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Jeunes - Page 87

  • Liège, la religion s’enseigne avec les « valeurs démocratiques »

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    Professeur de religion dans un collège-lycée catholique de Liège, en Belgique, Sébastien Belleflamme multiplie les initiatives depuis deux ans pour faire réfléchir ses élèves sur le phénomène djihadiste. En croisant les disciplines, il veut les aider à sortir d’une « lecture fondamentaliste » des textes sacrés et à forger leur « esprit critique ». Interview publiée par Anne-Bénédicte Hoffner dans le journal « La Croix » :

    La Croix : Vous enseignez la religion dans un établissement catholique à Liège, en Belgique. Pourquoi et comment avez-vous décidé de traiter l’actualité, et notamment cette question de la violence commise au nom de Dieu ?

    Sébastien Belleflamme : Mon cours de religion s’adresse à tous les élèves de l’établissement, qu’ils soient catholiques, protestants – évangéliques surtout –, musulmans ou indifférents. Nous nous appuyons surtout sur les ressources de la foi chrétienne mais pas seulement : c’est un cours ouvert sur la pluralité des convictions.

    Le déclic s’est fait il y a deux ans, en pleine vague d’attentats en France et en Belgique, quand certains de mes élèves musulmans m’ont dit qu’ils n’osaient plus parler de leur foi et gardaient les yeux baissés en marchant dans la rue. Je me suis dit qu’il fallait agir. En terminale, j’ai proposé à certains de travailler sur les motivations des jeunes djihadistes : j’ai assisté avec eux à des colloques, des pièces de théâtre (comme Djihad d’Ismaël Saïdi). Devant leur enthousiasme, nous avons fait intervenir au lycée Laura Passoni, une « revenante » de Syrie, ainsi qu’Hicham Abdel Gawad, un doctorant en sciences des religions à Louvain (1). Cette rencontre a nourri beaucoup d’échanges entre les élèves, certains se montrant très durs vis-à-vis d’elle.

    Comment parvenez-vous à faire s’exprimer et s’écouter des jeunes avec des sensibilités très différentes au sujet de la radicalisation islamiste ?

    S.B. : Avec mes élèves de troisième cette fois, nous avons lu la pièce Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? de l’islamologue Rachid Benzine, qui met en scène le dialogue entre un père universitaire et sa fille partie rejoindre un djihadiste à Falloujah en Irak dont elle aura une fille. Je leur ai proposé d’écrire chacun leur propre lettre à l’un des protagonistes de la pièce.

    À lire aussi : Enquête inédite sur la « tentation radicale » des lycéens

    Je suis seulement en train de les lire, mais j’observe déjà qu’elles témoignent de sentiments extrêmement variés : certaines filles disent leur colère à Nour et l’interpellent sur la question de la dignité des femmes. D’autres élèves lui demandent comment elle a pu faire autant de peine à son père. D’autres encore expriment plutôt de la compassion, notamment pour son geste final. Il y a vraiment de tout : de la condamnation au respect en passant par l’incompréhension…

    Les élèves d’origine syrienne ou maghrébine livrent parfois leur souffrance devant une stigmatisation qu’ils ne comprennent pas, leurs questions aussi devant cette violence commise au nom de Dieu.

    Comment ce travail est-il perçu par la direction de votre établissement, par les parents ? Quels résultats percevez-vous chez vos élèves ?

    S.B. Au départ, notre travail a suscité quelques questionnements, légitimes, sur sa visée pédagogique mais aujourd’hui, les retours sont globalement très positifs. Nous croisons les disciplines – philosophie, histoire notamment – pour mieux analyser le discours djihadiste : moi j’apporte l’éclairage théologique, d’autres collègues complètent sous d’autres angles. Nous aidons ainsi les élèves à comprendre que « Dieu » est un mot-valise qui, s’il est mal exploité, peut conduire des hommes à commettre les pires horreurs. Je les initie aussi à l’exégèse pour sortir d’une lecture fondamentaliste des textes.

    Finalement, toutes ces initiatives servent le même objectif : enseigner la religion en défendant les valeurs démocratiques de notre pays. L’éducation est le seul moyen d’aider nos élèves à se forger un esprit critique. La religion vise bien sûr le rapport à Dieu, mais il faut un minimum de culture pour cela.

    Ref. Liège, la religion s’enseigne avec « les valeurs démocratiques »

    Pour mémoire, le réseau de l’enseignement catholique accueille, bon an mal an,  la moitié de la population scolaire en Belgique. L’enseignement de la religion ou de la morale laïque est obligatoire dans tous les réseaux mais dans les écoles créées par les pouvoirs publics les élèves peuvent opter entre l’un des six cultes reconnus et  la morale laïque. Dans les écoles catholiques seule la religion du même nom est enseignée, ce qui n'empêche pas ces écoles d’accueillir bon nombre de musulmans. D’où l’intérêt de l’initiative prise à Liège par un professeur de ce réseau.

    JPSC

  • La vie est une longue marche solidaire : Constance du Bus, porte-parole de la Marche pour la Vie, sur RCF

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    La vie est une longue marche solidaire, Constance du Bus

    Présentée par Jacques Galloy

    La vie est une longue marche solidaire, Constance du Bus

    La vie est une longue marche qui mérite d'être chérie et protégée à toutes ses étapes. Cela n'est possible que par l'entraide. Témoignage de Constance du Bus, étudiante en droit KUL et porte-parole francophone de la marche pour la vie du 22 avril 2018. De père orpheline, passionnée et déterminée, elle s’est également investie dans une unité de soins palliatifs au Chili.

