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Philosophie - Page 18

  • Le culte de la Pachamama, symbole de la Terre-Mère : un avatar du new age

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    Bien_vivre.jpgRédigé par Joël Hautebert le 23 décembre 2019, l’Éditorial du bimensuel l’ «Homme Nouveau» sous le titre prudent « Y a-t-il un rapport entre le bien-vivre, l’Onu et l’Amazonie ? »  revient en fait sur le culte de la Pachamama, symbole de la Terre-Mère, Gaia, un avatar du new age invité au curieux synode amazonien réuni voici quelques semaines à Rome :

    « Dans le document  final du synode sur l’Amazonie (paragraphe 9), il est dit que « la recherche de la vie en abondance chez les peuples autochtones d’Amazonie se concrétise dans ce qu’ils appellent le “bien-vivre” et se réalise pleinement dans les Béatitudes. Il s’agit de vivre en harmonie avec soi-même, avec la nature, avec les êtres humains et avec l’être suprême, car il existe une intercommunication entre le cosmos tout entier, là où il n’existe ni excluants ni exclus. Une telle compréhension de la vie est caractérisée par le lien et l’harmonie des relations entre l’eau, le territoire et la nature, la vie communautaire et la culture, Dieu et les différentes forces spirituelles. » 

    Le lien avec la Pachamama

    Cette référence explicite au bien-vivre des peuples autochtones d’Amazonie donne consistance à l’idée évoquée précédemment (cf. L’HN n° 1699) du lien étroit qui unit ce concept au culte de la Pachamama. De multiples publications universitaires sur les mutations politiques et idéologiques actuellement observables de l’autre côté de l’Atlantique confirment ce lien. Les enjeux s’étendent d’ailleurs bien au-delà du seul cas restreint de l’Amazonie… et même de l’Amérique du Sud. Il en ressort qu’il existe de fortes convergences intellectuelles et militantes enre les paradigmes actuels de la théologie de la libération et la cause mondialiste écologiste, convergences auxquelles la politique onusienne accorde son crédit à travers plusieurs résolutions. 

    En s’appuyant sur les populations indigènes du monde rural, la théologie libérationniste s’applique à modifier son approche subversive, en faisant de l’écologie son principal thème de revendication. Il est remarquable de trouver la promotion du culte de la Pachamama dès 1988, dans un livre intitulé Théologie de la Terre, écrit par un moine brésilien, toujours très à la mode, Marcelo Barros : « La Pachamama, en tant que représentation symbolique de Dieu, n’est pas idolâtrie, car elle ne sert pas à dominer les pauvres. Elle n’est qu’une médiation du Dieu de la vie. Les fruits de la Terre sont conçus comme le visage de Dieu. Quand on vénère la Terre on vénère Dieu. La Pachamama est en faveur des pauvres, protectrice des faibles. Elle est la mère qui nourrit les hommes »1. Les convergences entre la théologie libérationniste et « l’écologie des pauvres » portent essentiellement sur la dénonciation de l’exploitation de la Terre et de l’idéologie de la croissance, ainsi que sur une approche holistique du monde2. La notion de bien-vivre offre ainsi une base conceptuelle à un projet politique révolutionnaire, présenté comme une alternative au « vivre mieux » matérialiste occidental, capitaliste et colonialiste.

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  • Benoît XVI lance une fondation pour le journalisme catholique en Allemagne, indépendante de l’épiscopat

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    Lu sur le site du « salon beige » :

    Benoît-XVI-1920x1080.jpgA la surprise générale, le pape émérite Benoît XVI a lancé une fondation pour le journalisme catholique en Allemagne.

    « Je veux que la voix catholique soit entendue »

    L’objectif de cette fondation est de lever l’équivalent d’environ 500 000 $ en 2020 pour investir dans la formation de jeunes journalistes et soutenir une variété de projets, y compris la recherche sur des questions d’éthique biomédicale, en Allemagne.

    Étant donné que les diocèses, riches grâce à l’impôt, et la puissante conférence épiscopale financent déjà un large éventail de projets médiatiques et de médias qui dispensent une formation, y compris une école de journalisme catholique dédiée basée à Munich, l’initiative du pape émérite a été vue comme une stratégie pour renforcer les reportages catholiques fidèles au magistère, indépendamment des influences épiscopales et autres.

