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Philosophie - Page 15

  • Fonder l’éthique sur l’autonomie détruit toute éthique

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    De Pascal Jacob sur gènéthique.org :

    Fonder l’éthique sur l’autonomie détruit l’éthique ?

    4 décembre 2020

    Alors que les discussions bioéthiques fondent la réflexion autour de la dignité humaine sur la notion  d’autonomie, Pascal Jacob, philosophe[1] et expert Gènéthique, montre que l’enjeu véritable est celui de la liberté.

    Il est fréquent aujourd’hui de considérer l’autonomie comme un terme inséparable de la dignité humaine. Une décision réputée autonome serait donc aussi sacrée que la dignité humaine elle-même. C’est pourquoi le mot « autonomie » fait partie de cette cohorte de mot-valises que l’on agite afin de rendre impossible toute contestation.

    On dira ainsi que la personne qui demande l’accès à l’euthanasie ou à l’avortement doit être respectée dans son autonomie. En 2004, un groupe de sénateurs dépose une proposition de loi « relative à l’autonomie de la personne, au testament de vie, à l’assistance médicalisée au suicide et à l’euthanasie volontaire »[2], afin de légaliser l’euthanasie. Son motif, rédigé ainsi « l’autonomie de la volonté qui fonde le droit de la personne à disposer librement de son corps est devenue, au fil des ans, un principe de mieux en mieux reconnu par notre Droit », fait de l’autonomie de la volonté un principe fondamental du droit. Son titre premier rappelle celui de la loi relative à l’interruption de grossesse du 17 janvier 1975, dite loi Veil (cf. La loi Veil, un moindre mal ?) : « Est garanti le respect de l’être humain du commencement à la fin de sa vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe, par une euthanasie, que si la personne concernée, majeure et capable, en a expressément et sans ambiguïté exprimé la volonté et que sont respectées les conditions et procédures fixées par la présente loi ».

    Des degrés dans l’autonomie ?

    Dans son n° 87 du 14 avril 2005[3]« Refus de traitement et autonomie de la personne », le CCNE avait proposé une réflexion un peu nuancée sur l’autonomie de la personne, en admettant notamment que celle-ci pouvait n’être qu’apparente.

    Il propose de distinguer une autonomie d’action – capacité à se déplacer soi-même dans l’espace -, une autonomie de pensée – « une personne autonome est une personne capable de réfléchir sur ses objectifs personnels et de décider par elle-même d’agir conformément à cette réflexion » – et une autonomie de volonté, dont le CCNE distingue deux sens : autolimitation et souveraineté individuelle. Dans le premier sens, c’est la raison qui est reconnue souveraine, mais alors, remarque le CCNE, « le médecin (au nom de la raison) risque alors de passer outre « l’autonomie » de la personne » ? Dans le second sens, c’est l’individu qui est souverain, dans la seule limite de ne pas nuire à autrui : « La logique de ce modèle de la liberté aboutit à affirmer que dès l’instant où le médecin n’a constaté aucune pression externe sur le patient, il peut considérer que son refus exprime son autonomie et qu’en conséquence il doit le respecter ».

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  • Les vertus de la vulnérabilité

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    De gènéthique.org :

    Cet essai du philosophe Alasdair Macintyre est une réécriture de plusieurs conférences de philosophie politique données en 1997. Très didactique, il permet à un lecteur, pas nécessairement habitué à lire des ouvrages de philosophie, de le suivre pas à pas. Au fil des pages, il montre que l’être humain, pour s’épanouir pleinement, doit vivre en recherchant le bien commun, c’est-à-dire non seulement ce qu’on estime être le bien pour soi, mais aussi ce qui est bon pour les autres et dont ils ont besoin. Sortant de la mentalité de l’échange occidentale actuelle où tout se négocie et s’évalue, l’auteur montre comment l’homme, dans sa nature animale, est dépendant des autres, premièrement pour vivre lorsqu’il est vulnérable (nourrisson, âgé, malade ou handicapé), mais aussi pour devenir capable de raisonner en personne indépendante, c’est-à-dire détaché de ses pulsions et émotions infantiles. En reconnaissant cette dépendance nécessaire, il peut apprendre les « vertus de la dépendance reconnue », et en premier lieu la « juste générosité », celle qui conduit à donner à celui dans le besoin gratuitement, et à recevoir simplement ce dont on a besoin. En découle la nécessité pour une société juste et orientée vers le bien commun de prendre en considération ses membres les plus vulnérables, non par pitié, mais comme des personnes à part entière qui apportent par leur vulnérabilité même un ciment à la société : l’occasion de les écouter et de rechercher leur épanouissement comme celui de n’importe quelle autre personne.

