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Persécutions antichrétiennes - Page 7

  • Syrie : un arbre de Noël a été incendié à Hama et les croix du cimetière ont été détruites

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    De Lorenzo Cremonesi sur le Corriere della Sera :

    Syrie, arbre de Noël incendié à Hama : protestations de la communauté chrétienne à Damas et dans tout le pays

    Dans la ville de Hama, un arbre de Noël a été incendié et les croix du cimetière ont été détruites. Les minorités non sunnites ont peur : « Les fondamentalistes islamiques nous menacent, ils prétendent être modérés ».

    DAMAS - Un arbre de Noël incendié dans un petit village près de la ville de Hama au cours des dernières heures a déclenché des manifestations spontanées au sein de la communauté chrétienne de la capitale. Toujours à Hama, des croix du cimetière chrétien ont été détruites et un groupe de guérilleros a tiré à la mitrailleuse sur la cathédrale grecque orthodoxe. « Nous défendons les droits des chrétiens », scandait la foule à Bab Tuma, le quartier chrétien de la vieille ville de Damas, où les gens se dirigeaient vers le patriarcat orthodoxe de Bab Chargi.

    Ce sont des signes d'agitation et de nervosité. En réalité, les minorités non sunnites ont peur. Depuis le début des années 1970, les chrétiens s'étaient unis pour défendre la dictature laïque du clan Assad. Parmi eux, il y avait aussi des militaires, des agents de la fameuse police secrète et de la Shabiha, la milice paramilitaire tristement célèbre pour sa cruauté dans la répression des soulèvements déclenchés par le « printemps arabe » qui a débuté en 2011. Aujourd'hui, la peur est palpable. « Nous sommes très nombreux à vouloir émigrer. Les fondamentalistes islamiques nous menacent. Aujourd'hui, ils font semblant d'être modérés. Mais bientôt, ils dévoileront leur vrai visage intransigeant », nous dit un jeune homme d'une vingtaine d'années qui monte la garde à l'église du Patriarcat latin. Les mêmes voix s'élèvent parmi les commerçants.

    Les plus inquiets sont les vendeurs d'alcool. Nous serons tous obligés de fermer. Le gouvernement islamique imposera la loi religieuse comme il l'a déjà fait dans la région d'Idlib ces dernières années », déclare Naji Jaber, propriétaire d'un magasin de vins et spiritueux. Ces propos rappellent le ton et les inquiétudes de la communauté chrétienne irakienne après la chute du régime de Saddam Hussein en 2003. Mais parmi les chrétiens syriens, la plus grande suspicion vient des guérilleros étrangers qui ont rejoint la campagne de Hayat Tahrir al-Sham, le principal groupe islamique qui, grâce au soutien de la Turquie le 8 décembre, a finalement réussi à défenestrer Bachar Assad.

    Il y a des musulmans chinois, des Tadjiks, des Ouzbeks : parmi eux, beaucoup viennent des rangs d'Al-Qaïda et d'Isis. Il semble que ce soit précisément certains djihadistes étrangers qui soient responsables des attaques à Hama. Le nouveau dirigeant de Damas, Abu Mohammad al Jolani, a déjà promis que les responsables seraient punis. « Nous voulons un gouvernement ouvert et inclusif de toutes les communautés. La nouvelle Syrie de demain n'aura rien à voir avec l'Afghanistan des talibans », répète-t-il même aux délégations étrangères qu'il rencontre à Damas.

    Mais tout cela ne suffit pas à apaiser les craintes. « Les hiérarchies chrétiennes locales ont généralement tendance à faire confiance au nouveau gouvernement de transition. Mais pas les fidèles, qui craignent beaucoup pour leur avenir », explique le nonce, le cardinal Mario Zenari, qui est ici depuis près de vingt ans et connaît bien le pays. « Avant 2011, les chrétiens représentaient environ 10 % de la population, aujourd'hui ils ne sont plus que 2 %. Un effondrement démographique qui s'explique par le manque de confiance dans les rangs de l'une des plus anciennes communautés chrétiennes du Moyen-Orient », ajoute-t-il. Rien qu'à Alep, il y avait 150 000 chrétiens avant 2011, aujourd'hui ils sont moins de 30 000.

    L'archevêque maronite Samir Nassar, qui est d'origine libanaise et vit ici depuis 18 ans, est plus confiant. « Je veux croire aux promesses du nouvel exécutif. Nous, chrétiens libanais, sommes habitués à vivre avec l'islam, même l'islam le plus radical comme le Hezbollah. Je suis convaincu que nous trouverons un moyen », déclare-t-il. Sa communauté est la seule à célébrer la messe de minuit de Noël. Toutes les autres églises sont fermées. Trop d'instabilité. Il n'y a pas seulement des radicaux djihadistes, il y a un manque de police et les villes sont infestées de voleurs. Dans l'obscurité, les gens restent enfermés dans leurs maisons la nuit », nous dit-on dans les églises latines et protestantes. En revanche, à Damas, les arbres de Noël et les illuminations festives sont visibles dans tout le centre. Les semaines à venir seront le test décisif pour les promesses du nouveau gouvernement.

  • Quand Mgr Léonard appelait à prier pour les chrétiens de Syrie "menacés"

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    Sans titre.pngL'homélie est publiée sur le site de la RTBF :

    Mgr Léonard appelle à prier pour les chrétiens de Syrie "menacés"

    L'archevêque de Malines-Bruxelles André-Joseph Léonard a consacré son homélie de Noël aux chrétiens d'Orient, particulièrement ceux de Syrie, "frères et sœurs dans la foi gravement menacés, voire franchement persécutés". Voici le texte de son homélie, de ce 25 décembre 2013 à Malines et à Bruxelles.

    Par quelle magie se fait-il que, chaque année, même dans notre monde sécularisé, la fête de Noël touche les coeurs ? Le folklore lié à cette fête, les sapins, les retrouvailles familiales y sont pour quelque chose. Mais, même si c’est souvent refoulé dans l’inconscient, les gens savent encore qu’il s’agissait de l’anniversaire d’une naissance. C’est d’ailleurs la signification du mot : "Noël" est la déformation de "natal". Nous y célébrons la "nativité", le jour "natal" de Jésus.

