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Politique - Page 20

  • Israël génocidaire ? Quand le Pape se lance dans la guerre des mots

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Israël génocidaire ? Quand le Pape se lance dans la guerre des mots

    Selon Edith Bruck, l’écrivaine juive survivante de la Shoah qui a eu, il y a deux ans, la surprise de recevoir chez elle la visite du Pape François, ce dernier « n’a pas le contrôle de ce qu’il dit ». En particulier d’un mot : « génocide ».

    Mme Bruck faisait référence à ce que François avait déclaré dans son énième livre annoncé le 17 novembre en Italie par « La Stampa » et en Espagne par « El País » : « Je pense à ceux qui abandonnent Gaza au beau milieu de la famine qui frappe les frères Palestiniens face à la difficulté de faire entrer l’aide et la nourriture dans leur territoire. Selon certains experts, ce qui est en train de se passer à Gaza a les caractéristiques d’un génocide. Il faudrait analyser attentivement pour déterminer si cela s’inscrit dans la définition technique formulée par les juristes et les organismes internationaux. »

    Mais les faits interdisent de penser que le Pape aurait laissé échapper le mot « génocide » par erreur. Il y a un an, le 22 novembre 2023, il avait rencontré au Vatican la famille de Palestiniens détenus dans les geôles israéliennes et déjà à l’époque, aux dire de tous ceux qui étaient là, il avait qualifié de « génocide » l’attaque à Gaza en cours depuis quelques semaines seulement. Et une heure plus tard, à l’audience publique générale du mercredi, il avait ajouté de lui-même, s’écartant de son texte écrit, que « ce n’est pas faire la guerre, ça, c’est du terrorisme ».

    La secrétairerie d’État avait bien essayé d’ouvrir le parapluie. « Il est irréaliste que le pape ait parlé de génocide », avait déclaré le cardinal Pietro Parolin. Mais le 10 mai de cette année, les diplomates du Vatican ont à nouveau été mis en difficulté quand, place Saint-Pierre, à l’occasion d’une rencontre mondiale sur l’encyclique « Fratelli tutti », le Yéménite Tawakkol Karman, le prix Nobel de la paix 2011, a encore une fois accusé Israël de « nettoyage ethnique et de génocide ». Cette fois-là, le Vatican n’avait publié aucun rectificatif.

    Pareil après cette autre sortie du pape qui, comme les précédentes, est arrivée un peu par surprise, totalement à l’insu de la Secrétairerie d’État. Le cardinal Parolin s’était borné à commenter que : « il faut toujours étudier ces choses, parce qu’il y a des critères techniques pour définir le concept de génocide. Le pape a dit ce que nous avons toujours répété ».

    Alors qu’en revanche, certains ont lu bien plus que cela dans les déclarations du pape, comme l’archevêque et théologien Bruno Forte, qui lui était déjà proche pendant les premières années de son pontificat, et qui, dans une interview au « Corriere della Sera », a déclaré qu’il était juste « d’appliquer la définition de génocide à ce que le gouvernement israélien est en train de faire à Gaza », si l’en s’en tient à la manière dont les Nations Unies l’ont définie en 1948 : « l’intention de détruire en tout ou en partie un groupe national ethnique, racial ou religieux en tant que tel ».

    Bref, en ce qui concerne le Pape, il s’agit davantage d’un choix délibéré qu’un accident verbal, avec la volonté de prendre part, en tant que protagoniste non neutre, à une controverse qui se fait de plus en plus vive, aussi bien chez les catholiques que chez les juifs, quant à savoir si Israël serait coupable non seulement de génocide mais également de nettoyage ethnique, d’« apartheid », de colonialisme oppresseur et de crimes contre l’humanité.

    Du côté juif, on peut citer Anna Foa, une historienne réputée, dont le dernier livre intitulé « Il suicidio d’Israele » lui a valu une grande interview dans les colonnes de « L’Osservatore Romano » du 13 novembre.

    Interpellée après la sortie du Pape sur le génocide, elle a déclaré à « La Stampa » que Jorge Mario Bergoglio a exprimé « un doute légitime » et que « même s’il ne s’agissait pas d’un génocide, ces dizaines de milliers de victimes palestiniennes à Gaza sont certainement un crime contre l’humanité ».

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  • Henri Pirenne, Belge, Européen, universel

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    De Paul Vaute sur son blog "Le passé belge" :

    24 novembre 2024

    Henri Pirenne, Belge, Européen, universel

    L’auteur de la monumentale « Histoire de Belgique » en sept volumes est aussi reconnu internationalement comme un pionnier de l’histoire « totale » prônée par l’école des Annales. Hostile aux nationalismes, il leur opposa le rempart de la méthode comparative et plaida pour la création d’une revue d’histoire universelle (1886-1937)

       Considéré chez nous comme une figure de proue de l’histoire nationale, dénigré à ce titre par les tenants des nationalismes concurrents – flamand, wallon… –, Henri Pirenne (1862-1935) fut aussi un des grands rénovateurs de la science du passé au début du XXe siècle. Dans et hors de nos frontières, il demeure une référence et nul ne conteste son inscription parmi les pères de ce qui s’est appelé, selon les époques, l’école des Annales ou la « nouvelle histoire » , entendez celle qui explore et intègre pleinement les données économiques, sociales, culturelles…

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  • 1789 : l'histoire falsifiée

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    De L'Incorrect (newsletter) :

    L’Histoire falsifiée – 1789 : Mythos et sans culottes

    Dans 'Il nous fallait des mythes', l’historien Emmanuel de Waresquiel, spécialiste de la Restauration, montre avec maestria comment certains épisodes révolutionnaires ont été mythifiés par ses laudateurs, bien loin de toute vérité historique, pour construire une nouvelle sacralité laïque.

    Pourquoi fallait-il des mythes à la Révolution ?

