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Société - Page 163

  • Motu proprio sur la liturgie : « Pourquoi chercher à éradiquer une mouvance qui est une source précieuse de conversions ? »

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    16-novembre-2013-messe-action-grace-latin-selon-missel-romain-1962les-25-Fraternite-Sacerdotale-Saint-Pierre-presidee-Abbe-Vincent-Ribeton-leglise-Saint-Sulpice-Paris_0.jpgA propos d’un motu proprio qui ne passe décidément pas la rampe :  tribune du journaliste et écrivain Laurent Dandrieu dans le journal « La Croix » du 25 janvier 2021 :

    « TRIBUNE. Le débat continue autour du motu proprio Traditionis Custodes du pape François dans les colonnes de La Croix. Pour le journaliste et écrivain Laurent Dandrieu, le rite ancien ne sent pas le renfermé mais est au contraire « éminemment missionnaire » et à la source de « nombre de vocations » dont l’Église a tant besoin.

    Dans une tribune publiée le 27 décembre dans La Croix, Mgr François Blondel s’en prend aux catholiques traditionalistes. Sa thèse est résumée dès le titre : la « violence réactionnaire » de leurs réactions au motu proprio Traditionis Custodes du pape François montre tout le bien-fondé de celui-ci. Notons que Mgr Blondel ne donne aucun exemple de cette « violence réactionnaire » : pour notre part, nous avons entendu des réactions blessées, un fort sentiment d’injustice, beaucoup d’incompréhension, de la colère même, mais rien qui puisse justifier cette expression.

    Une sorte de réserve d’Indiens ecclésiale

    Blessure, sentiment d’injustice, incompréhension, colère : ces réactions des traditionalistes devant le motu proprio Traditionis Custodes (partagées par beaucoup de fidèles qui ne fréquentent aucunement la liturgie traditionnelle) sont-elles illégitimes ? Mgr Blondel les accuse de ne pas supporter qu’on leur « fasse des remarques » : l’expression paraît faible pour qualifier les mesures extrêmement dures prises à leur encontre par le pape François.

    → ANALYSE. Dans les milieux traditionalistes, « l’incompréhension » domine après le motu proprio du pape François

    En demandant aux évêques de ne pas autoriser de nouvelles célébrations traditionnelles, en exigeant que celles existantes soient chassées des églises paroissiales, en soumettant leur autorisation à un contrôle de la « conformité ecclésiale » de ces communautés (ce qui introduit à leur égard un soupçon de non-communion), en soumettant les nouveaux prêtres désireux de célébrer selon ce rite à une autorisation préalable de Rome (curieuse conception de la synodalité…), le pape dresse un véritable cordon sanitaire autour des traditionalistes, relégués dans une sorte de réserve d’Indiens ecclésiale. Jusqu’à extinction, puisque le pape précise dans une lettre aux évêques que le rite ancien ne sera autorisé que le temps dont ces fidèles auront besoin « pour revenir au rite romain ».

    Une dureté sans trace de « sollicitude paternelle »

    La raison de cette dureté ? Le rite traditionnel, écrit le pape, aurait été instrumentalisé pour rejeter le concile Vatican II et entretenir le « rejet de l’Église et de ses institutions » par des fidèles et des prêtres qui se considéreraient comme « la vraie Église ». Le ton est sec, disciplinaire, sans aucune trace de cette « sollicitude paternelle » affirmée par le Saint-Père au début de son motu proprio. Il justifie le sentiment de blessure et la colère, naturelle quand cette sollicitude à laquelle on vous reconnaît le droit vous est pratiquement déniée.

    → TRIBUNE. Motu proprio : « La nostalgie pour le passé ne peut plus servir de modèle pastoral »

    Quant à l’injustice, elle naît de cette description biaisée dans laquelle les traditionalistes ne reconnaissent rien de ce qu’ils vivent au jour le jour. L’expérience montre au contraire que, grâce à la libéralité du motu proprio Summorum pontificum promulgué en 2007 par Benoît XVI (et abrogé par celui de François), les catholiques « des deux rites » avaient cessé de se regarder en chiens de faïence, pour voir leurs ressemblances plutôt que ce qui les séparait. Contrairement à ce qui est dit, l’immense majorité des traditionalistes ne rechigne aucunement à fréquenter également le rite selon le missel de Paul VI. Dans les paroisses où les deux rites sont célébrés, on a appris à se connaître et à travailler ensemble.

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  • La question des abus pourrait s'avérer cruciale pour le pape François

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    D'Andrea Gagliarducci sur MondayVatican; traduction de "Benoît et moi" :

    Pourquoi la question des abus est cruciale pour François

    En 2013, peu après l’élection du pape François, le vétéran-vaticaniste John Allen s’est rendu en Argentine pour en savoir plus sur l’histoire et la vie du cardinal Jorge Mario Bergoglio et esquisser son profil de personnalité. De ses recherches sont ressorties des situations ambiguës sur la réponse de Bergoglio sur deux cas d’abus sexuels, une histoire déjà mentionnée par le Washington Post le 18 mars 2013, cinq jours après l’élection.

    Les deux affaires concernaient le père Julio Cesar Grassi, inculpé en 2009 dans deux cas d’abus et acquitté dans de nombreux autres, et le père Napoleon Sasso, inculpé en 2007 pour avoir abusé de cinq jeunes filles mineures.

    Allen soulignait que ni Grassi ni Sasso ne sont des prêtres de l’archidiocèse de Buenos Aires et ne sont donc pas sous la supervision directe de Bergoglio. Et il expliquait que les deux histoires sont distinctes car l’implication de Bergoglio est différente selon les histoires.

