Russie, pour visiter le parc national consacré à la protection des léopards, à l’un desquels il a déjà donné un nom : Martin Fierro, le personnage « gaucho » du poème argentin du même nom si cher à Jorge Mario Bergoglio.

    Incroyable mais vrai. Cette information de l’agence Tass ne relève pas du théâtre de l’absurde mais bien d’un fragment de la diplomatie personnelle que le Pape François est en train de mettre en œuvre, convaincu de pouvoir de la sorte ouvrir une spirale de la paix de la part de Moscou.

    En fait, l’homme qui a fait part à la Tass du désir du Pape de visiter le parc des léopards à Vladivostok en « citant une conversation personnelle » avec lui, c’est Leonid Sevastyanov, c’est-à-dire l’homme sur lequel compte le Pape François dans cette opération diplomatique.

    Sevastyanov a déclaré à une autre agence russe, Ria Novosti, le 15 février dernier que « le Pape a un plan de propositions pour une résolution pacifique du conflit entre la Russie et l’Occident et il a confirmé son désir de négocier avec les autorités russes et sa disponibilité pour se rendre à Moscou ».

    Il a déclaré qu’il entretenait « une correspondance abondante avec le Pape ». Et il a cité le passage d’une lettre reçue du Pape : « Comme je voudrais me rendre à Moscou pour parler à Poutine du plan pour une solution pacifique en Europe ! ».

    On ne sait rien de ce « plan » papal. Mais en mai dernier, dans une longue interview filmée accordée à Cristina Giuliano de l’agence italienne Aska News, Sevastyanov a également montré une lettre dans laquelle le Pape François le définissait comme un « ambassadeur de la paix » et le remerciait, ainsi que son épouse, la soprano Svetlana Kasyan, pour sa contribution à promouvoir une solution au conflit.

    « Je pense que le Vatican doit devenir le symbole du dialogue », a déclaré Sevastyanov dans cette interview. « Il faudrait convaincre le Conseil de sécurité de l’ONU de charger l’État du Vatican, comme État neutre, d’être un modérateur susceptible de mettre autour de la table Joe Biden, Vladimir Poutine et Xi Jinping ».

    Voilà quelle serait la valeur ajoutée du Vatican : être « un juge ‘super partes’ ».  D’autant plus que « Poutine a toujours fait preuve d’un grand respect envers le Pape. Il n’a jamais parlé du Pape comme l’a fait le patriarche Cyrille. Et il faudrait exploiter ce respect ».

    Une visite de François à Moscou, a ajouté Sevastyanov, aurait une grande « valeur symbolique ». Il est vrai que certains pourraient l’interpréter comme un signe de faiblesse de Poutine, « mais moi je sais que le Pape est quelqu’un de bien, de très diplomate, et qu’il ne fera jamais rien qui puisse mettre la Russie en difficulté ».

    En réalité, le Pape François n’a jamais fait mystère de son grand désir de se rendre à Moscou. Le 5 février dernier, lors de la conférence de presse dans le vol de retour de son voyage au Congo et au Soudan du Sud, il a de nouveau raconté que déjà « le deuxième jour de la guerre je suis allé à l’ambassade de Russie pour dire que je voulais aller à Moscou pour parler avec Poutine, à condition qu’il y ait une petite fenêtre pour négocier. Le ministre Lavrov m’a alors répondu : « bien », que oui, il y attachait de l’importance, mais « nous verrons plus tard ». Ce geste était un geste réfléchi, en me disant « je le fais pour lui » ».

    Cependant, dans cette même interview à Aska News, Sevastyanov a aussi défini la guerre en cours en Ukraine comme « un péché », il a reproché au patriarche orthodoxe de Moscou d’être trop lié à l’État russe et il a pris la défense du Pape contre les critiques de Moscou lui reprochant d’avoir rencontré les épouses des combattants du bataillon Azov accompagnée de Pyotr Verzilov, le dissident russe qui tire les ficelles des transgressives Pussy Riot.

    Mais malgré ces dissonances apparentes, Sevastyanov reste un homme du régime de Moscou, aussi bien dans le domaine politique que religieux. Voici comment Stefano Caprio, l’un des plus grands spécialistes de la nation russe, prêtre de rite slave-byzantin, ancien professeur à Moscou et ensuite à Rome à l’Institut pontifical oriental, décrit le profil de Sevastyanov, dans une note publiée le 18 février par Asia News, l’agence de l’Institut pontifical des Missions étrangères.

    « Leonid Sevastyanov est le président de l’Union mondiale des vieux-croyants, une formation schismatique de l’orthodoxie russe qui a toujours prôné la supériorité de la foi et des autres traditions russes sur toutes les autres, y compris celle des autres Églises orthodoxes. C’est en réalité aussi un historien collaborateur du patriarche Cyrille, qui l’a accueilli comme séminariste quand il était métropolite de Smolensk, malgré qu’il provienne d’une famille schismatique, et qui l’a invité à étudier à l’Université pontificale grégorienne de Rome, où il a obtenu en 2002 une maîtrise en philosophie politique. Il a ensuite achevé sa formation à la Georgetown University de Washington, par un doctorat en relations internationales, et il est consultant de la Banque mondiale.

    Sevastyanov est l’homme de confiance du patriarche et du président Poutine en personne, qui a manifesté à plusieurs reprises sa proximité avec la communauté des vieux croyants. Ces schismatiques du quinzième siècle, persécutés pendant des siècles, expriment aujourd’hui l’âme profonde du christianisme russe, à tout le moins dans sa version radicale et militante qui prend de plus en plus le pas sur la version canonique et œcuménique de l’Église patriarcale. Son rapport de confiance avec le Pape François se base également sur l’admiration du pape pour son épouse, Svetlana Kasyan, une chanteuse lyrique populaire, qui s’est rendue à plusieurs reprises à Rome pour rendre visite au Pape ».

    On pourrait ajouter que Sevastyanov est le directeur exécutif de la Fondation Saint-Grégoire, liée au département des relations étrangères du Patriarcat de Moscou, et il n’a jamais fait mine de se distancier de thèses telles que celles que Poutine a exprimées pour la dernière fois dans son discours du 21 février, applaudi par le patriarche Cyrille au premier rang :

    « L’élite occidentale ne cache pas son véritable objectif, qui est […] une menace existentielle pour notre Pays, […] un désastre spirituel. […] Il consiste en la destruction de la famille, de l’identité culturelle et nationale, en la perversion et l’abus d’enfants, y compris la pédophilie, tous ces éléments sont considérés comme normaux dans leur vie. Ils contraignent leurs prêtres à bénir les mariages entre personnes de même sexe. […] L’Église anglicane est même en train d’étudier l’idée d’un Dieu au genre neutre. Que dire ? Dieu me pardonne, mais ils ne savent pas ce qu’ils font’.

    De l’avis de Caprio, l’intention non dite des autorités de Moscou c’est « d’embrigader également le Pape de Rome dans la grande restauration d’un christianisme traditionnaliste et intransigeant » : une proposition qui ne correspond que fort peu au style réformateur du Pape Bergoglio, mais qui, à mieux y regarder, épouse son hostilité profonde à la « domination politique et culturelle de l’Occident philo-américain » qui est également « la véritable raison de l’agressivité des russes ».

