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Société - Page 172

  • RDC : À Sainte-Anne de Kinshasa, l’église ne désemplit pas

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    Pays d’Afrique subsaharienne qui compte le plus grand nombre de catholiques, la République démocratique du Congo (RDC) témoigne d’un incroyable dynamisme missionnaire. À quelques mois du voyage du pape François dans le pays, les églises ne désemplissent pas. Reportage  de à l’église Sainte-Anne de Kinshasa publié sur le site web « Aleteia » :

    Anne téléchargement (5).jpgSes briques rouges et ses arcades, de style néogothique, ne passent pas inaperçues. Située à quelques mètres de la gare centrale de Kinshasa, la capitale, l’église Sainte-Anne attire tout de suite le regard. Construite par les Belges au début du XXe, elle accueille chaque dimanche des centaines de personnes venues assister à la messe. Et ce dimanche de mars n’échappe pas à la règle.

    À peine le premier office achevé, un second commence. « Nous avons au moins trois messes les dimanches, parfois quatre » confie Mercy-Jean, l’un des paroissiens. Et, malgré la pandémie de covid-19, l’église est pour chacune d’elles, pleine à craquer. Avec le rite zaïrois reconnu par le Vatican en 1988, la liturgie est plutôt dansante et gaie. « Cela a permis aussi de retenir certains de nos frères et sœurs tentés par les sectes charismatiques », reconnaît le catéchiste de 59 ans. La cérémonie des offrandes est plutôt truculente. Une procession avec des fruits, des céréales, des tubercules, « une manière de présenter à Dieu les fruits de notre travail », explique sœur Marie Rose. À 29 ans, alors qu’elle venait de décrocher un doctorat en droit, elle s’est tournée vers la vie religieuse. Pour elle, « le renouveau charismatique a aussi permis de redynamiser » les communautés catholiques.

    Le renouveau charismatique à la rescousse

    À la fin des années 1990, le cardinal Frédéric Etsou s’était inquiété du départ massif vers les nouvelles églises dites « églises de réveil ». Pour y pallier, l’ancien archevêque de Kinshasa avait alors encouragé un renouveau charismatique authentique qui intègre davantage le rite zaïrois de la liturgie. Depuis, si les églises du réveil connaissent une explosion, « il y a aussi beaucoup de fidèles qui sont partis et qui ne sont pas revenus » constate Mgr Donatien N’Sholé, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) : “C’est la preuve d’une prise de conscience » qui se justifie par « des églises catholiques toujours pleines » et l’érection de nouvelles paroisses dans tous les diocèses, assure-t-il. Dès lors, encadré par des aumôniers très rigoureux, le renouveau charismatique connaît un énorme succès dans le pays. L’Eglise au Congo peut aussi compter sur des vocations à la vie religieuse et sacerdotale de plus en plus nombreuses.

    Les vocations sacerdotales ne tarissent pas

    Avec près de 5.000 prêtres, 8.650 religieux et presque autant de religieuses, la République démocratique du Congo concentre le plus grand nombre de ministres consacrés par habitant sur le continent. Et chaque année, avec plusieurs dizaines d’ordinations sacerdotales, la relève est assurée. Par ailleurs, 70% des écoles sont catholiques et l’immense majorité des dispensaires du pays où deux tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, appartiennent à l’Eglise.  Pour Mgr N’Sholé (*) une chose est sûre : la visite du pape François dans le pays en juillet prochain pourrait « donner un élan aux communautés catholiques ».

    Lire aussi :En Afrique, « l’Église catholique se trouve du côté de l’homme »

    Lire aussi :RDC : « Face à la floraison de vocations, la qualité du discernement est un défi permanent »

    (*) Mgr Donatien N’Shole, Secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), ici lors de la messe d’action de grâce d’une Eglise vivante, célébrée lors de sa récente élévation au rang de chapelain émérite du pape :

  • L’accueil des personnes trisomiques : un profond marqueur sociétal

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    L’accueil des personnes trisomiques, un profond « marqueur sociétal »

    En décembre 2011, l’assemblée générale de l’ONU a institué le 21 mars « Journée mondiale de la trisomie 21 ». L’approche du 21 mars 2022 mobilise ceux qui œuvrent en France et dans le monde à promouvoir la recherche contre cette maladie et à sensibiliser la société à l’accueil des personnes qui en sont atteintes. En France et en Europe, la Fondation Jérôme Lejeune, premier financeur de la recherche sur les maladies génétiques de l’intelligence, en est la figure de proue. En plus du financement de la recherche médicale, du soin et de l’accueil des personnes atteintes et de leurs familles, la Fondation, reconnue d’utilité publique, est vouée à la protection des plus fragiles. Elle défend leurs droits et s’oppose aux textes législatifs et règlementaires qui portent atteinte à leur vie et à leur dignité. Elle a préparé pour le 21 mars prochain diverses actions déjà présentées sur KTO dont un support publicitaire, un clip en vidéo et en chanson : « Chercher pour soigner ». Diffusé sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram, YouTube etc.) et les télévisions, ce clip raconte les histoires croisées de chercheurs accompagnés par la Fondation, de médecins et soignants de l’Institut Lejeune, de patients porteurs de trisomie 21 et de leurs familles. Une réponse joyeuse et pleine d’espérance à ceux qui pensent que la trisomie est à jamais incurable, que les personnes porteuses de handicap ne peuvent pas être heureuses, travailler, être indépendantes, avoir des amis, qu’elles ne sont qu’un poids pour leur entourage et pour la société, qu’on n’a pas besoin d’elles… et qu’il faut les éliminer avant la naissance en traquant les embryons porteurs d’anomalies génétiques.