    Dans le cas de Sasso, beaucoup pensent que la responsabilité n’incombe pas directement à Bergoglio. Dans le cas de Grassi, Bergoglio est accusé d’avoir tenté d’entraver le cours de la justice.

    Ces histoires ont été mises en lumière à plusieurs reprises au fil des ans. Par exemple, dans le documentaire français [?] réalisé par Martin Baudot, intitulé « Le code du silence », sorti en 2017. Tout comme, pendant une période, il a été question de Mario Inzoli, condamné pour abus, suspendu par Benoît XVI, et réintégré par le pape François.

    Ces situations ne constituent pas une attaque contre le pape François. Cependant, elles servent à souligner que, derrière une notion de tolérance zéro, tout le monde peut être accusé de ne pas se comporter correctement.

    C’est ce qui se passe actuellement en Allemagne, avec le rapport de l’archidiocèse de Munich sur les abus. Le rapport couvre une très longue période (de 1945 à 2019), comprend environ un millier de pages et souligne qu’au moins 497 personnes ont subi des abus au cours de cette période dans l’archidiocèse. Cela inclut deux cas attribuables à une mauvaise gestion. Dans ce cas, toutefois, le cardinal Reinhard Marx n’a pas proposé sa démission, comme il l’avait fait il y a quelques mois, justifiant cette demande au pape par un « échec personnel » dans la gestion des abus sexuels – une démission que le pape François a rejetée.

    Mais les projecteurs sont braqués sur les quatre cas survenus dans l’archidiocèse de Munich lorsque l’archevêque était Joseph Ratzinger. La situation de l’un de ces cas – l’ « aumônier H », en l’occurrence Peter Hullerman – avait déjà été clarifiée il y a 12 ans lorsqu’elle avait été mise sous les projecteurs au milieu des nombreuses attaques qui sont arrivées comme une « tempête parfaite » en 2010. Pour les trois autres, les 82 pages que Benoît XVI a envoyées comme mémoire et contribution personnelle sont authentiques. Lors de la conférence de presse, les experts ont déclaré qu’il ne savait rien de la situation des gens mais que les victimes sont convaincues qu’il savait.

    Il n’y a aucune preuve de cette affirmation. Tout comme il n’y a aucune preuve de dissimulation ou de mauvaise gestion de la part du cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, contraint à une retraite spirituelle de six mois pour ce que la nonciature a appelé une erreur de communication. Tout comme il n’y avait aucune preuve contre le cardinal Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, acquitté des accusations de dissimulation, mais pas par l’opinion publique, au point qu’il a été contraint de démissionner.

    Aujourd’hui, la prolifération des rapports des conférences épiscopales, commandés à des organismes extérieurs, risque de se transformer en l’inverse de ce à quoi ils étaient destinés. Plus que des opérations de vérité, ils deviennent des opérations de marketing, les évêques étant occupés à s’excuser et à exprimer leur honte pour gagner du crédit dans l’opinion publique.

    Il ne fait aucun doute que les cas d’abus doivent être condamnés et que les prêtres qui les commettent doivent être punis et empêchés de poursuivre leur exercice pastoral. Cependant, il ne fait également aucun doute que tout doit être fait selon la justice, en tenant compte des contextes. Le Pape François a parlé à plusieurs reprises de l’herméneutique de l’époque comme nécessaire pour comprendre les situations et les modi operandi.

    Ces rapports, cependant, n’atteignent pas la vérité judiciaire, se fondent sur des témoignages partiellement vérifiés et fournissent une estimation des cas d’abus qui ne repose pas sur des dossiers judiciaires. La méthodologie n’est pas solide. Mais on ne peut pas le dire. En France, Karine Dalle a pris une position forte, dirigeant la communication de la Conférence des évêques de France. Elle a été licenciée. Elle a d’abord été la porte-parole de l’archevêque émérite de Paris Michel Aupetit, qui s’est retrouvé peu après face à une campagne médiatique pour des relations prétendument inappropriées avec une femme : le pape a accepté sa démission « sur l’autel de l’hypocrisie ».

    Le cas du rapport de l’archidiocèse de Munich ne fait pas exception. Mais, et c’est là le problème, n’importe qui pourrait être impliqué dans des allégations de mauvaise gestion, peut-être parce qu’il a sous-estimé une demande ou parce que sa première réaction n’était pas la meilleure. Cela arrive. Et puis la cible la plus en vue est choisie, ce qui permet de sauver la face des autres personnes impliquées ou responsables. C’était arrivé, trop souvent, avec Benoît XVI lorsqu’il était pape, et cela se reproduit maintenant qu’il est pape émérite.

    Cependant, la question reste de savoir si cette « tolérance zéro » voulue par le pape François, avec des actions de différents types à partir du spectaculaire sommet sur les abus en février 2019 jusqu’à l’abolition du secret pontifical, ne peut pas un jour se retourner contre le pape lui-même. Des cas dont on avait déjà parlé ne sont pas supprimés, et sont utilisés pour attaquer le pontificat. C’est possible parce que c’est la nature des choses.

    Le Pape est conscient de cela. Il a donc commencé à prendre ses distances de ceux qui pourraient lui causer un scandale, comme l’archevêque Gustavo Zanchetta, amené à Rome avec le rôle ad hoc d’assesseur de l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique, puis renvoyé chez lui alors qu’un procès contre lui se profilait.