  • Jeunes chrétiens, la génération pivot ?

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    Dans l’Europe post-chrétienne, la majorité des jeunes ressemble à celle des vieux : comme ceux-ci, elle est sortie de la religion autrefois dominante et baigne dans le conformisme d’une société cosmopolite, sans identité ni racines : ni centre, ni périphérie, tout est égal. Comme il faut malgré tout donner un sens aux quelques tours de carrousel que chacun effectue autour d’une étoile appelée soleil avant de retomber dans le néant d’où il a été malencontreusement sorti, quelques placebos calmeront toute inquiétude métaphysique inutile : l’écologie, la tolérance, la paix sont les plus courues. Ce n’est déjà pas si mal, pour supporter le voyage vers nulle part. Mais c’est tout de même un peu court. Et les chrétiens, jeunes et vieux, embarqués dans cette galère n’ont-ils aujourd’hui plus rien à apporter de plus ? Quelqu’un peut-être. De Jean-Pierre Denis sur le site de « La Vie » :

    « Moins d’un jeune Français sur quatre se dit chrétien. Ce chiffre choc, je le tire d’une étude menée par l’Institut catholique de Paris avec des universitaires européens, étude dont lavie.fr publie en avant-première les principaux enseignements. Il résume à lui seul l’état de la sécularisation occidentale. L’enquête livre, en effet, à propos de pays aussi divers que la Belgique, l’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Espagne, des résultats comparables. La grande majorité des 16-29 ans semble purement et simplement sortie de la religion en général et de la religion chrétienne en particulier. Cette absence d’héritage est devenue un héritage. Un athéisme culturel encore renforcé par une persistante mauvaise transmission de la foi dans les familles dites chrétiennes. Autrefois la religion était imposée par les structures sociales, et l’athéisme relevait de choix individuels. Devinez de quel côté se situent désormais pression sociale et conformisme ?

    Génération athée, l’étude choc

    Si l’on est hargneux on dira que rien n’est fait, rien qui soit à la hauteur du défi, lequel est plus souvent nié que reconnu. Si l’on préfère la résignation à l’imprécation, on dira que rien n’y fait. Ni Jean Paul II et sa nouvelle évangélisation, ni Benoît XVI et sa stratégie des minorités créatives ni le pape François avec son évangile des périphéries ne semblent avoir eu le moindre impact. À quelques nuances ou exceptions près, ni le catholicisme ni le protestantisme ni même l’orthodoxie (l’étude évoque la Russie) n’ont le monopole de la déconfiture. Cela relativise bien des querelles de clocher.

    Un jeune sur quatre se déclare chrétien, malgré le poids du conformisme social ? C’est potentiellement énorme.

    Voilà pour le verre à moitié vide. Mais en même temps, ce chiffre a quelque chose d’extraordinaire, de si gros qu’on pourrait bien ne pas le voir, comme la fameuse lettre volée d’Edgar Poe, tellement mise en évidence que personne ne la remarque. Comment, un jeune sur quatre se déclare chrétien, malgré le poids du conformisme social ? Mais… c’est potentiellement énorme ! Et alors… que fait-on ? Qui leur parle ? Que leur dire ? Personne ne sait. À peu près personne ne fait rien. L’énergie missionnaire reste concentrée sur la fraction la plus motivée, ceux que j’avais appelés lors des dernières JMJ les « cathos ++ ». Les neuf dixièmes des jeunes chrétiens de ce pays sont plus ou moins livrés à eux-mêmes. On frise la non-assistance à croyants en danger.

    Génération "catho ++"

    Autre tabou, et non des moindres, l’islam. Il y a en France environ deux jeunes chrétiens pour un jeune musulman. À peu de chose près, on compte autant de jeunes anglicans que de jeunes musulmans au Royaume-Uni, et plus de jeunes musulmans que de jeunes catholiques aux Pays-Bas. Dans les Églises, on feint de penser que ce n’est pas un sujet. Belle hypocrisie. Par exemple, ce double bouleversement – plus d’incroyants et… plus de croyants musulmans – explique ce que nous avons appelé, avec d’autres, la « tentation identitaire ». Certains penseront même qu’il la justifie. Posons franchement la question jamais abordée, mais implicite dans bien des débats sur la laïcité : les jeunes chrétiens se sentent-ils plus proches, en termes de vision du monde, des incroyants de leur génération que des musulmans européens qui ont le même âge qu’eux ? En fait, ils partagent avec les uns l’attachement à un certain pluralisme libéral et avec les autres l’aspiration à un horizon de sens spirituel que la société ne reconnaît plus. Une bonne partie d’entre eux adhère en tout cas à un autre modèle que celui de la forteresse assiégée : celui du pont. La tâche n’est certes pas facile pour cette forte minorité chrétienne, mais la façon dont les 16-29 ans d’aujourd’hui répondront à cette question déterminera l’avenir du christianisme. Et aussi, à mon sens, l’avenir de notre société. Minoritaires, les jeunes chrétiens sont devenus le pivot sur lequel la culture européenne pourra demain s’articuler,  trouver du commun. Le corps du Christ sauvera-t-il le corps social ? »

    Ref. Jeunes chrétiens, la génération pivot ?