    Pour bien se rendre compte de la distance entre l’Ostpolitik personnelle du Pape François et celle pratiquée entretemps par les organes diplomatiques du Saint-Siège, on lira l’interview que le ministre des affaires étrangères du Vatican, l’archevêque Paul R. Gallagher, a accordée le 22 février à Gerard O’Connell pour la revue « America » :

    > Interview: Vatican foreign minister on a year of war in Ukraine, the growing nuclear threat and relations with Putin

  • Le Vatican se méfie des évêques sur la messe en latin. Mais le mécontentement grandit

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    Les nouvelles restrictions au rite tridentin voulues par le préfet Arthur Roche donnent plus de pouvoir à Rome, mais mécontentent fidèles et prêtres. Un article de Nivo Spunti ce 26 février, lu sur le site web « Il Sismografo »

    « La nouvelle était dans l'air depuis un certain temps, mais l'annonce officielle n'est arrivée que cette semaine. En effet, mardi dernier était le jour de la publication d'un Rescrit avec lequel le Pape a entériné la ligne dure de son préfet du Dicastère du Culte Divin et de la Discipline des Sacrements, le Cardinal Arthur Roche sur l'application de la controversée Traditionis custodes . C'est le motu proprio avec lequel, en juillet 2021, François a de facto abrogé la libéralisation de la messe dite latine accordée par son prédécesseur en 2007 avec le Summorum pontificum.

    Des fêtes plus difficiles

    Les custodes Traditionis, avec Benoît XVI vivant, avaient déjà été accueillies avec douleur par des prêtres et des fidèles amoureux de la forme extraordinaire de l'unique rite romain. Ce document confiait le contrôle de ce type de célébrations aux « gardiens de la tradition » ou aux évêques diocésains, définis comme les seuls à pouvoir autoriser les célébrations eucharistiques avec l'usage du missel promulgué par saint Jean XXIII en 1962. Il appartenait aussi d'autoriser les prêtres qui célébraient déjà la messe dite latine, tandis que pour ceux ordonnés après l'introduction du motu proprio une consultation avec Rome était nécessaire avant que le feu vert ne soit donné. Et les évêques devaient toujours surveiller les groupes stables, s'assurer de l'absence de contestations sur la validité de la réforme liturgique et du Concile Vatican II et permettre les célébrations en Vetus Ordo en dehors des églises paroissiales.

    Malgré le coup évident porté aux soi-disant traditionalistes par le renversement de ce qui était prévu dans le Summorum pontificum avec lequel Benoît XVI avait pris soin de rechercher l'harmonie entre cette sensibilité liturgique particulière des fidèles avec la pastorale ordinaire de la paroisse, en le Vatican il y en a eu qui en cette année et sept mois depuis la promulgation de la Traditionis custodes a jugé que son application n'était pas suffisamment exhaustive.

    Plus de pouvoir à Rome, moins aux évêques

    Le préfet du Dicastère pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, le cardinal britannique Arthur Roche, a dû être mécontent de la manière dont les évêques diocésains ont mis en pratique le motu proprio si déjà cinq mois plus tard, en décembre 2021, il a entendu le besoin faire publier la Responsa ad dubia avec des notes explicatives annexées dans lesquelles les évêques diocésains ont reçu l'ordre de refuser la célébration des sacrements autres que l'Eucharistie aux groupes stables. Vraisemblablement, les réponses de Roche n'étaient pas suffisantes pour s'assurer que les évêques diocésains appliquaient les custodes Traditionis dans le sens voulu par le Dicastère du Culte Divin et ainsi, suite à une audience accordée au cardinal britannique par François lundi dernier, une nouvelle douche froide est arrivée pour les fidèles qui aiment la messe dite latine : un Rescrit publié dans L'Osservatore Romano dans lequel on sent le besoin de rappeler que « l'octroi de la licence aux prêtres ordonnés après » le motu proprio traditionis custodes et « l'usage d'une église paroissiale ou l'érection d'une paroisse personnelle pour la célébration de l'Eucharistie à l'aide du Missale Romanum de 1962 » sont des dispenses réservées à Rome et sur lesquelles l'évêque diocésain ne peut décider lui-même, mais il doit demander au Dicastère dirigé par Roche.

    Un soulignement qui semble pourtant en contradiction avec l'esprit proclamé par le motu proprio originel et avec ce que François affirmait dans la lettre de présentation où il avait écrit qu'avec la Traditionis Custodes il avait voulu « affirmer qu'il appartient à l'évêque, comme  promoteur, gardien et modérateur de la vie liturgique dans l'Église, de régler les célébrations liturgiques ». Le fait que l'intervention de Roche intervienne si peu de temps après la promulgation du motu proprio et de sa Responsa ad dubia pourrait être interprété comme un rejet des manières dont les évêques se sont comportés jusqu'à présent, au point de ressentir le besoin de réitérer que presque toutes les décisions sur les célébrations sous forme extraordinaire appartiennent à Rome.

    Mécontentement

    Le rescrit a provoqué l'inévitable mécontentement des prêtres et des fidèles liés à la messe dite latine, mais pas seulement. En effet, à l'intérieur comme à l'extérieur de l'Église, beaucoup se sont interrogés sur l'opportunité de nouvelles mesures restrictives moins de deux ans après l'entrée en vigueur de la Traditionis custodes . De plus, certains ont évoqué des urgences beaucoup plus importantes auxquelles l'Église doit faire face.

    François lui-même s'est montré conscient des controverses soulevées par le rescrit. Lors d'une audience générale mercredi, le pape a déclaré que "tout dans l'Église doit se conformer aux exigences de l'annonce de l' Évangile , non pas aux opinions des conservateurs ou des progressistes, mais au fait que Jésus atteint la vie des gens" parce que "  L'Evangile n'est-il pas une idée, ce n'est pas une idéologie : c'est une annonce qui touche le cœur et vous fait changer d'avis ». En attendant, les nouvelles restrictions à la messe latine semblent loin d'avoir atteint cet objectif de « service de l'unité" que François s'est fixé : en témoigne, par exemple, la réaction critique de l'évêque de la Providence, Monseigneur Thomas Joseph Tobinqui a noté dans un tweet à quel point « la façon dont le Vatican traite la messe traditionnelle en latin ne me frappe pas comme 'le style de Dieu' ».

    Ref. Le Vatican se méfie des évêques sur la messe en latin. Mais le mécontentement grandit

  • Les ecclésiastiques de l'année

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    De George Weigel sur First Things :

    LES ECCLÉSIASTIQUES DE L'ANNÉE

    Mgr Gudziak et Sa Béatitude Shevchuk, archevêque Majeur de Kyiv-Halytch.

    22 février 2023

    Lorsqu'ils travaillaient ensemble il y a quelques années à l'Université catholique ukrainienne - la seule institution catholique d'enseignement supérieur dans l'ancien espace soviétique - le père Borys Gudziak et le père Sviatoslav Shevchuk ne s'imaginaient pas occuper leurs fonctions actuelles. Ils ne pouvaient pas non plus imaginer qu'ils seraient au centre d'événements historiques épiques en 2022-2023, défendant l'ordre et la décence dans la politique mondiale au milieu d'une guerre brutale. Dans cette circonstance totalement imprévue, cependant, et à partir de leurs positions actuelles de responsabilité dans l'Église ukrainienne gréco-catholique, l'archevêque majeur Shevchuk (le chef de l'UGCC) et l'archevêque Gudziak (l'archéparque de Philadelphie pour les Ukrainiens gréco-catholiques) ont apporté un témoignage mondial puissant aux vérités de la foi catholique au milieu de l'assaut génocidaire d'un monstre moral sur le peuple d'Ukraine. 