    Mais cela pourrait ne pas suffire. Et si Benoît XVI est toujours une cible facile, cela ne signifie pas que la même tactique ne peut pas être appliquée contre le pape François. Il y a des cas où l’on peut jouer avec une narration. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de volonté de le faire.

  • En route vers un "Etat profond planétaire" ?

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    Philippe Maxence s'entretient avec Bernard Dumont, Directeur de la revue 'Catholica', sur le site de l'Homme Nouveau :

    Allons-nous vers un État profond planétaire ?

    Directeur et fondateur de la revue Catholica, Bernard Dumont a consacré un numéro récent (n° 153) à la thématique de l'émergence éventuelle d'un « État profond » de niveau planétaire. Une question qui se pose au regard du traitement de la crise liée au Covid, des solutions étatiques apportées mais aussi des projets, plus ou moins dévoilés, comme celui de la grande réinitialisation. Nous remercions Bernard Dumont d'avoir pris le temps de répondre longuement à nos questions et signalons que le dernier numéro de Catholica vient de paraître et qu'il s'attache notamment à analyser la situation de pré-conclave dans laquelle l'Église est entrée.

    Le numéro d’automne 2021 de Catholica que vous dirigez posait la question en couverture : Vers un État profond planétaire ? Qu’est-ce qui vous a conduit à vous interroger à ce sujet 

    Bernard Dumont : Disons que c’est une préoccupation qui concerne beaucoup de monde en ce moment ! L’arrivée, fin 2019, du virus devenu aujourd’hui une source d’obsession pour l’humanité, et surtout la façon dont il a été combattu par la plupart des gouvernements, avec un autoritarisme de plus en plus durci, en Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Asie... ont en effet mis en relief  un changement fondamental de régime, dépassant de beaucoup les réactions habituelles des instances spécialisées face à un danger collectif en matière de santé. On a assisté à une dramatisation délibérée de la situation, une étonnante création de panique collective, là où l’on aurait plutôt attendu des réactions maîtrisées et efficaces. Dans le même temps les grands groupes pharmaceutiques mondiaux ont été les grands bénéficiaires de cette ambiance d’intense agitation. Enfin quelques personnages parmi les plus influents ont accrédité l’idée d’une rupture fondamentale dans le cours des choses : c’est le thème explicite du Global Reset (la grande réinitialisation) lancé par le directeur du Forum économique mondial, Klaus Schwab.

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  • L'Église catholique romaine et la pédophilie : une histoire qui ne s'arrête jamais

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    L'Église catholique romaine et la pédophilie : l'histoire ne s'arrête jamais

    24/01/2022

    Un éditorial du rédacteur en chef de Bitter Winter pour le quotidien italien Il Mattino (21 janvier), après le rapport allemand accusant l'archevêque d'alors, Mgr Ratzinger.

    par Massimo Introvigne

    La saga tragique des abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres catholiques ne s'arrête jamais. Le dernier épisode en date d'une histoire qui porte atteinte, peut-être de manière irrémédiable, à l'image de l'Église est un rapport commandé par l'archidiocèse de Munich et Freising sur les abus sexuels commis par le clergé sur le territoire diocésain de 1945 à 2019. Le rapport parle d'"au moins 497" victimes et des "erreurs" commises par les archevêques successifs dans leur traitement des prêtres accusés d'abus. L'étude a fait la une des journaux car, de 1977 à 1982, l'archevêque de Munich et Freising était Joseph Ratzinger, l'actuel pape émérite Benoît XVI, et on lui a reproché de ne pas être intervenu dans quatre cas.

    La clameur autour de Benoît XVI a éclipsé trois autres aspects intéressants du rapport allemand. Le premier est que, comme dans le cas français précédent, il ne s'agit pas d'une enquête de l'État ou d'autres autorités extérieures sur l'Église catholique, mais d'une étude commandée et payée par l'Église elle-même, qui, à Munich comme à Paris, voulait en savoir plus sur ce qui s'était réellement passé.

    La seconde est que, même en tenant compte de la taille plus réduite du territoire de l'archidiocèse de Munich et Freising par rapport à l'ensemble de la France, objet de l'étude précédente, le nombre de victimes apparaît plus faible, et peut-être plus réaliste. En réalité, la comparaison entre les deux rapports est difficile. A Munich, les cas spécifiques avec noms et prénoms ont été comptabilisés. En France, un algorithme a créé, à partir du nombre d'épisodes connus, un chiffre hypothétique sur le total des cas possibles, dont on a supposé qu'ils étaient restés le plus souvent cachés. Le chiffre français a été considéré comme probablement exagéré par plusieurs chercheurs, dont certains critiquent l'Église catholique.

    Le troisième aspect est que le pic des cas signalés dans ces rapports se réfère aux années 1970-1990. Il est trop tôt pour tirer des conclusions, car de nombreux cas sont découverts des années, voire des décennies après les faits, mais l'hypothèse selon laquelle les mesures plus strictes introduites par Benoît XVI lui-même, puis par le pape François, ont eu quelques bons effets ne semble pas improbable.

    Quant à Benoît XVI, il a déjà répondu que dans les cas qui lui sont reprochés, il a strictement suivi les règles canoniques de l'époque. Pour évaluer cette déclaration, il faudrait avoir accès aux dossiers complets de ces affaires, mais à première vue, l'autodéfense du pape Ratzinger a un certain sens. Il ne faut pas oublier que les règles de la fin des années 1970 n'étaient pas celles d'aujourd'hui. Un évêque qui n'aurait pas appliqué les règles de l'époque et aurait puni ou dénoncé des membres du clergé en l'absence de preuves définitives et définitives se serait exposé à un procès canonique et peut-être même civil pour diffamation intenté par le prêtre accusé.

