Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Culture - Page 89

  • L’étude de l’Antiquité classique serait-elle toxique ?

    IMPRIMER

    Du site de l'Homme Nouveau, dans la rubrique "Au quotidien" (n°260)  :

    Les classiques sont-ils fascistes ?

    Au quotidien n° 260 : les classiques sont-ils fascistes ?

    Dans le dernier numéro de La Revue des Deux mondes (octobre 2021), Xavier Darcos s’interroge sur la mise en question idéologique des classiques, menée conjointement par des militants « woke » et des universitaires de plus hautes institutions académiques américaines.

    Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la remise en cause de l’enseignement de l’histoire gréco-romaine n’est pas la soudaine lubie d’activistes obtus ou de groupuscules incultes. Ce sont des universitaires eux-mêmes, souvent connus et respectés, qui, aux États-Unis, se sont lancés dans cette étrange autorépudiation. (…) À Stanford même, où professent une vingtaine de Prix Nobel (et qui accueillit des maîtres comme Michel Serres ou René Girard), le professeur Danel Padilla Peralta enseigne la République romaine et le début de l’Empire, ainsi que la réception classique dans les cultures contemporaines. D’origine dominicaine, il a étudié à Princeton et en sortit major de sa promotion en 2006. C’est alors qu’il s’est reproché de trahir ses origines et qu’il s’est lancé dans une « décolonisation de son esprit », en se retournant contre son propre savoir. Dans un article récent du New York Times (1), il exprime sa volonté de « sauver les classiques de la blancheur ». (…) On pourrait imaginer que cette phobie subite est liée à la destinée personnelle de cet universitaire qui dut se battre contre la pauvreté et les préjugés raciaux pour s’imposer, grâce à ses capacités intellectuelles exceptionnelles (2). Il n’en est rien. Ses positions sont confortées par d’autres spécialistes des lettres classiques, sans qu’ils aient le même passé que lui, telle Donna Zuckerberg, la fondatrice du site Eidolon. Elle y affirme la toxicité du monde antique, en particulier sa misogynie : « C’était une époque où il n’y avait pas de mot pour le viol, le féminisme n’existait pas et les actions des femmes étaient déterminées par des parents masculins. (3) » Si bien qu’elle en arrive, elle aussi, à poser la question du maintien de la matière qu’elle enseigne car cette discipline « a été historiquement impliquée dans le fascisme et le colonialisme, et continue d’être liée à la suprématie blanche et à la misogynie ». Au passage, ces procureurs confondent les fictions mythologiques (qui narrent en effet des violences sexuelles et des abus de toute nature) avec la réalité d’une société à qui de telles mœurs font horreur. La mythologie est une banque d’images et de structures narratives que personne ne prenait au premier degré, pas plus que nous ne croyons aux citrouilles changées en carrosses. Nous nous étions habitués à la rengaine selon laquelle les langues anciennes seraient surannées et inutiles, comme en témoigne leur quasi-disparition dans la formation des élèves d’aujourd’hui. Mais l’argument de leur dangerosité morale nous avait été jusqu’ici épargné. Que reproche-t-on à l’étude de l’Antiquité classique ? En gros, d’avoir illustré, magnifié et justifié toutes les oppressions. Pêle-mêle : l’esclavage, la colonisation, le racisme, le fascisme, le nazisme, la misogynie, la pédophilie, la croyance en une supériorité de la race blanche.

  • L'évolution de la population belge de 2000 à 2021

    IMPRIMER

    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Composition de la population belge 2000 à 2021

    29 Sep 2021

    Photo illustrative choisie par le site de l’Office belge de la statistique

    Au 01/01/2021, la population belge se composait comme suit : 67,3 % de Belges d’origine belge, 20,1 % de Belges d’origine étrangère et 12,6 % de non-Belges. C’est ce que montrent les chiffres de Statbel, l’Office belge de statistique.

    Les catégories utilisées :

    • Belge né de Belges (uniquement pour les personnes du groupe d’origine Belge d’origine belge) ;
    • Pays voisin : l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, le Grand-Duché de Luxembourg et le Royaume-Uni sont considérés comme des pays voisins ;
    • UE27 (à l’exclusion de la Belgique et des pays voisins) ;
    • Hors UE27 (à l’exclusion des pays voisins).
    On remarque que la part des Belges nés de Belges baisse sans cesse passant de 8,4 millions en 2000 à 7,7 millions en 2021

    POPULATION SELON LE GROUPE D’ORIGINE

    Au 01/01/2021, la population belge se composait comme suit : 67,3 % de Belges d’origine belge, 20,1 % de Belges d’origine étrangère et 12,6 % de non-Belges. En chiffres absolus, cela représente respectivement 7 753 000, 2 320 385 et 1 447 853 habitants. Le groupe des Belges d’origine étrangère est toutefois très divers :

    1. 49,7 % n’ont pas la nationalité belge comme première nationalité enregistrée, mais ont acquis la nationalité belge entre-temps.
    2. 50,3 % ont la nationalité belge comme première nationalité enregistrée, parmi lesquels :
    • 20,3 % ont deux parents ayant une première nationalité étrangère enregistrée ;
    • 30,0 % ont un parent ayant une première nationalité étrangère enregistrée ;

    Il y a des différences importantes si l’on compare les trois régions belges entre elles.
    • Au niveau belge, environ deux tiers de la population étaient belges d’origine belge au 01/01/2021. Cela varie d’une personne sur quatre dans la Région de Bruxelles-Capitale à deux personnes sur trois en Région wallonne, et trois personnes sur quatre en Région flamande.
    • Globalement, une personne sur cinq est belge d’origine étrangère. Ce pourcentage est le plus faible en Flandre avec 14,7 %. Il grimpe à 23,7 % en Wallonie et atteint 39,5 % en Région de Bruxelles-Capitale.
    • La part de non-Belges se situe autour de 10 % en Région flamande et en Région wallonne. Cette part est de 35,5 % en Région de Bruxelles-Capitale.