    Lorsque j'ai rencontré Borys Gudziak pour la première fois chez des amis communs lors d'une réception après le baptême, il était étudiant en doctorat à Harvard. Et je n'avais pas la moindre idée que j'allais un jour transmettre la thèse qu'il écrivait (et qui est devenue par la suite un livre important) à Jean-Paul II autour de la table du dîner papal. Mais en ce dimanche après-midi du milieu des années 1980, j'ai eu le sentiment qu'il s'agissait de quelqu'un avec qui je serais en conversation pour le reste de ma vie - et il en a été ainsi. 

    C'est le père Gudziak qui a incité l'archevêque Shevchuk, le chef nouvellement élu de la plus grande des Églises catholiques orientales, à me rencontrer lorsque Shevchuk et moi étions à Rome en avril 2011. Huit semaines auparavant, j'avais passé deux heures avec le métropolite Hilarion Alfayev du Patriarcat orthodoxe russe de Moscou, qui avait dit plus d'une fois des choses amères (et fausses) sur l'UGCC (Ukrainian Greek Catholic Church) lors de notre rencontre à la Bibliothèque du Congrès. J'avais rédigé un mémorandum sur cette réunion, que Gudziak pensait que son ancien collègue devrait voir pendant que Shevchuk rencontrait divers officiels du Vatican (souvent très intéressés par l'orthodoxie russe) après son accession au siège métropolitain de Kyiv-Halych. Le nouvel archevêque majeur était terriblement occupé, mais il m'a accordé une heure pendant laquelle j'ai été frappé à la fois par son amabilité immédiate et par son calme remarquable alors qu'il lisait un mémorandum qui lui annonçait de sérieuses difficultés œcuméniques - sa seule remarque pendant la lecture du mémorandum étant un "Oh, mon Dieu" occasionnel. 

    Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, l'archevêque Shevchuk a inspiré son Église et le peuple ukrainien tout entier par des réflexions quotidiennes qui abordent la souffrance de l'Ukraine à travers le prisme d'une foi cruciforme. Il est resté à son poste alors que Kiev était bombardée à maintes reprises par les agresseurs, maintenant un programme rigoureux de prière et de culte liturgique qui démontre sa détermination, et celle de toute son Église, à maintenir une vie spirituelle de louange, de culte et d'intercession dans les conditions les plus difficiles. L'archevêque majeur a également travaillé sans relâche pour sensibiliser les autorités romaines aux réalités de la guerre, à sa cause et à la conduite barbare de la Russie dans le cadre de son "opération militaire spéciale", offrant un jour au pape François un fragment de mine russe qui avait détruit la façade d'une église gréco-catholique au début de la guerre. 

    L'archevêque Gudziak, tout en dirigeant et en renouvelant son archéparchie, a soutenu sans relâche l'université qu'il a construite de toutes pièces avec d'autres, et qui est restée au service du pays qu'elle contribue à former. Il a également été un défenseur très convaincant de la cause de l'Ukraine aux États-Unis, à Rome et dans toute l'Europe. Je ne peux imaginer un autre homme d'Église qui aurait pu retenir l'attention des participants au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, comme l'a fait récemment Mgr Gudziak, alors qu'il parlait des enjeux en Ukraine comme étant rien de moins que les principes fondamentaux de la doctrine sociale catholique, notamment la dignité de la personne humaine, le bien commun et la solidarité. Dans un environnement dominé par les préoccupations de l'élite en matière de résultats financiers, Mgr Gudziak a fait réfléchir les "gens de Davos" au sens transcendant de la vie humaine, qui se dévoile chaque jour lorsque les Ukrainiens affrontent courageusement la mort, sachant que la mort n'est pas la fin de leur histoire individuelle, ni de l'histoire humaine. C'était un message pascal et évangélique bien plus puissant que tous ceux que j'ai pu voir transmis par les diplomates du Vatican lors de leurs apparitions occasionnelles à Davos. 

    L'archevêque Shevchuk et l'archevêque Gudziak sont de brillants exemples de zèle et de courage apostoliques. Ils peuvent être de tels modèles parce qu'ils sont des hommes de sainteté. Puissent-ils nous inspirer tous, et en particulier leurs frères évêques, à vivre la foi sans crainte, en toute saison et hors saison - et en tout danger.

    La chronique de George Weigel est diffusée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver. 

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.

    Lire également : Mgr Shevchuk : "Nous ne nous sentons pas abandonnés"

  • Les anglicans rejettent Justin Welby à la tête de l'Église mondiale

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    D'Harriet Sherwood sur The Guardian :

    Les anglicans rejettent Justin Welby à la tête de l'Église mondiale, en raison de la colère suscitée par les bénédictions accordées aux couples de même sexe.

    Les chefs d'Eglise de certains pays en développement affirment que l'Église d'Angleterre s'est disqualifiée en tant qu'"Église mère".

    20 février 2023

    Les dirigeants des églises anglicanes de certains pays en développement, dont le Sud-Soudan, l'Ouganda et la République démocratique du Congo, ont déclaré qu'ils ne reconnaissaient plus Justin Welby, l'archevêque de Canterbury, comme le chef de l'église mondiale.

    Leur décision découle de la décision prise ce mois-ci par l'organe directeur de l'Église d'Angleterre, le Synode général, d'autoriser le clergé à bénir les couples mariés de même sexe.

    L'organisation conservatrice Global South Fellowship of Anglican Churches (GSFA), qui prétend parler au nom de 75 % des anglicans du monde entier, a déclaré lundi dans une déclaration que l'Église d'Angleterre avait "quitté la foi historique" et s'était disqualifiée en tant qu'"Église mère" de la communion anglicane.

    La déclaration, signée par 10 primats, dit : "La GFSA n'est plus en mesure de reconnaître l'actuel archevêque de Canterbury, le Rt Hon & Most Revd Justin Welby, comme le leader 'premier parmi les égaux' de la communion mondiale".

    Welby avait conduit ses évêques à recommander que le clergé soit autorisé à bénir les couples mariés de même sexe, sachant que cela était "contraire à la foi et à l'ordre des provinces orthodoxes de la communion dont le peuple constitue la majorité du troupeau mondial".

    Selon la déclaration, l'Église d'Angleterre et d'autres Églises, y compris celles d'Écosse, du Pays de Galles, des États-Unis et de Nouvelle-Zélande, qui autorisent le mariage ou la bénédiction de couples de même sexe ont "emprunté la voie de l'enseignement erroné". "Cela nous brise le cœur".

    La recommandation présentée par les évêques du C of E d'approuver les bénédictions facultatives, mais de continuer à interdire les mariages homosexuels à l'église, se voulait un compromis qui mettrait fin à des décennies de divisions douloureuses sur la sexualité.

    Mais les progressistes étaient furieux que, selon eux, l'Église continue à traiter les couples homosexuels comme des personnes de "seconde classe", et les conservateurs étaient en colère que l'Église semble tourner le dos à l'enseignement traditionnel sur le mariage et la sexualité.