    D’une certaine façon, les conditions dans lesquelles les députés du tiers convoqués par Louis XVI aux États généraux se sont emparés de la souveraineté le 17 juin 1789 s’apparente à une sorte de coup d’État. Le roi et les députés des deux autres ordres du royaume, le clergé et la noblesse, sont mis devant le fait accompli. On ne leur demande pas leur avis. Si l’on ménage encore le roi, le climat général est à la guerre civile sur fond de revendication égalitaire contre les ordres privilégiés, accusés de vouloir entraver le processus révolutionnaire. Le complot est au cœur de la dynamique révolutionnaire jusqu’à la Terreur, et l’on soupçonne déjà en juin 1789 les aristocrates de vouloir comploter contre les patriotes.

    La nouvelle souveraineté de la nation proclamée le 17 juin quand les députés du tiers se constituent en Assemblée nationale, réaffirmée et étendue le 20 juin par le serment du Jeu de paume, est née de façon brutale et unilatérale. On sort en quelques jours de mille ans de souveraineté monarchique. Les révolutionnaires ont très vite éprouvé le besoin de trouver des mythes fondateurs à leur nouvelle légitimité sociale et politique. On invente donc une nouvelle version laïque du serment désormais prêté « à la romaine » debout et bras levé, de nouvelles icônes, de nouveaux martyrs, de nouveaux monuments, de nouvelles fêtes désormais consacrées à la liberté, à l’égalité, à la fraternité, à la famille, à la nature, etc.

    Dans un passionnant parallèle entre foi religieuse et foi révolutionnaire, vous écrivez : « La Révolution n’aurait pas été ce qu’elle est sans le poids du catholicisme. La langue missionnaire et biblique sert de modèle inversé aux discours les plus radicaux. » Qu’entendez-vous par là ?

    La Révolution est une guerre de religion entre l’ancienne sacralité monarchique de droit divin et la nouvelle sacralité laïque du peuple, tout en étant l’héritière du catholicisme d’Ancien Régime. N’oublions pas que les curés jouent un rôle essentiel à la construction de la souveraineté nationale en juin 1789 en se ralliant aux députés du tiers état. Il faut revenir en arrière, aux Lumières, au déisme des loges maçonniques, à la persistance aussi des idées jansénistes à travers tout le XVIIIe siècle pour comprendre ce rêve porté par une partie du clergé d’un retour à une Église primitive, débarrassée de ses ors et aussi égalitaire que possible. N’oublions pas qu’un conventionnel sur dix était d’origine cléricale. On porte encore le saint sacrement en procession dans les rues de Paris en mai 1793 le jour de la Fête-Dieu.

    Elle a même mis les mots de la religion à son service : « missionnaires de la liberté, « catéchisme révolutionnaire », « apostolat ». Les sociétés populaires sont autant de « noviciat(s) » de la République et la guillotine se métamorphose avec l’exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793 place de la Révolution en une sorte d’autel métaphorique de la souveraineté du peuple. On y fait couler le sang du roi en expiation de ses « crimes ». On y sacrifie au nom du peuple son corps physique autant que son corps spirituel. Il n’y aurait pas de République sans ce sacrifice fondateur. Souvenez-vous du grand discours prononcé par Robespierre à la Convention le 3 décembre 1792 : « Louis ne peut être jugé, il est déjà condamné ; il est condamné ou la République n’est point absoute. » Ce faisant, la guillotine en est comme sanctifiée. Ces expressions-là pullulent dans les correspondances et les comptes rendus révolutionnaires : « Sainte guillotine, priez pour nous », « Notre sainte mère la guillotine », etc.

    Ces ambiguïtés révolutionnaires sur la laïcité éxpliquent en partie les controverses actuelles sur le sens que nous voudrions lui donner : une laïcité envisagée comme une simple règle du jeu censée protéger les libertés de conscience et de culte, ou une laïcité de combat, « une théocratie à froid, aurait dit Victor Hugo, sans prêtres et sans Dieu ».

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  • Burkina Faso : les chrétiens exposés à des persécutions dévastatrices

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    De Philippe d'Avillez sur le Pillar :

    Avec les prises de contrôle terroristes dans les villages du Burkina Faso, « les gens souffrent vraiment »

    23 novembre 2024

    Le Burkina Faso est un petit pays enclavé d'Afrique de l'Ouest. Colonisé par les Français à la fin des années 1800, le pays a obtenu son indépendance en 1960. Bien qu’il soit l’un des principaux producteurs de coton et d’or, le Burkina Faso reste aujourd’hui l’un des pays les moins développés du monde. Ces dernières années, le pays a été en proie au terrorisme et à la violence, ce qui a particulièrement exposé les chrétiens à des persécutions dévastatrices. 

    Ordonné au Burkina Faso en 2008, le père Jacques Sawadogo a servi dans son diocèse d'origine de Ouahigouya pendant huit ans. Il fut ensuite envoyé par son évêque en Europe, où il étudie désormais la théologie dogmatique, mais il revient chez lui au moins une fois par an. À chaque fois qu’il le fait, dit-il, la situation s’aggrave. 

    « En 2016, je pouvais voyager partout au Burkina Faso, mais maintenant, quand je rentre chez moi, je dois faire très attention », a-t-il déclaré à The Pillar . « Je peux toujours voyager de la capitale à Ouahigouya, mais à 40 km de la ville, c’est déjà trop dangereux. »

    Au cours de la dernière décennie, le Burkina Faso, pays réputé pour son harmonie interreligieuse et interethnique, est devenu un pays en proie au terrorisme. Aujourd'hui, le gouvernement n'exerce son contrôle que sur environ 60 % du territoire national, tandis que des groupes terroristes islamistes opèrent librement dans le nord et l'est du pays. 

