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Chaque année, le curé qui accorde de l’importance au sanctoral est mis en demeure de choisir entre sainte Lucie et sainte Odile et, quelle que soit celle qu’il choisit de présenter, il s’attire la déception d’une partie de ses paroissiens qui ont de bonnes raisons, familiales ou régionales, de célébrer l’autre.
Il ne manquerait plus que les bretons veuillent fêter leur saint roi Josse qui se fit ermite, ou que les artésiens entendent célébrer leur saint évêque Aubert qui sauva leurs pères de la famine, que les nivernais veuillent rappeler la dédicace de leur cathédrale, que les auvergnats veuillent honorer la sainte recluse Vitalène dont saint Grégoire de Tours raconta la vie, ou que les cadurciens veuillent entendre la messe de leur saint évêque Ursize, voire que les gens d’Ile-de-France se souviennent la sainte moniale de Chelles, Elisabeth-Rose, qui fonda l’abbaye de Rozoy ; heureusement que la fête de sainte Jeanne-Françoise Frémyot de Chantal a été avancée d’un jour et que sont encore bienheureux les autres français montés sur les autels comme Ponce de Balmey, évêque de Belley, et le dominicain Jean Chauveneau que les protestants martyrisèrent.
Pourquoi ne pas célébrer ensemble sainte Lucie et sainte Odile ? En effet, pendant que l’Eglise chemine à travers l’Avent vers le fulgurent avènement du Soleil de Justice, toutes les deux sont, de singulière façon, les témoins de la lumière du Christ qui éclaire les nations, auquel elles ont parfaitement offert leur vie, l’une dans l’éclatant martyre sanglant et l’autre par l’obscure observance monastique. La brune vierge de Syracuse, Lucie, dont le nom est dérivé du latin lux (la lumière), qui préféra s’arracher les yeux pour goûter la lumière céleste plutôt que de jouir de la lumière terrestre annonce la blonde jeune fille d’Alsace, Odile, qui recouvra la vue lorsque, rejetée par ses parents des honneurs du monde, elle reçut, dans le baptême, la lumière de la foi. Si, pour la fête de la sicilienne, on allume des cierges qui annoncent l’approche du solstice et de la naissance du Christ, dans les attributs de l’alsacienne, on place un coq qui annonce le lever du jour et le triomphe de la lumière du Christ sur les ténèbres de la mort. Quand le propre de Syracuse, par l’intercession de sainte Lucie, nous fait demander à Dieu, d’être délivrés de tout aveuglement de l’esprit et du corps pour mériter plus facilement de contempler les biens célestes, le missel de Frissingue, par l’intercession de sainte Odile, supplie la clémence divine, de nous accorder la grâce de la lumière terrestre et la gloire de l’éternelle clarté. Jadis, au temps ténébreux de l’occupation allemande, l’Alsace espérait la lumière libératrice de la prière de sainte Odile qu’elle priait sur sur sa montagne, tandis que la Lorraine se confiait à sainte Lucie dont elle gardait les reliques à Ottange.
Prions donc ensemble sainte Lucie et saint Odile qui ne seront pas trop de deux, pour nous aider à bien recevoir le Divin Enfant de Noël. Puisse leur commune intercession nous obtenir davantage de grâces pour les pieux exercices de l’Avent : que leurs prières nous aident mieux voir les vérités que le Seigneur nous a révélées, à mieux observer les commandements qu’il nous a donnés et à mieux goûter les secours qu’il nous a préparés.
Les missels d'après 1969 introduisent un changement dans le rang du deuxième dimanche de l'Avent, le classant parmi les jours où aucune autre messe n'est autorisée ; en revanche, les livres antérieurs classent ce dimanche comme majeur secondaire, qui ne cède sa place qu'à des fêtes de première classe. Il s'ensuit que quand le 8 décembre tombe le dimanche, l'Immaculée conception est obligatoirement célébrée le lundi 9 décembre selon les règles d'après 1969, à l'encontre des règles antérieures (depuis Léon XIII).
"Ant. ad Introitum. Is. 61, 10. Introït Gaudens gaudébo in Dómino, et exsultábit ánima mea in Deo meo : quia índuit me vestiméntis salútis : et induménto iustítiæ circúmdedit me, quasi sponsam ornátam monílibus suis.
