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Histoire - Page 11

  • La vie d’un philosophe et théologien intransigeant : le Père Réginald Garrigou-Lagrange (1877-1964)

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    De l'Abbé Christophe Vigneaux sur Res Novae :

    La vie d’un philosophe et théologien intransigeant : le Père Réginald Garrigou-Lagrange (1877-1964)

    On sait trop peu que le célèbre philosophe et théologien dominicain, Réginald Garrigou-Lagrange (1877-1964), était d’origine gasconne, même si aucune rue d’Auch, sa ville d’origine ne porte son nom. Nous livrons ici les grandes lignes de cette vie donnée à l’étude qui commença sur les bords du Gers et se déroula pour une bonne part sur ceux du Tibre, à Rome, où elle s’acheva. Nous n’avons pas osé l’intituler : « Le Gers se jette dans le Tibre »

    Un Gascon

    Marie-Aubin-Gontran Garrigou-Lagrange naquit donc à Auch le 21 février 1877. Le registre d’état civil indique que ses parents habitaient alors rue de l’Oratoire (actuelle rue Victor-Hugo)[1]. Son père, François-Léonard-Junien Garrigou-Lagrange, était alors contrôleur des contributions directes. Il était né dans le Limousin, à Marval, en 1844. Son oncle paternel, l’abbé Maurice Garrigou (1766-1852) avait été chanoine à Toulouse. Durant la Révolution, il s’était signalé par sa vaillance durant les persécutions auxquelles il échappa de peu. Il fonda ensuite une congrégation de religieuses, puis il mourut en odeur de sainteté. Son procès de béatification est ouvert à Rome et le pape François l’a proclamé Vénérable en 2013[2].

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  • 22 février : solennité de la Chaire de saint Pierre

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    masaccio-san-pietro-in-trono-a.jpgL’histoire de Simon, fils de Jonas, devenu Pierre et désigné par Jésus comme guide de l’Eglise mérite qu’on s’y arrête à l’occasion de la mémoire que fait la liturgie de la Chaire de Pierre, le 22 février. 

    Le pêcheur du Lac de Tibériade, domicilé à Capharnaum, sur la côte nord de ce lac, était marié: l’évangile de Marc (Mc 1,30-31) cite un épisode qui met en scène sa belle-mère. L’épisode se situe après l’arrestation de Jean-Baptiste: nous sommes alors dans la seconde partie de l’année 31, comme il découle de toute une série de circonstances chronologiques communes aux quatre évangiles.

    Parmi les premiers à suivre Jésus, Simon, dénommé ensuite Kephas en araméen (pierre, de là Petros en grec), se distingue par son esprit d’initiative, sa générosité et ses élans irréfléchis.
    La lecture des Evangiles et des Actes permet de suivre chronologiquement les principales étapes de son histoire.

    Le pape Benoît XVI dans son Jésus de Nazareth (chap. 9, pae. 1 et 2) met en évidence que la date de la Transfiguration (un épisode à coup sûr inscrit de façon indélébile dans la mémoire de celui qui l’a vécu) est strictement lié à la confession de Pierre à Césarée de Philippe, au Yom Kippur et à la Fête des Tentes. Nous sommes donc au début de l’automne de l’an 32, à la veille des évènements décisifs de notre rédemption.

    La Pâque juive de 33 montre Pierre impliqué dans le terrible moment du reniement de Jésus qui prélude à la crucifixion du Sauveur, mais aussi à la veille de l’expérience bouleversante de sa résurrection sur laquelle Pierre s’interroge d’abord (Jean, 20,6) puis en témoigne (Luc 24,34), assumant une charge trop lourde, si elle n’avait été allégée par le secours de Dieu, alors comme aujourd’hui: détenir les clefs du Royaume (Mt 16,19), avoir à confirmer la foi (Lc 22,32), exercer la responsabilité de conduire le troupeau (Jean 21,15-17).

    Dans les Actes, après la Pentecôte de 33, nous relevons l’attitude courageuse de Pierre dans l’exercice d’une charge aussi exigente. Les menaces, les interrogatoires, les arrestations se multiplient. Il y a le martyre d’Etienne, avant la conversion de Paul, toujours en cette année 33. Une première étape décisive est signalée dans cet épisode où l’on voit Pierre ressusciter une morte (Actes 9,36-41) et baptiser Corneille (Actes 10), annonçant l’Evangile aux « Gentils ». Nous sommes au beau milieu des années trente de l’histoire chrétienne primitive.

    Pendant la période de Hérode Agrippa (41-44) la persécution entraîna le martyre de Jacques le Majeur tandis que Pierre fut libéré de façon éclatante (Actes 12,7) et s’enfuit précipitamment, probablement à Rome (Actes 12,17): la présence de Pierre à Rome, avec Marc, est à la base de la tradition qui reconnaît dans l’évangile de Marc une origine romaine: le texte rédigé en grec constitue en réalité l’évangile de la mémoire de Pierre, dont Marc fut le précieux collaborateur. C’était sous le règne de Claude (41-54 d.C.) e à Rome, Pierre intervint lors du reniement de Simon le Magicien (nous le trouvons aussi dans les Actes 8,9-24) et cité expressément que ce soit par Eusèbe de Césarée (Histoire ecclésiastique, II, 14) ou par Jérôme (Les Hommes illustres, I).