    JPSC

  • Vient de paraître : un ouvrage sur la BD chrétienne

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    De Karthala.com :

    FRANCART Roland

    La BD chrétienne
    17,00 €TTC

    Résumé

    Cet ouvrage est constitué d’une présentation de 36 dessinateurs de BD chrétiennes ainsi qu’une sélection de 65 albums significatifs de cette forme d’expression, représentant à ce titre un ouvrage de référence pour tous les amateurs de bande dessinée, comme pour les animateurs pastoraux, catéchistes et professeurs de religion.

    Editeur : Karthala

    Description complète

    Petit poucet du Neuvième Art, la BD chrétienne, née en 1941, est forte de 70 000 pages, réparties en près de 1 500 albums francophones. Roland Francart propose une étude exhaustive sur ce pan de la BD qui a marqué toute une génération. Après avoir abordé le monde de la BD en général, sa naissance et son évolution, l’auteur met en exergue l’âge d’or de la BD chrétienne jusqu’en 1960, puis son tournant catéchétique et enfin un renouveau avec les mangas, comics et romans graphiques. Cet ouvrage est constitué d’une présentation de 36 dessinateurs de BD chrétiennes ainsi qu’une sélection de 65 albums significatifs de cette forme d’expression, représentant à ce titre un ouvrage de référence pour tous les amateurs de bande dessinée, comme pour les animateurs pastoraux, catéchistes et professeurs de religion.

    Roland Francart, jésuite, est géographe et spécialiste de la bande dessinée chrétienne. Il est le directeur-fondateur du Centre Religieux d’Information et d’Analyse de la BD (CRIABD) et président du Jury du prix européen Gabriel de la BD chrétienne, Roland Francart a publié 40 numéros de la revue Coccinelle et 80 de la revue Gabriel.

    Ils en ont parlé

    "Cet ouvrage est constitué d’une présentation de 36 dessinateurs de BD chrétiennes ainsi qu’une sélection de 65 albums significatifs de cette forme d’expression, représentant à ce titre un ouvrage de référence pour tous les amateurs de bande dessinée, comme pour les animateurs pastoraux, catéchistes et professeurs de religion."

    Une recension sur le site de jesuites.com (février 2018)

  • Pré-synode : des jeunes en désaccord avec l’Eglise sur les principes non-négociables

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    Du site "Riposte catholique" :

    Des jeunes en désaccord avec l’Eglise sur les principes non-négociables

    Le document du pré-synode des jeunes a été publié et l’on y découvre, sans surprise depuis que nous savons qu’un jeune du MRJC représentait les jeunes français, que les jeunes catholiques envoyés à Rome ne partagent pas toujours la foi de l’Eglise sur des sujets pourtant essentiels :

    Il existe souvent de profonds désaccords parmi les jeunes, à la fois dans l’Eglise et dans le monde, sur certains de ses enseignements qui sont particulièrement sensibles. Quelques exemples : contraception, avortement, homosexualité, cohabitation, mariage et comment la prêtrise est perçue dans les différentes réalités de l’Eglise. Il est important de noter que, quelque soit le niveau de compréhension des enseignements de l’Eglise, des désaccords et des discussions sont toujours en cours parmi les jeunes sur ces sujets polémiques. Par conséquent, ils peuvent vouloir voir l’Eglise changer ses enseignements ou au moins avoir accès à de meilleures explications et formations sur ces questions. Même si un débat interne existe, les jeunes catholiques, dont les convictions sont en conflit avec les enseignements officiels, veulent rester dans l’Eglise. Beaucoup de jeunes catholiques acceptent ces enseignements et trouvent en eux une source de joie. Ils ne désirent pas seulement que l’Eglise tienne fermement ses positions malgré leurs impopularités mais qu’elle les proclame avec une plus grande profondeur dans ses enseignements.

    A travers le monde, la relation au sacré est compliquée. La chrétienté est souvent vue comme quelque chose qui appartient au passé et ses valeurs ou sa pertinence dans notre vie ne sont plus comprises. En même temps, dans certaines communautés la priorité est donnée au sacré car la vie quotidienne est structurée autour de la religion. Dans certains contextes asiatiques, le sens de la vie peut être associé avec des philosophies orientales.

    Nos évêques ont du pain sur la planche pour former les jeunes à ces questions. Cela leur changera de parler d’immigration...

  • Pré-synode des Jeunes : les délégués de la jeunesse ont remis leur copie au pape François

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    François.jpg

    Sur la place saint Pierre de Rome, à la fin de la messe des Rameaux, des jeunes ont remis au pape le document élaboré par 300 délégués du monde entier pour évoquer leurs attentes avant le synode des évêques qui doit se tenir au mois d'octobre. Leur rédaction sera remise aux experts chargés de l'élaboration de l' "instrumentum laboris" du synode.  Lu sur le site « aleteia » :

    « C’est un document qui fait douze pages. Douze pages qui vont servir de document de travail pour les évêques qui se réuniront en octobre prochain pour un synode sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations ». “Nous avons besoin de modèles qui soient attractifs, cohérents et authentiques” ont ainsi insisté les 300 jeunes réunis toute la semaine au Vatican pour un pré-synode.

    Lire aussi : Pré-synode : les cinq conseils du pape François aux jeunes

    Elaboré après une semaine d’échanges, ce document insiste également sur le besoin de formation. En préambule, les jeunes insistent sur son objectif : il doit être une “boussole” pour les Pères synodaux. Il vise ainsi à exposer les “réalités spécifiques” et “les différents contextes” des jeunes d’aujourd’hui. Les jeunes, écrivent-ils eux-mêmes dans cette synthèse, essayent de “donner du sens” dans un monde toujours en mouvement. Pour cela, ils ont tous le souhait d’un “sentiment d’appartenance”, de communautés qui les soutiennent. L’Eglise a un “rôle vital” à jouer pour cela, assurent-ils, en répondant à leur “désir d’avoir des communautés fortes”.

