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Persécutions antichrétiennes - Page 10

  • La foi simple et forte d'un jeune Pakistanais

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    PAKISTAN - Sacrifier sa vie pour sauver celle des autres : la foi simple et forte du jeune Akash

    21 mars 2023

    "Nous n'avons pas besoin et nous ne voulons pas de guerre civile. Nous, chrétiens, sommes des hommes de paix. Ne laissons pas la douleur obscurcir notre regard : que ce soit toujours le regard du Christ et de son Évangile. Quel avenir voulons-nous construire pour le Pakistan ? Un avenir d'harmonie et de réconciliation". Tels sont les mots de l'Archevêque de Lahore, Son Exc. Mgr Sebastian Shaw, rapportés par l'Agence Fides, avec lesquels il s'est adressé à la foule de plus de 10 000 fidèles participant, le 17 mars 2015, aux funérailles des victimes de l'attentat contre l'église catholique Saint John et l'église protestante Christ Church à Youhanabad, une banlieue chrétienne de la périphérie de Lahore. Le double attentat, commis le dimanche 15 mars, avait fait 15 morts et plus de 80 blessés, dont certains sont décédés dans les jours qui ont suivi.

    Parmi les victimes de l'attentat contre l'église Saint John, un jeune catholique pakistanais, Akash Bashir, est devenu le premier "Serviteur de Dieu" de l'histoire de l'Église du Pakistan, le 31 janvier 2022. Ce jeune homme de 20 ans faisait partie des volontaires chargés d'assurer la sécurité des fidèles à l'extérieur de l'église, compte tenu de la situation extrêmement tendue et de la succession d'attaques et de menaces à l'encontre des communautés chrétiennes. Akash avait assumé cette tâche avec un grand sens des responsabilités, et n'avait pas hésité à sacrifier sa vie pour sauver celle de centaines de personnes qui priaient à l'intérieur de l'église à ce moment-là : pour arrêter un terroriste kamikaze, il est mort avec lui.

    Un geste qui n'est certainement pas attribuable à l'impulsion du moment, fruit et expression d'une foi simple, mûre et caractérisée par le témoignage, comme le souligne le père Pierluigi Cameroni, sdb, postulateur général : « Akash a vécu un engagement concret à partir de la foi pour faire croître la paix, la coexistence, la justice et la miséricorde, et étendre ainsi le Royaume de Dieu dans le monde. Dans le silence et l'anonymat, il a vécu pleinement l'Évangile, en vivant le présent avec dévouement et générosité ».

    Né à Risalpur, au Pakistan, le 22 juin 1994, Akash était un enfant très fragile qui a à peine survécu à un climat défavorable, à la pauvreté de sa famille et à une mauvaise alimentation. Ces facteurs ont probablement influencé son développement : ce n'est qu'à l'âge de quatre ans qu'il a appris à marcher et à parler, et il a traîné un problème de bégaiement jusqu'à la préadolescence. Au lieu de l'abattre, ces difficultés ont contribué à renforcer son caractère. À Risalpur, Akash a reçu les sacrements du baptême, de la première communion et de la confirmation à l'église St. La proximité de Risalpur avec l'Afghanistan et la multiplication des attentats terroristes en 2007 ont poussé les parents d'Akash à émigrer vers l'est du Pakistan, au Pendjab, plus précisément à Lahore, dans le district de Youhanabad, près de la famille de la mère d'Akash. Le père d'Akash y a trouvé un emploi de peintre et, en 2008, toute la famille a été réunie à Lahore.

    "À Lahore, explique le père Cameroni, Akash a fréquenté la St. Dominic High School pendant un an, à partir du 25 septembre 2008. Il a ensuite abandonné l'école en raison de ses mauvais résultats scolaires, puis s'est inscrit au RCCM - Community Boys Middle School - et enfin, en septembre 2010, au Don Bosco Technical and Youth Centre, fondé en 2000 pour accueillir les élèves rejetés par les écoles traditionnelles. Akash a fréquenté l'institut jusqu'au 24 février 2011, mais n'a pas réussi l'examen de promotion. Les Salésiens du district de Youhanabad gèrent un internat pour les enfants et les jeunes, une école primaire, une école technique, des ateliers pour les jeunes femmes et un cours du soir. Les Salésiens ont fondé leur première mission au Pakistan dans la ville de Quetta en 1998, et une autre à Lahore l'année suivante".

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  • Nicaragua : fermeture de la Nonciature

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    De Settimana News :

    Nicaragua : fermeture de la nonciature

    19 mars 2023

    Après avoir expulsé le nonce il y a un an, le régime nicaraguayen dirigé par Ortega a suspendu la semaine dernière ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège - sans rien préciser à ce sujet. À la suite de cette décision, le Vatican a retiré le chargé d'affaires Mgr Diouf, qui était resté au Nicaragua pour s'occuper des affaires courantes. Depuis un an, la représentation diplomatique du Saint-Siège avait été confiée à l'ambassade d'Italie, comme il est d'usage dans les relations internationales dans des cas similaires.

    La suspension des relations diplomatiques est la dernière étape en date d'une tension croissante entre M. Ortega et l'Église catholique. Elle fait suite aux propos du pape François qui, dans une interview, a qualifié le gouvernement qui dirige le Nicaragua de dictature.

    Lors d'une brève cérémonie d'adieu, l'ambassadeur d'Allemagne au Nicaragua a déclaré que "les représentants diplomatiques de l'Union européenne au Nicaragua défendront toujours, avec l'Église catholique, les valeurs chrétiennes de liberté, de tolérance et de dignité humaine".

    Entre-temps, on est sans nouvelles de Mgr Alvarez qui, après sa condamnation à 26 ans de prison, se trouve dans la prison politique de La Modelo. Le groupe d'opposition Unité Nationale a demandé au régime Ortega des "preuves que Mgr Alvarez est toujours en vie".

    L'inquiétude pour l'évêque de Matgalpa s'est accrue après la déclaration dans laquelle Ortega a qualifié Mgr Alvarez d'"homme dérangé qui doit être soigné".

  • Des vagues d'attaques forcent les autochtones catholiques à fuir dans le centre du Nigeria

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    D'acistampa :

    Des vagues d'attaques forcent les autochtones catholiques à fuir dans le centre du Nigeria

    18 mars 2023

    L'élection présidentielle controversée du 25 février fait toujours la une des journaux au Nigeria. Pendant ce temps, les récents raids terroristes à Benue, un État majoritairement catholique du centre-nord du Nigeria, ne sont guère mentionnés.

    Selon Mike Uba, président du comté de Guma, adjacent à la capitale de l'État, Makurdi, six comtés de l'État de la ceinture moyenne ont subi des attaques meurtrières de la part de militants peuls depuis les élections. Les comtés concernés sont situés aux frontières nord et sud de l'État.