Je me réjouirai avec effusion dans le Seigneur, et mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu : car il m’a revêtu des vêtements du salut : et il m’a entouré des ornements de la justice, comme une épouse parée de ses bijoux. Ps. 29, 2
Exaltábo te, Dómine, quóniam suscepísti me : nec delectásti inimícos meos super me.
Je vous exalterai, Seigneur, parce que vous m’avez relevé, et que vous n’avez pas réjoui mes ennemis à mon sujet."
PÓPULUS Sion, ecce Dóminus véniet ad salvándas gentes: et audítam fáciet Dóminus glóriam vocis suæ in lætítia cordis vestri. Ps. 79, 2 Qui regis Israël, inténde: qui dedúcis, velut ovem, Ioseph.
Peuple de Sion, voici le Seigneur qui vient pour sauver les nations ; et le Seigneur fera entendre Sa voix pleine de majesté, et votre cœur sera dans la joie. Ps. Écoute-nous, ô Toi qui gouvernes Israël, qui conduis Joseph comme une brebis!
A l’école de Marie, accueillir et célébrer le mystère de l’Avent. Église du Saint-Sacrement à Liège, samedi 14 décembre 2024
Pour la messe du samedi 14 décembre prochain, à 8 heures du matin, l’église du Saint-Sacrement, encore plongée dans l’obscurité de la nuit, sera éclairée à la seule lueur des cierges. Dans l’intimité de cette veillée, résonne le chant grégorien de la messe de la Vierge au temps de l’Avent (« Rorate »). Peu à peu le jour pointe ; après la communion, la lumière naturelle a pénétré dans toute l’église. La poésie liturgique se met au service du mystère et évoque ainsi l’illumination chrétienne : « Dieu nous a arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés » (Col. 1, 13-14).
Un déjeuner (café et brioche) est ensuite servi aux fidèles dans la salle adjacente à l’église.
La possibilité est également offerte de découvrir, dans la chapelle de la Sainte-Famille, la crèche de 250 santons, initiée il y a 7 ans et visible jusqu’à la Chandeleur (2 février). Au long du chemin des figurines, elle présente ce que la liturgie célèbre au cours de l’Avent, des solennités de Noël et de l’Épiphanie, puis des semaines qui précèdent le Carême.
En ce milieu de décembre, l’enfant Jésus n’est pas encore placé dans l’étable de Bethléem, mais sont visibles les cinq scènes évangéliques rapportées par Matthieu et Luc : - l’annonce à Zacharie ; - l’annonce à Marie ; - l’annonce à Joseph ; - la visite de Marie à Élisabeth ; - la nativité de Jean-Baptiste.
En suivant l’intuition géniale du père Dominique Bertrand, ancien secrétaire des Sources chrétiennes à Lyon, on peut découvrir comment, Siège de la Sagesse (« Sedes Sapientiæ »), la Vierge Marie se laisse instruire par le Verbe qui est la Sagesse divine (cf. Sg 6-10 ; Si. 24 ; Pr. 8).
Le « Fiat » (« Qu’il me soit fait ta parole ») de Marie, accueilli dans la maisonnée de Zacharie, accompagne la transformation intérieure de ce dernier, qui passe du doute (« A quoi reconnaîtrai-je cela ? Car moi, je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge ») à l’acceptation du dessein de Dieu sur sa famille. Aviez-vous jamais remarqué que la conversion de Zacharie est l’un des fruits du « oui », de la « docibilité » de Marie (cf. Lc. 8, 19-21 ; 11, 27-28 ; Mt. 12, 46-50) ?
De 11h15 à 12h30, une visite guidée de notre crèche est organisée pour les enfants.
Extraits de l’homélie de Dom Jean Pateau, Père abbé de l’abbaye de Fontgombault (photo) pour l’ouverture du temps de l’Avent (archive 1er décembre 2013) :
L'heure est venue de nous réveiller, notre salut est proche (cf. Rm 13, 11). Mettons-nous dès maintenant en chemin vers la crèche, ne différons pas. Le temps de l'Avent est un temps de préparation. Il s'achèvera quand au soir de Noël nous pousserons avec les bergers la porte de l'étable de Bethléem.
Deux éléments remarquables de la Messe de ce jour peuvent nous aider à discerner les dispositions que nous devons acquérir afin d'entrer dans la sainte étable : les ornements violets, signes d'un temps de pénitence, et le rite de bénédiction de l'eau et d'aspersion des lieux.
