Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livres - Publications - Page 76

  • La souscription aux Mélanges offerts à Mgr André Léonard, à l'occasion de son 80ème anniversaire, est ouverte

    IMPRIMER

    Le 6 mai prochain, Mgr A. Léonard fêtera son quatre-vingtième anniversaire.

    Anciens étudiants de Mgr à l'UCL, Monsieur l'Abbé Eric Iborra (paroisse Saint-Roch, Paris) et Isabelle Isebaert qui a été directrice de l'Ecole de la Foi (Namur), ont conçu le projet de lui offrir, à cette occasion, un volume de Mélanges, hommage de gratitude à celui qui fut, pour beaucoup, un guide avisé  et un courageux confesseur de la foi.

    Ce volume sortira, comme prévu, en mai 2020 pour l'anniversaire de Monseigneur, sous le patronage des cardinaux Erdö et Müller, et du professeur Rémi Brague. Il contient les contributions d'une quarantaine d'auteurs, philosophes et théologiens pour la plupart (au nombre desquels par exemple : le cardinal Müller, Rémi Brague, Stéphane Mercier, Mgr Pascal Ide, Mgr Warin, Mgr M.Schooyans, le Père J.M Verlinde, Mme  Carine Brochier, M. Michel Ghins , le P. B. Pottier, le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine...) et compte plus de 600 pages.

    Pour financer les coûts d'édition, l'ouvrage est proposé en souscription, au prix de 20 € seulement et les  souscripteurs ont, s'ils le souhaitent,  la possibilité de figurer dans la tabula gratulatoria  et de s'associer ainsi  nommément à l'hommage rendu à Monseigneur Léonard.

    2020_03_02_14_50_55_Greenshot.png

     

    Montrer aux hommes le chemin qui mène au Christ

    Mélanges offerts à Mgr André Léonard,
    archevêque émérite de Malines-Bruxelles, à
    l'occasion de son 80ème anniversaire

    Parution : 20 mai 2020
    ISBN : 978-2-249-91046-3
    676p. - 29 €

    « Montrer aux hommes le chemin qui mène au Christ » : telle est, selon les termes du pape émérite Benoît XVI dans une lettre-préface, la façon dont Mgr André Léonard a vécu sa vocation de prêtre et de professeur. Publié à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire, le 6 mai 2020, ce recueil d'études se veut un témoignage de gratitude envers celui qui fut, pour beaucoup, un maître de vérité chrétienne et un guide sûr en des temps de grande confusion.

    Près de quarante confrères et amis se sont associés à cet hommage, offrant ainsi un vaste panorama d'essais sur la théologie des sacrements et la figure du prêtre, l'histoire de la philosophie, la métaphysique (vérité, don et amour), l'éthique (dignité et vocation de l'homme), l'écologie, l'art et la littérature, la fin des temps (« Viens Seigneur Jésus ! »).

    En souscrivant dès à présent, vous pouvez acquérir le volume au prix de 20 € (hors frais de port) et contribuer ainsi au financement de l’édition. Si vous le souhaitez, votre nom figurera dans la Tabula gratulatoria insérée dans l’ouvrage. Dans ce cas, n’oubliez pas de cocher la case correspondante ci-dessous et d’y indiquer le titre de civilité (M, Mme, Mlle, Sœur, Père…) qui doit accompagner votre nom. Les souscriptions doivent nous parvenir au plus tard le 10 avril 2020.

    O Je souhaite figurer dans la Tabula gratulatoria avec le titre de civilité ………………...................

    ----------------------------------------------------------------------------

    BON DE COMMANDE à retourner à Elidia - 9, espace Méditerranée 66000 Perpignan

    Je commande ........ exemplaire(s) de «Montrer aux hommes le chemin qui mène au Christ» au prix de 20 €

    COORDONNÉES

    Nom .........................................................

    Prénom ...................................................

    Adresse ...................................................

    ................................. CP ...........................

    Ville .............................. Pays ..................

    Courriel ...................................................

    Téléphone ...............................................

    RÈGLEMENT
    Chèque bancaire ou postal à l’ordre de Elidia
    Carte bancaire n°.............................. expire fin ..................     n° de contrôle ......................
    ❑ Virement à Elidia :                                                                                         IBAN : FR76 3000 4007 5300 0103 1965 648

    Date et signature

     

    Frais de port : France métropolitaine et Belgique + 5 € - dans les autres pays + 10 €

  • "Nous ne savons plus croire" et alors nous nous mettons à croire n'importe quoi...

    IMPRIMER

    D'Eugénie Bastié sur le site du Figaro Vox :

    «Parce que nous ne savons plus croire, nous nous mettons à croire n’importe quoi»

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - À l’occasion de la sortie de son ouvrage Nous ne savons plus croire, le philosophe Camille Riquier revient sur la place de la croyance dans les sociétés occidentales contemporaines. Selon lui, notre époque se caractérise par un épuisement de la foi.

    29.02.2020
     
    L’Angélus de Millet
    L’Angélus de Millet angelus de Millet Wiki commons

    Camille Riquier est vice-recteur à la recherche de l’Institut catholique de Paris et professeur à la Faculté de philosophie. Spécialiste de Bergson et de Péguy, il vient de publier Nous ne savons plus croire (Desclée de Brouwer, 2020).


    FIGAROVOX.- «Nous ne savons plus croire»: tel est le titre et le constat étayé de votre livre où vous décrivez minutieusement l’état de nos croyances minées par des siècles de philosophie du soupçon. Est-ce à dire qu’on croyait mieux avant? Que la foi de nos ancêtres était plus forte, plus pure?