    Ce ne peut qu’être source d’émerveillement. L’émerveillement que l’amour de Dieu pour nous soit si grand qu’il ait voulu devenir lui-même un homme parmi les hommes, un homme parmi nous. Et d’abord un enfant. Le Fils de Dieu en et par lequel l’univers entier fut créé, a été comme nous un minuscule embryon, un simple foetus dans le sein de sa mère, avant de naître à Bethléem et d’être déposé dans une mangeoire pour animaux.

    Pourquoi s’est-il fait si petit, un petit enfant totalement dépendant de son entourage ? Pourquoi sinon pour que, devant lui, nous ne perdions pas la face, malgré notre petitesse ? Et nous savons qu’après l’humilité déconcertante de sa naissance viendra l’effrayante humiliation de sa mort en croix, entre deux brigands, dans le silence de Dieu. Pourquoi un tel abaissement, une telle solitude ? Pourquoi sinon pour que même le plus grand pécheur n’ait pas peur de s’approcher de lui ? Ne craignons donc pas de venir à lui, tels que nous sommes, en ce jour de Noël. Il nous réservera un accueil au-delà de toute espérance.

    Il est de tradition qu’en cette fête familiale, notre pensée, notre prière et notre engagement se tournent vers les plus fragiles de nos frères et soeurs en humanité. Cette année, je vous propose de tourner votre coeur vers nos frères et soeurs dans la foi, gravement menacés, voire franchement persécutés, en Syrie et en plusieurs autres pays où pourtant ils sont présents depuis parfois près de vingt siècles, tels que, par exemple, l’Irak ou l’Égypte.

    Dans nos pays sécularisés, beaucoup de baptisés prétendent avoir la foi, mais sans la pratiquer. Entendons le cri de ceux pour qui la pratique de leur foi implique quotidiennement une menace de mort. Je vous voudrais répercuter ici le cri de Mgr Samir Nassar, archevêque maronite de Damas, publié sous le titre : "Le bruit infernal de la guerre étouffe le Gloria des anges" : "La Syrie en ce Noël ressemble le mieux à une crèche : une étable ouverte sans porte, froide, démunie et si pauvre… L’enfant Jésus ne manque pas de compagnons en Syrie… Des milliers d’enfants qui ont perdu leurs maisons vivent sous des tentes aussi pauvres que la crèche de Bethléem… Les enfants syriens abandonnés et marqués par les scènes de violences souhaitent même être à la place de Jésus qui a toujours Marie et Joseph qui l’entourent et le chérissent… Ce sentiment d’amertume est bien visible dans les yeux des enfants syriens, leurs larmes et leur silence… Certains envient même l’Enfant divin parce qu’il a trouvé cette étable pour naître et s’abriter alors que certains de ces malheureux enfants syriens sont nés sous les bombes ou sur la route de l’exode."

    Je pourrais poursuivre la citation. Et celle d’autres confrères évêques, comme Mgr Warduni, évêque auxiliaire à Bagdad. Mais je me limite à ceci. Ne restons plus indifférents en Occident à tant de frères et soeurs chrétiens qui sont discriminés, menacés, persécutés, qui doivent quitter leur patrie pour assurer la sécurité de leur famille et, par cette émigration, affaiblissent encore la position de leur frères dans leur pays d’origine.

    Et n’oublions pas que, depuis que nous sommes confortablement rassemblés dans cette cathédrale, 5 ou 6 de nos frères dans la foi sont morts de mort violente à cause de leur foi en Jésus. Il en tombe, en moyenne, un toutes les cinq minutes. Par amour de l’enfant Jésus dans la crèche, portons-les dans notre prière et attirons sur eux l’intérêt de nos médias. Amen.

    André-Joseph Léonard

    Archevêque de Malines-Bruxelles

  • Jimmy Lai et Sviatoslav Shevchuk : deux témoins extraordinaires du Roi né à Bethléem en Judée

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    De George Weigel  sur le NCR :

    Jimmy et le patriarche, à Noël

    23 décembre 2024

    Le calendrier liturgique de l'après-Noël peut sembler un peu à la Scrooge (Vieil homme aigri, Ebenezer Scrooge déteste Noël), car la joie innocente et centrée sur l'enfant de la Nativité est rapidement suivie par trois fêtes d'un caractère différent, voire dégrisant.

    Tout d'abord, le 26 décembre, saint Étienne le Protomartyr, lapidé à Jérusalem par une foule qui réclamait son sang (voir Actes 7, 54-60). Ensuite, le 27 décembre : saint Jean, le visionnaire apocalyptique de l'Apocalypse 18:2 - « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande ! - dont les ennemis, selon une tradition conservée à la basilique Saint-Jean devant la Porte latine, ont tenté de le faire bouillir dans l'huile avant de l'exiler à Patmos. Enfin, le 28 décembre : les Saints Innocents, massacrés en masse à cause de la paranoïa d'Hérode le Grand (qui n'a pas hésité à assassiner trois de ses propres fils).

    Les récits de l'enfance dans l'évangile de Luc nous donnent la clé pour comprendre que cette juxtaposition liturgique apparemment étrange - Noël et le martyre - incarne une vérité profonde de la foi chrétienne. En effet, immédiatement après que Luc ait décrit la naissance de Jésus et son insertion rituelle dans le peuple d'Israël « au bout de huit jours » (Luc 2,21), l'évangéliste passe rapidement à la présentation de l'enfant Jésus dans le temple de Jérusalem, où le vieillard Siméon prophétise que cet enfant sera un « signe de contradiction » et que l'âme de sa mère sera « transpercée par un glaive » (2,34-35).