    De son côté, l’ECLJ (European Centre for Law and Justice) apporte sa contribution à cette Journée mondiale de la trisomie 21 en présentant en vidéos les témoignages de deux jeunes femmes, Laura et Charlotte, porteuses de trisomie 21. Alors que certaines ONG multiplient les recours à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en prétendant qu’elles et leurs semblables n’auraient pas dû naître, l’ECLJ les défend en soutenant la thèse inverse : il n’y a pas de « sous-hommes », ni de « sous-femmes ». La protection des droits fondamentaux de tous les êtres humains est un profond « marqueur sociétal », un enjeu crucial pour l'avenir de la civilisation. À l’occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21, Laura et Charlotte s’adressent chacune directement aux juges de la CEDH : elles expliquent ce qu’est la trisomie, comment elles la vivent, et demandent aux juges de les défendre. Des témoignages à partager ! (Vidéo de Lauravidéo de Charlotte).

    Autre témoignage, à lire cette fois dans le magazine Ombres & Lumière (en lien ici et ci-dessous), celui d’Eléonore Laloux, devenue il y a deux ans, à Arras, la première femme porteuse d’une trisomie 21 conseillère municipale en France. Élue en mars 2020, déléguée « à la transition inclusive et au bonheur » au sein du Conseil municipal, cette trentenaire enjouée et dynamique est un symbole d’intégration dont l’exemple a retenti bien au-delà des frontières de la préfecture du Pas-de-Calais. Eléonore Laloux a reçu en octobre 2021 l’Ordre national du mérite des mains de Sophie Cluzel, Secrétaire d’État au handicap.

    À Arras, l’effet Eléonore
  • Chili : "un événement de la plus grande gravité"

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AMÉRIQUE/CHILI - Une Constitution comportant une disposition sur l'avortement libre ne peut être ressentie par de nombreux Chiliens, déclarent les Évêques

    17 mars 2022

    Santiago (Agence Fides) - " Une Constitution politique avec une norme sur l'avortement libre ne peut pas être ressentie et assumée par de nombreux Chiliens, y compris par de nombreuses personnes qui professent une foi religieuse, parce que le respect de la vie humaine dès la conception n'est pas quelque chose de secondaire ou dont la prise en compte est facultative, mais c'est une valeur fondamentale que nous affirmons soutenue par la raison et la foi. C'est ce qu'a déclaré le Comité permanent de la Conférence épiscopale du Chili, après que la session plénière de la Convention constituante, chargée de rédiger la nouvelle Constitution politique du pays (voir Fides 3/7/2021), a approuvé le 15 mars une norme sur les droits sexuels et reproductifs, selon laquelle l'État doit garantir, entre autres, " les conditions pour (...) une interruption volontaire de grossesse ".

    Cette norme, en soi, est une atteinte très grave à la dignité de la personne humaine et à ses droits fondamentaux, au-delà de toute conception religieuse", déclarent les Évêques chiliens, "de plus, aucune condition ou limitation n'est établie pour ce droit, et le législateur n'a pas le mandat de le réglementer par la loi, ce qui ouvre la voie à l'autorisation de l'avortement en toutes circonstances. L'avortement étant un droit constitutionnel sans aucune restriction, toute loi visant à le réglementer peut être déclarée inconstitutionnelle. Ainsi, il se pourrait que des créatures soient avortées même à sept ou huit mois ou sur le point de naître".

    Le communiqué, reçu par Fides, rappelle que cette règle "constitue un événement de la plus grande gravité", car elle réaffirme le droit de la femme à décider de son propre corps, ignorant le fait que dans le ventre d'une femme enceinte se trouve un deuxième corps, un autre être humain. Reconnaissant envers ceux qui se sont opposés à cette règle au sein de la Convention, les évêques ont noté que "malheureusement, comme nous l'avons soutenu à plusieurs reprises, une mentalité contraire à la vie de la personne déjà conçue a été imposée au pays" et ont demandé aux Chiliens "de prendre conscience de cette triste dynamique, qui a pour corollaire sans précédent l'incorporation de l'avortement libre comme rien de moins qu'un droit constitutionnel".

    Dans la dernière partie du texte, le Comité permanent de la Conférence épiscopale du Chili avertit que si cette décision n'est pas modifiée, elle constituera "un obstacle insurmontable" à l'approbation par de nombreux citoyens du texte constitutionnel en préparation. "Nous regrettons", concluent-ils, "que la majorité des membres de la Convention constituante choisissent de polariser le processus constitutionnel avec une question aussi importante, au lieu d'offrir une proposition dans laquelle la majorité des Chiliens puissent se reconnaître, au-delà de nos légitimes différences, autour d'un projet partagé".(SL) (Agence Fides 17/3/2022)

  • France : un rapport parlementaire relève la « gravité croissante » des actes antireligieux

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    De Bérengère Dommaigné  sur aleteia.org :

    Un rapport parlementaire relève la « gravité croissante » des actes antireligieux en France

    17/03/22

    Deux députés ont remis jeudi 17 mars au Premier ministre un rapport sur les actes antireligieux en France. Ils y relèvent une "gravité croissante" des actes antireligieux et soulignent que les chiffres sont probablement sous-estimés. Ils formulent également onze propositions.