L'Église use des ornements violets principalement durant les temps de pénitence que sont l'Avent et le Carême. Mais pourquoi faut-il faire pénitence sur le chemin de la crèche ? L'homme n'aurait-il pas le droit d'entrer triomphant dans l'étable et de s'unir tout simplement aux chœurs angéliques pour chanter l'Enfant-Dieu ? Quelques raisons lui refuseraient-elles de franchir le seuil du petit paradis où Marie et Joseph veillent l'Enfant Jésus ? (…)
En entrouvrant la porte, l'homme ne peut qu'être inquiet. La crèche est un lieu d'intimité avec le Dieu qui se fait l'un des nôtres, Emmanuel, ''Dieu avec nous''. Ce désir de rencontrer Dieu, l'homme depuis toujours le possède en son cœur. Saint Augustin en résume la raison en quelques mots : « Vous nous avez faits pour vous, Seigneur, et notre cœur est sans repos jusqu'à ce qu'il se repose en vous. » (Confessions, I, 1)
L'hymne du « Rorate Cæli desuper » est par excellence le chant grégorien du Temps de l'Avent. Son refrain est tiré du Livre d'Isaïe (45, 8) : « Cieux, épanchez-vous là-haut, et que les nuages déversent la justice, que la terre s’ouvre et produise le salut ». Cette rosée qui tombe du ciel pour féconder la terre et faire descendre le Juste, c'est-à-dire Dieu Lui-même, c'est le Saint-Esprit, et la terre qui s'ouvre sous cette influence céleste et fait germer le Sauveur, c'est bien évidemment le sein très pur de la Vierge Marie.
Roráte caeli désuper, et nubes pluant iustum.
Cieux, répandez d'en haut votre rosée et que les nuées fassent descendre le Juste.
Ne irascáris, Dómine, ne ultra memíneris iniquitátis:
Ne te mets pas en colère, Seigneur, ne garde plus souvenir de l’injustice.
ecce cívitas Sancti tui facta est desérta:
Voici, la cité sainte est devenue déserte,
Sion desérta facta est : Ierúsalem desoláta est:
Sion a été désertée, Jérusalem est en désolation,
domus sanctificatiónis tuae et glóriae tuae, ubi laudáverunt te patres nostri
la maison de ta sanctification et de ta gloire, où nos pères avaient dit tes louanges.
Peccávimus, et facti sumus tamquam immúndus omnes nos,
Nous avons péché et sommes devenus impurs.
et cecídimus quasi fólium univérsi
Nous sommes tombés comme des feuilles mortes
et iniquitátes nostrae quasi ventus abstúlerunt nos :
et nos iniquités nous ont balayés comme le vent.
abscondísti fáciem tuam a nobis, et allilísti nos in manu iniquitátis nostrae.
Tu as détourné de nous ta face, et nous as brisés sous le poids de nos fautes.
Vide Dómine, afflictiónem pópuli tui
Vois, Seigneur, l’affliction de ton peuple,
et mitte quem missúrus es :
et envoie celui que tu dois envoyer :
emítte agnum dominatórem terrae, de petra desérti, ad montem fíliae Sion :
envoie l’Agneau, le maître de la terre, de Pétra dans le désert jusqu’à la montagne de ta fille Sion,
Les moines de l’abbaye Saint-Martin de Ligugé chantaient les cinq pièces du Propre de cette messe. Le CD intitulé “Rorate Caeli”avait réédité en 2004 ce bel enregistrement de 1956 (Studio SM). L’émission que vous pouvez écouter en cliquant ci-dessus va vous conduire à Vienne en Autriche. De plus amples informations vous seront fournies dans les textes suivants…
PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT
Violet – 1re classe
Ce dimanche, le premier de l’année ecclésiastique, est appelé, dans les chroniques et les chartes du Moyen Âge, le dimanche Ad te levavi, à cause des premiers mots de l’Introït, ou encore le dimanche Aspiciens a longe, à cause des premières paroles d’un des répons à l’office de matines que vous pourrez écouter grâce au fichier-son de notre émission (Cf. ci-dessous).