    On est loin de la pitié envers les personnes âgées ou les handicapés pour se donner bonne conscience ! Une lecture parfois un peu ardue (on a du mal dans les premiers chapitres à comprendre où veut en venir l’auteur avec l’étude du langage chez certains animaux), mais les derniers chapitres sont une révélation. La réfutation en conclusion de Nietzsche, promoteur de l’indépendance absolue de l’homme, vient couronner le livre.

    Nombre de pages: 256

    Date de publication: 2/07/2020

    EditeurTallandier

  • Derrière la liberté du culte, l’enjeu des libertés publiques

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    Sur le site web « aleteia », ce billet de Guillaume de Prémare, à méditer aussi par les évêques joséphistes, au nord de Quiévrain et ailleurs…

    Liberté du culte FR322783A.jpg« Alors que certaines mesures sanitaires s’installent dans le temps long, les demandes persistantes en faveur de la liberté du culte montrent que c’est l’ensemble des libertés publiques qui est en jeu.

    Dimanche 15 novembre, l’Agence France Presse mettait à la Une l’information suivante : « Les restrictions pour faire face à la pandémie de Covid-19 pourraient durer plusieurs mois dans les pays européens. De l’Allemagne à la France, les gouvernements se préparent à des mesures sur le long terme malgré des mouvements de contestation. » Certes, le texte est au conditionnel, mais chacun perçoit que cette crise ne constitue plus une simple parenthèse. Elle pourrait inaugurer en quelque sorte un « nouvel état du monde » pour une assez longue période. Si tel est le cas, les gouvernements ont raison de préparer des mesures de long terme.

    Menaces de restrictions durables

    Cependant, ces mesures ne pourront raisonnablement constituer une simple continuité, en quelque sorte renforcée, des mesures actuelles, ou la poursuite d’un cycle un peu erratique de resserrage et de desserrage de vis. En effet, les restrictions sanitaires mettent en jeu des libertés publiques fondamentales. S’il est acceptable de mettre entre parenthèse quelques libertés fondamentales sur un temps court, cela ne peut se concevoir sur une longue durée. Ainsi, entre les mois de mars et mai, les différentes mesures restrictives n’avaient pas été exemptes de critiques mais elles avaient été globalement admises, au motif même qu’il s’agissait de dispositions provisoires et de courte durée.

    C’est ainsi, notamment, que la suspension du culte public le 17 mars dernier n’avait pas entraîné de manifestations. Pendant trois mois, cette privation a donc été supportée comme un effort coûteux mais inévitable, jusqu’au recours devant le Conseil d’État au mois de mai, lors du déconfinement partiel. Cette fois, la crainte s’installe de vivre dans un pays où le culte public pourrait être atteint durablement. Il est toutefois important de préciser qu’il ne s’agit pas uniquement de la liberté de culte : celle-ci est l’une des libertés publiques essentielles, dont le Conseil d’État avait rappelé en mai le caractère constitutionnel, mais elle n’est pas la seule.

    L’ensemble des libertés publiques

    C’est donc probablement une défense plus large des libertés publiques qui est nécessaire. Cependant, en demandant la messe, les catholiques montrent d’une certaine manière un bon exemple à la société tout entière. Le chemin à suivre est de demander au gouvernement que les mesures de long terme qui se profilent soient compatibles avec les libertés publiques dans leur ensemble. À défaut, nous pourrions vivre un point de bascule historique qui fragiliserait l’état de droit.