    Pour cela, la première mission de la communauté chrétienne vis-à-vis des jeunes et de leur offrir des “modèles qui soient attractifs, cohérents et authentiques”. Et le document d’expliciter cette demande : “Les jeunes veulent des témoins authentiques, des hommes ou des femmes qui donnent une image vivante et dynamique leur foi”. Trop souvent, déplorent-ils, la sainteté paraît “inatteignable”.

    Lire aussi : Plus de la moitié des jeunes Français pensent que Dieu existe

    Ce besoin concerne en particulier les jeunes femmes, qui cherchent des figures référentes, non pas en terme de responsabilité, mais de mission : beaucoup de jeunes ont une vision “peu claire” de son rôle propre au sein de la communauté des croyants.

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  • La majorité des jeunes adultes européens de 16 à 29 ans sont athées et ce sera pire demain

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    De Jeanne Smits sur le site Réinformation-TV :

    La majorité des jeunes Européens sont athées, selon le rapport sociologique « Jeunes adultes et religion »

    Le christianisme est « moribond » sur les terres de chrétienté de jadis : c’est ce qu’affirme un professeur de théologie et de sociologie de la religion à l’université de St Mary’s à Londres, qui a réalisé une étude d’après les données de l’Enquête sociale européenne 2014-2016. La majorité des jeunes adultes européens de 16 à 29 ans sont désormais athées, constate le rapport sociologique « Jeunes adultes et religion », ce qui annonce la marche rapide vers une société post-chrétienne où l’islam, sur une pente ascendante, gagne presque partout des points dans cette catégorie de la population.

    C’est en République tchèque que l’on compte une majorité d’athées parmi les jeunes de 16 à 29 ans : ils sont 91 %, un peu plus qu’en Estonie, en Suède et aux Pays-Bas où ils avoisinent tout de même les 75 % à quelques points près.

    En Belgique et en France, tout comme en Hongrie, les jeunes de cette catégorie d’âge qui se disent sans religion sont environ 60 %, un peu plus qu’en Finlande, au Danemark et en Norvège, tandis que l’Espagne, avec quelque 55 % de sans religion, fait partie des 12 pays européens où les sans religion devancent les chrétiens. Mais en Espagne, les chrétiens restent tout de même plus nombreux proportionnellement que les fidèles d’autres religions : en France par exemple, la proportion des « autres religions » représente plus de la moitié de celle des chrétiens.

    Le rapport sociologique « Jeunes adultes et religion » estime le christianisme « moribond » en Europe

    La Russie compte près de 50 % de jeunes sans religion, devant la Suisse, l’Allemagne, le Portugal, l’Irlande, la Slovénie, l’Autriche, la Lituanie et la Pologne : c’est en Lituanie et en Pologne que la proportion de chrétiens – couplé avec une quasi absence d’« autres religions » – demeure la plus importante, environ 75 % Lituanie et 83 % en Pologne.

    La religion britannique établie, l’Eglise d’Angleterre, ne rassemble que 7 % de jeunes adultes qui se définissent comme anglicans – alors que 6 % des jeunes musulmans déclarent adhérer à la religion islamique.

    Selon l’auteur de l’étude, Stephen Bullivant, cette tendance vers la disparition de la religion dans les pays européens devrait s’accentuer. « Le christianisme en tant que religion par défaut, en tant que norme, a probablement disparu pour toujours – ou au moins pour les 100 ans à venir », estime-t-il, tout en remarquant que des pays « peuvent être voisins et partager un environnement culturel et une histoire commune tout en affichant des profils religieux complètement divergents ».

    La majorité des jeunes Européens ne prie jamais, ou quasi

    De fait, les « profils », de jeunes croyants ou pas du tout, sont bien répartis entre les pays de l’ancienne sphère soviétique et les pays libéraux de l’Ouest, avec la République tchèque en tête des athées et la Pologne en queue, avec un rapport inversement proportionnel, grosso modo, entre « sans religion » et chrétiens affirmés. Voisins, l’Allemagne et les Pays-Bas affichent respectivement 45 et 70 % de non-croyants parmi leurs jeunes. C’est dire si les différences nationales, de langue, d’éducation, d’histoire sont bien réelles, quoi qu’on raconte à propos de l’espace européen unique…

    Le même rapport « Jeunes adultes et religions » présente la photographie des 16-29 ans quant à leur pratique religieuse. Elle est désastreuse un peu partout en ce sens que la pratique régulière, hebdomadaire, plafonne à peu près partout à moins de 10 %, à l’exception de l’Irlande (environ 20 %), du Portugal (environ 15 %) et de la Pologne (plus de 40 %). Une certaine pratique régulière mais à un rythme moins fréquent concerne de plus nombreux pays ; mais en France plus de 55 % des jeunes ne mettent jamais le pied à l’église (ou au temple, ou à la mosquée, cela n’est pas précisé).

    On retrouve des pourcentages importants de jeunes Européens qui ne prient absolument jamais : de 80 % en République tchèque après de 70 % en France ou en Espagne… Polonais et Irlandais sont ceux qui prient le plus souvent : c’est le cas pour un jeune adulte polonais sur deux qui prie une fois par semaine ou davantage, mais c’est là le pourcentage le plus élevé.