    La député des Hauts-de-Seine, Isabelle Florennes (MoDem) et le député de Moselle, Ludovic Mendes (LREM) ont été chargés début décembre par le Premier ministre de rédiger un rapport sur les violences religieuses en France. Pour cela, ils ont réalisé une trentaine d’auditions (représentants du culte, gendarmerie, police, justice, renseignements territoriaux, chercheurs…) et quatre déplacements auprès de communautés à Strasbourg, Sarcelles, Lyon et Nantes. Ils remettaient ce jeudi 17 mars leurs conclusions et leurs propositions, et elles ne sont pas très rassurantes. Ces dernières années en France, les faits de violences religieuses augmentent en gravité.

    1.659 actes antireligieux dont 857 antichrétiens 

    Selon les chiffres publiés en début d’année par le ministère de l’intérieur, en 2021, ce sont 1.659 actes antireligieux qui ont été recensés : 857 faits antichrétiens (52%) dont 92% concernent les atteintes aux biens, 589 faits antisémites (36%) dont 52% d’atteintes aux personnes et 213 faits antimusulmans (23% d’attaques aux personnes). Les deux députés déplorent des chiffres “très certainement” sous-estimés à cause du dispositif de collecte de l’information et conviennent d' »une montée de la violence dans la société », et « une gravité constante des faits ».

    Si les chiffres sous-estimés, c’est qu’ il est difficile de qualifier et de quantifier ces violences. D’une part, parce que la France ne dispose pas de statistiques ethniques ou religieuses, on ne peut donc mesurer l’impact ou l’ampleur des violences d’une religion à l’autre, par rapport à sa population concernée. D’autre part, parce qu’il est compliqué d’établir des distinctions statistiques entre par exemple un acte de vandalisme dans une église, ou une réelle profanation, ou encore entre une agression raciste et un acte antisémite ou antimusulman. 

    Quoi qu’il en soit, les faits oscillent entre 1.500 et 2.000 par an depuis 2015, et ils sont de plus en plus graves, en passant de l’atteinte aux biens à l’atteinte aux personnes, dans l’espace public puis dans l’espace privé. Les « actes anticatholiques semblent aujourd’hui suivre le même chemin, avec une augmentation des atteintes aux personnes dans la sphère publique », indique le rapport. Des chiffres en augmentation qui se retrouvent aussi dans les autres pays européens. Les auteurs voient dans ces données « une des déclinaisons d’un état général de crispation de la société ».

    Onze propositions

    Le rapport des deux parlementaires fait onze propositions. La première est de permettre un accès à des chiffres plus fiables, avec une « communication plus complète sur les chiffres et les dispositifs mis en œuvre (…), idéalement interministérielle ». Les rapporteurs préconisent par ailleurs de doubler en cinq ans le « programme K », ligne budgétaire du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui permet de financer à hauteur de 80% des mesures de sécurisation de lieux de culte ou autres sites à caractère confessionnel. En 2021, les cinq millions d’euros de ce programme ont été intégralement dépensés, en permettant de sécuriser 104 lieux juifs, 54 sites chrétiens et 35 sites musulmans.

    Autres préconisations, l’information des victimes tout au long de la procédure, une meilleure application des qualifications pénales, et la répression sur les réseaux sociaux. Enfin, sur le plan culturel, le rapport plaide pour le soutien au dialogue interreligieux et pour l’enseignement du fait religieux à l’école. Pour le député Ludovic Mendes, il y a « un vrai besoin d’éducation aux religions », et il ne faut pas « refuser le débat des religions sous couvert de laïcité au sein de l’école ».

  • Vous avez dit "Sainte Russie" ?

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    De l'agence catholique polonaise d'information KAI :

    La "Sainte Russie" : un pays de chrétiens non pratiquants

    17 mars 2022

    Seuls 6 % de la population russe assiste régulièrement aux liturgies dominicales, bien que 71 % déclarent appartenir à l'Église orthodoxe, selon les données d'un sondage réalisé en 2017 par le célèbre Pew Research Center.

    Un peu plus de trois décennies après la chute de l'Union soviétique, la religion joue un rôle important dans l'identité nationale des Russes. Toutefois, la situation est différente lorsqu'il s'agit de pratiques religieuses. C'est ce qu'indique une enquête menée en 2017 par le Pew Research Center.

    Selon l'enquête, 71 % des Russes ont indiqué leur affiliation à l'Église orthodoxe. En 1991, après la dissolution de l'Union soviétique, le pourcentage n'était que de 37 %, 10 % s'identifiant comme musulmans et 15 % comme n'ayant aucune affiliation religieuse. Toutes les autres religions représentaient moins d'un pour cent (il n'y a que 350 000 catholiques dans toute la Fédération de Russie). Ces chiffres montrent que 75 % des Russes croient en Dieu, mais que seuls 17 % prient quotidiennement.