    Camille RIQUIER.- Reconnaître notre impuissance à croire dans nos sociétés occidentales actuelles, si tant est que nous partagions un tel constat, ne veut pas dire que l’humanité croyait mieux avant. Non, ce n’était pas mieux avant ; ce n’était d’ailleurs pas pire non plus. La fantaisie des hommes est sans limites, et il a toujours été difficile de croire. Si l’on suit la courbe des croyances selon les siècles, on s’aperçoit plutôt qu’elle épouse les soubresauts de l’histoire. La foi est variable et sinueuse, et dépend d’un grand nombre de facteurs pour se développer et accrocher le cœur des hommes. Elle a ainsi pu être naïve ou réfléchie, ignare ou instruite ; elle a pu être faible ou vigoureuse, bonne ou mauvaise ; elle a pu être encore loyale ou déloyale, formée ou informe, orthodoxe ou hérétique, constante ou capricieuse, humble ou fière… La foi pouvait être tout cela ; mais du moins, cela signifie que les anciennes humanités croyaient. Or, c’est cet acte si simple et naturel, dont on a longtemps été prodigue, qui nous semble désormais interdit, en dépit du désir qui pourrait pourtant nous y ramener. Deleuze, dans son ouvrage Cinéma 2: L’image-temps voyait même là une spécificité des temps présents: «le fait moderne, c’est que nous ne croyons plus en ce monde. Nous ne croyons même pas aux événements qui nous arrivent, l’amour, la mort, comme s’ils ne nous concernaient qu’à moitié. Ce n’est pas nous qui faisons du cinéma, c’est le monde qui nous apparaît comme un mauvais film.»

    Lire la suite

  • "Enfin libre!" : Asia Bibi se confie

    IMPRIMER

    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Rencontre avec la chrétienne pakistanaise Asia Bibi, libérée en 2018 après neuf ans de détention pour blasphème

    28/02/2020

    La chrétienne pakistanaise Asia Bibi répond aux questions d’Eglises d’Asie (EDA), à la sortie de son livre « Enfin libre ! » coécrit avec la journaliste Anne-Isabelle Tollet. Dans ce nouveau livre, elle revient sur son accusation de blasphème en 2009, sa condamnation à mort en 2010 et sur ses neuf ans de détention. Acquittée et libérée en novembre 2018, elle a enfin pu s’envoler au Canada en mai 2019 pour retrouver son mari et ses filles, sans avoir pu revoir son père. De passage en France cette semaine, elle a rencontré la maire de Paris Anne-Hidalgo le 26 février, qui l’a proclamée citoyenne d’honneur de la ville, et elle doit être reçue par le président Emmanuel Macron ce vendredi 28 février à qui elle devrait demander officiellement l’asile politique.

    Eglises d’Asie : Asia Bibi, vous venez de publier « Enfin libre ! » avec Anne-Isabelle Tollet. Qu’avez-vous voulu exprimer dans votre nouveau livre ?

    Asia Bibi : Aujourd’hui, je me sens bien mais en lisant ce livre, les gens vont découvrir combien j’ai souffert, et ce qu’est la vie de ceux qui sont punis pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.

    Vous avez beaucoup prié en prison. Aujourd’hui, quel est le rôle de la prière dans votre vie ?

    Je prie toujours depuis que j’ai retrouvé la liberté, au moins deux fois par jour. Mais en prison, comme j’étais seule et qu’il n’y avait personne avec moi, je passais beaucoup de temps en prière. Aujourd’hui, je prie toujours et je lis la Bible, même si je suis plus âgée et qu’il y a beaucoup de choses à faire dans la maison. La prière est une partie essentielle de ma vie.

    Comment vous adaptez-vous à votre nouvelle vie ?

    Quand je suis sortie de prison et que j’ai quitté le Pakistan pour venir au Canada, je pouvais enfin profiter de l’air frais et de la liberté. Mais cette nouvelle vie n’était pas adaptée : au Canada, je restais dans la maison en permanence à cause du froid, et je n’ai pas vraiment pu recommencer une nouvelle vie là-bas. Je n’ai pas pu commencer d’études ou quoi que ce soit d’autres qui peut permettre de mener une vie meilleure. Nous n’avons-fait que rester à la maison.

    Quels sont vos projets, comment voyez-vous l’avenir aujourd’hui ?

    Mon principal objectif aujourd’hui, c’est que mes filles puissent recevoir une bonne éducation. J’aimerais moi aussi faire des études, notamment afin de pouvoir venir en aide aux autres personnes encore en prison, surtout celles qui vivent ce que j’ai vécu. Maintenant, je vais aussi avoir beaucoup de temps pour prier. Et je voudrais aussi faire quelque chose avec les journalistes et avec tous ceux qui peuvent venir en aide aux prisonniers.

    Comment s’est passé votre rencontre avec Mme Anne Hidalgo, ce mercredi 26 février ?

    J’ai été très heureuse de rencontrer Mme le Maire et tous ceux qui travaillent à la mairie de Paris, et aussi tous les français que j’ai vus cette semaine. J’ai vu et reçu beaucoup d’amour et je suis heureuse d’avoir pu visiter la France. Je suis aussi vraiment reconnaissante envers tous ceux qui nous accueillis et qui nous ont aidés durant notre séjour. J’ai été très heureuse de pouvoir prier ici et j’ai ressenti beaucoup de choses. Je pense du fond du cœur à tous ceux qui nous ont aidés ici.

    (EDA)

    Le livre Enfin libre !, coécrit avec Anne-Isabelle Tollet, est sorti en février 2020 aux éd. du Rocher, (205 pages, 17,90 €).