    Ce rapport sociologique constate la meilleure transmission de l’islam

    Comme l’affirme Bullivant, de nombreux jeunes Européens « ont été baptisés mais ne passeront plus le seuil d’une église ».« Les identités culturelles religieuses ne passent tout simplement plus des parents aux enfants. Elles glissent sur eux comme sur la peau d’un canard », observe l’auteur.

    Si l’immigration amène aussi des chrétiens – c’est le cas au Royaume-Uni où un catholique sur cinq est né ailleurs – la proportion de musulmans lui paraît importante à considérer. « Nous savons que le taux de naissance des musulmans est plus élevé que celui de la population en général, et qu’ils ont des taux de rétention [religieuse] beaucoup plus élevés », observe-t-il. Il suffit de tirer les conclusions…

    Mais globalement, la nouvelle « valeur par défaut », c’est l’absence de religion : « Les rares personnes croyantes se considèrent comme nageant à contre courant », observe-t-il encore : « D’ici à 20 ou 30 ans, les principales Eglises seront plus petites, mais le peu de gens qui y resteront seront fortement engagés. »

    A quoi l’on peut ajouter cette question : comment l’Europe, forgée par le christianisme, pourra-t-elle subsister si elle est à ce point coupée de ses racines vivifiantes ? On peut se lamenter face à la montée de l’islam, mais cela ne sert à rien si c’est seulement pour lui opposer du vide.

  • Giovanni santi presto !

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    Cette lettre ouverte du Père Daniel-Ange au cardinal-préfet de la congrégation romaine pour la cause des saints pose de vraies questions pour la promotion d’une sainteté vivante dans le catholicisme d’aujourd’hui, et en particulier dans la jeunesse.  Lu sur le site de « France Catholique »

    « Père très cher Angelo molto amato !

    Permettez-moi d’écrire ce dont nous avons plusieurs fois parlé lors de différentes béatifications, dont celle de Mgr Vladimir Ghika à Bucarest et celle du P.Marie –Eugène en Avignon.

    D’un mot : je vous supplie de donner la priorité absolue, dans les choix que vous devez faire :

    1 - Aux martyrs actuels. Si le Pape, à juste titre, active la cause du P. Jacques Hamel, il faudrait en même temps le faire pour tant de martyrs de l’Islam intégriste au Proche et Moyen Orient, au moins les prêtres et consacrés :

    Andrea Santoro, Mgr Raho, Mgr Padovese, P. Ragheed (Irak), Les soeurs de Mère Tereza au Yemen, les prêtres célébrant dans leurs églises de Bagdad , d’Alexandrie et du Caire, le ministre Shabbaz Bakhti, au Pakistan, etc, etc…

    Pourquoi attendre ? Ce serait un tel réconfort pour ces Eglises si violemment persécutées et le jeune Akash Bashir donnant sa vie pour sauver des centaines de fidèles massés dans l’église ! Les coptes orthodoxes ont canonisés leurs martyrs de Libye seulement une semaine plus tard.

    Et dans la foulée des martyrs d’Albanie enfin récemment béatifiés, n’oublions pas les 7 évêques greco-catholiques de Roumanie, à la cause introduite depuis si longtemps

    A propos des martyrs, ne peut-on pas envisager directement la canonisation, comme chez les orthodoxes, évitant le stade de la béatification ?

    Ne peut-on pas aussi procéder à des canonisations communes avec les différents Patriarcats orthodoxes qui y seraient ouverts, comme l’a prophétiquement et explicitement désiré saint Jean-Paul II dans sa lettre apostolique ORIENTALE LUMEN ?

    2 - Aux enfants et aux jeunes. La toute 1ère urgence aujourd’hui : les conforter, encourager, entrainer dans le terrible combat qu’ils ont à affronter aujourd’hui Nos Papes ne cessent de les appeler à la sainteté, mais rien ne les y stimule autant que l’exemple vivant de jeunes de leur âge ayant vécu les mêmes combats, et donc ayant vécu récemment, et non il y a plusieurs siècles. Les religieuses fondatrices d’il y a un, deux ou trois siècles, dont je ne doute pas de la grande sainteté, ne les touchent absolument pas.

    Si peu de jeunes, non-martyrs et non-religieux ont été béatifiés (je n’en compte que... 6 !) encore moins canonisés ! C’est dérisoire ! Et un si grand nombre pourraient l’être. (Parcourez les livres - témoignages que je vous ai envoyés : "Témoins de l’avenir", "Prophètes de la joie", "Prophètes de la beauté. Le 1er est préfacé par votre prédécesseur à la Causa Sanctorum, le cardinal Felici .

    Beaucoup ont été amèrement déçu qu’à la JMJ de Krakow, il n’y ait eu aucune béatification de jeunes (comme lors de la JMJ de Paris en 1997), même pas la canonisation tant attendue, tant espérée de PG Frassati, universellement connu, et dont le corps était présent et vénéré. C’était l’occasion idéale, rêvée ! Hélas, perdue ! Peut-être pourrait-on profiter du Synode sur les jeunes, en octobre 2018 ?