    Il est important de remarquer que la nationalité ne dit pas si une personne a migré ou non. La nationalité donne plutôt des informations sur l’origine d’une personne. Le pays de naissance est un meilleur indicateur pour savoir si une personne a effectué ou non un mouvement migratoire vers la Belgique. Pratiquement tous les Belges d’origine belge sont nés en Belgique (98,3 %). 70,0 % des Belges d’origine étrangère et 16,0 % des non-Belges sont également nés en Belgique.

    Dans les différents groupes d’origine, la proportion d’hommes et de femmes semble être répartie équitablement. La répartition est moins égale en ce qui concerne l’âge.

    • La part de Belges d’origine belge augmente clairement avec l’âge : elle atteint 53,8 % chez les 0-17 ans, 65,5 % chez les 18-64 ans et 86,9 % chez les plus de 65 ans.
    • Il est frappant de constater que les mineurs qui appartiennent au groupe d’origine Belge d’origine étrangère sont particulièrement fortement représentés dans les sous-catégories dont la première nationalité enregistrée est belge. Nous observons la situation inverse chez les 18-64 ans : ils ont plus souvent une première nationalité étrangère enregistrée.
    • La part des non-Belges est la plus élevée chez les 18-64 ans, à savoir 14,8 %. Ils sont suivis par les 0-17 ans avec 11,7 % et les plus de 65 ans avec 6,4 %.

    La diversité selon l’origine a augmenté en Belgique au cours de la décennie écoulée :

    • La proportion de Belges d’origine belge a diminué de 81,8 % en 2001 à 74,3 % en 2011 et 67,3 % en 2021.
    • La proportion de Belges d’origine étrangère a augmenté de 5,7 % entre 2001 et 2011. Cette proportion a encore augmenté de 4,6 % au cours de la décennie écoulée.
    • La proportion de non-Belges a augmenté de 8,4 % en 2011 à 10,2 % en 2011 et 12,6 % en 2021.

    POPULATION SELON LA NATIONALITÉ D’ORIGINE

    Les Belges d’origine belge ont tous une nationalité d’origine belge. C’est la raison pour laquelle nous nous concentrons dans cette partie uniquement sur les Belges d’origine étrangère et les non-Belges.

    Le 01/01/2021, les Belges d’origine étrangère et les non-Belges se répartissaient comme suit entre les groupes de nationalité d’origine. 20,3 % appartenaient au groupe de nationalité d’un pays voisin, 28,1 % au groupe de nationalité de l’UE27 (à l’exclusion des pays voisins) et 51,7 % au groupe de nationalité hors UE27.

    De nouveau, il y a des différences importantes si l’on compare les trois régions.

    • La Région flamande semble avoir une plus faible proportion de personnes ayant comme groupe de nationalité d’origine l’UE27 (à l’exclusion des pays voisins) : 20,9 % contre 28,1 % au niveau national. Dans le même temps, la Flandre a une part plus importante de personnes dont la nationalité d’origine se situe en dehors de la zone UE27 : 57,2 % par rapport à 51,7 % au niveau belge. 
    • On observe le schéma inverse en Région wallonne : une part plus importante issue d’un pays de l’UE27 (à l’exclusion des pays voisins) : 39,2 % et une part plus faible issue d’un pays situé en dehors de la zone UE27, à savoir 37,9 %.
    • La Région de Bruxelles-Capitale a la plus faible proportion de personnes issues d’un pays voisin : 13,8 % contre 20,3 % au niveau national. Cette région affiche également la plus forte proportion de personnes dont la nationalité d’origine se situe en dehors de la zone UE27 : 60,7 % contre 57,2 % en Flandre et 37,9 % en Wallonie.

    Il y a eu quelques glissements au cours de la dernière décennie :

    • Ces 20 dernières années, la part de personnes appartenant au groupe de nationalité des pays voisins a diminué : de 28,0 % en 2001 à 23,8 % en 2011 et à 20,3 % en 2021.
    • À l’inverse, on observe une augmentation du groupe de nationalité d’origine en dehors de la zone UE27, qui passe de 38,4 % en 2001 à 47,6 % en 2011 pour atteindre 51,7 % en 2021.
  • Avortement : un débat confisqué

    IMPRIMER

    Bien qu'il s'agisse de la situation en France, on n'aura aucun mal à adapter les considérations exposées ci-dessous à la situation en Belgique :

    De Pascale Morinière en tribune sur le site du journal la Croix :

    « Est-il encore possible de parler de l’IVG aujourd’hui ? »

    Alors que l’ONU a déclaré le 28 septembre Journée mondiale pour le droit à l’avortement, Pascale Morinière, médecin et présidente des Associations Familiales Catholiques (AFC), dénonce une confiscation du débat par les défenseurs de l’IVG.

    Le 16 août 2021, la chaîne C8 a diffusé le film américain Unplanned qui raconte l’histoire vraie d’Abby Johnson qui, après avoir passé huit ans à travailler dans un centre du Planning familial américain, prend la décision de le quitter, ébranlée après avoir découvert la réalité concrète d’un avortement par aspiration, pour devenir une militante anti-avortement.

    La diffusion de ce film a aussitôt déclenché au milieu de la torpeur estivale une avalanche de réactions de la part du Planning familial et de responsables politiques.

    Des critiques violentes ont été émises dans la presse notamment par Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, considérant que ce film – qui tient surtout du récit ou du témoignage - constituait « une remise en cause d’un droit fondamental pour les femmes acquis de haute lutte » ou encore qualifiant ce long métrage « d’outil de propagande anti-avortement abject ».

    Quelles que soient les opinions personnelles que l’on peut avoir au sujet de l’avortement et près de 50 ans après sa dépénalisation, on ne peut se résigner à accepter que le débat soit à ce point confisqué.

    Un rapport de force stérile

    Est-il encore possible de réfléchir au principe même de l’IVG, de prendre du recul sur l’expérience acquise en ce domaine, de comprendre ce que les femmes, leurs conjoints quand ils existent, leurs familles vivent réellement lorsqu’ils y sont confrontés, de comparer nos politiques publiques à celles d’autres pays, ou encore d’analyser sérieusement les causes de ces événements… sans être immédiatement accusé de vouloir remettre en cause ce « droit fondamental acquis de haute lutte » ?