    La «Société des journalistes catholiques» a critiqué cette décision, affirmant qu’elle se demandait pourquoi le pape émérite avait décidé d’entreprendre cette initiative sans impliquer l’école de journalisme existante… Sans doute parce que son orthodoxie fait défaut…

    À quelques exceptions notables – comme l’édition allemande de Catholic News Agency, CNA Deutsch –l’infrastructure des médias catholiques et de ses organes de représentation en Allemagne est profondément ancrée dans les structures et les organes généraux de l’Église.…

    (via le FC)

    Ref. Benoît XVI lance une fondation pour le journalisme catholique en Allemagne, indépendante de l’épiscopat

    JPSC

     

  • Quelle vision anthropologique de l’homme à partir des Écritures ? et quid de l’homosexualité, du divorce, de l’adultère…?

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    Du site Aleteia.org :

    Divorce, genre, homosexualité : la Commission pontificale biblique répond aux enjeux contemporains

    17 décembre 2019

    Dans un document paru en italien le 16 décembre 2019, la Commission théologique pontificale biblique propose une vision anthropologique de l’homme à partir des Écritures. Une étude « systématique » qui aborde de front les grands sujets contemporains tels que l’homosexualité, le divorce ou encore l’adultère…

    « Qu’est-ce que l’homme » ? C’est la question à laquelle la Commission théologique pontificale biblique vient de proposer une réponse, dans un ouvrage paru en italien le lundi 16 décembre. Ce document, intitulé : « Qu’est-ce que l’homme (Ps 8, 5), un itinéraire d’anthropologie biblique » rassemble les données de la Bible sur l’être humain, de la Genèse à l’Apocalypse. Construit en quatre parties, il se veut un « instrument » à destination des experts, catéchistes ou encore formateurs, explique Pietro Bovati, membre de cette commission, dans le communiqué de présentation du document.

    Si ce livre aborde de multiples thématiques, c’est parce qu’il est voué à devenir un « texte de référence » sur des thèmes sensibles, au « centre du débat social et civil », explique-t-il. Le divorce, l’adultère, l’homosexualité, le célibat sacerdotal, le mariage ou encore les violences familiales en font évidemment parti. Abordant frontalement ces problèmes avec « délicatesse » dans le troisième chapitre, le document évite cependant l’écueil des « réponses ponctuelles » et s’enracine dans les principes du magistère biblique, poursuit Pietro Bovati.

    Lorsque certaines questions n’ont pas de réponse « immédiate et précise » dans la Bible, car les « situations culturelles des temps anciens n’étaient pas les nôtres », l’ouvrage respecte le « niveau d’information » contenu dans les Écritures, explique le membre de la commission biblique. Néanmoins, le document formule toujours certains « principes » et « indications » pouvant aider théologiens, moralistes ou pasteurs à formuler une réflexion. C’est le cas par exemple du principe de la différence sexuelle sur les questions de genre, illustre-t-il.

    Une méthode « systématique »

    Outre ce troisième chapitre, les deux premiers de l’ouvrage, sont quant à eux dédiés à la conception de l’être humain et à sa relation avec la Création. Ainsi, la nutrition, « question anthropologique très importante », ou encore le travail y sont abordés. Enfin, le quatrième chapitre évoque le lien complexe de l’homme avec la Loi.

    Si la « tradition chrétienne » a été préservée, explique Pietro Bovati, la commission théologique a voulu d’abord utiliser une méthode « systémique » afin d’offrir « un chemin sur ce que la Bible dit sur toute la complexité de l’être humain ». Il s’agit donc de montrer que l’Écriture n’est pas un « répertoire de déclarations isolées » mais que chaque passage doit être abordé à la lumière de son contexte. Une méthode qui offre « une compréhension de l’homme plus complexe », « plus conforme à notre tradition biblique », conclut-il.

    Lire également : https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2019-12/qu-est-ce-que-l-homme-document-commission-pontificale-biblique.html

  • Bruxelles, 17 décembre : Philo à Bruxelles avec Stéphane Mercier "Sciences et connaissance : lumières thomistes"

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  • Ecologie : L’homme, un visiteur ?

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    L’homme n’est-il qu’un voyageur sans bagages sur cette terre ? De Robert Royal sur le site web "France Catholique", cette réflexion en marge du synode « amazonien » animé par le  pape François :

    visiteur a-5270305-1d629.jpgOn peut presque toujours prévoir les limites, l’objet et le langage particulier des synodes. Mais un nouveau terme susceptible d’être significatif a émergé lors des derniers jours du Synode de l’Amazonie. Selon certains les participants au synode ont parlé de changement de mentalité : nous ne penserions plus être les seigneurs et maîtres de la nature, mais ne serions que des ”visiteurs” en ce monde.

