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Religions - Page 9

  • Poutine et les Juifs de Russie. La dénonciation du grand rabbin rebelle

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de diakonos.be)

    Poutine et les Juifs de Russie. La dénonciation du grand rabbin rebelle

    « J’étais le grand rabbin de Moscou. La Russie m’a contraint à fuir ». C’est ainsi que la revue américaine « Foreign Policy » a intitulé fin février l’impressionnant récit qu’a fait Pinchas Goldschmidt des rapports difficiles entres les Juifs russes et le régime de Vladimir Poutine, des rapports qui se sont davantage compliqués après son agression contre l’Ukraine.

    Dans cette guerre, le facteur religieux a son importance. Avec des racines lointaines qui, pour les Juifs de Russie, remontent aux soixante-dix années de dictature communiste, dont ils sont sortis pratiquement détruits. Ce n’est qu’après le tournant de 1989, quand avec Mikhaïl Gorbatchev « la perestroïka et la glasnost battaient leur plein », que le rabbin Goldschmidt est arrivé à Moscou, avec l’intention de « reconstruire la communauté juive ».

    Quatre années plus tard, en 1993, Goldschmidt devient grand rabbin de Moscou. Mais à l’aube du deuxième millénaire, avec l’arrivée de Poutine à la présidence, les signaux repassent à nouveau au rouge. À l’hiver 2003, le rabbin est convoqué par des fonctionnaires des services de sécurité fédéraux, le FSB, l’héritier du célèbre KGB, qui lui demandent de se mettre à leur service en tant qu’informateur. Goldschmidt refusa. Par la suite, les fonctionnaires reviennent plusieurs fois à la charge, toujours sans succès, jusqu’à ce qu’en 2005 – écrit-il – « j’ai été expulsé de Russie, peut-être justement à cause de mon refus de collaborer avec les agences d’espionnage ».

    Et il ajoute : « Je n’ai pu revenir que grâce à l’intervention du premier ministre italien de l’époque, Silvio Berlusconi », évidemment grâce à l’amitié que ce dernier avait créée avec Poutine.

    Mais les agents du FSB ne s’avouèrent pas vaincus : « il tenaient sous contrôle, visitaient et intimidaient » un nombre croissant de Juifs russes. Jusqu’à la conclusion d’un accord avec la Fédération des communautés juives de Russie, la FEOR, qui se plia à deux conditions bien précises du Kremlin.

    La première était de blanchir l’image de Poutine de tout soupçon d’antisémitisme, pendant qu’il se battait contre les oligarques d’origine juive Mikhail Fridman, Vladimir Gusinsky, Mikhail Khodorkovsky et Boris Berezovsky.

    La seconde condition du Kremlin était d’utiliser la Fédération des Juifs russes comme porte-parole en direction les Juifs d’Occident, « pour faire passer le message que, quoiqu’on puisse penser de Poutine, toute autre alternative serait pire et aboutirait à la persécution des Juifs ». Et la Fédération ne manqua pas de remplir sa part du contrat par la suite : quand Poutine annonça sa volonté de revenir à la présidence en 2012, les rabbins de la FEO « s’empressèrent de faire en sorte que les Juifs de Moscou renoncent à participer aux manifestations ».

    Et quand la Russie s’appropria la Crimée en 2014, « les leaders de la FEOR s’activèrent au maximum pour donner la ligne à suivre, en dépit des protestations des Juifs russes : Juifs, ne vous en mêlez pas, ce n’est pas notre guerre ».

    Quant aux années de guerre dans le Donbass qui suivirent, Goldschmidt écrit : « Dans le contexte du discours de propagande russes pour soutenir la lutte contre les néo-nazis en Ukraine, le Musée de la Tolérance, construit par la FEOR et centré sur l’histoire de la seconde guerre mondiale, a été utilisé à de nombreuses reprises pour accréditer la thèse selon laquelle la guerre contre l’Ukraine était une guerre contre le retour du nazisme. Telle était la ligne adoptée par le rabbin Alexander Boroda, président de la FEOR, pour soutenir la guerre. Les organisations-sœur de la FEOR situées hors de Russie, comma Chabad, n’ont pas dit un mot. »

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  • RDC : l’Eglise catholique et les églises protestantes réclament plus d’attention de la part de l’UE et spécialement de la Belgique

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    Lu sur le site web de « La Libre Afrique » :

    EVEQUE-1.jpgLes deux principales confessions religieuses congolaises, la catholique et les protestantes, ont demandé jeudi à l’Union européenne et à ses États membres – et en particulier à la Belgique – une « implication sincère » à l’égard de la République démocratique du Congo (RDC), un pays en proie à des décennies de violences et qui doit organiser des élections générales à la fin de l’année. Une délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), principale fédération protestante du pays, a mené durant quatre jours une « mission de plaidoyer » à Bruxelles, auprès de responsables belges et européens, rencontrant notamment l’archevêque de Malines-Bruxelles, cardinal Jozef De Kesel, et le nonce apostolique auprès de l’Union européenne, Mgr Noel Treanor.

    Les délégués des deux églises ont ensuite, lors d’une conférence de presse, dénoncé une « grave détérioration » de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et surtout dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, avec une ‘multiplication » des groupes armés, locaux et étrangers.

    Avec de « graves conséquences », a souligné le secrétaire exécutif de la commission justice et paix de la Cenco, le père Clément Makiobo.

    Selon les deux églises, depuis 2021, au moins 10.100 personnes ont été massacrées et plus de quatre millions d’autres ont été déplacées, alors que de graves violations des droits humains ont été enregistrées.

    « À cause de cette insécurité, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ne peut organiser les opérations électorales en cours (l’enregistrement des électeurs qui se déroule dans l’ensemble du pays, ndlr) dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyaragongo » dans le Nord-Kivu, ont souligné la Cenco et l’ECC dans une déclaration conjointe.

    Elles déplorent que la paix ne soit pas encore rétablie dans cette région en dépit des nombreuses initiatives militaires – comme le déploiement d’une force régionale de la communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) – et diplomatiques, comme des médiations menées par le Kenya et l’Angola entre les présidents congolais et rwandais, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo et Paul Kagame.

    RDC : l’Eglise catholique et les églises protestantes réclament plus d’attention de la part de l’UE et spécialement de la Belgique

  • L’Union européenne doit accepter de voir en face la montée des actes antichrétiens !