    Les responsables politiques, tous bords confondus, portent une lourde responsabilité dans le jeu de rôle idéologique qu’ils ont contribué à installer depuis si longtemps. Malgré la gravité du sujet, on assiste à un rapport de force stérile entre d’une part, les tenants du droit à l’IVG et, d’autre part, ceux qui seraient coupables d’égratigner ce qui est devenu un totem de la République.

    Dans ce jeu de rôle figé, les partisans du droit à l’IVG soutiennent l’extension d’un droit qui semble ne jamais trouver de point de butée définitif– une énième initiative menée par quelques députés, prône de nouveau depuis quelques semaines l’allongement du délai de l’IVG de 12 à 14 semaines – tandis que ceux qui souhaiteraient pouvoir en débattre sont par avance « disqualifiés » par les médias. Car au-delà des prises de position tranchées on constate en fait que le sujet n’est pas le même : quand les uns parlent du droit des femmes à « disposer de leur corps », les autres parlent du droit de l’enfant à naître.

    Un progressisme à sens unique

    La loi sur le délit d’entrave numérique votée en décembre 2016 a eu pour intention de donner un coup d’arrêt aux sites Internet qui tentaient de dissuader les femmes d’avorter. La décision du Conseil constitutionnel du 16 mars 2017 en a limité les effets en cantonnant ce qui tomberait sous le coup de cette loi à des informations - non des opinions - diffusées par une personne ayant autorité en la matière et adressées à une ou des personnes déterminées. On comprend dès lors qu’un long métrage dramatique comme Unplanned n’entre pas dans la catégorie des publications visées par la loi.

    Lire la suite

  • Déchristianisation : faut-il suivre Madame Delsol ?

    IMPRIMER

    Du site de l'Homme Nouveau ("Au quotidien" n°257) :

    La découverte de Mme Delsol…

    Au quotidien n°257 : la découverte de Mme Delsol…

    S’appuyant sur un récent sondage – un sondage ! – la philosophe Chantal Delsol invite les chrétiens, dans une Tribune libre parue dans le Figaro (28 septembre 2021) à prendre acte de leur statut de minoritaires.

    Un seuil symbolique a été franchi : désormais plus de la moitié de la population française se dit incroyante. C’est même l’ensemble du Vieux Continent et sans doute l’Occident tout entier qui est en train de voir s’effacer la religion de ses pères.

    Le mouvement dont l’ampleur éclate aujourd’hui sous nos yeux a commencé il y a bien longtemps, sans doute avec les philosophes du XVIIIe siècle et même avant. Le judéo-christianisme porte en lui le doute, parce qu’il porte l’idée de vérité. Aussi avance-t-il dans l’histoire habité par sa propre mise en cause.

    Cependant il faut distinguer le christianisme et la chrétienté. Le christianisme ne semble pas du tout en voie d’extinction. Il se déploie, notamment sous la forme de branches du protestantisme, dans de larges zones d’Amérique latine ou d’Asie. C’est en Occident qu’il s’efface.

    Mais la chrétienté traduit bien autre chose : le christianisme comme civilisation, comme pouvoir sur les mœurs et les lois des pays. On peut dire que la chrétienté en tant que telle a disparu de nos territoires depuis les années 1960 ou les lois sur l’IVG. Depuis lors, ce ne sont plus les dogmes religieux qui déterminent ce que la morale interdit ou permet, ce sont des comités d’éthique composés d’une multitude de courants divers. La chrétienté aura duré seize siècles, depuis la fin du IVe siècle. C’est aujourd’hui qu’elle se rompt.

    D’où l’angoisse, voire l’affolement, de certains chrétiens d’aujourd’hui. Ayant perdu le pouvoir sur la société, ils se pensent dès lors perdus tout à fait, comme si leur existence même était liée à leur hégémonie. Ils vont devenir, ils sont déjà devenus une minorité, et ils ne savent pas ce que c’est. Il leur faudrait aller prendre des leçons chez les juifs ou chez les protestants. Je ne suis pas sûre que nos clercs aient bien compris ce nouveau statut de minorité, qui impose la modestie et une attitude de vérité - car on ne pardonne rien aux minorités, et tout leur est porté à charge.

    Chantal Delsol veut nous convaincre de la fin de la chrétienté. C’est d’ailleurs le titre de son prochain livre à paraître et l’on peut dire que le sondage sur les croyances des Français tombe à pic. Mais on n’a pas attendu la docte philosophe pour se rendre compte que la France ne vivait plus en chrétienté. Faut-il s’y résoudre ? Chantal Delsol le pense et veut nous en persuader. Cependant, il est frappant de constater que cette philosophe chrétienne est surtout moderne. Elle voit tout sous l'angle du rapport de forces, et singulièrement sous le signe du « pouvoir ». Elle définit ainsi la chrétienté « comme pouvoir sur les mœurs et les lois des pays ». Elle insiste plus loin sur les chrétiens désemparés et sur la cause de leur désarroi : « Ayant perdu le pouvoir sur la société, ils se pensent dès lors perdus tout à fait ». Ce n’est pas parce que les chrétiens ont perdu le « pouvoir » qu’ils acceptent cette défaite. Un mot manque ici, crucial, vital : vérité. Minoritaires ou pas, les chrétiens en question pensent qu’ils doivent transmettre la vérité qu’est le Christ et que cette vérité trouve forcément une traduction sociale et politique comme l'absence du Christ en conduit à une autre. Dès lors il n’y a que deux alternatives, soit être un chrétien intégré dans un système qui s’est entièrement construit contre la vérité du Christ, soit travailler de toutes ses forces à répandre cette même vérité.