    Les normes d'aujourd'hui sont heureusement beaucoup plus strictes, et sont essentiellement le résultat des réformes introduites par Benoît XVI. En fait, il n'y a pas de différence substantielle entre le pape Ratzinger et le pape François sur le sujet des prêtres pédophiles. François a fait quelques pas de plus, mais dans une direction que Benoît XVI avait déjà esquissée. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de différences dans la façon dont les deux Pontifes gèrent ce qui apparaît comme la plus grande crise de l'Église contemporaine.

    Ce qui est différent, c'est la communication. Le Pape Ratzinger a tonné contre les prêtres pédophiles sur un ton non moins sévère que le Pape François. Cependant, il a également réagi fermement, parfois de manière pointue, lorsque des médias internationaux ou des gouvernements tels que celui de l'Irlande et même des commissions des Nations Unies citaient des statistiques que l'Église considérait comme exagérées ou fausses, ou proposaient des mesures qui semblaient mettre en danger la liberté et l'indépendance des évêques catholiques. Le pape François pense probablement que sur ces points, son prédécesseur avait de bonnes raisons de se plaindre, mais il est également conscient que chaque attaque contre ceux qui critiquent l'Église sur la question de la pédophilie a un coût catastrophique en termes d'image. Cela donne l'impression que l'Église veut toujours, d'une manière ou d'une autre, couvrir les prêtres pédophiles ou justifier ses erreurs passées.

    Et pourtant, même le fait d'exprimer de la compréhension pour les motifs des gouvernements exaspérés et d'ouvrir un dialogue avec les médias critiques ne s'est pas avéré suffisant. L'offensive médiatique de François qui, même sur le sujet de la pédophilie, a cherché à donner une image d'ouverture, de transparence et d'écoute de la critique a connu un certain succès initial, mais semble avoir perdu son élan. Le pape François lui-même montre désormais une certaine lassitude lorsqu'il aborde ces sujets en public.

    Les mesures de Benoît XVI peuvent être affinées, bien qu'il n'y ait pas grand-chose de plus que l'Église puisse faire, sans être accusée de violer de manière macroscopique dans ses processus canoniques le droit à la défense, que même un prêtre accusé de pédophilie conserve comme tout autre accusé. Des enquêtes indépendantes supplémentaires peuvent être promues et financées par l'Église. Par exemple, beaucoup en demandent une en Italie également. Peut-être y aura-t-il un rapport sur l'Italie commandé par l'Église, mais cela ne changera pas grand-chose au tableau général. Une communication plus ouverte et plus amicale avec les médias pourrait être mise en œuvre. Pourtant, il est peu probable que le climat change vraiment. Même s'il était possible de réduire à zéro le nombre de cas actuels d'abus, ce qui semble peu probable, il est raisonnable de penser qu'il existe encore des milliers de cas datant de quarante ou cinquante ans qui attendent d'être découverts, sans parler du travail des historiens remontant au XIXe siècle.

    Beaucoup pensent qu'une percée se produirait si l'Église renonçait au célibat des prêtres. Il y a quelques années, un département du Vatican m'a demandé, avec d'autres chercheurs, un avis confidentiel sur ce point. J'ai répondu que l'Église pourrait trouver d'autres bonnes raisons d'ouvrir le sacerdoce dans toutes les situations (comme c'est déjà le cas aujourd'hui pour certaines Églises catholiques orientales et aussi en Occident dans des cas particuliers) aux hommes mariés, mais que cette mesure en soi ne résoudrait pas le problème de la pédophilie. D'autres chercheurs ont partagé ma position. Il ne s'agissait pas d'une opinion philosophique mais d'une opinion statistique. Elle découlait du fait que de graves problèmes de pédophilie existent même dans les organisations religieuses qui n'imposent pas le célibat à leurs ministres, et que dans la société en général, de nombreux pédophiles sont des hommes mariés.

    La pédophilie du clergé catholique a quelque chose de mystérieux et de profond. Tant Benoît XVI que François ont exprimé ce sentiment à plusieurs reprises. Pour ceux qui y croient, il est difficile de résister à la suggestion que la main du Mal, que la tradition catholique personnifie dans le Diable, est à l'œuvre derrière un problème effrayant qui peut apparemment être atténué mais pas résolu. Les deux Pontifes, le régnant et l'émérite, ont suggéré à plusieurs reprises que les enquêtes, les normes et les décrets, bien qu'utiles, ne sont pas suffisants, et qu'un profond renouvellement moral et spirituel de l'Église est nécessaire. Les évêques et les cardinaux qui penseraient utiliser cette crise de manière instrumentale pour les manœuvres habituelles de la Curie romaine, peut-être pour éliminer les opposants nommés par le Pape Ratzinger et toujours en place, ou pour une guerre d'usure qui préparerait le prochain conclave, montreraient simplement qu'ils n'ont pas compris l'énormité du drame.