    Les chrétiens sont parmi les plus touchés par le terrorisme au Burkina Faso. Déjà minoritaires, les chrétiens des régions touchées sont aujourd’hui confrontés à de terribles persécutions. « La situation des chrétiens est compliquée », explique Sawadogo. « Dans les grandes villes, les gens peuvent encore vivre leur foi comme ils le souhaitent. Mais dans les petites villes et les villages, les terroristes rendent la vie des chrétiens très difficile. Ils sont chassés de leurs villages et de nombreuses églises ont été incendiées. Dans mon diocèse, il y a trois ou quatre paroisses qui sont isolées. » « Quand les terroristes arrivent, ils ordonnent aux femmes de porter le voile et aux hommes de se laisser pousser la barbe et de raccourcir leurs pantalons. Si les gens ne veulent pas se soumettre, ils ont 24 heures pour partir, sinon ils seront tués et leurs maisons brûlées. » Parfois, plutôt que de formuler des revendications, les terroristes pénètrent dans un village et tirent sur tout le monde à vue. Au cours d'une série d'attaques survenues sur trois jours en octobre, au moins 600 personnes ont été tuées, et des dizaines d'autres ont été assassinées depuis lors. 

    Les chrétiens ne sont pas les seules victimes, a noté Sawadogo. « Quand les terroristes arrivent, ce ne sont pas seulement les chrétiens qui sont persécutés ou tués, mais aussi les musulmans qui veulent simplement vivre leur vie, ou qui ont de bonnes relations avec les chrétiens, ou qui ne sont tout simplement pas assez musulmans. » Les dirigeants musulmans locaux ont dénoncé haut et fort les terroristes, a déclaré Sawadogo, mais le stress dû à des années de violence a conduit à un climat de suspicion qui n'existait pas auparavant. « En général, les relations sont bonnes. La majorité des musulmans et des chrétiens s’entendent bien. Beaucoup de familles sont mixtes, y compris la mienne. Le problème vient toujours des radicaux », a-t-il déclaré. « Mais cette situation a aussi affecté nos relations. Les gens sont devenus plus prudents les uns envers les autres. Quand on parle, on fait toujours attention à ce qu’on dit, parce qu’on ne sait pas qui est qui, qui pourrait faire quoi. Cela a semé la suspicion au sein de la population. »

    La montée du terrorisme et de la violence a été constatée dans un récent rapport de la fondation pontificale Aide à l'Église en Détresse. Intitulé « Persécutés et oubliés ? », le rapport met en lumière la situation des chrétiens persécutés dans 18 pays désignés comme « pays particulièrement préoccupants ». Le rapport de cette année révèle que la persécution des chrétiens s’est aggravée dans 11 des 18 pays, est restée inchangée dans six et s’est améliorée uniquement au Vietnam. 

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  • La fête du Christ-Roi, un changement de perspective et de signification ?

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    Le déplacement de la fête du Christ Roi de l'univers du dernier dimanche d'octobre (avant la réforme liturgique) au dernier dimanche de l'année liturgique suscite de légitimes questions. Le blog du Mesnil-Marie critique sévèrement ce changement de perspective et de signification.

    2007-24. De la Royauté du Christ à la gloire de ses élus.

    Le dernier dimanche du mois d'octobre, la liturgie - dans son calendrier traditionnel auquel nous tenons d'une manière très spéciale - nous donne de fêter le Christ, Roi de l'univers.

    Il y avait une volonté explicite du Pape Pie XI dans le choix spécial de ce dimanche, lorsqu'il institua cette fête, puisqu'il écrivait dans l'encyclique “Quas primas” du 11 décembre 1925 : “… Plus que tout autre, le dernier dimanche d'octobre Nous a paru désigné pour cette solennité : il clôt à peu près le cycle de l'année liturgique ; de la sorte, les mystères de la vie de Jésus-Christ commémorés au cours de l'année trouveront dans la solennité du Christ-Roi comme leur achèvement et leur couronnement et, avant de célébrer la gloire de tous les Saints, la liturgie proclamera et exaltera la gloire de Celui qui triomphe en tous les Saints et tous les élus.”

    La réforme liturgique issue du second concile du Vatican a opéré un double déplacement de cette fête :

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  • La Royauté du Christ : un antidote à l'absolutisme

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    Du site de France Catholique :

    «  La royauté du Christ, antidote à l’absolutisme  »

    propos recueillis par Constantin de Vergennes

    17 novembre 2021

    L’année liturgique se clôture le 24 novembre avec la solennité du Christ-Roi de l’univers. Que reste-t-il de l’appel lancé par Pie XI en 1925 à reconnaître la royauté du Christ sur les sociétés ? Entretien avec le chanoine Benoît Merly, prêtre et professeur de théologie dogmatique et morale au séminaire de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.

    Dans l’encyclique Quas primas (1925), Pie XI exhorte à reconnaître la «  royauté  » du Christ ? Sur qui s’exerce-t-elle : l’individu, les gouvernants, la société ?

    Chanoine Benoît Merly : Sur tous, mais sur chacun à la mesure de ce qu’il est. Pour les individus, reconnaître la royauté du Christ consiste à vivre de la grâce à titre individuel : être fidèle, loyal à cette grâce, la demander quand on en manque et demander pardon quand on y est infidèle.

    Pour l’État, il est clair qu’il a le devoir de se soumettre au Christ. Il y est d’ailleurs soumis, qu’il le veuille ou non, car la société a Dieu pour auteur. C’est lui qui donne ses lois, ce qui suppose que l’État les respecte.

    Dans cette perspective, l’État et ses lois ne peuvent considérer les citoyens comme des moyens de production, ou de simples éléments accidentels, comme si l’État existait sans les individus et les familles qui le composent. Dans l’ordre naturel, l’État a pour vocation première de rechercher le bonheur temporel de ses citoyens. Il ne doit donc pas faire abstraction de la nécessité de lois destinées, d’une manière ou d’une autre, à faciliter l’accès des citoyens au bonheur surnaturel.

    Pour que la royauté du Christ puisse s’exercer sur les individus et les sociétés, il faut que ces lois répondent à la finalité surnaturelle poursuivie. Car Jésus-Christ vient pour une personne, pas pour tel État ou telle société, qui varient selon les époques. Ce qui importe, c’est que les hommes soient sauvés, individuellement. Mais l’État, la société des hommes, par ses lois, peut et doit aider chacun de ses membres à connaître et atteindre la perfection de sa vocation surnaturelle.