    Tout comme dans ce qui surgit lors des discussions sur l’écologie on trouvera des avis ”pour” et des avis ”contre”. Côté positif — tout-à-fait positif — on notera le rejet de l’idée centenaire qui a pourri dès ses débuts la Révolution Scientifique. René Descartes parlait de nous rendre ”Maîtres et propriétaires de la nature”. Francis Bacon allait encore plus loin, nous suggérant de nous dépasser en rejetant la nature ”pour le bien-être de l’homme”.

    Il va sans dire que ces idées brutes ne sont guère conformes aux vues chrétiennes. L’idée erronée que la Bible — et non les premiers pas des ”Lumières” — approuvait une telle suprématie nette depuis plus d’un demi-siècle a eu pour effet de faire croire aux environnementalistes que la Chrétienté est coupable de la dégradation de l’environnement, et qu’il faut donc la rejeter.

    Une vision biblique de la nature commence par la Genèse qui nous dit « soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ; dominez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. »[Gn, 1-28]

    Le mot hébreu ”dominez” est selon les érudits de la Bible chargé d’une grande force, comme un pouvoir royal — d’un bon souverain — sur son royaume. Mais il faut nous rappeler qu’avant l’avènement des techniques modernes la nature n’était pas toujours une mère aimante pour notre race, mais une forte adversaire. À présent certains semblent considérer comme contre nature des événements tels qu’inondations, sécheresses, séismes, raz-de-marée, tornades, phénomènes météo étranges. En vérité, ces phénomènes ont fait partie des événements bien avant notre venue sur terre. Alors, la domination énoncée par la Bible peut bien être vigoureuse, mais elle aura la force du cultivateur qui fera épanouir le désert, travaillera la terre, élèvera des animaux, pour son existence sur terre.

    Je n’ai pas la moindre idée sur l’origine du terme ”visiteur” — ”ospite” pour les Italiens. Il semble chargé d’humilité et de déférence envers la nature, ce qui siérait parfaitement. Mais en fait, nous ne sommes pas des visiteurs, nous ne sommes pas comparables à des clients d’hôtel ou à des invités dans une demeure particulière. Notre raison d’être ici-bas — Chrétiens ou Juifs le croyons selon la révélation divine — réside dans le rôle qui nous est échu.

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  • Philo à Bruxelles, 19 novembre : "Un animal métaphysique connecté au réel", avec Stéphane Mercier

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  • Une conversation philosophique avec Rémi Brague (KTO)

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    De KTO :

    Rémi Brague

    07/11/2019

    Rémi Brague est un philosophe spécialisé dans la philosophie grecque, mais aussi la philosophie médiévale juive et arabe. Cette multiple compétence lui a permis de développer une oeuvre ou il essaye de comprendre la spécificité de la civilisation européenne et celle du christianisme au sein du monde des religions. « Modérément moderne », comme il aime à se définir, il porte sur le monde actuel un regard aiguisé non dénué d’ironie. Il est membre de l’Institut de France et lauréat du prix Ratzinger. Il nous livre ses observations souvent paradoxales et toujours stimulantes.

  • Le pape aux dirigeants des universités catholiques : "On ne peut transmettre des connaissances en dehors de leur dimension éthique"

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    D'Hélène Ginabat sur zenit.org :

    Universités catholiques : former de futurs protagonistes du bien commun (traduction complète)

    Et affronter les questions éthiques

    4 novembre 2019

    Le pape François a exhorté les universités catholiques à préparer les « jeunes générations à devenir non seulement des professionnels qualifiés dans les différentes disciplines, mais aussi des protagonistes du bien commun, des dirigeants créatifs et responsables de la vie sociale et civile avec une vision correcte de l’homme et du monde ». Il s’agit, pour le pape, de « développer non seulement l’esprit mais aussi le “coeur”, la conscience et les capacités pratiques de l’étudiant ».

    Le pape François a reçu en audience les participants au Congrès de la Fédération internationale des Universités catholiques (FIUC), au Vatican ce lundi matin 4 novembre 2019. Le congrès, intitulé « Nouvelles frontières pour les dirigeants des universités. L’avenir de la santé et l’écosystème de l’université », se tient du 4 au 5 novembre à Rome, au Centre des Congrès Augustinianum.

    Devant le défi représenté par le développement des sciences technologiques, le pape a mis en garde contre « une éducation réduite à une simple instruction technique ou à une simple information », qui serait « une aliénation de l’éducation ». Il a rappelé que « tout enseignement implique aussi de s’interroger sur les “pourquoi”, c’est-à-dire qu’il requiert une réflexion sur les fondements et sur les fins de toutes les disciplines ». C’est pourquoi, a-t-il insisté, « croire que l’on peut transmettre des connaissances en dehors de leur dimension éthique serait comme renoncer à éduquer ».

