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Religions - Page 11

  • La liberté religieuse des catholiques en Chine est en danger

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    De Franca Giansoldati sur Il Messaggero via Il Sismografo :

    Les États-Unis mettent en garde le Vatican : "La liberté religieuse des catholiques en Chine est en danger".

    "Je ne crois pas que le pape François soit aveugle à ce qui se passe en Chine, je pense plutôt qu'il n'est pas pleinement informé". Nury Turkel, avocat américain d'origine ouïgoure et actuel président de la Commission américaine pour la liberté religieuse, ne cache pas sa "déception" face à l'ouverture de crédit que le Vatican continue d'accorder à Pékin malgré les nouvelles décourageantes provenant de nombreuses zones intérieures, où les catholiques qui refusent de souscrire aux règles édictées par l'Association patriotique (l'Église contrôlée par le Parti communiste) ont de gros problèmes avec la loi. Menaces, contrôles étouffants, pressions et, dans certains cas, restriction de leur liberté, pouvant aller jusqu'à la prison. Ce n'est pas la persécution musclée des camps de détention des Ouïghours, la minorité musulmane de Chine, mais la situation concernant le manque de liberté religieuse qui est également jugée alarmante par plusieurs cardinaux, missionnaires et évêques.

    Ce matin, M. Turkel a eu un long entretien au Vatican avec le ministre des affaires étrangères du pape François, Monseigneur Paul Gallagher, pour discuter des effets négatifs de l'accord diplomatique signé avec le gouvernement de Pékin il y a quatre ans, dans le but de normaliser les nominations d'évêques. Ce qui s'est partiellement produit, même si le gouvernement de Pékin, suggère Turkel, tente ainsi de "siniser la religion" de manière rampante, en orientant le choix vers des évêques presque aplatis par le parti communiste. "Le problème de cet accord reste son caractère secret. Le gouvernement de Pékin ne veut pas que cela se sache". La ligne de conduite du gouvernement chinois consiste à exercer une pression constante sur les chefs religieux, afin de guider la diffusion de la doctrine communiste par le biais de nominations. "Dommage que la religion soit autre chose et qu'elle se base sur la Parole, la Bible, les livres saints et non sur les directives du parti".

    Lors de la longue conversation au Vatican avec Monseigneur Gallagher, la grande question de Taïwan n'a pas été abordée. Pour le Saint-Siège, il s'agit d'un nœud diplomatique qui traîne en longueur depuis des années : l'île considérée comme rebelle par Pékin entretient des relations diplomatiques complètes avec le Saint-Siège depuis 1949, lorsque l'arrivée au pouvoir de Mao Tsé Toung a entraîné l'expulsion du nonce apostolique de l'époque, M. Riberi, qui a dû se réfugier à Formose. Les Chinois font depuis longtemps pression sur le Vatican pour qu'il révise les accords diplomatiques avec Taïwan, en déplaçant la nonciature de Taipei à Pékin, mais cette hypothèse ne semble pas se profiler à l'horizon pour le moment. "Nous n'avons pas parlé de ce sujet, le temps a manqué. Nous nous sommes uniquement concentrés sur les questions liées à la "liberté religieuse".

    Nury a ensuite raconté son histoire à un groupe de journalistes invités à l'ambassade des États-Unis. Il est lui-même né dans un camp de rééducation pendant la révolution culturelle chinoise : sa mère a été emprisonnée alors qu'elle était enceinte, tandis que son père était détenu dans un autre camp de travail agricole. "J'ai perdu mon père en avril de cette année et je n'ai même pas pu le pleurer".

    M. Nury a également qualifié d'"homme de paix et de courage" le cardinal émérite de Honk Kong, Zen Ze Kiung, qui a récemment été condamné par un tribunal pour avoir aidé des manifestants lors de manifestations contre l'introduction d'une législation sur la sécurité dans l'ancien protectorat britannique. Le cas de Zen pour moi reste emblématique. Selon lui, il n'y a toutefois aucun signe indiquant que le Vatican souhaite annuler l'accord avec la Chine.

  • Selon un rapport, les persécutions antichrétiennes risquent d'empirer en Asie en 2023

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Les persécutions antichrétiennes risquent d’empirer en Asie en 2023 selon un rapport

    11/01/2023

    Selon un nouveau rapport du groupe chrétien œcuménique Release International (RI), publié le 28 décembre et portant sur les perspectives d’évolution des persécutions contre les chrétiens à travers le monde en 2023, la situation risque d’empirer dans au moins sept pays asiatiques (Chine, Corée du Nord, Inde, Pakistan, Afghanistan, Malaisie et Iran), où les chrétiens sont visés par des persécutions et des restrictions qui sont présentées comme particulièrement sérieuses en Chine, en Inde et en Corée du Nord.

    Le 24 novembre 2021 dans la cathédrale de Manille, illuminée à l’occasion du Mercredi Rouge, une campagne mondiale organisée par l’AED sur la liberté religieuse et la persécution des chrétiens.

    La persécution des chrétiens dans sept pays asiatiques, dont la Chine, risque d’empirer en 2023 à cause de pressions politiques et de positions religieuses radicales, selon le dernier rapport de l’organisation chrétienne œcuménique Release International (RI), basée au Royaume-Uni.

    Le rapport, intitulé Persecution Trends et publié le 28 décembre 2022, évoque la Chine, la Corée du Nord, l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, la Malaisie et l’Iran parmi une liste de nations où les chrétiens rencontrent des persécutions, selon une information publiée le 4 janvier par Radio Free Asia (RFA).

    Le rapport du groupe souligne un contrôle renforcé par le président chinois Xi Jinping sur les chrétiens, alors que l’État les considère comme des citoyens « non patriotiques » dans différents messages officiels. « Le gouvernement, sous Xi Jinping, veut tout contrôler, et actuellement, le christianisme n’est pas autant sous contrôle qu’il le voudrait », précise l’organisation, qui cite une source anonyme.