    La reconnaissance de la royauté du Christ peut-elle favoriser l’avènement dès ici-bas d’une société parfaite ?

    Une société parfaite ici-bas est impossible depuis le péché originel ! Il est certain que reconnaître la royauté du Christ, c’est assurer à la société et aux citoyens qui la composent un vrai bonheur temporel, et donner aux États eux-mêmes et à leur rôle une vraie perspective surnaturelle. Mais nous restons sous le joug du péché originel. Il est certes meilleur de vivre sous le joug du Christ et de ses lois, que sous le joug et les lois du péché, mais notre fin se trouve au Ciel. La grâce dont nous vivons ici-bas n’est qu’une partie du Ciel, sur la terre.

    Les désordres civils actuels ont-ils été amplifiés par la relégation du Christ en dehors de la sphère publique ?

    Sans le moindre doute. Pie XI n’est pas le seul à le dire, en particulier au XXe siècle. Saint Pie X, par exemple, avait pour devise : Instaurare omnia in Christo, «  renouveler toutes choses dans le Christ  ». À la veille de la Première Guerre mondiale, il avait exprimé ses craintes pour l’avenir et avait expliqué que tout cela n’allait arriver précisément que par mépris des lois divines, de l’Église et de ses enseignements. Il ne revendiquait pas, pour lui-même ou pour l’Église, une suzeraineté temporelle. Mais il regrettait que les royaumes chrétiens disparaissent les uns après les autres et que les lois qui gouvernent les États et les sociétés soient de plus en plus étrangères à la recherche de la charité et de la conformité des lois à la loi divine ; en un mot, au règne social, et pas seulement individuel, du Christ.

    Après la Première Guerre, Pie XI fait face à l’avènement d’États de plus en plus forts – l’Union soviétique et l’Italie fasciste en 1925 –, dont la dureté et l’omnipotence sont totalement étrangères à la perspective chrétienne. Le délaissement de la royauté du Christ exacerbe les passions humaines, qui ne sont plus mesurées, équilibrées, ne se considèrent plus vis-à-vis de ce à quoi elles ont été ordonnées, à savoir le Ciel, la vie de la grâce.

    Ce que dit Pie XI, c’est que si les sociétés ne poursuivent pas toutes un même but qui les dépasse et qui est Jésus-Christ lui-même, et que les citoyens ne recherchent pas la grâce, donnée d’autant plus facilement que les lois de l’État la facilitent, alors ils seront livrés à leurs passions et à leurs conceptions du monde et, inévitablement, ils finiront par se jeter à la gorge les uns des autres. De fait, c’est ce qui s’est produit.

    Retrouvez l’intégralité de l’entretien et de notre Grand Angle dans le magazine.

  • La Royauté sociale de Notre Seigneur

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    Le Christ Roi des individus et des sociétés (source)

    Le Christ est roi de droit sur les individus comme sur les sociétés.

    Comme seconde Personne de la Sainte Trinité, le Christ possède en commun avec le Père et le Saint-Esprit l’empire souverain sur le monde.

    Mais c’est au Christ en tant qu’Il est homme qu’est attribué le titre de Christ-Roi car la notion de royauté est une notion liée à la nature humaine.

    C’est ce qui ressort de la vision du prophète Daniel : “Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur les nuées vint comme un Fils d’homme. Il s’avança jusqu’au vieillard et on l’amena devant lui. Et celui-ci lui donna puissance, gloire et règne, et tous les peuples, nations et langues le servirent, sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son royaume ne sera jamais détruit” [[Daniel, VII 13-14.]].

    Ainsi que des paroles de l’archange Gabriel à la Sainte Vierge Marie : “Tu vas concevoir et tu enfanteras un fils… Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père. Il régnera à jamais sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin” [[Luc, I 31 et 33]].

    A Pilate qui le questionne à ce sujet, Jésus répondit sans hésitation : “Tu l’as dit, je suis roi”.

    A Saint Jean, il apparaît comme le “prince du roi de la terre” (Apocalypse I, 5) et le “Roi des rois et Seigneur des Seigneurs” (id. XIX, 16).

    Ce pouvoir royal du Christ découle de l’union de sa nature humaine avec sa nature divine à laquelle tout est soumis. Il découle de l’Incarnation.

    Et cette même union fonde également le second titre que le Christ a à être notre roi, à savoir le droit de conquête.

    Par son sacrifice rédempteur, Jésus a délivré les hommes de l’esclavage du démon.

    Le jour des Rameaux, Il avait annoncé : “Le prince de ce monde va être jeté dehors”.

    Ce qui conduit le Pape Pie XI à écrire dans son encyclique sur le Christ-Roi : “Le Christ nous commande non seulement par droit de nature, mais par un droit acquis, le droit de Rédempteur. Que les hommes oublieux se rappellent tous combien nous avons coûté à notre Sauveur : Vous n’avez pas été rachetés au prix de matières périssables comme l’or ou l’argent, mais par le sang précieux du Christ offert comme un agneau sans tache et sans défaut” [[Encyclique “Quas Primas”, I Pi I-18-19.]].

    Une royauté universelle

    Puisque par nature et par conquête le Christ possède la royauté sur le monte entier, c’est sur tous les hommes que s’étend sa royauté.

    “Son empire ne s’étend pas seulement aux nations catholiques ou seulement à ceux qui, purifiés par le saint baptême appartiennent de choix à l’Eglise, (…) il embrasse aussi tout ce qu’il existe d’hommes n’ayant pas la foi chrétienne, de sorte qu’en toute vérité l’universalité du genre humain est soumise à la puissance de Jésus-Christ” [[Léon XIII, encyclique “Annum Sacrum”.]].