  • Tout ce que tes amis savent sur Galilée est faux; voici comment rétablir la vérité

    IMPRIMER

    De Christopher Graney sur le National Catholic Register (Christopher Graney Christopher Graney est astronome et historien des sciences à la Specola Vaticana (l'observatoire astronomique du Vatican) à Rome et à la Fondation de l'Observatoire du Vatican à Tucson, Arizona (siège du télescope à technologie avancée du Vatican sur le mont Graham) :

    Tout ce que tes amis savent sur Galilée est faux - Voici comment rétablir la vérité.

    Galilée n'a pas prouvé que la Terre bouge. Il n'a pas inventé le télescope. Il n'a pas été excommunié, torturé ou brûlé. Alors, d'où viennent ces idées ?

    Justus Sustermans, “Portrait of Galileo Galilei,” ca. 1640
    Justus Sustermans, "Portrait de Galileo Galilei", vers 1640 (photo : Public Domain)

    27 septembre 2021

    Nous avons reçu un message haineux concernant Galilée ici à l'Observatoire astronomique du Vatican. C'était drôle - et pas drôle à la fois. Cela provient d'origines respectables. Et cela renvoie au problème plus large de la vérité aujourd'hui.

    Le "courrier" était constitué de commentaires sur les médias sociaux. Ce printemps, notre nouveau site web, VaticanObservatory.org, a bénéficié d'une certaine couverture médiatique (le National Catholic Register en a parlé). Cette couverture nous a attiré l'attention de certains qui ne pouvaient pas concilier les siècles de travail scientifique de l'Observatoire du Vatican avec l'histoire de Galilée. Ils ont laissé des commentaires affirmant que les catholiques avaient l'habitude de "griller" les gens qui faisaient de la science, et ainsi de suite.

    C'était amusant dans la mesure où ces commentateurs confiants étaient tellement mal informés. Nous avons entendu que Galilée a inventé "le premier télescope spatial", que l'Église a brûlé Copernic sur le bûcher - et Galilée aussi, qu'elle l'a torturé et excommunié, etc. Mais il n'est jamais vraiment drôle de voir des gens répandre avec assurance des informations erronées. Cela l'est d'autant moins que la désinformation est si courante aujourd'hui. 

    Dans le cas de Galilée, il est facile de voir pourquoi la désinformation abonde. Dans les livres pour enfants, dans les livres destinés aux touristes qui se rendent en Italie, et même dans les livres de grammaire, on peut lire que Galilée a été persécuté par l'Église pour avoir prouvé que la Terre est en mouvement, qu'il a été excommunié, et ainsi de suite. Mais Galilée n'a pas prouvé que la Terre est en mouvement. Il n'a pas été excommunié. Il n'a pas inventé le télescope. Il n'a pas été torturé, ni brûlé, et Copernic non plus. Alors, d'où viennent ces idées ? 

    Malheureusement, elles proviennent trop souvent de sources apparemment respectables et érudites ; qui d'autre parlerait d'un scientifique du 17e siècle ? Même récemment, un certain nombre de livres d'apparence respectable ont été publiés pour promouvoir ce que le pape Jean-Paul II a appelé le "mythe" de Galilée :

    L'astronome de Harvard Avi Loeb a publié en 2021 un livre intitulé Extraterrestrial : The First Sign of Intelligent Life Beyond Earth, publié par Houghton Mifflin Harcourt - Loeb écrit que Galilée a été jugé pour hérésie par des personnes qui "refusaient même de regarder dans son télescope", et qu'il a été "forcé d'abandonner ses données et sa découverte" et de se rétracter.

    Le livre de 2020 de l'historien britannique Timon Screech, The Shogun's Silver Telescope : God, Art, and Money in the English Quest for Japan, 1600-1625, publié par Oxford University Press - Screech soutient que les Anglais ont cherché à saper les missionnaires jésuites au Japon en y emportant un télescope en 1611. En effet, les jésuites enseignaient l'astronomie aux Japonais avides de sciences, et un télescope aurait semé la confusion et mis dans l'embarras toute leur mission. En effet, les télescopes permettaient à tout observateur attentif de constater que Copernic avait raison, à savoir que la Terre se déplace autour du soleil, par opposition aux jésuites.

    Le livre Galileo and the Science Deniers (2020) de l'auteur populaire et astrophysicien Mario Livio, publié par Simon & Schuster - Livio soutient que les adversaires de Galilée étaient, comme le dit le titre, des négateurs de la science. Il écrit que Galilée a été contraint d'abandonner "ce qu'il considérait comme les seules conclusions logiques possibles en faveur de ce qui s'apparentait à une version du dix-septième siècle du politiquement correct", à savoir la crainte de conflits avec les Écritures.

    Tout ceci est de la désinformation. Considérez l'idée de "refuser de regarder dans un télescope". Maffeo Barberini - le pape Urbain VIII - a été la force motrice derrière la condamnation de Galilée en 1633 pour suspicion d'hérésie. Barberini avait été un admirateur de Galilée. En 1620, il lui a écrit une lettre à laquelle il a joint un poème qu'il avait écrit et dans laquelle il se référait à Galilée comme à "un frère". Le poème fait l'éloge des découvertes télescopiques de Galilée, notamment les lunes qui encerclent Jupiter et les taches sur le soleil.

    Mais ces découvertes n'ont pas montré que la Terre était en mouvement. Le mouvement de la Terre ne découlait pas logiquement des données disponibles. Les télescopes n'ont pas permis à un observateur attentif de constater que Copernic avait raison. 

    Les livres énumérés ci-dessus contiennent des erreurs, certaines assez fondamentales, malgré toutes les ressources dont dispose, par exemple, un auteur de Harvard ou un éditeur d'Oxford. Comment cela est-il possible ? Peut-être parce que nous savons aujourd'hui que la Terre est en mouvement, et parce que le mythe de Galilée est si familier. Personne ne considère que le mouvement de la Terre n'était peut-être pas scientifiquement évident à l'époque de Galilée. 

    Et l'Église, et en particulier Urbain VIII, est le méchant de l'histoire de Galilée. L'ancien "frère" de Galilée s'est retourné contre lui - pour des raisons incertaines, Urbain est passé de l'éloge de Galilée en poésie à une explosion de rage à la mention de son nom. Galilée n'est ni torturé ni brûlé, mais il est assigné à résidence.