    « Le christianisme y est présenté comme inacceptable dans un pays athée et communiste, plutôt que comme une croyance acceptable mais minoritaire », poursuit Release International. Celui-ci évoque de nombreux rapports de responsables chrétiens et de fidèles arrêtés ou interrogés à cause de leurs activités en Chine. L’augmentation du nombre de chrétiens accusés d’activités financières ou religieuses illégales est également signalée par l’organisation comme un indicateur de la persécution des chrétiens dans la nation communiste.

    Selon le rapport, Pékin a envoyé des messages clairs et forts aux jeunes, aux enseignants et aux parents en affirmant que « la religion nuira à leur éducation » et en leur demandant de dénoncer aux autorités toute personne engagée dans des activités religieuses. Le groupe évoque aussi des entreprises chinoises qui retirent des offres d’emploi en cas de postulants exprimant des « croyances chrétiennes ».

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  • Violence contre les adivasis chrétiens au Chhattisgarh : la foule vandalise des églises et attaque la police

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    D'Abhik Bhattacharya sur outlookindia.com :

    Violence contre les adivasis chrétiens au Chhattisgarh : la foule vandalise des églises et attaque la police

    Lors d'un entretien avec Outlook, le député du Congrès de Narayanpur, Chandan Kashyap, a déclaré que des " étrangers " étaient derrière ces attaques. Les habitants accusent le BJP-RSS d'avoir orchestré les attaques.

    3 janvier 2023

    Les attaques contre les Adivasis chrétiens dans le Chhattisgarh ont pris une mauvaise tournure hier lorsqu'une foule composée de groupes de droite hindous a vandalisé une église à Narayanpur et a attaqué la police, blessant gravement le Superintendant de la police (SP) Sadanand Kumar qui, avec son équipe, s'était rendu sur place pour apaiser les gens qui protestaient contre une prétendue conversion par des missionnaires chrétiens.  

    Alors que Kumar a été blessé à la tête, au moins cinq autres membres de la police ont été légèrement blessés et ont été libérés après un traitement préliminaire, rapporte PTI.  

    L'incident a eu lieu vers l'après-midi lorsqu'une foule s'est rassemblée près de l'école Viswadeepti pour protester contre un affrontement qui a éclaté dans le village d'Ekda entre deux communautés à propos d'une conversion religieuse présumée par des missionnaires chrétiens. L'inspecteur général de la police (IG) Sundarraj P a déclaré à la PTI : "Environ 2 000 personnes étaient présentes à une réunion tenue à Narayanpur. Les chefs tribaux locaux Rupsai Salam, Narayan Markam et quelques autres dirigeaient le rassemblement".  

    Il a également ajouté qu'après la réunion, la foule s'est divisée en deux parties et, armée de bâtons et de pierres, elle est entrée dans l'église située dans les locaux de l'école et l'a vandalisée. Après avoir reçu des informations, la police est arrivée sur place pour disperser la foule et a également été attaquée.

    Le SP Kumar, qui s'est entretenu avec les journalistes depuis l'hôpital où il était soigné pour des blessures à la tête, a déclaré : "Je me suis précipité sur place avec d'autres fonctionnaires et j'ai essayé d'apaiser les manifestants. Ils semblaient convaincus et étaient sur le point de rentrer, mais soudain quelqu'un m'a frappé à la tête avec un bâton."  

    Se référant à une réunion que l'administration a eue avec les manifestants, avant la manifestation, le collecteur de Narayanpur, Ajeet Vasant, a déclaré que les dirigeants de la communauté leur avaient assuré une manifestation pacifique, mais qu'elle était devenue violente. Cependant, les habitants ont accusé la police d'inaction et ont déclaré que c'est grâce à elle que le groupe de droite hindou a pu rassembler une telle force.

    Lors d'un entretien avec Outlook, Suman Mandvi (nom modifié sur demande) a déclaré : "Les attaques contre nous se sont poursuivies sans être découragées malgré plusieurs plaintes de la police. Samedi, ils ont attaqué nos frères dans le village de Gorrah. Comme les personnes rassemblées dans l'église ont perdu leur sang-froid, ils ont également attaqué quelques-uns d'entre eux. Cette nouvelle de l'affrontement s'est rapidement répandue et le dimanche, les gens de droite ont rassemblé des personnes des districts voisins et sont venus sur 150 motos avec des bâtons et d'autres armes. Ils ont ensuite attaqué brutalement notre peuple à travers les villages."

    Après l'attaque, des centaines d'Adivasi chrétiens ont fui vers Jungle et ont contacté la police, mais en vain. Ils ont ensuite essayé de se connecter à la Commission nationale des droits de l'homme (NHRC), sur l'intervention de laquelle la police a pris l'affaire en main et a essayé de pacifier la foule. Cependant, Mandvi ajoute : "Dimanche soir, ils ont bloqué la route et la police n'a rien fait du tout. Le lundi, la situation a culminé avec les attaques contre les églises."

    Un autre activiste social, Vijay Kumar (nom modifié sur demande), a déclaré à Outlook : " Ils n'ont pas seulement vandalisé l'église de l'école, la foule s'est dispersée et a ensuite démoli trois autres églises dans les villages, à savoir Kodagaon, Bandapal et Amasara. "

    Certaines vidéos reçues par Outlook, non encore vérifiées, montrent des personnes faisant irruption dans les églises et détruisant les propriétés avec des bâtons. Si la police était intervenue plus tôt, la situation n'aurait pas été telle, ajoute Mandvi, qui a aidé les sans-abri en leur fournissant des rations de base et d'autres ressources. Au moins 1000 personnes ont quitté leur maison par peur et vivent maintenant dans différentes parties du district.