La station est à Sainte-Marie-Majeure ; c’est sous les auspices de Marie, dans l’auguste basilique qui garde la Crèche de Bethléhem, et qui pour cela est appelée dans les anciens monuments Sainte-Marie ad Prœsepe, que l’Église Romaine recommence chaque année le Cycle sacré. Il était impossible de choisir un lieu plus convenable pour saluer l’approche du divin Enfantement qui doit enfin réjouir le ciel et la terre, et montrer le sublime prodige de la fécondité d’une Vierge. Transportons-nous par la pensée dans ce temple auguste, et unissons-nous aux prières qui s’y font entendre ; ce sont les mêmes que celles qui vont être exposées ici.
Le temps de l’Avent représente dans l’année liturgique la longue période de l’histoire de l’humanité qui a précédé la venue du Sauveur sur cette terre, période d’attente mais aussi de confiance et d’espoir. De même chaque année nous attendons la venue du Sauveur à Noël avec les grâces qui sont propres à cette fête. Enfin, un troisième avènement se trouve dans la perspective de ce temps de l’Avent, c’est le retour du Seigneur à la fin des temps, non plus comme sauveur mais comme juge, pour la récompense définitive de ceux qui auront été fidèles.
Christophe Geffroy revient ici sur deux points très sensibles dans un certain monde « tradi » : la réception du concile Vatican II et la réforme liturgique qui en est issue. Dans les débats qui ont cours et les légitimes discours critiques, tout l’enjeu est d’envisager le magistère sans rupture fondamentale. Quels garde-fous et quel état d’esprit devons-nous faire nôtres dans ces débats ?
(...)
Deux points fondamentaux
La question « traditionaliste » tourne autour de deux points fondamentaux : celle du concile Vatican II et du magistère qui a suivi ; et celle de la réforme liturgique menée par Paul VI. Le concile marque-t-il une rupture dans l’enseignement traditionnel de l’Église, notamment sur la liberté religieuse ou l’œcuménisme ? Et la messe dite de Paul VI est-elle « déficiente » au point d’être un danger pour la foi ? Au point donc de ne pouvoir être célébrée par les prêtres et fréquentée sans dommages par les fidèles ? On sait que pour la Fraternité Saint-Pie X (FSPX), la réponse à ces deux questions est claire et nette : il y a une rupture doctrinale qui se produit avec le concile, lequel est ainsi rejeté ; et la messe réformée, qualifiée par Mgr Lefebvre de « messe de Luther », est jugée quasiment hérétique, « incélébrable », si bien que les fidèles sont appelés à rester chez eux le dimanche s’ils n’ont à disposition que cette liturgie réformée.
Historiquement, Mgr Lefebvre ne s’est pas contenté de maintenir l’ancienne messe, il est parti en guerre contre le concile Vatican II et la réforme liturgique, c’est cela qui a braqué le pape Paul VI contre lui. Mgr Lefebvre a souvent soufflé le chaud et le froid, le « froid » atteignant parfois une violence inouïe. À maintes reprises, Paul VI a demandé à Mgr Lefebvre de rétracter sa sulfureuse déclaration du 21 novembre 1974 où il disait notamment : « Nous refusons… et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. » Et à propos de la réforme liturgique : « Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l’hérésie et aboutit à l’hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d’adopter cette Réforme et de s’y soumettre de quelque manière que ce soit. » Mgr Lefebvre a toujours refusé de retirer ses propos et ses successeurs, encore aujourd’hui, se réclament de cette déclaration.
Le débat dans l’Église
En Église, cette position ne relève pas d’un débat : le refus global d’un concile œcuménique, du magistère ordinaire universel depuis plus d’un demi-siècle et d’une réforme liturgique qui serait un poison donné aux fidèles est ecclésialement injustifiable et intenable, une telle attitude ne peut que jeter un doute sur l’indéfectibilité de l’Église (cf. Mt 16, 18). Cela ne signifie pas, toutefois, qu’il est interdit d’exprimer sa perplexité ou des critiques, l’Église n’est pas une caserne et n’impose pas une obéissance aveugle. Concrètement, l’obéissance à l’Église n’exclut pas un discernement éclairé sur la cohérence du magistère avec ses enseignements constants antérieurs. Mais le questionnement adressé à l’autorité n’est pas de même nature que celui qui régit les débats dans la sphère profane ou politique (1). Son esprit est censé être animé de bienveillance à l’égard du magistère, d’obéissance a priori acquise à l’autorité légitime, et finalement de confiance surnaturelle en l’Église qui est notre Mère, par-delà les incompréhensions parfois suscitées par certain personnel ecclésiastique du moment.