    Pour 57 % des Russes, l'appartenance à l'Église orthodoxe joue un rôle très important ou important dans leur identité nationale. Toutefois, la participation régulière des chrétiens orthodoxes russes aux services est beaucoup plus faible. En 2017, seuls 6 % d'entre eux se sont rendus à l'église pour la Divine Liturgie (l'équivalent de la messe dans l'Église catholique) chaque semaine. Quatorze pour cent y vont entre une fois par mois et une fois par an, et 79 % y vont moins souvent ou pas du tout. Cela signifie que la fréquentation des églises est aussi faible en Allemagne, en Autriche ou en Suisse et beaucoup plus faible qu'aux États-Unis, par exemple.

    Les icônes et autres objets religieux sont plus répandus. 87 % des chrétiens orthodoxes russes ont admis en avoir chez eux. 79 % ont allumé des bougies à l'église, 72 % ont porté des symboles religieux. Il convient de noter qu'en Russie, les données sur l'appartenance religieuse ne sont pas collectées officiellement et qu'il faut se fier uniquement aux enquêtes.

    La Russie n'est pas non plus un pays chrétien en ce qui concerne la protection de la vie. Selon les données de l'OMS, les femmes russes qui ont aujourd'hui environ 50 ans ont subi en moyenne huit à dix avortements au cours de leur vie. En Russie, les avortements sont pratiqués même au septième mois. Elle bat presque tous les pays du monde à cet égard.

  • Pourquoi le pape François inaugure-t-il l'année judiciaire de l'État de la Cité du Vatican ?

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    La décision du pape François d'ouvrir l'année judiciaire est un signal qu'il veut jouer un rôle actif dans le processus judiciaire.  Lu sur le site web National Catholic Register :

    « 17 mars 2022

    CITÉ DU VATICAN — Ouvrant l'année judiciaire de l'État de la Cité du Vatican le 12 mars, le pape François a annoncé qu'il y aurait de nouvelles mises à jour de la législation du Vatican « pour renforcer les outils de prévention et de lutte contre les crimes et répondre à la demande croissante de justice qui est également enregistré dans notre état.

    Tout le discours du pape François semblait répondre aux critiques qui ont été adressées au système judiciaire du Vatican ces derniers mois. Il a défendu son processus de réforme et son activité législative, qui ont été assez particulières jusqu'à présent.

    Au cours des enquêtes menant au procès sur la gestion des fonds de la Secrétairerie d'État du Vatican, le pape François a signé quatre rescrits modifiant les règles du processus.

    Cette étape était un règlement d'urgence. Mais il n'a jamais été utilisé aussi fréquemment au cours des 93 années d'existence de l'État de la Cité du Vatican.

    La décision du pape François d'ouvrir l'année judiciaire est un signal qu'il veut jouer un rôle actif dans le processus judiciaire. De même qu'il enjoint aux évêques d'être les premiers juges en cas de nullité de mariage, il agit comme le premier législateur de l'État de la Cité du Vatican.

    Le pape est en effet le premier législateur en sa qualité de monarque absolu de l'État. Il est cependant crucial de faire certaines distinctions.

    Traditionnellement, l'année judiciaire de l'État de la Cité du Vatican a été inaugurée par le président du Tribunal d'État de la Cité du Vatican, plutôt que par le pape. Au cours de la cérémonie, le Promoteur de Justice faisait un long rapport expliquant toute l'activité judiciaire de l'année.

    En 2019, par exemple, le promoteur de la justice Gian Piero Milano a demandé que le crime d'usure soit inclus dans le code pénal du Vatican, ainsi que la possibilité de saisir les avoirs dérivés d'un crime.

    En 2016, un appel a été lancé en faveur d'une « micro-réforme juridique pour poursuivre les crimes financiers ». En 2017, la création d'une section au sein du tribunal des délits financiers a été annoncée, dirigée par le promoteur adjoint de la justice Roberto Zannotti.

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  • Euthanasie : quand l’émotion tue la raison

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    L’euthanasie avance ses pions en jouant sur les sentiments à l’occasion de cas extrêmes fort médiatisés qui s’apparentent à une manipulation de l’opinion. Explications dans le mensuel « La Nef » (mars 2022) par Tugdual Derville (*) :

    Derville-2022©VITA-620x330.jpgDepuis des dizaines d’années, l’offensive de l’euthanasie exploite des « cas » choisis et manipulés. Des noms enflamment les ondes, occupent la Une, puis s’effacent et s’oublient. Entretemps, ils ont dopé l’audimat et forgé l’opinion. Notons la complicité systémique entre le spectaculaire des situations et une industrie médiatique avide de se nourrir d’émotion, pour nous tenir en haleine le plus longtemps possible, sans craindre voyeurisme et superficialité.

    Pour les promoteurs de l’euthanasie, l’exploitation des cas a un but : noyer la raison dans l’émotion. Pour cela, il faut présenter une situation « terrible », sous un angle tel que l’inéluctabilité de l’euthanasie ou du suicide fasse vaciller les indécis, tout en éteignant chez les opposants toute velléité de contestation. Pour ne pas paraître inhumains, ils doivent s’autocensurer. Leur refus de l’euthanasie serait assimilé à une cruelle approbation de la souffrance.