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    Du site du Figaro (via :

    Tribune collective. “L’Union européenne doit accepter de voir en face la montée des actes antichrétiens!”

    6 mars 2023

    TRIBUNE COLLECTIVE – Deux religieuses du quartier Bouffay, à Nantes, vont quitter la ville, épuisées par l’insécurité. Si la montée inquiétante de la violence contre les religions touche l’ensemble des croyants, le christianisme demeure la première cible des actes antireligieux en France comme en Europe. Dans une tribune collective, une vingtaine de personnalités appellent l’Union européenne à réagir et rappellent que tous les actes antireligieux doivent être combattus avec la même force.

    L’actualité récente avec les religieuses contraintes de quitter leur quartier à Nantes en raison del’insécurité tout comme la lecture du dernier rapport parlementaire des députés Isabelle Florennes etLudovic Mendes sur les actes antireligieux et antichrétiens dans notre pays nous rappellent que la haine ne connaît pas de trêve.

    Si la montée inquiétante de la violence contre les religions touche l’ensemble des croyants, lechristianisme demeure la première cible des actes antireligieux en France comme en Europe,selon le ministère de l’Intérieur et l’OSCE.

    L’évaluation précise de ces derniers, tant quantitative que qualitative, est certes complexe, mais il esten revanche une certitude: ce phénomène gagne en amplitude, en gravité et en visibilité.

    Ainsi, ce début d’année assombri par la fusillade dans une église londonienne, les dégradations descalvaires, les actes de vandalisme et les tentatives d’incendie des églises à Champagne- au-Mont-d’Or et à Paris n’est, hélas, que le reflet d’une violence persistante.

    Protéger la liberté de conscience

    Face à cette résurgence de la haine, qui demeure toutefois sans commune mesure avec les crimes et les persécutions commis ailleurs dans le monde, l’heure n’est plus aux demi-mesures et aux effets d’annonce convenus et répétitifs. Tous les actes antireligieux doivent être combattus avec la même force, car ils menacent non seulement l’ensemble des croyants, mais également lesprincipes fondateurs de notre civilisation, au premier rang desquels la liberté de conscience.

    Endiguer ce fléau des violences antireligieuses qui ont quitté le terrain du droit légitime à la critique pour rejoindre celui des délits et des crimes implique une action coordonnée à l’échelle européenne. Dans la mise en œuvre de sa stratégie contre le racisme et les actes de haine, l’Union européenne a adopté la décision-cadre du Conseil du 28 novembre 2008 et, dans le prolongement, a créé des fonctions de coordinateurs en charge de la lutte contre l’antisémitisme et la haine antimusulmane.

    Si un tel combat s’avère indispensable, ce que nul ne conteste, ne serait-il pas juste de l’étendre à la lutte contre ce qu’il faut bien appeler l’antichristianisme

    Un “deux poids, deux mesures” injustifié

    Pourquoi, dans un courrier du 11 novembre 2022 en réponse à une demande formulée à ce propospar l’association La France en partage, la Commission européenne a-t- elle explicitement confirmé son refus de désigner un coordinateur en charge de la lutte contre les actes antichrétiens?

    Pourquoi refuse-t-elle ainsi d’ouvrir les yeux sur une réalité certes déplaisante, mais dont attestent les statistiques et l’expérience quotidienne de nombreux Français?

    Que justifie ce “deux poids, deux mesures” dont on doit bien reconnaître qu’il constitue une discrimination à l’égard de la communauté chrétienne? L’Union européenne ne doit pas oublier que les valeurs communes qui la fondent sont l’égale protection des individus.

    L’Europe serait-elle à ce point mal à l’aise avec la protection de l’identité héritée de son histoire qu’elle refuserait de voir en face la montée des actes antichrétiens?

    Ce qui se joue ici, c’est l’égale garantie des libertés fondamentales de pensée et de croyance en Europe. Mais c’est aussi, dans l’indifférence coupable des pouvoirs publics, le maintien du lien avec ce qui a fondé la culture européenne elle-même, du monachisme des origines aux douze étoiles de son drapeau. Et, avec elle, la pérennité d’un élément essentiel de notre civilisation.

    Si nous voulons vivre en harmonie, il faut lutter de façon égale contre toutes les idéologies de destruction. C’est pourquoi nous prions avec insistance la Commission européenne de reconsidérer sa réponse et de nommer un coordinateur en charge de la lutte contre les actes antichrétiens, visant les personnes et les biens.

    La Commission doit faire ce pas pour confirmer son attachement à l’égale liberté de conscience pour tous. Nous ne pouvons plus nous payer de mots et nous contenter de répéter sans y croire que l’ensemble des croyants bénéficie de la même protection européenne.

    Pour qu’une telle protection existe, elle doit être instituée. Si les instances européennes devaient persister dans leur refus de prendre en compte cette demande, il sera alors impératif de mobiliser l’ensemble des voies politiques et juridiques pour la faire aboutir.

    Signataires:

    Carine Chaix, avocate à la cour, présidente de l’association La France en partage

    Alban du Rostu, directeur général du Fonds du bien commun

    Jérôme Bascher, sénateur, vice-président du groupe France Saint-Siège au Sénat

    Henri de Beauregard, avocat à la cour

    Jérôme Besnard, juriste et essayiste

    Olivier Bonassies, auteur, directeur de l’association Marie de Nazareth

    Loris Chavanette, historien

    Typhanie Degois, ancienne députée LREM

    Denis Duverne, président de l’association Saint-Jean de Passy

    Maxime Bonassies, responsable de l’association M de Marie

    Michel Degoffe, professeur de droit public

    Thomas Delenda, directeur de l’association Hozana

    Jean- Michel Fauvergue, romancier, ancien député LREM

    Julien Le Page, président de SOSCalvaires

    Charles Prats, vice-président de l’Association professionnelle des magistrats

    Gregor Puppinck, juriste, directeur du think-tank ECLJ

    Jean-Bernard Prim, délégué général de l’Alliance Siméon

    Thierry Rambaud, professeur de droit public, avocat à la cour

    Frédéric Rouvillois, professeur de droit public, délégué général de la Fondation du Pont-Neuf

    Joseph Macé-scaron, écrivain

    Nicola Speranza, secrétaire général de la FAFCE

  • Jérusalem : les chrétiens en proie à la violence extrémiste

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    De Guillaume de Dieuleveult sur Le Figaro du 7 mars 2023 via le blog Assawra :

    Les chrétiens de Jérusalem en proie à la violence extrémiste

    Bagarres, insultes, profanations : depuis le début de l'année, les quartiers chrétiens et arméniens de la Vieille Ville sont le théâtre d'agressions commises par des juifs radicaux. La communauté chrétienne, déjà très fragile, s'en inquiète.

