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Histoire - Page 12

  • Henri Pirenne, Belge, Européen, universel

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    De Paul Vaute sur son blog "Le passé belge" :

    24 novembre 2024

    Henri Pirenne, Belge, Européen, universel

    L’auteur de la monumentale « Histoire de Belgique » en sept volumes est aussi reconnu internationalement comme un pionnier de l’histoire « totale » prônée par l’école des Annales. Hostile aux nationalismes, il leur opposa le rempart de la méthode comparative et plaida pour la création d’une revue d’histoire universelle (1886-1937)

       Considéré chez nous comme une figure de proue de l’histoire nationale, dénigré à ce titre par les tenants des nationalismes concurrents – flamand, wallon… –, Henri Pirenne (1862-1935) fut aussi un des grands rénovateurs de la science du passé au début du XXe siècle. Dans et hors de nos frontières, il demeure une référence et nul ne conteste son inscription parmi les pères de ce qui s’est appelé, selon les époques, l’école des Annales ou la « nouvelle histoire » , entendez celle qui explore et intègre pleinement les données économiques, sociales, culturelles…

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  • Deux martys de la guerre civile espagnole ont été béatifiés à Barcelone

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    De Vatican News (Alessandro De Carolis) :

    À Barcelone, la béatification de deux martys de la guerre civile espagnole

    Dans la basilique de la Sagrada Familia, le cardinal Semeraro, préfet du dicastère des Causes des saints a élevé aux autels Gaietà Clausellas et Antoni Tort, un prêtre et un laïc tués en 1936.

    Deux histoires entre le drame et le ciel, comme toutes celles qui racontent le martyre des croyants. Et des dos qui restent droits même avec un fusil pointé sur le visage, qui ne plient pas même s'ils savent que la fidélité à l'Évangile est sur le point d'être fatale, dans le mépris et la violence. Telles sont les histoires d'un prêtre, Gaietà Clausellas, et d'un laïc, Antoni Tort, que le cardinal Marcello Semeraro a proclamés bienheureux ce samedi matin 23 novembre, au cours d'une cérémonie présidée dans la basilique de la Sagrada Familia à Barcelone.

    La douceur contre la férocité

    «Dans son décret, le Pape a décrit leur histoire personnelle avec l'image évangélique du bon samaritain», a déclaré dans son homélie le préfet du dicastère des Causes des saints, qui a présidé la messe. Le père Gaietà, qui avait choisi l'humilité comme habit, partageait son temps entre la prière, les personnes âgées et les pauvres, auxquels il donnait à manger en allant chercher ceux qui étaient plus mal lotis. Lorsque les miliciens viennent le chercher le 14 août 1936, il les reçoit poliment, salue sa belle-sœur et les suit en récitant le Te Deum. Ils lui tirent dans le dos après avoir arrêté sa voiture au milieu de la route.

    Antonio Tort est un excellent orfèvre et un fervent catholique, époux et père de 13 enfants, qui apporte l'Eucharistie à ceux qui ne peuvent la recevoir et qui, le dimanche matin, va raser les tuberculeux à l'hôpital San Lázaro avant, l'après-midi, de donner des cours de catéchisme à la paroisse. Sa «culpabilité», au plus fort de la guerre civile et de la haine anti-chrétienne, est de donner l'hospitalité à son évêque et à quatre religieuses. Lorsque, le 3 décembre 1936, un milicien fait irruption dans sa maison, il arrache les hosties consacrées des mains du milicien alors qu'il s'apprêtait à les profaner et les distribue aux personnes présentes. Il suit ensuite ses bourreaux jusqu'au cimetière de Montcada, où il est assassiné à l'âge de 41 ans et jeté dans une fosse commune.

    La vie, un don et non une possession

    À leur «témoignage de charité, tous deux sont restés fidèles, même lorsque cela mettait leur vie en danger», a souligné le cardinal Semeraro, ajoutant que ces «témoignages de martyre, si intenses et même émouvants» doivent être compris à la lumière de l'exemple du Christ, c'est-à-dire d'une manière de considérer sa propre vie non pas comme «un bien à détenir avec avarice, comme un bien unique à défendre à tout prix, mais, au contraire, en l'ouvrant à la rencontre, à la miséricorde, à l'attention aux autres, et cela non seulement par solidarité et philanthropie, qui sont aussi des gestes importants et dignes d'estime», mais précisément «en imitant Jésus». 

    À l'imitation de Jésus

    Le témoignage qui nous vient des bienheureux, a rappelé le cardinal, est essentiellement celui de «suivre le Christ». Comme Moïse à qui Dieu a dit «qu'il ne pouvait le voir que de dos» - et donc d'une certaine manière seulement en le suivant, comme l'a commenté saint Grégoire de Nysse - «en fin de compte», a conclu le cardinal Semeraro, «c'est ce qu'ont fait nos deux bienheureux: ils ont laissé à Dieu le choix de leur chemin». Certes, un choix de vie chrétienne avait déjà été fait par l'un et l'autre en réponse à une vocation: l'un en choisissant le ministère sacerdotal et l'autre la mission d'époux et de père. «Et pourtant, ils ont accepté d'être condamnés comme lui pour le don aux autres de leur vie. C'est ce qui fait le martyr: l'imitation du Christ, même lorsque le suivre conduit à choisir d'accepter la mort».

  • 1789 : l'histoire falsifiée

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    De L'Incorrect (newsletter) :

    L’Histoire falsifiée – 1789 : Mythos et sans culottes

    Dans 'Il nous fallait des mythes', l’historien Emmanuel de Waresquiel, spécialiste de la Restauration, montre avec maestria comment certains épisodes révolutionnaires ont été mythifiés par ses laudateurs, bien loin de toute vérité historique, pour construire une nouvelle sacralité laïque.

    Pourquoi fallait-il des mythes à la Révolution ?