Revenons au concile et à la messe. Les communautés traditionalistes en pleine communion avec Rome forment un monde qui est loin d’être uniforme ; néanmoins leur conception sur ces sujets n’est pas celle, extrême, de la FSPX. Elles reçoivent Vatican II avec plus ou moins d’enthousiasme et acceptent, soit de célébrer la messe actuelle, soit d’y communier lors de la messe chrismale. Sur la liberté religieuse, par exemple, le Barroux et la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier ont mené des études poussées montrant la continuité du magistère. Seule, me semble-t-il, une minorité dans ce monde « tradi » tient encore une ligne proche de la FSPX en refusant le concile et la messe.
Assurément, l’une des difficultés aujourd’hui est l’absence de culture du débat sur les questions doctrinales ouvertes : prétendre imposer de force l’acceptation du concile et de la messe réformée sans entendre les objections n’est pas la bonne méthode. Mais force est de constater que des réponses argumentées ont été apportées aux critiques des traditionalistes, aussi bien par des théologiens privés, comme on l’a vu à propos de la liberté religieuse, que par le magistère (sur le subsistit in de Lumen gentium, par exemple, ou l’œcuménisme et le dialogue interreligieux avec Dominus Jesus, sans parler du Catéchisme de l’Église catholique). Et des colloques théologiques ont été organisés par Rome entre des théologiens mandatés par l’Église et ceux de la FSPX. Le débat doctrinal existe donc bel et bien, mais il n’a rien résolu à ce jour, car l’enjeu est davantage une nécessaire conversion des cœurs, de part et d’autre, que l’acceptation d’une démonstration théologique.
Continuité ou rupture ?
La question n’est pas de faire ou non des « concessions doctrinales » à propos des réformes de Vatican II. La question est de savoir si l’Église est crédible et propose ainsi un magistère cohérent et sans rupture dans la durée sur ce qui relève de la foi et des mœurs, les autres aspects pouvant dépendre d’une contingence historique qui admet des discontinuités. La question posée par Benoît XVI de « l’herméneutique de la réforme dans la continuité » n’est pas anecdotique, elle est au cœur de toute la problématique actuelle. Car si l’on juge qu’il y a une rupture – pour le déplorer comme certains traditionalistes (qui estiment le magistère infidèle à la Tradition), ou pour s’en réjouir comme certains progressistes (qui abhorrent le passé forcément obscurantiste) –, il faut alors admettre que l’Église s’est trompée sur des points essentiels, soit hier, soit aujourd’hui. La seule ligne ecclésiale conforme à l’essence de l’Église est de ne voir aucune rupture magistérielle, tout en reconnaissant de réelles nouveautés s’inscrivant dans un développement doctrinal homogène, ainsi que saint John Henry Newman l’a explicité, les ruptures ne concernant alors que des points contingents de la doctrine. Cela laisse la porte ouverte à un questionnement sur tel ou tel aspect du concile, non à son rejet.
Il en va de même pour la réforme liturgique, comme Benoît XVI l’avait affirmé dans sa magnifique lettre accompagnant le motu proprioSummorum Pontificum. Pour suivre ce pape, la défense – légitime – de la messe de saint Pie V doit être décorrélée du refus – illégitime – de la messe de Paul VI (et bien sûr du concile). Autrement dit, la défense de l’ancien Ordo ne doit pas signifier le rejet du nouvel Ordo et donc le refus de principe de le célébrer. Ces deux messes nous sont données par l’Église : il est compréhensible d’en préférer une, non d’écarter l’autre comme étant mauvaise. La nécessaire réconciliation liturgique est à ce prix.
Christophe Geffroy
(1) Cf. Congrégation pour la Doctrine de la foi, Donum Veritatis« Sur la vocation ecclésiale du théologien », le 25 mai 1990.
Voici les directives du Vicariat général du Brabant Wallon (archevêché de Malines-Bruxelles) pour introduire des modifications liturgiques en lien avec la présence d'une déléguée épiscopale :
Dicit Dominus: ego cogito cogitationes pacis, et non afflictionis: invocabitis me, et ego exaudiam vos : et reducam captivitatem vestram de cunctis locis.
Le Seigneur dit : Mes pensées sont des pensées de paix et non d’affliction: vous m’invoquerez, et moi, je vous exaucerai: et je vous ramènerai de captivité, de tout lieu.