    De plus, comme le Christ a dit : “Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre” (Mat XXVIII, 18), il possède le triple pouvoir : exécutif, législatif et judiciaire.

    Du fait que le pouvoir du Verbe incarné est illimité, il ressort également que sa royauté s’exerce non seulement sur l’homme privé ou sur l’homme en tant qu’il possède une dimension religieuse – privée ou publique – mais encore sur l’homme en tant qu’il est animal social dans les domaines familial et politique.

    Aussi “Sa royauté exige que l’Etat tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens aussi bien dans la législation que dans la façon de rendre la justice et que dans la formation de la jeunesse à une doctrine saine et à une bonne discipline des moeurs” [[Pie XI, encyclique “Quas Primas”.]].

    De même, le catéchisme de l’Eglise catholique rappelle l’existence de “la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines” (n° 2105).

    Citant Vatican II, ce catéchisme parle du devoir “d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles (…) de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur” (n° 696) et ajoute encore qu'”aucune activité humaine, fût-elle d’ordre temporel, ne peut être soustraite à l’empire de Dieu” (n° 912).

    Enfin, la royauté du Christ est de nature telle qu’elle engendre un devoir de culte public de la part des autorités temporelles.

    “Les gouvernants sont tenus, tout comme les citoyens, de rendre au Christ un culte public et de lui obéir” [[Pie XI, encyclique “Quas Primas”.]].

    D’ailleurs, pour les gouvernants, rendre un culte public à Dieu est déjà une exigence d’ordre naturel.

    En effet, la raison humaine peut découvrir que les sociétés comme les individus sont tributaires de Dieu pour tous les biens dont elles bénéficient. Ce qui implique de leur part un devoir public de louange, de demande, de reconnaissance, voire de réparation, puisque c’est en tant qu’autorités publiques qu’elles dépendent de Dieu pour ses bienfaits.

    C’est la raison pour laquelle nous voyons les gouvernants des sociétés anciennes rendre un culte public à Dieu.

    Et certainement qu’à cette réalité peuvent s’appliquer aussi ces lignes de Léon XIII :

    “Quant à la prétention de faire l’Etat complètement étranger à la religion et pouvant administrer les affaires publiques sans tenir plus compte de Dieu que s’il n’existait pas, c’est une témérité sans exemple, même chez les païens. Ceux-ci portaient si profondément gravées au plus intime de leurs âmes, non seulement une idée vague des dieux, mais la nécessité sociale de la religion, qu’à leur sens il eût été plus aisé à une ville de se tenir debout sans être appuyée au sol que privée de Dieu” [[Encyclique “Humani Generis”.]].

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  • Désastreux : alors que Jimmy Lai attire le soutien du monde entier, le Vatican préfère garder le silence

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Alors que Jimmy Lai attire le soutien du monde entier, le Vatican garde le silence

    Plus de 100 hommes politiques de 24 pays sont venus défendre Lai.

    Le magnat des médias de Hong Kong Jimmy Lai.
    Jimmy Lai, magnat des médias de Hong Kong. (Photo : Crédit : Napa Institute / Napa Institute)

    Des dirigeants politiques, un organisme des Nations Unies et des groupes de défense des droits de l'homme se sont publiquement exprimés en faveur de Jimmy Lai, le magnat des médias catholique de Hong Kong qui risque la prison à vie pour son implication dans des manifestations en faveur de la démocratie, tandis que le Vatican et de hauts dirigeants de l'Église continuent de refuser de faire des déclarations publiques sur cette affaire.

    Lai a comparu devant un tribunal de Hong Kong pendant trois jours cette semaine, accusé de collusion étrangère et de sédition, résultat d'une loi stricte sur la sécurité nationale entrée en vigueur en 2020.

    Il a constamment nié les accusations qui tournent jusqu'à présent autour d'une série d'articles qu'il a écrits dans son journal Apple Daily en 2019 et 2020, critiquant la répression des libertés civiles à Hong Kong.

    La loi sur la sécurité nationale a été promulguée pour punir ce que la Chine considère comme de la subversion, de la sécession, du terrorisme et de la collaboration avec des puissances étrangères, mais ses critiques affirment qu'elle est utilisée pour écraser la dissidence en supprimant les libertés civiles et la liberté d'expression.

    La comparution de Lai devant le tribunal, la première fois qu'il a été autorisé à témoigner depuis son arrestation et son incarcération il y a quatre ans, fait suite à l' emprisonnement cette semaine de 45 militants pro-démocratie de Hong Kong pour des peines allant jusqu'à 10 ans dans une autre affaire de sécurité nationale.

    Selon le groupe de défense Hong Kong Watch, bien que Lai soit le prisonnier politique le plus célèbre, il y a plus de 1 800 prisonniers politiques à la suite de la répression des cinq dernières années, y compris des législateurs démocratiquement élus, des militants et des journalistes.

    Plus de 100 hommes politiques de 24 pays

    Plus de 100 responsables politiques de 24 pays ont pris la défense de Lai, en écrivant une lettre commune le 19 novembre, condamnant la Chine pour sa « détention arbitraire et son procès inéquitable ». Ils ont demandé « de toute urgence » la libération immédiate de Lai, 77 ans, détenu en isolement dans une prison de haute sécurité à Hong Kong. En septembre, il a été signalé qu'il était privé du droit de recevoir la Sainte Communion depuis décembre dernier.

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  • Mali : Un groupe djihadiste exige la « jizya » des chrétiens

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    De Maria Lozano sur zenit.org :

    © AED

    © AED

    Mali : Un groupe djihadiste exige la « jizya » aux chrétiens

    Ils imposent une sorte d’impôt illégal qui conditionne la libre pratique de leur foi

    22 novembre 2024

    Selon les informations reçues par l’Aide à l’Église en Détresse (AED), un groupe extrémiste islamiste actif dans la région taxe à hauteur de 25 000 francs CFA (environ 40 dollars) tous les adultes chrétiens de plus de 18 ans à Douna-Pen, le plus grand village chrétien de la partie orientale de Koro, dans le diocèse de Mopti. Le versement de cette somme conditionne désormais la libre pratique du christianisme dans la région.