    D’une certaine façon, les conditions dans lesquelles les députés du tiers convoqués par Louis XVI aux États généraux se sont emparés de la souveraineté le 17 juin 1789 s’apparente à une sorte de coup d’État. Le roi et les députés des deux autres ordres du royaume, le clergé et la noblesse, sont mis devant le fait accompli. On ne leur demande pas leur avis. Si l’on ménage encore le roi, le climat général est à la guerre civile sur fond de revendication égalitaire contre les ordres privilégiés, accusés de vouloir entraver le processus révolutionnaire. Le complot est au cœur de la dynamique révolutionnaire jusqu’à la Terreur, et l’on soupçonne déjà en juin 1789 les aristocrates de vouloir comploter contre les patriotes.

    La nouvelle souveraineté de la nation proclamée le 17 juin quand les députés du tiers se constituent en Assemblée nationale, réaffirmée et étendue le 20 juin par le serment du Jeu de paume, est née de façon brutale et unilatérale. On sort en quelques jours de mille ans de souveraineté monarchique. Les révolutionnaires ont très vite éprouvé le besoin de trouver des mythes fondateurs à leur nouvelle légitimité sociale et politique. On invente donc une nouvelle version laïque du serment désormais prêté « à la romaine » debout et bras levé, de nouvelles icônes, de nouveaux martyrs, de nouveaux monuments, de nouvelles fêtes désormais consacrées à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, à la famille, à la nature, etc.

    Dans un passionnant parallèle entre foi religieuse et foi révolutionnaire, vous écrivez : « La Révolution n’aurait pas été ce qu’elle est sans le poids du catholicisme. La langue missionnaire et biblique sert de modèle inversé aux discours les plus radicaux. » Qu’entendez-vous par là ?

    La Révolution est une guerre de religion entre l’ancienne sacralité monarchique de droit divin et la nouvelle sacralité laïque du peuple, tout en étant l’héritière du catholicisme d’Ancien Régime. N’oublions pas que les curés jouent un rôle essentiel à la construction de la souveraineté nationale en juin 1789 en se ralliant aux députés du tiers état. Il faut revenir en arrière, aux Lumières, au déisme des loges maçonniques, à la persistance aussi des idées jansénistes à travers tout le XVIIIe siècle pour comprendre ce rêve porté par une partie du clergé d’un retour à une Église primitive, débarrassée de ses ors et aussi égalitaire que possible. N’oublions pas qu’un conventionnel sur dix était d’origine cléricale. On porte encore le saint sacrement en procession dans les rues de Paris en mai 1793 le jour de la Fête-Dieu.

    Elle a même mis les mots de la religion à son service : « missionnaires de la liberté, « catéchisme révolutionnaire », « apostolat ». Les sociétés populaires sont autant de « noviciat(s) » de la République et la guillotine se métamorphose avec l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 place de la Révolution en une sorte d’autel métaphorique de la souveraineté du peuple. On y fait couler le sang du roi en expiation de ses « crimes ». On y sacrifie au nom du peuple son corps physique autant que son corps spirituel. Il n’y aurait pas de République sans ce sacrifice fondateur. Souvenez-vous du grand discours prononcé par Robespierre à la Convention le 3 décembre 1792 : « Louis ne peut être jugé, il est déjà condamné ; il est condamné ou la République n’est point absoute. » Ce faisant, la guillotine en est comme sanctifiée. Ces expressions-là pullulent dans les correspondances et les comptes rendus révolutionnaires : « Sainte guillotine, priez pour nous », « Notre sainte mère la guillotine », etc.

    Ces ambiguïtés révolutionnaires sur la laïcité éxpliquent en partie les controverses actuelles sur le sens que nous voudrions lui donner : une laïcité envisagée comme une simple règle du jeu censée protéger les libertés de conscience et de culte, ou une laïcité de combat, « une théocratie à froid, aurait dit Victor Hugo, sans prêtres et sans Dieu ».

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  • Les saints martyrs du Viêt-Nam (24 novembre)

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    D'Evangile au Quotidien :

    Saints Martyrs du Viêt-Nam

    André Dung Lac, prêtre et ses compagnons martyrs entre 1745 et 1862

    Martyrologe Romain : Mémoire des saints André Dung Lac, prêtre, et ses compagnons, martyrs. Une célébration commune honore cent-dix-sept martyrs mis à mort entre 1745 et 1862 dans diverses régions du Viêt-Nam : le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine. Parmi eux, huit évêques, un grand nombre de prêtres et une foule considérable de laïcs chrétiens des deux sexes, de toute condition, de tout âge, qui ont tous préféré souffrir l’exil, la prison, les tortures et enfin les derniers supplices plutôt que de fouler aux pieds la croix et faillir à la foi chrétienne.

    L'église au Vietnam fécondée par le sang des Martyrs

    L'œuvre de l'évangélisation, entreprise dès le début, du XVIème siècle, puis établie dans les deux premiers Vicariats Apostoliques du Nord (Dâng-Ngoâi) et du Sud (Dâng-Trong) en 1659, a connu au cours des siècles un admirable développement. À l'heure actuelle, les Diocèses sont au nombre de vingt-cinq (dix au Nord, six au Centre et neuf au Sud). Les catholiques sont environ six millions (presque 10% de la population).

    Ce résultat est dû aussi au fait que, dès les premières années de l'évangélisation, la semence de la Foi a été mêlée sur la terre vietnamienne au sang abondamment versé des martyrs, tant du clergé missionnaire que du clergé local et du peuple chrétien du Viêt-Nam. Tous ont supporté ensemble les fatigues de l'œuvre apostolique et ont d'un même cœur affronté aussi la mort pour rendre témoignage à la vérité évangélique. L'histoire religieuse de l'Église du Viêt-Nam enregistre qu'il y a eu en tout cinquante-trois décrets, signés par les Seigneurs Trinh et Nguyen et par les Empereurs qui, du XVIIème au XIXème siècles, ont promulgué contre les chrétiens des persécutions plus violentes les unes que les autres. On compte environ 130.000 victimes tombées un peu partout sur le territoire du Viêt-Nam.