  • "Enracinés !" : un éloge de la transmission dans une société sans repères

    IMPRIMER

    D'Iris Bridier sur le site de France Catholique :

    « Enracinés !  », de Gabrielle Cluzel

    Racines d’avenir

    par Iris bridier

    mercredi 26 février 2020

    Gabrielle Cluzel

    Dans un essai plein d’espérance, Gabrielle Cluzel fait l’éloge de la transmission dans une société sans repères.

    Il faut la plume drôle et légère de Gabrielle Cluzel pour dénoncer de tels sujets, sans jamais verser dans l’amertume. Perte des repères et du sens de la terre, de la tenue vestimentaire et des bonnes manières, des valeurs de transmission et d’évangélisation, rien n’échappe à cette chroniqueuse aguerrie.

    La rédactrice en chef de Boulevard Voltaire débusque, décortique et met en lumière les travers de la France décorsetée. «  La rigueur, la ponctualité, la régularité, l’amour du travail bien fait, le sens du devoir sont une déclinaison profane des règles bénédictines.  » Et Gabrielle Cluzel de rappeler : «  C’est en s’imprégnant des codes, des rites, des usages qu’un étranger se coule dans une société. Et répétons-le, c’est peut-être parce que la France n’en a plus qu’elle ne parvient plus à intégrer…  » Ces valeurs devenues indéfendables, car communément qualifiées de bourgeoises, sont dans cet ouvrage réhabilitées en beauté.

    «  Courgeois  » et «  immobourgeois  »

    Loin d’être une notion péjorative, la bourgeoisie de Gabrielle Cluzel est «  attachée à son bourg, c’est-à-dire à sa terre, à sa pierre, et surtout à l’univers culturel dont elle est héritière. Là est la richesse qu’elle a reçue de ses ancêtres et qu’elle voudrait avoir le droit de transmettre à son tour  ».
    Pour le plus grand bonheur de ses lecteurs, l’auteur nous décrit deux caractères dignes de ceux de La Bruyère. Le «  courgeois  », le bobo qui court et qui consomme : «  Le courgeois se croit drôlement plus malin que le bourgeois. Il s’ennuie moins. N’est jamais contraint. Est épicurien. Et ne comprend pas qu’en refusant d’être maillon d’une longue chaîne, il vit dans le temps court. Il est le court-joie.  »

    Face à lui, «  l’immobourgeois  », ce bourgeois immobile : «  Il est la France profonde, la France bien élevée.  » Une France méprisée des élites mais qui n’a pas peur de manifester, bienvenue dans «  la France de Johnny  ».

    Des raisons d’espérer

    Dénonçant les déliquescences de notre société conduisant inexorablement à une nation fragmentée, la journaliste sait redonner au lecteur des raisons d’espérer. Parmi elles, l’Église et l’armée, deux institutions encore capables d’exercer les hommes à se dépasser, citant Arnaud Beltrame «  l’un de ces glorieux maillons  ».

    En outre, elle décrit une génération encore bien enracinée : «  La jeunesse catholique existe, ardente, pieuse, dure au mal, entêtée puisqu’elle revient chaque année, et prête au sacrifice – au moins dans un premier temps de son week-end et de ses pieds – et il ne faudra pas s’étonner quand elle sera si nombreuse qu’on ne pourra plus faire sembler de l’ignorer.  »

    Cette jeunesse de France non pas en marche, mais en route vers Chartres, a médité les mots du cardinal Sarah : «  Terre de France, réveille-toi !  »«  Peuple de France, retourne à tes racines !  » Exaltant les humanités comme rempart au consumérisme et à l’overdose de technicité, Gabrielle Cluzel ne s’illusionne pas de regretter le passé, mais nous donne à redécouvrir les qualités d’âme que la civilité a su éduquer, et dont nous sommes tous les héritiers.

    — 

    Enracinés, Gabrielle Cluzel

    Enracinés !, Gabrielle Cluzel, Artège,180 pages, 15 €.

  • « Dossier Medjugorje »: pas de reconnaissance par l’Eglise

    IMPRIMER

    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    "Dossier Medjugorje", capture @ San Paolo

    "Dossier Medjugorje", Capture @ San Paolo

    « Dossier Medjugorje »: aucune reconnaissance par l’Eglise

    L’avis de la Commission Ruini?

    Les éditions italiennes San Paolo annoncent la publication du Rapport de la « Commission Ruini » sur Medjugorje (Bosnie-Herzégovine) remis au pape François en 2014, avec un commentaire de Saverio Gaeta sous le titre « Dossier Medjugorje » , ce qui n’est pas sans poser quelques questions qui imposent la prudence: le document n’est pas publié officiellement par le Vatican.

    Tout d’abord, même si le rapport était la version définitive remise au pape François, il ne s’agirait en aucune façon d’une « reconnaissance » officielle d’apparitions mariales: ce n’est que l’avis consultatif de la Commission mise en place par Benoît XVI.

    Mais ni la Congrégation pour la doctrine de la foi ni le pape François – ni ses prédécesseurs – ne se sont pour leur part prononcés à propos de Medjugorje. Il est donc erroné d’affirmer la reconnaissance d’apparitions mariales par l’Eglise à propos de cette publication.

    Plus encore, comme le relève l’excellent Luis Badilla dans Il Sismografo, des questions se posent:

    1) Pourquoi un document privé du pape François est-il publié dans un livre?

    2) Qui et comment a remis à l’auteur et à l’éditeur un document conservé sur le bureau du pape François?

    3) Pourquoi le Vatican n’a-t-il pas réagi? Pourquoi le cardinal Ruini n’a-t-il pas réagi?

    4) Pourquoi le rapport d’une commission commandé par un pape devient-il une opération commerciale?