    Ce n’est donc pas un caprice de demander le rétablissement de la messe dans des conditions permettant d’assurer un certain niveau de sécurité sanitaire, mais c’est un premier pas pour mettre sur le tapis la question des libertés publiques dans leur ensemble. Cette demande n’est pas non plus une revendication purement catégorielle des catholiques : si le culte est rétabli — ce qui est envisagé pour le début du mois de décembre — ce sera pour toutes les confessions religieuses. L’Église de France ne demande pas une exception catholique.

    Au nom du bien commun

    Il y a parfois une mauvaise compréhension des manifestations pour la messe. Par exemple, Gilles Clavreul, membre du Printemps républicain, y voit « une instrumentalisation identitaire de la religion » qui participe « d’une remise en cause du commun ». C’est une erreur de perspective : défendre une liberté publique essentielle, comme la liberté de culte, ne constitue pas une remise en cause du commun, mais au contraire protège le commun, c’est-à-dire cet état de droit qui demeure l’un des rares « communs » à faire encore consensus dans la société.

    Chronique publiée en partenariat avec Radio Espérance, 18 novembre 2020.

    Ref. Derrière la liberté du culte, l’enjeu des libertés publiques

    JPSC

  • Les mélanges offerts à Mgr Léonard, un maître de vérité chrétienne et un guide sûr en des temps de grande confusion, pour son 80ème anniversaire

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    De Jean-Jacques FLAMMANG scj sur le site des Dehoniens d'Europe franophone :

    Mélanges offerts à Mgr André Léonard à l’occasion de son 80e anniversaire

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  • "Philo à Bruxelles", 24 novembre : De la sensation aux passions avec Stéphane Mercier

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    De la sensation aux passions

    De la sensation aux passions

    Après avoir rétabli les droits du bon sens en mettant l’accent sur l’origine sensible de la connaissance humaine (conférence d’octobre 2020), il s’agit à présent de mieux comprendre l’organisation particulière  de notre sensibilité : les sens externes sont connus de tous ; moins connus, mais tout aussi indispensables, les sens dits « internes » nous permettent d’assimiler les données transmises par les sens externes.

    L’imagination, la mémoire, l’estimative (ou plus précisément, la cogitative) et le sens commun… ne correspondent pas exactement au sens habituel que ces mots véhiculent dans le langage courant.

    Après avoir précisé la signification de ces différents termes ainsi que le fonctionnement de la sensibilité interne, nous verrons comment l’homme réagit à ces impressions sensibles : c’est-à-dire  par des émotions ou plus exactement, selon la langue scolastique, des passions. Il faudra alors voir comment se structure la réponse « passionnelle » aux données issues de la sensibilité.

    Voici les sujets & les dates des prochaines conférences :

    • Mardi 24 novembre : De la sensation aux passions.
    • Mardi 15 décembre : Raison, immortalité et liberté.
    • Mardi 12 janvier : Volonté, intention et choix.
  • Dans la pensée de Benoît XVI

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    Lu sur le site web du mensuel « La Nef »

    Gouyaud-2018©La-Nef-620x330.jpg

    « L’abbé Christian Gouyaud, fidèle collaborateur de La Nef bien connu de nos lecteurs, vient de publier un fort essai (1) consacré à la pensée de Benoît XVI sur le ministère pétrinien, appelé à devenir une référence en la matière. Il bénéficie d’une belle préface du cardinal Sarah:

    La Nef – Pourquoi vous êtes-vous intéressé au « ministère pétrinien » vu par le cardinal Ratzinger et le pape qu’il est devenu ?

    Abbé Christian Gouyaud – De façon générale, je suis fasciné par la pensée de J. Ratzinger qui assume le meilleur de la « nouvelle théologie », soit le contact avec les sources, sans se restreindre à la critique historique. Ratzinger n’adopte certes pas la dialectique scolastique pour laquelle j’ai le plus grand respect, mais sa compréhension de l’Écriture et sa connaissance des Pères de l’Église lui permettent de restituer ce qu’on peut appeler « l’intuition de la foi » dans toute son incandescence. En ce qui concerne le ministère pétrinien, Ratzinger l’a côtoyé pendant vingt-trois ans comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi et Benoît XVI l’a exercé pendant huit ans. Il a donc été le témoin et l’acteur privilégiés de ce service.