    Au cours des siècles, ces martyrs de la Foi ont été ensevelis d'une manière anonyme, mais leur mémoire est restée vivante dans l'esprit de la communauté catholique. Dès le début du XX siècle, dans cette foule de héros, 117 personnes - dont les épreuves sont apparues les plus cruelles - ont été choisies et élevées aux honneurs des autels.

    Ils furent tous canonisés en même temps par Saint Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005)le 19 juin 1988, lors d'un de ses voyages en Asie, et déclarés Patrons du Viêt-Nam le 14 décembre 1990.

    Ces Saints peuvent être classés comme suit :

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  • Fraternité Sacerdotale Saint Pie X : le Message du Supérieur général et de ses Assistants à l’occasion du cinquantième anniversaire de la déclaration du 21 novembre 1974

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    Message du Supérieur général et de ses Assistants à l’occasion du cinquantième anniversaire de la déclaration du 21 novembre 1974.

    Il y a cinquante ans, Mgr Marcel Lefebvre publiait une déclaration mémorable qui allait devenir la charte de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Véritable profession de foi aux résonances éternelles, cette déclaration exprime l’essence de la Fraternité, sa raison d’être, son identité doctrinale et morale, et par conséquent sa ligne de conduite. Aussi la Fraternité ne pourrait-elle s’écarter d’un iota de son contenu et de son esprit qui, cinquante ans plus tard, demeurent parfaitement appropriés à l’heure présente.

    Cette déclaration renferme deux idées absolument centrales, qui se complètent et se soutiennent mutuellement : la première affirme la nature essentiellement doctrinale du combat propre à la Fraternité ; la seconde exprime dans quel but il est mené.

    Il s’agit d’un combat doctrinal, face à un ennemi bien identifié : la Réforme du Concile, présentée comme un tout empoisonné, conçue dans l’erreur et menant à l’erreur. C’est son esprit de fond qui est remis en question, et par conséquent tout ce que cet esprit a pu produire : « Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l’hérésie et aboutit à l’hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d’adopter cette Réforme et de s’y soumettre de quelque manière que ce soit. La seule attitude de fidélité à l’Eglise et à la doctrine catholique, pour notre salut, est le refus catégorique d’acceptation de la Réforme. »

    L’histoire de ces cinquante dernières années n’a fait que confirmer la pertinence de cette analyse. La Réforme étant corrompue en elle-même et dans ses principes, il apparaît impossible de restaurer quoi que ce soit dans l’Eglise sans d’abord mettre en discussion les principes mêmes du Concile, et refuser toutes les erreurs qui y sont contenues : tous ceux qui se sont efforcés de garder à la fois la Tradition et la Réforme, de les marier ou de les enrichir mutuellement, ont inévitablement échoué. Parallèlement, le mépris et la haine envers la Tradition et la Messe de toujours n’ont cessé d’augmenter, manifestant d’une manière concrète qu’à deux doctrines incompatibles correspondent deux cultes inconciliables, deux façons irréductibles de concevoir l’Eglise et sa mission auprès des âmes.

    Commencée au Concile, cette Réforme est toujours en cours et continue de produire ses fruits. Aujourd’hui, à travers la synodalité, on assiste au renversement complet de la structure même de l’Eglise : à la transmission de la Vérité divine reçue du Verbe incarné, se substitue l’élaboration par l’homme d’un système où Dieu n’a plus sa place, et où l’esprit humain souffle à la place de l’Esprit-Saint. C’est le renversement diabolique de l’Evangile lui-même.

    Face à cette démolition de l’Eglise clairement dénoncée, Mgr Lefebvre nous encourage à poursuivre le combat doctrinal, c’est-à-dire à militer saintement pour le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, Voie, Vérité et Vie. Aujourd’hui comme hier, notre mission n’est autre que la restauration de toutes choses dans le Christ. Tout restaurer : à commencer par le sacerdoce, dans toute sa pureté doctrinale, dans toute sa charité missionnaire ; restaurer le saint sacrifice de la messe, cœur de la vie de l’Eglise ; restaurer la vie chrétienne, qui n’est autre que la vie même du Christ, marquée de l’esprit de la croix, pour l’amour et la gloire du Père ; restaurer la vérité catholique, pour lui redonner sa splendeur et lui permettre d’illuminer le monde ; restaurer, dans l’Eglise et dans la société civile, la reconnaissance des droits du Christ, roi des nations.

    « Jésus-Christ était hier, il est aujourd’hui, et il sera le même dans tous les siècles. Ne vous laissez point emporter à une diversité d’opinions et à des doctrines étrangères. Car il est bon d’affermir son cœur par la grâce. » (He 13, 8-9)

    La seconde idée qui domine la déclaration de 1974 est la volonté lucide et déterminée d’agir dans le seul but de servir l’Eglise catholique et romaine.

    Ce n’est en effet que dans l’Eglise de toujours et dans sa Tradition constante que nous trouvons la garantie d’être dans la Vérité, de continuer à la prêcher et à la servir.

    Mais surtout, nous sommes bien conscients que le fait de garder la Tradition, et de prendre tous les moyens nécessaires pour la conserver et la transmettre, correspond à un devoir de charité que nous remplissons vis-à-vis de toutes les âmes et de l’Eglise tout entière. Dans cette perspective, notre combat est profondément désintéressé. La Fraternité ne recherche pas d’abord sa propre survie : elle cherche principalement le bien de l’Eglise universelle et, pour cette raison, elle est par excellence une œuvre d’Église, qui avec une liberté et une force uniques, répond adéquatement aux besoins propres d’une époque tragique sans précédent.

    Ce seul but est toujours le nôtre aujourd’hui, au même titre qu’il y a cinquante ans : « C’est pourquoi sans aucune rébellion, aucune amertume, aucun ressentiment nous poursuivons notre œuvre de formation sacerdotale sous l’étoile du magistère de toujours, persuadés que nous ne pouvons rendre un service plus grand à la sainte Église catholique, au Souverain Pontife et aux générations futures. »

    C’est à l’Eglise que la Tradition appartient ; c’est en elle et pour elle que nous la gardons dans toute son intégrité, « en attendant que la vraie lumière de la Tradition dissipe les ténèbres qui obscurcissent le ciel de la Rome éternelle ». Dans la certitude surnaturelle et inébranlable que cette même Tradition triomphera, et avec elle l’Eglise tout entière. Et dans la certitude renouvelée que les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.