    L'Incarnation et la Nativité sont à la fois sublimement belles et puissamment perturbatrices. Les « principautés et puissances » (Ephésiens 6,12) ne voient pas d'un bon œil le Roi de l'Univers, dont la naissance dans le temps historique remet en cause leur hégémonie. C'est pourquoi, pendant deux années du cycle lectionnaire, l'Église lit les récits de la Passion de Jean et de Luc lors de la solennité du Christ-Roi : l'Incarnation et la Nativité conduisent inévitablement à la Croix, expression la plus complète du don de soi du Seigneur pour le salut du monde. Le Rosaire véhicule le même message, les troisième et quatrième mystères joyeux conduisant inexorablement au cinquième mystère douloureux, puis aux mystères glorieux.

    Noël marque le début du voyage vers la Croix et Pâques, et la célébration des martyrs pendant l'Octave de Noël souligne ce point. Dès le début de l'Église, les chrétiens ont vu dans le témoignage des martyrs - les « martyrs rouges » tués pour le Nom et les « martyrs blancs » qui ont beaucoup souffert pour l'Évangile - le modèle christocentrique et cruciforme du salut. Car c'est par son propre don de soi « jusqu'aux limites de l'amour » que le Seigneur Jésus a racheté le monde, comme l'écrit Servais Pinckaers, OP. Le père Pinckaers suggère ainsi que le martyre est l'expression ultime des Béatitudes, ces huit facettes de l'autoportrait du Fils de Dieu incarné, dont ses disciples s'efforcent de suivre l'exemple.

    Ce qui nous amène à évoquer, en cette période de Noël, deux témoins extraordinaires du Roi né à Bethléem en Judée « lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie » (Luc 2,2).

    Jimmy Lai en est à sa quatrième année d'isolement dans une prison de Hong Kong, injustement poursuivi pour avoir défendu des droits de l'homme dont les racines les plus profondes se trouvent dans ce que la Bible enseigne sur la dignité humaine. Le fait que ce diseur de vérité terrifie les autorités de Hong Kong - redevables au régime de Pékin avec lequel le Vatican joue honteusement à « Let's Make a Deal » - est manifeste dans les chaînes que Jimmy porte lorsqu'il sort en public, dans la présence policière démesurée lors de son procès-spectacle stalinesque et dans la réponse enragée du gouvernement de Hong Kong à toute protestation en sa faveur. Il y a quelque temps, Jimmy m'a envoyé une scène de crucifixion qu'il avait dessinée dans sa cellule, au crayon de couleur sur du papier ligné. Soutenu comme Thomas More par sa foi catholique, Jimmy Lai sait que Noël et la Croix sont intimement liés et mènent à Pâques et à la gloire.

    Les gréco-catholiques d'Ukraine et la diaspora ukrainienne mondiale appellent le chef de leur Église, l'archevêque majeur Sviatoslav Shevchuk, « patriarche » - et c'est bien normal, en dépit des protocoles de la nomenclature romaine. En effet, au cours des deux dernières années et demie, aucun autre évêque au monde - personne - n'a été autant un père pour son peuple que Sviatoslav Shevchuk. Au milieu d'une guerre génocidaire dans laquelle ses prêtres sont tués et torturés, et son peuple brutalement bombardé et assassiné de sang-froid, il a été un magnifique témoin de l'espoir : un évêque qui a transformé les horreurs de la guerre en une occasion d'encourager, de réconforter, de catéchiser et de sanctifier son troupeau.

    Il est scandaleux que le chef héroïque de la plus grande Église catholique orientale ait été écarté dix fois du cardinalat. Cette parodie est toutefois à mettre sur le compte de quelqu'un d'autre. Alors que son peuple célèbre la naissance du roi, le patriarche poursuit son chemin dans la foi et la charité, sachant que Noël et les martyrs sont intimement liés dans le plan de salut cruciforme de Dieu.

    George Weigel est membre éminent et titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques au Centre d'éthique et de politique publique de Washington.

  • Le Noël des chrétiens persécutés : un cri de douleur du Proche-Orient au Sahel

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    De Valerio Palombaro sur Vatican News :

    23 décembre 2024

    Noël des chrétiens persécutés, un cri de douleur du Proche-Orient au Sahel

    Plus de 300 millions de croyants vivent dans des contextes d'oppression dans 28 pays. Selon Marta Petrosillo, de l'Aide à l'Église en Détresse International, «c'est en Afrique que la situation s'est le plus détériorée ces dernières années, parce que l'épicentre des groupes extrémistes islamiques qui, il y a dix ans encore, était davantage concentré au Proche-Orient, s'est déplacé vers cette région».

    Des millions de chrétiens vivent dans des États où sévit une certaine forme de persécution. Les conditions de vie des chrétiens -à l'approche de Noël, sont trop souvent marquées par la violence, la guerre et la pauvreté, rapporte Marta Petrosillo. Elle dirige pour la fondation pontificale Aide à l'Église en détresse (AED), la rédaction du rapport bisannuel sur la liberté religieuse dans le monde. «Nous travaillons déjà sur le nouveau rapport, qui sera publié en octobre 2025», affirme-t-elle dans une interview aux médias du Vatican, rappelant les chiffres de la dernière édition qui identifie 28 pays «persécutés» dans lesquels vivent 307 millions de chrétiens.

    «Il est évidemment impossible d'évaluer avec précision le nombre de personnes persécutées, mais nous nous trouvons face un scénario mondial qui, malheureusement pour nos frères et sœurs dans la foi, est préoccupant». Les zones de crises pour les chrétiens dans le monde, s’étendent sur tous les continents. «L'Afrique est le continent qui a connu la plus forte dégradation ces dernières années», souligne Marta Petrosillo. «En effet, l'épicentre des groupes extrémistes islamiques qui, il y a encore une dizaine d'années, étaient plutôt concentrés au Proche-Orient, s'est déplacé dans cette région. On assiste depuis quelques années à une prolifération de ces groupes djihadistes avec une action particulière dans la région du lac Tchad et dans le Sahel», a-t-elle poursuivi.