    Jérôme écrit que Pierre occupa le siège épiscopal de Rome jusuq’à la dernière année du règne de Néron (67-68), et qu’il le fit pendant 25 ans, en faisant ainsi remonter le début en 42, coïncidant avec la persécution sous Hérode Agrippa, avec le martyre de saint Jacques le Majeur, l’arrestation, la libération et la fuite de Pierre. Cela ne veut pas dire que durant ces vingt-cinq années Pierre eut une résidence stable à Rome. Mais cela suppose qu’il subsistait des traces écrites de son déplacement à Rome, attestées  par lui: la culture romaine n’était pas orale comme l’était la culture orientale. C’est ainsi que Clément d’Alexandrie (150-215) cité par Eusèbe fait mention d’un souvenir attestant que quand Pierre prêchait l’évangile à Rome, les gens ont demandé à Marc de consigner cela par écrit  (Eusèbe, Histoire ecclésiastique, VI, 14).

    Nous retrouvons Pierre à Jérusalem lors du Concile de 49, décideur courageux, capable d’emboîter le pas à Paul, de confirmer Jacques et de se corriger lui-même (Actes, 5,7-11) après un désaccord avec Paul à propos des païens. Il se rendit à Antioche, ville dans laquelle Pierre séjourna longuement d’après la tradition ecclésiastique.

    L’homme établi par Jésus comme un roc sur lequel l’Eglise fut construite nous a laissé deux lettres apostoliques à l’époque où circulaient aussi les épîtres de Paul, et dont on déduit qu’elles étaient considérées comme dignes d’être écoutées. Il ne manque pas un signe à l’épisode inoubliable de la Transfiguration, (2 Pt 1,16-18), qui voit en Pierre un des trois témoins, par les yeux et les oreilles. Le thème central de toutes les lettres apostoliques que l’on peut dater entre 60 et la destruction de Jérusalem (jamais mentionnée, même pas par de vagues allusions) en 70, avec la présence de “maîtres d’erreurs”. Dans la seconde lettre de Pierre et dans celle de Paul à Timothée, il y a le pressentiment d’une proche rencontre avec la mort.

    Nous sommes probablement au terme de l’année 66. On peut déduire la date d’une série de circonstances et d’une allusion dans la lettre de Jude, contemporaine, mais légèrement postérieure à la seconde lettre de Pierre. Aux alentours de ces mois-là, on observe une série de faits qui vont en s’amplifiant et débouchent finalement sur des évènements tragiques. Jacques le Mineur meurt martyrisé, aux alentours de 61-62. La tradition orientale situe également à ce moment le martyre d’André,le frère de Pierre. L’incendie de Rome en juillet 64 donne le signal des persécutions antichrétiennes de Néron.

    La première lettre de Pierre reflète bien le climat de la seconde partie de l’année 64. On y trouve une allusion à Babylone (1 Pierre 5,13) qui peut s’appliquer à deux cités: Rome ou Jérusalem. Le débat est ouvert également au sujet de « Babylone la grande » dont parle (de façon prophétique) l’Apocalypse (18,2). De nombreux commentateurs inclinent vers une identification de cette ville avec Jérusalem; dans ce cas, Pierre serait allé en 64 à Jérusalem et aurait écrit sa première lettre là-bas.  

    En 66, des faits dramatiques se sont produits à Jérusalem, tandis que le procureur romain Gessius Florus prenait toute une série de mesures contre les Juifs à la suite d’une révolte qui avait commencé à Pâque de cette année-là: le jour de la Pentecôte (à la mi-mai) un cri secoua le temple (“Nous ne partirons pas d’ici”) et immédiatement après ont éclaté les premières rébellions suivies de représailles ; et Gessius Florus attaqua la ville au même mois de mai. Berenice et Hérode Agrippa II tentèrent en vain une conciliation. Des soulèvements se produisirent partout, opposant les juifs aux païens, mélangeant la rage provoquée par les taxes, les croyances religieuses, le désir d’indépendance et les rancoeurs personnelles. Une légion romaine toute entière, la XII Fulminata, fut décimée à Beth Horon.

    Pierre retourna à Rome pour y mourir martyrisé, sur la colline du Vatican, à la fin du printemps 67, durant les jours où Paul fut lui aussi martyrisé, avant le suicide de l’empereur romain qui eut lieu en 68 et avant que Néron, en juillet 67 ne se rende en Grèce pour participer à cette célébration des Jeux Olympiques, récupérés politiquement pour faire croire que « tout était sous contrôle ».

    Pierre dirigea l’Eglise durant presque 34 ans, à partir de 33.Seul le pape Pie IX, 31 ans et 7 mois de pontificat, a vécu une période comparable à la tête de l’Eglise. Sans vouloir offenser qui que ce soit et en respectant comme il se doit les héritiers de toutes les divisions qui se sont produites, l’Eglise de Jésus, chrétienne, est liée indissolublement au primat (humble et humilié) de saint Pierre et au mandat qui lui a été confié par Jésus, Fils de Dieu (Mt 16,18-19 et Jn 21, 15-19).Celui qui n’est pas attaché à ce siège, à cette chaire de Pierre, qu’il le veuille ou non, fait le jeu de quelqu’un d’autre.

    "Comment saint Pierre est monté dans cette chaire" par Ruggero Sangalli, Bussola Quotidiana, 19-02-2011.