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  • Beaucoup de chrétiens n'ont pas pu célébrer Noël

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    D'Anna Bono sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Noël refusé aux chrétiens persécutés

    29-12-2022

    Il y a beaucoup de chrétiens qui n'ont pas pu célébrer Noël. Elle est difficile ou impossible dans des pays comme la Mauritanie, les Comores, l'Afghanistan, le Brunei et la Corée du Nord. Dans d'autres pays, comme le Nigeria, le problème est la sécurité. Et au Sahel, les djihadistes. Au Pakistan, une chrétienne accusée de blasphème passe Noël dans une petite cellule, trois autres personnes sont de nouveau libres. 

    Cette année encore, de nombreux chrétiens n'ont pas pu célébrer Noël. Il est difficile ou impossible de le faire, sauf en secret car interdit, dans certains pays où les fidèles sont une petite minorité : la Mauritanie, par exemple, les îles Comores, l'Afghanistan, Brunei, la Corée du Nord. D'autres communautés, en revanche, ont pu se réunir pour prier, mais comme chaque année en état d'alerte, adoptant des mesures de sécurité, par crainte d'attentats, un risque qui augmente toujours à Noël et à Pâques, surtout dans des pays comme le Nigeria, le Pakistan, l'Indonésie.

    Particulièrement douloureuse, en outre, est la situation des nombreux chrétiens contraints de passer Noël seuls, en captivité, parmi des étrangers par leur origine et souvent aussi par leur foi. C'est le cas de plusieurs religieux enlevés en Afrique. Rien qu'au Nigeria, trois personnes viennent d'être enlevées en six jours. Le premier était le père Christopher Ogide, curé de la paroisse Mary of the Assumption dans le diocèse d'Umuahia, dans l'État méridional d'Abia. Le 17 décembre, il a été enlevé à l'entrée de la maison paroissiale, alors qu'il allait faire le plein dans une station-service voisine. Le 20 décembre, c'était le tour du père Sylvester Okechukwu, du diocèse de Kafanchan, dans l'État de Kaduna (nord-ouest), qui a été enlevé tard dans la soirée et emmené du presbytère de la paroisse dans la zone de gouvernement local de Lere, où il se trouvait à ce moment-là. Enfin, le père Mark Ojotu, aumônier de l'hôpital Sainte-Marie à Okpoga, a été enlevé dans l'après-midi du 22 décembre dans l'État de Benue, au nord-est du pays. L'enlèvement a eu lieu vers le soir alors que le père Ojotu conduisait sur la route Okpoga-Ojapo. Dans les trois cas, il s'agirait d'enlèvements à des fins d'extorsion, un crime qui, presque partout au Nigeria, est devenu un fléau social et que le gouvernement central et les gouvernements des États qui composent la fédération ne se soucient pas assez de contrer. 

    Deux autres religieux ont passé Noël en captivité en Afrique. L'un d'entre eux est le prêtre Fidei Donum Joel Tougbaré, qui a été enlevé dans son pays, le Burkina Faso, le 17 mars 2018. Il avait entrepris de rentrer chez lui, dans sa paroisse, après avoir célébré la messe dominicale dans un village, mais n'est jamais arrivé à destination. Le missionnaire allemand des Pères Blancs, Hans-Joachim Lohere, qui a été enlevé au Mali le 20 novembre, est également aux mains de ses ravisseurs. Il était censé célébrer la messe dominicale dans une église près de la capitale Bamako, mais on l'a attendu en vain. Ce n'est que dans la soirée que ses confrères ont remarqué son absence et ont alerté la police. Contrairement au Nigeria et à d'autres pays du continent, où les fréquents enlèvements de religieux sont l'œuvre de criminels de droit commun sans être nécessairement motivés par la haine religieuse, il est possible, et même presque certain, que ce sont des djihadistes qui ont enlevé les deux religieux, car le Burkina Faso et le Mali font partie des pays africains qui vivent le plus sous la menace de groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à Isis. Le père Pier Luigi Maccalli, le missionnaire libéré en 2020 après avoir été prisonnier des djihadistes pendant plus de deux ans, a évoqué à la veille de Noël les deux religieux et le vide au cœur que leur absence produit dans leurs communautés respectives. Avec eux, le père Maccalli a rappelé huit autres personnes qui sont toujours prisonnières de groupes djihadistes actifs au Sahel.

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  • Plus de 100 prêtres et religieuses ont été enlevés, arrêtés ou tués en 2022

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    De Vatican News :

    Plus de 100 prêtres et religieuses enlevés, arrêtés ou tués en 2022

    Dans un communiqué rendu public ce mardi 27 décembre, la fondation pontificale Aide à l’Église en détresse relève qu’en cette année 2022 plus de 100 prêtres et religieuses ont été victimes d’enlèvements, d’arrestations ou ont été tués dans le monde, en particulier au Nigéria. Elle appelle «à garantir la sécurité et la liberté des prêtres, des religieuses et des autres agents pastoraux» qui travaillent au service des plus démunis.
     

    L’année 2022 a été douloureuse pour plusieurs diocèses en Afrique, en Europe, en Amérique centrale, ou encore en Asie, qui ont vu leurs prêtres et religieuses kidnappés par des ravisseurs, assassinés ou détenus. Le Nigeria, pays de l’Afrique de l’Ouest, compte le plus grand nombre de victimes, selon l’Aide à l’Église en détresse. La Chine et le Nicaragua ont également enregistré de nombreux cas de harcèlement.

    Des prêtres et religieuses assassinés

    Au moins 12 prêtres et cinq religieuses ont été tués en 2022 dans l'exercice de leur mission, indique le communiqué de l’AED. En Afrique, quatre prêtres ont été assassinés au Nigeria, et deux autres abattus dans l'Est de la République démocratique du Congo.

    Au Mexique, sur le continent américain, des membres de cartels de la drogue ont brutalement assassinés trois prêtres.

    Cinq religieuses missionnaires ont également été victimes d’assassinats cette année. Il s’agit des sœurs Luisa Dell'Orto, en Haïti, en juin; sœur Mary Daniel Abut et sœur Regina Roba, au Sud-Soudan, en août; sœur Maria au Mozambique, en septembre; et sœur Marie-Sylvie Vakatsuraki, tuée en octobre en République démocratique du Congo.