    5) Quelqu’un d’autorisé pourrait-il donner des explications sur cette « apparition éditoriale »?

    S’il est permis d’en ajouter une autre: si le texte a « fuité » avant d’arriver sur le bureau du pape François, quel état du Rapport, quel moment de la rédaction reflète le texte publié?

    Selon le journaliste italien Francesco Antonio Grana, ce sont les sept premières (toujours présumées, il n’est pas inutile de souligner) apparitions mariales du 24 juin au 3 juillet 1981 aux six jeunes « voyants » qui seraient authentiques pour les membres de la Commission.

    Avec plusieurs arguments cités par l’article: les jeunes ont toujours et en accord témoigné que la Vierge est apparue soudainement et à plusieurs reprises dans un endroit et à des moments précis, provoquant de la surprise et de la peur. Se qualifiant de Reine de la paix, Marie leur aurait confié un message de conversion et de pénitence. Ils ont maintenu ce témoignage en dépit de l’arrestation par la police et des menaces de mort. Pour le reste la Commission ne se prononce pas: il n’est pas encore possible d’exprimer un jugement sur la suite des événements.

    Les décisions du pape François

    Le 31 mai 2018, le pape François a nommé Mgr Henryk Hoser, archevêque émérite de Varsovie-Praga (Pologne), comme « visiteur apostolique à caractère spécial » pour la paroisse Saint-Jacques de Medjugorje (Bosnie-Herzégovine), pour un temps indéterminé et à la disposition du Saint-Siège, avec une charge « exclusivement pastorale ».

    Le pape constatera plus tard dans un livre sur Marie à la fois un « manque de discernement » et des « fruits spirituels authentiques » à Medjugorje.

    Le 12 mai 2019, le pape a autorisé les pèlerinages, mais le Vatican rappelait alors que cette autorisation ne devait pas être « interprétée comme une authentification des événements connus, qui demandent encore un examen de la part de l’Eglise ».

    L’origine de la Commission Ruini

    Rappelons que le 17 mars 2010, face d’une part, aux tensions entre l’évêché de Mostar et les franciscains de la paroisse et, d’autre part, au besoin pastoral des pèlerins, de plus en plus nombreux, le pape Benoît XVI a confié l’examen des événements de Medjugorje à une commission internationale qui devait travailler en contact étroit avec la Congrégation pour la doctrine de la foi.

    Mais en avril 1991, la conférence des évêques catholiques de Bosnie-Herzégovine avait conclu qu’ils ne constataient pas dans ces événements de phénomène «surnaturel». Ils avaient demandé que l’on n’organise pas de pèlerinages officiels (donc que l’on suspende son jugement), tout en recommandant aux prêtres d’accompagner les pèlerinages privés pour permettre aux pèlerins de bénéficier des sacrements.

    Avec la création de cette commission, l’affaire passait de la juridiction de l’évêque local sous celle de la Congrégation romaine.

    Au terme de quatre années de travail, François a parlé officiellement pour la première fois le 6 juin 2015, du rapport de la Commission, lors d’une conférence de presse sur le vol de retour de sa visite pastorale à Sarajevo.

  • Entretien exclusif avec un chartreux sur les abus spirituels

    IMPRIMER

    Qu’est-ce qu’un abus spirituel ? Comment le déceler ? Comment l’Église réagit ? Dom Dysmas de Lassus, prieur de la Grande Chartreuse, a enquêté durant quatre ans sur un fléau qui peut conduire « à des drames inouïs ». Entretien de Samuel Pruvot et Hugues Fefèbvre publié sur le site de l’hebdomadaire « Famille Chrétienne » :

    « Pourquoi avoir travaillé durant quatre années sur le drame des abus spirituel ?

    Avant tout, je peux dire franchement que j’ai trouvé dans la vie religieuse plus de bonheur que je n’aurais pu en rêver. Et ce n’est pas fini ! Je ne dis pas pour autant que c’est facile. Des accidents, il y en a toujours, mais ce n’est pas en fermant les yeux qu’on va les éviter. Prenons l’exemple de l’avion. Les accidents d’avion frappent par leur ampleur. Pourtant, c’est le moyen de transport le plus sécurisé. Cette sécurité, l’avion l’a conquise à force de persévérance. Chaque accident grave a donné lieu à une enquête approfondie afin de trou-ver la cause exacte du drame pour éviter qu’il ne se reproduise.

    Enquêter pour guérir, c’est donc l’objet de votre travail...

    Ce qui a motivé mon enquête, c’est la rencontre avec plusieurs personnes abîmées par des abus spirituels. C’est quand même dramatique d’entendre des religieuses qui avaient embrassé cette vie avec générosité et qui sont devenues incapables de prier ! Chaque cas est unique, mais j’ai été étonné de constater la cohérence de tous ces témoignages entre eux. Par ailleurs, je crois qu’on ne peut plus taire ces situations ! Pour les fidèles, le fait d’avoir caché des abus est peut-être un scandale plus grand encore que les abus eux-mêmes. L’attitude de l’Église visant à écouter les victimes et à les mettre au centre est quelque chose de nouveau.

    Je crois qu’on ne peut plus taire ces situations !

    dom-dysmas_article.jpg

     Dom Dysmas

    Vraiment ? De quand datez-vous ce tournant ?