  • Le génocide des Polonais en Volhynie et les erreurs de Zelensky

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    De Wlodzimierz Redzioch sur la NBQ :

    Une histoire actuelle
    Le génocide des Polonais en Volhynie et les erreurs de Zelensky

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nationalistes ukrainiens ont commis un génocide en Volhynie, massacrant plus de 100 000 Polonais. Les autorités ukrainiennes n’ont jamais permis que ces victimes soient enterrées dignement et, en célébrant leurs bourreaux, elles jouent le jeu de Poutine. L'affrontement entre Zelensky et Nawrocki.

    21_02_2025

    Photo de https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4516350

    Le 15 janvier 2025, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a effectué une visite en Pologne. Sa visite intervient durant la période de campagne pour les prochaines élections présidentielles. Et c'est lors de son séjour à Varsovie que Zelensky a critiqué le candidat civique à la présidence de la République de Pologne, Karol Nawrocki, par rapport à sa position sur l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN et à l'Union européenne. Il a même eu recours à des menaces, affirmant que si l'Ukraine n'adhère pas à l'OTAN et à l'UE et n'a pas de garanties de sécurité, Nawrocki et tous les Polonais devront commencer à s'entraîner pour défendre leur pays, faisant allusion au rôle de la Russie. Des propos inacceptables de la part d'un président envers le pays qui l'a accueilli.

    Mais pourquoi Zelensky a-t-il attaqué si violemment le candidat à l’élection présidentielle ? Il convient de noter que Nawrocki dirige l’Institut de la mémoire nationale (IPN), qui examine également les événements politiques actuels d’un point de vue historique. C'est pourquoi, en tant qu'historien, il a souligné que l'Ukraine, avant de rejoindre l'UE, devrait faire le point sur son passé qui comporte de nombreuses zones d'ombre. Parmi eux, il y a aussi le génocide des Polonais pendant la Seconde Guerre mondiale aux mains des nationalistes ukrainiens en Volhynie (Wołyń), une région qui avant la guerre faisait partie de l’État polonais : il s’agissait d’un véritable nettoyage ethnique perpétré dans le but de créer un État ukrainien ethniquement « pur ». Malheureusement, le génocide de Volhynie est presque totalement inconnu en Occident.

    Pour comprendre ce qui s'est passé pendant la guerre dans les territoires occidentaux de l'Ukraine actuelle, il faut rappeler un peu d'histoire. Depuis la fin du XVIIIe siècle, les territoires de l'Ukraine actuelle faisaient partie de deux empires : celui de la Russie tsariste et celui austro-hongrois (la partie occidentale). Après la Première Guerre mondiale, les territoires appartenant à l’Empire austro-hongrois furent attribués à l’État polonais renaissant ; la partie orientale est entrée dans l'Empire soviétique sous le nom de République soviétique d'Ukraine.

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  • Les "frères" et "sœurs" de Jésus

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    Du Père Richard Ounsworth OP sur le Catholic Herald :

    Les frères et sœurs de Jésus

    15 février 2025

    De nombreux catholiques sont très inquiets de certains passages des Évangiles qui semblent suggérer que, loin de préserver sa virginité perpétuelle après la naissance de Jésus, Notre-Dame a eu une progéniture assez importante – certainement des garçons, mais peut-être aussi des filles. Dans Marc 3, et avec des parallèles dans Matthieu et Luc, nous lisons : « La mère et les frères de Jésus arrivèrent. Ils se tenaient dehors et l’appelèrent. Une foule était assise autour de lui et lui dit : Ta mère et tes frères sont dehors, et te cherchent » (Marc 3, 31).

    Jésus répond ensuite : « Qui sont ma mère et mes frères ? » Puis, promenant les regards sur ceux qui étaient assis autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Quiconque fait la volonté de Dieu est mon frère, ma sœur et ma mère » (Marc 3:33-5). Nous reviendrons sur cette réponse, mais elle semble certainement présupposer l’existence de personnes qui étaient littéralement les frères de Jésus, tout comme il avait une mère humaine littérale. Et il est intéressant de noter qu’aucune mention n’est faite d’un père.

    Dans la version de Matthieu sur le rejet de Jésus dans la synagogue de sa ville natale, nous lisons : « Ils furent étonnés et dirent : D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie ? Ses frères ne sont-ils pas Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? » (Matthieu 13:54).

    La manière traditionnelle des catholiques de traiter cette prétendue difficulté – et je pense que c’est aussi la bonne façon – est de souligner que très souvent les Écritures utilisent le mot « frère » (adelphos dans le grec du Nouveau Testament et dans la traduction grecque de l’Ancien Testament) pour désigner des personnes qui ne sont pas littéralement des frères. Dans Genèse 13:8, Abram dit à Lot qu’ils ne doivent pas se quereller parce qu’ils sont frères, alors qu’en fait ils sont oncle et neveu. Dans 1 Chroniques 23:21f, le mot « sœurs » (adelphai) est utilisé pour désigner des cousins.

    L’hébreu et l’araméen, langue apparentée parlée en Terre Sainte à l’époque du Christ, ne contiennent pas de mots pour désigner les demi-frères, les demi-sœurs ou les cousins ​​– nombre de ces relations sont couvertes par les mots « frère » et « sœur ». Ainsi, les « frères et sœurs » de Jésus auraient très bien pu être ses cousins. L’un d’eux est Jacques, le « frère du Seigneur », qui devint le chef de l’Église de Jérusalem quelque temps après la Pentecôte, bien qu’il ne semble pas avoir été disciple avant la Résurrection. Il faut admettre qu’il existe un mot grec parfaitement valable pour désigner le cousin (anepsios), qui n’est pas utilisé dans le Nouveau Testament, mais les auteurs des Évangiles ont peut-être délibérément imité le style plus vague de la version grecque de l’Ancien Testament.