    L'une des attaques les plus récentes, le 7 mars, a coûté la vie à au moins 20 habitants du village de Tse Jor après qu'une quarantaine d'assaillants armés de machettes sont arrivés à moto et ont battu des hommes, des femmes et des enfants sans défense pendant au moins deux heures. Helen Tikyaa. Une travailleuse humanitaire employée par le diocèse catholique de Makurdi a déclaré à CNA. Tikyaa a déclaré qu'elle s'était rendue au village pendant l'attaque, mais qu'elle n'avait pas osé entrer avant que les tueurs ne soient partis.

    Les femmes et les enfants de Tse Jor et des villages environnants continuent d'affluer vers les camps de personnes déplacées à Naka, à 20 miles à l'ouest de Makurdi, a déclaré Tikyaa.

    Paul Hemba, le conseiller en sécurité du gouverneur de Benue, a déclaré à CNA que les tueurs avaient probablement évité d'utiliser des fusils lors de ce raid pour ne pas alerter l'armée, qui a une base à environ sept miles au sud de Tse Jor.

    Le père Remigius Ihyula, un prêtre qui administre l'aide à Makurdi, a déclaré que l'attaque de la communauté de Tse Jor a pris les citoyens et les autorités au dépourvu.

    "C'était la première fois que la communauté était témoin d'une telle violence depuis le début des tueries en 2001, et les attaquants sont venus sans avertissement", a déclaré Ihyula à CNA dans un message texte. "Le motif ne peut être que le terrorisme et le désir d'infliger des souffrances et de disperser les populations pour occuper des zones désertes.

    Les attaques ont continué à 62 miles à l'est de Tse Jor le 7 mars, selon le père William Shom, pasteur d'une église à Yelewata, dans le comté de Guma. Une attaque de terroristes peuls, arrivés en grand nombre à Yelewata ce soir-là, a fait sept morts. Les terroristes ont également brûlé 27 maisons, a déclaré Shom dans un message texte envoyé à CNA.

    "Avec l'attaque de Tse Jor le 7 mars, il y a maintenant huit villages près de Naka qui ont été dépeuplés et occupés par des tribus musulmanes, dont les milices constituent les groupes d'extermination", a déclaré Tikyaa à CNA. "De nombreux enfants présentent des signes de malnutrition. Le gouvernement de l'État ne livre des rations qu'une fois par mois, et lorsque la nourriture vient à manquer, les habitants des camps tentent de gagner de l'argent en travaillant ou en mendiant dans les rues de Naka", rapporte encore CNA.

  • Hongrie : pas de visite prévue du pape sur la tombe du cardinal Mindszenty

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    Lu sur Il Sismografo :

    Hongrie

    La non-visite de François sur la tombe du Card. József Mindszenty (Esztergon-Budapest) est triste pour les catholiques hongrois et pas seulement.

    L'affaire du vénérable primat hongrois est une blessure dans la vie de l'Église et sa béatification avance lentement. Le cardinal József Mindszenty, arrêté et torturé par le gouvernement communiste de l'époque il y a 75 ans, s'est finalement auto-accusé en ajoutant deux lettres sous sa signature : C.F. [coactus feci, c'est-à-dire : je l'ai fait parce qu'on m'y a forcé]). Il y a cinquante ans, le pape Paul VI déclara le siège d'Esztergom-Budapest vacant, Mindszenty ayant refusé d'y renoncer.

    Officiellement, dans le programme de la visite du Saint-Père en Hongrie du 28 au 30 avril prochain, Pèlerinage Apostolique n° 41, il n'est pas question d'une éventuelle visite à la tombe de József Mindszenty, qui se trouve dans la ville archiépiscopale d'Esztergom, à environ 60 km de Budapest. Il s'agit d'une absence significative, d'un vide douloureux pour tous, qui réveille une blessure.

    Les visites du pape François

    Dans le cas de la première visite de François en Hongrie, le 21 septembre 2021 pour la clôture du 52e Congrès eucharistique international, cette non-présence sur la tombe du card. Mindszenty pouvait se comprendre, voire se justifier. François n'était pas en visite en Hongrie à ce moment-là. Il s'agissait d'une sorte d'étape "technique" en Slovaquie. Cette fois, 48 ans après la mort du cardinal (6 mai 1975), la visite du pontife est différente, c'est celle promise au pays, à la nation, et ainsi conçue dès le départ mais ensuite, étonnamment, réduite à quelques places dans le centre de la capitale magyare. La seule raison plausible, à respecter absolument, est la santé du pape François. Il semble évident que cette situation actuelle conseille d'éviter un aller-retour de 120 km entre la nonciature et le siège épiscopal d'Esztergom-Budapest. Seule cette réalité pourrait expliquer l'absence d'hommage papal sur la tombe d'un géant du catholicisme dans l'histoire de la Hongrie et de l'Europe.

    Certains en Hongrie pensent que le Saint-Père pourrait, par surprise, se rendre à Esztergom-Budapest. D'autres, plus imaginatifs, exprimant plutôt un souhait propre, imaginent que le Pontife pourrait annoncer une prochaine béatification.

    József Mindszenty, personnalité hors du commun, a été pendant quelques décennies un homme d'église très clivant et polémique dans le contexte des controverses et des antagonismes de l'Ostpolitik vaticane mise en place pour trouver un modus vivendi avec les régimes communistes. Il est évident que le cardinal hongrois était farouchement opposé, comme il l'a fait savoir dès le jour de son ordination presbytérale (12 juin 1915), aux gouvernements totalitaires. Son travail pastoral était toujours chargé d'un contenu social et il critiquait sévèrement l'anachronisme et les injustices des domaines ecclésiastiques. Des pans importants de la société et l'Église elle-même ne l'appréciaient pas. De nombreuses légendes noires ont circulé à son sujet, et circulent encore aujourd'hui. Aujourd'hui encore, ceux qui le présentent comme un anticommuniste fasciste ne manquent pas.

    Le pape Jean-Paul II s'est rendu sur la tombe de Mindszenty il y a 32 ans.