    Pourtant, à l'époque de Galilée, les gens étaient soumis aux châtiments les plus cruels pour des crimes relativement insignifiants. Le pont de Londres est hérissé de têtes de criminels exécutés, empalées sur des poteaux. L'esclavage était introduit dans le Nouveau Monde. Dans une époque aussi cruelle, pourquoi la traque d'un scientifique ayant des amis puissants est-elle si notoire ? 

    Probablement parce que le mythe de Galilée tire sa force de l'idée qu'il a été persécuté pour la science. Il est donc important de comprendre la science de l'époque. Que Galilée ait été logique en soutenant que la Terre est en mouvement, que ses opposants aient été des négationnistes de la science, que toute personne équipée d'un télescope ait pu constater que la Terre bouge - pour répondre à ces questions, il faut d'abord se plonger dans la science telle qu'elle était à l'époque de Galilée, et non se contenter de répéter de vieux mythes.

    Voulons-nous la vérité ou des mythes ? Voulons-nous vraiment apprendre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, ou voulons-nous simplement confirmer ce que nous savons déjà pour pouvoir le balancer sur les médias sociaux ? Si tout ce que nous voulons, c'est une histoire racontant que Galilée a prouvé que la Terre bouge et qu'il a été renversé par une cabale d'hommes puissants qui ne voulaient même pas regarder dans un télescope et voir par eux-mêmes qu'il avait raison, alors les livres respectables qui répètent les mythes ne posent aucun problème. Pas plus, d'ailleurs, que toutes les autres fausses informations qui abondent aujourd'hui.

    Mais les catholiques doivent rechercher la vérité. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Vatican soutient un observatoire astronomique et participe ainsi à la recherche de vérités scientifiques. Il n'y a donc rien de drôle dans le mythe de Galilée. Il n'y a rien de drôle dans la désinformation.

  • Liturgie : A propos du motu proprio « Traditionis custodes » dégradant la forme extraordinaire du missel romain: une question de sémantique

    IMPRIMER

    « Comment nommer ce missel mis à l’index (tiens…) par le pape François ? La question est-elle superflue ou byzantine ?

    missale-romanum-1962-grand-format.jpgNous ne le croyons pas un instant. Nommer les choses est de la plus haute importance, les Écritures en témoignent à de nombreuses reprises. Le nom c’est l’être et comme le disait Camus : mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde. Comment donc faut-il nommer ce missel qui est au centre de la question religieuse depuis plus de cinquante ans ? Missel tridentin, de saint Pie V, de saint Jean XXIII, ancien missel, missel traditionnel, missel grégorien, missel en latin, missel de 1962… Écartons immédiatement les appellations de forme ordinaire et extraordinaire que le pape François a biffé de sa plume même s’il serait instructif de revenir sur ce sujet spécifique d’une double forme du rit romain.

    Plus que de missel, il convient de parler de messe et plus largement de liturgie. Quel que soit le respect que l’on porte et que l’on doive à l’objet que le prêtre embrasse, le missel n’est jamais qu’un support alors que la messe est la réalité sacramentelle. On pourrait se passer du livre, pas des prières qu’il renferme (j’ai souvenir d’un chanoine pyrénéen aveugle qui célébrait par cœur la messe votive à la sainte Vierge et nombreux sont les témoignages de prêtres qui ont célébré mentalement dans les camps de tous les totalitarismes dont la modernité est profuse). Quant à la liturgie, elle recouvre des réalités plus vastes puisqu’elle englobe dans une même cohérence cultuelle non seulement la messe, mais encore l’Office divin, les autres sacrements, les sacramentaux et qu’elle va jusqu’à façonner la civilisation.

    C’est donc globalement de liturgie dont nous parlons tous, le pape comme nous autres ; et au fond de cette question s’affrontent deux approches liturgiques.

    Deux approches divergentes de la liturgie.

    L’une, héritière du mouvement liturgique qui inspira la réforme demandée par le concile Vatican II, menée à bien par ses principaux théoriciens, est visible partout. Cette conception liturgique fait du rit un enjeu pastoral. La liturgie est le rassemblement de la communauté qui prie ensemble, fait mémoire et célèbre. Partant de l’idée neuve que la liturgie doit être accessible immédiatement, elle doit faire ressentir l’appartenance à une communauté, elle doit répondre aux attentes concrètes des situations de vie incarnée des participants, elle fait cercle. Pour parvenir à ses fins, elle doit donc user des artifices des modes du temps. Elle assume d’être du monde et de s’en inspirer pour mieux toucher les hommes de ce temps. Tout ceci est demandé textuellement par le concile Vatican II dans Sacrosanctum concilium : révision des livres liturgiques en faisant appel à des experts (n°25) ; promotion de la participation active en favorisant acclamations, actions, gestes et attitudes corporelles (n°30) ; simplicité, brièveté, suppression des répétitions, rites adaptés à la capacité de compréhension des fidèles (n°34) ; utilité de la langue du pays dans toute la liturgie (n°36) ; adaptation des rites à la diversité des assemblées, des régions, des peuples… (n° 38) ; efficacité pastorale (n°40) ; adaptations des rites aux nécessités de notre temps (n°62)… Pour respecter ces principes il est donc nécessaire de réviser continuellement, d’adapter et de dater. Cette compréhension de la liturgie est par nature progressiste et vouée à d’incessantes évolutions puisqu’elle veut répondre aux attentes des hommes du jour.