    Des épaules de catcheur, une barbe de bûcheron, les mains comme des battoirs : lorsque la puissante silhouette du père Matheos, chef « drogman » du patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem, apparaît à l'entrée du restaurant Versavee, tout près de la porte de Jaffa, en plein coeur du quartier chrétien de la Vieille Ville, les touristes et les pèlerins venus déjeuner se taisent un instant et l'observent. C'est que le prêtre en impose. À Versavee, le père Matheos est chez lui. On lui apporte un verre d'eau, il en boit une gorgée, puis, d'un air mélancolique, livre un bilan alarmiste.

    Cela fait vingt-cinq ans que ce religieux vit à Jérusalem. Sa charge de drogman fait de lui le gardien des lieux saints. « Nous nous étions habitués aux petits incidents, aux crachats sur des prêtres parce qu'ils portent une croix, aux insultes. Mais la situation devient de plus en plus menaçante » , s'inquiète-t-il. Depuis le début de l'année, les agressions et les actes de vandalisme perpétrés contre des chrétiens, ou des sites sacrés de la Vieille Ville, se sont multipliés. Début février, dans la chapelle de la Flagellation, située sur la via Dolorosa qui est, dans la tradition chrétienne, le chemin par où Jésus est passé avant d'être crucifié, un Juif américain a brisé une statue du Christ. Ailleurs, cela serait probablement passé inaperçu. Mais pas à Jérusalem : le lendemain, René Troccaz, le consul général de France se rendait sur place en signe de « solidarité » et publiait sur Twitter un message affirmant que « la France est attachée à la liberté de culte et au respect de toutes les confessions religieuses » .

    Les consulats et représentations diplomatiques implantés à Jérusalem suivent ce dossier de près. « On ne peut pas vraiment parler de harcèlement, car je ne crois pas qu'il y ait une action programmée et coordonnée destinée à déstabiliser la présence chrétienne à Jérusalem et en Israël , tempère une source diplomatique. Cela dit, le fait est que la pression se fait de plus en plus intense, avec des événements de plus en plus fréquents et sur des fronts variés : physiques, mais aussi fiscaux. » Cette source évoque les cas de deux institutions : le centre Notre-Dame et la Maison d'Abraham, à qui la municipalité de Jérusalem demande de verser des sommes très importantes au titre du rattrapage d'impôts fonciers non payés en raison d'un accord de l'État d'Israël avec le Vatican. « Il y a une conjonction d'événements, qui coïncide avec l'arrivée d'un nouveau gouvernement, dont certains membres sont sans foi ni loi, qui en profite pour relancer un certain nombre de dossiers, parmi lesquels la question de la présence d'autres religions que le judaïsme en Israël , poursuit cette source. Il ne faut pas oublier que pour certains membres de ce gouvernement, la présence d'autres religions sur la terre d'Israël est illégitime. »

    Une pression constante

    Quelques jours avant l'affaire de la statue du Christ, une altercation avait opposé de jeunes extrémistes israéliens à des habitants du quartier arménien. Setrag Balian était là ce soir. « Il y a toujours eu des incidents, rappelle-t-il. Mais jusqu'à présent, c'était le fruit du hasard. Aujourd'hui, des groupes viennent exprès à Jérusalem pour s'en prendre aux chrétiens. Ce sont toujours des jeunes avec un look de colons. Ils viennent prier pendant le Shabbat puis, le samedi soir, ils cherchent des problèmes. » D'abord, il y a eu cette série de graffitis écrits en hébreu sur les murs du monastère Saint-Jacques, le siège du patriarcat arménien : « Mort aux chrétiens » , « mort aux Arméniens » , « vengeance » . Un soir, c'est un jeune homme qui urine longuement devant la porte d'entrée du monastère et prend la fuite lorsque arrive le gardien, alerté par la caméra. Puis il y a cette dispute qui dégénère : un Arménien reçoit un jet de gaz au poivre dans l'oeil, des jeunes « colons » auraient tenté d'escalader le mur du couvent pour arracher le drapeau du patriarcat arménien parce qu'il est frappé de la croix, la tension monte, la police, cantonnée tout près, intervient et interpelle brutalement un Arménien. Il est aujourd'hui inculpé pour « agression d'un agent de police » . « La police doit venir nous expliquer nos droits, mais je ne sais pas ce qu'on peut en attendre, quand on sait que leur chef, le ministre de la Sécurité nationale, c'est le sioniste religieux Itamar Ben Gvir, l'avocat qui libérait les colons quand ils faisaient des histoires comme ça » , souligne, fataliste, Setrag Balian. La veille de cette altercation, une autre bagarre a eu lieu à quelques centaines de mètres de là, tout près de la Custodie de Terre sainte, le siège des franciscains à Jérusalem. Refoulé par la police de la porte de Damas, l'entrée du quartier musulman, une trentaine de « colons » longe le mur d'enceinte, pénètre dans la Vieille Ville par la porte Neuve et débouche sur une des rues les plus paisibles du quartier, une des voies d'accès au Saint-Sépulcre. Quelques touristes boivent un verre à la terrasse du restaurant Taboon and Wine. Miran Krikorian, le propriétaire, est alerté par les serveurs et accourt. « Ils criaient : « Les musulmans en Syrie, les chrétiens au Vatican, morts aux Arabes! » » , raconte-t-il. Les clients s'esquivent, des chaises volent. Quand la police arrive, les « colons » sont partis. « Ils nous ont dit de porter plainte, mais nous savons que personne n'est jamais arrêté. Nous ne faisons pas confiance à la police » , regrette Miran Krikorian.