    Il existe une tradition, ancienne parmi les chrétiens d'Orient et qui trouve son origine dans le Protévangile apocryphe de Jacques, selon laquelle saint Joseph était déjà un homme d'âge mûr, veuf et père de ses propres enfants, lorsqu'il fut fiancé à Marie – auquel cas ces frères et sœurs seraient les demi-frères et sœurs de Jésus. Qu'ils aient été demi-frères et sœurs ou cousins, germains ou non, s'ils vivaient à Nazareth, il est tout à fait plausible que Jésus ait été élevé parmi eux, que Notre-Dame ait été l'une des nombreuses femmes qui se sont occupées d'eux sans distinction, et qu'il était tout à fait naturel de les appeler tous adelphoï.

    Les érudits catholiques évoquent souvent le moment où Jésus confia Notre-Dame aux soins de saint Jean (et peut-être vice-versa) alors qu'ils se tenaient au pied de la Croix (Jean 19, 26s). Si elle avait d'autres enfants, à quoi cela était-il nécessaire ? Bien qu'il soit possible de souligner qu'à ce stade, ces enfants hypothétiques ne semblaient pas être des disciples de Jésus, il serait néanmoins étrange qu'ils n'accueillent pas leur propre mère chez eux.

    Le but de cette histoire, outre le simple fait de nous raconter ce qui s’est passé, est de nous assurer que nous avons été adoptés dans la famille de Jésus. En tant que disciples bien-aimés, comme saint Jean, nous sommes enfants de Marie et frères et sœurs du Christ – comme il l’a lui-même promis dans le passage par lequel j’ai commencé. D’où, bien sûr, l’utilisation du terme « frères » pour tous les chrétiens depuis les débuts de l’Église. Sa filiation naturelle unique avec Marie est partagée avec nous par l’adoption, tout comme sa filiation divine unique est partagée avec nous par notre appartenance à son corps. Et c’est en tant que membres de son corps que nous acceptons l’ancienne tradition de l’Église selon laquelle Jésus-Christ est le fils naturel de la bienheureuse Vierge Marie, et de lui seul.

  • N'en déplaise à ARTE, le Pape Pie XII a aidé les Juifs persécutés et a protesté contre leur massacre

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    De kath.net/news :

    Le Pape Pie XII a aidé les Juifs persécutés et a protesté contre leur massacre

    13 février 2024

    Pinchas Lapide : "Le Saint-Siège a fait plus pour aider les Juifs pendant la période nazie que toute autre organisation occidentale, y compris la Croix-Rouge."

    Commentaire invité par Hubert Hecker

    Vatican – Berlin (kath.net) Depuis la pièce de théâtre de l’auteur allemand Rolf Hochhuth intitulée « Le Vicaire » en 1963, le pape Pie XII a été l’objet de nombreuses tentatives de dénigrement. On a prétendu qu'il n'avait rien fait ni dit contre la persécution nazie des Juifs. D’autres auteurs, comme Goldhagen et Cornwell, ont fait du pape Pie X le bouc émissaire ou « l’épouvantail de tout », comme l’a dit Ruth Lapide en 2002. Le sociologue américain David J. Kertzer surfe lui aussi sur la vague de la calomnie avec son livre de 2020 : « Le pape qui est resté silencieux ». La chaîne franco-allemande Arte, chaîne publique, s'est jointe à cette campagne de suspicion en présentant le 23 janvier 2025 un « film documentaire » basé sur le livre.

    Dans le film, le sujet traité n’est pas examiné comme une question ouverte sous différents angles, comme l’exige un documentaire sérieux. Un autre déficit scientifique est que le contexte de la stratégie de communication diplomatique papale n’est pas discuté, mais rejeté comme « ridicule » (min. 33).

    Ainsi, un projet tendancieux a émergé, qui part d’un préjugé : la thèse de la « passivité » ou du « silence » du pape face à la persécution des juifs. Méthodologiquement, les sources sont utilisées de manière sélective pour illustrer la thèse initiale. Cette approche partiale donne lieu à un article biaisé contenant de fausses déclarations. À cela s’ajoutent des affirmations sans fondement et des ragots – par exemple avec la phrase : « Au Vatican, ils ont dit : Il (le pape) ne parle pas comme Jésus. » Les actions positives du pape en faveur des juifs sont exclues du filtre de recherche « passivité », comme le montre l’exemple suivant.

    • Le film met en évidence l’antisémitisme laïc largement répandu en Europe dans la première moitié du XXe siècle. Il donne l’impression que le pape Pie XII était cohérent avec cela et même « renforcé », comme l’indique une critique. En fait, lors de la conférence internationale sur les réfugiés d’Évian à l’été 1938, de nombreux États occidentaux refusèrent d’accueillir des réfugiés juifs d’Allemagne pour des motifs antisémites. Le pape Pie XII, en revanche, alors secrétaire d’État du Vatican,  a organisé la même année, par la voie diplomatique, près de 20 000 visas de sortie pour les juifs allemands – soit plus que le nombre de promesses d’admission faites par 32 pays occidentaux lors de la conférence d’Évian. Le pape a ainsi pris la défense des Juifs malgré les tendances antisémites en Europe occidentale, au Canada et en Australie.