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  • Une jeune belge présente la situation des jeunes européens à l’inauguration de la réunion pré-synodale – en préparation au Synode d’octobre 2018

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    De zenit.org :

    Jeunes : la situation en Europe, présentation devant le pape

    « Faire en sorte que la foi chrétienne puisse les surprendre »

    En Europe, « le fait que les jeunes ne grandissent pas dans un contexte religieux offre de nouvelles opportunités. Les jeunes sont donc très ouverts sur la foi, ils la regardent avec un regard neuf et une grande réceptivité, simplement parce qu’ils en savent peu ». Donc, « le défi consiste à faire découvrir quelque chose, à faire en sorte que la foi chrétienne puisse les surprendre ».

    C’est ce que souligne Annelien Boone, jeune fille de Belgique (31 ans, directrice de l'IJD, Jongerenpastoraal Vlaanderen), représentant la jeunesse belge, qui a présenté la situation des jeunes européens à l’inauguration de la réunion pré-synodale – en préparation au Synode d’octobre 2018 sur les jeunes – ce 19 mars 2018, au Collège pontifical Maria Mater Ecclesia de Rome.

    Présentation à la réunion pré-synodale

    1. Quelques faits en chiffres

    Récemment, il y avait une étude sur la “génération Quoi” ? “Génération Quoi?” est un projet collaboratif entre 12 diffuseurs européens d’audiovisuel public et permet aux jeunes entre 18 et 34 ans de faire un autoportrait de leur génération. Plus d’un million de jeunes de 35 pays ont participé à cette étude. Des thèmes, des difficultés et des désirs que les jeunes Européens entre 18 et 34 ans éprouvent, sont précises dans l’étude. Je vous propose quelques thèmes qui vous donnent une idée des jeunes de l’Europe de l’Ouest aujourd’hui.

    • Nos futurs

    Une question examine quelles sont les perspectives des jeunes et des jeunes adultes. En général, les jeunes ont une vision plutôt positive de l’avenir. Presque deux tiers des jeunes GW (63,5%) ont un comportement plutôt positif vis-à-vis de l’avenir. Pourtant, l’étude démontre que les jeunes restent plutôt douteux au lieu d’être franchement positifs; seulement 6% semble être très optimiste quant à l’avenir. Néanmoins la même constatation vaut pour l’attitude pessimiste: moins de cinq pourcent semble être très pessimiste quant à l’avenir.

    • Tolérance

    Les jeunes de la génération Quoi? sont, en général, très tolérants. Egalement concernant la diversité culturelle, les jeunes sont très tolérants. 3 sur 4 voit l’immigration comme un enrichissement culturel. Beaucoup de jeunes de la génération Quoi? ont des amis d’une autre origine sociale ou éducative ou d’une orientation sexuelle différente. Toutefois, il n’y a que peu de jeunes qui ont des amis d’une autre religion, d’une autre contexte ethnique ou culturel.

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  • "Dieu est jeune" : un nouveau livre du pape (extraits)

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    De Jérôme Cordelier sur le site du Point :

    Pape François : « Un jeune a quelque chose d'un prophète »

    EXTRAITS INÉDITS. « Le Point » publie en exclusivité des passages du livre du pape François, « Dieu est jeune », à paraître en France le 22 mars.

    À 81 ANS, Jorge Bergoglio a conversé avec un homme de 32 ans, le journaliste et écrivain italien Thomas Leoncini.

    Dieu est jeune ©  DR

    « Dieu est jeune ! » L'assertion est signée de la main du pape François, l'une des personnalités les plus populaires, l'un des leaders les plus influents sur la planète, et, en l'occurrence, un homme de 81 ans qui s'adresse à un autre homme de 32 ans, le journaliste et écrivain italien Thomas Leoncini. Pour le pape, « Dieu est jeune » « parce qu'Il est toujours neuf », parce qu'Il est « l'Éternel qui n'a pas de temps, mais qui est capable de se renouveler, de rajeunir continuellement et de rajeunir toutes choses ». C'est ce qu'on peut lire dans un livre* à paraître le 22 mars en France aux éditions Robert Laffont et Presses de la Renaissance.

    Non, François ne cède pas à la mode du jeunisme, qu'il honnit : il a d'ailleurs quelques paroles savoureuses sur ces adultes qui refusent de grandir, font « copains-copains » avec leurs enfants, s'adonnent à la chirurgie esthétique… C'est en homme qui accepte son âge pour l'expérience et la sagesse qu'ils lui confèrent que François s'adresse à ceux qui lui succèdent au monde. Le livre paraît en même temps que se réunissent à Rome 300 jeunes du monde entier pour préparer le prochain synode prévu en octobre 2018.

    Ces adultes en « grande concurrence » avec les jeunes 

    Petit-fils d'immigrés italiens, l'Argentin Jorge Bergoglio a vécu une enfance heureuse à Buenos Aires, que ces biographes ont tous évoquée, au milieu des bandes joyeuses qui serpentaient dans son quartier de Flores, des échanges bruyants dans les cages d'escalier et des grandes tablées où se mêlaient toutes les générations. Prêtre, archevêque, pape, il ne perdra jamais une occasion de mettre en avant l'âge, l'expérience, la vieillesse pour promouvoir la mémoire, la transmission au cœur d'univers qui ont tendance à l'oublier, préoccupation que l'on retrouve davantage chez les peuples autochtones d'Amazonie – dont ce pape se fait aussi le protecteur – que dans nos sociétés post-modernes dites civilisées.

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  • 70 % des vidéos pornos sont visionnées par les enfants sur des smartphones: il faut arrêter ça!

