La liturgie et l’Église se tiennent mutuellement ou chutent ensemble
(source : Diakonos.be, archive du 4 mars 2020))
Tiré du blog de l’association liturgique américaine Adoremus traduit par l’Association Pro Liturgia.
Il est difficile de rester indifférent à la crise ecclésiale que nous connaissons actuellement. La peine, la confusion, les questions sont en chacun d’entre nous, même si elles se présentent de façons variées suivant les personnes. Comme le faisait remarquer le cardinal Ratzinger, l’Eglise est « une entreprise toujours en cours de réforme », c’est-à-dire toujours à purifier. Mais la crise actuelle s’avère complexe et la réforme doit être menée en conséquence. Dans ce contexte difficile, il est nécessaire de parler – une fois encore – de la liturgie.
Beaucoup de fidèles pensent peut être que le sujet ne mérite pas qu’on s’y attarde : ce n’est pas quand la maison est en feu qu’on doit s’interroger sur la façon de disposer et nettoyer le mobilier ; il faut d’abord… sauver les meubles ! Devrions-nous passer notre temps et gaspiller notre énergie à parler de liturgie alors qu’il y a tant d’autres problèmes importants à résoudre, tant de décisions à prendre, de changements à mettre en œuvre ? La « belle et bonne liturgie » n’est-elle pas un luxe, quelque chose dont on pourrait s’occuper une fois le vrai travail accompli ? Qui, aujourd’hui, peut penser que le soin de la liturgie est une priorité alors qu’il y a tant d’autres choses pressantes à faire dans une chancellerie épiscopale, dans une paroisse ou dans un séminaire?
Joseph Ratzinger a un point de vue radicalement différent. Il y a quelques années, dans la préface qu’il avait faite pour l’édition en russe de ses écrits sur la liturgie, il notait : « La cause la plus profonde de la crise qui a bouleversé l’Eglise réside dans l’obscurcissement de la priorité de Dieu dans la liturgie. » Et il expliquait : « L’existence de l’Eglise dépend de la célébration correcte de la liturgie ; l’Eglise est en danger lorsque la primauté de Dieu n’apparaît plus dans la liturgie ni, par conséquent, dans la vie. » Il est important de remarquer un adjectif utilisé dans cette phrase : Joseph Ratzinger n’écrit pas simplement que l’Eglise vit de la célébration de la liturgie ; il précise qu’elle vit de la célébration « correcte » de la liturgie. Pour le dire de façon plus simple, il ne s’agit pas d’avoir des prêtres qui sachent « dire la messe » ; il faut surtout les prêtres qui sachent la célébrer « correctement ». Et Joseph Ratzinger insistait : « L’Eglise se tient avec la liturgie ou tombe avec la liturgie. Par conséquent, la célébration “correcte” de la liturgie sacrée est au centre de tout renouveau de l’Eglise. » Tout renouveau, ce renouveau que nous désirons, a son centre dans la célébration « correcte » de la liturgie. Essayons de comprendre pourquoi.