    • Un climat antisémite régnait également au sein de l'Église, affirme David J. Kertzer, cité plus haut et témoin clé du film. Sa thèse : les curés avaient caractérisé négativement les Juifs dans leurs sermons du dimanche (min 28). Kertzer en évoque les effets – probablement comme une faiblesse face à la persécution des Juifs par les nationaux-socialistes. Il est peu probable que le professeur soit en mesure de fournir une preuve fiable pour cette thèse dans des termes aussi généraux. En revanche, pour l’Allemagne, il existe des sources incontestables qui prouvent le contraire. Dans le rapport de situation sur le district administratif d'Arnsberg/Westphalie pour 1935, année des lois raciales de Nuremberg, la Gestapo atteste de la résistance soutenue du bas clergé à la doctrine raciale antisémite des nazis : « Le bas clergé rejette tout simplement les idées du national-socialisme, en particulier l'idée de race et de sang, comme étant areligieuses. La question de la race occupe une place particulièrement importante dans les sermons. Les mesures contre le judaïsme et la loi de stérilisation font donc l’objet d’une protestation constante.

    De plus, le fait que seulement 0,5 pour cent des 21 000 membres du clergé en Allemagne à l'époque étaient membres du NSDAP témoigne du front uni de défense du clergé catholique contre l'idéologie nazie. Il s’agit de loin du taux le plus bas par rapport à tous les autres groupes professionnels, comme les pasteurs et les évêques protestants, avec environ 20 pour cent, ou les professionnels de la santé, avec jusqu’à 80 pour cent d’adhésion à des organisations nazies.

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  • Les saints Cyrille et Méthode

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    langue1.jpgSource : Missel.free

    Puisqu'ils étaient frères et que les circonstances les avaient amenés à entreprendre la même tâche - l'évangélisation des pays slaves - les biographies de saint Cyrille et de saint Méthode ne peuvent être dissociés.

    Les Francs s'étant rendus maîtres des territoires Croates et Slavons, après que Charlemagne eut soumis les Avars (vers 790), atteignirent ceux des Bulgares. C'est à l'évêque de Salzbourg que Charlemagne confia la juridiction sur les pays slaves auxquels il imposa le latin.

    Le prince Rastislav qui régnait sur la Moravie, accrut sa puissance de telle façon que ses voisins Francs et Bulgares, Louis le Germanique et le prince Boris, s'allièrent contre lui et les Bulgares reçurent des missionnaires francs. Menacé par l'empire d'Occident, Rastislav s'allia avec l'empereur byzantin, Michel III, et lui demanda des missionnaires sachant la langue slave car le peuple de Moravie ne connaissait pas le grec : Notre pays est baptisé et nous n'avons pas de maître pour nous prêcher, nous instruire et nous expliquer les livres saints. Nous ne comprenons ni la langue grecque, ni la langue latine : les uns nous instruisent d'une façon et les autres d'une autre ; aussi ne comprenons-nous pas le sens des livres sacrés et leur énergie. Envoyez-nous dons des maîtres qui soient capables de nous expliquer la lettre des livres sacrés et leur esprit. Nous autres Slaves, nous sommes un peuple simple et nous n'avons personne pour nous enseigner la vérité. Désigne-nous donc, généreux monarque, un homme capable de nous parler.

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  • Cyrille et Méthode (14 février), apôtres des Slaves

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    im4263.jpgLe mercredi 17 juin 2009, lors de l'audience générale, Benoît XVI consacrait sa catéchèse aux saints Cyrille et Méthode :

    Chers frères et sœurs,

    Je voudrais parler aujourd'hui des saints Cyrille et Méthode, frères de sang et dans la foi, appelés apôtres des slaves. Cyrille naquit à Thessalonique, du magistrat de l'empire Léon en 826/827:  il était le plus jeune de sept enfants. Dans son enfance, il apprit la langue slave. A l'âge de quatorze ans, il fut envoyé à Constantinople pour y être éduqué et fut le compagnon du jeune empereur Michel iii. Au cours de ces années, il fut initié aux diverses matières universitaires, parmi lesquelles la dialectique, ayant comme maître Photios. Après avoir refusé un brillant mariage, il décida de recevoir les ordres sacrés et devint "bibliothécaire" auprès du Patriarcat. Peu après, désirant se retirer dans la solitude, il alla se cacher dans un monastère, mais il fut bientôt découvert et on lui confia l'enseignement des sciences sacrées et profanes, une fonction qu'il accomplit si bien qu'elle lui valut le surnom de "philosophe". Entre-temps, son frère Michel (né aux alentours de 815), après une carrière administrative en Macédoine, abandonna le monde vers 850 pour se retirer dans la vie monastique sur le mont Olympe en Bithynie, où il reçut le nom de Méthode (le nom monastique devait commencer par la même lettre que le nom de baptême) et devint higoumène du monastère dePolychron.