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    Une chronique de Marie Thibaut de Maisières sur le site de La Libre :

    70 % des vidéos pornos sont visionnées par les enfants sur des smartphones: il faut arrêter ça! (CHRONIQUE)

    Ces sites violent la loi ! Il est interdit de montrer du porno à des mineurs. Alors pourquoi ne fait-on rien ?

    Dans le livre "A un clic du pire", Ovidie, ancienne actrice et réalisatrice de films pornographiques, militante féministe, nous alerte sur les dégâts du X sur les mineurs. C’est une ancienne hardeuse qui nous alerte, il vaudrait donc mieux que nous soyons tous attentifs !

    Ovidie nous dit : "Sur les garçons, le porno a un impact sur la construction de la masculinité [qui se doit d’être brutale]. Pour les filles, ça pose des questions de douleur. […] Des pratiques, taboues avant, sont devenues obligatoires." Plusieurs études anglo-saxonnes confirment cela : 70 % de l’éducation sexuelles des jeunes est faite via les vidéos pornos, 50 % des jeunes pensent que celles-ci sont réalistes. Beaucoup d’adolescents sont angoissés par la taille de leur sexe, tandis que de plus en plus d’adolescentes pratiquent la sodomie ou reçoivent des gifles, malgré la douleur parce qu’elles "pensent qu’il faut". Franchement, je me demande : "Mais que fait la police ?"

    Un couple habitant près d’une école qui ferait l’amour sans fermer les rideaux se ferait rapidement arrêter. Pendant ce temps, chaque jour des millions de vidéos pornos sont visionnées par des enfants. On estime que 50 % des garçons de 10 ans ont déjà vu un film porno ! Pourtant, je vous garantis que vous préférez que vos enfants découvrent le sexe en regardant les voisins plutôt que n’importe quel clip en page d’accueil d’un site X.

    L’âge moyen de la découverte du porno est descendu entre 9 et 11 ans. Quel âge aviez-vous quand vous avez vu votre première image X ? Vous aviez certainement dû, préalablement, affronter le regard accusateur du libraire, fouiller dans les affaires de vos parents ou vous réveiller la nuit. Vous aviez eu une démarche proactive, vous étiez prêts ! Aujourd’hui, plus de transgression : les sites sont en libre accès. Faites l’expérience : allez sur le site de certaines marques d’alcool. Pour accéder au contenu, on vous demande votre date de naissance (hypocrite, mais déjà quelque chose). Allez sur tel site porno, par contre, on ne vous demande rien du tout ! Si vous n’êtes pas coutumier du fait, accrochez-vous. On est très loin du genre "dans la bonne humeur" de l’époque Lahaie. Il est clair que pour attirer du clic, les scénaristes et la sensualité ont été peu à peu remplacés par de la brutalité et de l’humiliation.

    L’idée que ma fille de 8 ans sera bientôt confrontée à ces contenus me laisse démunie. D’autant plus que les contrôles parentaux sur les ordinateurs sont inefficaces, 70 % des vidéos pornos sont visionnées par les enfants sur des smartphones. Ma fille a pourtant l’esprit critique. Quand elle regarde un film de super-héroïnes, elle sait que ce n’est pas réel. Elle voit tous les jours des gens marcher dans la rue et elle n’en a jamais vu voler. Mais elle n’a jamais vu personne faire l’amour. Si elle voit un film X, elle ne pourra pas prendre de recul sur les pratiques qu’elle va découvrir. Elle pensera que c’est la norme d’être violentée ou insultée.

    Je ne juge pas les amateurs adultes et consentants de ces pratiques, mais je pense qu’il y a quelques étapes nécessaires avant d’en arriver là. Ces sites violent la loi ! Il est interdit de montrer ce genre de contenu à des mineurs. Alors pourquoi ne fait-on rien ? Pour préserver des milliers d’emplois en Wallonie ? Non, la plupart des films sont tournés en Europe de l’Est pour des salaires de misère. Bien que l’on n’ait jamais autant consommé de X, l’industrie est au plus mal. Les contenus sont piratés et proposés gratuitement aux consommateurs par les quelques sociétés qui possèdent tous les sites hébergeant les vidéos pornos : les tubes. Tous domiciliés dans des paradis fiscaux. Bref, le crime ne profite à personne et surtout pas à notre société qui prépare une génération d’adultes qui va avoir du mal à se positionner dans un rapport femme-homme égalitaire et pacifique.

    Pourtant, si nous en avions la volonté politique, nous pourrions assez facilement géo-bloquer, pour la Belgique, tous les tubes qui ne mettraient pas une barrière à l’entrée de leur site pour protéger les mineurs : un login par e-mail ou un numéro de carte de crédit (à voir politiquement ce qui est approprié pour protéger les enfants, tout en laissant la liberté aux majeurs de regarder ce qu’ils désirent). Alors Mesdames et Messieurs les députés, qu’est ce que l’on attend ?

     
  • Mai 68 a montré l’impossibilité d’instaurer le paradis sur la terre

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    Par Samuel Pruvot avec Clotilde Hamon et Clémence Barral sur le site de Famille Chrétienne :

    Jean-Luc Marion : « Mai 68 a montré l’impossibilité d’instaurer le paradis sur la terre »

    Comment les anciens gauchistes de Mai 68 sont-ils devenus des businessmen ? Pourquoi les agitateurs trotskystes se sont-ils transformés en gardiens du consumérisme ? Pour l’académicien Jean-Luc-Marion, cette évolution n’est pas paradoxale mais complétement logique. Entretien en avant-première du débat avec José Bové sur « les promesses non tenues de Mai 68 » à l’espace Bernanos lundi 19 mars.