    Les cas d’enlèvements

    Dans différents pays, 42 prêtres au total quant à eux ont été enlevés, dont 36 libérés. Trois prêtres enlevés au Nigeria ont en revanche été assassinés, et l'AED ajoute n’avoir pu obtenir d'informations sur le statut de deux de ces prêtres nigérians. Par ailleurs, le sort du missionnaire allemand Père Hans-Joachim Lohre, enlevé en novembre dernier au Mali, reste inconnu.

    Deux autres prêtres enlevés en 2019, le père Joel Yougbaré du Burkina Faso, et le père John Shekwolo, du Nigeria, sont toujours portés disparus, ce qui porte à cinq le nombre total de prêtres disparus, selon la fondation pontificale.

    Le Nigeria reste le pays où les enlèvements sont récurrents, avec un total de de 28 en 2022. Trois ont été enlevés en décembre, «mais le pire mois a été juillet, avec sept enlèvements». Un autre pays en a fait les frais, le Cameroun, avec six enlèvements, dont cinq en même temps en septembre. Leur libération a eu lieu cinq semaines plus tard.

    En ce qui concerne Haïti, où la violence est endémique, cinq prêtres ont été enlevés par des bandits, mais tous ont été libérés depuis. L'Éthiopie, les Philippines et le Mali ont chacun eu un prêtre enlevé, tous libérés, à l'exception du père Hans-Joachim Lohre au Mali.

    Des religieuses ont aussi enlevées en 2022, au nombre de sept, majoritairement au Nigéria. L'une d'entre elles a été enlevée au Burkina Faso, tandis qu'une autre religieuse a été kidnappée au Cameroun. Elles ont par la suite été libérées.

    Des détentions

    L’Aide à l’Église en détresse relève aussi des cas de détentions de membres du clergé. Au moins 32 ont été détenus, «prétendument à des fins d'intimidation et de coercition». Les cas les plus récents concernent quatre prêtres de l'Église gréco-catholique ukrainienne travaillant en Ukraine, occupée par les Russes. Ces derniers ont été arrêtés dans le cadre de leurs activités pastorales. Deux d'entre eux ont depuis été libérés et «expulsés» vers un territoire ukrainien, mais deux autres sont toujours en détention et pourraient être accusés de terrorisme. Il y a une crainte, selon le communiqué, qu'ils puissent être torturés en prison.  

    La situation au Nicaragua inquiète également l’AED, qui rappelle que onze membres du clergé ont été arrêtés ou détenus par le gouvernement actuel. Parmi ceux-ci figurent au moins deux séminaristes, un diacre, un évêque et sept prêtres.  Le 10 janvier, l'évêque nicaraguayen Rolando Alvarez, actuellement en résidence surveillée, doit comparaître devant un tribunal pour «menace à l'intégrité nationale». Un autre cas récent concerne l'emprisonnement d'un évêque et de deux prêtres en Érythrée. Deux mois se sont écoulés depuis leur arrestation, sans aucune explication de la part des autorités, souligne le communiqué.

    Évoquant le cas de la Chine, l’AED explique qu’il est «presque impossible de connaître le nombre de prêtres et d'évêques catholiques détenus en Chine en 2022. Les religieux de l'Église clandestine sont régulièrement enlevés par les autorités pendant un certain temps pour les forcer à rejoindre l'Église approuvée par l'État. Un exemple: la disparition d'au moins 10 prêtres, tous appartenant à la communauté clandestine de Baoding (Hebei), entre janvier et mai 2022».

    En plus de ces cas, rapporte la fondation pontificale, un prêtre a été arrêté en Birmanie lors de manifestations contre le régime, et plusieurs religieuses et deux diacres ont aussi été arrêtés en Éthiopie lors du conflit du Tigré fin 2021, mais libérés en 2022.

    Face à ces assassinats, enlèvements et détentions arbitraires de prêtres et religieuses, l’Aide à l’Église en Détresse appelle les pays concernés «à garantir la sécurité et la liberté des prêtres, des religieuses et des autres agents pastoraux qui travaillent au service des plus démunis». Elle invite aussi à prier pour ceux encore détenus par des ravisseurs, à l'instar du Pape François, attristé par ces évènements, qui ne cesse de le rappeler dans ses interventions, exhortant à l’amour, à la paix et à l’ouverture d’un dialogue «ouvert et sincère».

  • Déchristianisation, islam, droits de l'homme... les réponses de Pierre Manent

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    Une video sur le site du Figaro :

    Pierre Manent était l’invité du Club Le Figaro Idées

    Le philosophe et essayiste qui vient de publier « Pascal et la proposition chrétienne » débat de la déchristianisation de la France avec Michel De Jaeghere et Jean-Marie Guénois.

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  • L'armée nigériane a mené un programme d'avortement massif sur des ex-otages de Boko Haram

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    Du site du Figaro :

    Nigeria : un programme d'avortement massif pratiqué de force sur des ex-otages de Boko Haram

    Depuis 2013, l'armée nigériane a voulu mettre fin à la grossesse de près de 10.000 femmes abusées par les rebelles islamistes, selon une enquête de l'agence Reuters publiée le 7 décembre.

    L'ampleur des révélations est glaçante. Depuis au moins 2013, l'armée nigériane a mené un programme d'avortement massif, et ce de manière totalement clandestine, dans le nord-est du pays. Selon une longue enquête de Reuters, au moins 10.000 femmes et adolescentes, pour la plupart ancienne otages de Boko Haram - milice islamiste affiliée à al-Qaida, ont subi des avortements forcés, révèle l'agence de presse américaine.