  • L'avortement n'est pas un droit de l'homme

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    De Gregor Puppinck sur gènéthique.org :

    Pourquoi l’avortement n’est pas un droit de l’homme

    17 juin 2021

    Durant la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la détermination du commencement du droit à la vie fut vivement débattue. La Commission sur le statut des femmes, présidée par Mme Begtrup, recommanda de prévoir des exceptions au respect du droit à la vie afin de permettre la « prévention de la naissance d’enfants handicapés mentalement » et d’enfants « nés de parents souffrant de maladie mentale[1] ». Le représentant du Chili fit remarquer la similitude de ces propositions avec la législation nazie. Charles Malik, libanais orthodoxe, proposa de garantir, à l’inverse, « le droit à la vie et à l’intégrité physique de toute personne dès le moment de la conception, quel que soit son état de santé physique ou mentale[2] ». Deux conceptions de l’homme et de la dignité se faisaient front. Objectant que plusieurs pays autorisent l’avortement lorsque la vie de la mère est en danger, le représentant de la Chine, soutenu par l’Union Soviétique et le Royaume-Uni, s’opposa à la protection explicite de la vie humaine dès la conception. Finalement, le texte resta volontairement silencieux sur ce point[3]. Il fut alors admis que la Déclaration universelle pouvait être interprétée comme protégeant la vie dès la conception, ou non, suivant la préférence de chaque État[4]. Il fut ainsi décidé de ne pas apporter de protection internationale explicite à la vie humaine avant la naissance.

    Notons qu’au même moment, l’Association Médicale Mondiale[5] prit l’initiative d’actualiser le Serment d’Hippocrate par l’ajout en 1948 d’un Serment de Genève dans l’esprit de la Charte de San Francisco. Par ce texte, les médecins promettent de garder « le respect absolu de la vie humaine dès la conception » et de refuser que « des considérations de religion, de nation, de race, de parti ou de classe sociale viennent s’interposer entre mon devoir et mon patient ».

    Cette question n’a cessé d’être vivement débattue, les promoteurs du contrôle des naissances essayant inlassablement d’imposer un droit universel à l’avortement.

    Selon le Conseil de l’Europe, les archives des travaux préparatoires à la Convention européenne relatifs au droit à la vie sont inexistantes ; dès lors, il n’est plus possible de savoir si l’avortement a été débattu, et en quels termes[6]. Néanmoins, aucun État participant à la rédaction du texte n’autorisait alors l’avortement et la culture chrétienne-démocrate majoritaire à l’époque s’y opposait fermement. En 1979, il s’est encore trouvé une majorité de députés à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe pour défendre « Les droits de chaque enfant à la vie dès le moment de sa conception[7] » et pour souligner quelques années plus tard « que dès la fécondation de l’ovule, la vie humaine se développe de manière continue[8] ».

    Au fil de sa jurisprudence, la Cour européenne a précisé que la Convention européenne ne garantit aucun droit à subir un avortement[9], ni de le pratiquer[10], ni même de concourir impunément à sa réalisation à l’étranger[11]. Elle a aussi jugé que l’interdiction de l’avortement ne viole pas la Convention[12]. Enfin, elle a souligné que l’article 8 de la Convention qui garantit le droit à l’autonomie personnelle « ne saurait […] s’interpréter comme consacrant un droit à l’avortement[13] ». Ainsi, il n’existe pas de droit à l’avortement au titre de la Convention européenne. L’existence d’un tel droit de vie et de mort sur l’être humain avant la naissance supposerait de nier absolument son humanité ; et il ne s’est pas – encore – trouvé de majorité au sein de la Cour pour ce faire. Celle-ci a suivi l’approche ambiguë de la Déclaration universelle, en jugeant que les États peuvent « légitimement choisir de considérer l’enfant à naître comme une personne et protéger sa vie[14] », tout comme ils peuvent faire le choix inverse. En restant silencieuse sur le statut de l’homme avant sa naissance, la Cour évite de se prononcer sur son droit à la vie et laisse à chaque État le choix de permettre ou non l’avortement. Cette position peut sembler équilibrée, mais concrètement, elle a bien plus pour effet de tolérer l’avortement que de protéger la vie humaine anténatale. De fait, la Cour n’a jamais protégé un quelconque enfant à naître parmi les millions qui ont été avortés ; elle a en revanche condamné l’Irlande, la Pologne et le Portugal en raison de leur législation restrictive sur l’avortement.

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  • Eglise du Saint-Sacrement à Liège : messe de la fête de la Chandeleur chantée en grégorien le mercredi 2 février 2022 à 18h00

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    Eglise du Saint-Sacrement à Liège

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    Bd d’Avroy, 132 

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    Mercredi 2 février 2022 à 18h 

    Présentation de Jésus au Temple et Purification de Notre-Dame

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    Bénédiction et distribution des cierges

    Procession dans l’église à la lueur des cierges

    Messe grégorienne (Kyriale IX – Credo IV)

     

    → Les cierges sont allumés pour l’Evangile et du Sanctus au Pater

    Bénédiction de saint Blaise (pour protéger la gorge)

    → Avec cette fête, le cycle de Noël prend fin et la crèche est démontée

    Plus de renseignements sursumcorda@skynet.be ou 04 344 10 89

     

  • La RTBF au chevet des églises désacralisées

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    Du site de la RTBF (Kevin Dero) :

    Patrimoine : logements, musées, hôtels, murs d’escalade… que faire de nos églises désacralisées ?

    23 janvier 2022

    Une idée... cardinale pour la Cité Ardente. Cette semaine, un choix très attendu, a été arrêté: l’imposante "Basilique" (qui est en fait une église) implantée sur le mémorial interallié de Cointe et qui domine la ville de Liège, va être réhabilitée. Et c’est le projet baptisé "Basilique Expérience" qui a décroché la timbale. Un projet qui fait la part belle à… l’escalade. Le Groupe Gehlen a, en effet, voulu tirer parti de la hauteur sous plafond de 40 mètres de l’édifice. En association avec d’autres sociétés, il va y aménager ce qui deviendra la plus haute salle d’escalade d’Europe. Un parcours d’accrobranche sera aussi construit, de même qu’une extension proposant restaurant panoramique, cinéma de quartier et espace polyvalent.