    Y a-t-il sur cette question un apport spécifique ou une vision particulière de J. Ratzinger-Benoît XVI ?

    Benoît XVI avait une conception tragique de la fonction papale. Pour Ratzinger, la primauté est d’abord celle du martyre. L’investiture que Pierre reçoit du Christ est fondée sur le témoignage de foi de l’Apôtre, témoignage qui sera suprême. Le siège du vicariat du Christ, c’est la Croix ! Tel a été le sentiment de Benoît XVI au moment de son élection qu’il vécut comme le couperet d’une guillotine. Telle fut sans doute aussi la raison du choix de son nom – après Benoît XV, pape incompris – et de son attachement à saint Célestin V, son prédécesseur dans la renonciation. Le philosophe Agamben a compris le renoncement à l’exercice du pouvoir pour ne plus user que de sa dimension spirituelle comme démonstration du primat de la légitimité sur la légalité dans le contexte délétère de la Curie.

    Alors que la papauté n’a cessé de prendre de l’importance au cours de l’histoire, Benoît XVI n’était pas un adepte de « l’absolutisme pontifical », écrivez-vous : pouvez-vous nous résumer la position du pape émérite sur cette question ?

    Benoît XVI avait en effet une conception modeste du primat de juridiction. Le pape doit avant tout être un rempart contre l’arbitraire pour que l’Église reste fidèle à son fondateur. Ratzinger tient que c’est le déplacement du pouvoir impérial à Byzance qui, historiquement, a permis à l’évêque de Rome de s’affranchir d’une compréhension mondaine de l’exercice de l’autorité. Évidemment, le drame de la papauté tient dans la tentation récurrente de Pierre du rétablissement de la royauté en Israël, c’est-à-dire d’une eschatologie réalisée ici-bas, tentation dont les papes, en tant que chefs aussi temporels, n’ont pas toujours été exempts.

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  • Non, il n’existe pas de droit au blasphème!

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    Un rappel bienvenu de Mgr Cattenoz, archevêque d’Avignon, lu sur le site web «salon beige » : 

    Cattenoz 870x489_mgr_jean_pierre_cattenoz-ruderic.jpg« Une question me travaille depuis des semaines : le blasphème est-il vraiment un droit en démocratie ? Les caricatures blasphématoires sont-elles un droit en démocratie ? Malgré les affirmations du président de la République, je réponds non à cette question et je voudrais argumenter ma réponse.

    En terre d’Islam radical, le blasphème contre le prophète ou le Coran est passible de la peine de mort et dans certains cas par décapitation. Dans l’Église catholique, quand un tabernacle ou un ciboire contenant la présence réelle du Seigneur est profané, les chrétiens célèbrent des messes de réparations et de demande de pardon pour de tels actes de profanation.

    Après les attentats de “Charlie Hebdo”, tout le monde était “Charlie” ! Personnellement, j’ai toujours affirmé : “Je ne suis pas Charlie”, tout en condamnant avec force les auteurs de cet attentat barbare et odieux. Il était fondamental de condamner l’attentat, mais il était tout aussi fondamental de me dissocier d’un journal qui fait sa une de caricatures aussi blasphématoires les unes que les autres.

    Lorsque “Charlie” a pu reparaître des mois plus tard, la une était toujours scandaleuse et m’a profondément blessé. Elle représentait le pape Benoît XVI sodomisé par le prophète ! Et la presse s’est réjouie de voir ce “journal” renaître de ses cendres. Quelques temps après, j’ai eu l’occasion, lors d’un repas à la préfecture d’Avignon avec le ministre de l’Intérieur de l’époque, et les représentants des cultes de poser au ministre la question suivante : le blasphème semble faire partie des gènes de “Charlie Hebdo”, mais ne pensez-vous pas que la liberté de publier blasphème et caricatures s’arrête là où je blesse gravement mes frères ? Et je lui ai dit combien j’avais été profondément bouleversé de voir ainsi bafouer le pape Benoît et même de voir bafouer le prophète à travers cette caricature. Il m’avait répondu à l’époque qu’au gouvernement, il y avait eu un débat, car un certain nombre de ministres condamnaient une telle caricature au nom même d’une limite à la liberté dans un monde où nous sommes invités à vivre en frères.