    Selon des sources fiables qui ont préféré garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, les extrémistes ont commencé cette pratique il y a quelques jours en collectant en toute impunité cette sorte d’impôt illégal. Ceux qui n’ont pas pu ou voulu obéir se sont vus menacés de la fermeture de leur lieu de culte.

    Douna-Pen n’est pas la première localité à subir cette fiscalité religieuse. A Dougouténé également, les habitants ont été les premiers à devoir payer cet impôt qui s’apparente à la « Jizya », un précepte coranique qui exige des fidèles des « religions du livre » à payer les autorités islamiques en échange d’une « protection ».  

    Les habitants de la région craignent que la pression des extrémistes ne s’étendent à d’autres villages, menaçant encore davantage la liberté religieuse et la sécurité locale. Il y a plusieurs mois, les extrémistes islamiques avaient exigé la fermeture des églises protestantes et catholiques de Douna-Pen. Puis, une paix précaire avait permis aux habitants de pratiquer à nouveau leur foi, mais à condition de ne pas utiliser les instruments de musique lors du culte, ce qui est une restriction à leur liberté religieuse.

    Conséquences désastreuses

    Une source a exprimé sa profonde inquiétude face à cette escalade, alors que la situation est déjà précaire pour les Chrétiens : « Nous croyons vivre dans un État laïc où de telles pratiques ne devraient pas pouvoir prospérer, mais malheureusement, c’est en train de devenir une nouvelle réalité. Si les autorités n’agissent pas, la population paiera des impôts qui iront directement dans les caisses des terroristes, agissant sous la bannière du djihadisme en République du Mali ». Il ajoute : « Nous savons que le pays est vaste et que des actions se déroulent ailleurs. Mais si rien n’est fait dans cette zone dans un bref délai, les conséquences seront désastreuses ! Ici, les gens sont tués comme des rats ! ».

    © AED

    © AED

    Douna-Pen, située dans la commune de Dioungani, abrite une importante population chrétienne. La récente extorsion financière n’est que le dernier chapitre d’une histoire de violence et de persécution qui sévit dans la région. La situation est aggravée par le manque d’infrastructures de base, telles que les routes et l’approvisionnement en eau, ainsi que par la fermeture des écoles en raison de l’insécurité.

    Il est à craindre que le prélèvement forcé de ces taxes par les groupes extrémistes islamiques ne crée de profondes divisions au sein de la population, érode la confiance envers le gouvernement et compromette encore davantage la fragile stabilité de la région. De nombreux habitants craignent d’être abandonnés par l’État malien. La source a conclu par un appel du cœur : « C’est le cri d’un citoyen qui croit toujours en la République du Mali et en ses dirigeants, mais nous avons besoin d’une action immédiate pour empêcher qu’un conflit religieux ne prenne racine dans ce pays. Que Dieu nous vienne en aide ! » 

  • Violations des droits de l’homme en Azerbaïdjan: l'Union européenne et le Conseil de l'Europe doivent agir!

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    De Thibault van den Bossche sur le site de l'ECLJ :

    Violations des droits de l’homme en Azerbaïdjan: l'Union européenne et le Conseil de l'Europe doivent agir!

    21 novembre 2024

    Alors que l’Azerbaïdjan multiplie les violations des droits de l’homme, l’Union européenne (UE) et le Conseil de l’Europe peinent à adopter une réponse ferme. Le rapport de novembre 2024 du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), sur le sort tragique des détenus arméniens, azéris mais aussi français dans les prisons de Bakou, dresse un tableau accablant: tortures, détentions arbitraires, homogénéisation ethnique et répression systématique de la société civile sont le lot quotidien sous le régime d’Ilham Aliyev. Alors que la COP29 s'est tenue à Bakou, la complicité tacite des institutions européennes est mise en lumière. Pourquoi l’Europe reste-t-elle silencieuse?

    Depuis l’accession au pouvoir d’Ilham Aliyev en 2003, prenant la suite de son père Heydar Aliyev au pouvoir entre 1993 et 2003, l’Azerbaïdjan est devenu un État où les droits fondamentaux sont piétinés. Les modifications constitutionnelles successives ont consolidé un régime dynastique, supprimant les limites des mandats présidentiels et augmentant les pouvoirs du président au détriment des autres institutions. En 2016, Ilham Aliyev crée le poste de vice-présidente, qu’il attribue à son épouse Mehriban Aliyeva, poste qu’elle occupe jusqu’à présent. Le pays est classé parmi les États les moins libres du monde par l'indice 2024 de Freedom House, entre l’Afghanistan et la Biélorussie.

    Les otages arméniens après le nettoyage ethnique du Haut-Karabakh

    En septembre 2023, plus de 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh ont été forcés à l'exil, dans un nettoyage ethnique dénoncé par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), le Parlement européen, mais aussi l’Assemblée nationale française. Une centaine d’Arméniens, militaires comme civils, dont des hauts responsables politiques, ont été faits prisonniers et sont gardés en otages par Bakou. Depuis lors, ils subissent tortures et traitements inhumains et dégradants dans les prisons azerbaïdjanaises. Pour les soutenir, l’ECLJ a coorganisé avec Christian Solidarity International une conférence au Palais des Nations à Genève en marge de la 57e session du Conseil des droits de l’homme, le 1er octobre 2024.

    Un exemple marquant: Ruben Vardanyan, philanthrope et ancien ministre d’État d’Artsakh. En juin 2024, son avocat a déposé un appel urgent auprès de la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture, alléguant des actes de torture et des traitements dégradants tels que l'interdiction de dormir, de boire de l'eau, ou de s’asseoir. Ces pratiques violent les Conventions de Genève et la Convention européenne des droits de l’homme, auxquelles a pourtant souscrit l’Azerbaïdjan. La torture dans les prisons n’est cependant pas nouvelle, comme l’indiquent régulièrement les rapports des Comités contre la torture du Conseil de l’Europe ou de l’ONU.