    Injections, pilules mystérieuses, pseudo-médicaments contre le paludisme... Tous les moyens ont été utilisés pour camoufler la portée de l'acte aux yeux des femmes et adolescentes, enceintes de quelques semaines à huit mois. Certaines n'avaient pas plus de 12 ans, révèlent les enquêteurs, s'appuyant sur des dizaines de témoins et des milliers d'archives et de documents médicaux.

    Les opérations se sont déroulées la plupart du temps dans des conditions rudimentaires, au sein des bases militaires ou sur le terrain. Certaines ont été battues, menacées à l'aide d'une arme ou droguées pour s'exécuter. D'autres encore ont été attachées pour se voir avaler de force des médicaments abortifs, ont témoigné plusieurs agents de sécurité. Quatre soldats ont assuré avoir vu certaines femmes mourir sur le coup, ou avoir vu leurs cadavres suite à l'injection.

    Sur les 33 femmes et filles ayant accepté de témoigner, une seule a affirmé avoir donné son consentement. «Si vous partagez cela avec quelqu'un, vous serez sérieusement battu», les menaçaient ensuite les forces nigérianes.

    Idée de prédestination

    En marge de cette planification d'avortements à grande échelle, Reuters révèle également l'existence de massacres en série d'enfants, toujours par l'armée nigériane. Une quarantaine de soldats et civils ont affirmé avoir vu l'armée nigériane tuer les enfants, ou aperçu des cadavres à la suite d'opérations militaires. Au total, plusieurs milliers d'enfants auraient été tués selon les estimations, des nouveau-nés aux adolescents.

    «Les soldats ont dit qu'ils ont tué ces enfants parce qu'ils sont des enfants de Boko Haram», a expliqué une mère qui a vu ses bébés jumeaux être assassinés sous ses yeux. L'exécution d'un tel programme d'avortement massif s'explique notamment par l'idée de la prédestination. Assez présente au nord-est du Nigeria, cette croyance voit dans les enfants des miliciens de futurs rebelles, voués à prendre les armes contre leur gouvernement. Cinq membres des forces armées ont affirmé que leurs supérieurs leur avaient présenté ce programme comme nécessaire pour détruire les insurgés avant qu'ils ne viennent au monde.

    Les enquêteurs n'ont toutefois pas réussi à identifier les personnes ou organisations à l'origine du programme déployé de manière totalement clandestine. Amnesty International a appelé les autorités nigérianes à mener «immédiatement une enquête» sur ces révélations, mais ces dernières, pour le moment, nient les conclusions de Reuters.

    Dans un communiqué publié le 2 décembre, le haut commandement de l'armée nigériane a dénoncé un «chantage» de journalistes «mercenaires». «Cette fiction est une insulte aux Nigérians et à leur culture», ont-ils avancé. Les responsables nigérians ont également argué que de tels abus n'auraient pu se dérouler au vu et au su des organisations internationales et ONG, parmi lesquelles les Nations unies, qui déploient des programmes d'aide d'urgence dans la zone.

    Depuis 13 ans, une guerre fait rage au Nigeria entre des milices armées, pour une partie islamistes et liées à Boko Haram, et l'État. Selon l'ONU, au moins 300.000 personnes y ont perdu la vie, tant par les violences que les conséquences du conflit, famine et maladies.

  • L'Islam : une hérésie ?

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    D'Annie LAURENT, Déléguée générale de CLARIFIER, "Petite Feuille Verte" n°94 :

    PFV n°94 : L’islam est-il une hérésie ?

    Une définition claire du mot « hérésie » (du grec Haireo, « j’emporte », « je saisis »), dans son acception chrétienne, est donnée par le Code de droit canonique : « On appelle hérésie la négation obstinée, après la réception du baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité » (can. 751).

    Le Dictionnaire d’histoire de l’Église, récemment publié sous la direction de Mgr Bernard Ardura, président du Comité pontifical des sciences historiques (Éd. du Cerf, 2022), apporte cette précision : « Le terme d’“hérésie” se développa à l’intérieur de la chrétienté. Il désigne le fait de dévier de ce que les chrétiens considèrent comme le vrai credo » (p. 450).

    Historiquement, il fut admis très tôt que le contrôle doctrinal de ces déviations incombait à la hiérarchie de l’Église, ce qui reste le cas dans le catholicisme. À partir du IVème siècle, des conciles œcuméniques ont été convoqués pour examiner ces doctrines déviantes et se prononcer à leur sujet, le plus souvent au moyen de précisions théologiques, d’anathèmes et/ou de condamnations de leurs instigateurs.

    En théorie, la généralisation du concept d’hérésie pourrait entraîner son application hors du domaine catholique, donc dans les autres religions, y compris l’islam. Pour ce dernier, l’hérésie concernerait alors ceux qui, en son sein, nient ou déforment les croyances de base affirmées dans son livre sacré (p. ex. le Coran « incréé », l’unicité divine, le rôle « prophétique » de Mahomet, etc.). Rien ne permet cependant d’envisager une telle hypothèse puisque l’islam ne dispose d’aucune autorité magistérielle, l’institution d’El-Azhar étant trop souvent perçue à tort comme l’équivalent de la papauté (sur El-Azhar, cf. PFV n° 87 et n°88). Certains juristes sunnites considèrent cependant le chiisme et ses dissidences (druze, alaouite, alévie, ismaélienne) comme des hérésies.

    L’ISLAM EST-IL UNE HÉRÉSIE ?

    La qualification d’hérésie appliquée à l’islam en tant que tel et dans son intégralité ne peut donc pas être retenue comme le montrent plusieurs spécialistes.

    Michel Younès, professeur de théologie à l’Université catholique de Lyon : « À la différence d’une approche qui perçoit l’islam comme une hérésie venant d’une dérive chrétienne ou judéo-chrétienne, plusieurs études cherchent à analyser la complexité islamique autrement. Il ne s’agit plus de revenir à un proto-islam, mais de constater les traces d’une diversité constitutive, relative aux multiples influences intégrées dans cet islam naissant » (Les approches chrétiennes de l’islam, Éd. du Cerf, coll. Patrimoines, 2020, p. 42).