    Je dois avouer que j’avais pleuré devant une telle caricature qui blessait ma sensibilité de chrétien. Comment des journalistes peuvent-ils agir ainsi au nom d’un pseudo droit à une liberté totale et sans limites de caricaturer jusqu’à l’extrême et de s’en glorifier ? La démocratie ou le laïcisme n’ont rien à voir en cela.

    Je croyais – naïvement peut-être – que l’homme était fait pour vivre en société et que la République avait cru bon d’emprunter aux chrétiens le symbole de la “Fraternité” comme emblème de la République ! Si nous sommes appelés à vivre ensemble en frères, la liberté de chacun s’arrête là où je blesse mon frère. Je peux certes entamer le dialogue avec un frère qui ne partage pas mon point de vue, et user de tout mon pouvoir de persuasion, mais déclarer d’emblée que le blasphème et les caricatures, quelles qu’elles soient sont un droit en démocratie, cela n’est pas juste, cela n’est pas vrai.

    En même temps, cela ne justifie en aucune façon la décapitation d’un professeur d’histoire qui voulait réfléchir avec ses élèves sur la portée de telles caricatures et sur un tel blasphème remis au goût du jour dans une presse à scandale.

    Je dois avouer combien je suis resté sans voix devant les déclarations du président de la République, qui plus est parlant depuis le Liban, face à un tel acte. Il a justifié au nom même de la démocratie la liberté de dire et de publier tout et n’importe quoi, la liberté au blasphème sous toutes ses formes. Je croyais rêver !

    Je comprends qu’il soit de bon ton aujourd’hui de se moquer des religions et de les traîner dans la boue, mais les auteurs de tels comportements se rendent-ils compte qu’ils bafouent la liberté dans son vrai sens, son sens profond et authentique ?

    Au nom même de la fraternité, base de toute vie en société, je ne peux que redire : la liberté de chacun s’arrête là où je blesse gravement mon frère ! Il s’agit là d’une vérité fondement même de toute vie en société ou alors nous allons vers une dérive totalitaire qui ne dit pas son nom. En même temps, il nous faut condamner avec force les actes de violences et de barbarie qui prétendent répondre à cette conception erronée de la liberté.

    + Jean-Pierre Cattenoz, archevêque d’Avignon »

    Ref: Non, il n’existe pas de droit au blasphème!

    Qui sème le vent récolte la tempête pour lui et pour les autres. Et surenchérir en absolutisant la laïcité comme un dogme d’Etat ne fait qu’ajouter un tison sur le feu des guerres de religion. JPSC

  • Martin Steffens, "grand témoin" sur Radio Notre-Dame

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    De Radio Notre-Dame :

    Le Grand Témoin 7h30

    14 octobre 2020 : Martin Steffens, professeur de philosophie en khâgne, conférencier et chroniqueur pour La Croix et La Vie. Auteur de « L’éternité reçue » (DDB)

    Martin Steffens livre

    Martin Steffens, professeur de philosophie en khâgne, conférencier et chroniqueur pour La Croix et La Vie. Auteur de « L’éternité reçue » (DDB)

     

  • KTO: saint Augustin, parcours d'un berbère romain

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    Eléonore  de Vulpillières a publié, sur ce thème un large commentaire à découvrir sur le site web « Aleteia » : Ref. Sur les traces de saint Augustin, le théologien berbère et romain

    JPSC

  • Toute vie pleinement vécue suppose un premier consentement à la mort

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    De Martin Steffens, philosophe, sur le site du journal la Croix :

    « Mort »

    «Mourons, et précipitons-nous au milieu des combats ! » Peut-être vais-je avoir l’honneur de vous apprendre un nouveau mot. Non pas le mot « mort », qui est l’objet de cette chronique et que, à défaut de ce qu’il désigne, tout le monde connaît. Mais le nom de la figure rhétorique du vers des Énéides de Virgile que je viens de citer. En quoi consiste-t-elle ? En ceci que le poète prend les choses à l’envers : mourir vient en premier, le combat arrive ensuite. C’est aussi étrange que cet autre vers, couché à la hâte dans un cahier tandis que son auteur, René Char, dirigeait une faction armée d’une dizaine d’hommes : « Agir en primitif et prévoir en stratège. »