    La répression politique en Azerbaïdjan et les représailles contre la France

    Les dissidents politiques azerbaïdjanais ne sont pas épargnés. Gubad Ibadoghlu, économiste critique du régime, a été arrêté en juillet 2023. Sa détention illustre la répression systématique des opposants, souvent sous couvert d’accusations fabriquées. Plus de 300 prisonniers politiques, opposants ou simples militants des droits de l’homme, et 23 journalistes languissent actuellement dans les geôles du pays. Bakou traque même ses opposants réfugiés à l’étranger, comme le blogueur Mahammad Mirzali, poignardé à 16 reprises à Nantes en mars 2021 et qui a miraculeusement survécu, tandis que Vidadi Isgandarli est décédé de ses blessures en octobre 2024 à Mulhouse.

    Les citoyens étrangers hors arméniens ne sont pas à l'abri des abus du système judiciaire azerbaïdjanais. Trois ressortissants français sont actuellement arbitrairement détenus à Bakou, où le président français Emmanuel Macron et la ministre française Agnès Pannier-Runacher ont renoncé à se rendre à la COP29 sur fond de tensions diplomatiques à leur paroxysme. Aliyev reproche à Macron son soutien à l’Arménie, tandis que Macron reproche à Aliyev son ingérence dans les territoires ultramarins français, en particulier la Nouvelle-Calédonie. La condamnation en septembre 2024 du Français Théo Clerc à trois ans de prison pour un graffiti (sans message politique) dans le métro de Bakou, alors qu’étaient responsables avec lui un Néo-Zélandais et un Australien qui n’ont écopé que d’une simple amende, illustre bien l’utilisation du système judiciaire azéri comme levier diplomatique contre la France.

    Le scandale de la COP29 en Azerbaïdjan et le silence de l’Union européenne, tenue par le gaz azéri

    Dans un tel contexte, l’ECLJ s’indigne qu’il ait été donné à l’Azerbaïdjan d’accueillir la COP29, grand sommet international en faveur du climat, en novembre 2024. Et ce, d’autant plus en considérant que les hydrocarbures représentent 90 % des exportations du pays, fournissent près de la moitié des recettes de l’État, et comptent pour environ un tiers du PIB, selon l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE). La COP29 blanchit doublement l’Azerbaïdjan : d’une part elle lui donne une image trompeuse de responsabilité écologique, et d’autre part elle fait passer au second plan les graves violations des droits de l’homme.

    L'Europe ne peut plus se permettre d’être spectatrice. En tolérant les exactions de l’Azerbaïdjan, elle trahit ses propres valeurs et compromet son influence morale. La Commission européenne doit appliquer les sanctions demandées par le Parlement européen et remettre en cause l’accord gazier de 2022. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qualifiait alors l’Azerbaïdjan de « partenaire fiable ». Elle doit maintenant ouvrir les yeux, tout comme Charles Michel, le président du Conseil européen, qui s’est rendu à Bakou pour féliciter chaudement Aliyev pour l’organisation de la COP. Alors que l’APCE a suspendu la délégation azérie en janvier 2024, le Conseil de l’Europe doit lui aussi sanctionner l’Azerbaïdjan pour ses graves violations des droits de l’homme et l’un des pires bilans en matière d’application des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme.

    Lire notre rapport"Droits de l'homme en Azerbaïdjan, Le sort tragique des détenus arméniens, azéris et français"

    L’Azerbaïdjan devrait être exclu du Conseil de l’Europe
    Lire le texte complet de la pétition
  • Liban : les chrétiens piégés par la guerre

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    De Matthieu Delaunay sur La Sélection du Jour :

    Among the wreckage, a statue of Saint Charbel, the town’s revered Catholic patron, stood covered in dust

    Parmi les décombres, une statue de Saint Charbel, patron catholique vénéré de la ville, était recouverte de poussière Photo : Church Times

    Les chrétiens du Liban, piégés par la guerre

    Alors que la guerre frappe à nouveau le Liban, déjà ruiné par la crise, de nombreux chrétiens se sentent pris au piège. Ce 22 novembre, la commémoration de l'indépendance libanaise est l'occasion de se pencher sur le sujet de l'affaissement du rôle des chrétiens, pourtant fondamental dans la construction de l'État libanais, et de leurs relations complexes avec les autres acteurs de la région.

    L'une des raisons d'être de l'État libanais était d'assurer un rôle politique aux chrétiens de la région. En 1923, la France prend le contrôle du Mont Liban, auparavant sous le contrôle de l'Empire ottoman. Cette zone montagneuse est alors le seul territoire au Proche-Orient avec une telle proportion de chrétiens, principalement rattachés à l'Église maronite. Le mandat français instaure l'État du Grand Liban, qui rattache au Mont Liban des régions constituées d'autres majorités confessionnelles (Békaa, Sud-Liban). Pas moins de 18 groupes religieux sont reconnus dans ce petit État du « Grand Liban ». 

    Dans le Grand Liban mandataire, les chrétiens sont tout juste majoritaires. Avant l'indépendance, le recensement de 1932 fixe une fois pour toutes la division confessionnelle du pays qui servira de base au système politique libanais. Les chrétiens constituent alors 51% de la population. Au moment de l'indépendance en 1943, l'ensemble des postes politiques et administratifs sont répartis en fonction des confessions, à commencer par la présidence de la République, réservée à un chrétien maronite. Pour l'élite maronite, il s'agit de créer une nation qui sera capable d'assurer un rôle politique aux chrétiens tout en unifiant la population autour d'un double discours : un « pays refuge » pour les minorités et une histoire ancienne partagée (Phénicie). Cependant, cet objectif va se heurter aux idéologies politiques concurrentes et à la guerre civile libanaise (1975-1990). 