    M. Younès cite Jan Van Reeth, enseignant à la Faculté des sciences religieuses comparées d’Anvers (Belgique) : « Ce serait une erreur de vouloir réduire les origines de l’islam à une seule communauté ou un seul mouvement religieux […]. Les recherches actuelles montrent plutôt que l’islam naissant a subi un grand nombre d’influences très diverses et venant de plusieurs horizons » (ibid., p. 43).

    En 1938, Hilaire Belloc, écrivain catholique britannique (1870-1953), publiait un livre intitulé The Great Heresies, qui vient d’être traduit en français (Les grandes hérésies, Artège, 2022). À partir d’une approche généraliste : « Une hérésie est l’entreprise de déconstruction d’un corps de doctrine unifié et homogène par la négation d’un élément inséparable de l’ensemble » (ibid., p. 46), cet auteur consacre un chapitre entier à « La grande et durable hérésie de Mahomet » (ibid., p. 95-152). Pour lui, le « mahométisme débuta comme une hérésie, et non comme une nouvelle religion » malgré l’apparence que lui donnaient « sa vitalité et son endurance » (ibid., p. 98).

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  • Bernanos, lueurs d’espoir et vertu d’espérance

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    « Heureusement, l’espérance » deux mots laissés par le père du réalisateur Yves Bernanos, sur un bout de papier, retrouvé quelques semaines après sa mort. Comment faire exister et transmettre l’espérance, dans un monde où elle semble s’être retirée ? Cette question est au centre de la vie et de l’oeuvre de de ce grand-père écrivain Georges Bernanos. Véritable quête, ce documentaire s’incarnera à travers les souvenirs biographiques de son père qui fut le témoin direct mais aussi, à son tour, le passeur de cette espérance. Une histoire de famille diffusée par KTO :

    Une coproduction Crescendo Media Films/KTO 2022 - Réalisée par Yves Bernanos

  • A quoi sert encore le Conseil des cardinaux ?

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    Le Conseil des cardinaux du pape (à ne pas confondre avec le Collège des Cardinaux), n'est plus ce qu'il était. Mais avec une adhésion vieillissante et un agenda anémique, à quoi cela sert-il ? Une chambre d’entérinement pour la montre sous forme d’avis inutiles pour un pape plutôt (litote) dictateur. Lu sur le Pilar hispanique relayé par Il Sismografo :

    « Lorsque le pape a créé le Conseil des cardinaux conseillers il y a près de dix ans, son objectif principal était de conseiller François sur la réforme de la gouvernance mondiale de l'Église et de produire une nouvelle constitution pour la curie romaine.

    Ce document, Praedicate evangelium , a été publié plus tôt cette année .

    Une fois le travail de définition du conseil accompli, il a été décrit comme quelque chose pour une armoire de cuisine pour le pape.

    Mais l'ordre du jour en cours du groupe ne semble pas inclure la plupart des problèmes réellement importants auxquels l'Église est confrontée au niveau mondial. Et avec plusieurs des membres cardinaux approchant l'âge de 80 ans – et plusieurs traitant de scandales d'un type ou d'un autre – la question semblerait maintenant être : à quoi, le cas échéant, le conseil sert-il encore ?

    La réponse peut venir quand, et si, François choisit de rafraîchir sa gamme. En fait, une réinitialisation en révélerait probablement autant sur la façon dont le pape voit son propre avenir que sur l'avenir de son corps consultatif cardinal.

    Le bureau de presse du Saint-Siège a publié mercredi un bref communiqué sur la dernière réunion du Conseil des cardinaux conseillers du pape. La déclaration était brève.

    Il a expliqué que les cardinaux ont rencontré François pendant deux jours cette semaine pour discuter de plusieurs questions, dont la conférence de l'ONU sur le changement climatique le mois dernier, le synode en cours sur la synodalité, les travaux de la Commission pontificale pour la protection des mineurs et une récente réunion des conférences épiscopales d'Asie.

    Ce sont, bien sûr, des sujets intéressants et importants en eux-mêmes. Mais absents de l'ordre du jour, du moins selon le compte rendu du bureau de presse du Saint-Siège, plusieurs points que de nombreux catholiques se seraient attendus à voir : parmi lesquels l'Ukraine, la Chine et le procès financier du Vatican

    Le pape lui-même a clairement indiqué qu'il considère la guerre en Ukraine comme probablement l'événement mondial le plus important actuellement en cours. Ayant précédemment identifié l'Ukraine comme le centre d'une troisième guerre mondiale au ralenti, François a comparé cette semaine les atrocités russes dans le pays à la campagne nazie de la Seconde Guerre mondiale .

    Dans le même temps, l'invasion russe et la réponse ukrainienne ont radicalement déplacé les plaques tectoniques ecclésiologiques dans les deux pays, avec des effets significatifs sur le mouvement œcuménique mondial.

    Mais ces questions ne méritaient apparemment pas l'avis du conseil consultatif mondial supposé au plus haut niveau du pape. Au lieu de cela, le secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin, et le cardinal congolais Fridolin Ambongo Besungu ont été invités à présenter les pourparlers sur le changement climatique de la COP27 en Égypte le mois dernier.

    Parolin n'a pas non plus été appelé à informer le concile des progrès de l'accord Vatican-Chine récemment renouvelé sur la nomination des évêques. Compte tenu de la décision récente du gouvernement chinois de créer un nouveau diocèse en dehors de la juridiction de l'Église et de recruter un évêque catholique en service pour lui servir d'auxiliaire , on aurait pu s'attendre à ce que cela ait été un sujet clé pour le pape.

    Et tandis que le procès financier en cours du Vatican continue de faire la une des journaux – comme un cardinal enregistrant secrètement le pape discutant de secrets d'État – ni Parolin, ni le cardinal Giuseppe Bertello, l'ancien chef de l'État de la Cité du Vatican, n'ont été invités à commenter cela.