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    A lire aussi : Liège : la Basilique de la Paix sera aussi la plus haute salle d’escalade d’Europe


    L’occasion pour nous de revenir sur cette question très actuelle : ils sont très nombreux dans nos contrées, ces bâtiments religieux. Ces églises, chapelles et couvents qui parsèment nos villes et nos campagnes. De moins en moins occupés, leur entretien coûte cher et ils sont de plus en plus à être désacralisés. Que faire de ce patrimoine parfois cher à nos villes et nos villages, une fois qu’il a "perdu sa foi"?

    Emotionnel

    Une église peut revêtir une charge émotionnelle forte dans une entité. Une communauté de personnes s’est souvent attachée au bâtiment pour diverses raisons. Un lieu de rassemblement pour divers grands moments de l’existence : baptême, mariages, mais aussi funérailles ou catéchisme… La silhouette rassurante d’un clocher dans le paysage, le son régulier du carillon, la richesse d’un patrimoine…

    Des lieux dont la destination première est de vivre, mais qui, en de nombreux endroits, se voient de plus en plus désertés. "Les églises sont des lieux d’accueil dont les portes sont ouvertes. On y entre et on en sort comme on veut. […] Ce sont des lieux ouverts pour tous, croyant ou non. Des lieux publics, uniques en leur genre " ont écrit les évêques de Belgique dans une lettre de 2019. Un bâtiment religieux a donc vocation à rester ouvert : "Les églises fermées toute la semaine ou seulement ouvertes pour les services liturgiques, n’émettent pas un bon signal" déclarent-ils. Les prélats ne nient pas que les temps ont changé, et la pratique religieuse aussi. Ainsi, ils écrivent également : " L’infrastructure héritée du passé ne correspond plus à la situation réelle de l’Eglise dans notre société".

    Les restaurations coûtent cher aux finances communales – rappelons que dans nos contrées, les édifices sont gérés par les "fabriques d’Eglise"- et pour ne pas voir tout ce patrimoine tomber en lambeaux, il faut donc procéder à des réaffectations. Selon les Evêques, certaines églises se voient donc attribuer une destination partagée (comme dans le cas de Cointe, où une partie ne sera pas désacralisée). D’autres monuments sont désaffectés et reconvertis. Un choix parfois cornélien et déchirant pour les communautés ecclésiastiques.

    Autel et platines

    Désacraliser et réhabiliter les monuments religieux… Très bien, mais pas de n’importe quelle manière. Les évêques plaident ainsi pour une politique globale, et pas seulement à l’échelle locale. Et si la décision est entérinée, pas question néanmoins de faire n’importe quoi avec le bâtiment maintenant "païen". "S’il n’y a plus suffisamment de personnes dans certains lieux, il vaut mieux trouver une bonne réaffectation à un lieu qui peut toujours parler aux personnes du quartier. Mais le respect de ce qu’a été ce bâtiment demande dans une certaine mesure à être maintenu" expliquait Tommy Scholtès, le porte-parole de la conférence épiscopale de Belgique, en 2016.

    Pourtant, des cas se distinguent… Ainsi, la célèbre discothèque bruxelloise "Spirito" a déjà fait les belles nuits de biens des noceurs. Ancienne église, c’est sous les spotlights qu’un autre type de fidèles a l’habitude (hors temps de pandémie, évidemment) de se trémousser. Mais ce n’était pas une église catholique. Elle était à l’origine ouverte au culte anglican. Pas certain que les autorités catholiques auraient voués l’endroit à des saints si bruyants…

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  • Le cardinal Müller prend le parti du pape émérite, Benoît XVI

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    De kath.net/news :

    Le cardinal Müller prend le parti du pape émérite, Benoît XVI

    24 janvier 2022

    "Il est clair pour moi qu'en tant qu'archevêque Ratzinger, il n'a sciemment rien fait de mal" - A cette époque (1977-1982), personne ne savait "comment réagir de manière appropriée - ni dans l'église ni dans la société civile"

    Rome (kath.net) Le cardinal Gerhard Müller est du côté du pape émérite Benoît XVI après la publication du rapport munichois sur les abus. Le préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi et ancien évêque de Ratisbonne a déclaré au journal italien "Corriere della Sera": "Il est clair pour moi qu'en tant qu'archevêque Ratzinger, il n'a sciemment rien fait de mal". Pendant le temps de Ratzinger en tant qu'archevêque de Munich (1977-1982), il n'y avait aucune conscience des abus et des méthodes d'action d'aujourd'hui. A cette époque, personne ne savait "comment réagir de manière appropriée - ni dans l'église ni dans la société civile", a rappelé Müller.

    Selon le cardinal Müller, on parle désormais plus de Ratzinger que de prêtres soupçonnés d'abus, comme le prêtre H. et d'autres. Cependant, cela ne le surprend pas : « En Allemagne, et pas seulement là-bas, les gens ont intérêt à nuire à Joseph Ratzinger. » Cette position pour ainsi dire orthodoxe, que Ratzinger/Benoît XVI. représentent, est dérangeant aux yeux de beaucoup. En Allemagne, de nombreuses personnes poussent à un changement des positions de l'Église, par exemple en appelant à l'abolition du célibat ou à des femmes prêtres.

    Le cardinal a également ouvertement ajouté qu'il "n'avait pas lu" le rapport, une ouverture qui fait défaut à tous ces journalistes qui n'écrivent PAS qu'eux non plus n'ont pas lu le rapport de 1 800 pages malgré leur attitude lapidaire qui sait tout. .