    L’autre approche, traditionnelle en ce sens que c’est celle constante et ininterrompue de l’Église jusqu’à aujourd’hui compris (même si c’est de manière limitée et restreinte depuis 1969) comprend la liturgie comme le culte public que l’Église rend à Dieu par diverses expressions, artifices et moyens (sens, objets, temps, espace…) car tout vient de Dieu et que tout est pour Dieu. La liturgie c’est la manière concrète pour les hommes de répondre à la première table du décalogue et à la première demande du Pater. Elle est verticale car elle relie le Ciel et la terre, hiérarchique comme toute la création, orientée vers notre source et notre fin. La liturgie c’est la « joie de Dieu » (Alcuin), c’est la lumière du monde ; comment prétendre aménager la lumière ? Comment vouloir l’adapter ? Je ne peux m’empêcher de songer à cette réflexion de Sylvain Tesson sur un sujet pas si éloigné de notre réflexion : « Il fallait que les hommes fussent drôles pour s’imaginer qu’un paysage eût besoin qu’on l’aménageât. D’autres parlaient d’augmenter la réalité. Un jour peut-être s’occuperaient-ils d’éclairer le soleil ? (Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, 2016, Gallimard). La liturgie n’est pas une invention, une création, elle ne nous appartient pas et ne peut être le fruit de notre créativité. Elle n’est pas le fruit d’une volonté mais un héritage. La liturgie est l’expression de la foi catholique, elle s’est longuement sédimentée, sans autre but précis que de rendre gloire à Dieu ; elle est l’aboutissement de 2000 ans de christianisme non sans quelques apports du culte de l’ancienne alliance. Si la codification et la normalisation ont connu des étapes importantes (la Réforme Grégorienne ou le concile de Trente par exemple), le rit ancien est le fruit de la longue et lente maturation spirituelle de tous ceux qui nous ont précédés et avec qui nous sommes en relation par la communion des saints. La liturgie par essence se méfie de la nouveauté et des idées personnelles. La liturgie qui englobe tous les mystères de notre foi et qui rend Dieu présent (par la réunion des baptisés en son nom, par sa Parole et plus encore dans l’Eucharistie), n’est que lentement pénétrable bien qu’elle soit immédiatement aimable. La liturgie, en cachant, possède la paradoxale particularité de désigner : c’est entre autre tout l’usage liturgique des voiles qui attirent l’attention sur ce qu’ils dissimulent par la majesté, la délicatesse et la beauté dont ils usent ; on pourrait en dire autant de la langue sacrée et de l’orientation. Il faut accepter humblement et patiemment cette difficulté à saisir certains aspects des rites, c’est la condition d’un enthousiasme inlassable, d’un émerveillement sans cesse renouvelé et d’un progrès spirituel véritable. De même qu’on ne devient pas saint Jean de La Croix ou sainte Catherine de Sienne un petit matin en laçant ses souliers, on ne peut approcher les réalités insondables que renferme l’écrin liturgique d’un coup de baguette magique ou par une invention de l’équipe d’animation pastorale.

    Lire la suite

  • L'Eglise et les chrétiens face à l'esclavage

    IMPRIMER

    De sur le site de La Libre :

    Église et chrétiens face à l’esclavage

    Olivier Grenouilleau brosse une fresque passionnante de leurs relations depuis 2 000 ans.

    23-09-2021

    Le 3 décembre 1839, une lettre apostolique du pape Grégoire XVI condamnait officiellement l'esclavage et la traite : "Nous conjurons instamment dans le Seigneur tous les fidèles, de quelque condition que ce soit, qu'aucun d'eux n'ose à l'avenir tourmenter injustement les Indiens, les Nègres et autre semblables, ou les dépouiller de leurs biens, ou les réduire en servitude […] ou exercer ce commerce inhumain par lequel les Nègres, comme si ce n'étaient pas des hommes, mais de simples animaux réduits en servitude […], sont achetés, vendus et voués quelquefois aux travaux les plus durs".

    En termes clairs et nets, le Pape expose la position de l’Église catholique sur l’esclavage comme jamais auparavant. Certes, elle avait obtenu au XVe siècle la fin de la détention d’esclaves chrétiens par des chrétiens en Europe, et au XVIe siècle l’abolition par Charles Quint de l’esclavage des Indiens dans l’Amérique espagnole, mais les Portugais n’en tinrent pas compte et la traite des Africains débuta…

    À partir de 1839, la position de l’Église fut définitivement tranchée, et une de ses plus grandes voix, le cardinal Lavigerie (1825-1891), archevêque d’Alger, mena un combat infatigable contre l’esclavage dans l’Afrique musulmane, contribuant ainsi à la conférence antiesclavagiste de Bruxelles (1889), où les puissances coloniales décidèrent une action collective contre la traite.

    Pourquoi un tel retard ?

    Ceci dit, la question se pose : pourquoi les chrétiens ont-ils tant tardé à se mobiliser en faveur de l'abolition de l'esclavage et de la traite qui la nourrit ? Olivier Grenouilleau, éminent connaisseur de ce fléau séculaire (Les traites négrières, 2004, Qu'est-ce que l'esclavage ?, 2014, La révolution abolitionniste, 2017), consacre à cette question un ouvrage d'une érudition et d'une clairvoyance admirables.

    Il commence par rappeler que le Christ apparut dans un monde où l'esclavage était universellement pratiqué, y compris par les Juifs - seuls les stoïciens condamnaient cette pratique - et se recomposait en permanence, impliquant des formes et des populations différentes. Selon les Évangiles, le Christ n'en a pas parlé. Saint Paul l'admettait mais recommandait de ne pas traiter les esclaves "de la même manière qu'un cheval", saint Augustin et Thomas d'Aquin le légitiment. Une grande exception : l'évêque Grégoire de Nysse ((335-395) , se fondant sur le principe selon lequel l'homme a été fait à l'image de Dieu, établit celui de l'inaliénabilité, ici-bas, de la liberté humaine.

    Peu d’intérêt de Calvin et Luther

    Ceci dit, l’Église s’est beaucoup préoccupée au Moyen Age de racheter les esclaves chrétiens des musulmans et d’éliminer l’esclavage en Europe. Au lendemain de la découverte de l’Amérique (1492), nombre de missionnaires espagnols, dont le célèbre dominicain Las Casas, prirent la défense des Indiens. Mais la traite les remplaça par des Noirs !

    Ce même XVIe siècle vit naître la Réforme. Calvin proclama l'esclavage "licite" et Luther, estimant que seuls les catholiques sont véritablement des esclaves (du Pape), condamna toute forme de rébellion sociale et proclama que les subordonnés devaient "s'acquitter de leur plein gré de ce qu'ils savent être agréables à leurs maîtres et à leurs dames" (sic).