    Menzingen, le 21 novembre 2024

    Davide Pagliarani
    Supérieur général

    † Alfonso de Galarreta
    1er Assistant général

    Christian Bouchacourt
    2nd Assistant général

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  • Lettre du pape François sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église (texte intégral)

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    Lettre du pape François sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église (texte intégral)

    21 novembre 2024

    Nous publions ci-dessous la lettre du pape François tel que communiqué par le Saint-Siège sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église.  

    Chers frères et sœurs,

    Par cette lettre, je voudrais partager quelques réflexions sur l’importance de l’étude de l’histoire de l’Église, en particulier pour aider les prêtres à mieux interpréter la réalité sociale. C’est une question que j’aimerais voir prise en considération dans la formation des nouveaux prêtres et des autres agents pastoraux. J

    e suis bien conscient que, dans la formation des candidats au sacerdoce, une bonne partie de l’attention est consacrée à l’étude de l’histoire de l’Église, comme il se doit. Ce que je voudrais souligner ici va plutôt dans le sens d’une invitation à promouvoir chez les jeunes étudiants en théologie une véritable sensibilité historique. Par cette expression, je veux indiquer non seulement une connaissance approfondie et précise des moments les plus importants des vingt siècles de christianisme qui sont derrière nous, mais aussi et surtout l’émergence d’une claire familiarité avec la dimension historique propre à l’être humain. Personne ne peut vraiment savoir qui il est et ce qu’il entend être demain sans nourrir le lien qui l’unit aux générations qui l’ont précédé. Et ce, non seulement au niveau de l’histoire de l’individu, mais aussi au niveau plus large des communautés. En effet, étudier et raconter l’histoire aide à maintenir allumée « la flamme de la conscience collective »,[1] faute de quoi il ne reste que la mémoire personnelle de faits liés à l’intérêt personnel ou à ses émotions, sans lien réel avec la communauté humaine et ecclésiale dans laquelle nous vivons.

    Une sensibilité historique correcte aide chacun de nous à avoir le sens des proportions, le sens de la mesure et une capacité à comprendre la réalité sans abstractions dangereuses et désincarnées, telle qu’elle est et non pas telle qu’on l’imagine ou qu’on voudrait qu’elle soit. On peut ainsi tisser une relation avec la réalité qui appelle à la responsabilité éthique, au partage, à la solidarité.

    Selon une tradition orale que je ne peux confirmer par des sources écrites, un grand théologien français disait à ses étudiants que l’étude de l’histoire nous protège du “monophysisme ecclésiologique”, c’est-à-dire d’une conception trop angélique de l’Église, d’une Église qui n’est pas réelle parce qu’elle est sans taches ni ses rides. Et nous devons aimer l’Église, comme une maman, telle qu’elle est, sinon nous ne l’aimons pas du tout, et nous n’aimons qu’un fantôme de notre imagination. L’histoire de l’Église nous aide à regarder l’Église réelle pour pouvoir aimer cette Église qui existe véritablement et qui a appris et continue d’apprendre de ses erreurs et de ses chutes. Cette Église, qui se reconnaît également dans ses moments sombres, devient capable de comprendre les taches et les blessures du monde dans lequel elle vit, et si elle essaie de le guérir et de le faire grandir, elle le fera de la même manière qu’elle essaie de se guérir et de se faire grandir, même si souvent elle n’y parvient pas.

    Il s’agit là d’un correctif à cette terrible approche qui nous fait comprendre la réalité uniquement à partir de la défense triomphaliste de notre fonction ou de notre rôle. Cette dernière approche est précisément celle qui, comme je l’ai souligné dans l’encyclique Fratelli tutti, fait considérer l’homme blessé de la parabole du bon Samaritain comme une gêne par rapport à sa propre approche de la vie, puisqu’il n’est qu’une anomalie, un sujet sans place spécifique.[2]

    Éduquer les candidats au sacerdoce à une sensibilité historique semble être une nécessité évidente. D’autant plus qu’à notre époque, « s’accentue une perte du sens de l’histoire qui se désagrège davantage. On observe la pénétration culturelle d’une sorte de ‘‘déconstructionnisme’’, où la liberté humaine prétend tout construire à partir de zéro. Elle ne laisse subsister que la nécessité de consommer sans limites et l’exacerbation de nombreuses formes d’individualisme dénuées de contenu ».[3]

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  • Sainte Cécile, patronne des musiciens (22 novembre)

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    Du site des Servants d'autel de Cotonou :

    Sainte Cécile, Patronne des musiciens

    Jeune sainte qui souffrit le martyre sous l'empereur Alexandre Sévère, Cécile est l'une des fleurs les plus suaves de la virginité chrétienne. Elle voua sa vie très jeune à Dieu; mariée de force vers l'âge de quinze ou seize ans, elle continua à respecter son vœu de virginité.

    L'histoire de Sainte Cécile, qui n'est pas dénuée de beauté et de mérite, est construite en partie de légendes. La romance de Cécile et Valérien est connue depuis la légendaire passion de Cécile écrite en 535. Toutefois, son nom, le fait qu'elle fonda une église et qu'elle fut enterrée dans une crypte des catacombes de saint Callixte, le contexte tout comme l'existence d'un Valérien et d'un Tubercius, tous faits historiquement vérifiables à son sujet, il est certain que cette vie de saint est basée sur quelques faits réels. C'est l'un des martyrs des débuts de l'Église les plus vénérés, mentionné dans le canon de la messe depuis 496.

    Fille d'un illustre patricien de la famille des Caecilii, dont sont issus beaucoup de sénateurs, seule chrétienne de sa famille, alors qu'elle eût consacré sa virginité à Jésus-Christ, elle dut se résigner à sortir de la maison paternelle, où elle vivait dans la prière, lecture des livres saints et le chant des cantiques, pour épouser le jeune Valérien, homme que ses parents lui choisirent, noble et bon, connu pour être de grande compréhension, mais païen.