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  • Inde : le premier ministre invité à mettre fin à la montée des violences contre les minorités chrétiennes

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Un groupe d’anciens fonctionnaires appelle Modi à mettre fin aux attaques contre les chrétiens

    07/03/2023

    Le 4 mars, un groupe de 93 anciens fonctionnaires et membres du Constitutional Conduct Group a adressé une lettre ouverte au Premier ministre indien Narendra Modi afin de l’appeler à mettre fin à la montée des violences contre les minorités chrétiennes dans le pays. L’Inde compte moins de 2,4 % de chrétiens. « Nous sommes profondément troublés par ce harcèlement continu contre les groupes minoritaires », ont dénoncé les signataires, dont certains ont été ambassadeurs en Europe.

    Des chrétiens indiens, le 8 janvier à New Delhi lors d’une veillée aux chandelles contre les violences faites aux minorités.

    Un groupe d’anciens fonctionnaires indiens a appelé le Premier ministre Narendra Modi à mettre fin à la montée des violences contre les minorités chrétiennes dans le pays. Dans une lettre datée du 4 mars, signée par 93 anciens fonctionnaires et membres du Constitutional Conduct Group, ils ont demandé au gouvernement BJP (Bharatiya Janata Party) pro-hindou d’assurer un traitement équitable et impartial vis-à-vis de la communauté chrétienne. « Il est urgent que vous, Premier ministre, leur donniez cette assurance », ont-ils insisté dans la lettre ouverte.

    Selon le Forum chrétien unifié (UCF), une organisation œcuménique basée à New Delhi, l’Inde a enregistré 598 cas de violences contre les chrétiens dans 21 États du pays en 2022. Ce chiffre s’élevait à 279 en 2020 et à 505 en 2021, selon un rapport de l’UCF. Ces attaques, qui comprennent du boycott social, des profanations d’églises et des arrestations de leaders chrétiens, ont eu lieu en majorité dans les États de l’Uttar Pradesh, du Madhya Pradesh, du Karnataka et du Gujarat, tous dirigés par le parti de Modo, ainsi qu’en Odisha, au Chhattisgarh et au Maharashtra, où le parti PJB est fortement présent.

    « Nous sommes inquiets des actions toujours plus viles contre une petite minorité »

    La plupart de ces États indiens ont voté des lois controversées anti-conversion, que les groupes nationalistes hindous utilisent pour cibler les chrétiens et leurs célébrations. « Nous sommes profondément troublés par ce harcèlement continu via des actions criminelles et des discours de haine, contre les groupes minoritaires dans le pays », ont déploré les signataires. Ils ont ajouté que « nous sommes inquiets des actes et des paroles de haine contre toutes les minorités, et des insultes et actions toujours plus viles contre une petite minorité religieuse, les chrétiens ».

    Selon la lettre, la Constitution indienne stipule que tous les citoyens indiens, quelle que soit leur religion, sont égaux en droits. « Mais nous sommes forcés de protester contre la multiplication des affaires discriminatoires contre les chrétiens ces derniers temps », ont insisté les signataires. La lettre a également observé que les chrétiens sont régulièrement accusés de conversions forcées, alors qu’ils représentent moins de 2,4 % de la population indienne, sur 1,3 milliard d’habitants.

    D’autant plus que cette proportion est restée plus ou moins la même depuis le recensement de 1951. « Pourtant, dans l’esprit de certains, ce chiffre minuscule est une menace pour les hindous qui forment plus de 80 % de la population », ont ajouté les anciens fonctionnaires, dont certains ont été ambassadeurs d’Inde dans plusieurs nations européennes.

    (Avec Ucanews)

  • Birmanie : les chrétiens de l’État Chin subissent de plus en plus de restrictions sur les activités religieuses

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Les chrétiens birmans face à de nouvelles répressions sur les activités religieuses

    04/03/2023

    Depuis la mise en œuvre de la loi martiale début février, les chrétiens de l’État Chin, dans le centre du pays, sont de plus en plus affectés par les restrictions imposées par la junte. Les communautés locales expliquent notamment que les autorités demandent aux paroisses de fournir les noms des prêtres et des fidèles présents durant les célébrations. « C’est une situation difficile et l’organisation des activités religieuses et liturgiques est très délicate dans le cadre de ces nouvelles règles », confie une source ecclésiale locale.

    À cause de la loi martiale, les chrétiens de l’État Chin subissent de plus en plus de restrictions sur les activités religieuses, y compris sur les célébrations dominicales.

    Les chrétiens de l’État Chin, une région particulièrement affectée par les conflits internes en Birmanie, subissent de plus en plus de restrictions sur leurs activités religieuses, y compris concernant les célébrations dominicales, en raison de la loi martiale qui a été étendue récemment. L’armée impose un couvre-feu strict de 18 heures à 6 heures du matin et une interdiction sur les rassemblements de plus de sept personnes dans neuf cantons de cette région majoritairement chrétienne de l’ouest du pays.

    Une source ecclésiale de l’État Chin confie que les nouvelles règles en vigueur affectent les chrétiens locaux alors que la junte veut qu’ils demandent l’autorisation sept jours à l’avance pour pouvoir célébrer la messe le dimanche : « C’est une situation difficile et l’organisation des activités religieuses et liturgiques est très délicate dans le cadre de ces nouvelles règles. »

    Face à cette situation, des responsables chrétiens de plusieurs confessions à Hakha, capitale de l’État Chin, ont rencontré récemment les responsables militaires de la région afin de réfléchir à une solution, et depuis, les célébrations dominicales sont à nouveau autorisées. Mais les autorités locales demandent aux paroisses de fournir les noms des prêtres, les listes des fidèles présents et leurs numéros de téléphone.

    « On nous a demandé d’informer les autorités locales sur les pratiquants réguliers »

    Un pasteur du canton de Mindat, dans le sud de l’État Chin, qui souhaite rester anonyme, explique : « On nous a demandé d’informer les autorités locales sur les pratiquants réguliers et aussi sur d’autres rassemblements comme les funérailles. » Il ajoute que les communautés locales à Mindat subissent également des coupures d’Internet et du réseau mobile. Par conséquent, cela devient difficile de rester informé sur la situation dans la région.

    Ces nouvelles règles strictes ont été mises en œuvre par la junte le 2 février dernier après la déclaration de la loi martiale dans 37 cantons de Sagaing, Magway, Bago et Tanitharyi (dans les États Kayah, Karen et Mon). La veille, l’armée birmane avait également étendu l’État d’urgence pour six mois supplémentaires dans le pays en crise.