    Lors de son premier voyage en Hongrie, du 16 au 20 août 1991, alors qu'il arrivait à Budapest après les JMJ en Pologne (Czestochowa), le pape Jean-Paul II s'est rendu directement au siège primatial d'Esztergom-Budapest, avant tout événement, pour se recueillir sur la tombe du cardinal József Mindszenty. József Mindszenty, dont la dépouille était revenue d'Autriche quelques mois plus tôt et avait été inhumée dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame et Saint-Adalbert. Dans l'homélie de la messe célébrée le 16 août, le pape a évoqué le cardinal en ces termes : "Au début de ma visite en Hongrie, je souhaite rendre un hommage cordial à la chère et vénérable mémoire de feu le cardinal József Mindszenty, qui a laissé un témoignage éclatant de fidélité au Christ et à l'Église et d'amour pour sa patrie. Son nom et sa mémoire resteront toujours présents". (Homélie) [1]

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  • Un prêtre kidnappé et assassiné au Cameroun

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/CAMEROUN - Un prêtre kidnappé et assassiné

    7 mars 2023

    Yaoundé (Agence Fides) - Un prêtre catholique a été enlevé et assassiné au Cameroun. Le père Olivier Ntsa Ebode a été retrouvé mort le 1er mars à Obala, une commune du département de la Lékié, dans la région centrale du Cameroun.

    Selon la presse locale, des hommes se sont présentés à son domicile dans la nuit du 28 février au 1er mars, affirmant qu'un de leurs proches était malade et avait besoin de ses services religieux. Le prêtre a accepté de monter avec eux dans une voiture pour se rendre sur place. En chemin, il a été assassiné puis jeté hors du véhicule.

    Le corps du prêtre a été retrouvé au petit matin et transporté à la morgue d'Obala. L'annonce de sa mort a suscité une grande émotion parmi les fidèles de l'Église catholique et la communauté locale, où le père Olivier était connu pour son engagement en faveur de la paix et de la justice sociale. (LM)

  • Inde : le premier ministre invité à mettre fin à la montée des violences contre les minorités chrétiennes

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Un groupe d’anciens fonctionnaires appelle Modi à mettre fin aux attaques contre les chrétiens

    07/03/2023

    Le 4 mars, un groupe de 93 anciens fonctionnaires et membres du Constitutional Conduct Group a adressé une lettre ouverte au Premier ministre indien Narendra Modi afin de l’appeler à mettre fin à la montée des violences contre les minorités chrétiennes dans le pays. L’Inde compte moins de 2,4 % de chrétiens. « Nous sommes profondément troublés par ce harcèlement continu contre les groupes minoritaires », ont dénoncé les signataires, dont certains ont été ambassadeurs en Europe.

    Des chrétiens indiens, le 8 janvier à New Delhi lors d’une veillée aux chandelles contre les violences faites aux minorités.

    Un groupe d’anciens fonctionnaires indiens a appelé le Premier ministre Narendra Modi à mettre fin à la montée des violences contre les minorités chrétiennes dans le pays. Dans une lettre datée du 4 mars, signée par 93 anciens fonctionnaires et membres du Constitutional Conduct Group, ils ont demandé au gouvernement BJP (Bharatiya Janata Party) pro-hindou d’assurer un traitement équitable et impartial vis-à-vis de la communauté chrétienne. « Il est urgent que vous, Premier ministre, leur donniez cette assurance », ont-ils insisté dans la lettre ouverte.

    Selon le Forum chrétien unifié (UCF), une organisation œcuménique basée à New Delhi, l’Inde a enregistré 598 cas de violences contre les chrétiens dans 21 États du pays en 2022. Ce chiffre s’élevait à 279 en 2020 et à 505 en 2021, selon un rapport de l’UCF. Ces attaques, qui comprennent du boycott social, des profanations d’églises et des arrestations de leaders chrétiens, ont eu lieu en majorité dans les États de l’Uttar Pradesh, du Madhya Pradesh, du Karnataka et du Gujarat, tous dirigés par le parti de Modo, ainsi qu’en Odisha, au Chhattisgarh et au Maharashtra, où le parti PJB est fortement présent.

    « Nous sommes inquiets des actions toujours plus viles contre une petite minorité »

    La plupart de ces États indiens ont voté des lois controversées anti-conversion, que les groupes nationalistes hindous utilisent pour cibler les chrétiens et leurs célébrations. « Nous sommes profondément troublés par ce harcèlement continu via des actions criminelles et des discours de haine, contre les groupes minoritaires dans le pays », ont déploré les signataires. Ils ont ajouté que « nous sommes inquiets des actes et des paroles de haine contre toutes les minorités, et des insultes et actions toujours plus viles contre une petite minorité religieuse, les chrétiens ».

    Selon la lettre, la Constitution indienne stipule que tous les citoyens indiens, quelle que soit leur religion, sont égaux en droits. « Mais nous sommes forcés de protester contre la multiplication des affaires discriminatoires contre les chrétiens ces derniers temps », ont insisté les signataires. La lettre a également observé que les chrétiens sont régulièrement accusés de conversions forcées, alors qu’ils représentent moins de 2,4 % de la population indienne, sur 1,3 milliard d’habitants.

    D’autant plus que cette proportion est restée plus ou moins la même depuis le recensement de 1951. « Pourtant, dans l’esprit de certains, ce chiffre minuscule est une menace pour les hindous qui forment plus de 80 % de la population », ont ajouté les anciens fonctionnaires, dont certains ont été ambassadeurs d’Inde dans plusieurs nations européennes.

    (Avec Ucanews)

  • Birmanie : les chrétiens de l’État Chin subissent de plus en plus de restrictions sur les activités religieuses

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Les chrétiens birmans face à de nouvelles répressions sur les activités religieuses

    04/03/2023

    Depuis la mise en œuvre de la loi martiale début février, les chrétiens de l’État Chin, dans le centre du pays, sont de plus en plus affectés par les restrictions imposées par la junte. Les communautés locales expliquent notamment que les autorités demandent aux paroisses de fournir les noms des prêtres et des fidèles présents durant les célébrations. « C’est une situation difficile et l’organisation des activités religieuses et liturgiques est très délicate dans le cadre de ces nouvelles règles », confie une source ecclésiale locale.

    À cause de la loi martiale, les chrétiens de l’État Chin subissent de plus en plus de restrictions sur les activités religieuses, y compris sur les célébrations dominicales.

    Les chrétiens de l’État Chin, une région particulièrement affectée par les conflits internes en Birmanie, subissent de plus en plus de restrictions sur leurs activités religieuses, y compris concernant les célébrations dominicales, en raison de la loi martiale qui a été étendue récemment. L’armée impose un couvre-feu strict de 18 heures à 6 heures du matin et une interdiction sur les rassemblements de plus de sept personnes dans neuf cantons de cette région majoritairement chrétienne de l’ouest du pays.

    Une source ecclésiale de l’État Chin confie que les nouvelles règles en vigueur affectent les chrétiens locaux alors que la junte veut qu’ils demandent l’autorisation sept jours à l’avance pour pouvoir célébrer la messe le dimanche : « C’est une situation difficile et l’organisation des activités religieuses et liturgiques est très délicate dans le cadre de ces nouvelles règles. »

    Face à cette situation, des responsables chrétiens de plusieurs confessions à Hakha, capitale de l’État Chin, ont rencontré récemment les responsables militaires de la région afin de réfléchir à une solution, et depuis, les célébrations dominicales sont à nouveau autorisées. Mais les autorités locales demandent aux paroisses de fournir les noms des prêtres, les listes des fidèles présents et leurs numéros de téléphone.