    « Hystéron-protéron ». C’est ainsi que se nomme la chose. Littéralement : dernier-en-premier. Impossible à placer dans des mots croisés, difficile à glisser dans une conversation, ce mot semble toutefois utile pour exprimer ce qu’est l’engagement. Si René Char avait, pour être sûr de son choix, pris non le maquis, mais tout son temps, 1945 serait arrivé sans son secours – et ne serait peut-être pas arrivé si vite. De même concernant les ordres qu’il donnait à ses hommes : dans le feu de l’action, il ne s’agit pas tant de prendre la bonne décision, mais déjà d’en prendre une – de sortir d’une indécision mortifère… puis de travailler à faire que la première décision se révèle comme bonne. Il faut donc bien « agir en primitif » et, dans un second temps seulement, « prévoir en stratège ». La prudence n’a de sens qu’à l’intérieur de l’action qu’on ose, une fois qu’on l’a osée. Sinon, au nom de la prudence, on ne ferait plus rien. Les soldats de Virgile font de même, qui commencent par renoncer à leur vie (« Mourons… ») afin de mettre dans le combat l’ardeur qui permettra la victoire et, finalement, la survie de beaucoup. Qui craindrait de s’y lancer deviendrait une cible facile. Comme un marin coulera avec le navire si, par peur de se noyer, il refuse de se jeter à l’eau.

    Toute vie pleinement vécue, c’est-à-dire vraiment osée, tentée, suppose un premier consentement à la mort. Il meurt à un certain confort, l’enfant qui donne dans le secret de la chair maternelle l’impulsion de sa mise au monde. Qui d’entre nous n’a jamais fait ce saut à cause de quoi il perdra tout, peut-être, mais sans lequel toute croissance lui serait interdite ? « La bourse ou la vie ? » Ce n’est pas le bandit, au détour d’un chemin, c’est le Christ, à la croisée de tous les chemins, qui nous demande cette bourse où nous pensions pouvoir enfermer nos trésors en les y étouffant, et s’il nous la réclame, c’est pour nous donner la Vie.

    Quand on est chrétien, on oublie parfois ceci : morts, nous le sommes déjà. Les eaux du baptême ne sont pas de purification, comme celles du Gange. Mais de mortification. Plus exactement, pour entendre ce terme lavé de nos faux-sens, ces eaux racontent notre libération d’une vie captive d’elle-même – préoccupée seulement par sa conservation. Nous sommes morts, afin de pouvoir mieux la donner, cette vie, afin d’en être libres. Nul besoin, même, d’être tentés par le martyre puisque, vivant d’une vie déjà donnée, qui ne peut donc plus devenir l’objet d’un chantage, nous sommes prêts, non pas tant à préférer héroïquement la vérité à la vie (est-ce cela être martyr ?), mais à témoigner, dans tous les actes de notre vie, de ce que la vérité est Vie. Faisons donc mémoire que, un jour qui fut une grande fête, nous sommes morts – et jetons-nous joyeusement au milieu des grands et des petits combats de la vie.

  • Considérer la science comme l’unique source de vérité revient à lui confier un job qui n’est pas le sien

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    Une chronique de Laura Rizzerio, professeure de philosophie à l’UNamur, parue sur la Libre dans la rubrique "opinions" :

    La grandeur de la science c’est qu’elle n’explique pas tout

    Contribution externe

    Si la science est essentielle pour donner accès à la connaissance du réel, la considérer comme l’unique source de vérité revient à lui confier un job qui n’est pas le sien.

    Parmi les aphorismes dont on a hérité de la culture médiévale il y a celui-ci : contra factum non valet argumentum (contre un fait il n’y a pas d’argumentation qui vaille). Les médiévaux souhaitaient ainsi rappeler qu’il existe une distance entre les faits et leurs interprétations et qu’il faut attribuer aux premiers une priorité sur les secondes. C’était leur manière de reconnaître la grandeur de la science et de l’homme qui la construit grâce aux arguments développés par son intelligence. Mais c’était aussi affirmer que le “fait” déborde toujours l’analyse scientifique (les argumenta).