    Voici notre traduction du discours prononcé par le pape François en italien.

    HG

    Discours du pape François

    Recteurs Magnifiques et Distingués professeurs,

    Soyez les bienvenus à cette rencontre à l’occasion du congrès de la Fédération internationale des Universités catholiques sur le thème : « Nouvelles frontières pour les dirigeants des universités. L’avenir de la santé et l’écosystème de l’université ». Je salue cordialement la Présidente, Isabel Capeloa Gil, [en espagnol], que je  remercie d’avoir eu la courtoisie de parler en castillan, ainsi que toutes les personnes présentes et je remercie aussi la Fédération pour cet engagement dans les études et la recherche.

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  • Et si l'athéisme triomphait...

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    De Jean-Michel Castaing sur aleteia.org :

    Et si l’athéisme triomphait ?

  • "Pourquoi le mal ?" Une catéchèse de Mgr Aupetit

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    • L’entretien de Mgr Michel Aupetit du 19 octobre 2019

    RADIO NOTRE DAME - 19 OCTOBRE 2019

    Pendant quelques semaines, Mgr Michel Aupetit propose une catéchèse sur le thème "Pourquoi le mal ?". Le problème du mal, de son existence, figure au cœur des questions philosophiques et spirituelles que se posent les hommes depuis les temps les plus anciens. Cette semaine : le mal, absence de bien.

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  • Rien n’est plus sain que la recherche de la gloire car il s’agit d’un appétit très naturel

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    D'Eugénie Bastié sur le site du Figaro Vox :

    Fabrice Hadjadj: «La recherche de la gloire est saine, c’est un appétit naturel»

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Le dernier livre du philosophe Fabrice Hadjadj est une ode à la gloire qui - loin de s’y opposer - va de pair avec l’humilité. Il réhabilite la recherche de la gloire comme remède au règne de l’utilitaire et moyen de célébrer la vie sous toutes ses formes.

    11 octobre 2019
     
    Fabrice Hadjadj.
    Fabrice Hadjadj. Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

    Fabrice Hadjadj est écrivain et philosophe. Il est le directeur de l’université Philantropos. Il vient de publier À moi la gloire aux éditions Salvator (septembre 2019).


    FIGAROVOX.- Les catholiques ont tendance à mettre en avant l’humilité plutôt que la gloire. Est-ce une erreur?

    Fabrice HADJADJ.- Lorsqu’un prédicateur monte en chaire et se place bien sous les projecteurs pour prôner l’effacement, on peut à bon droit penser qu’il y a quelque chose qui cloche… L’humilité est une vertu spécifiquement chrétienne, ignorée des païens, car elle suppose la révélation tragicomique d’un Dieu qui s’abaisse jusqu’à se faire ce charpentier juif qu’on crucifie comme malfaiteur à 33 ans.

    Rien n’est plus sain que la recherche de la gloire, car il s’agit d’un appétit très naturel.

    À l’opposé, la vertu païenne majeure est liée au désir de gloire: Cicéron l’appelle «magnanimité» (de magna anima, la «grande âme»). Dans La Conjuration de Catilina, Salluste affirme que l’aspiration à la gloire, c’est-à-dire le désir de distinction, est précisément ce qui nous distingue des bêtes. Sans elle, il n’y aurait pas de sens du sacrifice et donc pas de république, puisqu’on ne viserait rien de plus grand que son intérêt immédiat. D’ailleurs, en grec, «vertu» se dit arétè, qui peut se traduire par excellence.

    La question est donc double. Premièrement, elle concerne le rapport du paganisme au christianisme: y a-t-il entre eux une totale contrariété, ou bien le second dépasse-t-il le premier en l’assumant pleinement? Secondement, si l’humilité n’a rien à voir avec le désir de gloire, on n’échappe pas à la critique de Nietzsche: soit l’humilité est négation de soi, et le christianisme n’est plus qu’un nihilisme ; soit elle est un désir de gloire honteux - une stratégie des faibles pour supplanter les forts -, et le christianisme n’est plus qu’hypocrisie.

    La recherche de la gloire n’est donc pas forcément malsaine?

    Rien n’est plus sain, car il s’agit d’un appétit très naturel. Et rien n’est plus humble même. Car il n’y a pas de gloire sans un autre qui nous rend gloire. Bossuet, dans son discours de réception à l’Académie française, observe que la gloire se dédouble en gloire des héros et gloire des poètes, et que les uns ne peuvent être sans les autres.