    « On nous a demandé d’informer les autorités locales sur les pratiquants réguliers »

    Un pasteur du canton de Mindat, dans le sud de l’État Chin, qui souhaite rester anonyme, explique : « On nous a demandé d’informer les autorités locales sur les pratiquants réguliers et aussi sur d’autres rassemblements comme les funérailles. » Il ajoute que les communautés locales à Mindat subissent également des coupures d’Internet et du réseau mobile. Par conséquent, cela devient difficile de rester informé sur la situation dans la région.

    Ces nouvelles règles strictes ont été mises en œuvre par la junte le 2 février dernier après la déclaration de la loi martiale dans 37 cantons de Sagaing, Magway, Bago et Tanitharyi (dans les États Kayah, Karen et Mon). La veille, l’armée birmane avait également étendu l’État d’urgence pour six mois supplémentaires dans le pays en crise.

    Le 22 février, la junte a aussi annoncé l’extension de la loi martiale dans trois cantons supplémentaires dans le nord-ouest de la région de Sagaing, dans le centre du pays, afin d’imposer un contrôle renforcé face à la résistance des milices armées. Selon l’organisation HRW (Human Rights Watch), l’application de la loi martiale permet une répression renforcée des « droits fondamentaux à la liberté d’expression, de rassemblement pacifique et d’association ».

    La Birmanie classée 14e par l’Indice Mondial de Persécution des Chrétiens 2022

    « En fin de compte, ces nouvelles règles ne font rien d’autre que garantir la poursuite des abus de l’armée de manière incontrôlable et en toute impunité », a réagi Manny Maung, chercheur birman pour la branche asiatique d’HRW, dans un rapport publié le 27 février.

    L’État Chin, une région pauvre et montagneuse qui compte près de 478 000 chrétiens soit 85 % de la population locale, est en première ligne de la résistance contre la junte depuis le coup d’État du 1er février 2021. Par conséquent, les habitants y subissent des attaques brutales lancées en représailles contre les groupes ethniques, dont des bombardements et des tirs d’artillerie lourde qui ciblent la population civile sans distinction.

    Les diocèses de Hakha et de Kalay, qui couvrent l’État Chin et une partie de la région de Sagaing, ont été particulièrement affectés par les conflits en cours. Plusieurs centaines de résidents ont été détenus arbitrairement et plusieurs dizaines ont été tués, tandis que plus de 70 édifices religieux, dont plusieurs dizaines d’églises, ont été détruits depuis que la junte a pris le pouvoir il y a deux ans, selon l’organisation Chin Human Rights.

    Le pays d’Asie du Sud-Est a été classé au 14e rang par l’organisation Portes Ouvertes USA dans son Indice Mondial de Persécution des Chrétiens 2022, qui évalue les pays où les chrétiens rencontrent le plus de persécutions. Les chrétiens représentent près de 6 % de la population birmane sur plus de 54 millions d’habitants, contre presque 89 % de bouddhistes.

    (Avec Ucanews)

  • Inde : les chrétiens du Chhattisgarh demandent protection contre les violences brutales dont ils sont l'objet

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Les chrétiens du Chhattisgarh demandent protection contre les violences dans le centre de l’Inde

    02/03/2023

    Le 23 février, une délégation du forum œcuménique EUF (Ecclesia United Forum) a rencontré le ministre en chef de l’État central du Chhattisgarh, Bhupesh Baghel, afin de lui demander de protéger les communautés chrétiennes locales face aux violences. Le père Johnson Thekkadayil, membre de la délégation et basé au Chhattisgarh, explique qu’ils ont appelé à prendre des « mesures immédiates » contre « les attaques brutales ciblant les chrétiens, en particulier dans les régions indigènes ».

    Des chrétiens de Delhi, le 30 mars 2018, le jour du Vendredi Saint.

    Les chrétiens de l’État central du Chhattisgarh ont à nouveau appelé, leur ministre en chef, Bhupesh Baghel, à les protéger alors que plusieurs centaines de chrétiens indigènes de la région continuent de vivre dans la forêt par crainte des violences.

    Une délégation du forum œcuménique EUF (Ecclesia United Forum) a rencontré Bhupesh Baghel le 23 février afin de lui demander de prendre des « mesures immédiates », explique le père Johnson Thekkadayil, qui vit au Chhattisgarh. « Les attaques brutales ciblant les chrétiens du Chhattisgarh, en particulier dans les régions indigènes, se poursuivent toujours à un rythme soutenu », ajoute-t-il.

    Les chrétiens de la région de Bastar, majoritairement Adivasis (indigènes), ont subi une vague de violences sans précédent, sous la forme de boycotts sociaux, d’attaques et d’expropriation territoriale. La situation au cours des six derniers mois a forcé plus d’un millier d’entre eux à fuir de chez eux par sécurité.

    Le gouvernement de l’État, dirigé par le parti de l’opposition du Congrès, affirme protéger la laïcité mais les responsables chrétiens de la région estiment qu’il ne protège pas suffisamment les chrétiens. Le gouvernement, de son côté, assure que son administration a rétabli la paix dans la région et que les chrétiens qui avaient pris la suite sont rentrés chez eux. Il affirme également avoir agi fermement contre les coupables.

    « Ils ne peuvent rentrer chez eux par peur d’être attaqués »

    Selon les responsables chrétiens du Chhattisgarh, l’action des autorités locales reste inadaptée. « Plusieurs centaines de chrétiens survivent toujours dans la nature sans nourriture, sans toit ni vêtements. Ils ne peuvent rentrer chez eux par peur d’être attaqués et tués », ajoute le père Thekkadayil. « Les églises sont maintenues fermées. Certains disent même que la police ne permet pas aux chrétiens de se rassembler chez eux pour prier », poursuit-il.

    « Des chrétiens sont toujours chassés, torturés et mutilés dans cette région indigène, et ils sont menacés afin de les pousser à renoncer à leur foi dans le Christ », a affirmé la délégation chrétienne dans sa déclaration adressée au ministre en chef. Les chefs de villages « leur imposent ce qu’ils doivent croire, où ils doivent travailler, vivre et aller », a ajouté la délégation dans son communiqué, en dénonçant une atteinte aux droits fondamentaux et constitutionnels des villageois chrétiens.