    Le soir des noces, quand les époux se trouvèrent seuls, Cécile s'adressa doucement à Valérien : « Ami très cher, lui dit-elle, j'ai un secret à te confier : mais peux-tu me promettre de le garder ? » Ayant reçu le serment du jeune homme, elle reprit : « Écoute. Un ange de Dieu veille sur moi, car j'appartiens à Dieu. S'il voit que tu m'aimes d'un mauvais amour, il me défendra, et tu mourras ; mais si tu respectes ma virginité, alors il t'aimera comme il m'aime, et sa grâce s'étendra aussi sur toi. » Troublé, Valérien répondit : « Cécile, pour que je puisse croire à ta parole, fais-moi voir cet ange.

    - Si tu crois au vrai Dieu et si tu reçois le baptême des chrétiens, tu pourras voir l'ange qui veille sur moi. »

    Valérien accepta la condition, se rendit près de l'évêque Urbain (Urbanus), à trois milles de Rome (non le pape homonyme) lut l'évangile selon Luc, fut instruit, reçut le baptême et revint près de Cécile. Près d'elle, il aperçut un ange au visage lumineux, aux ailes éclatantes, qui tenait dans ses mains deux couronnes de roses et de lis, et qui posa l'une de ces couronnes sur la tête de Cécile, l'autre sur la tête de Valérien, et leur dit : « Je vous apporte ces fleurs des jardins du Ciel. » Les deux jeunes époux vécurent dans la chasteté et se dévouèrent aux bonnes oeuvres.

    Valérien avait un frère nommé Tiburce ; au récit de ces merveilles, il abjura les idoles et se fit chrétien. Valérien et Tiburce s'employèrent à donner des sépultures aux corps des martyrs que le préfet Amalchius faisait tuer comme criminels. Les deux frères furent bientôt dénoncés, demeurèrent invincibles dans la confession de leur foi et eurent la tête tranchée. Maximus, l'officier chargé de rendre la sentence, après avoir vu une apparition de martyrs, se convertit soudainement à la religion chrétienne et subit le même sort. Les trois hommes furent exécutés aux alentours de Rome. Cécile parvint à racheter les corps et les ensevelit au cimetière Praetextatus, sur la Via Appia.

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  • Le métropolite André : un grand témoin chrétien trop peu connu en Occident

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    De George Weigel sur First Things :

    Un grand témoin chrétien trop peu connu en Occident

    20 novembre 2024

    Le vénérable André Sheptytsky, décédé il y a quatre-vingts ans, le 1er novembre 1944, était l'une des figures marquantes du catholicisme du XXe siècle, dont la vie fut remarquable

    Son ministère héroïque en tant que chef de l'Église gréco-catholique ukrainienne s'est étendu sur quarante-trois ans, deux guerres mondiales, cinq pontificats, la famine et la terreur de Staline (l'« Holodomor », au cours de laquelle au moins six millions d'Ukrainiens ont été délibérément affamés) et une demi-douzaine de changements de gouvernement dans les territoires où il a servi. Au milieu de cette tourmente, Sheptytsky est devenu une figure cruciale dans le raffinement de l'identité nationale de l'Ukraine moderne, tandis que ses initiatives culturelles, œcuméniques, interreligieuses et pastorales anticipaient l'enseignement du Concile Vatican II et de l'Église de la Nouvelle Évangélisation. Ainsi, en ce quatre-vingtième anniversaire du passage du métropolite André à sa position actuelle, exaltée dans la Communion des Saints, il convient d'accorder une attention particulière.

    Le comte Roman Aleksander Maria Szeptycki est né en 1865 dans un village près de Lviv, dans l'ancienne Galicie autrichienne, au sein d'une famille issue de la noblesse ruthène et polonaise. Pendant une quinzaine d'années, ses études l'ont conduit à Lviv, Cracovie et Breslau (aujourd'hui Wrocław) ; il s'est également rendu à Kiev, Moscou et Rome, où il a rencontré le pape Léon XIII en 1888. Quelques mois après cette rencontre, Sheptytsky, qui avait adopté l'orthographe ukrainienne de son nom de famille, a rejoint l'ordre basilien gréco-catholique de Saint-Josaphat, sous le nom religieux d'André, frère de saint Pierre et grand patron du catholicisme oriental. Ordonné prêtre en 1892, il a obtenu un doctorat en théologie et, en 1898, il a fondé une communauté religieuse basée sur la règle de saint Théodore le Studite, dans le but de réformer le monachisme gréco-catholique ukrainien. Un an plus tard, il fut nommé évêque et, à la fin de 1900, Léon XIII accepta sa nomination comme métropolite de Halych, archevêque de Lviv et évêque de Kamianets-Podilskyi, postes qu'il assuma en janvier 1901 à l'âge de trente-six ans. 

    Le métropolite André a exercé un épiscopat long et vigoureux dans des circonstances extraordinairement difficiles, alors que l’Ukraine s’efforçait de peaufiner et de défendre son identité nationale : d’abord face aux pressions russes et polonaises, puis au milieu d’un génocide de l’ère soviétique, et enfin pendant une occupation nazie brutale. Contre l’opposition des tsars et voyageant souvent déguisé, il a œuvré à la construction des Églises catholiques orientales dans l’Empire russe avant 1917. Parallèlement, il a essayé d’atténuer les rivalités nationalistes polonaises et ukrainiennes dans les dernières années turbulentes de l’Empire austro-hongrois tout en revigorant l’Église gréco-catholique dans les domaines de l’empereur François-Joseph. Dans tous les cas, et à toutes les parties dans les terres ukrainiennes déchirées par les factions, il a exhorté à un esprit de charité fraternelle et de sensibilité œcuménique, alors que des territoires autrefois impériaux comme la Pologne et l’Ukraine d’aujourd’hui – longtemps partagés par la Russie et l’Autriche-Hongrie – luttaient pour établir leur indépendance au lendemain de la Première Guerre mondiale.