    Le Nigeria et le Burkina Faso

    Dans cette région, la crise du Burkina Faso est emblématique. «Il y a dix ans, dans le Global Terrorist Index, le Burkina Faso ne figurait même pas dans les 100 dernières positions, alors qu'en 2024 il est en tête de ce classement. L'an dernier 67% des victimes d'attaques terroristes se trouvaient au Burkina Faso». «Là, les chrétiens souffrent parce qu'ils sont minoritaires, moins de 25% de la population, mais particulièrement visés par les attentats. Un autre pays critique est certainement le Nigeria: depuis une quinzaine d'années, on assiste à des actions de plus en plus odieuses de la part de Boko Haram dans le nord du pays, à majorité islamique, mais depuis 6-7 ans, le phénomène des attaques des bergers peuls s'est également accentué, agissant principalement dans les États du centre et s'étendant également au sud». Marta Petrosillo mentionne ensuite la violence dans la province de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, et les conséquences désastreuses du conflit au Soudan. «La porosité des frontières entre un pays et un autre, conduit à une extension de la portée des mouvements djihadistes», affirme-t-elle, évoquant les situations difficiles au Niger, au Mali et en République démocratique du Congo.

    La situation en Syrie

    Marta Petrosillo analyse ensuite la souffrance des chrétiens au Proche-Orient. En commençant par la Syrie, après la fin de l'ère Assad. «Dans certains cas, il y a un optimisme prudent, il y a eu des rencontres entre les nouveaux dirigeants et les évêques locaux», explique-t-elle. Cependant, «il est clair qu'il y a des craintes que l'instabilité ne conduise à une limitation de la liberté des chrétiens». Ces craintes sont liées aux expériences du passé récent. «La Syrie est un pays qui sort de nombreuses années de guerre, et qui a vu sa population chrétienne décimée: si en 2012 il y avait un million et demi de chrétiens, ils sont aujourd'hui à peine 250 000; à Alep, autrefois bastion du christianisme, de 200 à 250 000 chrétiens, la communauté a été réduite à seulement 30 000».

    Les chrétiens de Gaza

    L'AED se tient aux côtés des chrétiens dans tout le Proche-Orient: de ceux qui sont retournés dans la plaine de Ninive après la sombre période d'occupation par l'autoproclamé État islamique (EI), aux communautés tourmentées de Palestine et du Liban. «Pour la Palestine, la plupart des fonds ont été alloués ces derniers mois à la bande de Gaza, où vivent environ un millier de chrétiens, dont beaucoup sont réfugiés dans la paroisse catholique de la Sainte Famille et dans l'église grecque orthodoxe», explique Marta Petrosillo. En outre, à Jérusalem-Est et en Palestine, la crise économique «exacerbée par la guerre et la diminution des revenus du tourisme» est particulièrement ressentie. En ce qui concerne le Liban, «qui était avec la Jordanie l'un des deux points fixes de la région et une plaque tournante importante pour l'aide aux pays en difficulté comme la Syrie et l'Irak », elle souligne que l'escalade du conflit «a transformé la grave crise politique et économique en une véritable situation d'urgence».

    Pakistan, la loi sur le blasphème

    En élargissant son regard au reste du monde, le responsable du rapport de l’AED sur la liberté religieuse ne manque pas de souligner les problèmes critiques auxquels sont confrontés les chrétiens au Pakistan. «La loi sur le blasphème continue d'être un problème et il y a encore des condamnations à mort», note Marta Petrosillo, citant le cas de la condamnation à mort de Shagufta Kiran, une chrétienne pakistanaise de 40 ans. «Mais l'une des implications les plus frappantes, concerne les incidents qui font suite à des accusations de blasphème, lorsque les auteurs présumés sont lynchés et des quartiers entiers détruits, comme dans le cas de Sargodha en mai dernier». «Un autre problème qui touche la communauté chrétienne est celui des enlèvements, des conversions et des mariages forcés de femmes, souvent des adolescentes. Il s'agit malheureusement d'un fléau, d'un phénomène qui ne s'arrête pas et qui voit les familles des victimes souvent laissées seules et impuissantes face à un système judiciaire qui n'assure pas la justice». Même en Inde, ajoute-t-elle, «les attaques contre les chrétiens par des extrémistes hindous sont nombreuses. En Asie, la répression de la liberté religieuse des communautés chrétiennes dans des régimes autoritaires comme la Corée du Nord est préoccupante».

    L'Amérique latine

    Enfin, l'Amérique latine est marquée par la violence contre les religieux en raison de la criminalité généralisée au Mexique; et le Nicaragua reste la principale source de préoccupation en raison d'une «escalade négative» attestée par la fermeture de nombreuses ONG et entités liées à l'Église catholique.

  • Reconnaissance du martyre d'Eduard Profittlich, évêque missionnaire tué en haine de la foi dans les camps de détention soviétiques

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    VATICAN - Reconnaissance du martyre d'Eduard Profittlich, évêque missionnaire tué dans l'odium fidei dans les camps de détention soviétiques

    18 décembre 2024
     

    Cité du Vatican (Agence Fides) - Des pas en avant vers la béatification d'Eduard Profittlich, missionnaire jésuite d'origine allemande, archevêque titulaire d'Adrianople, mort dans le camp de détention soviétique de Kirov en 1942.

    Ce matin, le Pape François a donné son feu vert à la promulgation du décret concernant son martyre, qui a eu lieu le 22 février 1942 ex aerumnis carceris, c'est-à-dire pour « les souffrances de la prison ».

    Né le 11 septembre 1890 à Birresdorf, en Allemagne, de parents paysans, il grandit dans une famille nombreuse. Après des études classiques, il entre au séminaire de Trèves en 1912, mais l'année suivante, attiré par la spiritualité de la Compagnie de Jésus, il est admis au noviciat jésuite de Heerenberg, en Hollande. Quelques années plus tard, son frère aîné Pierre meurt au Brésil alors qu'il est missionnaire.

    Au début de la Première Guerre mondiale, il est rappelé dans l'armée allemande et affecté au service médical. Après la guerre, il reprend ses études de philosophie et de théologie et devient prêtre le 27 août 1922. Après avoir obtenu un doctorat en philosophie et en théologie à l'université Jagiellonian de Cracovie, il a été envoyé en Estonie dans le cadre de la mission orientale de la Compagnie de Jésus et la paroisse des Saints Apôtres Pierre et Paul à Tallinn a été confiée à ses soins pastoraux.