    « Des femmes et des enfants sont déshabillés de force et agressés » pour avoir enfreint leurs interdictions, a ajouté la délégation. « Les chrétiens n’ont pas le droit d’enterrer leurs morts. Les attaquants déterrent les corps et forcent les chrétiens à les emmener hors de leurs terres et de leurs villages. Ils seraient aussi forcés de consommer de l’alcool et de participer à des pratiques superstitieuses. »

    Les chrétiens forment 2 % de la population du Chhattisgarh sur 30 millions d’habitants

    Selon le communiqué, des commerçants sont également interdits de vendre de la nourriture, des médicaments et autres produits aux chrétiens. « Des chrétiens n’ont pas non plus le droit de puiser de l’eau dans les puits publics », ont poursuivi les responsables chrétiens du Chhattisgarh. « Les églises et les maisons chrétiennes sont attaquées, pillées et démolies avec des bulldozers. Les documents fonciers des chrétiens sont volés et brûlés », ont-ils affirmé. Selon eux, des chrétiens indigènes sont aussi arrêtés et envoyés en prison sans aucun fondement, « et peu d’entre eux ont été libérés au bout de plusieurs semaines, sans explication ». « Les chrétiens au Chhattisgarh sont devenus des réfugiés dans leur propre État, et ils continuent de vivre dans la peur. »

    Le père Thekkadayail confie que le ministre en chef lui a assuré son soutien pour la défense de la paix et de l’harmonie dans la région. Le 2 janvier, Mgr Victor Henry Thakur, archevêque de Raipur, a également appelé le ministre en chef à protéger les chrétiens après une attaque contre l’église du Sacré-Cœur dans le district de Narayanpur. Une foule a tout détruit à l’intérieur de l’édifice, dont un crucifix.

    Les chrétiens représentent moins de 2 % de la population locale sur plus de 30 millions d’habitants, dont une majorité d’hindous et de religions indigènes.

    (Avec Ucanews)

  • China Aid a publié un nouveau rapport sur les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Un nouveau rapport détaille les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022

    18/02/2023

    Le 14 février, China Aid a publié un nouveau rapport sur les persécutions contre les chrétiens en Chine en 2022 (Annual Persecution Report 2022). L’organisation décrit différentes formes de persécutions qui se sont maintenues l’an dernier dans le pays contre les communautés chrétiennes, dont les conséquences de la « sinisation » des religions et des réformes éducatives : « En 2022, China Aid a ressenti au quotidien l’escalade des persécutions du PCC contre les églises chrétiennes et les chrétiens en Chine continentale. »

    Selon le nouveau rapport annuel 2022 sur les persécutions (Annual Persecution Report 2022), publié le 14 février par l’organisation américaine China Aid, les chrétiens en Chine ont continué de subir différentes formes de persécution. Les 63 pages du rapport évoquent en particulier les conséquences de la « sinisation » des religions, des réformes éducatives et de nombreuses violations des droits, entre autres lois répressives votées par Parti communiste chinois (PCC).

    « En 2022, China Aid a ressenti au quotidien l’escalade des persécutions du PCC contre les églises chrétiennes et les chrétiens en Chine continentale, ce qui explique pourquoi les églises et les chrétiens en Chine sont devenus de plus en plus réticents à l’idée d’exposer au monde extérieur leurs expériences vécues de persécutions », a déclaré l’organisation, en expliquant notamment que les cadres du parti ont fait la promotion de la sinisation auprès des chrétiens, en les poussant à céder à l’idéologie et à la vision politique du président Xi Jinping.

    Appels à soutenir la « sinisation du catholicisme en Chine »

    Selon les critiques, la sinisation est une idéologie politique destinée à imposer des règles strictes à des sociétés basées sur les « valeurs socialistes fondamentales » et à développer des soutiens aux principaux dirigeants du PCC.

    Le 27 janvier 2022 à Pékin, dans un discours prononcé lors d’un symposium, Wang Yang, membre du Bureau politique du parti, a ainsi souligné la nécessité que les organisations religieuses adhèrent aux politiques mises en œuvre par le gouvernement. Selon le rapport de China Aid, Wang a ajouté que « les groupes religieux doivent unir la majorité des adhérents religieux autour du PCC et du gouvernement afin de forger une ‘énergie positive’ et d’aider à réaliser le ‘rêve chinois’ ».

    Le rapport note également que Wang a rencontré des responsables de l’Association patriotique des catholiques chinois (CPA) et de la Conférence des évêques catholiques chinois, le 23 août dernier, en sollicitant leur soutien pour la « sinisation du catholicisme en Chine ». Il a appelé les dirigeants à « rester résolument sur la bonne voie politique », à « soutenir fermement les dirigeants du PCC », à « résister spontanément à l’infiltration des forces étrangères », et à « utiliser la culture, la langue et les styles de communications chinois afin d’interpréter et étudier les canons religieux ».

    Démolitions d’églises en Chine en 2022

    L’organisation américaine révèle également des détails alarmants sur les méthodes employées par le parti et ses dirigeants pour réprimer le christianisme et sa pratique dans le pays. Les cadres du PCC auraient notamment entrepris des démolitions d’églises à travers la Chine en 2022. Ainsi, en août 2022, l’église gothique de Beihan, dans le diocèse catholique de Taiyuan, a d’abord été rasée, et le clocher de 40 m de haut toujours debout a été dynamité.

    En juin 2022, alors que Mgr Dong Baolu avait refusé de rejoindre le système patriotique dirigé par l’État, son église de Shijiazhuang, dans la province du Hebei, a également été démolie par les autorités communistes.

    Le rapport souligne aussi que l’an dernier, des églises et des centres chrétiens, y compris catholiques, ont été démolis à Dalian, Jiangxi, Tongguan, Shaanxi et dans d’autres provinces. China Aid a également accusé les autorités chinoises de « fabriquer des preuves dans le but de détenir, arrêter et condamner des responsables religieux et des fidèles » dans leurs efforts pour réprimer le christianisme.

    Des responsables religieux détenus et des célébrations interrompues

    Par ailleurs, selon le rapport, « les gouvernements provinciaux et locaux ont détenu des responsables chrétiens et des fidèles chinois dans toute la Chine. Les autorités carcérales ont refusé à beaucoup de ces détenus la visite d’un avocat et tout contact avec leur famille ».

    Les détenus n’auraient pas non plus eu accès aux soins et auraient subi « des peines disproportionnées ». D’autres prisonniers chrétiens ont été détenus durant de longues périodes sans procès, et d’autres affaires ont été retardées à plusieurs reprises.

    Une autre accusation mentionnée par le rapport porte sur la disparition forcée de membres du clergé et de personnes laïques. L’organisation cite notamment les disparitions inexpliquées de Mgr Joseph Zhang Weizhu du diocèse de Xinxiang, de Mgr Shao Zhumin du diocèse de Wenzhou, de Mgr Dong Baolu de l’Église « souterraine » de Shijiazhuang et d’une dizaine de prêtres du diocèse de Baoding.