    Résumons la suite. Aux XVe-XVIe siècles, la théologie morale s’autonomisa, libérant la parole d’un nombre croissant de prêtres et de laïcs contre l’esclavage colonial. Mais sans résultats. C’est aux XVIIIe-XIXe siècles que des individus-acteurs jouent de plus en plus le premier rôle par rapport aux autorités établies. Chez les Anglo-Saxons, les Églises protestantes apparaissent dépassées, lorsqu’elles ne se divisent pas sur la question comme aux États-Unis et sa Guerre de Sécession.

    Les mouvements abolitionnistes

    À partir du XVIIIe siècle, trois pays voient l'abolitionnisme-mouvement se déployer véritablement : les États-Unis, l'Angleterre et la France. "Chaque fois l'élément religieux joue un rôle, essentiel ou notable". Le renouveau du christianisme évangélique dans l'univers anglo-saxon et, en France, la convergence de catholiques avec des abolitionnistes républicains plutôt anticléricaux conduiront à l'abolition de l'esclavage dans leurs colonies. Mais ailleurs, en Arabie, en Asie ?

    • **** Olivier Grenouilleau | Christianisme et esclavage| Histoire | Gallimard, Bibliothèque des Histoires | 544 pp., 28,50 €, version numérique 20 €
  • Un suicide assisté au cinéma ("Tout s'est bien passé")

    IMPRIMER

    De Louis Daufresne sur Aleteia.org :

    « Tout s’est bien passé », un suicide assisté au cinéma

    22/09/21

    Le nouveau film de François Ozon, "Tout s'est bien passé", en salle le 22 septembre, met en scène le suicide d’un père assisté par sa fille. Pour notre chroniqueur Louis Daufresne, cette œuvre ambiguë, qui se veut une « ode à la vie », annonce une nouvelle campagne en faveur de l’euthanasie.

    Le suicide assisté est-il une preuve d’amour ? François Ozon le pense et son film, sorti en salle ce mercredi 22 septembre, vise à poser cette question et surtout à en suggérer la réponse. Le grand retour à l’écran de Sophie Marceau, l’une des actrices préférées des Français, sert de « suppositoire idéologique » à cette intention militante. Tout s’est bien passé se présente comme une ode à la vie, alors qu’il s’agit d’en précipiter le terme, ce que la loi interdit. Mais pour combien de temps ?

    Lire la suite sur Aleteia.org

    Lire aussi : https://amomama.fr/266313-andr-dussollier-souhaite-partir-de-la-m.html

  • La pilule de Benoît XVI et la pilule de Houellebecq

    IMPRIMER

    Le diagnostic répété (93 ans) de Benoît XVI sur les effets sociaux de la pilule contraceptive étonne ou dérange, mais il rejoint aussi celui d’auteurs peu suspects de ringardise, comme Michel Houellebecq. Tous deux, relève Henri Quantin, y ont vu « un palier dans la montée historique de l’individualisme ». Une tribune publiée le 22/09/21 sur le site web « aleteia »:

    « Dans l’introduction ajoutée au recueil de ses textes sur l’Europe, le pape émérite Benoît XVI écrit que la pilule a « transformé les consciences des hommes, lentement d’abord, puis de plus en plus clairement ». La séparation entre la sexualité et la fécondité fût en effet « un bouleversement fondamental », menant peu à peu à l’idée que toutes les formes de sexualité étaient équivalentes. Avec la pilule, le monde est entré dans une nouvelle ère aux deux pans symétriques : une sexualité sans procréation ; une procréation sans sexualité.

    Un crime de lèse-modernité

    benoit-xvi.jpgCertains s’offusqueront sans doute de cette nouvelle attaque contre la pilule, cachet plus adorable, y compris chez certains catholiques déclarés, que l’hostie consacrée. Dans leur certitude de « momies progressistes exsangues » (le terme est de Houellebecq), ils répéteront une fois de plus que l’encyclique Humanae vitae, qui mettait en garde contre la contraception artificielle dès 1968, a vidé les églises. Les historiens sérieux, comme Guillaume Cuchet, ont montré que la dégringolade de la pratique avait eu lieu quelques années plus tôt, mais il reste bien des militants aveugles qui savent, d’une science quasi divine, que l’Église a commis le péché sans rémission, le crime de lèse-modernité.

    Lire la suite sur Aleteia.org

  • De l'athéisme à la foi chrétienne : le parcours de C.S. Lewis sur les écrans

    IMPRIMER

    De kath.net/news :

    Le plus réticent des convertis - Nouveau film sur C.S. Lewis

    La biographie du film montre le parcours de l'auteur des "Chroniques de Narnia", de l'athéisme à la foi chrétienne. Le film a été en partie tourné à l'Université d'Oxford.

    Le 3 novembre, un film biographique sur l'auteur C.S. Lewis (1898 - 1963) sera projeté dans certains cinémas des États-Unis. Intitulé "The Most Reluctant Convert : The Untold Story of C.S. Lews", le film se concentre sur la conversion de Lewis qui, d'athée convaincu, est devenu l'un des plus importants apologistes du christianisme au XXe siècle. Parmi ses œuvres les plus connues figurent les "Chroniques de Narnia" en sept parties.

    Le film est basé sur une pièce de théâtre du même nom, qui s'inspire du livre autobiographique de Lewis "Surprised by Joy". Dans des flashbacks, un C.S. Lewis plus âgé se rappelle les étapes clés de sa vie, notamment la mort de sa mère bien-aimée lorsqu'il avait neuf ans, sa relation difficile avec son père, ses expériences dans les tranchées de la Première Guerre mondiale et son séjour à l'université d'Oxford, où des amis chrétiens tels que John R.R. Tolkien et Hugo Dyson remettent en question son athéisme.