  • L’euthanasie : « un acte qu’aucune fin ne peut légitimer et qui ne tolère aucune forme de collaboration, active ou passive. »

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    De cathmed.be :

    Intervention de la Société Médicale Belge de Saint-Luc devant la Cour Constitutionnelle : “Modifier la législation relative à l’euthanasie”

    Le 8 décembre 2021, la Société Médicale Belge de Saint-Luc est intervenue pendant une audience de la Cour Constitutionnelle, pour présenter ses observations orales concernant un recours par lequel huit requérants sollicitent l’annulation de certaines dispositions de la loi du 15 mars 2020 visant à modifier la législation relative à l’euthanasie. Le président Henri Marechal étant empêché pour cause de maladie, la Société a été représenté par Vincent Kemme, délégué par le Dr. Henri Maréchal, président de la Société, pour présenter les observations orales de la société à l’audience. Voici l’enregistrement et le texte de son intervention, en Français.  

    Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Juges,

    J’ai l’honneur de prendre la parole au nom de l’association de médecins catholiques Société Médicale Belge Saint-Luc. 

    Notre association a estimé devoir intervenir dans cette affaire en raison de la grande importance qu’elle revêt pour ses membres, et d’ailleurs pour le corps médical en général. 

    Nous confirmons l’ensemble des arguments que nous avons présentés dans notre mémoire en intervention à propos trois moyens d’annulation. 

    Dans ce mémoire, nous avons attiré l’attention sur trois documents importants :

     Le serment que prête les médecins au moment d’accéder à leur profession, et qui se conclut par l’engagement solennel de respecter la vie et la dignité humaine et de ne pas faire usage de leurs connaissances médicales pour des pratiques contraires à la dignité humaine, même sous la pression ;

     La lettre Samaritanus Bonus qui explique en des termes clairs pourquoi il n’est pas possible pour un médecin catholique, et pour tout catholique, de prêter sa collaboration de quelque manière que ce soit à l’euthanasie.

     La déclaration de l’Association Médicale Mondiale du 26 octobre 2019 dans laquelle celle-ci a renouvelé son attachement profond aux principes de l’éthique médicale et au plus grand respect de la vie humaine et où elle a redit sa ferme opposition à l’euthanasie et au suicide médicalement assisté.

    Nous avons invoqué le premier document pour souligner que nos membres, ainsi que tous les médecins partageant les mêmes valeurs éthiques, estiment que la pratique de l’euthanasie est incompatible avec le serment solennel qu’ils ont prêté au début de leur carrière. 

    Il ressort du deuxième document, la lettre Samaritanus Bonus, que pour les médecins de confession chrétienne et autres personnes qui adhèrent aux idées qui y sont exprimées, l’euthanasie est, je cite : « un acte qu’aucune fin ne peut légitimer et qui ne tolère aucune forme de collaboration, active ou passive. »

    Si nous avons fait référence à ces deux documents, ce n’est pas pour convaincre la Cour que l’euthanasie est mauvaise – ce n’est pas la question en débat aujourd’hui – mais pour convaincre la Cour qu’il existe dans notre société des personnes, notamment des médecins, des directeurs d’hôpitaux ou de maisons de repos, des infirmiers et infirmières et autres soignants, pour lesquelles cela pose un problème de conscience fondamental de prêter leur collaboration, de quelque manière que ce soit, à ce qu’ils considèrent comme un homicide. 

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  • Impressionnant : la marche pour la Vie de Washington en accéléré

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    Le 21 janvier, ils étaient 150.000 à manifester pour la vie à Washington alors que Biden, le président "catholique", réaffirme son soutien à l'avortement :

  • L’impasse de l’euthanasie: l'analyse de Henri de Soos

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    Du site d'Alliance Vita :

    L’impasse de l’euthanasie: Henri de Soos livre son analyse.

    Son livre est donc à la fois l’expression d’une conviction, d’une réflexion, et d’une expérience de terrain.

    5 arguments clés pour l’euthanasie sont ainsi examinés finement et avec rigueur : suivre l’exemple de pays étrangers, suivre l’opinion de certains sondages, mettre un cadre à des pratiques illégales existantes, mourir plutôt que souffrir, et exercer son ultime liberté.

    Henri de Soos prend soin de détailler ces arguments avant de les soumettre à l’épreuve des faits et de l’argumentation.

    Ainsi, le premier chapitre est consacré à l’exemple des pays étrangers, en particulier les pays du Bénélux, précurseurs dans ce type de législation. Hausse continue des euthanasies, poursuite d’un nombre important d’euthanasie clandestine, élargissement de la pratique pour des personnes ne souffrant pas de maladie en phase terminale. Les chiffres, officiels, et les cas de dérives, douloureux pour les proches, donnent un premier aperçu de l’impasse euthanasique.

    La problématique des sondages, reflet mouvant d’une opinion parfois manipulée, est également abordée. Le livre décortique avec clarté le choix truqué proposé aux Français: « souffrir ou mourir? ».

    Henri de Soos rappelle ces propos de Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort en France, quand il était auditionné sur l’euthanasie en 2008: « Le droit à la vie est le premier des droits de tout être humain. […] Nul ne peut retirer la vie à autrui dans une démocratie ». L’édifice d’un Etat de droit, les progrès de la civilisation ont une pierre fondatrice sans laquelle la société se lézarde. Selon l’étymologie connue du mot « interdit » (inter-dit c’est-à-dire dit entre les humains), l’interdit de tuer est fondamental pour bâtir la confiance en l’autre, en particulier dans la relation entre soignant et soigné.