    Welby s'est félicité de cette nouvelle position, mais a déclaré qu'il n'offrirait pas personnellement de bénédictions aux couples de même sexe au nom de l'unité de l'Église anglicane mondiale. Il aurait également déclaré aux députés qu'il préférait voir l'Église d'Angleterre dissoute plutôt que de voir l'Église mondiale se diviser sur la question de la sexualité.

    Immédiatement après la réunion du synode à Londres, Welby s'est rendu à Accra, la capitale du Ghana, pour rencontrer les dirigeants de l'Église mondiale. Il leur a dit : "J'ai été convoqué deux fois au parlement et menacé d'une action parlementaire pour nous imposer le mariage homosexuel".

    Après le vote du synode, Henry Ndukuba, l'archevêque de l'Église du Nigeria, qui représente environ un tiers des anglicans dans le monde, a déclaré que le changement de position était "déviant" et qu'il expliquait le "terrible déclin, la perte et l'absence de pertinence de l'Église d'Angleterre dans le monde occidental séculaire et post-chrétien".

    Jackson Ole Sapit, archevêque du Kenya, a critiqué les "puissantes voix séculières qui se sont emparées de l'Église d'Angleterre" et s'est dit "attristé par le fait que notre Église mère s'écarte du véritable Évangile".

    Stephen Kaziimba, l'archevêque d'Ouganda, a déclaré : "Les membres de l'Église d'Angleterre se sont éloignés de la foi anglicane et sont maintenant de faux enseignants".

    Depuis qu'il est devenu archevêque de Canterbury il y a 10 ans, M. Welby a cherché à maintenir l'unité de l'Église mondiale face à d'âpres désaccords sur la sexualité. Son approche a consisté à essayer de persuader les évêques, le clergé et les paroissiens de "marcher ensemble" malgré des différences apparemment irréconciliables.

    L'été dernier, la conférence de Lambeth, qui réunit une fois par décennie les évêques anglicans du monde entier, a été boycottée par les primats du Nigeria, du Rwanda et de l'Ouganda, qui représentent ensemble quelque 30 millions d'anglicans, en raison de la question de la sexualité.

    Dans sa déclaration de lundi, le GSFA a déclaré que le retrait de leur soutien à Welby en tant que leader de l'église mondiale devrait être reçu par lui comme "un avertissement dans l'amour".

    Un porte-parole du Palais de Lambeth a déclaré : "Les profonds désaccords qui existent au sein de la communion anglicane sur la sexualité et le mariage ne sont pas nouveaux."

    En ce qui concerne la déclaration, il a déclaré : "Nous comprenons parfaitement leur position", mais "aucun changement ne peut être apporté aux structures formelles de la communion anglicane sans l'accord" de tous les dirigeants et conseils de l'organisme.

    Toutefois, le porte-parole a ajouté que M. Welby avait déclaré lors de la réunion de la semaine dernière au Ghana que "ces structures sont toujours en mesure de changer avec le temps".

  • On a marché pour la vie à Manille

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    ASIE/PHILIPPINES - En route, ensemble, pour la protection de la vie

    20 février 2023

    Manille (Agence Fides) - Marchant et priant côte à côte, religieux, laïcs, prêtres, évêques pour la protection et la dignité de la vie, de la naissance à la mort naturelle, pour la promotion de la famille, pour la défense de toute vie abusée ou écartée : C'est dans cet esprit que les fidèles philippins ont tenu à nouveau, après la suspension due à la pandémie, le rassemblement annuel baptisé "Walk for Life" le 18 février 2023, organisé par le Conseil des laïcs des Philippines, en collaboration avec la Commission pour les laïcs de la Conférence épiscopale des Philippines. (...)

    Des milliers de fidèles ont participé à la marche et à la veillée de prière, qui est partie de la rotonde de bienvenue à Quezon City et s'est terminée dans l'enceinte de l'université de Santo Tomas à Manille, où s'est tenue la célébration eucharistique solennelle. "Notre esprit de soutien à la vie n'a jamais faibli, même pendant la pandémie. Nous sommes devenus plus profondément conscients du caractère sacré de la vie et nous prions sans cesse et travaillons énormément pour la préserver. Dans notre société, les diverses questions qui touchent à la vie humaine sont urgentes et, en tant que croyants, nous sommes constamment appelés à nous rappeler le caractère sacré et la dignité de chaque vie humaine", a déclaré Raymond Daniel Cruz Jr, président du Conseil des laïcs des Philippines.

    La Marche pour la Vie entend sensibiliser et offrir un soutien concret aux communautés locales afin que les fidèles prennent à cœur le respect et la protection de la vie humaine, à tous ses moments et dans toutes ses conditions : de l'enfant dans le ventre de sa mère, aux enfants des rues maltraités, aux femmes victimes de la traite et de la violence, aux familles démunies, aux personnes âgées abandonnées. Le thème de 2023, "Synodalité, accompagnement et proximité", a déclaré les organisateurs, entend mettre l'accent sur les moyens de proximité avec chaque personne humaine et les difficultés qu'elle rencontre à chaque âge de la vie.

    Exprimant son soutien sans réserve à l'initiative, le Cardinal Luis Antonio Tagle, Pro-préfet du Dicastère pour l'évangélisation du Vatican, a expliqué dans une interview accordée à Radio Veritas Manille : "Il ne s'agit pas seulement d'une marche, mais d'un voyage de chacun d'entre nous, qui dure toute la vie, car la vie est le don le plus important de Dieu à chacun d'entre nous. J'espère que dans chacun de nos voyages à travers l'histoire, nous ne la gaspillerons pas et que nous protégerons toujours le don de la vie".

    (PA) (Agence Fides 20/2/2023)

  • L’Afrique est l’avenir de l’Église, c’est une évidence

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    Du site de La Croix Africa :

    Cardinal Ambongo: «l’Afrique est l’avenir de l’Église, c’est une évidence»

    20 février 2023

    Interview 

    Alors que la jeunesse africaine « croit que le paradis est ailleurs », il faut au contraire « prendre soin de notre jeunesse parce qu’elle est vraiment l’avenir de notre société, l’avenir de notre Église », exhorte le cardinal Fridolin Ambongo.

    L’archevêque de Kinshasa s’est confié à La Croix Africa samedi 18 février en marge de la messe d’ordination épiscopale Mgr Joseph Aka, nouvel évêque de Yamoussoukro, qu’il présidait.

    La Croix Africa : Il y a quelques semaines, le pape était dans votre pays, la RDC que peut-on retenir de ce voyage et quel était son message à l’Afrique tout entière ?

    Cardinal Fridolin Ambogo : La première chose que nous retenons c’est le bonheur que nous avons expérimenté avec la visite du Saint-Père. Il y avait comme une unanimité autour de l’expérience vécue. Les quatre jours vécus avec le pape ont été pour le peuple congolais dans sa souffrance une véritable expérience du Mont Thabor (lieu de la transfiguration, NDLR). Je conseillerais à l’Église de Côte d’Ivoire de prendre des initiatives pour que le pape puisse venir aussi ici pour que le peuple de Dieu qui est ici puisse vivre la même expérience que celle que le peuple congolais a expérimentée.