    Le chef du Conseil pour l'économie du Vatican, le cardinal Reinhard Marx, n'a pas non plus abordé les rapports récents selon lesquels son propre conseil avait fait circuler des notes avertissant que ses réformes risquaient de devenir une « mascarade ».

    Étant donné que l'objectif initial du Conseil des cardinaux était censé être la réforme de la curie romaine, on aurait pu s'attendre à ce que les affaires financières au sein de la curie méritaient une conversation.

    Mais en vérité, l'ordre du jour relativement anémique de la réunion du conseil semblerait suggérer que les sessions du conseil - ou peut-être le conseil lui-même - sont de moins en moins pertinentes pour la gouvernance de l'Église universelle par le pape.

    Même en mettant en évidence des problèmes purement régionaux, comme le groupe mondial est également censé le faire, l'accent cette semaine semble avoir été mis sur le banal plutôt que sur l'urgent :

    Le pape et d'autres membres du conseil ont probablement apprécié une mise à jour du cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay, sur la réunion d'octobre des conférences épiscopales d'Asie.

    Mais beaucoup pourraient se demander si un sujet plus évident à discuter pour le conseil aurait été la crise continue en Inde, où une série d'évêques ont été contraints de démissionner - et un autre a dû demander la protection de la police - à la suite de manifestations de masse contre réformes liturgiques dans l'Église syro-malabare.

    Si François ne donne pas au Conseil des cardinaux de nombreux sujets urgents à discuter, il est tout simplement possible qu'une partie de la raison soit que les membres sont devenus, du moins en partie, quelque peu obsolètes.

    Les membres du conseil, autrefois appelés C9 en raison de leur nombre, brièvement renommés C6, et maintenant vraisemblablement surnommés C7, sont de plus en plus âgés et, bien que géographiquement représentatifs de l'Église, ils ne sont pas la formidable collection de personnages clés qu'ils étaient autrefois.

    Plus de la moitié de ses membres - les cardinaux Gracias, O'Malley, Maradiaga et Bertello - ont dépassé l'âge ordinaire de la retraite épiscopale, soit respectivement 77, 78, 79 et 80 ans.

    Le cardinal Bertello, bien qu'encore membre de la Commission pontificale pour l'État de la Cité du Vatican, est fonctionnellement à la retraite et a été remplacé à la tête du gouvernorat l'année dernière. Et bien qu'il soit encore théoriquement à la tête de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, le cardinal O'Malley s'est retiré du rôle qu'il avait autrefois en tant que visage et voix de cet organe, cédant le rôle de porte-parole au père. Hans Zollner, SJ.

    D'autres membres du soi-disant conseil au plus haut niveau du pape ont dû faire face à divers scandales.

    Le cardinal Oscar Maradiaga, coordinateur du groupe, fait face depuis des années à des allégations de faute financière grave dans son archidiocèse d'origine de Tegucigalpa au Honduras, ce qui a conduit à une visite apostolique en 2017 mais à aucune résolution claire .

    Le cardinal Marx, quant à lui, a offert à deux reprises au pape sa démission en tant qu'archevêque de Münich (mais pas de ses nominations au Vatican) en réponse au scandale des abus cléricaux en Allemagne. Il est également l'évêque le plus ancien de ce pays et un ardent défenseur de sa "voie synodale" controversée qui a été vertement dénoncée par les cardinaux du Vatican lors de la visite ad limina des évêques allemands il y a quelques semaines à peine .

    Le cardinal Parolin, secrétaire d'État du Vatican, dirige le dicastère curial le plus important de Rome et est probablement le plus proche que le conseil ait d'un membre de droit .

    Mais pressant les problèmes diplomatiques en Ukraine et en Chine de côté, le département de Parolin a été critiqué, voire ridiculisé, dans la presse alors qu'un tribunal du Vatican poursuit sa vivisection du scandale financier du secrétariat, mettant à nu ce que les procureurs du Vatican considèrent comme une culture de mauvaise gestion, de fraude, de corruption, d'extorsion et de détournement de fonds.

    Si la composition et les délibérations du Conseil des cardinaux semblent de plus en plus marginales par rapport au travail du pape gouvernant l'Église universelle, il vaut la peine de se demander ce qu'il pourrait choisir de faire, le cas échéant, pour rafraîchir le corps.

    Une solution évidente et organique serait que François inaugure un roulement de ses membres, éliminant progressivement les membres retraités du monde entier au profit du sang plus jeune de sa dernière récolte de nominations mondiales. Le pape pourrait en même temps demander au cardinal Besungu de prendre en charge le rôle de coordination, pour apporter une nouvelle perspective du continent sur lequel l'Église se développe le plus rapidement.

    Le pontife pourrait également envisager d'apporter du sang neuf au Vatican. Lorsque le groupe s'est réuni cette semaine, ils ont lu un rapport sur le synode sur la synodalité préparé par le cardinal Mario Grech, qui supervise le processus avant ses dernières sessions à Rome à partir de l'année prochaine.

    Grech n'a, semble-t-il, pas assisté à la réunion, bien qu'il semblerait être un candidat évident à l'adhésion si François veut que le groupe reflète vraiment ce qui est prioritaire sur l'agenda mondial interne de l'Église.

    Une deuxième option pour François serait de repenser complètement la composition du conseil et de l'ouvrir aux non-cardinaux et même aux non-clercs.

    Il est ironique que le groupe ad hoc , créé par François en premier lieu, soit entièrement composé de cardinaux, étant donné que sa principale réalisation a été la promulgation d'une nouvelle constitution du Vatican ouvrant la voie aux laïcs pour servir aux plus hauts niveaux de la curie.

    Et la coutume cardinalice a créé des lacunes notables dans les rangs du conseil.