    L’auteur n’ignore pas le clair-obscur des situations de fin de vie, la question délicate et complexe de la souffrance et consacre de belles pages à la réalité et la philosophie des soins palliatifs. Son éclairage est utile pour rappeler que l’euthanasie et l’acharnement thérapeutique sont les deux faces d’une même médaille: celle d’une volonté de maîtrise totale de la vie, par le soignant ou le patient. A l’opposé se situe le soin palliatif. Le « pallium », à l’origine chez les Romains, c’est un manteau. Protéger, accompagner, réconforter, la philosophie des soins palliatifs pose un regard non violent sur la personne. A contrario, l’auteur rappelle, à partir de témoignages vécus, la violence ressentie par des familles ou des soignants qui ont traversé des situations d’euthanasie.

    Le dernier chapitre du livre aborde l’ultime argument présenté par les partisans de l’euthanasie: celui de la liberté. L’examen soigneux des arguments met au jour quelques contradictions dans le discours bien huilé. Ainsi celle de vouloir devancer une mort qu’on ne peut pas contrôler, et qui nous retire toute liberté. Ultime tentative de maîtrise de la vie, qu’on ne possède jamais, comme l’a rappelé un académicien philosophe à l’automne dernier. Ultra-moderne solitude ou relation de confiance. Calcul, contrôle ou gratuité de la vie qui nous est donnée. Le choix pour notre société est puissamment éclairé dans ce livre qui nous fait entrer dans la complexité de la fin de vie sans jamais céder à la facilité.

  • "Le patriarcat n'a jamais existé" (Emmanuel Todd)

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    De la revue de presse de l'Homme Nouveau ("Au quotidien" n°324) :

    Le patriarcat n’a jamais existé selon le démographe Emmanuel Todd

    Dans votre livre, vous vous attaquez sévèrement au « féminisme de troisième vague » et à la théorie du genre, que vous accusez de vouloir créer une guerre des sexes et d’être une idéologie coupée du réel. Vous n’allez pas vous faire des amis à gauche… Qu’est-ce qui vous a poussé à l’écrire ?Le démographe Emmanuel Todd vient de publier un nouvel ouvrage consacré au féminisme : « Où en sont-elles ? » (Seuil). Dans Le Figaro (20 janvier 2022), il a répondu aux questions d’Eugénie Bastié.

    Emmanuel TODD. - C’est vrai, je confesse une forme d’agacement face au développement de ce que j’appelle le féminisme de troisième vague, antagoniste, de ressentiment. Comme un homme de ma génération sans doute. Dans ma génération et mon milieu, un féminisme absolu régnait. Ce qui me frappe, c’est l’irruption en France d’un féminisme antagoniste qui ressemble à celui du monde anglo-américain, un féminisme de conflit (américain) ou de séparation (anglais). Notre pays se distinguait et faisait l’admiration du monde par son modèle de camaraderie entre les sexes. Mais fondamentalement, je n’attaque pas, je cherche à comprendre ce qui se passe, en chercheur, en anthropologue, en historien.

    Quelles sont les racines du féminisme antagoniste anglo-américain ?

    J’associe ce féminisme anglo-américain à l’héritage du protestantisme, en réalité bien plus « patriarcal » que le catholicisme, plus ambivalent. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, le monde anglo-américain n’est pas à l’origine plus favorable aux femmes que la France. Le protestantisme, sur les rapports hommes-femmes, est régressif par rapport au christianisme originel. Le catholicisme avait une dimension matricentrée avec le culte de la Vierge Marie. Le message de Luther est très patriarcal. On passe de ­Marie à Eve, la femme pécheresse. La virulence du féminisme dans le monde anglo-américain résulte largement d’une réaction contre cet héritage.

    (…)

    Est-ce à dire que, selon vous, le patriarcat a disparu en Occident ?

    Ce n’est pas qu’il a disparu, c’est qu’il n’a jamais existé. Qu’est-ce que ça veut dire patriarcat ? Je préfère parler de système de patridominance universel, c’est-à-dire une position légèrement supérieure de l’homme en particulier dans les activités de gestion collective. Mais l’intensité de cette domination masculine est tellement variable selon la géographie et l’histoire qu’on ne peut pas appliquer un terme unique à des systèmes très différents. Je propose, avec l’aide d’un expert, une utilisation nouvelle de l’Atlas ethnographique de Murdock pour montrer cette diversité au lecteur, par des cartes originales. Sur un sujet qui est souvent abordé de manière ultra-idéologique, nous pensons que l’accès aux données est fondamental. Nous avons mis en ligne l’outil de visualisation que nous nous sommes construit, et nous donnons le lien dans le livre. Parler de patriarcat de façon indifférencié pour évoquer la situation des femmes à Kaboul et dans la région parisienne n’a aucun sens du point de vue du chercheur en anthropo­logie. Frédéric Le Play emploie le mot « patriarcales » pour désigner les grandes familles indi­vises de type russe et arabe. Pour ce qui est de l’Occident étroit, la France, le monde anglo-américain et la Scandinavie, la mutation patrilinéaire, partie du centre de l’Eurasie, qui a abaissé le statut de la femme au cours de l’histoire, n’a pas eu lieu ou est restée embryonnaire. On croit souvent que plus on remonte le temps, plus les femmes étaient opprimées. Il n’en est rien. Les Occidentaux avant même la révolution des soixante-dix dernières années, étaient très proches dans leurs mœurs des chasseurs-cueilleurs chez qui le statut de la femme est élevé.

    L'intégralité de l'article est reproduite ICI