    L’Église a changé en 2019, en France. C’est moins évident dans d’autres pays comme les États-Unis. Là-bas, on ne veut plus d’ennuis, donc il ne faut plus de victimes. Mais est-ce bien à elles qu’on pense en premier ? Pour revenir à la France, dans le cadre des abus sexuels, beaucoup d’études sont parues sur le sujet. Ensuite, plusieurs événements ont poussé l’Église à enfin réagir. Le procès Barbarin, pour lamentable qu’il ait été par certains côtés, aura eu un effet considérable. À cette occasion, tout comme lors de la réunion des évêques de France à Lourdes fin 2018 ou bien lors du sommet à Rome sur les abus en 2019, les participants ont toujours dit que ce qui avait changé leur regard était d’avoir pu entendre directe-ment des victimes.

    Soyons francs : s’il n’y avait pas eu tout ce processus de révélations fracassantes et humiliantes pour l’Église, nous serions encore dans la boue, et les abus auraient continué. Ce qui est un peu triste, c’est que l’Église n’a pas été capable de faire le travail toute seule et qu’il a fallu que des journalistes, ou parfois des personnes malveillantes, fassent ce boulot. Ce n’était pas la meilleure manière de faire. Mais elle a permis une rupture. L’Église a réagi alors sur la question des abus sexuels. Je considère même qu’on peut être fier d’elle, aujourd’hui, non pas sur ce passé évidemment, mais sur la manière dont désormais les choses sont traitées. Le même travail reste encore à faire sur la question des abus spirituels.

    Lire la suite

  • "Jésus, Marie, je vous aime. Sauvez les âmes!"

    IMPRIMER

    Du Père Simon Noël osb sur son blog :

    dimanche 23 février 2020

    L'acte d'amour incessant

    Il y a quelques temps, j'ai publié un ensemble de réflexions sur la prière du cœur ou prière de Jésus, dans la tradition orientale. Je voudrais vous parler maintenant d'une variante occidentale de cette prière: l'acte d'amour incessant, que l'on trouve dans la vie mystique de sœur Consolata Betrone, une religieuse capucine italienne de la première moitié du siècle dernier.

    Voici en français une très belle étude sur cette sainte religieuse: Jésus parle au monde. Message du cœur de Jésus à Sœur Consolata Betrone, par le P. Lorenzo Sales, aux éditions du parvis, Hauteville (Suisse), 1994.

    Consolata a été particulièrement marquée par le message spirituel de sainte Thérèse de Lisieux, en particulier par la petite voie de l'enfance spirituelle. Et formée et guidée par Jésus, elle a cherché à rendre cette voie accessible à tousen lui conférant ainsi une forme populaire. Cette voie s'adresse à tous, mais selon Consolata, d'une manière spéciale aux pécheurs, en particulier aux âmes sacerdotales ou religieuses, qui dans leur passé ont failli gravement, en leur donnant ainsi la possibilité de rattraper le temps perdu en réparant dans l'amour et la prière leurs fautes passées. Car le message du Sacré-Cœur à Consolata est lui aussi un message de miséricorde, donnant l'assurance du salut éternel aux âmes qui se confieront à lui et persévéreront dans la petite voie de l'amour confiant.

    La formule de prière enseignée par Jésus à cette religieuse capucine est la suivante: Jésus, Marie, je vous aime. Sauvez les âmes. Il s'agit donc d'une brève formule à répéter dans sa prière personnelle ou même à dire mentalement dans le courant de nos journées. Regardons-la de plus près.

    Il s'agit d'abord d'un simple acte d'amour pour Dieu et pour le prochain. Jésus nous demande de ne pas trop nous morfondre à cause de notre misère, mais de le regarder, de contempler son cœur, plein de bonté, et de lui redire sans cesse notre amour. On y joint la Sainte Vierge, que nous devons aimer après Jésus par-dessus tout, elle qui est notre mère du ciel et qui ne cesse d'intercéder pour nous. Enfin nous portons dans notre prière toutes les âmes, des vivants et des défunts, spécialement des pécheurs en danger de se perdre, et nous prions pour le salut de tous, afin que la divine miséricorde se répande sur la terre entière.

    Jésus a promis que chacune de ces invocations peut sauver une âme. Donc plus nous disons la prière, plus nous contribuons au salut du monde. Cette prière tient lieu à toute autre prière que nous pourrions faire. Si nous disons cet acte d'amour incessant, Jésus se charge de toutes nos intentions, pour nous, pour ceux que nous aimons, pour l'Eglise toute entière et pour le monde entier.

    Par exemple, Jésus a accordé à Consolata la conversion de certaines personnes, non pas à cause des pénitences qu'elle faisait pour elles, mais en réponse à l'acte d'amour incessant, qu'elle ne cessait de faire dans sa prière contemplative. Durant la guerre civile espagnole, Jésus a accordé la victoire sur le communisme, en réponse à la supplication de Consolata, qui n'a jamais cessé de redire l'acte d'amour incessant. Nous voyons donc que les plus grandes causes suscitant notre intercession sont gagnées par cette simple voie d'amour qu'est l'acte incessant d'amour: Jésus, Marie, je vous aime. Sauvez les âmes.

    Cette prière a aussi une grande valeur propitiatoire. Elle répare nos fautes et celles du monde entier. Une seule invocation peut réparer mille blasphèmes, selon les dires de Jésus. Et dire l'acte d'amour incessant nous obtient le pardon de toutes les fautes de notre vie.


    Comment faire? Je dirais comme pour la prière de Jésus: on peut prendre un temps de prière devant le tabernacle ou une statue de Notre-Dame à l'enfant et redire calmement et lentement la prière proposée à sœur Consolata. On peut la dire chaque fois qu'on y pense, par exemple lorsqu'on passe devant une image sainte. On peut la redire dans l'action de grâce silencieuse après la communion. Venons-nous de commettre quelque faute? Restons calme et redisons simplement la petite invocation pendant quelques instants. Demandons au Seigneur de nous guider.