    Au début du XXe siècle, alors que l'identité nationale ukrainienne moderne se formait, le métropolite André créa des institutions culturelles pour façonner une Ukraine future dans la continuité des origines de la nation, le baptême des Slaves de l'Est à Kiev en 988 après J.-C. : un séminaire, des établissements d'enseignement secondaire et supérieur, et un musée national pour préserver et soutenir le patrimoine artistique de l'Ukraine. En tant que pasteur, il s'efforça d'approfondir la foi de son peuple par une catéchèse efficace, encouragea le ministère de la jeunesse et apporta une contribution durable à la vie religieuse de l'Ukraine en soutenant le monachisme studite et en invitant les Rédemptoristes de rite byzantin dans ses diocèses.

    Les fléaux de la brutalité soviétique et nazie frappèrent Sheptytsky et son peuple avec une fureur sans bornes, et si le métropolite André accueillit d'abord l'invasion allemande des terres ukrainiennes en 1941 comme un moyen d'écraser le stalinisme, il reconnut bientôt les maux monstrueux perpétrés par les envahisseurs, écrivant au Reichsführer-SS Heinrich Himmler en février 1942 pour protester contre le massacre des Juifs. En coopération avec son frère Klymentiy, un moine studite béatifié en 2001, il sauva des centaines d' enfants juifs , les cachant dans des institutions gréco-catholiques, tandis qu'il hébergeait personnellement dans sa résidence le fils d'un éminent rabbin de Lviv. En août 1942, il écrivit au pape Pie XII, décrivant les massacres de masse des nazis et admettant qu'il avait initialement mal interprété les intentions d'Hitler en Ukraine ; Trois mois plus tard, il publia une lettre pastorale, « Tu ne tueras point », protestant publiquement contre le règne de la terreur allemande et excommuniant ses auteurs. L'un de ceux qu'il sauva, David Kahane, devint plus tard grand rabbin de l'armée de l'air israélienne.

    L'héritage du métropolite André – une profonde piété, une profondeur intellectuelle, une sophistication culturelle, un patriotisme mûr, une charité œcuménique et interreligieuse – perdure dans la vitalité de l'Église gréco-catholique d'Ukraine d'aujourd'hui, dirigée par le digne successeur de Sheptytsky, l'archevêque majeur Sviatoslav Shevchuk. Alors que l'Ukraine se bat pour sa survie et la liberté de l'Occident, nous devons honorer la mémoire de ce grand témoin chrétien et prier pour son intercession.

    La chronique de George Weigel « La différence catholique » est syndiquée par le  Denver Catholic , la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel  est membre éminent du Centre d'éthique et de politique publique de Washington, DC, où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.

  • Baudouin et Fabiola, les roses et les épines christiques d'un couple royal (podcast)

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    De Famille Chrétienne :

    Tous saints, épisode 13 : Baudouin et Fabiola, les roses et les épines christiques d'un couple royal

    Tous saints, épisode 13 : Baudouin et Fabiola, les roses et les épines christiques d'un couple royal

    Dans cet épisode du podcast « Tous saints ! », Bénédicte Delelis vous parle du couple mythique que formaient le roi Baudoin et la reine Fabiola de Belgique. Une lumière particulière émanait d’eux, mais elle n’avait rien à voir avec les paillettes de leur royale fonction. Comment peut-on être roi et reine, et en même temps avoir un profond amour pour Jésus ? Découvrez-le dans cet épisode.

    Chers Baudouin et Fabiola, votre secret était votre cœur aimant. Demandez au Saint Esprit d’élargir les nôtres afin que nous aimions ceux qui nous sont donnés à aimer d’un plus grand amour ! Nous vous prions spécialement pour les couples qui souffrent d’une attente d’enfants douloureuse comme vous l’avez traversée. Accordez-leur de nombreuses grâces de sainteté et de joie.

    Ce podcast est réalisé par Famille Chrétienne en partenariat avec Conversio. Elaborée par une équipe de laïcs et de prêtres missionnaires de la Miséricorde divine, cette appli vous propose de vivre une conversion du coeur lors des grands temps liturgiques, grâce à des contenus spirituels édifiants, des propositions d'efforts d'ascèse et l'entraide de sa communauté de priants.

    Vous trouverez le podcast Tous saints ! sur le site Famille Chrétienne, la plateforme de retraite en ligne Hozana.org, et toutes les plateformes d’écoute (Deezer, Spotify, Apple podcast, Youtube, Google podcasts...).

  • D'innocentes martyres fusillées par les Républicains espagnols (20 novembre)

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    D'Evangile au Quotidien :

    BBses Ángeles de San José Lloret Martí
    et ses compagnes martyres

    Angeles de San José, au siècle Francisca Lloret Martí, naît à Vil­lajoyosa, diocèse de Orihuela-Alicante, le 16 janvier 1875.

    Le 20 avril 1903 Francisca entra dans la Congrégation des Sœurs de la Doctrine Chrétienne ; en 1905, elle émit les vœux temporels et prit Ángeles de San José comme nom de religion.

    Elle fut ensuite secrétaire générale, supérieure locale et enfin, le 16 février 1936 Supérieure Générale.

    Mère Angèle de Saint-Joseph et ses seize compagnes, religieuses espagnoles de la Congrégation de la Doctrine chrétienne, durent abandonner leur maison de la Calle Maestro Chapí nº 7, le 19 juillet 1936, lorsqu'éclata la Guerre civile.
    Certaines d'entre elles étaient très âgées. Elles rejoignirent d'autres consœurs qui n'avaient pas de famille pouvant les accueillir. Mère Angèle emménagea avec quatorze religieuses, dont une novice, dans un entresol que Maria Ortells, veuve d'un commerçant aisé, M. Davalos, avait mis à leur disposition, à la périphérie de Valence.

    La prière continuelle fut leur règle, ainsi que la charité : elles allèrent jusqu'à tricoter des lainages pour les miliciens républicains.