    Au-delà de cette émotion, de cette sensation de bonheur, le plus important est le message que le pape a apporté. Vous savez que le Congo (RDC) est un pays martyrisé par la rapacité de tous ceux qui veulent prendre ses richesses. Le seul qui n’en profite pas c’est le peuple congolais. Et le pape a identifié cela dans son mot, il a présenté le pays comme un diamant. Un diamant que tout le monde veut avoir, mais on veut avoir le diamant sans les Congolais. Il a utilisé cette expression très forte en s’adressant à tous les prédateurs : « retirez vos mains du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ». Et je crois que ce message vaut non seulement pour le Congo, mais aussi pour toute l’Afrique.

    Au sujet de l’Afrique, celle-ci est souvent présentée comme l’avenir de l’Église. Quelles sont les données objectives qui le font penser ?

    C. F. A. : L’Afrique est l’avenir de l’Église, c’est une évidence. Nous n’avons qu’à voir des données objectives, les statistiques. Je crois que vous connaissez la situation de l’Église en Europe. L’Église en Europe est en train de mourir, et quand vous allez dans les églises, elles sont vides. Les personnes qui y viennent généralement sont âgées au-delà de 70 ans. Quand ces personnes ne seront plus là, qui va fréquenter leurs églises ?

    Par contre quand vous allez dans le sud, en Afrique, l’Église est en croissance, en quantité mais aussi en qualité. Tout laisse croire que l’avenir de l’Église est en Afrique parce qu’aussi, en Afrique, quand vous allez partout il y a des jeunes. Et c’est ce qui avait impressionné le pape à Kinshasa, il se demandait d’où venait toute cette jeunesse. Les jeunes symbolisent le dynamisme. Au cours de sa rencontre avec les jeunes au stade des martyrs à Kinshasa, le pape a fait une catéchèse en utilisant les 5 doigts de la main. Et les jeunes ont été frappés par cette catéchèse du pape qui les provoquait même. Ils réagissaient aux provocations du pape et c’était un moment extraordinaire.

    Je crois que cette jeunesse qui est en Afrique – et je l’ai vu ici en Côte d’Ivoire – nous devons la soigner. Le problème est qu’on ne soigne pas la jeunesse, on ne lui donne pas d’espoir, l’espérance d’un lendemain meilleur. C’est pourquoi, des fois, notre jeunesse nous désespère et croit que le paradis est ailleurs. Cela se termine par des drames que nous connaissons. Nous devons prendre soin de notre jeunesse parce qu’elle est vraiment l’avenir de notre société, l’avenir de notre Église.

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  • L'évêque auxiliaire de Los Angeles victime d'un homicide

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    Lu sur The Pillar :

    Le shérif déclare que l'évêque O'Connell est mort par "meurtre".

    L'évêque auxiliaire de Los Angeles, David O'Connell, offre la Sainte Messe. L'évêque est décédé le 18 février 2023.

    La mort de l'évêque auxiliaire de Los Angeles, David O'Connell, a été classée comme un homicide."

    19 février 2023

    Le décès de l'évêque auxiliaire de Los Angeles, David O'Connell, a été classé comme un homicide, selon l'archidiocèse de Los Angeles. O'Connell, 69 ans, a été tué dans sa maison de Los Angeles le 18 février. Dans une déclaration publiée dimanche matin, l'archevêque de LA, Jose Gomez, a expliqué que :

    "Nous avons appris tôt ce matin du bureau du shérif du comté de Los Angeles qu'ils ont déterminé que la mort de l'évêque auxiliaire David O'Connell hier était un homicide. Nous sommes profondément troublés et attristés par cette nouvelle."

    Dans un tweet, le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna, a qualifié la mort de O'Connell de "meurtre". "Mon cœur est en peine après avoir appris le meurtre de l'évêque auxiliaire David O'Connell. Il a servi avec amour en tant que prêtre et évêque dans le comté de Los Angeles pendant quarante-cinq ans", a écrit le shérif.

    Dimanche, une déclaration du département du shérif a confirmé que le samedi 18 février, "des adjoints ont répondu à l'endroit où se trouve l'évêque pour une urgence médicale.  À leur arrivée, ils ont découvert un homme adulte souffrant d'une blessure par balle.  Les ambulanciers sont arrivés et l'ont déclaré mort sur place".

    L'archidiocèse de Los Angeles avait initialement annoncé samedi après-midi que Mgr O'Connell était décédé de causes inconnues. Plusieurs médias locaux ont rapporté samedi que l'évêque avait été victime d'une blessure par balle, après que le département du shérif du comté de Los Angeles a publié un rapport samedi après-midi indiquant qu'un adulte anonyme victime d'une blessure par balle était mort samedi après-midi dans le même pâté de maisons que la résidence de l'évêque. Néanmoins, les agents d'information publique du département du shérif ont refusé à plusieurs reprises de confirmer officiellement que Mgr O'Connell avait été victime de violences, jusqu'au tweet de Luna dimanche matin, qui est intervenu quelques instants avant que M. Gomez ne publie sa propre déclaration.

    L'évêque, qui a été ordonné prêtre de Los Angeles en 1979, a été ordonné à l'épiscopat en 2015. Originaire d'Irlande, O'Connell a passé la majeure partie de son sacerdoce à exercer un ministère auprès des communautés immigrées et hispaniques de Los Angeles. Les amis de l'évêque disent qu'il était dévoué aux pauvres, au rosaire et à la Sainte Vierge Marie.

    Dans sa déclaration dominicale, Mgr Gomez a appelé à la prière. "Continuons à prier pour l'évêque Dave et sa famille. Et prions pour les forces de l'ordre qui poursuivent leur enquête sur ce terrible crime", a écrit l'archevêque. "Nous demandons à Notre Sainte Mère Marie d'intercéder et d'être une mère pour nous tous en ce moment de tristesse et de douleur."

  • China Aid a publié un nouveau rapport sur les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Un nouveau rapport détaille les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022

    18/02/2023

    Le 14 février, China Aid a publié un nouveau rapport sur les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022 (Annual Persecution Report 2022). L’organisation décrit différentes formes de persécutions qui se sont maintenues l’an dernier dans le pays contre les communautés chrétiennes, dont les conséquences de la « sinisation » des religions et des réformes éducatives : « En 2022, China Aid a ressenti au quotidien l’escalade des persécutions du PCC contre les églises chrétiennes et les chrétiens en Chine continentale. »

    Selon le nouveau rapport annuel 2022 sur les persécutions (Annual Persecution Report 2022), publié le 14 février par l’organisation américaine China Aid, les chrétiens en Chine ont continué de subir différentes formes de persécution. Les 63 pages du rapport évoquent en particulier les conséquences de la « sinisation » des religions, des réformes éducatives et de nombreuses violations des droits, entre autres lois répressives votées par Parti communiste chinois (PCC).

    « En 2022, China Aid a ressenti au quotidien l’escalade des persécutions du PCC contre les églises chrétiennes et les chrétiens en Chine continentale, ce qui explique pourquoi les églises et les chrétiens en Chine sont devenus de plus en plus réticents à l’idée d’exposer au monde extérieur leurs expériences vécues de persécutions », a déclaré l’organisation, en expliquant notamment que les cadres du parti ont fait la promotion de la sinisation auprès des chrétiens, en les poussant à céder à l’idéologie et à la vision politique du président Xi Jinping.