    Comment se fait-il que les têtes pensantes de Mai 68 soient devenus cinquante ans plus tard des figures de proue du consumérisme ?

    Je suis d’accord avec José Bové. Cette révolution culturelle était essentiellement une révolution favorable au capitalisme et à la transformation du modèle du citoyen comme travailleur et producteur en un nouveau modèle du citoyen comme consommateur et d’abord de spectacles.

    Mai 68 apparait pourtant à l’époque comme une dangereuse poussée du communisme ? ?

    Mai 68 est une supposée révolution qu’il faut lire à deux niveaux : politique et culturel. Sur le plan politique d’abord, comme l’ont aussitôt interprété l’union de la gauche et le parti gaulliste, c’était une poussée du communisme soviétique plus ou moins volontairement relayée par les mouvements maoïstes et tiers-mondistes, sur fond de guerre du Vietnam. Des courants qui fascinaient, parce que le totalitarisme fascine toujours les petits philosophes qui veulent penser la totalité.

    Cette force supposée révolutionnaire devait être contrée par un sursaut républicain et national. Et c’est ainsi que les choses se sont passées. La révolution politique n’a pas pris. De cette lecture politique il faut tout de même retenir une chose évidente pour les gens qui étaient sur le terrain – c’était mon cas – et qui n’a pas été comprise par les politiques eux-mêmes. Car les politiques ne comprennent pas grand-chose à la politique, et ce n’est pas une surprise !

    De quoi voulez-vous parler ?

    Ils n’ont pas vu que pour la première fois le système soviétique était critiqué par la gauche et l’ultra gauche, mais aussi par une grande partie des syndicats. Et c’est à ce moment-là que s’est mis en place ce qui devait donner, dix ans plus tard, les dissidences dans l’empire soviétique : le ralliement du syndicalisme français aux Solidarnosc. Ce fut le début de la fin de la domination intellectuelle du Parti communiste sur les intellectuels français. Il y a donc eu un aspect très positif de Mai 68 qui a complètement échappé aux protagonistes d’alors.

    Et sur le plan culturel ?

    La France sortait de guerres permanentes. Depuis la Révolution de 1792, le pays était toujours mêlé à un conflit d’une manière ou d’une autre, sans exception. La fin de la guerre d’Algérie a marqué la fin des guerres menées par la France, et donc les Français. La génération de 1968 est la première qui n’a pas été mobilisée. La France découvrit la paix, l’enrichissement et le désir d’abolir toutes les contraintes qui avaient été liées à sa longue militarisation pendant plus d’un siècle et demi. D’où le « il est interdit d’interdire » et autres « jouissons sans entrave », qui comportaient des revendications de liberté sexuelle évidentes, mais pas seulement. Ces slogans traduisaient aussi le refus de l’ascèse nationaliste et politique imposée par l’Etat.

    Refus de l’ascèse religieuse aussi ?

    Il ne faut pas oublier qu’au même moment, il y avait eu le concile Vatican II (achevé en 1965), qui a été reçu comme une « libération » dans l’Eglise (même si cet accueil procède d’un certain contresens, mais ce n’est pas le sujet ici). N’oublions pas non plus le lancement de la pilule contraceptive en 1967.

    Comment ce capitalisme triomphant a-t-il pu être à ce point récupéré par des gens qui se prétendaient maoïstes et communistes ?

    Ceux qui ont mené le mouvement de 68 se sont fait une forme d’éducation métapolitique sur le terrain. Ils ont très tôt appris à maîtriser les rapports de force non institutionnels ou anti-institutionnels et furent rapidement en avance en termes de technique de communication. D’autre part, comme nous l’avons dit, ils avaient perdu leur idéologie totalitaire puisqu’ils ont été les ouvriers de la disparition finale du communisme comme idéal. Ils ont pris le contrôle de la société de consommation quand ils se sont trouvés en position de pouvoir.

    A vos yeux, ce glissement paraît finalement assez logique...

    En effet, il n’y a pas à s’étonner du tout. Je n’ai aucune surprise à retrouver certains de mes camarades engagés de l’école Normale à des postes d’énarques, de politiques et de businessmen… Après tout, ils continuaient à pratiquer le même sport que dans les amphis. A ce moment-là, j’ai moi-même énormément appris en termes de communication sociale et d’éducation idéologico-politique. Je n’ai pas employé cette maîtrise de la même manière, c’est tout.

    Où est passée la mystique de 68 ?

    Je n’ai jamais cru que (comme l’espérait mon ami Clavel) Mai 68 était une révolte de l’esprit ! N’exagérons rien, ce n’était pas du Bernanos ni du Péguy. A travers l’effondrement de l’idéologie marxiste (même s’il en reste encore des lambeaux), je crois au contraire que nous avons assisté à l’écroulement de la grande idée des Lumières, à savoir que la cité de Dieu se ferait sur terre sans Dieu. L’idéal de la cité parfaite s’est effondré. Ce n’est pas sur terre que le royaume de Dieu se constitue. Le progrès spirituel de l’humanité ne vise pas l’amélioration de la cité terrestre, il est suspendu à d’autres ancres dans le Ciel, à savoir « l’eschatologie » dans le sens ancien du terme. Notre société actuellement est une société qui est hantée par la fin du monde.

    Samuel Pruvot avec Clotilde Hamon et Clémence Barral