    Le 11 mai 1931, Pie XI le nomme administrateur apostolique de l'Estonie. Dans son activité ministérielle, il s'emploie à reconstituer la communauté catholique estonienne, alors peu nombreuse. Il élabore un plan pastoral, améliore la formation du clergé local, crée de nouvelles paroisses et invite des prêtres, des religieux et des religieuses de Pologne et de Tchécoslovaquie à travailler à l'évangélisation de l'Estonie. En novembre 1936, Pie XI le nomme archevêque et lui confie le siège d'Adrianople.

    Avec l'invasion soviétique de l'Estonie en juin 1940, presque tous les prêtres sont arrêtés. Lui, qui aurait pu rentrer chez lui, choisit de rester en Estonie avec ses fidèles. Le 27 juin 1941, il est arrêté et déporté à Kirpov en Russie, sous l'accusation d'agitation antisoviétique et d'assistance à des ecclésiastiques catholiques à l'étranger. Dans le camp, il est soumis à de multiples tortures auxquelles il répond en déclarant que sa seule mission a été l'éducation religieuse des fidèles qui lui ont été confiés. Condamné à mort, il meurt avant l'exécution de sa sentence des suites des souffrances de la détention, le 22 février 1942.

    Des procès-verbaux des interrogatoires auxquels il a été soumis, sa foi ressort clairement. Son martyre matériel n'a été connu que de nombreuses années après sa mort tragique, à la suite de la chute du régime soviétique.

    Le 30 janvier 2002, la Conférence des évêques catholiques de la Fédération de Russie a lancé la cause de béatification. Le 30 mai 2003, la Congrégation pour les causes des saints a accordé le « nihil obstat » pour la cause sous le titre « Causa Beatificationis seu Declarationis Martyrii Servorum Dei Eduardi Profittlich Archiepiscopi titularis Hadrianopolitani in Haemimonto Administratoris Apostolici Estoniensis, ex Societate Iesu et XV Sociorum ». Des procédures ecclésiastiques ont été ouvertes à Saint-Pétersbourg. (FB) (Agence Fides 18/12/2024)

  • La sainteté des carmélites de Compiègne guillotinées en 1794 est reconnue

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    Les martyrs de Compiègne de la Révolution française canonisés après avoir « marché ensemble »

    De Xavier Sartre sur Vatican News :

    Les carmélites de Compiègne, guillotinées en 1794, sont saintes

    Les carmélites déchaussées de Compiègne, guillotinées en 1794 en pleine Terreur pendant la Révolution française, sont saintes. Le Pape François a signé ce mercredi matin le décret reconnaissant leur canonisation équipollente. Deux autres religieux seront béatifiés après la reconnaissance de leur martyre pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Elles sont devenues le symbole de la haine antireligieuse qui a sévi en France pendant la Révolution et des excès de la Terreur. Les carmélites déchaussées de Compiègne sont maintenant saintes. Le Pape a décidé d’étendre à l’Église universelle le culte de la bienheureuse Thérèse de Saint-Augustin et de ses quinze compagnes de l’ordre des Carmélites déchaussées de Compiègne, martyres, tuées en haine de la foi le 17 juillet 1794 à Paris. Elles sont désormais inscrites au martyrologe romain. En d’autres termes, il s’agit d’une canonisation équipollente, c’est-à-dire qu’aucun miracle n’a été nécessaire pour qu’elles deviennent saintes. Ce fut déjà le cas pour leur béatification en 1906 par le Pape saint Pie X.

    À Rome ce mercredi, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort qui avait présenté au Pape en 2021 la demande d'une poursuite de leur processus de canonisation au nom des évêques des France, se réjouit de la canonisation équipollente de ces figures importantes de l'histoire de France, magnifiées par Georges Bernanos ou Francis Poulenc.

    La réaction de Mgr Éric de Moulins Beaufort, président de la Conférence des évêques de France :
    «Les carmélites de Compiègne sont de belles figures de la liberté chrétienne à vivre jusqu'au bout dans différentes circonstances historiques, a-t-il confié à Radio Vatican-Vatican News. Pour ma part, j'espère que cette canonisation contribuera un peu à un apaisement de notre mémoire française qui doit assumer des violences qui ont été dans notre histoire et qui font parties de celle-ci, mais à travers lesquelles des témoignages de foi, d'espérance et de charité ont été données, qui font aussi parties de la beauté de l'histoire française».

    Victimes de la Terreur

    Contraintes de quitter leur monastère le 14 septembre 1792, en pleine vague anticléricale, elles trouvent refuge dans des localités différentes et doivent revêtir des habits civils, le port des habits religieux étant interdits par les nouvelles autorités. Peu après, mère Thérèse de Saint-Augustin propose aux sœurs de sa communauté d’offrir leur vie pour le salut de la France. Le 27 novembre de la même année, elles récitent un «acte de don de soi» écrit par la prieure, plus tard complété par une intention pour que les exécutions au moyen de la guillotine et pour la libération des personnes incarcérées.

    Avec l’entrée en vigueur de la Terreur, les carmélites sont dans le viseur des révolutionnaires. Leurs logements sont perquisitionnés le 21 juin 1794, elles sont arrêtées le lendemain, accusées de poursuivre leur vie consacrée et de sympathie pour la monarchie. Le 12 juillet elles sont transférées à la prison de la Conciergerie. Le 16, elles célèbrent la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, élevant des hymnes de joie et profitent de ces quelques jours d’incarcération pour reprendre leur vie communautaire. Elles sont jugées le 17 et exécutées le même jour sur le site de l’actuelle place de la Nation.

    Sur le trajet les menant à l’échafaud, et alors qu’elles montent les unes après les autres les marches vers la guillotine, elles chantent des psaumes, entonnent le Veni creator renouvelant leurs vœux à la prière avant d’être décapitées. Leur dignité et leur dévotion lors de leur exécution imposa le silence à la foule impressionnée.