    Appels à soutenir la « sinisation du catholicisme en Chine »

    Selon les critiques, la sinisation est une idéologie politique destinée à imposer des règles strictes à des sociétés basées sur les « valeurs socialistes fondamentales » et à développer des soutiens aux principaux dirigeants du PCC.

    Le 27 janvier 2022 à Pékin, dans un discours prononcé lors d’un symposium, Wang Yang, membre du Bureau politique du parti, a ainsi souligné la nécessité que les organisations religieuses adhèrent aux politiques mises en œuvre par le gouvernement. Selon le rapport de China Aid, Wang a ajouté que « les groupes religieux doivent unir la majorité des adhérents religieux autour du PCC et du gouvernement afin de forger une ‘énergie positive’ et d’aider à réaliser le ‘rêve chinois’ ».

    Le rapport note également que Wang a rencontré des responsables de l’Association patriotique des catholiques chinois (CPA) et de la Conférence des évêques catholiques chinois, le 23 août dernier, en sollicitant leur soutien pour la « sinisation du catholicisme en Chine ». Il a appelé les dirigeants à « rester résolument sur la bonne voie politique », à « soutenir fermement les dirigeants du PCC », à « résister spontanément à l’infiltration des forces étrangères », et à « utiliser la culture, la langue et les styles de communications chinois afin d’interpréter et étudier les canons religieux ».

    Démolitions d’églises en Chine en 2022

    L’organisation américaine révèle également des détails alarmants sur les méthodes employées par le parti et ses dirigeants pour réprimer le christianisme et sa pratique dans le pays. Les cadres du PCC auraient notamment entrepris des démolitions d’églises à travers la Chine en 2022. Ainsi, en août 2022, l’église gothique de Beihan, dans le diocèse catholique de Taiyuan, a d’abord été rasée, et le clocher de 40 m de haut toujours debout a été dynamité.

    En juin 2022, alors que Mgr Dong Baolu avait refusé de rejoindre le système patriotique dirigé par l’État, son église de Shijiazhuang, dans la province du Hebei, a également été démolie par les autorités communistes.

    Le rapport souligne aussi que l’an dernier, des églises et des centres chrétiens, y compris catholiques, ont été démolis à Dalian, Jiangxi, Tongguan, Shaanxi et dans d’autres provinces. China Aid a également accusé les autorités chinoises de « fabriquer des preuves dans le but de détenir, arrêter et condamner des responsables religieux et des fidèles » dans leurs efforts pour réprimer le christianisme.

    Des responsables religieux détenus et des célébrations interrompues

    Par ailleurs, selon le rapport, « les gouvernements provinciaux et locaux ont détenu des responsables chrétiens et des fidèles chinois dans toute la Chine. Les autorités carcérales ont refusé à beaucoup de ces détenus la visite d’un avocat et tout contact avec leur famille ».

    Les détenus n’auraient pas non plus eu accès aux soins et auraient subi « des peines disproportionnées ». D’autres prisonniers chrétiens ont été détenus durant de longues périodes sans procès, et d’autres affaires ont été retardées à plusieurs reprises.

    Une autre accusation mentionnée par le rapport porte sur la disparition forcée de membres du clergé et de personnes laïques. L’organisation cite notamment les disparitions inexpliquées de Mgr Joseph Zhang Weizhu du diocèse de Xinxiang, de Mgr Shao Zhumin du diocèse de Wenzhou, de Mgr Dong Baolu de l’Église « souterraine » de Shijiazhuang et d’une dizaine de prêtres du diocèse de Baoding.

    Selon le rapport, les responsables du PCC ont aussi utilisé des raids, des amendes et des privations de droits afin de réprimer la minorité chrétienne. Ils ont été accusés d’avoir interrompu des célébrations, des baptêmes, des pèlerinages et même des liturgies en ligne afin d’intimider la population chrétienne locale. Les services bureaucratiques chinois ont aussi utilisé de lourdes amendes contre des responsables chrétiens et à des propriétaires louant des sites pour des célébrations afin de décourager les gens de se rassembler pour prier.

    En janvier 2022, Huang Yuanda, un chrétien de l’église de Xunsiding à Xiamen, a ainsi été condamné à verser une amende de 100 000 yuans (environ 13 665 euros) par le Bureau des Affaires ethniques et religieuses du district de Xiamen Siming pour avoir loué une maison à l’usage d’une école.

    Informations religieuses en ligne et contrôle des finances

    Le rapport de China Aid a également révélé des lois et régulations votées par le PCC en vue de contrôler les informations en ligne. Des « Mesures administratives pour les services d’information religieuse sur Internet » ont ainsi été mises en œuvre en mars 2022, avec notamment des formations comprenant « les lois et réglementations liées aux Affaires religieuses, au Code civil, à la Loi sur la sécurité nationale, à la loi sur la cybersécurité, mais aussi la pensée de Xi Jinping sur l’État de droit la Constitution et les ‘valeurs fondamentales socialistes’ ».

    Selon l’organisation, le parti s’est aussi efforcé de contrôler les finances des organisations religieuses et les tendances religieuses des étudiants. Le rapport révèle notamment que des étudiants ayant demandé à étudier à l’étranger dans d’autres institutions chrétiennes n’ont pas pu obtenir de passeport auprès des autorités : « Dans de cas où des candidats ont déposé une demande de passeport pour étudier à l’étranger dans des institutions chrétiennes, les agents du gouvernement ont refusé leur dossier sous le prétexte de la prévention sanitaire contre le Covid. »

    (Avec Ucanews)

  • Ceux qui suivent la messe selon l'ancien rite et prient le rosaire seraient-ils de dangereux extrémistes ?

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    De John Rao sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Grâce au FBI, les catholiques découvrent leur rôle dans la résistance

    18-02-2023

    Le document "confidentiel" de la police fédérale américaine qui considère ceux qui suivent la messe selon l'ancien rite et prient le rosaire comme des "extrémistes dangereux" les a galvanisés, qui ont ainsi pris conscience qu'ils sont des soldats en première ligne dans la lutte contre le terrorisme pratiqué par ces organes étatiques qui furent un jour le gouvernement des États-Unis.

    Le 8 février, le FBI de Richmond a divulgué un document "classifié" (daté du 23 janvier), qu'il a ensuite rétracté, dans lequel les catholiques sont visés. Dans le collimateur notamment les fidèles liés à la messe traditionnelle et à la prière du rosaire, associés à de "dangereux extrémistes". Le FBI a déclaré par la suite que le document n'était pas à la hauteur, mais l'ombre d'une utilisation instrumentale du renseignement demeure, dans une tonalité anti-catholique et dans le but de supprimer la dissidence envers l'administration Biden.

    Au-delà des craintes d'un nouvel assaut possible contre le rite romain classique de la messe, les nombreux groupes de catholiques de sensibilité traditionnelle aux États-Unis avec lesquels ils sont en contact régulier ne se sont jamais mieux portés. Ils ont fini par être sous les feux de la rampe, identifiés pour ce qu'ils sont, avec leur précieuse mission de soldats de première ligne dans la lutte contre le terrorisme, et l'incroyable efficacité des armes dont ils disposent a été publiquement révélée.