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  • Synode en Amazonie : la marche sur Rome des théologiens de la libération

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    Amazonie 3367163792.jpgLu sur le site web « atlantico » cette salve d’Edouard Husson publiée le 6 octobre 2019 contre le document préparatoire du "synode amazonien ", le jour même ou le pape François ouvre les portes de cette assemblée à Rome:

    « Un texte d’une extrême indigence intellectuelle

    Ce n’est pas seulement le panthéisme naturaliste; ce n’est pas seulement la négation de l’élection d’Israël qui signent un texte non chrétien. C’est aussi son extrême indigence intellectuelle. Le christianisme est né au sein d’une des cultures les plus lettrées de l’Antiquité dans la zone la plus alphabétisée du Bassin méditerranéen, où l’on parlait quatre langues: l’hébreu, l’araméen, le grec et le latin. La religion du Christ s’est ensuite répandue autour du Bassin méditerranéen avec une grande rapidité, parce que les élites y adhéraient, nombreuses: c’est bien pourquoi la résistance du pouvoir romain et la persécution des chrétiens furent si marquées durant les trois premiers siècles de notre ère. Contrairement à ce que nous a raconté une exégèse allemande du XIXè siècle passablement antijuive, sinon antisémite (et colportée par Renan en France), les empereurs romains furent rapidement terrifiés non par une bande d’illuminés sectaires mais par le basculement massif des élites antiques vers une religion qui comblait leurs attentes.  

    Les premiers siècles du christianisme ont permis une extraordinaire floraison culturelle, en particulier, grâce à la rencontre de l’Evangile avec le corpus intellectuel et culturel gréco-romain. Tandis que la chrétienté orientale profitait de l’essor byzantin, qui dura onze siècles, le monde chrétien occidental conserva précieusement les trésors de la latinité après la chute de l’Empire romain. Et c’est en Europe puis dans l’ensemble de l’Occident, n’en déplaise aux auteurs de l’Instrumentum laboris, qu’eut lieu la plus formidable mutation politique, économique et technique de l’histoire humaine. A-t-on jamais égalé le jaillissement philosophique qui mène de saint Augustin (au Vè siècle de notre ère) au Bienheureux Jean Duns Scot (au XIVè siècle), en passant par Saint Anselme (XIè siècle), Saint Bonaventure (XIIè siècle) et Saint Thomas D’Aquin (XIIIè siècle)? Le bon gouvernement pensé par Aristote et Cicéron, mais aussi l’art, la culture, l’éducation devinrent, grâce au christianisme, progressivement accessibles à tous, hommes et femmes de toute condition sociale, et non plus uniquement, comme dans le monde antique, à une minorité de citoyens masculins. 

    Depuis ses origines - et contrairement au cliché répandu par l’époque des Lumières - le christianisme a passé alliance avec ce qu’il y a de meilleur dans l’esprit humain. Et c’est une réalité qui va bien au-delà des renaissances culturelles et artistiques successives qu’a connues l’Europe entre le IXè et le XVIè siècle. Au XIXè siècle, alors que la philosophie allemande s’obstinait, de Kant à Schopenhauer, à rogner les prérogatives de la raison, le Concile Vatican I a réaffirmé solennellement la puissance de l’intellect humain. Au XXè siècle, l’Eglise a été de tous les combats contre les totalitarismes, pour préserver la liberté et la dignité humaines. Aujourd’hui comme hier, on reconnaît un texte chrétien à ce qu’il veut hisser l’humanité au-dessus d’elle-même, lui donner espoir, la persuader qu’aucune situation n’est jamais totalement désespérée. Aucun doute, le Document de Travail du Synode, véritable attentat contre l’intelligence, n’éclaire rien; au contraire, il est fondé sur un pessimisme sombre concernant la civilisation. Il est rempli de jargon bureaucratique et de clichés affligeants. Le niveau de ses descriptions géographiques, sociologiques, anthropologiques ne conviendrait pas à un manuel scolaire. Il prône une régression intellectuelle et civilisationnelle profonde: alors que le monde doit faire face - et aurait besoin d’être guidé spirituellement - à l’ère digitale, au monde de l’intelligence artificielle, l’Instrumentum Laboris nous donne pour modèle un « paradis imaginaire » antérieur à toutes les cultures qui ont façonné et modèlent encore aujourd’hui les relations entre les hommes à l’échelle mondiale. Alors que nous avons besoin d’être guidés face aux progrès fulgurants des biotechnologies, le Document de Travail voudrait plonger les fidèles de l’Eglise catholique dans un regard infantilisant le monde. Au moment où les catholiques français attendent un soutien sur des sujets comme la PMA, on leur propose une phraséologie obscurantiste sur le « cri de la terre ».

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