    Tactique imparable ? Non, car, derrière tout meurtre, se cache un mensonge. Il se découvre dès que l’on creuse honnêtement la situation. Pour décrypter, il y a dix ans, sept affaires d’euthanasie qui avaient bouleversé la France (1), j’ai rencontré des proches ou des soignants de « victimes » emblématiques de l’euthanasie ou du suicide assisté. Vincent Humbert et Chantal Sébire furent les plus médiatisés. À chaque fois, leur situation n’était pas celle que les médias avaient décrite.

    Certains se souviendront du jeune Vincent Humbert, devenu ultra-dépendant après un accident de la route. Trois ans, jour pour jour, après ce drame, sa mère tenta de mettre fin aux jours de son fils, dans sa chambre de Berk-sur-Mer. Deux jours plus tard, le 26 avril 2003, alors qu’il était en train de se réveiller, un médecin lui donnait la mort. La France semblait unanime pour l’exonérer. Mais le kinésithérapeute du jeune homme osa affirmer : « Vincent ne voulait pas mourir ! » Et de révéler le « pot aux roses », en Une du Parisien-Aujourd’hui en France : on avait exagéré le handicap du jeune homme ; on en avait « rajouté pour faire pleurer dans les chaumières » ; il n’avait pas écrit le livre « Je vous demande le droit de mourir », publié sous son nom ; on avait surtout occulté la relation fusionnelle avec sa mère. Vivant seule, elle ne voulait pas voir son enfant orienté vers une institution.

    Des cas « emblématiques »

    Que l’affaire Humbert n’ait pas entraîné la légalisation de l’euthanasie a surpris. Cinq ans plus tard, le 19 mars 2008, Chantal Sébire se suicidait chez elle, dans une maison cernée de journalistes. La pauvre femme souffrait d’un spectaculaire cancer des sinus. Elle exigeait l’euthanasie depuis des mois, actions en justice à l’appui. À sa demande, son visage, déformé par la tumeur, était diffusé partout ; elle disait souffrir atrocement, se prétendait « allergique à la morphine »… Tableau épouvantable. En réalité, elle avait d’abord refusé toute intervention chirurgicale, puis récusé les traitements antidouleur (dont la morphine, à laquelle elle n’était en rien allergique). Et voilà donc qu’une femme – certes souffrante et tenace – demande à la médecine dont elle refuse tout secours, tant curatif que palliatif, de lui administrer la mort ! Là encore, les ressorts psychologiques, de l’ordre du déni et de la toute-puissance, auraient dû être décryptés. Ses proches en étaient conscients. Mais comme le jeune Vincent Humbert et sa mère, la malheureuse Chantal Sébire a été utilisée par un lobby puissant, comme moyen de déverrouiller l’interdit de tuer.

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  • A l'ONU, si vous n'êtes pas pro-avortement, vous n'avez qu'à vous taire

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    D'Ermes Dovico sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Réunion de l'ONU, si vous n'êtes pas pro-avortement, vous ne pouvez pas parler.

    17-03-2022

    Quatre cents groupes pro-vie du monde entier dénoncent l'exclusion de la Commission de la condition de la femme, qui s'est concentrée sur l'avortement et les questions LGBT depuis le projet préparatoire. Où il y a amplement de place pour la combinaison de l'avortement et de l'idéologie écologiste.

    S'il s'agit de femmes, mais que vous êtes pro-vie, vous ne pouvez pas participer. C'est l'essentiel de ce qui se passe avec la Commission annuelle des Nations unies sur le statut des femmes (14-25 mars), à laquelle les organisations pro-vie et familiales du monde entier sont interdites de participation. Ils ne sont tout simplement pas les bienvenus. Une étrange façon de comprendre l'"inclusivité", qui serait l'une des valeurs déclarées de ceux qui gèrent les demandes de participation. A sens unique, évidemment.

    Ce n'est pas la première fois que cela se produit, mais la tendance est de plus en plus inquiétante. Cette décision a été dénoncée par quelque 400 groupes qui défendent la vie dès la conception, de l'Australie aux États-Unis, de l'Italie à l'Argentine. "Ces dernières années, lit-on dans une lettre datée du 25 février 2022, nombre de nos organisations se sont vu refuser des demandes d'organisation d'événements parallèles par les ONG/CSW, l'organe semi-officiel du secrétariat de la Commission de la condition de la femme (CSW, dirigée par Un Women), qui a pour mission d'associer les groupes représentant la société civile aux travaux de ladite commission (intergouvernementale). Et dans la société civile, il se trouve qu'il y a une multitude de personnes - hommes et femmes, jeunes et adultes - qui ont un point de vue différent de celui des avorteurs.

    Après quelques décennies au cours desquelles ils ont pu organiser avec succès leurs propres événements, les groupes pro-vie voient depuis quelques années leurs demandes rejetées au motif qu'un de leurs événements "ne correspond pas aux valeurs" des organisateurs (l'ONG/CSW). Des groupes progressistes ont ouvertement demandé que les associations pro-vie soient purement et simplement bannies des débats de la CSW, les qualifiant d'"anti-droits". Les "droits" sous-entendus ici sont les "droits sexuels et reproductifs", qui comprennent à la fois l'avortement et le large éventail de revendications formulées par les organisations LGBT.