    Selon le rapport, les responsables du PCC ont aussi utilisé des raids, des amendes et des privations de droits afin de réprimer la minorité chrétienne. Ils ont été accusés d’avoir interrompu des célébrations, des baptêmes, des pèlerinages et même des liturgies en ligne afin d’intimider la population chrétienne locale. Les services bureaucratiques chinois ont aussi utilisé de lourdes amendes contre des responsables chrétiens et à des propriétaires louant des sites pour des célébrations afin de décourager les gens de se rassembler pour prier.

    En janvier 2022, Huang Yuanda, un chrétien de l’église de Xunsiding à Xiamen, a ainsi été condamné à verser une amende de 100 000 yuans (environ 13 665 euros) par le Bureau des Affaires ethniques et religieuses du district de Xiamen Siming pour avoir loué une maison à l’usage d’une école.

    Informations religieuses en ligne et contrôle des finances

    Le rapport de China Aid a également révélé des lois et régulations votées par le PCC en vue de contrôler les informations en ligne. Des « Mesures administratives pour les services d’information religieuse sur Internet » ont ainsi été mises en œuvre en mars 2022, avec notamment des formations comprenant « les lois et réglementations liées aux Affaires religieuses, au Code civil, à la Loi sur la sécurité nationale, à la loi sur la cybersécurité, mais aussi la pensée de Xi Jinping sur l’État de droit la Constitution et les ‘valeurs fondamentales socialistes’ ».

    Selon l’organisation, le parti s’est aussi efforcé de contrôler les finances des organisations religieuses et les tendances religieuses des étudiants. Le rapport révèle notamment que des étudiants ayant demandé à étudier à l’étranger dans d’autres institutions chrétiennes n’ont pas pu obtenir de passeport auprès des autorités : « Dans de cas où des candidats ont déposé une demande de passeport pour étudier à l’étranger dans des institutions chrétiennes, les agents du gouvernement ont refusé leur dossier sous le prétexte de la prévention sanitaire contre le Covid. »

    (Avec Ucanews)

  • Les ricanements de ceux qui dénigrent "Vaincre ou mourir" et qui croient que les vaincus n’ont pas le droit d’être fiers

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    De Guillaume Perrault sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Guerre de Vendée: ces vérités qui dérangent

    11 février 2023

    GRAND RÉCIT – Le film «Vaincre ou mourir», de Paul Mignot et Vincent Mottez, a heurté ce qui demeure un tabou dans une partie de l’opinion: dépeindre les guerres de Vendée du point de vue des insurgés. Le film, pourtant, rend compte fidèlement d’une plaie béante de l’histoire de France.

    Le film Vaincre ou mourir, qui décrit les guerres de Vendée du point de vue des insurgés et en dépeignant le chef le plus flamboyant de «l’armée catholique et royale», Charette, a suscité des attaques hargneuses mais a aussi rencontré son public. La bataille des mémoires autour des guerres de Vendée dure depuis plus de deux siècles et les controverses sur les responsabilités des tueries de civils n’ont pas cessé depuis la chute de Robespierre (juillet 1794) et la fin de la Terreur. Reste qu’un accord devrait pouvoir se dégager, dans une démocratie mature, pour respecter et faire connaître des faits avérés et d’une exceptionnelle gravité. Les ricanements suscités par Vaincre ou mourir prouvent que, dans certains secteurs de l’opinion, le refus de savoir subsiste. En contraignant à affronter des vérités qui dérangent toujours, ce film aura donc fait œuvre utile et méritoire.

    À lire aussi : Vaincre ou mourir: le Puy du Fou raconte le général Charette et la guerre de Vendée pour son premier film

    L’insurrection vendéenne naît en mars 1793 comme une révolte contre la conscription. En réaction aux défaites militaires aux frontières (la France révolutionnaire avait déclaré la guerre à l’Autriche, liée par une alliance à la Prusse, puis à l’Angleterre, la Hollande et l’Espagne), la Convention a décidé, le mois précédent, la levée de 300.000 jeunes hommes à tirer au sort parmi les célibataires de chaque commune. Les maires sont chargés d’assurer la désignation des conscrits. La décision de Paris provoque des résistances paysannes voire des débuts de sédition dans de nombreuses régions, mais celles-ci sont bientôt réprimées. Il en va autrement dans ce qu’on appellera bientôt « la Vendée militaire », territoire bien plus vaste que l’actuel département du même nom. La région insurgée regroupe le sud de la Loire-Atlantique, le sud-ouest du Maine-et-Loire, les deux tiers nord de la Vendée d’aujourd’hui et le nord-ouest des Deux-Sèvres. Le bocage vendéen et les Mauges, qui forment un ensemble d’une centaine de kilomètres de côté, en constituent l’épicentre. C’est ce territoire, à cheval sur l’Anjou, le Poitou et les confins de la Bretagne, qui va se soustraire, quelques mois, à l’autorité de la Convention.À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier « patriote »

    Le drame commence début mars 1793, alors que les tirages au sort se préparent dans les communes. À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier «patriote» (le terme, à l’époque, désigne les partisans de la Révolution). La violence gagne la partie ouest du bocage, dans le marais breton-vendéen. La bourgade de Machecoul est occupée par des milliers de paysans, qui tuent 15 à 25 « patriotes » les 11 et 12 mars, puis 80 à 120 prisonniers républicains à partir du 27 mars en représailles de l’exécution de 100 à 200 prisonniers « blancs » à Pornic. Au nord, près de la Loire, des ruraux s’emparent de Saint-Florent-le-Vieil. Le 19 mars, 3.000 soldats républicains, partis de La Rochelle pour Nantes, sont mis en déroute à Pont-Charrault. La jacquerie est devenue une insurrection.

    À VOIR AUSSI – «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

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    Rien ne distinguait pourtant l’esprit public de ce qui deviendra la Vendée militaire des attentes du reste de la France, à la veille de la Révolution, si l’on en croit les Cahiers de doléances rédigés lors de l’hiver 1788-1789. La région a vu mourir sans regret l’antique édifice féodal lors de la nuit du 4 août 1789. Mais la situation s’est très vite dégradée. Les administrateurs des nouveaux départements et districts, partisans et relais du nouveau régime, étaient, aux yeux des ruraux, ses principaux bénéficiaires. N’avaient-ils pas été les acquéreurs empressés des propriétés du clergé nationalisées, les fameux biens nationaux, qui privaient l’Église des moyens d’assurer son rôle social et éducatif traditionnel ?

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  • Être chrétien dans le monde : le refuge et le risque

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    Article de Pierre Manent lu  dans la revue mensuelle « La Nef » :

    Wurzburg-Baviere-Eglise-et-mairie-©Pixabay-620x330.jpg

    La situation actuelle rend le pari bénédictin désirable et plausible, mais il n’est pas sans risque de glissement vers le communautarisme. Et un chrétien ne peut fuir ses responsabilités d’ordre temporel, et notamment politiques.