    Mère Angèle et ses autres compagnes furent, toutefois, arrêtées et passèrent devant le peloton d'exécution, le 20 novembre 1936, à Picadero de Paterna, à six kilomètres de la ville, en pardonnant à leurs bourreaux. La dernière mourut en lançant : « Vive le Christ Roi ! ».

    Ángeles de San José Lloret Martí et ses compagnes (voir la liste) ont été béatifiées, à Rome, le 1er octobre 1995, par saint Jean-Paul II (Karol Józef  Wojtyła, 1978-2005).

  • Mechtilde de Hackeborn (19 novembre)

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    Klostertrachten1.jpgLe 29 septembre 2010, Benoît XVI a consacré sa catéchèse hebdomadaire à cette grande mystique, proche de Gertrude de Hefta, fêtée aujourd'hui :

    "Je voudrais vous parler aujourd’hui de sainte Mechtilde de Hackeborn, l’une des grandes figures du monastère de Helfta, ayant vécu au XIIIe siècle. Sa consœur, sainte Gertrude la Grande, dans le vie livre de l’œuvre Liber specialis gratiae (le livre de la grâce spéciale), dans lequel sont relatées les grâces spéciales que Dieu a données à sainte Mechtilde, affirme: «Ce que nous avons écrit est bien peu au regard de ce que nous avons omis. Nous publions ces choses uniquement pour la gloire de Dieu et au bénéfice de notre prochain, car il nous semblerait injuste de garder le silence sur les si nombreuses grâces que Mechtilde reçut de Dieu, moins pour elle-même, à notre avis, que pour nous et pour ceux qui viendront après nous» (Mechtilde de Hackeborn, Liber specialis gratiae, VI, 1).

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  • La solution de Rod Dreher à notre crise spirituelle et théologique est la plus convaincante qui existe

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    De Gavin Ashenden sur le Catholic Herald :

    La solution de Rod Dreher à notre crise spirituelle et théologique est la plus convaincante qui existe

    13 novembre 2024

    Lorsque le livre de Rod Dreher, The Benedict Option, a été publié, il a suscité deux réactions.

    La première était celle des gens qui, d’emblée convaincus par son analyse, ne pouvaient plus tenir pour acquise la place de l’Église sur la place publique, qui avait été longtemps occupée. En fait, c’était pire que cela : le système de valeurs chrétien était en train d’être répudié et avait perdu toute force parce que la vision chrétienne de la société avait été perdue par la population. Elle regardait le monde d’une manière totalement différente.

    La deuxième réponse provenait de gens qui ne pouvaient ou ne voulaient pas comprendre ce qu’il demandait. Ils l’interprétaient à tort comme un encouragement à fuir vers les collines, comme si nous devions tous devenir des pères et des mères du désert.

    En fait, il avait prévu à juste titre un degré d’exclusion publique frisant la persécution et il avait suggéré aux chrétiens de se rassembler de manière informelle dans des communautés proches pour se soutenir et se renouveler. À mesure que les guerres culturelles s’intensifient, son diagnostic devient de plus en plus juste.

    Beaucoup considèrent L’Option bénédictine comme l’un des livres les plus importants écrits au cours de ce siècle.

    Depuis lors, Dreher a écrit le livre Live Not By Lies (Ne vivez pas par des mensonges) afin de sensibiliser les gens à la réalité et aux ambitions du totalitarisme doux de la gauche. Dans ce livre, des personnes qui ont fait l’expérience du véritable totalitarisme du communisme élèvent leurs voix anxieuses pour essayer d’avertir l’Occident que le même objectif est poursuivi mais par une voie différente, et pour tirer la sonnette d’alarme afin que nous puissions résister à la décentralisation du pouvoir sur ce que nous disons et pensons.

    Dreher a maintenant écrit un nouveau livre, essentiellement une suite de The Benedict Option,  intitulé  Living in Wonder .

    Il possède deux qualités. La première est de maîtriser intellectuellement les questions philosophiques et spirituelles qui ont conduit la culture occidentale à son état actuel. 

    Mais la deuxième qualité réside dans son talent journalistique, qui lui permet de trouver exactement les anecdotes qui conviennent pour servir de preuves corroborantes à ce qu'il essaie de présenter à ses lecteurs.

    Dans  Living by Wonder , Dreher aborde les causes de ce que le poète Matthew Arnold a décrit de manière si célèbre (ou tristement célèbre) dans son poème Dover Beach : 

    « La mer de la foi / Était autrefois, elle aussi, pleine et tout autour du rivage de la terre / Était comme les plis d'une ceinture brillante ; / Mais maintenant je n'entends que / Son rugissement mélancolique, long et lointain. »

    Dans son nouveau livre, Dreher emmène le lecteur dans un voyage saisissant. Il commence par expliquer le déclin de la chrétienté, mais surtout comment l'Église peut parvenir à un renouveau de la foi.

    Beaucoup de gens ont proposé un diagnostic de la crise théologique et spirituelle actuelle, mais peu ont été en mesure d’offrir une solution. 

    Le diagnostic de Dreher est l'un des plus convaincants et sa solution l'une des plus convaincantes. Il utilise la métaphore de l'enchantement, écrivant sur sa perte et sur ce qui pourrait constituer sa reconquête.

    Peu d’auteurs ont la capacité d’expliquer comment la pourriture s’est installée dès le début de l’assaut nominaliste contre la scolastique, qui a vu l’idée selon laquelle les universaux et les objets abstraits n’existent pas réellement autrement que comme de simples noms et étiquettes, affronter les systèmes philosophiques basés sur la pensée chrétienne médiévale.

    Mais Dreher y parvient avec finesse et audace. Il retrace la dissolution de notre capacité à voir, à chérir et à faire confiance au surnaturel à travers et au-delà du dualisme cartésien – qui considère le corps et l’esprit comme étant ontologiquement séparés – qui a amorcé le processus de séparation de l’esprit du corps et de l’esprit de la matière. 