    Attiré par l'exemple de son frère, Cyrille aussi décida de quitter l'enseignement et de se rendre sur le mont Olympe pour méditer et prier. Quelques années plus tard, cependant (vers 861), le gouvernement impérial le chargea d'une mission auprès des khazars de la Mer d'Azov, qui demandèrent que leur soit envoyé un homme de lettres qui sache dialoguer avec les juifs et les sarrasins. Cyrille, accompagné de son frère Méthode, s'arrêta longuement en Crimée, où il apprit l'hébreu. Là, il rechercha également le corps du Pape Clément i, qui y avait été exilé. Il trouva sa tombe, et lorsque son frère reprit le chemin du retour, il porta avec lui les précieuses reliques. Arrivés à Constantinople, les deux frères furent envoyés en Moravie par l'empereur Michel III, auquel le prince moldave Ratislav avait adressé une requête précise:  "Notre peuple - lui avait-il dit - depuis qu'il a rejeté le paganisme, observe la loi chrétienne; mais nous n'avons pas de maître qui soit en mesure de nous expliquer la véritable foi dans notre langue". La mission connut très vite un succès insolite. En traduisant la liturgie dans la langue slave, les deux frères gagnèrent une grande sympathie auprès du peuple.

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  • L'héritage oublié : ce que l'Occident doit au christianisme

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    "Pour ce 5ème épisode du podcast Chroniques occidentales, j’ai le plaisir de recevoir Christophe Dickès, historien et journaliste français spécialiste du catholicisme et du Vatican. Il est fondateur de ‪@storiavoce2091‬, un podcast dédié à l'histoire. Il vient d'écrire "Pour l'Église", ouvrage dans lequel il rappelle ce que nous Occidentaux devons à la religion chrétienne.

    Bon visionnage, Guillaume (Gau)"

    Les chapitres :

    • 00:00 Intro
    • 00:58 Présentation de l’invité et pourquoi avoir écrit “Pour l’Église” aujourd’hui ?
    • 06:31 “L’ombre de l’Église est partout et alors que nous la croyons nulle part” : des Occidentaux encore inconsciemment chrétiens ?
    • 10:13 Le christianisme fut une révolution
    • 12:06 L’Eglise a scolarisé l’Europe
    • 18:10 La laïcité est une idée chrétienne
    • 23:39 L’Eglise romaine, prototype de l’Etat moderne
    • 28:40 L’Eglise et les femmes : une relation loin des clichés historiques
    • 36:53 L’Eglise et les arts : le génie du christianisme ?
    • 41:27 L’Eglise, la lecture et l’écriture
    • 43:23 L’Eglise et la science, la foi et la raison. Oppenheimer a écrit : “le christianisme était nécessaire pour donner naissance à la science moderne”
    • 51:00 Le wokisme, une idée chrétienne devenue folle ?
    • 56:10 Le pape se désintéresse t-il de l’Europe ?
    • 58:44 Conseils de lecture
  • Le Hamas : késako ?

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    De Michel BARROIS :

    LA PETITE FEUILLE VERTE N°  100, Le Hamas

    COMPRENDRE LE PROCHE-ORIENT (1)

    Durant ce premier quart du XXIème siècle, le Proche-Orient est entré dans une nouvelle phase de déstabilisation marquée par des événements politiques majeurs : la guerre qui oppose depuis le 7 octobre 2023 l’État d’Israël aux Palestiniens sunnites du Hamas, maître de la bande de Gaza, et au Hezbollah, parti chiite établi au Liban ; la chute du régime alaouite de Bachar El-Assad en Syrie survenue le 8 décembre 2024 et son remplacement par une coalition sunnite islamiste. 

    Ces deux épisodes, et bien d’autres qui les ont précédés dans la région (par exemple : la guerre du Golfe, en 2003 ; les « printemps arabes » déclenchés en 2011) s’inscrivent dans une réalité géopolitique qu’en Occident on a parfois du mal à discerner : au Proche-Orient, les principaux acteurs politiques sont les communautés confessionnelles, celles-ci transcendant les États constitués – quelle qu’en soit la forme institutionnelle (monarchie, république, théocratie ; démocratie ou dictature). Et reconnus internationalement. Ce phénomène se vérifie dans les pays dominés par l’islam, mais il caractérise aussi Israël, puisque ce dernier, créé en 1948, a été conçu pour permettre au peuple juif de disposer d’un État qui lui soit propre, même si des musulmans et des chrétiens en sont aussi citoyens. Pour leur part, les chrétiens du Levant ne détiennent aucune exclusivité souveraine, y compris au Liban, cet État multiconfessionnel qu’ils ont largement contribué à faire émerger en 1920 avec le soutien de la France. 

    Il convient donc de scruter les éléments fondateurs de ces phénomènes afin d’éclairer les motivations, orientations et actions respectives des divers acteurs qui dominent aujourd’hui l’actualité au Levant. Ce sera l’objet d’une série de Petites Feuilles Vertes intitulée Comprendre le Proche-Orient. Toutefois, avant de remonter à l’histoire et aux sources pour fixer les principes confessionnels énumérés ci-dessus, et dans le but de vous familiariser avec le sujet, il m’a semblé utile de commencer par la présentation des deux acteurs islamiques qui occupent aujourd’hui le devant de la scène dans le rapport à Israël : le Hamas et le Hezbollah.

    LE HAMAS 

    Avant de présenter le Hamas dans ses fondations, un rappel du contexte historique qui a entouré son émergence sur la scène israélo-palestinienne est nécessaire.

    Le contexte historique 

    Le Hamas (« ferveur » ou « zèle » en arabe), acronyme du Mouvement de la Résistance islamique, n’est pas à l’origine de la résistance organisée par les Palestiniens dans les années qui ont suivi la proclamation de l’État d’Israël (1948). Il a été précédé par le Fatah (« conquête »), acronyme du Mouvement de Libération nationale, fondé en 1958 par Yasser Arafat qui en fera, à partir de 1964, le centre d’une coalition de plusieurs partis regroupés sous le nom Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Cette dernière, soutenue par le président égyptien Nasser, a été reconnue par la Ligue Arabe avant de l’être par l’ONU comme « seul et légitime représentant du peuple palestinien » (1974).