    Deux nouveaux bienheureux

    Au cours de son entretien avec le cardinal Marcello Semeraro, préfet du dicastère des Causes des saints, le Pape a autorisé la promulgation de plusieurs autres décrets. Le martyre du serviteur de Dieu Eduard Profittlich, jésuite, administrateur apostolique d’Estonie, mort en 1942 dans une prison soviétique a ainsi été reconnu. Autre martyr tué pendant la Seconde Guerre mondiale, le serviteur de Dieu Elia Comini, prêtre de Saint-François-de-Sales, tué en haine de la foi par les nazis en 1944 en Italie. La date de leur béatification sera communiquée plus tard. Par ailleurs, les vertus héroïques des serviteurs de Dieu Áron Márton, évêque d’Alba Iulia en Roumanie, mort en 1980, Giuseppe Maria Leone, prêtre italien mort en 1902, et Pierre Goursat, fidèle laïc français, fondateur de la communauté de l’Emmanuel, mort en 1991, ont été reconnues. Ils deviennent ainsi vénérables.

  • Sur KTO : Bienheureuses - La Véritable histoire des Carmélites martyres de Compiègne

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    De KTO TV :

    Bienheureuses - La Véritable histoire des Carmélites martyres de Compiègne

    17/07/2024

    Ce documentaire, s’appuyant sur les travaux récents de la recherche historique, propose de raconter la véritable histoire des Carmélites de Compiègne et de montrer l’écho actuel de leur offrande. Car ces religieuses, avant de monter à l’échafaud, ont prié et obtenu du Seigneur, la fin de la Terreur. Le film suit le travail de la petite équipe carmélitaine qui oeuvre à la cause de canonisation, et offre des témoignages de personnes touchées par les Bienheureuses. Une coproduction KTO/DE GRAND MATIN 2024 - Réalisée par François Lespés

  • Les bienheureux 17 martyrs du Laos (16 décembre) victimes des communistes, en haine de la foi

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    Les Bienheureux Martyrs du Laos (fêtés le 16 décembre) - Site perso du P.  David Journault

    D'Evangile au Quotidien :

    Fête Le 16 Décembre

    BBx 17 Martyrs du Laos
    (6 prêtres, 6 religieux, 5 laïcs)
    († entre 1954 et 1970) 

    En 2008, le diocèse de Nantes ouvrait un procès en béatification pour 10 prêtres et 5 laïcs, tués en haine de la foi au Laos entre 1954 et 1970. Ces prêtres appartenaient aux Missions étrangères de Paris (MEP) et aux Oblats de Marie Immaculée (OMI). Deux ans plus tard, le diocèse de Nantes transmettait ce dossier à Rome.

    À ces 15 martyrs, il faut ajouter le missionnaire italien Mario Borzaga et son catéchiste hmong, Paul Thoj Xyooj, tués eux aussi en haine de la foi au Laos en 1960. Leur procès diocésain, instruit en Italie, a également abouti.

    Après cinq ans d’attente, Rome a promulgué, le 6 juin 2015, les décrets relatifs au martyre de 17 chrétiens assassinés, exécutés ou morts d’épuisement, dans le contexte de la guérilla communiste déterminée à éliminer tout ce qui était étranger et chrétien.

    Ces 17 martyrs ont été béatifiés, en un seul groupe, à Vientiane, capitale du Laos, le 11 décembre 2016. Cette célébration a été présidée par le cardinal philippin Orlando Quevedo, oblat de Marie Immaculée (OMI) et archevêque de Cotabato, envoyé au Laos comme représentant personnel du pape François (Jorge Mario Bergoglio, 2013-).

    La mémoire commune correspond au jour du martyre du père Jean Wauthier, OMI, né le 22.3.1926 à Fourmies (59), mort le 16.12.1967 à Ban Na (Xieng Khouang), vicariat de Vientiane. 
    La mémoire individuelle est celle du jour du martyre (dies natalis) de chacun. 

    LISTE DES 17 MARTYRS DU LAOS  

  • Le Père Delp, résistant face au nazisme, a vécu l'un des Avents les plus profonds de tous les temps

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    De Jonah McKeown sur le CWR :

    Le résistant au nazisme qui a vécu l'un des avents les plus profonds de tous les temps

    Une photo non datée du père Alfred Delp, exécuté par les nazis alors qu'il se trouvait dans un camp de prisonniers le 2 février 1945. (photo : domaine public)
    Dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, au cœur de l'Allemagne nazie, un prêtre catholique priait dans une cellule de prison, en attendant son procès et probablement sa condamnation à mort. Les accusations portées contre lui étaient fausses et son procès, qui commença peu après Noël, se révéla être une mascarade.

    Comme on pouvait s’y attendre, tout cela a contribué à un Avent plutôt calme pour le père Alfred Delp, un jésuite allemand dont les méditations sur l’Avent, écrites en prison et publiées après sa mort, continuent d’inspirer les lecteurs. (« Méditations en prison du père Delp » a été publiée après sa mort).

    Le jeune prêtre fut exécuté en février suivant, en 1945.

    Avant même son calvaire en prison, Delp avait prêché et écrit abondamment sur l’Avent, exhortant même ses ouailles à dire que « toute la vie est l’Avent » – un état constant d’attente, de voyage et de désir de quelque chose de plus grand. Les chrétiens, a déclaré Delp, devraient se préparer activement aux réalités célestes à venir.

    « Attendre avec foi la fécondité de la terre silencieuse et l’abondance de la moisson à venir, c’est comprendre le monde – et même ce monde – pendant l’Avent », écrira-t-il plus tard depuis sa cellule de prison.

    Delp est né à Mannheim, en Allemagne, le 15 septembre 1907. Il a été baptisé catholique mais a été élevé dans une famille luthérienne. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 a vu son père être mobilisé, ce qui a façonné la vision du jeune Delp sur la violence et la fragilité de la vie humaine.

    À l'âge de 14 ans, Delp décide de quitter l'Église luthérienne et de recevoir les sacrements catholiques. L'Allemagne d'après-guerre est en pleine tourmente, ce qui crée un terrain fertile pour l'émergence d'idéologies extrémistes comme le nazisme.