    Cette prière ne nous empêche pas de rester fidèle à nos autres prières habituelles, comme le chapelet. Faisons du reste de toutes nos prières des actes d'amour envers Dieu. Cette prière se combine avec toutes les formes de vie spirituelle et avec tous les états de vie. Elle peut nous mener insensiblement à une vie contemplative où tout est unifié par la seule pratique de l'amour.
  • Une enquête sur les "recalés de la sainteté"

    IMPRIMER

    Du site du Figaro Vox () :

    Ils ont raté de peu l’auréole: enquête sur les recalés de la sainteté

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - Dans «Presque saints!», le journaliste Jérôme Anciberro propose une stimulante histoire de l’Église catholique, examinée au prisme des canonisations qui n’ont jamais abouti.

    Contrairement à d’autres papes, Pie XII n’a toujours pas été reconnu saint par l’Église.
    Contrairement à d’autres papes, Pie XII n’a toujours pas été reconnu saint par l’Église. Wikimedia Commons - CC

    Jérôme Anciberro est journaliste spécialisé dans les affaires religieuses. Il a été rédacteur en chef de Témoignage chrétien et de La Vie. Il est l’auteur de Presque Saints! (Tallandier, 2020).


    FIGAROVOX.- D’ordinaire, on s’intéresse davantage aux saints plutôt qu’aux personnes qui ont failli l’être… mais qui n’ont finalement pas été «canonisées». D’où vous est venue l’idée de ce livre?

    Jérôme ANCIBERRO.- Les procédures qui conduisent dans l’Église catholique à une béatification ou à une canonisation relèvent d’un contrôle de qualité. Il est donc normal, et d’une certaine façon rassurant pour les catholiques, que certains candidats soient recalés ou que l’étude de leur cas prenne beaucoup de temps. En me penchant sur cette question, ma curiosité a été aiguisée car je n’ai pas vraiment trouvé d’étude générale: à quelques exceptions près, les saints qui «réussissent», c’est-à-dire ceux qui sont dûment béatifiés ou canonisés, prennent toute la place, aussi bien dans les églises que dans les librairies. J’ai donc tenté, à l’aide des travaux de nombreux historiens et spécialistes de la question, une première exploration en choisissant des personnages généralement connus qui ont tous fait l’objet de tentatives assez sérieuses de béatification sans que celles-ci n’aboutissent, de Charlemagne à Pie XII, en passant par Christophe Colomb ou Louis XVI.

    Quelles sont les cases à cocher pour être reconnu saint par l’Église?

    C’est une procédure complexe et qui a évolué au cours de l’histoire. Précision préalable: en bonne théologie catholique, il existe une multitude de saints - c’est-à-dire tout simplement de personnes qui sont au Ciel - dont l’Église n’a pas connaissance. Les saints béatifiés ou canonisés (la béatification est théoriquement une étape vers la canonisation) sont simplement des saints «garantis» par l’Église catholique et pour lesquels elle autorise le culte public.

    Pour chacune des voies d’accès à la béatification ou à la canonisation, les contrôles sont multiples et rigoureux.

    Pour simplifier, il y a trois voies qui permettent de faire avancer une cause en béatification ou en canonisation. D’abord celle du martyre, c’est-à-dire la mort infligée «en haine de la foi» ; ensuite, celle de la pratique des vertus à un degré dit «héroïque» ; enfin, celle de l’offrande volontaire de la vie, c’est-à-dire de la mort acceptée par charité, sans qu’il y ait à proprement parler de persécution, par exemple en soignant des malades contagieux. Pour chacune de ces voies, les contrôles sont multiples et rigoureux. On vérifie aussi les biographies et les éventuels écrits afin de voir si rien n’est incompatible avec la doctrine catholique. Sans compter les fameux miracles, nécessaires pour «sceller» une procédure, dont l’étude est conduite à part, mais dont les martyres sont dispensés, en tout cas dans un premier temps.

    Lire la suite

  • François sur l’Amazonie : le pape est-il « panthéiste et idolâtre » ?

    IMPRIMER

    La lettre du pape François sur l’Amazonie est-elle « panthéiste et idolâtre » ? (19 mn)

    Réponse aux critiques des Sédévacantistes.

    Il est intéressant de regarder les critiques venant des oppositions au pape François.

    Il y a d’abord celles des « progressistes » comme le père Duigou sont faites de déception pastorale : « Pas d’ordination diaconale des femmes et sacerdotales des hommes mariés… Mais François n’a pas interdit non plus. » On devine donc l’étape de leur prochain combat et leur désir ne s’arrêtera pas là. L’ordination épiscopale de femmes lesbiennes et divorcées est déjà un rêve accompli chez les Anglicans.

    Il y a ensuite celle des « intégristes » de type « sédévacantiste (le pape de Rome est un antipape) » qui sont doctrinales et croient repérer deux hérésies. D’abord le « panthéisme » (Dieu et le monde sont uns) dans cette phrase (N°74) : « Le Christ est glorieux et mystérieusement présent dans le fleuve, dans les arbres, dans les poissons et dans le vent » et dans celle-ci n° 56 : « Il faut entrer en communion avec la forêt ». L’autre accusation est celle d’idolâtrie à cause de ce propos : « 79. Il est possible de recueillir d’une certaine manière un symbole autochtone sans le qualifier nécessairement d’idolâtrie. Un mythe chargé de sens spirituel peut être utilisé et pas toujours être considéré comme une erreur païenne (…), bien qu’un lent processus de purification ou de maturation soit requis. » Cette video montre comment doivent être comprises ces paroles du pape, selon la méthode demandée par son prédécesseur Benoît XVI, à savoir « dans une herméneutique de la continuité avec les dogmes de toujours». Peut-on trouver Dieu dans le fleuve, la forêt, les poissons ? Bien sûr que oui. C’est ce que fait tout homme qui prie dans la nature et sent la présence de son Créateur dans la créature. Est-ce à dire que le poisson est Dieu ? Bien sûr que non. Peut-on trouver des annonces de Jésus Christ dans les mythes des paganismes ? Bien sûr que oui. C’est ce qu’a toujours fait l’Eglise catholique en remplaçant les cultes des idoles par le culte des saints et des anges qui leur ressemblaient par quelque événement de leur vie. On en trouvera un exemple ici avec la saint Valentin : La vie de saint Valentin, évêque de Terni, patron des amoureux (160-203) (19 mn) (14 février) https://youtu.be/FnHMBn8PMLE