    Lors de la création de l'organisme, un membre clé était le cardinal George Pell, tsar de la réforme financière de François. Pell a pris un congé autorisé de l'organisme et de son poste de préfet du Secrétariat à l'économie, en 2017, avant que son mandat au sein des deux organes n'expire en 2019.

    Depuis lors, ce serait un euphémisme de dire que la réforme financière est restée fermement à l'ordre du jour du Vatican, mais les successeurs de Pell en tant que préfet du secrétariat financier étaient d'abord un prêtre puis, plus récemment, un laïc - aucun d'entre eux n'a été éligible pour siéger au conseil tel qu'il existe actuellement.

    Bien sûr, François peut choisir de ne rien faire avec le conseil, ce qui pourrait être une décision importante en soi.

    Il est assez clair qu'il ne pense pas que son utilité ait complètement cessé lorsque la nouvelle constitution apostolique a été promulguée, sinon il aurait alors dissous le corps, vraisemblablement en remerciement pour un travail "bien fait".

    Mais si le pape permet aux membres de vieillir et de se réduire davantage, et que ses réunions deviennent obsolètes, cela pourrait être un signe que le pape – qui aura 86 ans dans quelques jours – ne regarde pas assez loin pour justifier relancer le conseil.

    Il se peut qu'avec la nouvelle constitution et le processus synodal verrouillé, François considère les grands travaux de son pontificat accomplis et pense que ce qui vient ensuite est à quelqu'un d'autre de décider….

    Ref. A quoi sert encore le Conseil des cardinaux ?

  • Eglise en RDC : l’Espérance par-delà les épreuves

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    De Kinshasa, l’immense capitale de 17 millions d’habitants, à Goma en état de siège et Bukavu, dans ces provinces de l’Est déchirées par les attaques de groupes armés, la rédaction de KTO vous emmène à la rencontre de l’Eglise catholique en République Démocratique du Congo. L’Eglise accompagne un peuple abandonné à lui-même, qui souffre de dizaines d’années d’instabilité politique et de guerre civile, éprouvée par la pauvreté dans un pays pourtant riche d’immenses ressources naturelles. Dans la perspective de la visite du pape François, cette émission Hors-les-Murs vous invite à prendre la mesure des épreuves et découvrir aussi l’espérance des chrétiens de ce pays. Présenté par Etienne Loraillère. En partenariat avec l’Aide à l’Eglise en Détresse.

  • Pas de restauration de la liturgie sans volonté réelle

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    Par Philippe Maxence dans « Res Novae » Perspectives romaines :

    « Il n’y aura pas de restauration de l’Église possible, sans envisager une période de transition liturgique. Outre que celle-ci agira sur une amélioration de la liturgie en elle-même, elle aura aussi des conséquences sur une réappropriation par le peuple chrétien de la doctrine et des mœurs catholiques. Non par un coup de baguette magique, mais par une imprégnation permanente. Lex orandi, lex credendi. Reste que cet effort liturgique, qui s’insère dans une visée plus large, de véritable réforme de l’Église, nécessite des hommes pour l’accomplir. Des prêtres, des évêques, un pape ! Encore faudra-t-il que les artisans de ce « retour » aient la volonté décidée de l’accomplir malgré tous les obstacles qu’ils rencontreront.

    Or, que constatons-nous ? Depuis un peu plus de quarante ans, cette volonté a manqué aux hommes d’Église, alors même qu’ils auraient pu amorcer ce « retour » et qu’ils en parlaient. Plus exactement, ils se sont contentés de vouloir – et encore faiblement – un encadrement de la réforme. Benoît XVI a théorisé cette tentative, qui s’applique notamment à la liturgie, en la qualifiant d’« herméneutique de la réforme dans la continuité », qu’on pourrait aussi qualifier d’herméneutique de conservation des acquis du concile, dans une perspective modérée.

    La liturgie nouvelle rectifiée selon Jean-Paul II

    Il est clair que Jean-Paul II, puissamment aidé par le cardinal Joseph Ratzinger, a voulu imposer une troisième voie entre la réaction traditionaliste et la marche en avant progressiste. En ce qui concerne la liturgie, il s’agissait alors de mettre en application une interprétation de la réforme liturgique en tentant de la placer, dans une certaine mesure, dans le fil de la tradition liturgique. La parole officielle consistait alors à affirmer que la réforme liturgique constituait la dernière étape d’une réforme organique de la liturgie romaine, à l’instar des réformes antérieures de saint Pie X, Pie XII ou Jean XXIII. Une parole officielle qui avait pourtant quelques difficultés à entrer dans les esprits tant le fossé séparant la liturgie traditionnelle de la nouvelle liturgie semblait abyssal à tout spectateur honnête qu’il préfère d’ailleurs l’une ou l’autre de ces liturgies.

    À vrai dire, la difficulté ne venait pas seulement de la compréhension intellectuelle de ces liturgies que de la pratique elle-même de la nouvelle liturgie. D’où la multiplication des textes pontificaux pour à la fois célébrer la réforme liturgique issue du Concile et pour en corriger les mauvaises interprétations.

    Cependant, cette volonté de corriger les abus et de donner une interprétation correcte de ce qu’est « la vraie liturgie » issue du Concile trouvait une première limite dans la pratique liturgique du pape lui-même, notamment de Jean-Paul II. Malgré tout, peut-être sous l’influence de son très bugninien maître de cérémonies, Mgr Piero Marini, le pape de la « restauration », qui était aussi le pape d’Assise, a présidé des Eucharisties dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles s’éloignaient de l’interprétation que le même pape et les organes curiaux compétents en la matière tentaient de faire passer par ailleurs. De la même manière, la célébration d’un rite dit zaïrois en la basilique Saint-Pierre ne s’est pas déroulée la première fois sous le pontificat de François mais sous celui de Jean-Paul II. Il faut dire que Jean-Paul II, qui avait des dons incontestables d’acteur, était parfaitement à l’aise dans la liturgie nouvelle où la part de « jeu » du célébrant est très importante.

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