    La situation présente de l’Église catholique dans notre pays me semble déterminée par les trois paramètres suivants : d’abord la diminution rapide de la présence sociale du catholicisme depuis les années 60, diminution quantitative qui approche d’un seuil où la disparition du fait catholique devient envisageable ; ensuite, l’irruption d’un facteur historiquement inédit, l’islam, qui occupe une place croissante, visiblement croissante, dans la société française ; enfin, l’intronisation de l’idéologie des droits de l’homme comme principe exclusif de la légitimité politique, sociale et morale, installant chaque « moi » dans une immanence sûre de son droit.

    De quelque côté que se tourne le catholique français, il voit gonfler une menace qui peut lui sembler insurmontable, venant simultanément de l’intérieur, de l’extérieur et de lui-même ! La tentation est grande de répondre à cette triple offensive par le recours à la stratégie éternelle du parti le plus faible : la défensive, le refuge dans une place forte. De fait, nous avons encore des ressources suffisantes pour construire une forteresse catholique de bonne apparence : à l’abri derrière ses remparts, nous ne serions plus démoralisés par l’indifférence ou l’hostilité de la société globale, les musulmans nous redeviendraient extérieurs et étrangers comme ils l’étaient encore il y a quarante ans, et en « serrant les boulons » d’une vie chrétienne délivrée des équivoques et des timidités, en formant entre nous cette « société chrétienne » que la France n’est plus, nous serions en mesure de réorienter nos vies en direction du Transcendant.

    Nécessité des appuis sociaux

    Ce dernier argument est à prendre au sérieux. En effet, aussi surnaturelle qu’elle soit dans sa source et ses ressorts intimes, la vie chrétienne dépend inévitablement d’appuis sociaux mis à notre disposition par l’organisation collective dont nous sommes membres : des lieux de culte, des moyens financiers, des administrateurs compétents, des pasteurs respectés, et en général tout ce qui contribue à l’autorité sociale de l’institution religieuse. C’est seulement lorsqu’ils sont soumis à une persécution systématique – une situation, on le sait, qui n’exclut pas une grande fécondité spirituelle – que les chrétiens sont entièrement privés de tels appuis. C’est d’ailleurs la nécessité de trouver de tels appuis qui jadis a conduit l’Église à réclamer l’aide du pouvoir politique, aide qu’elle a obtenue au prix souvent d’un obscurcissement de sa vocation propre qui a fait à son crédit une blessure incurable. Personne aujourd’hui ne réclame ni ne propose un tel appui politique. Il est inenvisageable. C’est pourquoi le dépérissement de la vitalité sociale de l’Église, cette vitalité sociale qui lui avait permis durant la première partie du siècle dernier de s’adapter avec quelque succès à son exclusion de la sphère politique, est un tel motif d’inquiétude ou d’angoisse pour les catholiques aujourd’hui, une inquiétude ou une angoisse qui rend l’« option bénédictine » désirable et plausible.

    Pourtant, si celle-ci aurait pour effet – c’est son propos – de concentrer les forces des catholiques et de leur redonner un sentiment de force, ce regain serait, je crois, de courte durée. Cette option me paraît présenter trois inconvénients.

    1.Tout regroupement défensif comporte un risque de fermeture sectaire, avec l’affaiblissement inévitable de l’exigence intellectuelle et même morale puisque nous serions désormais « entre nous ». Dès lors que nous renonçons à convaincre, persuader ou seulement intéresser ceux qui sont « dehors », un grand ressort de perfectionnement est perdu. En outre, nous prétendrions moissonner avant que ne soit parvenu à maturité ce renouveau de la vie intellectuelle catholique qui constitue l’aspect le plus encourageant de la situation présente du catholicisme.

    2.Étant entendu que nous avons besoin d’appuis collectifs ou sociaux, il ne faut pas exagérer leur contribution à la vie chrétienne. Quelle que soit la situation politique et sociale, mener une vie vraiment chrétienne reste la chose du monde la plus difficile et la plus improbable, elle reste ce fragile miracle qui éclaire et renouvelle incessamment la vie du monde. Si les catholiques ou en général les chrétiens sont sincères, ils admettent que de notre peu de foi, d’espérance et de charité, il n’y a pas d’autre responsable que notre peu de foi, d’espérance et de charité. Le seuil de la vie chrétienne n’est donc pas l’accusation du « monde » ou de la « société » mais la pénitence, « la conversion qui mène à la vie » (Actes, 11, 18).

    3. Il n’y a pas de remède, et il n’en faut point chercher, à la situation exposée du chrétien. Elle entraîne une double obligation, de fidélité à l’Église et de mission à l’égard du prochain, mission aussi urgente et périlleuse aujourd’hui qu’au temps des apôtres. Ne convoitons pas, craignons plutôt l’impression de force recouvrée que susciterait aisément un « rassemblement » catholique. L’autorité de Paul nous l’assure, nous sommes toujours assez nombreux pour que la force de Dieu se donne à voir dans notre faiblesse.

    Du reste, notre responsabilité de chrétiens n’est pas moins politique ou civique que proprement religieuse. Cette Europe qui nous tourne le dos, ne lui tournons pas le dos à notre tour. Si nous voulons donner un sens généreux à ce qui autrement risque de rester un slogan, les « racines chrétiennes de l’Europe », nous devons nous tenir pour responsables de ce qui se passe en Europe, co-responsables avec les autres citoyens préoccupés du sort commun, mais aussi spécialement responsables en tant que chrétiens qui revendiquent la part à nulle autre pareille – bien et mal mêlés – que leur religion a prise dans l’approfondissement de l’âme européenne.

    L’obligation civique des chrétiens

    C’est ici que surgit le nœud où se nouent le rapport de l’Église à elle-même, à sa vie propre, et son rapport à l’Europe. Les chrétiens ne sauraient se consacrer exclusivement à l’approfondissement de leur vie sacramentelle, aussi primordiale soit-elle. En tant que citoyens et en tant que chrétiens ils ne peuvent abandonner l’Europe à son sort. Ils ont une obligation inséparablement civique et chrétienne de préserver ce que, faute d’une meilleure expression, j’appelle la « marque chrétienne » de l’Europe. Or, l’infléchissement imposé par le présent pontificat a redoublé la difficulté de cette tâche. D’une part, ad intra, on obscurcit ou on « floute » la règle sacramentelle, on efface ces seuils qui donnent son sens et son relief à la vie intérieure de l’Église ; d’autre part, ad extra, on égalise les religions, on manifeste son indifférence à leur contenu dogmatique et moral, on se montre supérieurement indifférent à la composition religieuse de la population européenne. Ainsi les articulations politiques et religieuses du monde présent sont-elles ignorées ou brutalisées. Cette humanité politiquement et religieusement informe est le sujet et le véhicule d’une religion sans autre contenu qu’affectif ou sentimental. Dans une telle involution, l’affadissement de l’exigence religieuse ne fait qu’un avec l’obscurcissement du regard politique. On le voit, l’urgence pour les citoyens chrétiens de l’Europe n’est pas moins civique que religieuse. Il s’agit pour eux de préserver ou ranimer la marque chrétienne des nations européennes, et inséparablement de préserver ou ranimer la légitimité politique de celles-ci. Au lieu de chercher refuge dans une « petite société chrétienne », accepter d’être citoyen et chrétien dans la grande société, inhospitalière comme elle l’a toujours été.