    Depuis de nombreuses années, il est clair pour quiconque a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre qui sont les membres des bandes terroristes qu'ils combattent. Le FBI est actuellement sous les feux de la rampe, mais il n'est qu'un segment de la meute de voyous qui comprend également la CIA et, pour parler franchement, la plupart de ces organes que l'on appelait autrefois le gouvernement américain.

    Toutes ces institutions, ainsi que les bureaucrates qui les dirigent, ne sont plus que les outils pathétiques d'une oligarchie matérialiste et libertine, affichant de manière flagrante son dévouement à l'irrationalité totale et au triomphe du désir. Alors qu'ils travaillent depuis longtemps au nom de cette oligarchie pour saper tout pilier spirituel, intellectuel et naturel de l'autorité dans une société correctement ordonnée, ils continuent à couvrir leurs activités terroristes en mettant l'accent sur la rhétorique de la liberté individuelle et du bien commun de toute la population. Cependant, même lorsque cela a impliqué des assauts croissants sur des questions spécifiques chères au cœur des croyants, ils n'ont jamais "fait le grand écart" en déclarant ouvertement que le catholicisme traditionnel en tant que tel représentait un danger essentiel pour leur projet.

    Aujourd'hui, cependant, ils ont été révélés au grand jour et la joie de mes coreligionnaires catholiques - ainsi que la mienne - est sans limite. Justice a été rendue ! Nous savons maintenant que les terroristes irrationnels et obstinés qui continuent à se faire passer pour la seule voix légitime d'une nation devenue folle ont compris que leur chemin vers l'abîme est effectivement barré par la messe latine traditionnelle, le rosaire et ceux qui y assistent, totalement dévoués à la cause du Christ-Roi. Nous pouvons enfin commencer à regarder nos frères et sœurs mexicains dans les yeux et dire que nous aussi, que nous ayons choisi ce militantisme volontairement ou involontairement, nous sommes considérés comme des soldats de première ligne dans la guerre pour la défense de la Foi et de la Raison ; que nous sommes potentiellement aussi dangereux que les Cristeros, le Bienheureux Père Miguel Pro Juárez et les innombrables civils ordinaires qui les ont fermement soutenus dans les années 1920 et 1930.

    J'écris ce bref article depuis l'un des "centres de formation" pour le catholicisme traditionnel dans le diocèse de Richmond, où le complot terroriste contre la Foi a été révélé pour la première fois, et je vous assure que je n'exagère pas le sentiment de soulagement de voir que les bureaucrates au service de l'oligarchie ont été démasqués. Bien sûr, jusqu'à présent, seuls vingt procureurs généraux ont protesté contre l'assaut anticatholique, on peut donc se demander ce que font les trente autres. Certes, on peut se plaindre que le tollé des successeurs des Apôtres dans ce pays n'a pas été tout à fait comme celui d'Athanase.

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  • Séisme : les Syriens attendent une aide comparable à celle que reçoivent les Turcs

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    Après le séisme, les Syriens attendent une aide comparable à celle que reçoivent les Turcs

    Dans la nuit du 5 au 6 février, un séisme meurtrier de magnitude 7,8 a frappé la Turquie et la Syrie. Selon le directeur de la branche Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit du « pire désastre naturel dans la région en un siècle ». Bilan provisoire (il pourrait doubler selon l’Onu) : plus de 40 000 morts, plus de 35 000 dans le sud de la Turquie, et plus de 5 000 en Syrie. Mais alors que les aides occidentales affluent en Turquie, elles n’arrivent qu’au compte-goutte en Syrie. La Russie, les Émirats arabes unis, le Qatar ou encore la Chine sont intervenus pour secourir les Syriens. Mais à l’exception notable de l’Italie, les pays occidentaux regardent ailleurs pour ne pas avoir l’air de soutenir Bachar el-Assad. Comme si secourir une population revenait à soutenir un régime politique… Curieusement, la question ne semble pas se poser pour celui de Recep Tayyip Erdoğan. Serait-il à ce point plus fréquentable ? Ne représente-t-il pas un danger autrement plus menaçant pour les pays européens – à commencer par la Grèce – que le régime syrien ?

    Déjà martyrisée par douze ans de guerre civile, la Syrie est sous le coup des sanctions internationales depuis 2019. Elles frappent de plein fouet une population vivant déjà à 90% en dessous du seuil de pauvreté. Ces sanctions empêchent les organisations internationales et les habitants de reconstruire ce qui vient d’être détruit, et de venir en aide aux familles. Aux coupures d’électricité, aux pénuries d’essence et de matières premières, à l’inflation et la dévaluation de la monnaie, à l’isolement terrible d’une population injustement sanctionnée par la communauté internationale, s’ajoute aujourd’hui une situation humanitaire désastreuse : des milliers de familles privées de leur domicile, détruit ou fissuré, sont livrées aux rigueurs de l’hiver.

    Jean-Rémi Méneau, chef de mission adjoint de SOS Chrétiens d’Orient en Syrie, était l’invité de Midi News Week-End sur Cnews, dimanche 12 février (émission en lien ci-dessous). Une semaine après le séisme, il a dressé l’état des lieux : « La situation est toujours très compliquée, l’aide internationale a toujours beaucoup de mal à arriver dans les zones sinistrées... Nous n’avons toujours pas reçu d’aides de l’Occident ».

    Toutefois, l’Italie se distingue entre les pays occidentaux : « Un premier avion militaire transportant de l'aide humanitaire pour la Syrie, a atterri samedi à l'Aéroport international de Beyrouth, en provenance d'Italie » rapporte L’Orient-Le Jour . Pour sa part, la France a fait parvenir 50 tonnes de matériel en Turquie. Damien Denisot, porte-parole de la compagnie maritime d'affrètement CMA-CGM, témoignait sur LCI : « On répond à l'appel de l'aide international de la Turquie avec l'État français. » Avec un hôpital de campagne, ce sont 87 chirurgiens, médecins et pharmaciens que la France a envoyés pour aider la Turquie. Mais la Syrie aurait besoin elle-aussi de cette aide médicale urgente alors que sa population est affaiblie par des années de guerre, l’épidémie de Covid et par les sanctions.

    Plusieurs associations humanitaires, dont SOS Chrétiens d’Orient, le Croissant Rouge (l’antenne syrienne de la Croix Rouge) ou encore la Communauté de Sant’Egidio plaident pour la levée urgente des sanctions afin de permettre à l’aide occidentale et aux ONG d’intervenir en Syrie. D’autres, comme l’Aide à l’Église en Détresse ou L'Œuvre d’Orient, réclament a minima l’application des exceptions prévues par l’Union Européenne. Sans lever toutes les sanctions, les États-Unis ont autorisé « toutes les transactions liées à l’aide humanitaire ».

    Le peuple syrien ne doit pas être victime d’un jeu politique international sur lequel il n’a aucune prise. Chaque vie compte, chaque vie mérite d’être sauvée. Constatant sans doute lui aussi l’abandon dans lequel sont laissés les Syriens, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a exhorté le 14 février tous les États membres à fournir « sans délai » près de 400 millions de dollars pour garantir « une aide humanitaire dont près de cinq millions de Syriens ont désespérément besoin ». Notamment « des abris, des soins médicaux, de la nourriture » pour trois mois. « Les besoins sont immenses (…) nous savons tous que l’aide qui sauve des vies n’entre pas à la vitesse et à l’échelle nécessaires », a insisté le secrétaire général. Il a ajouté qu’un appel similaire suivrait en faveur de la Turquie.