    Le 22 février, la junte a aussi annoncé l’extension de la loi martiale dans trois cantons supplémentaires dans le nord-ouest de la région de Sagaing, dans le centre du pays, afin d’imposer un contrôle renforcé face à la résistance des milices armées. Selon l’organisation HRW (Human Rights Watch), l’application de la loi martiale permet une répression renforcée des « droits fondamentaux à la liberté d’expression, de rassemblement pacifique et d’association ».

    La Birmanie classée 14e par l’Indice Mondial de Persécution des Chrétiens 2022

    « En fin de compte, ces nouvelles règles ne font rien d’autre que garantir la poursuite des abus de l’armée de manière incontrôlable et en toute impunité », a réagi Manny Maung, chercheur birman pour la branche asiatique d’HRW, dans un rapport publié le 27 février.

    L’État Chin, une région pauvre et montagneuse qui compte près de 478 000 chrétiens soit 85 % de la population locale, est en première ligne de la résistance contre la junte depuis le coup d’État du 1er février 2021. Par conséquent, les habitants y subissent des attaques brutales lancées en représailles contre les groupes ethniques, dont des bombardements et des tirs d’artillerie lourde qui ciblent la population civile sans distinction.

    Les diocèses de Hakha et de Kalay, qui couvrent l’État Chin et une partie de la région de Sagaing, ont été particulièrement affectés par les conflits en cours. Plusieurs centaines de résidents ont été détenus arbitrairement et plusieurs dizaines ont été tués, tandis que plus de 70 édifices religieux, dont plusieurs dizaines d’églises, ont été détruits depuis que la junte a pris le pouvoir il y a deux ans, selon l’organisation Chin Human Rights.

    Le pays d’Asie du Sud-Est a été classé au 14e rang par l’organisation Portes Ouvertes USA dans son Indice Mondial de Persécution des Chrétiens 2022, qui évalue les pays où les chrétiens rencontrent le plus de persécutions. Les chrétiens représentent près de 6 % de la population birmane sur plus de 54 millions d’habitants, contre presque 89 % de bouddhistes.

    (Avec Ucanews)

  • Y a-t-il un « véritable islam » ?

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    Editorial lu dans la revue mensuelle « La Nef », sous la signature de Christophe Geffroy :

    Dans son livre Sur l’islam (1), Rémi Brague se moque gentiment du propos tenu en 2013 par le pape François : « le véritable islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence. » Le « véritable islam » ? Dans cet ouvrage passionnant teinté d’un humour caustique, saisissant par son érudition et sa clarté, Rémi Brague remet les choses à leur juste place : en cherchant à appréhender l’islam sous ses différentes facettes, sans a priori positif ou négatif, il montre qu’il n’y a pas de « véritable islam » et qu’il n’en peut exister puisqu’il ne reconnaît pas de magistère faisant autorité, comme c’est le cas dans l’Église catholique. Le terroriste islamiste qui tue des « mécréants » peut autant se revendiquer de « l’islam véritable » que le soufi plongé dans ses méditations.

    Pour comprendre ce qu’est l’islam donc, quelle est la vision islamique de Dieu et du monde, R. Brague explore ses « fondamentaux », et notamment le Coran, figé, depuis la crise mu‘tazilite du IXe siècle, comme parole incréée de Dieu dictée à Mahomet. Cet aspect essentiel explique une part importante de la réalité musulmane. Le Coran contient nombre de dispositions légales, souvent extrêmement précises et s’attachant à la vie quotidienne dans certains de ses plus petits détails, faisant de l’islam plus qu’une simple religion, « une législation », écrit R. Brague – une « religion de la Loi ». « De la sorte, poursuit-il, lorsque l’islam, comme religion, entre en Europe, il ne le fait pas seulement comme une religion […]. Il y pénètre au titre d’une civilisation qui forme une totalité organique et qui propose des règles de vie bien déterminées. »

    En islam, la raison ne peut en aucune façon être source de l’obligation du droit, la loi vient directement de Dieu, via le Coran lui-même, parole incréée de Dieu. Et lorsque surgissent des contradictions, elles se résolvent par la théorie de l’« abrogation » qui donne la primauté au verset coranique le plus récent, toujours plus sévère que le verset antérieur – relativisant par là même les passages les plus tolérants envers les juifs et les chrétiens que l’on met habituellement en avant. Ainsi, puisqu’il n’y a que la loi de Dieu, le concept de loi naturelle n’a aucun sens et il ne peut exister, en théorie, de règles communes valables pour les musulmans et les « infidèles ». Les conséquences de cette approche du droit, discipline qui domine toutes les autres en islam, sont importantes, notamment par ses répercussions sur la morale et la relativisation de principes que nous considérons comme universels : est bien ce que Dieu veut, donc ce qu’exige le Coran ne peut être que bien, y compris ce qu’a fait Mahomet qui est le « bel exemple » que Dieu recommande de suivre (Coran XXXIII, 21). Ainsi assassiner, torturer, conquérir par l’épée, mentir (taqiyya), multiplier les épouses (y compris fort jeune, Mahomet ayant consommé son mariage avec Aïcha alors qu’elle n’avait que 9 ans)… aucune de ces actions ne saurait avoir été mauvaise dès lors qu’elle a été le fait du « Prophète ». Certes, aucun musulman n’est obligé de faire de même, mais du moins le peut-il sans trahir sa religion.

    L’islam et l’Europe

    Autre thème sur lequel R. Brague remet les pendules à l’heure : l’apport de la civilisation islamique (où chrétiens, juifs, sabéens, zoroastriens ont joué un rôle non négligeable) à l’Europe au Moyen Âge. Certes, les sciences arabes, en ce temps, étaient plus développées dans la sphère islamique que chrétienne, mais, tempère R. Brague, « l’islam en tant que religion n’a pas apporté grand-chose à l’Europe, et ne l’a fait que tard », la chrétienté occidentale n’ayant jamais totalement cessé le commerce intellectuel avec Byzance, ce qui a permis le maintien du contact avec la culture grecque que l’islam n’a aucunement cherché à assimiler.