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  • Le bienheureux Aloysius Stepinac (10 février) - un témoignage de foi, de persévérance et d'espérance

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    Du Sismografo (Ivan Tašev, Glas Koncila) (archive du 24 mars 2023):

    La conférence intitulée "Le bienheureux Aloysius Stepinac - un témoignage de foi, de persévérance et d'espérance" s'est tenue au Parlement européen

    La conférence intitulée "Le bienheureux Aloysius Stepinac - un témoignage de foi, de persévérance et d'espérance" s'est tenue au Parlement européen le 21 mars. Elle était organisée par l'eurodéputée croate Željana Zovko. Parmi les intervenants figuraient des historiens et des représentants de l'Église.

    "Dans les circonstances du totalitarisme le plus sombre, l'archevêque Stepinac mérite la place d'un homme juste", a déclaré l'eurodéputée Zovko, soulignant que son souhait était de contribuer à la préservation de la figure du bienheureux Stepinac et de promouvoir la vérité sur sa vie et son héritage. "Cet événement a d'autant plus de poids qu'il est centré sur une personne qui a également été victime d'un régime totalitaire. En tant que membre du groupe pour la promotion de la culture de la mémoire, je suis fermement engagé dans la condamnation de tous les régimes totalitaires", a déclaré M. Zovko.

    Le postulateur de la cause du bienheureux Aloysius Stepinac, Mgr Juraj Batelja, a déclaré que la grande propagande serbe et communiste avait répandu des contre-vérités et des demi-vérités sur l'archevêque Aloysius Stepinac de Zagreb pendant des décennies, et que leur gouvernement avait convaincu le public que l'Église catholique était une institution fasciste et antisémite.

    "Le régime du gouvernement impie a interdit à l'Église toute possibilité de faire connaître la vérité au public. C'est ainsi que le meurtre judiciaire de l'archevêque Stepinac a pratiquement commencé et a été commis, et ils ont essayé d'imposer le mensonge comme la vérité", a déclaré Mgr Batelja, qui a également ajouté que lorsque les premiers juifs exilés d'Allemagne et de Pologne ont commencé à arriver à Zagreb en 1936, l'archevêque coadjuteur Stepinac s'est placé à la tête du comité chargé de s'occuper de ces personnes et de collecter des fonds pour leur permettre de vivre une vie décente et d'avoir un emploi. "De nombreuses lettres d'appréciation de la part de juifs, de particuliers et d'institutions juives témoignent d'une activité aussi étendue et animée", a déclaré M. Batelja.

    Le chargé d'affaires de la nonciature apostolique auprès de l'UE, Mgr Hrvoje Škrlec, a expliqué dans sa conférence qui était Alojzije Stepinac et dans quel environnement social et politique il a agi en tant qu'archevêque de Zagreb. "À l'étranger, nombreux sont ceux qui ont cru à l'innocence de Stepinac. Par exemple, le prix Nobel français François Mauriac a écrit qu'Aloysius Stepinac avait été condamné pour avoir refusé de couper les liens avec le pape. En Serbie, la critique de ce verdict a toujours été et reste encore un sujet presque tabou. Alors que la majorité des évêques et des prêtres de l'Église orthodoxe serbe et l'opinion publique en Serbie considèrent Stepinac comme coupable, certains ne partagent pas cette opinion, comme par exemple l'évêque Dositej de Zagreb, dont la vie a été sauvée par Alojzije Stepinac, et l'évêque Dionysius du Canada", a déclaré Mgr Škrlec.

    La traduction anglaise du livre de Mgr Batelja "Blessed Alojzije Stepinac - Saving Jews and Serbs in the World War II" a été présentée lors de la conférence. Les historiens Dr. Robin Harris et Dr. Ester Gitman ont parlé plus en détail du livre, tandis qu'Ivan Vučak, le prêtre de la paroisse de Krašić, a parlé de Stepinac et de son attitude envers les Juifs de Krašić.

  • Sainte Scholastique, soeur de saint Benoît (10 février)

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    « Elle fut plus puissante parce qu’elle aima davantage. » Nous ne savons presque rien sur la vie de sainte Scholastique, mais là est l’essentiel. Selon la tradition, elle menait une vie toute vouée à Dieu, comme son frère saint Benoît. Une fois par an, elle avait l’habitude de venir le rencontrer avec quelques-uns de ses frères près de son monastère, et ils passaient une journée ensemble « à louer Dieu et à parler de choses saintes ».