    Adolf Hitler fut nommé chancelier d'Allemagne au début de l'année 1933 et, à l'été 1934, le parti nazi était le seul parti politique officiellement reconnu du pays. À mesure que le nazisme prenait de l'ampleur, la liberté de religion fut mise à mal, la liberté d'expression fut réprimée et de nombreux groupes, notamment les Juifs, furent persécutés.

    Delp entra dans la Compagnie de Jésus en 1926 et fut ordonné prêtre en 1937, deux ans seulement avant l'invasion nazie de la Pologne, qui déclencha la Seconde Guerre mondiale en Europe. En tant que prêtre, Delp se trouva de plus en plus en danger, mais il utilisa ses sermons et ses écrits pour continuer à résister à l'idéologie et au régime nazis, déformant même habilement les mots de la propagande nazie contre eux en subvertissant le langage de l'oppression.

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  • Le Nicaragua est devenu une dictature anti-chrétienne

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    De l'ECLJ :

    Le Nicaragua est devenu une dictature anti-chrétienne.

    Depuis 2018, le président Daniel Ortega a instauré un régime répressif de plus en plus intraitable. Les opposants politiques au gouvernement sandiniste sont réduits au silence, jetés en prison ou expulsés, déchus de leur nationalité, tandis que des centaines de milliers de Nicaraguayens ont fui le pays.

    Les catholiques, et le clergé en particulier, sont devenus des cibles privilégiées du régime.

    Le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), qui agit depuis plus de 25 ans auprès des institutions internationales pour défendre et promouvoir la liberté religieuse dans le monde, publie aujourd’hui un rapport dénonçant La persécution des chrétiens au Nicaragua:

    La persécution des chrétiens au Nicaragua 

    Ce nouveau rapport expose objectivement cette persécution, qualifiée de “crime contre l’humanité” par des experts des Nations unies.

    ­Lire le rapport complet:

    "La persécution des chrétiens au Nicaragua"

    Une guerre culturelle et spirituelle contre les chrétiens

    Plus de 870 attaques contre l’Église catholique ont été recensées depuis 2018. Ces actions comprennent des agressions physiques, des fermetures forcées de lieux de culte, des détentions arbitraires de membres du clergé et des confiscations de propriétés religieuses.

    Le cas de Monseigneur Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa, illustre la violence du régime. Emprisonné en août 2022, il a été condamné à 26 ans de prison après avoir refusé l’exil. Libéré en janvier 2024, il est déchu de sa nationalité et expulsé au Vatican, après 17 mois de détention. Il demeure une figure de la résistance chrétienne face à l’oppression. Plus de 245 membres du clergé ont déjà été exilés, tandis que d’autres sont détenus arbitrairement dans les prisons, privant les fidèles de leurs pasteurs.

    En plus de la violence physique, le régime d’Ortega mène une guerre culturelle et spirituelle. 

    En août 2023, l’Université d’Amérique centrale, dirigée par les Jésuites, a été confisquée par le gouvernement, tout comme le monastère Santa María de la Paz. Les manifestations religieuses, comme les processions de la Semaine Sainte, ont été massivement interdites. 

    Entre 2022 et 2024, plus de 5 000 processions ont été annulées par les autorités, marquant la volonté du gouvernement d’effacer les traditions chrétiennes du paysage national. Les malades et les mourants ne sont pas épargnés: interdiction est faite aux prêtres d’administrer les sacrements dans les hôpitaux.

    Des associations caritatives internationales, comme Caritas International, l’Agence catholique pour le développement d’outre-mer, ou encore Christian Aid et Compassion International, ont été dissoutes et interdites par le gouvernement, privant ainsi les Nicaraguayens de l’aide humanitaire qu’elles offraient. 

    La liberté de la presse n’est pas en reste: au moins 54 médias, dont 22 médias chrétiens, ont été censurés et environ 280 journalistes sont actuellement exilés, etc.

    L’urgence d’agir au soutien des chrétiens persécutés du Nicaragua

    Cette persécution s’inscrit dans une stratégie de propagande soigneusement orchestrée par le régime Ortega pour affaiblir l’Église et porter atteinte à sa réputation. Les autorités multiplient les discours qualifiant les prêtres et les évêques de « putschistes » ou d’ennemis de l’État, pour présenter l’Église comme une menace pour la sécurité nationale. Ces accusations s’accompagnent de campagnes de diffamation publique créant un climat de haine.

    Le rapport de l’ECLJ met en évidence la relative inaction de la communauté internationale face à cette crise. Bien que des sanctions ciblées aient été imposées par les États-Unis et l’Union européenne, leur impact reste limité. Pendant ce temps, le Nicaragua renforce ses alliances avec la Russie et la Chine, contournant les pressions occidentales tout en intensifiant sa répression interne. En même temps, le Nicaragua exerce une pression migratoire sur les États-Unis, en facilitant le transit des migrants contre le paiement de taxes qui viennent enrichir le régime.

    Nous ne pouvons rester silencieux face à cette persécution contre les chrétiens par un régime de plus en plus dictatorial. Il faut faire connaître et dénoncer ces atteintes, puis agir auprès des instances internationales pour que le régime en place au Nicaragua ressente la pression internationale. C’est ce que l’ECLJ s’engage à faire aujourd’hui.

    Il faut imposer des sanctions efficaces, offrir une protection accrue aux exilés et engager des poursuites judiciaires contre les responsables de ces crimes. Il est également essentiel de fournir un soutien humanitaire direct aux communautés chrétiennes, qui incarnent une résistance courageuse face à la dictature et aux persécutions.

    Il faut aussi prier. Prier pour l’Église qui souffre de tant de persécutions dans le monde, alors qu’elle veut seulement aimer Dieu et son prochain.

    Nous ne pouvons pas nous résigner à tant de persécutions.

    Pour cela nous vous invitons à lire et partager ce rapport et à signer notre pétition contre la persécution des chrétiens pour soutenir notre action institutionnelle.