    Mais à côté de cela, dans le "projet zéro" de la Commission de la condition de la femme - qui constitue la base de travail du document final, non contraignant mais destiné à l'Assemblée générale des Nations unies et, en tout état de cause, utile pour maintenir la pression internationale -, l'idéologie environnementaliste et le catastrophisme climatique ont toute leur place. Ce sont des thèmes que les groupes d'avorteurs incluent de plus en plus dans leur propagande (de la série : avorter pour 'sauver' la planète...), en partie à cause de la vision commune contre l'homme, et en partie pour s'emparer d'au moins une partie des fonds ostensibles en faveur des idées vertes.

    Le langage est noble : "La Commission reconnaît que l'inégalité entre les sexes, combinée aux crises et aux catastrophes climatiques et environnementales, constitue le plus grand défi de notre époque pour le développement durable, affectant la planète entière et tous les peuples, avec des impacts disproportionnés sur les femmes et les filles, en particulier celles qui se trouvent dans des situations vulnérables et marginalisées et dans des contextes de guerre", peut-on lire au point 5 du "projet zéro". Un point dont Citizen Go, ainsi que les paragraphes 3 et 15, demande la suppression à travers une pétition qui compte déjà plus de 120 000 signatures ; mais c'est tout le document préparatoire qui est vicié par des concepts qui vont à l'encontre de la morale naturelle et dont les femmes, loin de s'émanciper, sont les premières victimes.

    L'exclusion des groupes pro-vie a également fait l'objet d'une lettre signée par une vingtaine de parlementaires américains, menée par Lauren Boebert, et adressée à Sima Bahous, directrice exécutive d'ONU Femmes, l'organisme des Nations unies chargé de l'égalité des sexes. Les signataires dénoncent le fait que la discrimination à l'encontre des pro-vie donne l'impression que l'ONU Femmes et ses États membres ne sont plus intéressés par le "dialogue" sur les questions relatives aux femmes et qu'ils "veulent plutôt imposer une sorte d'orthodoxie féministe mondiale, en se rangeant du côté des gouvernements puissants et des intérêts particuliers qui veulent réduire au silence les organisations pro-vie et pro-famille".

    La lettre rappelle que ce n'est pas avec ces prémisses que l'ONU a été fondée et qu'en effet la protection du droit à la vie et les valeurs familiales sont pertinentes avec la Charte de l'ONU, la Déclaration universelle des droits de l'homme et d'autres documents internationaux (papier brouillon, quand il ne convient pas). Mais le mauvais précédent du sommet de Nairobi de 2019, où l'Unfpa a exclu plusieurs organisations pro-vie, a changé le cours des choses. Les signataires rappellent également qu'à Nairobi, le gouvernement américain a coparrainé une déclaration commune avec dix autres nations pour demander à la communauté internationale de se concentrer sur les problèmes communs et non sur des questions telles que l'avortement ou les mœurs sexuelles.

    Or, à l'époque, c'est Donald Trump, qui avait également coupé les fonds à l'UNFPA (et pas seulement), qui endiguait la vague d'avortement mondial.

    En attendant, les paradoxes de l'avortement se multiplient, pour lequel les défenseurs invoquent la "liberté de choix" mais ne se soucient pas du droit naturel des autres à venir au monde ; ils parlent de choix éclairé, mais ne veulent pas entendre d'autres raisons que les leurs ; ils prétendent protéger la "biodiversité" mais n'ont aucun problème à rayer de la carte des êtres humains innocents.

  • La « heartbeat bill » adoptée par la Chambre des représentants de l'Idaho

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Avortement : l’Idaho dans les pas du Texas

    15 mars 2022
     

    Lundi 14 mars, l’Idaho a adopté une loi comparable à un texte voté par le Texas qui introduit la possibilité pour les citoyens de faire respecter l’interdiction d’avorter après six semaines de grossesse [1]. L’objectif est de se prémunir contre les contestations judiciaires de sa constitutionnalité (cf. Avortement au Texas : une loi restrictive entre en vigueur).

    Vendredi dernier, la Cour suprême du Texas avait refusé de suspendre la loi entrée en vigueur en septembre. « La loi interdit explicitement aux fonctionnaires de l’Etat de la faire appliquer », a-t-elle précisé pour motiver sa décision. Depuis l’entrée en vigueur de la loi texane, les avortements ont diminué de 60% dans l’Etat.

    La « heartbeat bill » de l’Idaho a été adoptée par la Chambre des représentants par 51 voix contre 14. Le gouverneur Brad Little doit encore signer le texte. L’année dernière il avait signé une autre loi visant à restreindre les avortements (cf. Arizona et Idaho : aux USA, deux gouverneurs signent des projets de loi en faveur de la vie à naître). Le Planned Parenthood a déclaré qu’il « ferait pression » sur le gouverneur pour qu’il ne signe pas le texte.