  • Quand on assiste au "crépuscule de l'universel"

    IMPRIMER

    Des propos recueillis par Aliénor Barrière sur Atlantico.fr :

    Chantal Delsol : "L’Occident est passé de l’humanisme à l’humanitaire"

     

    Atlantico.fr : Vous expliquez que "l'individualisme occidental, libéral et mondialiste, se trouve en face de plusieurs cultures distinctes qui le combattent au nom chaque fois d'une forme d'holisme et d'enracinement". Quelle est donc l'origine de la remise en cause de notre universalisme ?

    Chantal Delsol : Cette mise en cause est récente, elle date du tournant du siècle. Je crois, et c’est la thèse que je développe, qu’elle provient largement d’un excès de l’individualisme occidental. Celui-ci est devenu si extrême, si idéologique, que nombre de groupes culturels, à l’extérieur et à l’intérieur de l’Occident, en sont venus à penser que ce n’était plus là un modèle possible ni souhaitable. Le processus le plus emblématique : l’institutionnalisation de la solitude individuelle et la dissolution des liens, est considéré par beaucoup comme inacceptable.

    Vous abordez la politique chinoise en expliquant qu'en Chine "la liberté personnelle, qui donne lieu à la libre parole et à la contestation, à l'Etat de droit et à la démocratie, est décrite comme la porte ouverte aux désordres de toutes sortes, voire à l'anarchie et au nihilisme - impropre, donc, au développement harmonieux d'un peuple". Peut-on rapprocher cette conception à la légende du Grand Inquisiteur développée par Dostoïevski dans Les Frères Karamazov ?

    Oui, sinon que Dostoïevski en tire une critique théologique : Dieu a eu tort de nous laisser la liberté, ce faisant il nous a rendus malheureux… Mais il est vrai que l’on peut trouver la critique de la liberté excessive, aussi bien chez les Russes que chez les Chinois. J’ai tenté de montrer que les arguments affichés étaient analogues. Et que même, les arguments des traditionnalistes anti-modernes depuis la révolution française, étaient aussi les mêmes. Il s’agit toujours d’affirmer ici que la liberté doit être limitée en fonction du besoin de liens, qui est foncièrement humain, et des responsabilités attenantes.

    La modernisation peut-elle désormais se penser sans l'occidentalisation ?

    On voit plusieurs cultures extra-occidentales espérer, depuis deux siècles, se moderniser sans s’occidentaliser : c’est-à-dire avancer dans la voie de l’émancipation, mais sans être obligées pour autant de mimer l’Occident. Peut-être le Japon y est-il parvenu ? J’ai tenté de montrer, dans la conclusion, qu’il y a aujourd’hui deux courants distincts qui proposent une « autre modernité ». La Chine, une modernité fondée sur l’holisme (l’individu est entièrement ordonné à la famille et à l’Etat). Et l’Europe centrale, qui propose une modernité fondée sur la « personne interindividuelle ». On constate que dans les deux cas, très différents l’un de l’autre, il s’agit toujours de limiter l’individualisme en sauvant les liens inter-humains.

    Quels sont les fondements philosophiques et les conséquences politiques de l'opposition entre l'humanisme classique et l'humanitarisme actuel ?

    L’humanisme classique est fondé sur la centralité de l’homme dans l’univers. L’homme est considéré, depuis la Bible, comme le maitre et le berger du monde. Il a plus de valeur que les autres vivants : il a une dignité spéciale comme « image de Dieu ». Cette croyance est caractéristique de l’Occident : dans certaines cultures asiatiques, par exemple, l’humain n’a pas plus de valeur que l’animal. Le passage à ce que j’appelle l’humanitarisme, signifie que l’homme a perdu sa valeur intrinsèque et sa centralité – la nature en revanche se sacralise. Et en même temps, que se développe une morale de la compassion, laquelle devient une véritable religion. Le monde humaniste est monothéiste – c’est Dieu qui confère à l’homme sa dignité intrinsèque et son statut de roi. Dans le monde humanitaire, il y a deux religions : la religion morale compassionnelle, et la religion de la nature.

    Quant aux conséquences, nous sommes dans la prospective… L’humanitarisme est une forme de panthéisme – c’est d’ailleurs ce que Tocqueville avait prédit, il y a deux siècles, pour la démocratie avancée : le panthéisme. 

    Propos recueillis par Aliénor Barrière 

    Chantal Delsol publie "Le Crépuscule de l'universel" aux éditions du Cerf 

    Lien vers la boutique : ICI

  • François et le schisme d’Allemagne. Chronique d’un cauchemar

    IMPRIMER

    Lu sur le site de notre confrère « diakonos.be » :

    François et marx.jpg

    « Ce synode sur l’Amazonie est le second d’affilée dans lequel François a déçu les attentes de ceux qui attendaient des innovations qu’il avait lui-même avait laissé entrevoir.