    Son don pour rendre accessibles des idées complexes est tel que je me suis retrouvée avec un nouveau regard sur le piège cartésien dans la disjonction entre le cerveau et le corps, la pensée et l’incarnation. Cela m’a également permis d’entrevoir ce qui allait devenir la perversité du transgendérisme.

    Nous ne pouvons pas blâmer Descartes pour la dysphorie de genre, mais nous pouvons voir comment, sans être restreinte par le sacramentalisme holistique de l'Église catholique, la société laïque s'est retrouvée bifurquée par des antipathies artificielles qui ont faussé l'équilibre de notre humanité.

    Le livre regorge d’éclairages sur nos blessures culturelles, spirituelles et intellectuelles.

    Il cite l'excellent historien catholique cubano-américain Carlos Eire à propos de la redéfinition de la magie par la Réforme qui a privé la société de sa compréhension de la réalité du surnaturel :

    « La Réforme a donné naissance à une mentalité désespérée qui voyait la réalité en termes binaires mais traçait différemment la frontière entre religion et magie. Elle rejetait l’intense mélange du naturel et du surnaturel ainsi que le matériel et le spirituel, plaçant le rituel catholique dans le domaine de la magie. Les protestants ont dépouillé l’action de Dieu de tous les miracles catholiques et ont donné le crédit au diable à la place. »

    Au cas où certains lecteurs auraient des difficultés avec cette analyse, nous pouvons rappeler les travaux d’Iain McGilchrist et sa thèse du cerveau divisé. 

    Dreher passe de la théologie et de la philosophie aux neurosciences pour apporter une certaine corroboration au fait que le désenchantement est également une fonction de la division de la culture qui se reflète dans la biologie du cerveau.

    McGilchrist a suggéré que les faits et le sens, le mythe et la mesure, la science et la religion ont été disloqués de manière problématique les uns des autres en tant que facettes biologiques, neurologiques et philosophiques de notre culture. Son explication de la façon dont le cerveau reconnaît ou ne parvient pas à reconnaître le sens et la résonance dans le monde ratifie le chemin de la « beauté d’abord » vers le réenchantement et, en fin de compte, vers la théose, l’Union avec Dieu.

    Dreher commente que notre incapacité à résoudre la fracture a contribué à créer une atmosphère hostile à la révélation chrétienne, masquant notre capacité à nous engager dans l’enchantement, qu’il décrit comme « la restauration du flux entre Dieu, le monde naturel et nous, [et qui] commence par le désir de Dieu et de toutes ses manifestations, ou théophanies, dans nos vies ».

    Ou, pour le dire autrement, un refus ou une incapacité à reconnaître le surnaturel.

    Dreher voit également cela dans les dualités antithétiques du contrôle et de l’amour sacrificiel entre une dépendance à notre autonomie et notre besoin de confiance. Le contrôle et l’autonomie sont devenus les caractéristiques de notre monde de la modernité tardive et ont inhibé le sentiment d’enchantement personnel et social.

    Son chapitre sur le démon a suscité plus d'intérêt journalistique que tout autre chapitre. Et sa documentation sur la réalité est présentée avec soin et compétence.

    Mais c'est son chapitre sur la beauté qui constitue le point culminant du livre. Il affirme, à la suite de saint Augustin, que nous sommes faits pour la beauté, de la même manière que nous sommes faits pour Dieu lui-même, et que nous sommes toujours en attente de Lui et de l'accompagnement de la beauté.

    Il fait référence au théologien orthodoxe Timothy Patitsas, qui suggère que tomber amoureux de la beauté est la plus courte porte d'entrée vers Dieu. Cela se produit en éveillant notre Eros , le mot grec pour le désir sensuel. Mais cet Eros ne se limite pas au désir sexuel, mais il représente la première partie du chemin vers la transformation.

    Le pape Benoît XVI décrit l' éros chrétien comme un désir corporel sanctifié par l'esprit. Dans l'enseignement chrétien traditionnel, l'homme est à la fois chair et esprit, intimement et inextricablement mêlés, contrairement au dualisme cartésien moderne du corps et de l'esprit, qui considère que le corps et l'esprit sont ontologiquement séparés.

    Le pape Benoît XVI a enseigné que le véritable Eros tend à s'élever en extase vers le divin pour nous conduire au-delà de nous-mêmes ; c'est pour cette raison même qu'on l'appelle le chemin de l'ascension, du renoncement, de la purification et de la guérison.

    Le chemin chrétien commence par l’Éros, mais se perfectionne en le transformant en Agapè , la forme suprême de l’amour. Il ne s’agit pas d’un déni strict de l’Éros – le désir non filtré d’être uni à l’autre, de le posséder ou d’être possédé par lui – mais d’une distillation du désir érotique en quelque chose de plus pur que le simple désir corporel.

    En bref : votre maison peut être purifiée et sanctifiée, ou elle peut nous conduire à la destruction. Alors comment peut-on retrouver le réenchantement ? 

    « Tous ceux qui ont abandonné la foi ont commencé leur défection en cessant de prier », explique Dreher.

    Il suggère qu'une vision sacramentelle accompagnée de la pratique de la prière hésychastique - dans laquelle une personne bloque tous ses sens et élimine toutes ses pensées dans le but d'atteindre une vision béatifique - offre le début de la possibilité de réenchantement ; comme jouer d'un instrument de musique où les gammes sont pratiquées afin de réentraîner l'esprit et le corps du musicien. 

    Par-dessus tout, nous avons besoin d’une volonté de sacrifier l’ego, l’autonomie, le contrôle, la volonté perverse, et de nous abandonner à une métanoïa , une transformation de perspective dans laquelle l’esprit est relocalisé pour être enfermé dans le cœur.

    C'est un livre qui remet en question tous les présupposés d'une culture et d'une mentalité qui se sont vidées du divin, et qui redessine la carte de la théologie et de la spiritualité pour nous permettre, accompagnés par l'Esprit Saint, de retrouver le chemin de notre retour. 

    (Photo : Rod Dreher | CNS)