    Depuis environ cinq siècles, l’islam a comme interrompu son développement culturel et s’est progressivement laissé dépasser et dominer par l’Europe, provoquant une intense humiliation chez nombre de musulmans : c’est ce que R. Brague nomme « l’ankylose » de l’islam. Aujourd’hui, s’il n’y avait pas eu la manne pétrolière, les pays musulmans, faibles scientifiquement et militairement, ne pèseraient rien au plan international. Leur atout est néanmoins leur forte démographie, couplée à une immigration massive vers l’Europe, qui a permis l’installation de vastes communautés musulmanes financées par l’argent de l’or noir. C’est une autre façon, plus patiente mais sans doute plus efficace, de l’emporter et de prendre ainsi une revanche sur le passé. Quand le réaliserons-nous ?

    Christophe Geffroy"

    (1) Rémi Brague, Sur l’islam, Gallimard, 2023, 390 pages, 24 €.

    © LA NEF n° 356 Mars 2023

  • La caractéristique la plus importante du communisme chinois est l'athéisme

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    De Zhou Kexin sur Bitter Winter :

    "La caractéristique la plus importante du communisme chinois est l'athéisme"

    27/02/2023

    La série télévisée populaire "The Knockout" est mobilisée par le PCC pour une nouvelle campagne contre la religion.

    Promouvoir l'athéisme : un homme qui prie dans "The Knockout" est l'archi-vilain Gao Qiqiang.
    Promoting atheism: a praying man in “The Knockout” is archvillain Gao Qiqiang.

    Si vous vivez en Chine, il y a de fortes chances que vous ayez vu au moins quelques épisodes de la série télévisée "The Knockout", dont le dernier épisode a été diffusé le 1er février. C'était bien fait, et immensément populaire. Elle était également très politique. Ceux qui ont pris soin de regarder les titres ont remarqué que la série était officiellement produite "sous la direction de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois", le superviseur tout-puissant de la police, de la sécurité et des tribunaux en Chine.

    "The Knockout" est une série policière avec un méchant en chef, le patron du crime Gao Qiqiang. Méchant par excellence, il possède même une caractéristique négative que la Commission centrale des affaires politiques et juridiques considère peut-être comme plus dangereuse : il est croyant.

    La China Anti-Xie-Jiao Association est une organisation colossale du PCC dont le mandat est de combattre les mouvements religieux interdits sous le nom de "xie jiao", parfois traduit par "sectes". Cependant, tant qu'elle y est, elle calomnie et combat toutes les religions.

    Un document extraordinaire publié le 13 février par cette association, qui fait partie de son matériel pédagogique, contient des directives sur la manière de commenter "l'ouragan" lors des séances de propagande.

    Le document insiste sur le fait que le méchant Gao Qiqiang est un croyant. On nous dit que Gao "va prier Dieu et Bouddha pour qu'ils le protègent, mais qu'il ne peut finalement pas échapper aux sanctions légales". L'identité et l'expérience de Gao Qiqiang nous disent que les masses, les membres du parti et les fonctionnaires doivent respecter la loi, et que la superstition ne peut sauver les contrevenants à la loi."

    En regardant Gao, on peut comprendre ce qu'est la superstition. Elle n'est en aucun cas limitée aux "cultes". "Ce que nous appelons la superstition féodale, selon le texte, fait référence à la croyance en des dieux et des fantômes, et au fait de suivre les autres en participant à des activités anti-scientifiques en raison d'une croyance aveugle et d'une croyance ignorante." Il ne s'agit pas de croire aux "mauvais" dieux. Il s'agit de la croyance aux dieux, en général.

    A poster for “The Knockout.”
    Une affiche pour "The Knockout".

    Pour être plus précis, les directives proclament avec insistance que "la foi dans le communisme est la vitalité et l'élément vital des membres du PCC. Les membres du Parti qui conservent leur foi dans le communisme ne perdront pas leur "calcium", leurs os seront durs, ils seront capables d'adopter une position claire face au bien et au mal, ils seront capables de rester fermes face à toutes sortes de tentations, ils sauront "d'où ils viennent et où ils vont". Ils comprendront qui ils sont et ne croiront pas aux dieux, aux fantômes ou au Feng Shui." (Xi Jinping n'aime pas le Feng Shui, bien que l'éradiquer des masses chinoises s'avérerait probablement impossible).

    " Marx, poursuit le texte, a dit un jour : " Le communisme procède directement de l'athéisme. Tous les communistes chinois devraient être de fermes matérialistes et athées dès le jour où ils prêtent le serment d'adhérer au Parti. Les membres du PCC sont des "citoyens spéciaux" qui ont une conscience politique plus élevée, des convictions politiques plus fortes et une discipline organisationnelle plus solide que les citoyens ordinaires. La chose la plus fondamentale pour les communistes de croire au marxisme est d'adhérer au matérialisme approfondi et à l'athéisme scientifique. Il s'agit d'une question fondamentale liée à l'essence des membres du Parti et des cadres. Les membres du Parti qui organisent ou participent à des activités superstitieuses perdent leurs croyances correctes, abandonnent leurs armes théoriques, encouragent la superstition, vont à l'encontre de l'esprit du Parti et s'égarent facilement dans la corruption et la dégénérescence, nuisent à l'image du Parti et du gouvernement et causent de graves dommages. Ils doivent être tenus pour responsables."

    Le religieux Gao Qiqiang devient un criminel, mais il est finalement vaincu par le bras fort du Parti communiste athée. L'athéisme gagne, la religion perd. Ce message simple est inculqué à nouveau par tous les moyens possibles, y compris les séries télévisées produites "sous la direction de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois".

  • Le carnaval : un héritage catholique ?

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    De Bosco d'Otreppe sur La Libre de ce 21 février, p. 33 :

    Pourquoi la Belgique est-elle une terre de carnavals ?

    Patchwork de bourgades et de communes catholiques, le pays a particulièrement soigné les carnavals qui participaient notamment à l’affirmation de soi.

    Binche, Malmedy, Alost, Eupen, La Roche, Ninove, Nivelles, Morlanwelz, Lobbes… Sans oublier les Lætares de La Louvière, Fosses-laVille, Tilff ou Stavelot. Des gilles aux Blancs Moussis, la Belgique est bel et bien une terre de carnaval.