  • Nicaragua : d'ici la fin de l'année, toutes les religieuses devront quitter le pays

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AMÉRIQUE/NICARAGUA - D'ici la fin de l'année, toutes les religieuses devront quitter le pays

    11 décembre 2024
     


    Il s'agit de la dernière mesure punitive à l'égard des réalités ecclésiales prise par le gouvernement du président Daniel Ortega qui avait expulsé Carlos Enrique Herrera Gutiérrez, évêque de Jinotega et président de la Conférence épiscopale du Nicaragua, dans la soirée du 13 novembre (voir Fides 16/11/2024).

    « Les religieuses avaient déjà vu leurs organisations à but non lucratif bloquées (voir Fides 18/1/2024). Maintenant, tous leurs biens seront confisqués et la plupart d'entre elles ont déjà quitté le Nicaragua », rapporte l'avocate nicaraguayenne Martha Patricia Molina depuis son exil au Texas.

    En novembre, trois autres prêtres ont été interdits d'entrée dans le pays. Il s'agit du père Asdrúbal Zeledón Ruiz, du diocèse de Jinotega, et du père Floriano Ceferino Vargas, qui s'est exilé au Panama après avoir été enlevé par des agents de l'appareil à l'issue d'une messe célébrée dans l'église San Martín du diocèse de Bluefields, suffragant de l'archidiocèse de Managua.

    « La Providence aimante du Seigneur est l'unique guide sûr », avait écrit le Pape François dans un message adressé au peuple de Dieu en pèlerinage au Nicaragua à l'occasion de la célébration de la neuvaine de l'Immaculée Conception (voir Fides 2/12/2024). « C'est précisément dans les moments les plus difficiles, quand il est humainement impossible de comprendre ce que Dieu attend de nous, que nous sommes appelés à ne pas douter de sa sollicitude et de sa miséricorde. La confiance filiale que vous avez en Lui et votre fidélité à l'Église sont les deux grands phares qui illuminent votre existence », a conclu le pape dans la missive adressée aux Nicaraguayens.

    Selon les estimations du rapport préparé par le Molino « Nicaragua ¿Una Iglesia perseguida ? », depuis avril 2018, plus de 250 religieux ont été expulsés, bannis ou contraints à l'exil en raison du blocus migratoire.

    (AP) (Agence Fides 11/12/2024)

  • En Inde, les chrétiens n’ont pas le droit de vivre dans leurs villages à moins qu’ils ne renoncent à leur foi

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    De Thomas Edwards sur le Catholic Herald :

    Les chrétiens bannis des villages du Chhattisgarh, en Inde, alors que l'hostilité religieuse augmente dans l'État

    10 décembre 2024

    En Inde, les chrétiens n’ont pas le droit de vivre dans leurs villages à moins qu’ils ne renoncent à leur foi.

    Selon  des informations locales , huit conseils de village du district de Sukma, dans l'État du Chhattisgarh, ont adopté des résolutions interdisant aux chrétiens de vivre dans les villages, menaçant de piller leurs biens s'ils ne s'y conformaient pas. Environ 100 chrétiens seraient concernés par la résolution conjointe adoptée le 17 novembre par les conseils de village du district de Sukma.

    Cette mesure est en contradiction directe avec la Constitution indienne, qui stipule dans son article 25 que « toutes les personnes ont le droit à la liberté de conscience et le droit de professer, de pratiquer et de propager librement leur religion ». Cependant, un dirigeant local d'un des villages a affirmé que l'autorité des conseils de village l'emporte sur la Constitution indienne, ce qui permet aux expulsions forcées de se poursuivre.

    De nombreux chrétiens touchés cherchent désormais un refuge temporaire dans une église de Michwar, l’un des villages concernés.

    Cet incident s’inscrit dans un environnement religieux de plus en plus hostile au sein de l’État, souvent centré sur les chrétiens des communautés rurales qui risquent de se voir confisquer leurs terres.

    En juin de cette année, des familles chrétiennes  ont été attaquées  dans le district de Jagdalpur, au Chhattisgarh, et ont reçu l'ordre de se convertir à l'hindouisme ou de quitter leur village. Plus tard dans le mois, une chrétienne a été  tuée à coups de machette  par ses proches dans la région sud de l'État. L'attaque s'est produite après que la femme a tenté de cultiver des terres que ses proches prétendaient ne plus lui appartenir en raison de sa conversion au christianisme.

    En octobre, une  foule a attaqué 14 chrétiens  dans le district de Dantewada, dans le sud du Chhattisgarh, alors qu'ils venaient de récolter des récoltes dans une ferme communautaire. L'attaque aurait eu lieu sous les yeux des policiers locaux.

    La  loi sur la liberté de religion du Chhattisgarh de 1968  a été critiquée pour son utilisation abusive contre les communautés minoritaires, en particulier les chrétiens. Bien que la loi soit censée lutter contre les « conversions forcées », on pense souvent qu’elle vise à limiter les activités des groupes chrétiens.

    En 2006, le parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), connu pour ses tendances nationalistes hindoues et dont le Premier ministre Narendra Modi est membre, a renforcé la sévérité des sanctions pour les prétendues « conversions forcées » prévues par la loi. En février 2024, le gouvernement de l'État a annoncé un nouvel amendement à la loi pour introduire des mesures plus strictes.

    Le christianisme est depuis longtemps adopté par les personnes en marge de la société indienne. Le système des castes, une hiérarchie sociale souvent associée à l’hindouisme, divise les communautés et expose certaines d’entre elles à la discrimination et à la persécution. Les Dalits (autrefois appelés « intouchables ») et les Adivasis (communautés tribales indigènes) sont considérés comme des « castes inférieures » et constituent la majorité des chrétiens en Inde. Leur acceptation du christianisme leur permet d’échapper à l’exclusion sociale dont ils sont victimes au sein de la communauté hindoue.

    Le Forum chrétien uni, qui défend les droits des chrétiens et des autres minorités religieuses en Inde,  a reçu  673 signalements d'incidents via sa ligne d'assistance en octobre de cette année. Le Chhattisgarh est le deuxième État le plus touché après l'Uttar Pradesh, avec 139 incidents.