    Pierre Manent

    © LA NEF n°303 Mai 2018, mis en ligne le 31 janvier 2023

  • Persécutions : des statistiques suffisent-elles à toucher le coeur des gens ?

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    De Louis Daufresne sur la Sélection du Jour :

    360 millions de chrétiens ont été « fortement persécutés et discriminés » en 2022

    Après Noël, des ONG tentent de réveiller l’opinion emmitouflée dans sa routine, son confort ou ses angoisses, pour plaider la cause des chrétiens persécutés dans le monde. Ce n’est pas gagné mais quels efforts ne fournissent-elles pas ! À coup chiffres, de courbes, de cartes, de rapports et de tables rondes, elles glissent sous nos yeux blasés une réalité que beaucoup de journalistes répugnent à voir et donc à montrer. La semaine prochaine, l'Aide à l'Église en Détresse (AED) organise sa 14e Nuit des Témoins où il sera fait mémoire des martyrs de l’année passée, du Tchad à la Birmanie et Haïti. Cet événement coïncide avec la publication, par l'ONG Portes Ouvertes, de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens.

    Ce baromètre fait valoir que depuis 30 ans, le nombre de pays touchés a presque doublé« En 1993, date du premier classement, 40 pays étaient concernés, aujourd’hui on en compte 76 », relève Patrick Victor, directeur de Portes Ouvertes France-Belgique dont le siège est à Strasbourg. Né d’un père indien musulman et d’une mère allemande, Patrick Victor est sensible à la dimension multiculturelle. À ses débuts, en 1955, l'association Portes Ouvertes s'occupait des pays communistes. Son fondateur, un religieux baptiste néerlandais du nom de Frère André (alias Anne van der Bilj) y faisait passer des bibles en contrebande. Cet ancien soldat de l’armée coloniale en Indonésie voyagea en Pologne, en URSS, en Chine, dans des conditions parfois épiques. Il vient de mourir à 92 ans.

    Ce contact avec la clandestinité incline Portes Ouvertes à surtout s’intéresser aux pays où les chrétiens sont le plus persécutés. Dans le top 11 de l'« extrême » figurent la Corée du Nord, la Somalie, le Yémen, l’Érythrée, la Libye, le Nigeria, le Pakistan, l’Iran, l’Afghanistan, le Soudan et l’Inde, où « depuis l’arrivée de Narendra Modi au pouvoir, les attaques violentes contre les chrétiens ont drastiquement augmenté ». Le baromètre parle de « crimes d’honneur, de jets d’acide, de passage à tabac par des foules, de jeunes filles agressées sexuellement ».

    L’an dernier, 5.621 chrétiens ont été tués, 4.542 étaient détenus et 5.259 ont été enlevés. 2.110 églises ont été fermées, attaquées ou détruites. Les atteintes vont de l'« oppression quotidienne discrète » aux « violences les plus extrêmes ». Ce recensement mobilise quelque 4000 personnes à l’année ! Il s’agit de faire remonter l’information au plus juste pour que l’aide soit adaptée en conséquence. D’outil de travail, l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens est devenu un support de communication. L’an dernier, 360 millions de chrétiens ont ainsi été « fortement persécutés et discriminés » soit 1 sur 7. Ces statistiques suffisent-elles à toucher le cœur des gens ? Ici, on bute sur plusieurs obstacles :

    D’abord, il y a le périmètre de la persécution : comment savoir qu’elle s’exerce en raison de la foi ? Portes Ouvertes dit tenir une comptabilité fine, grâce aux remontées du terrain, village par village. Tout conflit autour d’un puits ou d’un cheptel, toute attaque djihadiste, ne figure pas dans l’index. Il faut que l’intention de nuire aux chrétiens en tant que tels soit avérée. « Il ne s’agit pas de faits divers sans lien les uns avec les autres », affirme l’ONG. On présume que les chiffres retenus sont plutôt un seuil qu’un plafond.

    Deuxième obstacle : le mur des mots. Beaucoup estiment que les chrétiens ne peuvent pas être discriminés, dans la mesure où l’Église est vue comme une institution utilisant son pouvoir « pour que [son] idée du Bien l’emporte sur la liberté des autres », ainsi que l’écrit Raphaël Enthoven dans une tribune sur l'euthanasie. Pourquoi la soutiendrait-on là-bas, alors que les bonnes consciences, de Roselyne Bachelot à La Libre Pensée, s'emploient ici à raser les églises de campagne et à déboulonner les statues de la Vierge ? Conséquence de cette posture : on refuse aux chrétiens persécutés le statut à la fois de minorités et de victimes. 

    Le troisième obstacle est un angle mort médiatique, celui de l’incarnation. Malgré l’abondance de témoignages sur les violences subies, les journalistes manquent d’histoires à raconter. La persécution des chrétiens ne débouche pas sur des affaires judiciaires retentissantes. Souvenez-vous d’Asia Bibi, paysanne du Pakistan accusée de blasphème envers l’islam. Sans procès ni condamnation à mort, sans emprisonnement ni assassinat collatéral, sans libération ni exfiltration, jamais son nom ne serait sorti de son pays. Ce feuilleton mobilisa pendant 10 ans (2009-2019) des avocats, des journalistes, des politiques. La cause prit les traits d'un visage.

    Songez à la séquence provoquée par le retour des « mères » djihadistes et de leurs enfants détenus en Syrie. Media rime avec sagas. Celles-ci offrent des mise en scène, permettent à l'émotion de se libérer et, ce faisant, d'influencer l'opinion. En moyenne, 14 chrétiens sont tués chaque jour au Nigeria. Il BHL s'était insurgé contre le silence entourant ce massacre. Privé de cet aspect humain, du cri, de la colère et des pleurs, tous les index du monde seront aussi froids et insipides qu’un dépliant bancaire.

    Pour aller plus loin :

    INDEX MONDIAL DE PERSÉCUTION DES CHRÉTIENS 2023

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