    Certaines parties du film ont été tournées sur des lieux originaux de l'Université d'Oxford. Le Fellowship for Performing Arts (FPA) et Aspiration Entertainment sont responsables de la production. FPA a adapté plusieurs œuvres de C.S. Lewis en pièces de théâtre et les a mises en scène. Parmi eux, citons "The Great Divorce", "Instructions to a Sub-Devil" et "The Most Reluctant Convert", déjà mentionné. Les pièces sont soigneusement sélectionnées pour transmettre - comme l'indique le site web - une vision chrétienne du monde qui est "imaginative, à multiples facettes et compréhensible pour les publics de toute confession ou non".

  • KTO : les Racines juives de la liturgie

    IMPRIMER

    « De nos jours, on assiste dans l’Église à une prise de conscience de plus en plus marquée des origines juives du christianisme. Comme une sorte de retour aux sources. L’apôtre Paul n’affirmait-il pas déjà clairement à la première génération de croyants d’origine païenne : « c’est la racine qui vous porte » (Romains 11.18) ? Le Christ lui-même n’a-t-il pas affirmé qu’il n’était pas venu non « abolir mais accomplir » la Loi (Matthieu 5,17). Les deux traditions de foi, juive et chrétienne , ont pour fondement le Dieu unique, le Dieu de l’Alliance qui se révèle aux hommes à travers sa Parole. Dans la recherche d’un comportement juste envers Dieu, les juifs se tournent vers l’enseignement de la Torah, les chrétiens vers le Christ comme source de vie nouvelle. Ce documentaire s’intéressera tout particulièrement à cet enracinement de la tradition chrétienne dans la religion juive visible dans la liturgie de la messe. Les Racines juives de la liturgie - Une production SUNSET PRESS 2020 - Réalisée par Alexandre Dolgorouky » (KTO)

    JPSC

  • Le wokisme : un despotisme démocratique, symptôme d'une société déchristianisée

    IMPRIMER

    D' sur le site du Figaro Vox :

    Conversations Tocqueville: «Le “wokisme”, une fièvre américaine qui atteint l'Europe»

    Le concept «d'intersectionnalité» repose sur l'idée selon laquelle les dominations (de sexe, de classe, de genre, ethniques) ne seraient pas indépendantes les unes des autres ; elles s’entremêleraient, voire se renforceraient puis aboutiraient à faire «système». Ainsi, tous les «dominés» doivent converger dans une lutte contre les «dominants». Les réunions en non-mixité, excluant les personnes blanches au profit des noires en constituent un exemple parfait. «Pourquoi des personnes partageant la même couleur de peau ou la même orientation sexuelle, seraient identiques les unes aux autres ?», s'interroge Rachel Khan, présente pour débattre de la question raciale. La nébuleuse woke, rongée par ses fantasmes de fusion, cherche à faire perdre à chaque individu sa «signature» et à l'enfermer dans une «identité figée», déplore l'auteure, née d'un père immigré africain et d'une mère juive polonaise, fille de déportés. Or, si les individus sont identifiés par leur race comment peuvent-ils s'en affranchir ?

    Pourtant certains d'incarner l'idéal démocratique, les woke instituent une tyrannie, souligne Janice Rogers-Brown, ancienne juge de la Cour Suprême de Californie. Pointant du doigt les membres de certains groupes sociaux comme des agresseurs, ils en font ses boucs émissaires et demandent leur suppression de la vie sociale : «il faut annuler les scandales vivants», résume Alain Finkielkraut.

    S'il voulait garantir la pérennité de la démocratie, Alexis de Tocqueville connaissait aussi ses dangers intrinsèques : «Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme.» (De la démocratie en Amérique, II, Chapitre 4)

    L’individu démocratique, érigeant l'égalité comme finalité de l’action politique, non seulement ne supporte plus l’inégalité, mais considère la moindre différence comme une offense. Même si l’égalité semble réalisée, l’apparence d’une inégalité injurie en quelque sorte la conscience collective. Ainsi, il n’est plus question de veiller au respect de l’égalité, mais de scruter ce qui pourrait représenter une esquisse de divergence, jugée forcément discriminante, a poursuivi le producteur de la célèbre émission Répliques.

    Symptôme d'une société déchristianisée

    Dostoïevski affirmait dans la préface des Frères Karamazov que le communisme se voulait la réalisation du royaume de Dieu sur Terre. Embrassant la théorie de l’écrivain russe, le professeur de théorie politique à Georgetown, Josh Mitchell, a développé, devant l'auditoire, l'idée selon laquelle le wokisme était une nouvelle expression du religieux dans une société déchristianisée. En effet, il se caractérise par un contrôle social inédit pour l’époque, un amour pour la vérité officielle, une obsession de la pureté morale, des relations sociales devenues pathologiques et lorsqu’un récit de persécution provient du persécuté, ne pas y croire relève du blasphème.

    Mais si la bonne parole du totalitarisme soviétique émanait de l'État, cette nouvelle tyrannie trouve racine dans nos démocraties libérales. À ce propos, René Girard disait déjà il y a 20 ans que le souci pour la victime tenait du fanatisme : «La surenchère perpétuelle transforme le souci des victimes en une injonction totalitaire, une inquisition permanente.» Alors que le Christ était le bouc émissaire de l'humanité tout entière, se livrant sur la croix pour sauver les hommes, chacun devient désormais le coupable à désigner, argumente l'universitaire américain.

    Préserver l'idéal démocratique

    Pour s'opposer à cette nouvelle hégémonie et promouvoir un récit collectif alternatif à ce discours, le passé ne semble plus être un recours, mais un repoussoir pour les plus extrêmes : «Le cadavre des anciennes humanités fait place aux revendications des minorités», a ainsi déploré Alain Finkielkraut. Pourtant, nous sommes les dépositaires d'une Histoire plus ancienne que nous, et c'est à la préserver qu’œuvrent les Conversations Tocqueville.

    À l'orée de ce moment charnière, les orateurs se sont entendus sur la nécessité de ne pas céder aux concurrences victimaires. Pour assurer un avenir commun, il faudra aller puiser au cœur des institutions démocratiques, ont-ils conclu cette première journée de discussions.