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    [1] Contrairement au Texas où tout citoyen peut introduire un recours en justice, le projet de loi de l’Idaho ne laisse cette possibilité qu’aux membres de la famille de l’enfant à naître.

    Source : New York Times, Kate Zernike (14/03/2022)

  • Le cardinal Pell demande au Vatican de corriger deux évêques européens de haut rang pour avoir rejeté l'éthique sexuelle de l'Église

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Le cardinal Pell demande au Vatican de corriger 2 évêques européens de haut rang pour avoir rejeté l'éthique sexuelle de l'Église

    Le cardinal jésuite Hollerich, du Luxembourg, et l'évêque Bätzing, du Limbourg, ont tous deux appelé à modifier l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité dans des interviews récentes.

    15 mars 2022

    Cité du Vatican - Le cardinal George Pell a demandé à la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) de réprimander publiquement deux des plus hauts évêques d'Europe pour ce qu'il a appelé leur "rejet global et explicite" de l'enseignement de l'Église sur l'éthique sexuelle.

    Dans une déclaration publiée le 15 mars, le cardinal Pell a demandé à la congrégation doctrinale du Vatican "d'intervenir et de prononcer un jugement" sur les commentaires du cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du Synode du Vatican sur la synodalité, et de l'évêque Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande. 

    Le cardinal Pell avait lancé cet appel quelques jours auparavant, dans une interview accordée à l'agence de télévision catholique allemande K-TV le 11 mars.

    Le cardinal jésuite Hollerich, du Luxembourg, et Mgr Bätzing, de Limburg, ont tous deux appelé à des changements dans l'enseignement de l'Église sur l'homosexualité dans des interviews récentes. 

    Le cardinal Hollerich, qui préside une grande partie du synode sur la synodalité qui se déroule jusqu'en octobre prochain, a affirmé le mois dernier que l'enseignement actuel était "erroné" et que "le fondement sociologique-scientifique" de cet enseignement, sur ce que "l'on condamnait autrefois comme la sodomie", n'était "plus correct". 

    L'évêque Bätzing a soutenu dans une interview du 4 mars que les relations entre personnes de même sexe étaient permises et ne constituaient pas un péché, et que le catéchisme devait être partiellement modifié pour refléter ce fait. 

    Les deux prélats ont également juré de ne renvoyer aucun prêtre ou employé laïc homosexuel de leur diocèse. "Personne ne doit avoir peur de perdre son emploi" pour des raisons d'homosexualité, a déclaré Mgr Bätzing. "La façon dont quelqu'un vit son intimité personnelle ne me regarde pas".

    Le cardinal Pell a déclaré qu'un tel enseignement était "erroné", car il "non seulement rejette les anciennes doctrines judéo-chrétiennes contre l'activité homosexuelle, mais sape et rejette l'enseignement sur le mariage monogame, l'union exclusive d'un homme et d'une femme."

    Le cardinal australien a déclaré qu'il reconnaissait les défis auxquels est confronté le nombre décroissant de fidèles dans les pays germanophones et ailleurs, mais a ajouté que la seule réponse possible devrait être de "redécouvrir les promesses de Jésus" et d'embrasser plus étroitement le "dépôt intact de la foi."

    Il a souligné que la solution n'est "pas de suivre les diktats changeants de la culture séculière contemporaine", ajoutant que, "comme le pape Paul VI l'a souligné il y a de nombreuses années, c'est un chemin d'autodestruction pour l'Église." 

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  • La basilique de Koekelberg victime d'actes de vandalisme

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    Lu sur la Dernière Heure (16 mars, p. 16) :

    La basilique de Koekelberg assiégée par les vandales

    Cela fait plus de deux semaines que la basilique de Koekelberg subit une vague de vandalisme inédite. Ce samedi, l’église a été la cible de jets de pavés. Comme quasiment tous les jours. La directrice générale de la basilique Martine Motteux-Abeloos décrit des actes quotidiens sur son compte Facebook. Ils sont menés, soit par de très jeunes adolescents en trottinette, soit par des adultes en voiture noire “qui jettent des pavés par les vitres de leurs véhicules”, nous explique-t-elle. Ce petit jeu de très mauvais aloi dure depuis une quinzaine de jours. “Nous avons ramassé 35 pavés, soit 35 carreaux brisés . La première fois, c’était un pavé dans la porte du concierge. Le lendemain, on a retrouvé des pavés sur la table à manger du réfectoire utilisé par les collaborateurs. Semaine passée, des briques ont été trouvées dans le local de la fabrique d’église et dans un autre loué au Saint Sépulcre… Ce week-end, une vingtaine de carreaux ont été brisés ! Dont celui de mon bureau. D’habitude, ma petite fille vient parfois jouer au milieu du bureau. Si elle avait été là, elle aurait pu être tuée ! Depuis deux semaines, j’appelle la police quasiment tous les jours pour constater les dégâts.”

  • Etats-Unis : la voix de ces femmes qui regrettent leur avortement se fait entendre

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    D'Alexis Buisson sur le site du journal La Croix :

    Dans le mouvement « pro-vie » américain, ces femmes qui regrettent leur avortement

    Reportage

    Elles ont mis un terme à leur grossesse par le passé et le regrettent aujourd’hui. Dans le mouvement anti-avortement américain, leur voix porte, alors que la Floride a adopté jeudi 3 mars une loi réduisant le délai pour recourir à l’IVG.