    En cette période où différentes crises – sanitaire, climatique, sociale, politique – se succèdent et s’intensifient mutuellement, ouvrant inlassablement le débat entre citoyens, experts, scientifiques et hommes politiques, cet aphorisme me paraît retrouver son actualité.

    En effet, ce qui frappe dans les débats actuels c’est qu’on utilise souvent des arguments pour contester les faits – pourtant attestés par l’expérience, l’expérimentation et l’accumulation de données scientifiques – non pas en se confrontant à d’autres faits, mais en jugeant les argumentations d’autrui comme erronées simplement à partir de ses propres interprétations. C’est le cas par exemple des débats autour du climat.

    La lutte contre la pandémie n’a fait qu’amplifier le phénomène en suscitant aussi une animosité palpable entre “experts” et décideurs politiques.

    Le vrai scientifique connaît ses limites

    Ces attitudes témoignent d’une difficulté à prendre la science pour ce qu’elle est car, comme le souligne le philosophe Jean-Michel Besnier, s’il y a bien une distinction entre sciences et non-sciences, c’est que “les premières endurent l’épreuve de la réfutation, les secondes s’y soustraient” (Jean-Michel Besnier, “Les théories de la connaissance”, PUF, 2016, p. 57.). Ces attitudes inquiètent aussi, car elles fragilisent la responsabilité individuelle, l’action politique et l’organisation de la société.

    Le philosophe Dominique Lambert décrit la science comme un “ensemble de pratiques théoriques observationnelles et expérimentales visant à maîtriser divers champs de phénomènes” (Dominique Lambert, “Les trois niveaux de l’activité scientifique”, in “Science et Théologie. Les figures d’un dialogue”, Lessius/PUN, 1999, pp. 13-44.). Elle atteint la réalité en nous livrant une connaissance de celle-ci aussi bien au terme d’une reconstruction théorique – par modélisations, formalisations, simulations – qu’au terme d’une procédure empirique, à l’aide de l’expérimentation.

    La science serait donc une discipline apte à dire quelque chose de vrai sur la réalité mais à partir de la méthode qui est la sienne, dans une condition de révision perpétuelle. Cette méthode ouvre à la connaissance du réel au moyen d’une analyse (c’est l’argumentum des médiévaux) qui explique le complexe à partir de l’élémentaire, en “réduisant” méthodologiquement celui-là à celui-ci.

    Or, si telle est la condition de la science, il est alors évident que l’image de la réalité qu’elle nous livre ne peut prétendre épuiser complètement la vérité profonde des faits. La vision “réductionniste” qui caractérise sa méthode conduit inévitablement à mettre entre parenthèses la question du sens, d’une signification qui dépasse le cadre de l’expérimentation et de l’analyse scientifiques. Ce cadre est pourtant essentiel pour expliquer l’agir des êtres humains que nous sommes. Le véritable scientifique en est conscient et ne le nie pas. C’est ainsi que, par exemple, “réduire” la complexité de l’acte humain à des mécanismes moléculaires reviendrait à faire tort à la science ainsi qu’à mépriser l’humanité. Si donc l’expertise scientifique est essentielle pour donner accès à la connaissance du réel (les faits), la considérer comme l’unique source pour dire la vérité de celui-ci et comme le seul guide de notre agir, c’est confier à la science un job qui n’est pas le sien. C’est aussi méconnaître sa grandeur et celle de la liberté humaine.

    La responsabilité d’indiquer comment nous devons agir pour faire face aux crises revient en dernière instance à chacun, et à ceux qui ont la responsabilité de gérer la société, éclairés par l’expertise scientifique, mais pas déterminés par celle-ci.

    Voilà en quoi l’aphorisme médiéval conserve toute son actualité et fait même un clin d’œil, par-delà plusieurs siècles, à notre nouveau gouvernement.

  • 27 octobre : Philo à Bruxelles avec Stéphane Mercier; "L'origine de la connaissance"

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