    Au cours du synode de 2018 sur les jeunes, c’était autour de la question de l’homosexualité que s’étaient cristallisées les attentes et les controverses. Le document de travail des débats, au paragraphe 197, admettait explicitement un changement possible de paradigme dans le jugement porté sur les « couples homosexuels ».

    Et en revanche, rien. Au cours du synode, le Pape François a imposé et obtenu le silence sur le sujet. On n’en a parlé ni pendant les débats en séance, ni dans le document final, et encore moins dans l’exhortation pontificale post-synodale « Christus vivit ». Et c’est ainsi que le synode sur les jeunes – une fois vidé de son ingrédient le plus piquant – est devenu le synode le plus inutile et ennuyeux de l’histoire.

    L’année suivante, avec le synode sur l’Amazonie et surtout avec les événements qui ont suivi, la déception des novateurs a été encore plus grande.

    Parce que cette fois, il y avait bien eu débat pendant le synode sur le changement le plus attendu et le plus polémique qu’était l’ordination d’hommes mariés. Dans le document final, la proposition était passée avec plus de deux tiers des voix. Et début janvier encore, beaucoup étaient persuadés que François se la serait appropriée et l’aurait autorisée dans l’exhortation synodale qui devait sortir d’un jour à l’autre.

    C’est alors qu’est arrivé le livre-choc du pape émérite Benoît XVI et du cardinal Sarah en défense du célibat sacerdotal, qui a été accueilli par les novateurs comme un mauvais présage.

    Et de fait, l’exhortation post-synodale « Querida Amazonia » est tombée peu après comme une douche froide, avec un silence total de François sur le sujet. Il ne restait plus aux novateurs qu’à s’agripper – comme l’a fait l’évêque et théologien argentin Victor Manuel Fernández –  à la faible lueur d’espoir des quelques lignes introductives dans lesquelles le pape invite à « lire intégralement » aussi le document final du synode dans lequel « Dieu veuille que toute l’Église se laisse enrichir et interpeller » et où il recommande que « les pasteurs » d’Amazonie « s’engagent pour son application ».

    Mais à part cette dernière planche de salut laissée par François à disposition des novateurs, qu’est-ce qui a bien pu pousser le pape à ces coups de frein à répétition sur des matières pour lesquelles il s’était lui-même montré disposé à innover par le passé ?

    La réponse est à aller chercher en Allemagne.

    Lire la suite

  • Quand l'efficacité l'emporte sur la vérité...

    IMPRIMER

    Des propos recueillis par Laurent de Boissieu sur le site du journal La Croix :

    « Les messages ne doivent plus être justes, mais efficaces », regrette François-Xavier Bellamy

    Verbatim - François-Xavier Bellamy, chef de la délégation LR au Parlement européen. Pour le professeur de philosophie, le risque du déni de réalité guette la société.

    « Où est passée la vérité ? Sa disparition est au cœur de la crise profonde que traversent nos démocraties. Il est devenu habituel de s’indigner des fake news qui prospèrent sur le Net, ou des outrances que suscitent des surenchères démagogiques… Mais reconnaissons-le : notre société avait renoncé à la vérité bien avant le populisme et les réseaux sociaux, par une forme de relativisme confortable et inconséquent.

    Lorsque je demandais à mes élèves une définition de la vérité, la première réponse était toujours : « La vérité dépend de chacun. » Ce qui est rigoureusement impossible : nous avons des opinions différentes, mais elles ne peuvent être toutes vraies en même temps. Sur fond de ce relativisme, notre société a sombré paisiblement dans un immense déni de réalité – et la politique est devenue à elle seule sa propre réalité, comme un spectacle clos sur lui-même, qui se suffit de ses artifices. Les messages ne doivent plus être justes, mais politiquement efficaces. On ne propose plus une mesure parce qu’elle est utile, mais pour se “positionner”. Les fluctuations sondagières imposent des retournements décomplexés, des sincérités successives, des simplismes caricaturaux. Tant pis pour la complexité du réel - à laquelle la structuration du débat public ne laisse de toute façon aucune chance. Dans le rythme des joutes médiatiques, construites pour produire de la polémique, malheur à celui qui croirait encore à la rigueur et à la nuance.

    Renoncer au souci de la vérité ne nous a pas rendus plus libres, au contraire. Toutes les opinions se valent, assure-t-on ; mais qui peut prétendre, élu ou simple citoyen, qu’il ose vraiment dire ce qu’il pense ? On ne parle plus, on répète des “éléments de langage”. L’autocensure est permanente. Il y a des vérités factuellement incontestables qu’il suffirait d’évoquer pour être immédiatement expulsé de la conversation civique. Un maire a été poursuivi pour avoir indiqué la proportion de prénoms d’origine musulmane dans les classes de sa ville. Une philosophe est interdite d’université parce qu’elle pense que l’altérité sexuelle joue un rôle dans la filiation. Le problème n’est même pas que ce serait faux ; c’est simplement démodé, inconvenant – si vous l’affirmez d’ailleurs, on ne vous opposera aucune réfutation : l’indignation suffira.

    Dans la vie politique, comme en sciences ou en philosophie, c’est seulement parce que nous cherchons une même vérité, que nous en venons à partager nos désaccords pour pouvoir nous en approcher. Seule la certitude que le réel existe, et que nous avons le devoir de nous ajuster à lui, peut nous obliger au respect et à l’écoute de l’opinion d’autrui. Ce n’est que par le souci de la vérité que nous retrouverons le sens de nos libertés, et notre vitalité démocratique. »

    D'où l'urgence de lire l'ouvrage de Paul Vaute "Plaidoyer pour le Vrai"