    14/03/2022

    Les États conservateurs continuent leur charge contre l’avortement. Le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, doit ratifier prochainement une loi, adoptée le jeudi 3 mars par le Parlement de cet État, réduisant à quinze semaines le délai pour recourir à une interruption volontaire de grossesse (IVG). Un texte similaire issu du Mississippi fait l’objet d’une plainte très suivie devant le Cour suprême des États-Unis qui pourrait déterminer l’avenir du droit à l’avortement dans le pays.

    Des piliers de la cause

    Mais pour la militante « pro-vie » Janet Morana, ces remises en cause judiciaires et législatives ne sont qu’une simple étape. Encore faut-il changer l’opinion publique américaine. Selon l’institut Gallup, seuls 19 % des Américains veulent rendre la pratique illégale en toutes circonstances. « On n’aura pas gagné la bataille tant que l’avortement n’aura pas été rendu impensable », juge-t-elle.

    → REPORTAGE. À Washington, les militants anti-avortement crient presque « victoire »

    Cette catholique est la cofondatrice de la campagne de sensibilisation Silent No More (« Fini le silence »). Lancée en 2003, elle met en avant les témoignages de femmes (et de leurs conjoints) qui ont connu une IVG et le regrettent. De telles voix sont désormais incontournables dans le mouvement pro-vie américain, où elles sont utilisées pour dissuader les candidates à l’avortement et, plus largement, marquer « les esprits et les cœurs », comme le dit Janet Morana.

    Certaines de ces femmes sont devenues des piliers du mouvement : Alveda King, la nièce de Martin Luther King Jr, ou encore l’Afro-Américaine Toni McFadden, conférencière influente dans le domaine de l’éducation sexuelle.

    « J’ai souffert d’un deuil profond »

    « À l’occasion d’une manifestation il y a plusieurs années, je m’étais présentée à des militants pro-IVG avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire “Je regrette mon avortement”. Au lieu de m’écouter, ils m’ont insultée. En colère, je me suis alors demandé comment je pouvais promouvoir la perspective de femmes dans ma situation », explique l’anglicane Georgette Forney, l’autre fondatrice de la campagne.

    À lire aussi Les évêques américains dans le combat contre l’avortement

    Le camp pro-vie ne l’a pas accueillie à bras ouverts non plus. « Quand j’ai rejoint le combat contre l’avortement en 1998, je me suis sentie jugée. Mais nous sommes parvenus à convaincre les militants qu’il ne fallait pas seulement se concentrer sur le sort de l’enfant. Il faut aussi reconnaître que la femme est affectée aussi. Ils l’ont compris », poursuit-elle.

    → PORTRAIT. États-Unis : Bryan Hughes, le sénateur champion des « pro-vie »

    Certains membres de Silent No More ont fait entendre leur voix lors de la Marche pour la vie, le grand rassemblement des « pro-vie » à Washington, fin janvier. Au bord des larmes, ces femmes de tous horizons ont parlé des problèmes physiques, de la détresse psychologique et de la solitude rencontrés après avoir mis fin à leur grossesse. « J’ai souffert d’un deuil profond, de colère, de rage, de dépression, d’épisodes de panique et de pulsions suicidaires », a énuméré Deb, sur une estrade dressée devant la Cour suprême devant des dizaines de personnes.

    Un vécu transformé en engagement politique

    Pour sa part, Della a décrit « la haine que j’ai ressentie envers moi-même » et les problèmes conjugaux qui ont suivi l’intervention. « Je ne pensais pas que cette décision, prise il y a quarante-deux ans, laisserait des traces pour le restant de ma vie. »

    → ANALYSEAux États-Unis, le droit à l’avortement comme marqueur idéologique

    Les liens entre santé mentale et avortement sont sujets à débat. L’association des psychologues américains APA note ainsi sur son site que le recours à l’IVG « n’accroît pas le risque de dépression, d’anxiété ou de stress post-traumatique ». Des conclusions réfutées par le camp pro-vie.

    Ethel Maharg, elle, a transformé son vécu en engagement politique. Directrice d’une association pro-vie au Nouveau-Mexique, elle se présente à la primaire du Parti républicain pour le poste de gouverneur. « Les femmes qui ont connu un avortement se battent plus férocement que les autres pour la défense de la vie, car leur existence a été bouleversée par leur expérience, dit-elle. Face à moi, personne ne peut remporter un débat sur l’IVG ! »

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    Une vingtaine d’États américains attendent le feu vert de la Cour suprême

    Si la Cour suprême américaine devait invalider l’arrêt « Roe vs Wade », chaque État serait libre d’interdire ou d’autoriser les avortements.

    36 millions de femmes dans 26 États, soit près de la moitié des Américaines en âge de procréer, perdraient probablement le droit d’avorter, selon un rapport de Planned Parenthood publié le 1er octobre.

    Une douzaine d’États ont déjà adopté des lois fixant le seuil à six, huit ou douze semaines, et n’attendent que le feu vert de la Haute Cour pour les faire entrer en vigueur. Une douzaine d’autres sont prêts à leur emboîter le pas.