    Et voici qu’une fois Scholastique demande à son frère de prolonger la rencontre au-delà de l’usuel, pendant la nuit – peut-être pressent-elle que ce sera la dernière fois qu’elle verra son frère avant sa mort. Mais lui, le grand législateur de la vie monastique, de répondre : « Que dis-tu là, ma sœur ! Rester hors du monastère, je ne le peux absolument pas. »

    Scholastique se met à prier – et d’un ciel auparavant parfaitement serein - « ce fut un éclat violent d’éclairs, tonnerre, pluie diluvienne, tant et si bien que ni le vénérable Benoît ni les frères qui l’accompagnaient ne pouvaient franchir le seuil du lieu où ils se trouvaient. » Alors Benoît « commença à se plaindre, tout triste : ‘Que Dieu tout-puissant te pardonne, ma sœur ! Qu’est-ce que tu as fait là ?’ Elle répondit : ‘Voilà ! Je t’ai prié, et tu n’as pas voulu m’écouter. J’ai prié mon Seigneur, et il m’a écoutée. Maintenant donc, si tu peux, sors ! Laisse-moi, et rentre au monastère.’ Mais lui ne pouvait sortir au-delà du toit. Il n’avait pas voulu rester de bon gré, il resta de force. »

    Et Grégoire le Grand termine le récit de cet épisode de la vie de saint Benoît et de sainte Scholastique en disant : « Ce n’est pas étonnant qu’une femme en cette occasion ait été plus forte que lui, l’homme de Dieu : elle voulait voir plus longtemps son frère. Selon la parole de Jean, ‘Dieu est amour’, et par un jugement tout à fait juste, elle fut plus puissante parce qu’elle aima davantage. »

  • Il y a 80 ans : le martyre des franciscains d'Herzégovine

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    80e anniversaire

    Široki Brijeg, le martyre des franciscains qui ont façonné l'Herzégovine

    Le 7 février 1945, onze franciscains du monastère de Široki Brijeg furent assassinés par les partisans de Tito. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans la seule province d’Herzégovine, 66 franciscains ont été tués. En les éliminant, les communistes voulaient également détruire la culture du peuple qui s’était formée à Široki Brijeg.

    07_02_2025

    L'église de Široki Brijeg immédiatement après la guerre

    Široki Brijeg, Mostar-Čekrk, Mostarski Gradac, Ljubuški, Zagvozd, Kočerin, Izbično, Čitluk, Čapljina, Macelj. Ce ne sont là que quelques-unes des stations du très douloureux Chemin de Croix parcouru par les Franciscains de la Province d'Herzégovine il y a exactement quatre-vingts ans, à partir de février 1945.

    Onze frères du monastère franciscain de Široki Brijeg ont été assassinés par des soldats appartenant à la tristement célèbre onzième brigade dalmate de l'armée de Tito le 7 février 1945 ; Le lendemain, neuf autres frères furent capturés, qui, avec une centaine de civils, s'étaient réfugiés à la centrale hydroélectrique franciscaine sur la rivière Lištica, située non loin du monastère. Ces frères n'eurent pas un meilleur sort que leurs frères : ils furent transférés vers la Dalmatie et massacrés dans des lieux inconnus.

    Déjà dans la nuit du 6 au 7 février , à Mostarski Gradac, cinq autres frères, professeurs et étudiants du séminaire franciscain, avaient été exécutés sans raison apparente. Ils s'étaient réfugiés dans cette paroisse de montagne pour continuer tant bien que mal leurs études de théologie loin des bombardements et des combats qui se déroulaient dans la plaine.

    Une semaine plus tard, le 14 février 1945, ce fut le tour de sept autres frères – dont le provincial, frère Leo Petrović – qui se trouvaient au couvent de Mostar. Une fois cette ville conquise, les partisans les enlevèrent du couvent, les enchaînèrent et les emmenèrent au lieu-dit Čekrk, où ils les tuèrent après les avoir dépouillés de leur habit franciscain, puis jetèrent leurs corps sans vie dans la Narenta (Neretva, en bosniaque).

    Dans les mêmes jours, d'autres massacres de frères eurent lieu à Ljubuški, Izbično, Čitluk, Čapljina, Zagvozd et Vrgorac. En mai, deux frères furent tués dans la maison paroissiale de Kočerin, tandis que trois autres perdirent la vie dans la lointaine Macelj, non loin de la Slovénie et de l'Autriche, en revenant de Bleiburg par la soi-disant Via Crucis du peuple croate . À la fin de la guerre, les frères de la Province franciscaine pleurent 66 de leurs frères tués.

    La Via Crucis continua pour les frères restants . Dans l'après-guerre, le régime communiste organisa des procès-spectacles et, en l'absence totale de preuves sérieuses de culpabilité, 91 frères furent condamnés à des peines de prison , souvent aux travaux forcés, pour un total de 348 ans, dont 225 purgés. Dans les années 1950, la maison d'arrêt de Zenica fut à un moment donné la plus grande communauté franciscaine d'Herzégovine, puisqu'une trentaine de frères y étaient détenus en même temps . Une véritable persécution collective.

    De tels événements ne se sont pas seulement produits en Herzégovine ou contre les franciscains , mais partout dans la Yougoslavie communiste, surtout entre 1945 et 1955. Selon les données du père Anto Baković, il y a eu au final 663 victimes : quatre évêques, 523 prêtres (dont 17 sont morts du typhus suite aux conséquences de leur captivité), 50 grands séminaristes, 38 petits séminaristes, 17 laïcs, 31 religieuses.

    Le plan visant à éliminer l'Église catholique de la Yougoslavie de Tito en persécutant les pasteurs était particulièrement virulent en Herzégovine, lieu de naissance de Poglavnik (Duce) Ante Pavelić et de trois ministres du gouvernement de l'État indépendant de Croatie ; une région que les communistes considéraient donc comme le noyau originel du « nationalisme » et du « chauvinisme » croates qui donneraient naissance au mouvement oustachi, et dont les franciscains étaient considérés comme les principaux responsables, puisqu'ils détenaient l'hégémonie religieuse et culturelle dans cette région.

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