    "D’autres régions du monde cultivent de tels folklores", note Clémence Mathieu, directrice du musée international du Carnaval et du Masque (Binche), mais le carnaval trouve chez nous "un écho spécifique dans le cœur des gens." "Sans doute est-ce parce que notre pays est composé de petits villages et de communes qui soignent leur identité ; et le carnaval participe de celle-ci."

    Citoyens de communes et de bourgades, les Belges seraient donc soucieux de leur folklore, peut-être davantage que dans des pays plus "jacobins" et centralisés autour d’une capitale. "Notez que si l’on pense à la France, on remarque que dès que l’on s’avance dans des régions plus reculées et moins tournées vers une capitale - les Alpes par exemple - l’on retrouve de telles coutumes régionales", poursuit Clémence Mathieu.

    Président de la Société de géographie à Paris, Jean-Robert Pitte propose une hypothèse comparable. "Le carnaval est souvent une affirmation des libertés urbaines. Ainsi, de nombreuses villes carnavalesques sont aussi des villes ‘à beffroi’", historiquement soucieuses de leur indépendance. "Il suffit de penser au Carnaval de Dunkerque lors duquel le maire et ses adjoints lancent des harengs depuis l’hôtel de ville et son beffroi. C’est aussi le cas du Carnaval de Venise, affirmation haute en couleur de la Sérénissime."

    Face aux protestants

    Célébration de la transgression, de la mascarade, du burlesque et de l’inversion des rôles, le carnaval trouve son origine dans les fêtes antiques qui jalonnaient le printemps. Si ces fêtes ont été reprises par le catholicisme pour en faire le carnaval - dernier exutoire avant l’entrée en Carême -, c’est qu’elles s’accordent bien à cette religion qui octroie une grande importance à la bonne chère et aux cinq sens. Le catholicisme a toujours pris très au sérieux l’incarnation, c’est-à-dire le fait que son Dieu "s’est fait homme", qu’il a cassé la croûte en partageant le poisson sur les berges du lac de Tibériade, qu’il a multiplié les banquets et changé l’eau en vin pour sauver une noce à la dérive.

    Dans le sillage de l’Église, "la nourriture rayonne de sainteté", note le philosophe Rémi Brague, et la tradition catholique a dès lors toujours pris au sérieux l’exultation du plaisir. Les fêtes catholiques - et les carnavals en sont un bon exemple - "mélangent cérémonies religieuses et réjouissances profanes, écrit Jean-Robert Pitte dans son ouvrage La planète catholique (Tallandier, 2020).

    Tous les arts sont concernés, au premier rangs desquels la musique et la danse, l’art vestimentaire, la gastronomie, mais aussi le théâtre, etc." Le catholicisme veille cependant à ce que cette recherche des plaisirs soit maîtrisée dans les limites du respect de l’autre et de soi-même. Le Carême qui débute au lendemain du carnaval est en ce sens une période de frugalité qui rend le primat à Dieu.

    À côté du catholicisme, le protestantisme rigoureux se présente à certains égards comme une religion plus austère et iconoclaste qui ne connaît d’ailleurs pas de carême en tant que tel. Pour cette raison, la culture du carnaval est moins répandue dans les villes protestantes, bien que les Carnavals de Bâle ou Hambourg - parmi d’autres - aient survécu à la Réforme en tant qu’affirmations des libertés urbaines.

    Jean-Robert Pitte avance dès lors une deuxième hypothèse. Si les carnavals sont si nombreux aux confins du monde réformé, chez nous au nord de l’Europe ou dans la vallée du Rhin, c’est qu’ils ont pu, tout au long de l’histoire, se présenter comme un geste d’affirmation catholique face aux voisins protestants. Le géographe propose cette explication avec prudence, mais il note que ce fut aussi le cas pour l’architecture baroque et rococo qui s’est épanouie en Autriche ou en Bavière pour mieux y défier l’iconoclasme et l’austérité protestante.

  • Le Luxembourg s'enfonce dans l'irréligion

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    De Laura BANNIER sur virgule, (wort.lu) :

    De moins en moins de Luxembourgeois croient en une religion

    Contrairement aux personnes âgées, les jeunes générations sont moins croyantes. 
    16.02.2023

    Les pratiques religieuses traditionnelles sont en net recul au Luxembourg. Alors que 75% des résidents croyaient ou pratiquaient une religion en 2008, ils n'étaient plus que 48% en 2021, selon le Statec.

    Importance de la religion, appartenance à un culte, fréquentation d'un lieu de culte ou encore pratique de la prière, la spiritualité et les religions ont été passées au crible au Luxembourg. Les réponses des résidents interrogés sur leurs pratiques religieuses ont principalement permis de constater que les Luxembourgeois étaient de moins en moins croyants.

    Menée à la fin de l'année 2020 et au début de l'année 2021, cette enquête de l'European Value Survey relayée par le Statec révèle que 48% des résidents se réclamaient de croyances et pratiques religieuses traditionnelles en 2021. C'est nettement moins qu'en 2008 (75%). Parmi les personnes revendiquant leur appartenance à un culte, les catholiques sont largement majoritaires (92%), tandis que les croyants se revendiquant musulmans n'atteignent que 2,7%.

    Les données récoltées laissent transparaître que la religion est peu importante au Luxembourg. 40,86% des répondants estiment qu'elle n'est «pas du tout importante», et 35,45% la jugent «pas importante» tandis qu'à l'extrême opposé, seuls 5,27% des sondés la conçoivent comme «très importante». L'insignifiance de la religion est davantage marquée au Luxembourg, comparé à la moyenne européenne, puisqu'à l'échelle du Vieux continent, la religion est importante pour 36% des habitants.

    Une spiritualité alternative

    Parmi les personnes interrogées, 59% ont affirmé ne jamais fréquenter de lieux de culte. Si 4% s'y rendent une fois par semaine et la même proportion une fois par mois, 15,5% n'assistent à un office religieux qu'à l'occasion de fêtes ou de cérémonies.

    Alors que les résidents n'étaient que 39% à affirmer que «Dieu n'était pas important dans leur vie» en 2008, cette proportion a explosé pour s'établir à 60% en 2021. À noter que la part de résidents sans religion est passée de 35% à 44% tandis que la part d'athées a grimpé de 10% à 18%.