    Le rêve d'un Liban pluriconfessionnel qui garantirait la place des chrétiens s'est heurté à toutes les formes de prédations. D'abord, le partage du pouvoir entre communautés a favorisé un clientélisme et une corruption endémiques, sous l'égide des familles de notables (le « système za'im »). Ce système, toujours en vigueur, est largement responsable de l'effondrement économique de 2019. Le Liban a aussi été la caisse de résonance de tous les conflits régionaux depuis son indépendance. Les guerres israélo-arabes génèrent un afflux massif de réfugiés palestiniens au Liban qui participera au déclenchement de la guerre civile libanaise. Durant cette période, le Liban a été morcelé en milices soutenues par des acteurs extérieurs, notamment le Hezbollah, créé en 1982 avec le soutien de la jeune République islamique d'Iran. À la fin de la guerre civile, l'accord de Taëf redistribue le pouvoir au profit des autres communautés confessionnelles.

    Le Hezbollah a émergé comme un État dans l'État, divisant profondément les chrétiens et renforçant la perte de leur poids politique. Le Hezbollah a trouvé une certaine légitimité auprès des autres confessions grâce à son discours de résistance contre Israël, qui a envahi le pays a plusieurs reprises et a occupé le Sud-Liban de 1982 à 2000, ainsi qu'en combattant Daech dans la guerre civile syrienne. Dans ce contexte, les chrétiens se sont divisés. Par exemple, les orthodoxes, de tendance pro-syrienne, se sont montrés conciliants avec le Hezbollah, tandis que les maronites se sont scindés entre une faction anti-Hezbollah (Forces Libanaises, Kataëb) et une faction alliée au Hezbollah depuis 2005 (Courant patriotique libre de l'ex-président Michel Aoun).

    Au-delà des clivages, la chute démographique des chrétiens a participé à leur marginalisation politique.  En moyenne plus occidentalisés et aisés que leurs compatriotes musulmans, en particulier les chiites, les chrétiens ont fait moins d'enfants. À titre d'illustration, les chiites avaient une fécondité de 6,5 enfants par femme en 1971 contre 2 chez les chrétiens. Les chrétiens ont aussi émigré massivement en Occident. Inversement, le nombre de réfugiés, principalement musulmans, s'est considérablement accru. La guerre civile syrienne a engendré l'afflux d'environ 1,5 millions de réfugiés dans un pays de seulement 4,5 millions d'habitants et comptant déjà de nombreux réfugiés palestiniens. 

    La décision unilatérale du Hezbollah d'ouvrir un front contre Israël, en soutien au Hamas, combinée à l'absence de président de la République depuis deux ans, renforce le sentiment de marginalisation chez la communauté chrétienne.  Outre leurs divisions politiques, les chrétiens ont surtout l'impression de subir une guerre qui n'est pas la leur. Depuis la fin du mandat de Michel Aoun, le Hezbollah bloque tout candidat à la présidence autre que son favori Sleiman Frangié. En septembre, alors que les frappes israéliennes s'intensifiaient, le patriarche maronite Béchara Raï a dénoncé à la fois le Hezbollah et Israël. Cette position reflète assez fidèlement l'exaspération et la résignation de nombreux chrétiens.

    Malgré leur résignation dans le conflit actuel, les chrétiens jouent un rôle majeur pour l'accueil des déplacés. À la suite des frappes israéliennes, plus d'un million de personnes ont été déplacées de leurs foyers au Liban. Les chrétiens ont largement participé à l'accueil de ces déplacés, majoritairement chiites et dont certains peuvent être des membres du Hezbollah, en ouvrant les portes des monastères et des églises. Face à un avenir politique incertain, les chrétiens libanais, comme nombre de leurs compatriotes, espèrent une réforme en profondeur du système et un retour à la neutralité du Liban.

    Matthieu Delaunay

    Pris entre les conflits, les chrétiens du Liban résistent aux déplacements et aux divisions

    >>> Lire l'article sur The Media Line

  • L'ECLJ en appelle à la réforme du Programme de reproduction humaine de l’OMS

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    Du site de l'ECLJ (Louis-Marie Bonneau) :

    Appel à la réforme du Programme de reproduction humaine de l’OMS

    20 novembre 2024

    L’ECLJ enquête depuis plusieurs années sur le Programme de reproduction humaine (HRP) de l’OMS. Ce travail a permis de mettre en lumière l’activité de ce Programme créé en 1971 pour soutenir la recherche biomédicale sur la fertilité dans un but de réduction démographique. Un livre a ainsi été publié chez Ethics Press (anglais) et chez L’Harmattan (français). Cette enquête démontre que le HRP a développé les principaux contraceptifs et abortifs utilisés aujourd’hui dans le monde tout en les diffusant, soi-disant au nom des droits de l’homme. Le HRP est ainsi sorti du champ de la recherche biomédicale en promouvant des combats idéologiques. Cette orientation suscite des interrogations sur l’alignement du HRP avec les priorités de santé publique.

    Face à cette dérive, l’ECLJ prend une initiative importante en envoyant aux États membres de l’OMS une lettre cosignée par plusieurs ONG spécialisées: le Center for Family & Human Rights (C-Fam), Juristes pour l’enfance, Le Syndicat de la Famille, One Of Us et le Transatlantic Christian Council. Nous y appelons les États à entreprendre une réforme du Programme de reproduction humaine (HRP).

    Nous y soulignons en particulier l’influence croissante des financements privés, notamment ceux de la Susan Thompson Buffett Foundation, et nous nous inquiétons de l’impact de ces financements sur l’orientation stratégique du Programme. Nous demandons ainsi à l’OMS d’évaluer l’impact des financements privés et de renforcer la transparence et le contrôle du HRP pour garantir que ce Programme reste fidèle à sa mission de santé publique.

    Nous appelons donc à recentrer les efforts du HRP sur des enjeux biomédicaux réels et majeurs, tels que l’infertilité, tout en respectant les spécificités éthiques, légales et culturelles de chaque pays.

    Lire et signer la pétition