    Pour aller plus loin :

    Jean-Rémi Meneau : «Nous n’avons toujours pas reçu d’aides de l’Occident en Syrie»

    >>> Ecouter/voir sur : Cnews

  • Quelle est la géopolitique du Vatican ?

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    Depuis le début de son pontificat, le pape François mène une diplomatie active sur la scène internationale. En janvier dernier, le pape a montré sa volonté de jouer un rôle de médiateur lors de son déplacement au Soudan du Sud et s'est exprimé sur la situation en République démocratique du Congo et le conflit au Nord-Kivu. En 2022, le Saint-Siège s’était également positionné de manière ambigüe vis-à-vis de la guerre russo-ukrainienne. Sa timide condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été ouvertement critiquée, bien que le Vatican adopte une position plus ferme à l’égard de Moscou depuis août.

    Comme le démontrent ces récentes prises de position, la diplomatie vaticane, bien que peu médiatisée, est très influente sur la scène internationale. Le Saint-Siège possède un réseau diplomatique parmi les plus développés avec les États-Unis, la Chine ou encore la France. Il possède 120 nonces apostoliques - les diplomates du Vatican - et entretient des relations diplomatiques avec 183 États. Son influence s’appuie également sur un large réseau qu’il mobilise à l’échelle locale, telles que les églises ou les ONG catholiques.

    Au regard de ce réseau, quel rôle diplomatique joue aujourd’hui le pape François ? Quels sont les facteurs qui ont amené le Saint-Siège à raffermir son positionnement à l’égard de Moscou ? Quelles relations le Saint-Siège entretient-il avec la Chine ? Quels sont les enjeux de la diplomatie du Vatican en Afrique ? En quoi le catholicisme se retrouve-t-il concurrencé par l’évangélisme en Amérique latine ? Qui pourrait succéder au pape François ?

    Dans ce podcast, François Mabille, chercheur associé à l'IRIS et directeur de l'Observatoire géopolitique du religieux, décrypte la géopolitique du Vatican.

  • Les Syriens abandonnés

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    De François Brousseau sur le site du Devoir :

    L’abandon des Syriens

    13 février 2023

    Un malheur n’arrive jamais seul. L’adage s’applique tragiquement aux Syriens frappés aujourd’hui par ce séisme.

    Certes, plus de 80 ou 85 % des décès rapportés à la suite des séismes des 6 et 7 février, selon des décomptes encore officieux qui vont changer, l’ont été du côté turc de la frontière turco-syrienne.

    Il n’est pas question de minimiser la gravité de ce drame pour la Turquie et les Turcs. Mais au moins, la Turquie a un État à peu près fonctionnel, même corrompu et autoritaire. Dans les heures qui ont suivi le séisme, elle a vu des secouristes de plusieurs dizaines de pays accourir pour tenter de sauver des vies alors qu’il en était encore temps. La Turquie a des alliés, elle est membre de l’OTAN (même comme « mouton noir »). C’est un pays relativement accessible, y compris aux médias étrangers ; la couverture de la tragédie y a été étendue.

    Rien de tel en Syrie. Le pays est un État paria, mafieux, dysfonctionnel, au ban de la communauté internationale, soumis à des sanctions et à une forme de blocus qui l’isole du reste du monde. Un État incapable — ou peu désireux — d’aider les populations touchées, surtout lorsqu’elles se trouvent dans des zones échappant à son contrôle.

    Dans la partie « syrienne » touchée par le séisme, le territoire est militairement fragmenté. La frontière nord est presque hermétiquement fermée.

    À l’extrême ouest, c’est l’ultime bastion djihadiste, à Idlib et aux alentours, où se sont accumulés les déplacés, au fil des défaites de la rébellion : des millions de personnes à la merci des aléas de l’aide humanitaire.

    Plus à l’est, il y a des zones sous contrôle turc (armée ou milices associées) et, au-delà, le gouvernement autonome kurde. Au sud-ouest de la région sinistrée, ce sont les zones gouvernementales : Hama, Lattaquié et surtout Alep, martyre de la guerre (destruction d’Alep-Est en 2016 par les forces du régime et l’aviation russe), durement touchée de nouveau.

    Devant cette catastrophe à cheval sur une frontière, on tend à oublier le côté syrien du drame. Et même quand on ne l’oublie pas… que faire, et comment ?

    Le responsable des secours de l’ONU, Martin Griffiths, l’a reconnu lui-même ce week-end : « Jusqu’à présent, nous avons fait défaut aux gens du nord-ouest de la Syrie. Ils se sentent à juste titre abandonnés ; nous devons corriger cet échec au plus vite. »

    La Syrie, c’est une série de drames empilés les uns sur les autres. Une guerre presque terminée mais pas complètement, avec des bombardements occasionnels qui continuent. La petite ville de Marea, sous contrôle turc, à quelques kilomètres de la frontière, a subi mardi — au lendemain du séisme ! — des tirs de roquettes à l’origine obscure : régime de Damas ? Forces kurdes ?

    Un pays dans les ruines fumantes de la guerre avec ses séquelles : appauvrissement général, infrastructures démolies, absence de l’État et de toute reconstruction. Plus les épidémies, COVID mais aussi choléra… et maintenant le tremblement de terre, catastrophe dans la catastrophe.

    L’acheminement de l’aide humanitaire est un casse-tête, un jeu du chat et de la souris. Qui est responsable des blocages ? Question complexe.

    Les sanctions occidentales, comme le répètent le régime et de nombreux citoyens de bonne foi, exaspérés par leur misère, voyant que le régime n’en souffre pas ? Mais l’aide humanitaire est explicitement exclue des restrictions. La source principale des aides (insuffisantes) qui passent par le nord depuis des années est européenne et américaine.

    Qui limite au strict minimum l’ouverture des points de passage humanitaires au nord (Bab al-Hawa) ? C’est Damas, soutenu au Conseil de sécurité par la Russie, invoquant un « viol de souveraineté ». La Turquie n’est pas innocente non plus.

    L’autre solution pour l’acheminement, c’est de passer par le sud, par Damas, où le régime prélève depuis des années sa « dîme » sur les rares dons humanitaires, quand il ne les confisque pas carrément. D’où la méfiance des donateurs : mais est-ce que ça se rendra seulement aux gens qui en ont besoin ?

    Le Monde rapportait ce week-end, dans un reportage déchirant côté syrien, que des soldats russes (plusieurs dizaines de milliers sont toujours en Syrie) patrouillent dans des zones dévastées (Lattaquié), mais sans intervenir dans les secours, frustrant la population locale. Que font les Russes ? Que font les Iraniens, censés être solidaires du peuple syrien ?

    Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, un convoi de plusieurs dizaines de camions provenant de la zone kurde (où se trouvent également quelques centaines de militaires et conseillers américains) aurait été longuement bloqué vendredi et samedi. Ce seraient apparemment des forces pro-turques… qui, à cause de leur propre guerre contre les Kurdes, empêchent des civils décimés de recevoir l’aide qui pourrait les sauver.

    L’isolement, l’oubli et l’impasse des Syriens, dans ce drame, sont à pleurer.

    François Brousseau est chroniqueur d’affaires internationales à Ici Radio-Canada. francobrousso@hotmail.com