    Au-delà de mettre en évidence le déclin des religions traditionnelles, cette étude souligne la montée des spiritualités alternatives au Luxembourg. En effet, 41% des résidents croient en «un esprit, une force surnaturelle». À ces personnes s'ajoutent les 15% de répondants qui pensent qu'il existe un «dieu personnel», et les 18% d'agnostiques, qui ne savent pas. Les 21% restants estiment qu'il n’« y a pas de divinité ».

    Si Dieu, sous toutes ses formes, est donc encore présent, d'autres croyances subsistent également. C'est le cas de la vie après la mort, à laquelle 30,7% des personnes interrogées croient, tandis que 40% n'y croient pas et 26,5% ne se prononcent pas sur le sujet. La réincarnation convainc 23,6% des répondants tandis que 61,8% déclarent ne pas y croire. L'enfer, lui, est moins populaire avec seulement 10,1% de croyants. 

    Ainsi, «il est ardu de tracer la frontière entre religions traditionnelles et formes de spiritualité modernes», notent les statisticiens. «Les individus se fabriquent des mythes et croyances religieuses à la carte.»

    Une fois compilé, cet ensemble de données permet au Statec d'indiquer que les personnes nées au Luxembourg, les hommes et les personnes orientées à gauche affichent une tendance à être moins religieuses que les autres, tandis que les personnes âgées croient davantage. «Dieu n'est pas mort», conclut l'institut d'études économiques et statistiques, qui souligne que les pays d'Europe de l'Est et du Sud restent très fortement attachés aux principes religieux.

  • A Liège : Un nouveau défi pour l’association de fidèles « Sursum Corda » - La restauration de l’église du Saint-Sacrement continue….

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    A Liège, le 26 novembre 2003, l’association de fidèles « Sursum Corda » relevait son premier défi : racheter l’église du Saint-Sacrement pour pérenniser son affectation naturelle.

    Elle entreprit par la suite de réaliser un plan complet de réhabilitation de ce superbe monument du XVIIIe siècle avec l’aide des pouvoirs publics et du mécénat.

    Une première phase du chantier fut dédiée à la restauration de la façade monumentale et du parvis, d'une partie de la maçonnerie et des charpentes de la nef : elle s’est achevée en juillet 2021.

    La seconde phase porte sur la restauration du choeur et de la tour de l’église, comme on peut le lire dans les deux pièces jointes à cette information: l’une par Mgr Delville, évêque de Liège, et l’autre par M. l’abbé Marc-Antoine Dor, Recteur de l’église du Saint-Sacrement qui, l’un comme l’autre, en appellent à la générosité du public invité à se joindre à l’entreprise lancée une nouvelle fois par l’association de fidèles  « Sursum Corda »

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  • "L’islamisme est bel et bien un islam" (Rémi Brague)

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    Du Figaro (Alexandre Devecchio) via le site "Pour une école libre au Québec" :

    Rémi Brague : « l’islamisme est bel et bien “un islam” »

    7 février 2023

    Rémi Brague est membre de l’institut de France, normalien, agrégé de philosophie et professeur émérite de philosophie à l’université Panthéon-Sorbonne. À l’occasion de la sortie de son ouvrage le plus récent, Sur l’islam, Le Figaro s’est entretenu avec le professeur Brague.

    — La plupart du temps, le débat contemporain sur l’islam distingue islam et islamisme, comme si beaucoup d’observateurs ou de chercheurs s’interdisaient de procéder à l’examen critique des textes. Votre livre, au contraire, scrute les textes et refuse d’établir une frontière entre islam et islamisme. Pourquoi ce choix ?

    Rémi BRAGUE. — « Islamisme » était au XIXe siècle une façon anodine de désigner ce que nous appelons maintenant « islam ». C’était un « -isme » de plus à côté du judaïsme, du christianisme, et même de l’hindouisme, mot qui n’a aucun sens pour un hindou. « Islam » est un meilleur mot, parce que c’est celui que les musulmans utilisent, à la différence, par exemple, de « mahométisme », qui est choquant pour eux. Pour moi, ce que nous appelons maintenant « islamisme » n’est pas « l’islam », tout l’islam. Le français a la chance d’avoir deux articles, défini et indéfini. Je dis donc, en revanche, que l’islamisme est bel et bien « un islam ». Et un islam que je n’ai aucune raison de rejeter au-dehors. Qui serais-je, d’ailleurs, pour me permettre de l’exclure ? Ses partisans se considèrent eux-mêmes comme de bons musulmans, voire comme de meilleurs musulmans que les autres, qu’ils accusent d’une tiédeur capitularde. Et leur islam ressemble beaucoup à celui que pratiquait Mahomet lui-même, tel que nous le présente la biographie la plus ancienne que nous possédons de lui. C’est en tout cas ce que les gens du prétendu « État islamique en Irak et en Syrie » (Daech) ne manquaient pas de rétorquer aux critiques qui leur venaient d’al-Azhar et d’ailleurs. Il fallait donc regarder du plus près possible les textes faisant autorité auxquels se sont référés les musulmans à travers les siècles.

    — Vous avez choisi d’ouvrir votre livre par un chapitre consacré au terme « islamophobie ». En quoi ce terme alimente-t-il la confusion ?

    — Je dois bien avouer m’être un peu « lâché » dans ledit chapitre inaugural, voire m’y être soulagé. L’usage répétitif du mot « islamophobie » a en effet le don de m’exaspérer. Il permet de tout mélanger, alors que les philosophes aiment distinguer : confondre la religion avec ceux qui la professent, confondre le système dogmatique et juridique de cette religion avec la civilisation qu’il a marquée, voire dominée, mettre dans le même sac (en l’occurrence une poubelle) le racisme bête (si j’ose ce pléonasme) envers les immigrés et l’étude historico-critique des textes sacrés sur lesquels repose la religion, etc. Il interdit tout dialogue, puisqu’une « phobie » est toujours une forme de dérangement mental, et l’on ne perd pas son temps à discuter avec un aliéné. Enfin, le brandir comme une arme, ce que l’on fait le plus souvent, témoigne d’une mentalité paternaliste, quasiment néocolonialiste. On sous-entend que les musulmans seraient trop bêtes ou trop « princesse au petit pois » pour accepter un regard ne serait-ce qu’un peu distant sur leur religion.

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